B. LA DYNAMISATION DU DROIT DE LA MUTUALITÉ EST UNE RÉPONSE AUX PROBLÈMES COMMUNS DES SOCIÉTÉS MUTUELLES

En dehors des échéances européennes qui les concernent à titre spécifique, les MCM ont en commun avec les assurances mutuelles (sans intermédiaires ou avec intermédiaires) des spécificités et des problèmes communs liés au régime juridique des sociétés mutuelles et à ses conséquences sur les relations avec les sociétaires et les tiers.

Il en va ainsi notamment du recrutement des fonds propres par d'autres moyens que l'autofinancement et la dotation du fonds de réserve, qui, compte tenu du caractère collectif et non individualisable pour chaque sociétaire des fonds propres, est considéré comme un revenu par le fisc taxé au taux de l'impôt sur les sociétés. C'est un inconvénient volontiers mis en avant par les sociétés d'assurance mutuelles en particulier.

Il en va également ainsi du fonctionnement théoriquement démocratique et " idéal " de toutes les sociétés mutuelles (la " démocratie " est un des trois piliers de la mutualité avec la " responsabilité " et la " solidarité ") qui, par délégation successive de pouvoirs et dans le cadre d'un droit non rénové des sociétés appliqué aux sociétés mutuelles, peut en pratique se transformer en centralisme démocratique, aboutir à une gestion trop " politique " des affaires et ainsi poser de sérieux problèmes de gouvernement d'entreprise. Moins mis en avant par les divers acteurs de la mutualité, ce problème existe objectivement comme le montre un nombre suffisant d'exemples appartenant à l'un ou l'autre sous-ensemble du monde mutualiste (GMF, MSA, MNEF, etc.).

Les développements qui suivent répondent au souci assez consensuel de trouver les moyens d'une pleine concurrence entre les modes d'organisation de la coopération interindividuelle aussi concurrents et hétérogènes qu'individuellement légitimes que sont les sociétés de capitaux ayant le profit pour objectif principal et non exclusif et les sociétés de personnes à but non lucratif 238( * ) , mais qui ont besoin d'excédents pour vivre prudemment et se développer.