IV. QUELLE PORTÉE POUR LES CONTRATS DE PLAN ?

A. LES RÉGIONS DÉMUNIES FACE À LA DÉFAILLANCE DE L'ÉTAT ?

• La DATAR souligne " que l'élaboration et la gestion des contrats de plan ont toujours été effectuées dans un souci de continuité républicaine ".

Les alternances électorales , aussi bien nationales que locales semblent en effet avoir eu relativement peu d'incidences sur la contractualisation, même si certaines Régions ont observé des inflexions : par exemple, à la suite du CIAT de Mende de juillet 1993, qui a émis de nouvelles orientations " beaucoup plus tournées vers l'emploi ", certaines Régions ont du modifier ou reformuler leurs priorités.

Par ailleurs, selon la DATAR, " les sanctions en cas de non respect des engagements existent : les dommages sont sensibles en terme d'image, de qualité du partenariat, d'organisation du travail, de réalisation des projets. Au sein de l'Etat, les gels et les annulations de crédits contractualisés interviennent [donc] en dernière extrémité ".

• Les collectivités territoriales se sont pourtant senties démunies face à la défaillance de l'Etat : comme le relevait le Conseil économique et social dans son avis du 13 mai 1997, " les Régions sont quasiment privées de moyens pour faire respecter les clauses du contrat ".

En effet, si la crédibilité de l'Etat vis à vis des collectivités locales fut sans doute amoindrie par sa défaillance, il n'apparaît pas que l'Etat eût souffert d'une perte d'image auprès des citoyens régionaux, faute d'une connaissance suffisante de la contractualisation au sein du grand public. La sanction politique du non-respect de ses engagements par l'Etat est donc très faible.

Tout au plus les Régions peuvent-elles " effectuer l'inventaire " des engagements non tenus.

Néanmoins, les Régions sont peu incitées à conduire une stratégie de confrontation politique avec l'Etat : compte tenu de la disproportion des moyens, elle risquent d'y perdre davantage encore.

En outre, cette stratégie peut porter atteinte à la confiance et à la concertation nécessaires à la contractualisation, et donc ne faire que des perdants.

Certaines Régions regrettent d'ailleurs l'inexistence d'une procédure d'arbitrage pour régler les menues divergences d'interprétation qui peuvent naître au cours de l'exécution des contrats. En effet, rien n'est prévu en cas de désaccord entre les préfectures et les services déconcentrés, d'une part, les Régions et leurs services, d'autre part.

• Au total, la plupart des Régions s'inquiètent " du décalage entre le discours et la réalité " et " de l'absence de règles du jeu claires ".

Les Régions souhaitent donc souvent " des modalités plus strictes ", c'est-à-dire qu'elles souhaitent " que les partenaires se sentent réellement obligés par leurs engagements " ou que soit " précisé quelle réalité recouvre la signature de l'Etat ".

Ce besoin de clarification est singulièrement renforcée par le flou juridique qui entoure les contrats de plan.

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