2. Un suivi approximatif par les préfets de région

Dans une note de mars 1999 transmise à votre rapporteur, l'Inspection des finances détaille le " bricolage " que constitue le suivi des contrats de plan au niveau des préfectures de Région (cf. encadré ci-après).

En premier lieu, le suivi des contrats de plan s'est révélé peu compatible avec les principes comptables d'exécution de la dépense publique : à défaut de lignes budgétaires entièrement dédiées aux contrats de plan, les préfets ont éprouvé de grandes difficultés à départager les dépenses effectuées dans le cadre des contrats de plan des dépenses hors contrat de plan, et ce, à tous les stades de la procédure budgétaire.

Le suivi des contrats de plan reposait donc sur des procédures extra-comptables et dépendait des aléas des circuits de remontée d'information entre services déconcentrés. Par exemple, selon la Cour des Comptes, les préfectures de région n'étaient pas toujours informées des crédits affectés aux universités et directement délégués aux rectorats.

De même, les principes de la déconcentration empêchent tout contrôle par les préfets de région de l'utilisation effective des crédits subdélégués aux préfets de département.

Au total, les difficultés et le suivi des contrats de plan par les préfectures de région dépassent très largement les moyens dont elle disposent.

Les bilans présentés par les préfectures sont ainsi très approximatifs .

En particulier, ces bilans pourraient être surestimés :

- soit que les préfectures, pour présenter un bilan plus flatteur, agrègent des crédits contractualisés et des crédits de droit commun, que rien ne distingue réellement, si ce n'est leur fléchage initial ;

- soit que ces bilans comportent des doubles comptes (crédits subdélégués aux préfets de département, repris, puis réengagés).

LES OBSERVATIONS DE L'INSPECTION DES FINANCES SUR LE SUIVI DES CONTRATS DE PLAN PAR LES PRÉFECTURES DE RÉGION

1. Les difficultés de partage entre les dépenses contractualisées et les dépenses hors contrat de plan.

"  La fongibilité des autorisations de programmes (AP) non utilisées en fin d'exercice nuit à leur traçabilité . Sans importance pour les lignes budgétaires entièrement dédiées aux contrats de plan, ce principe est en revanche préjudiciable à la qualité du suivi pour les chapitres à double vocation. En fin d'exercice, les reliquats ou substitution d'AP liées aux contrats de plan perdent alors leur spécificité, pour être fondues dans une même masse. Il n'existe plus aucun moyen comptable de vérifier la consommation d'une AP initialement fléchée comme relevant d'un contrat de plan. De même, cela n'est pas possible d'identifier, dans les stocks d'AP disponibles, celles originaires du XIème plan et d'éventuelles délégations antérieures.

Dans la même logique, en l'absence de rattachement des crédits de
paiement aux autorisations de programmes, il est difficile d'affiner la connaissance de l'exécution des contrats de plan en termes d'engagement et de mandatement. Sans suivi extra-comptable fiable, rien ne permet en effet d'assurer que les mandatements constatés sur une ligne budgétaire donnée sont bien afférents à une opération contractualisée, et, dans l'affirmative, s'ils ressortent bien du XIème plan et non de la génération précédente ".

2. Les aléas de la collecte par les préfectures des informations relatives à la mise en oeuvre des contrats de plan.

" Dans la plupart des régions, les délégations d'autorisation de programme reçues et les sub-délégations font l'objet d'un suivi extra-comptable [c'est à dire hors logiciels comptables] au moyen d'une application bureautique . Dans certaines d'entre elles toutefois, un suivi de cette nature n'est même pas assuré, le SGAR étant tributaire d'informations en provenance des ordonnateurs délégataires . Rares sont les régions où les SGAR se livrent à des contrôles de cohérence.

Dans pratiquement toutes les régions, les remontées d'information des administrations déconcentrées prennent la forme de transmissions sur support papier... Découplées de la comptabilité de l'Etat, les informations sont entièrement tributaires de la qualité du suivi extra-comptable de chacune des administrations concernées.

Or, pour la plupart des administrations, l'échelon régional est un échelon de programmation, et non un échelon de gestion. Les administrations régionales, correspondantes des SGAR pour le suivi des contrats de plan, doivent elles-mêmes obtenir des informations de leurs échelons départementaux.

Le nombre d'intervenants dans la collecte de l'information peut donc être élevé. Le temps consacré à la confections des bilans est d'autant plus élevé pour l'ensemble des intervenants, que les services déconcentrés se trouvent dans l'obligation de mettre en correspondance avec les requêtes des SGAR leurs propres outils de gestion, parfois construits selon des logiques et
des préoccupations différentes ".

3. Les difficultés de suivi résultant des modalités de la déconcentration.

" Les crédits d'investissement de catégorie 3, subdélégués aux préfets de département, ne représentent pas une fraction essentielle des contrats de plan, mais leur suivi est particulièrement difficile. Rien ne permet en effet aux préfets de région de s'assurer de la bonne consommation des AP subdéléguées. La mission a ainsi pu observer la mobilisation sur les actuels contrats de plan d'AP afférentes au plan précédent.

En outre, rien ne s'oppose à ce que les préfets de département effectuent des redéploiements entre des actions contractualisées et des actions hors contrat de plan, pour les lignes budgétaires à vocation mixte. On observe de tels redéploiements pour certains articles du ministère de l'Agriculture, et surtout, pour des montants nettement plus élevés, dans le cadre de la politique du logement.

Enfin, il n'est pas possible au préfets de région d'effectuer des contrôles a posteriori, faute d'habilitation comptable au niveau départemental
".

Source : note de l'Inspection générale des finances de mars 1999 transmise au Sénat.

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