Séance du 10 décembre 1998







M. le président. La parole est à M. Goulet.
M. Daniel Goulet. Ma question s'adresse à M. le ministre des affaires étrangères.
A partir d'une succession de conflits tous plus dramatiques les uns que les autres, la première grande guerre africaine se déroule sous nos yeux réprobateurs mais impuissants. Cette situation insupportable ébranle l'Afrique noire tout entière.
La rencontre franco-africaine qui s'est tenue à Paris ces jours derniers permettra-t-elle de l'endiguer ?
Lors du vingtième sommet franco-africain, qui s'est achevé le 20 novembre dernier à Paris, le président Jacques Chirac a été l'un des tout premiers médiateurs qui a permis d'obtenir la promesse d'un cessez-le-feu de la part des pays belligérants dans la guerre de la République démocratique du Congo.
Certes, ce n'est pas la première fois que ces pays font une telle promesse. Cependant, cette fois-ci, les protagonistes semblent disposés à accomplir des gestes susceptibles de faire progresser la recherche d'une solution négociée.
La France, plus que toute autre nation, ne peut s'exonérer d'une initiative forte et désintéressée qui doit cependant être déterminante. En effet, trop de raisons - pas seulement affectives, humanitaires ou géopolitiques mais aussi historiques et culturelles - lient la patrie des droits de l'homme à ces peuples africains.
Monsieur le ministre, quelle est donc la position du Gouvernement et quelles sont les actions très concrètes et immédiates qu'il entend conduire prochainement après l'engagement déclaré de la France par le Président de la République dans son rôle actif de médiateur ? (Applaudissements sur les travées du RPR, de l'Union centriste et des Républicains et Indépendants.)
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères. Monsieur le sénateur, la guerre qui met aux prises un certain nombre d'Etats dans la région des grands lacs est en effet la plus grande guerre qu'on ait vue sur le continent africain.
Dès l'origine, cet été, alors que ce conflit était présenté comme des troubles à l'intérieur de la République démocratique du Congo, j'avais indiqué qu'il s'agissait d'une véritable guerre régionale impliquant six ou sept pays. Il a fallu quelques mois pour que les différents pays parties prenantes admettent cette réalité.
D'ailleurs, dès cet été également, j'avais relancé une proposition qui avait été faite par le Président de la République en 1996 et qui était celle d'une conférence pour la paix dans l'Afrique des grands lacs à partir d'une proposition antérieure du Burundi mais qui n'avait malheureusement pas progressé.
Par conséquent, dans un premier temps, tous les pays ont dû reconnaître leur implication, ce que des pays comme l'Ouganda ou le Rwanda n'ont fait que très récemment en réalité. Toutes sortes de tentatives régionales ont été faites, notamment par l'Afrique du Sud et quelques autres Etats pour essayer de les réunir afin d'obtenir, pour commencer en tout cas, un cessez-le-feu. Ces démarches n'ont pas été concrétisées.
Il y a eu le sommet Afrique-France, sommet régulier mais auquel tous ces pays ont souhaité venir, ce que naturellement les autorités françaises ont accueilli avec faveur parce que c'était l'occasion d'un progrès utile.
Des échanges très rudes ont eu lieu entre les protagonistes du conflit ainsi qu'une réaction des responsables d'autres pays d'Afrique leur intimant l'ordre en quelque sorte de trouver une solution à ce conflit « qui déshonore l'Afrique ». Je répète ce que certains chefs d'Etat africains disaient.
Cela a permis au Président de la République et à plusieurs ministres français qui étaient présents, au secrétaire général des Nations unies surtout, d'essayer de cristalliser ce mouvement pour faire avancer ce désir de cessez-le-feu plus loin qu'il ne l'a été jusqu'à maintenant.
Ils ont donc pris devant leurs pairs africains l'engagement de faire ce cessez-le-feu, qui n'est pas encore concrétisé mais qui peut l'être, soit à Lusaka, soit à Ouagadougou, en fonction du progrès des discussions.
Nous nous efforçons tout simplement, tous les jours, sur tous les plans et par tous les canaux dont nous disposons, d'encourager ce mouvement et d'amener les chefs d'Etat qui ont fait cette promesse à la concrétiser.
Il faut savoir que, dès que nous serons face à un cessez-le-feu, nous travaillerons avec M. Kofi Annan à la concrétisation de cette ambition, ce qui posera un problème délicat. Il faudra, en effet, que les pays d'Afrique acceptent de participer à des forces de contrôle, à des forces d'interposition. Mais si l'on veut trouver une solution à ce très grand conflit, cela suppose que nous prenions, les uns et les autres, notre responsabilité.
En tout cas, l'idée française, rappelée récemment, d'une conférence pour l'Afrique dans les grands lacs constituera à un moment ou à un autre la solution autour de laquelle devront s'articuler les différentes réponses aux points que j'ai cités.

CONSÉQUENCES DU RETRAIT
DU PROJET DE LOI SUR L'AUDIOVISUEL