2. Lutte contre la fraude

Le parc des comptes payants connaît une progression sans égale depuis 1982, grâce aux actions du Service et, notamment, aux Recherches de Postes Non Déclarés qui ont bénéficié du démarrage de la procédure de rapprochement des fichiers Redevance et Taxe d'Habitation dans l'ensemble des Centres.

Cette possibilité de recoupement résulte d'une initiative de votre rapporteur qui a déposé un amendement au projet portant diverses mesures d'ordre économique et financier du printemps 1996, permettant de renforcer les contrôles.

Taux de la redevance en Europe en 1997
(en francs)

UN APPORT DU SÉNAT

L'article 46 de la loi n°96-314 du 12 avril 1996

A l'initiative de votre rapporteur, le Sénat a introduit par voie d'amendement, dans un projet de loi portant diverses dispositions d'ordre économique et financier, un article additionnel qui a permis au Service de la redevance audiovisuelle d'adapter ses méthodes de travail et d'améliorer sa productivité de façon substantielle .

Un nouvel article L 117 A a été inséré dans le livre des procédures fiscales pour prévoir que " les services en charge du recouvrement des impôts directs sont autorisés à communiquer au Service de la redevance de l'audiovisuel les informations relatives aux nom, prénom et adresse des contribuables assujettis à la taxe d'habitation ou qui en sont exonérés ".

Ce dispositif a été accepté sans modification par l'Assemblée nationale au cours de la commission mixte paritaire en date du 28 mars 1996.

1. NÉCESSITÉ D'UNE INTERVENTION LÉGISLATIVE


L'objectif de cette disposition a été d'améliorer les conditions d'établissement de l'assiette et du recouvrement de la redevance pour droit d'usage des appareils récepteurs, en permettant à ce service d'accéder aux informations relatives aux contribuables assujettis ou exonérés de la taxe d'habitation.

Cependant ce rapprochement des fichiers de la redevance et de la taxe d'habitation a nécessité une autorisation législative .

Une expérience avait été autorisée par la CNIL parce qu'elle était limitée dans le temps (un an) et dans l'espace (trois départements).

La CNIL a fort opportunément rappelé dans sa délibération n° 93-058 du 6 juillet 1993 que " l'utilisation par un service, qui n'est pas chargé du recouvrement d'un impôt ou d'un droit, d'informations couvertes par le secret fiscal doit être autorisée par une disposition législative levant expressément le secret professionnel ". Cette expérience a permis, depuis 1994, d'augmenter sensiblement (+ 6 %) - mais pour trois départements - les résultats en nombre d'ouvertures de comptes et d'élargir, dans de meilleures conditions de rendement, l'assiette déterminant le produit financier.

Or, la CNIL a, dans un avis n° 95-153 du 21 novembre 1995, rappelé la nécessité d'une autorisation législative. Celle-ci n'a évidemment pas eu pour effet de donner un caractère inquisitorial aux recherches effectuées par le service de la redevance de l'audiovisuel.

2. MODALITÉS D'UTILISATION DES INFORMATIONS ISSUES DE L'ASSIETTE DE LA TAXE D'HABITATION

Les informations concernées par le droit de communication portent limitativement sur le prénom, le nom et l'adresse. L'utilisation de ces informations, demain automatisée, ne fait que se substituer sans modification sur le fond aux rapprochements déjà réalisés. Ces informations permettent d'adresser les questionnaires personnalisés, après exploitation des réponses et régularisation suite à la campagne d'imprimés " sans adresse ".

Le rapprochement avec la taxe d'habitation permet de procéder directement aux opérations de recherche de postes non déclarés par l'établissement de questionnaires personnalisés et donc de limiter le nombre de questionnaires envoyés aux personnes en règle à l'égard de leurs obligations envers le service .

En définitive, l'utilisation des données de la taxe d'habitation permet de couvrir avec régularité le territoire national par des contrôles plus rapprochés.

En dépit de taux restés inchangés par rapport à l'année précédente, cette modification législative a, entre autres décisions, permis d'augmenter les recettes de 245 millions de francs, soit 2 % (12 513 millions de francs par rapport à 12 267 millions de francs en 1996), traduisant ainsi un nouvel élargissement de l'assiette.

* Pas d'augmentation de la taxe en 1997

L'incidence financière des contrôles et enquêtes du Service de la Redevance est d'environ 483 millions de francs ; elle est donc supérieure à l'accroissement des droits constatés qui est freiné par les déperditions naturelles de comptes liées aux changements d'adresse, aux résiliations de comptes (décès...) et aux nouvelles exonérations. L'origine de l'accroissement des droits constatés s'établit conformément au tableau ci-dessous :


Actions

Résultats

Droits Constatés correspondants en millions de francs .

Contrôle des exonérations

Remises en comptes payants de comptes précédemment exonérés

110

Recherche de Postes Non Déclarés

Ouvertures de comptes payants liées aux opérations de Recherche de Postes Non Déclarés

185

Enquêtes

Ouvertures de comptes payants suite à recherche d'adresses (PSA - OC)

5

 

Maintien de comptes payants suite à recherche d'adresses (PSA - CI)

180

Contrôle des commerçants

Ouvertures de comptes payants suite aux vérifications effectuées chez les commerçants

3

 
 

483

Plus de 2,6 millions de comptes représentant 72 % du fichier des comptes exonérés ont été contrôlés en 1997 par rapprochement avec ceux du fichier " Taxe d'Habitation ".

S'agissant des comptes remis en payants, les résultats obtenus en 1997 sont supérieurs de 24 % à ceux de l'année précédente : ces comptes représentent à nouveau un peu plus de 20 % des questionnaires envoyés qui représentent eux-mêmes un peu plus du quart des comptes effectivement contrôlés.

Il a encore pu être confirmé en 1997 que le nombre de comptes remis en payants par suite de changements de situation non déclarés spontanément, est légèrement supérieur à 5 % des comptes contrôlés (5,6 % en 1995, 5,7 % en 1996 et 5,9 % en 1997).

L'activité de Recherche de Postes Non Déclarés a, plus encore que les années antérieures, largement contribué à l'accroissement des droits constatés.

A la suite de la mise en oeuvre de la procédure du rapprochement de fichiers (qui a finalement pu concerner le quart des opérations terminées en 1997), une forte augmentation des ouvertures de comptes par rapport à l'année précédente (+ 41 800, soit + 15 %) a été réalisée, pour un nombre total de 329 178.

Cette nouvelle procédure a permis l'amélioration de l'efficacité des Services de Contrôle qui se concrétise par la progression du nombre moyen de régularisations obtenues par jour et par agent. Ce nombre est désormais légèrement supérieur à 18, alors qu'il était voisin de 16 en 1996.

Les seules opérations de rapprochement automatisé ont permis, quant à elles, d'obtenir une moyenne de régularisations par jour et par agent de 22, avec en outre par rapport à la méthode traditionnelle, un pourcentage de régularisations obtenu à domicile (10 %) plus élevé de deux points.

L'activité " enquêtes pour recherche d'adresses " a été étendue. Les évolutions constatées en matière d'enquêtes sont liées à la décision prise pour 1997 d'effectuer des recherches en cas de " P.S.A. " sur comptes exonérés dans le but principal d'éviter des pertes de comptes susceptibles, pour certains, d'être remis en payants ultérieurement.

Les démarches effectuées dans ce cas étant moins poussées, le taux des nouvelles adresses s'en trouve affecté (63,6 % en 1997 contre 66,5 % en 1996 pour les comptes anciennement ouverts).

Les contrôles chez les commerçants radioélectriciens ont été réalisés de manière satisfaisante. Près de la moitié des 3,8 millions de ventes déclarées a pu être contrôlée, alors que le temps réservé à cette activité poursuit une tendance à la baisse sur longue période (6,84 % du temps de travail en 1997, soit une nouvelle diminution de 6 % sur un an).

Des mesures complémentaires seraient sans doute encore nécessaires pour accroître l'efficacité des contrôles :

• Il paraîtrait souhaitable d'exiger une pièce d'identité lors de l'achat d'un récepteur et d'interdire les pratiques de paiement en numéraire.

• De plus, les pénalités pour défaut de déclaration ou fausse déclaration devraient être renforcées , dans le cas d'une non-réponse aux questionnaires adressés aux particuliers par le service, ou réponse erronée.