COMPTE RENDU SOMMAIRE DE L'AUDITION DE
MME GENEVIÈVE ZEHRINGER,
PRÉSIDENTE DE LA SOCIÉTÉ DES AGRÉGÉS
PAR LE BUREAU DE LA COMMISSION D'ENQUÊTE

(31 MARS 1999)

Présidence de M. Adrien Gouteyron, Président

Après avoir prêté serment, Mme Geneviève Zehringer a rappelé que la société des agrégés comptait 11 961 adhérents au 31 août 1998 soit une progression de 20 % depuis 10 ans. Elle a indiqué que la société des agrégés s'intéressait à la question du contrôle des dépenses publiques afin de préserver l'égalité de droit des élèves à recevoir la meilleure éducation.

Constatant la difficulté de dénombrer précisément les enseignants, elle a remarqué que la déconcentration du mouvement n'améliorerait pas cette situation compte tenu de la difficulté à recenser les personnels contractuels recrutés localement par les recteurs. Elle a cité pour mémoire les enquêtes coûteuses et peu fiables qui ont été lancées pour estimer le nombre des maîtres auxiliaires, et l'incapacité du ministère de l'éducation nationale à connaître le nombre d'attachés temporaires d'enseignement et de recherche (ATER).

Elle a estimé que la mise en place du mouvement " dit national à gestion déconcentrée " pour les enseignants du second degré ne permettrait ni une meilleure répartition des moyens, ni une gestion plus humaine des affectations et qu'elle ne remettrait pas en cause la cogestion syndicale.

Elle a de plus remarqué que la gestion nationale du mouvement assurait une répartition territoriale satisfaisante des professeurs agrégés. Elle a ainsi dénoncé les chiffres cités sur le nombre de professeurs agrégés affectés en Seine-Saint-Denis. Elle a indiqué que le ministre estimait que ce nombre avait diminué entre 1997 et 1998, passant de 400 à 100 alors qu'il avait progressé en réalité passant de 1 008 à 1 041.

Mme Geneviève Zehringer a fait observer qu'elle ne remettait pas en cause le rôle et les fonctions des syndicats mais qu'elle s'opposait à la cogestion, notamment lorsque le recrutement dans la fonction publique ne s'effectuait pas par voie de concours mais par nomination par une commission paritaire. Elle a, de plus, craint que la cogestion ne soit aggravée par la déconcentration du mouvement qui favorisera les syndicats disposant d'élus dans toutes les académies, au détriment des organisations syndicales moins bien implantées localement et des personnels non syndiqués. Par ailleurs, elle a indiqué que les revenus des professeurs agrégés étaient inférieurs aux revenus du secteur privé à qualification égale.

Elle a ensuite dénoncé la réforme du paiement des heures supplémentaires, intervenue avec le décret du 30 juillet 1998 qui réduit leur base annuelle de 43 à 36 semaines. Elle a d'ailleurs remis en cause cette définition de l'année scolaire, indiquant qu'elle rompait avec les traditions et les textes antérieurs.

M. Adrien Gouteyron, président , a souhaité connaître le nombre exact de professeurs agrégés, rappelant qu'il était officiellement de 36 500 d'après la loi de finances, alors que les effectifs réels, selon certaines sources bien informées, seraient de 41 300.

Mme Geneviève Zehringer a expliqué qu'au 1 er janvier 1998 on dénombrait 37 161 professeurs agrégés auxquels il convenait d'ajouter 4 498 professeurs hors classe, soit 12 % du corps.

M. Jean-Claude Carle, rapporteur adjoint , s'est demandé comme s'expliquait la différence entre les chiffres du ministère de l'éducation nationale et ceux de la société des agrégés sur le nombre de professeurs agrégés enseignant en Seine-Saint-Denis.

Mme Geneviève Zehringer a déclaré que la direction de la programmation et du développement, qu'elle avait interrogé à ce sujet, n'avait pas été en mesure de lui répondre. Elle a rappelé que les professeurs agrégés ne fuyaient pas les zones difficiles.

M. Xavier Darcos a estimé que le discours ministériel tenu sur la Seine-Saint-Denis ne constituait pas une erreur d'évaluation mais traduisait une véritable volonté politique.

Mme Geneviève Zehringer a ajouté que les mises en cause " répétées et tendancieuses " du ministère de l'éducation nationale avaient pour objet d'imposer des réformes sans négociations préalables.

M. Xavier Darcos a déclaré partager les craintes de Mme Geneviève Zehringer sur les risques de développement de la cogestion syndicale avec la réforme du mouvement national. Il a également demandé des précisions sur les recrutements hors la formule traditionnelle du concours.

Mme Geneviève Zehringer a indiqué que les commissions administratives paritaires nationales ne donnaient qu'un avis pour les nominations sur liste d'aptitude. Elle a indiqué que les syndicats n'avaient pas de connaissances scientifiques et pédagogiques en ce domaine et s'est prononcée pour le maintien de jurys nationaux.

M. Adrien Gouteyron président , s'est demandé si l'on pouvait constater des cas de personnels agrégés recrutés au tour extérieur qui ne satisfaisaient pas aux compétences requises pour assurer leur fonction.

Mme Geneviève Zehringer a indiqué que 6.000 nominations avaient été effectuées à ce titre depuis 1972. Elle a ajouté que la nomination d'inspecteurs pédagogiques régionaux sur liste d'aptitude et la nomination d'inspecteurs généraux au cinquième tour, sans expérience d'enseignement, étaient sources d'effets pervers dans les classes inspectées, voire d'excès de complaisance à l'égard des enseignants.

S'associant à cette analyse, M. Xavier Darcos s'est prononcé en faveur d'une diminution des nominations au tour extérieur. Il a rappelé qu'il avait été conduit, lorsqu'il était doyen de l'inspection générale, à interdire d'inspection certains inspecteurs recrutés au 5 e tour qui étaient manifestement incompétents.

M. Francis Grignon, rapporteur , s'est demandé s'il était possible de dénombrer précisément les personnels recrutés localement.

Mme Geneviève Zehringer a répondu que les recteurs et les chambres régionales des comptes disposaient de ces informations.

M. Adrien Gouteyron, président, a demandé des précisions sur la répartition des professeurs agrégés, de la classe de 6e jusqu'à l'université.

Mme Geneviève Zehringer a souhaité, conformément aux statuts, que les professeurs agrégés soient d'abord affectés en lycée et exceptionnellement en collège.

M. Adrien Gouteyron, président , s'est enfin enquis des conditions dans lesquelles la Société des agrégés avait été privée de son unique mise à disposition.

Mme Geneviève Zehringer a indiqué que le ministère lui avait d'abord demandé un rapport d'activité, qui avait été remis en juin 1998. Le 24 août, elle s'est enquis des suites de ce rapport auprès du ministère, les mises à disposition relevant du cabinet du ministre. Elle a précisé que la décision du ministre de retirer la mise à disposition dont bénéficiait la Société des agrégés lui avait été notifiée par une lettre du 22 septembre 1998 et confirmée par une lettre du 30 décembre 1998. Elle a rappelé que la société des agrégés ne bénéficiait que d'une seule mise à disposition pour 12 000 adhérents.

De plus, elle a constaté qu'aucune explication convaincante n'avait été avancée par le ministère, le reproche fait à la société des agrégés d'indemniser son permanent pour ses frais et sujétions étant sans fondement. Elle a également réfuté l'argument selon lequel sa mise à disposition aurait duré trop longtemps c'est-à-dire 10 ans alors que la Société en dispose depuis 30 ans.

Mme Geneviève Zehringer a indiqué que le ministère ne pouvait arguer du fait que les mises à disposition devaient permettre d'aider des associations débutantes, compte tenu du nombre de mises à disposition, d'ailleurs justifié et légitime, accordé à des associations déjà anciennes comme la Ligue de l'enseignement. Enfin, elle a indiqué que le ministère de l'éducation nationale avait proposé de remplacer la mise à disposition dont bénéficiait la Société des agrégés par une formule de détachement, cette solution impliquant, selon elle, un changement de statut.