V. LÉGITIMITÉ ET EFFICACITÉ DU DISPOSITIF DE SOUTIEN SOCIAL

• La France a mis en place un dispositif de soutien qui protège les professions et les individus impliqués dans les secteurs du cinéma et de l'audiovisuel. Ce dispositif repose sur un encadrement des professions et sur une protection sociale particulière.

A. UN CADRE RÉGLEMENTAIRE ET CONVENTIONNEL QUI MAÎTRISE MAL LES CONDITIONS DE L'EMPLOI DANS LE SECTEUR

1. Un accès à l'emploi réglementé, mais mal géré

• L'accès à l'emploi dans le secteur du cinéma est soumis à l'obtention d'une carte professionnelle. Il existe 17 types de cartes professionnelles.

• Les statistiques sur le nombre de cartes délivrées ne sont disponibles qu'à partir de 1992.

Nombre de cartes délivrées

1992

211

1993

226

1994

224

1995

181

1996

183

1997

222

Source : CNC

• Sur la période récente, on constate une stabilité, voire une diminution, à la fois du nombre de cartes et du nombre de personnes titulaires d'une carte.

 

Nombre de cartes en circulation

Nombre d'individus détenteurs de cartes

1995

9759

6141

1996

9537

5979

1997

9354

5842

Source : CNC

• Ces chiffres ne permettent pas d'apprécier l'impact de la réglementation. En effet, les cartes sont délivrées à vie. Donc le nombre d'individus détenteurs de cartes comprend des personnes qui disposent d'une carte mais qui ne sont plus en activité. Par ailleurs, une nouvelle carte ne correspond pas nécessairement à un nouvel individu. Un assistant opérateur qui a déjà une carte peut se voir accorder une carte de chef opérateur.

• L'évolution des métiers pose la question de la pertinence de cet outil de gestion de l'accès à l'emploi, qui semble d'autant moins utile que, comme en témoignent les éléments ci-dessus, il ne peut pas être géré avec la rigueur nécessaire (cartes à vie, déconnectées de l'activité).

2. Des rémunérations très inégales

• L'emploi dans le secteur de le production cinématographique est géré par un ensemble de conventions collectives, qui distinguent :

- les acteurs et les acteurs de complément,

- les artistes musiciens,

- les techniciens,

- les ouvriers indépendants des studios,

- les cadres, agents de maîtrise et assistants des auditoriums cinématographiques.

• Dans le cadre des conventions collectives, des salaires minima sont revus périodiquement, par profession. Le tableau ci-dessous reprend quelques exemples et souligne leur progression.

Exemples d'évolution des salaires minima

1990-1998

 

01/01/1990

01/01/1998

 

cachet

semaine (5j)

cachet

semaine (5j)

Acteurs et acteurs de complément

 
 
 
 

1ère catégorie

319

 

378

 

artiste interprète

1 637

4 979

1 937

5 896

Techniciens

 
 
 
 

habilleuse

 

3 272

 

3 875

cameraman

 

7 010

 

8 296

directeur de production

 

11 010

 

13 035

Ouvriers indépendants

 
 
 
 

machiniste électricien (tournage)

 

3 696

 

4 496

machiniste électricien (chef d'équipe)

 

4 816

 

5 949

Source : Convention collective nationale

• Sur cette base, les salaires minima des acteurs et des techniciens ont augmenté de 18,4% sur la période. Ceux des ouvriers indépendants ont augmenté de 21%.

• Cependant, l'analyse des budgets des films agréés et les entretiens menés par le BIPE montrent que la rémunération des interprètes est mal connue et peu maîtrisée. Elle alimente une inflation du budget moyen des films.

- A la fin des années 1980, la baisse des cachets versés aux rôles secondaires, aux petits rôles, aux acteurs de complément (figuration, doublure, cascadeurs, etc.) et aux musiciens a compensé l'augmentation des cachets versés aux premiers rôles. L'échelle des salaires au sein de la profession d'interprètes serait ainsi devenue plus inégale.

- Par ailleurs, la tendance des acteurs à accepter une participation aux résultats du film se serait accélérée au cours de la période, ce que semble attester l'évolution à la hausse de l'apport des producteurs au cours de la période, du moins entre 1987 et 1991.

- En effet l'apport des producteurs comprend les crédits professionnels et la participation des interprètes et des auteurs. La part de ce poste dans le budget total a crû de 3,2% en moyenne par an entre 1987 et 1991, contre une baisse de 10% l'an en moyenne entre 1983 et 1987. Exprimée en francs constants la participation des interprètes a crû de 13,4% l'an entre 1987 et 1991 (-9% entre 1983 et 1987). Ainsi, il y aurait bien eu au cours de la période une forte croissance de la rémunération des rôles principaux, cependant elle n'apparaît pas dans les statistiques de la structure moyenne du devis de production, les acteurs acceptant de prendre un risque sur la production.

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