M. le président. « Art. 1er. - Il est créé un livre Ier du code du service national ainsi rédigé :

« LIVRE Ier

« TITRE Ier

« DISPOSITIONS GÉNÉRALES
RELATIVES AU SERVICE NATIONAL

« Chapitre Ier

« Principes

« Art. L. 111-1 . - Tous les citoyens concourent à la défense de la Nation. Ce devoir s'exerce notamment par l'accomplissement du service national universel.
« Art. L. 111-2 . - Le service national universel comprend des obligations : le recensement, l'appel de préparation à la défense et l'appel sous les drapeaux.
« Il comporte aussi des volontariats.
« L'appel de préparation à la défense a pour objet de conforter l'esprit de défense et concourt à l'affirmation du sentiment d'appartenance à la communauté nationale et au maintien du lien entre l'armée et la jeunesse.
« L'appel sous les drapeaux permet d'atteindre, avec les militaires professionnels, les volontaires et les réservistes, les effectifs déterminés par le législateur pour assurer la défense de la Nation.
« Art. L. 111-3 . - Le volontariat vise à apporter un concours personnel à la communauté nationale dans le cadre d'une mission d'intérêt général et à développer la solidarité et le sentiment d'appartenance à la Nation.
« Les volontariats s'effectuent dans l'un des trois domaines suivants :
« - défense, sécurité et prévention ;
« - cohésion sociale et solidarité ;
« - coopération internationale et aide humanitaire.

« Chapitre II

« Champ d'application

« Art. L. 112-1 . - Le livre Ier du code du service national s'applique aux jeunes hommes nés après le 31 décembre 1978, à ceux qui sont rattachés aux mêmes années de recensement ainsi qu'aux jeunes femmes nées après le 31 décembre 1982 et à celles qui sont rattachées aux mêmes années de recensement. Les jeunes femmes sont recensées à partir du 1er janvier 1999.
« Art. L. 112-2 . - L'appel sous les drapeaux est suspendu pour tous les Français qui sont nés après le 31 décembre 1978 et ceux qui sont rattachés aux mêmes classes de recensement.
« Il est rétabli à tout moment par la loi dès lors que les conditions de la défense de la Nation l'exigent ou que les objectifs assignés aux armées le nécessitent.
« Art. L. 112-3 . - Les jeunes hommes nés en 1980 et 1981 sont recensés à l'âge de dix-sept ans.
« Art. L. 112-4 . - Les jeunes hommes nés en 1979 sont exemptés de l'appel de préparation à la défense. Ils peuvent néanmoins demander à y participer et se porter alors candidats à une préparation militaire.
« Jusqu'au 31 décembre 2001, les jeunes hommes nés en 1980, 1981 et 1982 sont convoqués pour participer à l'appel de préparation à la défense entre la date de leur recensement et leur dix-neuvième anniversaire.
« Art. L. 112-5 . - Lorsqu'ils ont été incorporés, les jeunes hommes nés après le 31 décembre 1978 ainsi que ceux rattachés aux mêmes classes de recensement demeurent soumis aux articles L. 1 à L. 159 du présent code.
« Art. L. 112-6. - Les jeunes femmes nées après le 31 décembre 1981 peuvent se porter candidates à une préparation militaire.

« Chapitre III

« Le recensement

« Art. L. 113-1 . - Tout Français âgé de seize ans est tenu de se faire recenser.
« Art. L. 113-2 . - A l'occasion du recensement, les jeunes Français déclarent leur état civil, leur situation familiale et scolaire, universitaire ou professionnelle à la mairie de leur domicile ou au consulat dont ils dépendent. L'administration leur remet une attestation de recensement.
« Art. L. 113-3 . - Les personnes devenues françaises entre leur seizième et leur vingt-cinquième anniversaire et celles dont la nationalité française a été établie entre ces deux âges à la suite d'une décision de justice sont soumises à l'obligation de recensement, pour les premières, dès que la nationalité française a été acquise ou que cette acquisition leur a été notifiée, et pour les secondes, dès que la décision de justice a force de chose jugée.
« Les jeunes étrangers mentionnés à l'article 21-7 du code civil peuvent participer volontairement aux opérations du recensement.
« Art. L. 113-4 . - Pour être autorisée à s'inscrire aux examens et concours soumis au contrôle de l'autorité publique, la personne assujettie à l'obligation de recensement doit être en règle avec cette obligation.
« Elle peut procéder à la régularisation de sa situation en se faisant recenser.
« Art. L. 113-5 . - Les Français omis sur les listes de recensement sur lesquelles ils auraient dû être inscrits sont portés, jusqu'à l'âge de vingt-cinq ans, sur les premières listes de recensement établies après la découverte de l'omission.
« Art. L. 113-5-1 . - La gestion des dossiers des personnes recensées est assurée par l'administration chargée du service national.
« Art. L. 113-6 . - Après avoir été recensés, et jusqu'à l'âge de vingt-cinq ans, les Français sont tenus de faire connaître à l'administration chargée du service national tout changement de domicile ou de résidence, de situation familiale et professionnelle.
« Art. L. 113-7 . - Les modalités d'application du présent chapitre sont fixées par décret en Conseil d'Etat.

« Chapitre IV

« L'enseignement de la défense
et l'appel de préparation à la défense

« Art. L. 114-1 . - A partir de la rentrée 1998, les principes et l'organisation de la défense nationale font l'objet d'un enseignement obligatoire dans le cadre des programmes des établissements d'enseignement du second degré des premier et second cycles.
« Art. L. 114-2 . - En complément de cet enseignement, est organisé pour tous les Français l'appel de préparation à la défense auquel ils sont tenus de participer.
« L'appel de préparation à la défense a lieu entre la date du recensement des jeunes Français et leur dix-huitième anniversaire. Il dure une journée.
« A l'issue de l'appel de préparation à la défense, il est délivré un certificat individuel de participation.
« Art. L. 114-3 . - Lors de l'appel de préparation à la défense, les jeunes Français reçoivent un enseignement adapté à leur niveau de formation qui permet de présenter les enjeux et les objectifs généraux de la défense nationale, les moyens civils et militaires de la défense et leur organisation, les formes de volontariats ainsi que les préparations militaires et les possibilités d'engagement dans les forces armées et les forces de réserve.
« A cette occasion sont organisés des tests d'évaluation des apprentissages fondamentaux de la langue française.
« Art. L. 114-4 . - Les jeunes Français choisissent parmi trois dates au moins proposées par l'administration chargée du service national celle à laquelle ils participent à l'appel de préparation à la défense.
« Art. L. 114-5 . - Les jeunes Français qui n'ont pas pu participer à l'appel de préparation à la défense avant la date de leur dix-huitième anniversaire peuvent demander à régulariser leur situation jusqu'à l'âge de vingt-cinq ans. Ils sont alors convoqués par l'administration chargée du service national dans un délai de trois mois pour accomplir cette obligation.
« Art. L. 114-6 . - Avant l'âge de vingt-cinq ans, pour être autorisée à s'inscrire aux examens et concours soumis au contrôle de l'autorité publique, la personne assujettie à l'obligation de participer à l'appel de préparation à la défense doit, sauf cas de force majeure, être en règle avec cette obligation.
« Art. L. 114-6-1 . - Ne sont pas soumises à l'obligation de participer à l'appel de préparation à la défense les personnes atteintes d'une maladie invalidante, d'une infirmité ou d'un handicap les rendant définitivement inaptes à y participer.
« Art. L. 114-7 . - Les jeunes Français âgés de moins de vingt-cinq ans qui résident à l'étranger participent, sous la responsabilité du chef du poste diplomatique ou consulaire accrédité, à l'appel de préparation à la défense aménagé en fonction des contraintes de leur pays de résidence.
« Art. L. 114-8 . - Les Français majeurs âgés de moins de vingt-cinq ans, non inscrits sur les listes de recensement sur lesquelles ils auraient dû figurer, sont convoqués à l'appel de préparation à la défense dans un délai de six mois suivant la découverte de l'omission et dans les conditions fixées à l'article L. 114-4.
« Art. L. 114-9 . - Les jeunes Français répondant à l'appel de préparation à la défense ont la qualité d'appelés du service national.
« Ils sont placés sous la responsabilité de l'Etat.
« Les personnes victimes de dommages corporels subis à l'occasion de l'appel de préparation à la défense peuvent, ainsi que leurs ayants droit, obtenir de l'Etat une réparation destinée à assurer l'indemnisation intégrale du préjudice subi, calculée suivant les règles de droit commun.
« Aucune action récursoire ne peut être engagée contre les personnes morales propriétaires des locaux d'accueil.
« Art. L. 114-9-1 . - Les responsables d'établissements d'accueil de l'appel de préparation à la défense passent, avec l'administration chargée du service national, des conventions fixant les modalités de mise à disposition de leurs locaux.
« Art. L. 114-10 . - Les jeunes Français peuvent, sur leur demande, prolonger l'appel de préparation à la défense par une préparation militaire.
« Cette préparation militaire consiste en une formation militaire dont la durée est fixée par l'autorité militaire en fonction des besoins de chaque arme et spécialité.
« A l'issue de cette préparation militaire, les jeunes Français pourront avoir accès à la réserve.
« Art. L. 114-11. - Supprimé.
« Art. L. 114-12 . - Les modalités d'application du présent chapitre sont fixées par décret en Conseil d'Etat.

« TITRE II

« DISPOSITIONS RELATIVES AUX VOLONTARIATS

« Chapitre Ier

« Le volontariat dans les armées

« Art. L. 121-1 . - Les Français peuvent, sous réserve de leur aptitude et dans la limite des emplois budgétaires prévus à cet effet, servir avec la qualité de militaire, comme volontaires dans les armées.
« A la date du dépôt de leur demande, ils doivent être âgés de plus de dix-huit ans et de moins de vingt-six ans.
« Le volontariat est conclu pour une durée de douze mois. Il est renouvelable chaque année. La durée totale du volontariat ne peut excéder soixante mois. »
« Il est souscrit au titre d'une armée ou d'une formation rattachée.
« Les volontaires peuvent servir dans les départements, territoires et collectivités territoriales d'outre-mer au titre du service militaire adapté. Ceux qui sont recensés outre-mer peuvent demander à recevoir une formation professionnelle. Ils servent alors en tant que stagiaires du service militaire adapté.
« Art. L. 121-2 . - Les jeunes hommes nés avant le 1er janvier 1979 et ayant accompli les obligations du service national peuvent également déposer une demande pour servir comme volontaires.
« Art. L. 121-3 . - Les modalités d'application du présent chapitre sont fixées par décret en Conseil d'Etat. »
Sur l'article, la parole est à M. Vergès.
M. Paul Vergès. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, M. Jean-Luc Bécart indiquait tout à l'heure que, dans les domaines de la cohésion sociale et de la solidarité comme dans ceux de la coopération internationale et de l'aide humanitaire visés à l'article 1er, une longue expérience existe déjà outre-mer.
C'est pourquoi, dès l'annonce de la réforme du service national, les élus de la Réunion, unanimes, ont demandé le maintien du service militaire adapté, le SMA.
Ce service a en effet derrière lui une expérience de plusieurs dizaines d'années et un bilan très positif : réalisation d'aménagements au profit de collectivités locales, formation professionnelle au profit des jeunes de la Réunion, et ce dans des filières de plus en plus nombreuses.
Nous nous félicitons du soutien par l'Assemblée nationale du point de vue des élus réunionnais, après l'engagement pris à la Réunion même par le Président de la République et par le Gouvernement.
Nous sommes certains que le Sénat apportera le même soutien au maintien et au développement du service militaire adapté outre-mer.
En effet, le service militaire adapté assure, chaque année, la formation professionnelle de 3 000 jeunes dans les départements et territoires d'outre-mer.
La qualité de cette formation est reconnue de tous et validée par les organismes compétents. L'expérience a montré que cette formation est appréciée par les entreprises.
Mais le maintien et le développement nécessaire du service militaire adapté exigent des conditions préalables, maintenant que la réforme du service national a pour base le volontariat.
Dans une île où le chômage frappe 40 % de la population active, dont une part importante et croissante de jeunes, notamment des jeunes de plus en plus diplômés, la préoccupation de tous est évidemment la recherche d'un emploi immédiat. La ruée actuelle vers les emplois-jeunes en est une nouvelle démonstration.
Il s'agit donc de prendre des mesures d'incitation au volontariat.
Dans le cadre d'un plan de développement global nécessaire pour éviter l'explosion ou l'implosion sociales à la Réunion, le service militaire adapté doit occuper un secteur essentiel pour la formation dans les filières de développement, et les stagiaires doivent être rémunérés à un niveau équivalant à celui d'un contrat emploi-solidarité actuel.
Mais surtout, le service militaire adapté pourrait constituer un élément capital des projets de coopération régionale, et ce dans les domaines où il a déjà acquis une expérience importante, tels l'ouverture ou l'entretien de chemins et de routes de désenclavement, la création de zones d'activité, le logement, les actions forestières, etc. Des missions des armées d'Afrique du Sud et de Madagascar sont déjà venues à la Réunion étudier cette expérience.
Ces actions paraissent d'autant plus souhaitables que les pays de la région se trouvent dans une zone cyclonique tropicale où les pluies annuelles comme les cyclones fréquents endommagent ou détruisent routes et chemins, logements et équipements scolaires, sanitaires et autres.
Les moyens techniques et financiers de nos voisins ne leur permettent pas toujours de réparer et de reconstruire.
Dans le cadre d'actions de coopération, en partenariat avec les différents ministères intéressés, le service militaire adapté serait l'un des moyens de resserrer les liens entre la Réunion et les îles voisines, Madagascar en particulier.
Ainsi le maintien et le développement du service militaire adapté pourraient être un élément essentiel de développement de la Réunion, développement qui ne peut se concevoir sans une coopération régionale dans tous les domaines dans cette importante région du sud-ouest de l'océan Indien.
M. Jean-Luc Bécart. Très bien !

ARTICLE L. 111-1 DU CODE DU SERVICE NATIONAL