2. Des actifs productifs bruts à l'étranger plus importants pour la France

Si comme on l'indique plus loin, les positions extérieures des deux pays ont nettement divergé à l'avantage de l'Allemagne, il en va différemment pour les seuls investissements directs. En ce domaine, la position créditrice de la France est plus élevée que pour l'Allemagne.

La France semble attirer en moyenne plus d'investissements en capital que l'Allemagne mais elle effectue davantage qu'elle d'investissements à l'étranger.

Ces données sont paradoxales compte tenu des niveaux relatifs de rentabilité du capital dans les deux pays ainsi que de la situation financière comparée des entreprises.

Elles conduisent par ailleurs à souligner l'importance particulière des implantations directes à l'étranger des entreprises françaises qui pourrait singulariser les modalités d'intégration des acteurs nationaux dans la mondialisation.

Sur longue période, les investissements directs étrangers entrants en France représentent 2,8 % du PIB contre 1,2 % en Allemagne (- 1,6 point de PIB par an). Quant aux investissements réalisés à l'étranger, l'écart, pour être moindre, s'élève en moyenne annuelle à 0,6 point de PIB. Les investissements effectués par les entreprises françaises représentent un équivalent de 4,4 points de PIB contre 3 points en Allemagne.

Les investissements directs étrangers en provenance du reste du monde
(flux en % du PIB)

Source : Eurostat

Les investissements directs étrangers sortants
(flux en % du PIB)

Source : Eurostat

Courte description : Ces indicateurs sont les ratios entre les flux d'investissement direct étranger (IDE) sortants et entrants et le produit intérieur brut (PIB). Ils couvrent l'investissement du reste du monde. Les données pour les États membres de l'UE comprennent l'investissement de tous les pays étrangers (y compris les investissements internes à l'Union européenne). Les investissements directs étrangers (IDE) sont la catégorie d'investissements internationaux réalisés par une entité résidente d'une économie (l'investisseur direct) en vue d'acquérir un intérêt durable d'au moins 10 % du capital social dans une entreprise opérant au sein d'une autre économie que celle de l'investisseur (l'entreprise d'investissement direct). Les IDE entrants (ou IDE dans l'économie déclarante) sont les investissements par des étrangers dans des entreprises résidentes de l'économie déclarante. Les données sont exprimées en pourcentage du PIB pour éliminer l'effet des différences dans la taille des économies des pays déclarants. Les flux d'IDE désignent les nouveaux investissements réalisés au cours de la période. Ils sont enregistrés dans la balance des paiements du compte financier. Les stocks d'IDE (ou positions) désignent la valeur de l'investissement à la fin de la période. Ils sont enregistrés dans la position d'investissements internationaux. Les stocks sortants d'IDE sont enregistrés à l'actif de l'économie déclarante, les entrées d'IED comme des passifs.

L'année 2000 exceptée, la France a attiré plus d'investissements directs que l'Allemagne mais elle en finance également davantage.

Investissements directs étrangers entrants
(en milliards d'euros)

Source : Eurostat

Investissements directs étrangers sortants
(en milliards d'euros)

Source : Eurostat

Le stock d'investissements directs détenus par des non-résidents représente 35,6 % du PIB en France, contre seulement 26,6 % du PIB en Allemagne en 2009.

Inversement, les résidents français disposent d'un stock d'investissements à l'étranger sensiblement plus élevé que les allemands (58,6 % du PIB français contre 39,3 % du PIB allemand).

Stocks d'investissements directs en % du PIB, investissements directs à l'étranger
(par des résidents)

Source : Eurostat

Stocks d'investissements directs en % du PIB, investissements directs en provenance de l'étranger
(par des résidents)

Source : Eurostat

Au total, la valeur nette des actifs détenus au titre des investissements directs à l'étranger s'élève en 2009 pour la France à 23 points de PIB et pour l'Allemagne à 12,7 points de PIB.

Ces constats manifestent une forme de paradoxe.

On met généralement l'accent sur le contraste entre une France où le partage de la valeur ajoutée aurait été à peu près stable depuis 1990, et l'Allemagne où la répartition de la valeur ajoutée se serait déformée en faveur du capital.

De la déformation du partage économique de la valeur ajoutée en défaveur des salariés doit théoriquement découler une amélioration de la rentabilité économique du capital. Celle-ci est, à son tour, propice à l'attraction du capital et doit se traduire par un surplus de dynamisme des entrées d'investissements étrangers. C'est un des arguments principaux des politiques d'attractivité que de justifier la modération salariale (voire la déflation salariale) par ses effets positifs sur la mobilité du capital.

Dans une telle configuration, les deux pays auraient dû connaître a priori des trajectoires différenciées du point de vue de la mobilité du capital.

Inversement, une hausse de la part des profits dans la valeur ajoutée se traduit potentiellement par une augmentation des disponibilités financières des entreprises disponibles pour d'éventuelles sorties supplémentaires de capitaux du territoire national.

En bref, les modalités de répartition du revenu national différenciées entre la France et l'Allemagne auraient pu se traduire par un double mouvement d'augmentation plus importante des capitaux entrants et sortants en Allemagne.

Or, c'est l'inverse qu'on constate.

On peut en tirer quelques observations.

En premier lieu, alors que pour les échanges internationaux de biens et services, l'économie allemande apparaît nettement plus internationalisée, il en va autrement si l'on considère les flux financiers et leurs contreparties patrimoniales exprimés en termes de PIB.

De ce point de vue, la comparaison des flux étaye l'idée que les investisseurs étrangers privilégient plutôt la France dans l'allocation de leurs portefeuilles de participation.

En second lieu , alors que les orientations de la politique économique allemande depuis la fin des années 90 vont a priori dans le sens d'un rééquilibrage des flux (et des stocks) de capital entrant et sortant par rapport à la situation française, c'est le contraire qu'on constate.

Autrement dit, le processus de globalisation réalisé par l'intermédiaire des prises de participation a été plus intense pour la France qu'on l'observe au regard des sorties ou des entrées de capitaux.

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