3. Des engagements financiers irréalistes

Comme votre rapporteur l'a montré précédemment, le taux d'effort de l'Etat, c'est-à-dire le ratio dépenses effectives par année du contrat / engagements initiaux moyens par année du contrat peut être estimé à environ 75 %.

En d'autres termes, l'Etat a réduit ses dépenses contractualisées de près de 25 % par rapport à ses engagements initiaux.

Cet écart de 25 % ne peut s'expliquer ni par les difficultés techniques exposées infra, dont les effets sont demeurés limités, ni par les seuls impératifs de maîtrise des finances publiques.

En effet, les investissements de l'Etat ne se sont pas contractés de 25 % entre 1994 et 1998 (cf. tableau ci-dessous).


EVOLUTION DES INVESTISSEMENTS CIVILS DE L'ETAT (TITRES V ET VI)
( en milliards de francs )

 

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1998-1994

Autorisations de programme, dotation initiale


88,4


115,9


81,2


83,1


92,3


71,7


- 38,1 %

Crédits de paiement initiaux

 

89,1

86,2

84,4

71,9

72,2

- 19,0 %

Dépenses nettes effectives

 

104,2

101,6

108,0

98,7

97,4

- 6,4 %

Source : Cour des Comptes, rapport sur l'exécution de la loi de finances pour 1998, juillet 1999.

Certes, les autorisations de programmes inscrites en loi de finances initiale ont baissé de 38 % entre 1994 et 1998, mais cette baisse résulte largement de l'affichage d'une forte hausse entre 1993 et 1994 (+ 20 %) : entre 1993 et 1998, les autorisations de programme ouvertes en LFI n'ont fléchi que de 19 %. Une part importante des AP ouvertes en LFI pour 1994 sera d'ailleurs annulée par la suite.

Par ailleurs, les crédits de paiements ouverts en LFI n'ont diminué que de 19 % entre 1994 et 1998.

Surtout, les dépenses d'investissement nettes , après prise en compte des reports, annulations, redéploiements, etc. n'ont diminué que de 6 % entre 1994 et 1998 selon la Cour des Comptes.

En d'autres termes, l'Etat n'a pas réduit ses dépenses d'investissements civils de 25 %.

A ce stade, il est possible de formuler deux questions :

- les investissements portés aux contrats de plan correspondaient-ils vraiment à des priorités pour l'Etat, conformément aux objectifs assignés à la contractualisation ?

- l'Etat aurait-il délibérément sacrifié l'exécution des contrats de plan ?

Au moins à la seconde question, il est possible de répondre par la négative . Il résulte en effet des déclarations constantes des Gouvernements successifs, que ceux-ci se sont efforcés de limiter l'impact sur les contrats de plan des efforts de maîtrise des finances publiques.

La direction du Budget indique par ailleurs s'être " efforcée de prendre en compte de façon prioritaire les crédits destinés à couvrir les engagements des contrats de plan ".

En fait, il semble plutôt que les troisièmes contrats de plan avaient placé la barre beaucoup trop haut : pour respecter ses engagements, l'Etat aurait dû accroître significativement ses investissements, comme en témoigne l'accélération des autorisations de programme débloquées en 1994, ce qui n'est pas apparu possible.

En d'autres termes, l'inexécution des contrats de plan n'est pas seulement imputable aux efforts de maîtrise des finances publiques, mais aussi à l'irréalisme des engagements initiaux.

Cette analyse est confirmée par la Direction du Budget, qui indique en réponse à votre rapporteur que " pour les secteurs où le taux de réalisation est significativement inférieur à 100 %, le diagnostic que l'on peut faire est que les engagements initialement souscrits n'étaient pas soutenables , même au moyen d'un allongement de la durée d'exécution des contrats : tel est particulièrement le cas des routes " 113( * ) .

Ce constat pose une fois encore la question de la portée attachée aux contrats de plan.

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