C. UN SECTEUR CARACTÉRISÉ PAR UNE " BI-POLARISATION " DES ENTREPRISES SELON LEUR C.A.

1. Les statistiques n'isolent pas l'activité de distribution cinématographique

• Le compte macro-économique publié par le CNC ne distingue pas l'activité de distribution cinématographique de celle de distribution de programmes audiovisuels, en ce qui concerne les résultats financiers.

• Une part de l'activité présentée dans le tableau ci-contre n'entre donc pas dans le champ de l'analyse. Cependant au cours de la période 1989 -1995, la distribution de films a toujours représenté à peu près 80% du C.A. de l'activité de distribution; les chiffres qui suivent reflètent donc a priori assez bien l'activité de distribution cinématographique.

2. Un secteur composé d'un nombre important de très petites entreprises

• La forme juridique prépondérante est celle de la SARL (61% des entreprises en 1995)  ; les distributeurs sont les seuls intervenants de la filière à avoir choisi le statut de groupements d'intérêt économique (2% des entreprises) ; 28% des entreprises se sont constituées en S.A.

• Le nombre moyen de salariés permanents se situe en 3 et 3,5 personnes selon les années

- Le secteur emploie 1134 salariés permanents en 1995.

• Depuis 1992, le secteur embauche au rythme moyen de 7,7% l'an.

• Le secteur emploie relativement peu d'intermittents. Leur poids dans la masse salariale ne dépasse jamais 20% entre 1989 et 1995.

- En 1995, 36% n'avait aucun salarié permanent ; 94% des sociétés employaient moins de 5 salariés et seulement 2 sociétés comptabilisaient un effectif de plus de 50 personnes.

3. Le chiffre d'affaires moyen réalisé par les petites et très petites entreprises s'est dégradé

• Bien que le nombre d'entreprises de distribution augmente significativement entre 1989 et 1995, la taille des entreprises exprimée selon le C.A. a tendance à croître.

- Le nombre d'entreprises de distribution est passé de 245 en 1989 à 313 en 1995, ce qui représente un taux de croissance de 46%

- Le nombre d'entreprises réalisant un C.A. de moins de 5 MF a eu tendance a décroître, tandis que celui réalisant un C.A. de plus de 20 MF a augmenté.

• Le secteur a ainsi connu un mouvement de concentration qui a concerné en premier lieu les entreprises qui réalisaient un chiffre d'affaires compris entre 100 et 200 MF en 1989.

- Au cours de la période, les 3 premières entreprises du secteur ont vu leur poids rester relativement stable dans le C.A. total du secteur (29% en 1989; 30% en 1995).

- Le C.A. moyen des 7 entreprises suivantes a plus que doublé entre 1989 et 1995, passant de 150 MF à 320 MF.

• Dans ce mouvement de concentration, la situation des petites et très petites entreprises s'est dégradée.

- Le C.A. moyen réalisé par les entreprises placées entre le huitième et le quinzième rang dans le classement selon le C.A. du marché a légèrement baissé passant de 68 à 64 MF entre 1989 et 1995.

- Le C.A. moyen de l'ensemble des autres entreprises a été divisé par deux, passant de 4MF en 1989 a un peu moins de 2 MF en 1995.

• Le secteur se caractérise donc par une " bi-polarisation " des entreprises selon le C.A. et une certaine surcapacité.

- Il est composé d'un nombre relativement restreint de " très grosses " entreprises (réalisant un C.A supérieur à 300 MF) et d'un nombre très important de très petites sociétés (réalisant un C.A de moins de 2 MF).

- La majeure partie d'entre ces dernières " vivotent ", ce qui témoigne d'un certaine surcapacité de " l'appareil de distribution " cinématographique français vis à vis de la taille du marché.

4. Un secteur bénéficiaire, peu aidé et endetté

• Le taux de croissance moyen du C.A. du secteur entre 1989 et 1995, exprimé en Francs 95, s'établit à 4%, un peu au-dessus du PIB.

- Cependant en fin de la période, l'activité de distribution de programmes audiovisuels a enregistré un taux de croissance plus élevé que celui de la distribution de longs métrages.

• La marge nette est constamment positive, mais elle a eu tendance à se dégrader au cours de la période (-1,1% par an en moyenne), même si on observe une certaine reprise à partir de 1993.

- Elle représente, en 1995, 7% du C.A. total du secteur (contre 9% en 1989).

- En 1995, les ¾ des entreprises de distribution en activité étaient bénéficiaires.

• La taux d'autofinancement du secteur est positif en 1989 et en 1995, mais il a eu tendance à se dégrader au cours de la période (356% contre 159%).

- Le poids des investissements, avec la baisse brutale du poids des M.G. des distributeurs dans le financement des longs métrages, demeure relativement faible par rapport aux secteurs de la production et de l'exploitation cinématographique (entre 30 et 60% de la valeur ajoutée nette selon les années).

- Les ressources en capital ont observé un légère baisse entre 1989 et 1995 passant de 400 MF à 375 MF, avec le niveau le plus bas en 1993 (34 MF).

- Cependant, ces ressources ont permis de couvrir relativement correctement les investissements tout au long de la période.

• Le taux d'autofinancement n'a été négatif que pour les trois années consécutives 1991,1992 et 1993 (respectivement -73%, -16% et -79%).

• Le secteur se caractérise par un poids des frais financiers dans la valeur ajoutée nette relativement important. A l'instar de la production, la distribution a tendance à s'endetter.

- Le montant des frais financiers s'est fortement accru entre 1989 et 1992 (+15,6% par an en moyenne) pour atteindre 53% de la valeur ajoutée nette. A partir de 93, il commence à décroître légèrement et représente en 1995 38% de la valeur ajoutée nette, ce qui reste assez élevé.

- La relative importance des frais financiers peut s'expliquer de deux manières :

• Les petites et très petites entreprises de distribution ne disposant pas suffisamment de fonds propres doivent, fréquemment et massivement, recourir à l'emprunt pour non seulement financer leurs investissements, mais aussi les coûts de distribution qui au cours de la période sont orientés à la hausse (+8% entre 1989 et 1992). Leur situation financière est donc particulièrement délicate.

• Les efforts réalisés par les " grandes " entreprises sur la promotion et la distribution des films de longs métrages les conduisent, compte tenu de leur trésorerie insuffisante, à recourir à l'emprunt à court terme pour financer les coûts de distribution.

• Le poids du soutien public ne suffit pas à renforcer les ressources en capital des sociétés de distribution.

- Les subventions d'exploitation perçues par le secteur de la distribution ne représentent que 2,3% des charges courantes en 1995.

- Ce soutien public a eu tendance à se dégrader au cours de la période : il représentait en 1989 3,4% des charges courantes du secteur en 1989.

- Le secteur de la distribution apparaît ainsi comme le maillon le moins aidé de la filière par les autorités publiques.

5. Des exportations en hausse, mais un taux d'internationalisation qui diminue légèrement

• Les efforts de distribution à l'étranger par les sociétés de distribution françaises sont particulièrement marqués à partir de 1992.

- Les exportations progressent de 2% en moyenne par an entre 1989 et 1992. A partir de 1992, elles progressent de 7,3% par an.

- Ceci traduit certainement en partie les effets du programme européen d'aide à la distribution MEDIA 1.

• Les importations (comprenant essentiellement les reversements aux producteurs étrangers sur ventes réalisées en France) sont importantes en valeur (plus de 1,5 Milliards de francs tout au long de la période) mais ont tendance à décroître entre 1992 et 1995 (-3,1% par an en moyenne) grâce sans doute à l'amélioration de la part de marché du film français dans la fréquentation.

• En conséquence, le taux d'internationalisation du secteur passe de 22% à 20%. Cela reste néanmoins élevé pour une industrie de services (taux d'internationalisation de l'économie française en 1993 : 19%).

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