2. Les satellites TDF1 et TDF2

En 1979, est décidé un programme franco-allemand de satellite de télédiffusion directe.

Le projet, au départ expérimental, devient pré-opérationnel deux ans plus tard, en 1981.

La solution technique retenue est celle d'un satellite lourd, de forte puissance, à faible nombre de répéteurs (2 tonnes dont la moitié de carburant, et cinq canaux de 230 W environ). Le choix d'une aussi forte puissance est dicté par un certain nombre de considérations :

n garantir, en toutes circonstances, avec une marge de sécurité suffisante, une excellente qualité d'images à la réception dans un contexte où la haute définition paraît être l'avenir de la télévision ;

n se contenter, pour la réception directe individuelle, d'antennes de dimensions raisonnables (moins de 90 cm) ;

n utiliser la bande de fréquences moins encombrée que celle des satellites de télécommunications, réservée à chaque pays pour ce type de services par la CAMR (Conférence administrative mondiale des radiocommunications).

Une certaine cohérence paraît ainsi assurée avec la promotion menée par ailleurs des mesures européennes D2 et HDMAC, spécialement conçues pour la diffusion par satellite.

Mais, là encore, un certain nombre d'erreurs vont être commises dans la conception même comme dans la réalisation du projet. Les tubes à ondes progressives utilisés sont à la limite de leur technologie, alors qu'il est prudent de n'embarquer à bord de satellites opérationnels que du matériel éprouvé.

Le groupe français Thomson ne fabrique pas lui-même les boîtiers d'alimentation complétant les amplificateurs équipés des tubes de ce type qu'il commercialise, ce qui peut expliquer leurs nombreuses défaillances .

Les progrès réalisés en matière d'antennes d'émission comme de réception permettent, dès le début des années 80, d'envisager de recourir à des répéteurs moins puissants (ce que recommande en 1984 Gérard THERY dans un rapport au Gouvernement). En outre, la dimension des antennes n'importe que dans les zones d'habitat dense, desservies de toute façon par des installations de réception collectives, où résident la majeure partie des téléspectateurs intéressés. Enfin, le nombre restreint de canaux impose, pour chacun d'eux, un prix de location élevé.

TDF1 et TDF2 seront lancés seulement en 1988 et 1990, à un moment où ils subiront, de plein fouet, la concurrence de satellites privés de télécommunication du type Astra (16 canaux utiles au lieu de quatre).

D'autre part, le choix du bouquet de programmes transmis par les deux satellites ne sera décidé par le CSA qu'en 1992, date à laquelle le Bundespost loue depuis longtemps chaque canal de TV Set (jumeau de TDF) à 60 millions de francs. Au total, la Cour des Comptes qualifie le projet "d'échec coûteux" dans son rapport annuel de 1992. 3,3 milliards de francs de fonds publics lui ont en effet été consacrés (soit un prix de revient par répéteur beaucoup plus élevé que celui d'Astra) alors que 35.000 foyers seulement sur les 5 millions prévus se sont équipés en matériel de réception correspondant.

Le déficit d'exploitation en 1991 est compris entre 350 et 530 millions de francs. Or, dès cette même année, l'introduction de la norme D2MAC, qui constitue la seule justification du maintien en service de ces satellites, se trouve remise en cause.