CONVENTION
AVEC LA RÉPUBLIQUE TCHÈQUE
RELATIVE À LA PRÉVENTION,
LA RECHERCHE ET LA POURSUITE
DES FRAUDES DOUANIÈRES

Adoption d'un projet de loi

M. le président. L'ordre du jour appelle la discussion du projet de loi (n° 173, 1996-1997) autorisant l'approbation de la convention d'assistance administrative mutuelle entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République tchèque pour la prévention, la recherche et la poursuite des fraudes douanières. (Rapport n° 209, 1996-1997.)
La parole est à M. le ministre, à qui je souhaite la bienvenue au Sénat, où il vient aujourd'hui pour la première fois. (Applaudissements.)
M. Pierre Moscovici, ministre délégué auprès du ministre des affaires étrangères, chargé des affaires européennes. Je vous remercie, monsieur le président, de vos souhaits de bienvenue.
Mesdames, messieurs les sénateurs, la France et la République tchèque ont signé, le 13 février 1996 à Prague, une convention d'assistance administrative mutuelle en matière douanière.
Cet accord doit renforcer l'efficacité de la lutte de nos deux administrations douanières contre la fraude en instaurant entre elles une coopération active. Les dispositions pertinentes du code des douanes dans le domaine de la coopération internationale n'offrent en effet qu'une faible base juridique, notamment en ce qui concerne la protection de la confidentialité des renseignements et informations échangés entre administrations.
Par ailleurs, la complexité croissante des circuits commerciaux et financiers ainsi que le développement des échanges internationaux ont conduit à une sophistication et à un accroissement des infractions douanières impliquant, dans la plupart des cas, des actes préparatoires ou de complicité commis à l'étranger. De telles infractions risquent de rester impunies dans l'Etat où elles sont perpétrées faute d'un accord permettant de recueillir les éléments de preuve attestant l'existence de ces infractions.
C'est pourquoi cette convention prévoit spécifiquement la communication spontanée de renseignements entre administrations douanières concernant les opérations illicites, la transmission sur demande des documents qui les corroborent.
En outre, elle autorise le recours à des enquêtes permettant l'audition de personnes suspectes ou de témoins et aux livraisons surveillées, ainsi que la possibilité d'utiliser à titre de preuves les documents et informations recueillis dans le cadre de la convention et, pour des agents des douanes, de comparaître en tant que témoins ou experts devant les tribunaux de l'Etat contractant requérant.
L'assistance ainsi organisée ne pourra porter atteinte à l'ordre public, à un secret industriel, commercial ou professionnel.
Cette convention devrait permettre à la fois d'assurer une meilleure perception des droits et taxes, de protéger la sécurité et la santé des citoyens français, d'assurer une protection plus efficace des entreprises contre les menaces d'irrégularités liées aux échanges internationaux - concurrence déloyale et contrefaçons - et de protéger notre patrimoine culturel.
A ce titre, elle est un élément important de nos relations bilatérales avec la République tchèque.
Telles sont, monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, les principales dispositions de la convention qui fait l'objet du projet de loi aujourd'hui proposé à votre approbation. (Applaudissements.)
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Très bien !
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Maurice Lombard, rapporteur de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, la convention franco-tchèque signée à Prague le 13 février 1996 concerne un domaine relativement classique : l'assistance administrative mutuelle en vue de prévenir, de recherche et de poursuivre les infractions douanières.
La France a déjà conclu une vingtaine de conventions bilatérales analogues qui permettent de donner une base juridique solide à la coopération entre les administrations douanières dans la lutte contre les fraudes.
La convention franco-tchèque reprend l'essentiel des dispositions habituelles dans ce type de texte.
Elle prévoit tout d'abord l'échange de renseignements entre administrations et la transmission de documents, qui peuvent prendre force de preuve devant les tribunaux.
Elle permet aux agents des douanes de comparaître en qualité de témoins ou d'experts dans une procédure relevant de l'autre pays.
La convention permet aussi à l'une des administrations de demander à son homologue l'exercice d'une surveillance spéciale sur les personnes ou les locaux susceptibles d'être liés à un trafic.
En ce qui concerne le trafic de stupéfiants, la convention contient une disposition novatrice que je juge très importante et qui était jusqu'alors absente des textes de même nature : elle autorise le recours à des « livraisons surveillées » impliquant la coopération des deux Etats. Ces termes « livraisons surveillées » méritent peut-être une explication. Ce type d'opérations, prévues par la législation française et, bientôt, vraisemblablement, par la législation tchèque, consiste, pour les besoins d'une enquête et sous le contrôle du parquet - je le précise bien - à infiltrer les réseaux de trafiquants pour mieux les démanteler.
Si le texte comporte pour l'essentiel des clauses classiques, il n'en présente pas moins, pour les relations franco-tchèques, une importance toute particulière.
Tout d'abord, les échanges commerciaux franco-tchèques sont relativement intenses. La France est le sixième fournisseur et le septième client de la République tchèque, et il convient de prévenir les fraudes portant sur de fausses déclarations d'origine ou de valeur qui visent à échapper aux droits de douane ; la France y est spécialement attentive.
Par ailleurs, la République tchèque - véritable carrefour en Europe centrale - a été gagnée par toutes sortes de trafics, particulièrement de stupéfiants, devant lesquels les moyens de contrôle du gouvernement tchèque paraissent encore très fragiles. Les autorités tchèques ont renforcé depuis quelques mois leur législation judiciaire, policière et douanière, en vue d'accentuer la lutte contre les infractions économiques et financières, contre l'immigration clandestine et contre la drogue.
Dans ce domaine très important, la France met en place des actions de formation et de soutien technique, au travers notamment du service de coopération technique internationale de police du ministère de l'intérieur. Ces actions sont prolongées par une coopération opérationnelle entre les administrations. La convention d'assistance douanière en est une illustration et elle contribue à la lutte contre les trafics.
Il s'agit d'un enjeu important pour la République tchèque, qui souhaite ajouter un atout supplémentaire à ceux - ils sont déjà nombreux - qui plaident pour son entrée dans l'Union européenne.
De plus, la coopération douanière s'inscrit parfaitement dans la perspective d'une bonne intégration de la République tchèque dans l'espace communautaire et elle renforce les relations entre nos deux pays.
C'est pourquoi la commission des affaires étrangères vous demande d'approuver le présent projet de loi. (Applaudissements.)
M. le président. Personne ne demande la parole dans la discussion générale ?...
La discussion générale est close.
Nous passons à la discussion de l'article unique.
« Article unique. - Est autorisée l'approbation de la convention d'assistance administrative mutuelle entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République tchèque pour la prévention, la recherche et la poursuite des fraudes douanières, signée à Prague le 13 février 1996, et dont le texte est annexé à la présente loi. »
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article unique du projet de loi.

(Le projet de loi est adopté.)

5