D. UN SUIVI FINANCIER APPROXIMATIF

1. Un dispositif national trop tardif et mal appliqué

• Dans son avis des 26 et 27 mars 1991, relatif à " La planification régionale " le Conseil économique et social avait déjà préconisé la mise en place d'une procédure nationale d'identification des crédits spécialement affectés à la contractualisation, afin de permettre une meilleure appréciation de l'exécution des contrats de plan.

Cette idée a été reprise dans une lettre du Premier ministre en date du 30 septembre 1993, puis dans la circulaire aux Préfets de Région du ministre de l'Intérieur et de l'aménagement du territoire et du ministre délégué à l'Aménagement du territoire et aux collectivités locales en date du 13 septembre 1994, qui entendait organiser le suivi financier des contrats de plan.

A cette fin, il était annoncé la création d'une nomenclature nationale unique commune à tous les intervenants au contrat de plan, que les préfets de région devaient compléter par une nomenclature régionale déterminée en fonction des objectifs retenus par le contrat de plan.

Plus précisément, les crédits affectés aux contrats de plan devaient être " fléchés " par les ministères, les préfets et, ce qui constituait un progrès notable, par les établissements publics.

Matériellement, ce fléchage devait prendre la forme d'un code spécifique - 11 pour XIème plan - saisi lors de chaque opération budgétaire.

A partir des données recueillies, il devait être élaboré dans chaque région :

- un tableau de synthèse récapitulant, à partir des documents de contrat de plan, les engagements de l'Etat et des collectivités locales sur l'ensemble de la période contractualisée ;

- avant le 30 septembre de chaque année, un tableau de programmation des engagements de l'Etat au titre de l'année suivante ;

- avant le 31 mars de chaque année, un état de la consommation des crédits affectés aux opérations contractualisées pour l'année précédente, accompagné d'un suivi de la consommation des crédits de paiement.

Par ailleurs, les préfets de région devaient adresser chaque année au Commissariat général du Plan et à la DATAR un compte rendu du suivi financier des contrats de plan.

• Ce dispositif fut incomplet , trop tardif et mal appliqué .

En premier lieu, on peut s'étonner de ce que ce dispositif prévoyait " l'association étroite " des trésoriers payeurs généraux à la procédure de suivi, mais pas celle des Régions . En d'autres termes, l'Etat a mis en place son dispositif de suivi sans concertation, ni coordination avec les Régions.

Surtout, la circulaire précitée est datée du 13 septembre 1994 . En d'autres termes, le dispositif de suivi est postérieur d'un an à la négociation des contrats de plan, et de neuf mois à leur date théorique d'entrée en vigueur.

Sauf exceptions 103( * ) , la rédaction des contrats de plan rendrait ainsi très difficile leur suivi financier. En effet, très peu de contrats comportaient une annexe répartissant, pour chaque action contractualisée, les engagements de l'Etat par ministère, ainsi que par chapitre et article budgétaire. Dans la grande majorité des contrats, les actions étaient libellées d'une manière générale, sans lien avec la nomenclature budgétaire de l'Etat. Par exemple, des programmes en faveur de la forêt pouvaient tantôt mobiliser des crédits du ministère de l'Agriculture, tantôt des crédits du ministère de l'Environnement, sans que cela ne ressorte clairement du contrat.

La Cour des Comptes 104( * ) rappelle ainsi qu'en raison notamment de la liberté de présentation et de l'imprécision des libellés, la DATAR " a mis quatre ans avant de valider les données financières initiales contenues dans les contrats de plan ".

De même, la Cour des Comptes indique qu'en raison du retard de publication de la circulaire, " la mise en place d'une nomenclature comptable unique a été rendue impossible ; elle s'est heurtée aussi au principe de libre administration des collectivités territoriales et, le plus souvent, à l'incompatibilité des systèmes informatiques ".

En outre, la circulaire prescrivait un mode de présentation et de restitution, mais ne fournissait aux préfets de région aucune précision relative aux modalités concrètes du suivi. En conséquence, selon une note de l'Inspection des Finances de mars 1999 transmise à votre rapporteur, " des solutions artisanales de suivi se sont alors développées dans chaque région selon des formules non standardisées " : les données que les préfets adressent à la DATAR sont ainsi hétérogènes et en tout état de cause non sommables (cf. infra).

Enfin, le fléchage des crédits contractualisés grâce à un chiffre code n'a pas toujours été appliqué. En effet, le renseignement du champ concerné n'était pas rendu obligatoire par les logiciels informatiques, et comme l'indique le ministère de la Culture " ce suivi est à l'initiative du préfet de région et si le préfet ne l'impose pas, les services renoncent à une fonctionnalité qu'ils jugent contraignante ". Cette fonctionnalité était d'ailleurs pour partie inopérante puisque l'application informatique " nouvelle dépense locale ", dont installation s'est échelonnée entre 1993 et 1997, ne permettait pas de restitution automatique à partir de ces codifications, contrairement à l'application " infocentre " en cours d'installation.

Au total, tout était en place pour que le suivi des contrats de plan soit de nouveau un casse-tête à tous les niveaux.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page