B. ...MAIS DES ENGAGEMENTS À NE PAS SURESTIMER

Au-delà des observations précédentes, il convient de rapporter les engagements financiers des contrats de plan à leur juste mesure, afin que les contrats de plan ne soient pas perçus " comme une immense tirelire que l'on casse une fois tous les cinq ou six ans ".

• Les engagements de l'Etat (77,3 milliards de francs sur 5 ans, finalement étalés sur 6 ans), s'élèvent à 15,5 milliards de francs par an sur 5 ans ou 12,9 milliards de francs par an sur 6 ans.

Cela représente moins de 1 % des dépenses moyennes du budget de l'Etat sur la période 1994-1999. En d'autres termes 99% des dépenses de l'Etat ne sont pas contractualisées , alors même qu'elles produisent toutes leurs effets en région (exception faite de dépenses effectuées à ou au profit de l'étranger).

Cette perspective est cependant modifiée si l'on tient compte de ce que les montants contractualisés par l'Etat correspondent pour environ 85 % à des dépenses d'investissement (titres V et VI).

On peut alors rapprocher les montants correspondants - 13,0 milliards de francs sur 5 ans ou 10,8 milliards de francs sur 6 ans - des crédits de paiement pour les dépenses civiles en capital votés en loi de finances initiale pour 1994 - 89,1 milliards de francs - ou en moyenne annuelle sur la période 1994-1998 - 80,6 milliards de francs -.

Selon la période de référence retenue pour déterminer le niveau des investissements civils de l'Etat (la seule année 1994 ou la moyenne 1994-1998), et selon que l'on divise les engagements de l'Etat sur 5 ans ou sur 6 ans, les investissements inscrits dans les contrats représentent entre 12 et 16 % des investissements civils de l'Etat .

Compte tenu de la baisse constante des crédits de paiement pour les investissements civils de l'Etat en LFI (de 89,1 milliards de francs en 1994 à 72,2 milliards de francs en 1998, soit - 19 %), les engagements de l'Etat dans les contrats de plan ont d'ailleurs représentés une proportion croissante de ses facultés d'investissement : même non actualisé, le montant annuel moyen initialement prévu pour les investissements contractualisés de l'Etat (13,0 milliards de francs) aurait représenté 18,0 % des investissements civils de l'Etat en 1998, contre 14,5 % en 1994.

Cela explique que l'Etat rencontrera des difficultés , finalement insurmontables, pour l'exécution conforme des contrats de plan.

• Parallèlement, on peut rapporter les engagements financiers des Régions (71,1 milliards de francs, soit 14,2 milliards de francs sur 5 ans ou 11,9 milliards de francs sur 6 ans), à leurs dépenses pour 1994 (67,2 milliards de francs) ou en moyenne sur la période 1994-1998 (73 milliards de francs courants).

Le montant des engagements initiaux des Régions ressort alors entre 19,4 et 21,1 % de leurs budgets avec une exécution des contrats sur 5 ans ou entre 16,3 et 17,8 % avec une exécution sur 6 ans.

En d'autres termes les engagements financiers des Régions représentaient un peu moins d'un cinquième de leur budget , contre moins de 1 % pour l'Etat.

De même, les engagements des Régions représentaient en moyenne près d'un tiers de leurs investissements , contre un sixième pour l'Etat.

A cette aune, la contractualisation constitue un enjeu budgétaire plus important pour les Régions que pour l'Etat.

Cependant, à l'inverse de l'Etat, les Régions ont maintenu leur effort d'investissement entre 1994 et 1998 : les programmes contractualisés ne devaient donc pas en constituer une part croissante.

En fait, compte tenu de l'étalement des contrats de plan, comme de l'extension des compétences et des dépenses des Régions au cours de la période sous revue, les crédits régionaux affectés aux contrats de plan ont même parfois constitué une part décroissante de leurs budgets, comme l'illustre le tableau ci-après :

PART DES CONTRATS DE PLAN DANS LE BUDGET DE QUELQUES RÉGIONS

(engagements en % du budget primitif)

 

1994

1995

1996

1997

1998

1999

Alsace

11,8

15,7

15,5

24,0

5,7

 

Bretagne

18,9

21

19,6

22,6

20,3

 

Basse-Normandie

18,6

26,0

33,6

33,2

19,8

22,75

Pays de la Loire

15,3

14,3

13,2

11,7

11,3

 

Picardie

14,8

21,1

17,1

16,8

13,5

 

Source : Régions.



Par ailleurs, on peut renverser la vision des contrats de plan en soulignant que plus de 80 % des dépenses des Régions et près des deux-tiers de leurs investissements ne sont pas contractualisés . En d'autres termes, comme il est parfois rappelé en préambule aux documents de contrats de plan, la contractualisation ne recouvre qu'une part très minoritaire des interventions des Régions.

• Ces moyennes dissimulent toutefois d'importantes disparités entre Régions et entre secteurs.

Par exemple, les engagements annuels moyens des Régions varient du simple au triple en proportion de leurs dépenses de 1998, dernière année théorique des troisièmes contrats de plan, même si l'on excepte la situation particulière de la Corse (cf. tableau ci-dessous).

ENGAGEMENTS ANNUELS MOYENS DES RÉGIONS

(en % de leurs dépenses de 1998)

Ile-de-France

33,3

Franche-Comté

17,8

Lorraine

31,9

Languedoc-Roussillon

17,6

Basse-Normandie

23,3

Bourgogne

17,3

Poitou-Charentes

21,3

Aquitaine

14,8

Bretagne

21,1

Auvergne

14,6

Midi-Pyrénées

21,0

Rhône-Alpes

13,4

Picardie

20,4

Alsace

13,3

Limousin

20,3

PACA

12,8

Haute-Normandie

19,7

Centre

12,4

Champagne-Ardennes

19,4

Pays de la Loire

11,6

Nord - Pas-de-Calais

18,2

Corse

5,3

Source : Direction Générale de la Comptabilité Publique, calculs du rapporteur.



De même, les engagements des contrats de plan représentaient une part extrêmement variable des investissements des Régions par secteurs, et surtout des capacités d'investissement des ministères.

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