B. OBSERVATIONS DU SÉNAT FRANÇAIS

Le Sénat français a toujours cru au dialogue avec la Russie . Au plus fort des tensions, et sous l'impulsion de son Président, le Sénat a maintenu le contact avec le Conseil de la Fédération de Russie, mettant à profit ce canal privilégié qu'est le dialogue interparlementaire, qui permet de continuer à échanger, dans le respect mutuel, dans un contexte diplomatique difficile. Très tôt, notamment lors des déplacements du Président Larcher à Moscou en février 2015 et en avril 2016, le Sénat a plaidé pour une reprise des relations. Il l'a fait sans complaisance car il n'est pas question d'occulter ou d'effacer les différends de fond et les visions divergentes. Mais il a toujours considéré qu'il était plus pertinent de se parler que de s'ignorer car les incompréhensions et les malentendus prospèrent à la faveur des non-dits.

Le Sénat se réjouit que le dialogue s'engage aujourd'hui au plus haut niveau et souhaite qu'il puisse déboucher rapidement sur des résultats concrets . Des signaux positifs sont attendus de la part de la Russie. Pour la France, il importe en effet de pouvoir démontrer à ses partenaires européens , dont un certain nombre ne cachent pas leur scepticisme par rapport à cette main tendue, que le processus engagé est crédible , et permettra des avancées tangibles. À cet égard, la Russie est particulièrement attendue sur le conflit ukrainien, qu'elle a la capacité de faire évoluer positivement . Nous espérons qu'un nouveau sommet en Format de Normandie pourra se tenir prochainement, afin de prendre acte de réels progrès dans l'application des accords de Minsk.

Une autre attente particulièrement forte concerne nos relations en Afrique . Il faut que cessent les campagnes de désinformation et les critiques dirigées contre la présence française dans cette région. L'influence croissante de la Russie en Afrique ne devrait pas conduire à de nouvelles tensions. Ce continent confronté à tant de défis - démographiques, économiques, sécuritaires -, n'a pas besoin de cela.

La France agit en parfaite transparence à l'égard de ses partenaires européens et saisit toute les occasions qui se présentent pour leur expliquer sa démarche . Si elle est en mesure de leur prouver qu'elle a du sens et qu'elle porte ses fruits, elle pourra plus facilement les inciter à une réouverture du dialogue Union européenne-Russie , en l'orientant pour commencer sur des sujets comme l'environnement et la lutte contre le changement climatique, pour lesquels il existe un intérêt commun. Avec le changement d'équipe à la tête de l'UE, le contexte est plus favorable et la Russie n'a pas intérêt, notamment d'un point de vue économique, à continuer à tourner le dos à l'Union européenne et à tout miser sur la Chine.

Ensemble, nous devons sortir d'une stratégie qui ne fait qu'entretenir la confrontation et qui nous entraîne, malgré nous, dans une dangereuse course aux armements . Il nous faut clarifier nos relations et imaginer un nouveau modus vivendi au sein de ce continent européen que nous avons en partage. Il s'agit de repenser la manière dont l'Union européenne, la Russie et les pays du « voisinage commun » peuvent cohabiter pacifiquement et coopérer dans cet espace commun.

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