3. Les évaluations conduites en région

• Selon le Commissariat général du Plan, trois périodes semblent s'être dessinées pour l'évaluation des troisièmes contrats de plan Etat-Région (1994-1999) :

- " la première période correspond au démarrage des opérations. Elle n'est donc pas propice au lancement de projets d'évaluation. Ainsi, en 1994, aucun projet n'a pu être présenté à l'instance nationale d'évaluation des contrats de plan Etat-Région, et quelques projets seulement l'ont été en 1995 ;

- la deuxième période enregistre la forte montée en puissance de la réalisation des opérations contractualisées. Elle entraîne donc le dépôt d'un grand nombre de projets d'évaluation et par conséquent une très forte demande de crédits d'évaluation quelquefois satisfaite avec retard , par manque de crédits disponibles ;

- la troisième période correspond non seulement à l'achèvement progressif de cette génération en cours de réalisation, mais surtout à l'élaboration et à la négociation de la nouvelle génération des contrats de plan Etat-Région, ainsi que celle des programmes communautaires. Ce contexte justifie une diminution du nombre de dossiers d'évaluation présentées en 1998 et en 1999, dont une bonne partie concerne l'achèvement d'opérations déjà engagées
".

Au total, l'instance nationale d'évaluation a examiné plus d'une centaine de dossiers , la plupart concernant la politique de la ville, les aides au développement économique et à l'agriculture, enfin les procédures d'appui à la recherche et au transferts de technologie.

Selon le Commissariat général du Plan, " les crédits affectés à ces opérations d'évaluation se sont globalement révélés suffisants , en volume, pour assurer les engagements pris par l'Etat dans ce domaine ".

Selon certaines Régions, l'évaluation est ainsi " rentrée dans les moeurs ".

• D'autres Régions soulignent toutefois que l'évaluation des politiques publiques en région, et même l'évaluation des politiques contractualisées, ne s'est pas limitée au cadre institutionnel rigide établi par la circulaire du 9 décembre 1993. Dans certaines régions, comme en Bretagne, le développement de l'évaluation est d'ailleurs bien antérieur aux troisièmes contrats de plan.

En outre, la Région Bretagne avait mis en place un dispositif d'évaluation légère du contrat de plan, à partir d'un jeu de plus de 600 indicateurs élaborés en concertation étroite entre les services de l'Etat et ceux de la Région, avec pour objectif " d'offrir une vue plus qualitative de l'exécution de l'ensemble du contrat de plan ".

Par ailleurs, si la Région Lorraine n'a réalisé que quatre évaluations dans le cadre des contrats de plan, elle en a conduit près d'une vingtaine dans le cadre de la mise en oeuvre du Plan régional ou des programmes communautaires, au travers notamment de l'Institut Lorrain d'Etudes et d'Evaluation des politiques publiques (cf. encadré ci-après).

Enfin, certains ministères ont mis en oeuvre leurs propres évaluations de leurs politiques contractualisées, indépendamment des Régions et sans référence au dispositif national établi par le Commissariat général du Plan.

Ainsi, selon le secrétariat d'Etat à l'Industrie, " la procédure des contrats de plan Etat-Région n'a rien changé aux procédures d'évaluation de la politique en faveur des petites et moyennes industries qui comportaient déjà les mesures suivantes : suivi des décisions, bilan des opérations à la clôture des conventions avec les bénéficiaires, visite un an après la clôture d'un échantillon de bénéficiaires pour évaluer les suites données au projet soutenu ; évaluation des procédures par un intervenant extérieur dans plusieurs régions ; évaluation nationale des procédures par un intervenant extérieur ".

L'INSTITUT LORRAIN D'ETUDES ET D'EVALUATION
DES POLITIQUES PUBLIQUES (IL2E)

Le dispositif régional d'évaluation des politiques publiques était relativement original en Lorraine.

Comme dans les autres régions, ce dispositif s'articulait autour de deux types d'instances paritaires Etat-Région :

- un Comité de pilotage Etat-Région dont la composition était resserrée, par souci d'efficacité, au Préfet de région et au Président du Conseil régional, ainsi qu'à quatre experts désignés pour moitié par chacun des deux partenaires du contrat Etat-Région. Ce comité de pilotage devait notamment choisir les programmes soumis à évaluation ;

- quatre comités techniques spécifiques, correspondant aux grands objectifs du contrat, et composés de quatre experts désignés par l'Etat, de quatre experts désignés par la Région, auxquels pouvaient s'adjoindre, autant que de besoin, des spécialistes ou experts choisis d'un commun accord. Ces comités devaient rédiger les pré-cahiers des charges, puis piloter les évaluations. En outre, les experts membres de ces comités devaient former in fine un " club scientifique de l'évaluation ".

Par ailleurs, il était prévu que l'ensemble des propositions et dossiers relevant de l'évaluation soient soumis pour avis, par la Région :

- à une Conférence régionale d'évaluation , composée des présidents respectifs du Conseil régional, du Conseil économique et social régional, des quatre Conseils généraux et de la Commission du Plan et de l'Aménagement du Territoire du Conseil régional, ainsi qu'aux Maires des quatre Villes chefs-lieux de département ;

- à la Commission du Plan et de l'Aménagement du Territoire du Conseil régional.

Enfin, ce dispositif devait s'appuyer sur les services du SGAR et sur le Centre d'Evaluation et de prospectives, pour l'Etat ; sur l'Institut Lorrain d'Etudes et d'Evaluation des politiques publiques (IL2E), structure permanente d'une dizaine de personnes, pour la Région.

C'est ainsi l'IL2E qui a rédigé les pré-cahiers des charges pour les appels d'offres, et qui a assuré le suivi des évaluations des politiques contractualisées. En outre, en raison de la réunion tardive du Comité de pilotage du contrat de plan (octobre 1997), il a été proposé d'utiliser le Conseil d'administration de l'IL2E comme lieu de concertation sur l'évaluation.

Par ailleurs, l'IL2E avait engagé près d'une quinzaine d'évaluations de programmes hors contrat de plan, en particulier de programmes inscrits dans le Plan lorrain ou de programmes communautaires. L'IL2E s'était également vu confier pour missions de diffuser une culture de l'évaluation en région et de constituer les bases de données nécessaires à des évaluations, notamment en matière de tourisme, de formation professionnelle et d'apprentissage.

Or le Conseil d'administration de l'IL2E est composé, en sus de représentants de la Région, non majoritaires, de représentants du Conseil économique et social régional, des quatre Départements lorrains, des quatre Villes chefs-lieux de département et de la Communauté urbaine du Grand Nancy. En outre, sont associés d'autres partenaires tels que des services de l'Etat (direction régionale du tourisme, direction régionale de l'agriculture et de la forêt), le Comité régional du tourisme, l'INSEE ou l'Etablissement public de la Métropole lorraine.

L'évaluation a donc été largement confiée à un organisme permanent, extérieur à la Région et associant les autres collectivités locales, et non pas seulement à des comités réunis ad-hoc par l'Etat et la Région.

Source : Région Lorraine, Rapports d'activité de l'IL2E .

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page