Séance du 22 décembre 1998






VALIDATION LÉGISLATIVE
D'ACTES DU MINISTÈRE
DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES

Adoption d'une proposition de loi

M. le président. L'ordre du jour appelle la discussion de la proposition de loi (n° 109, 1998-1999), adoptée par l'Assemblée nationale, relative à la validation législative d'actes pris après avis du comité technique paritaire du ministère des affaires étrangères. [Rapport n° 128 (1998-1999).]
Dans la discussion générale, la parole est à M. le ministre.
M. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères. Monsieur le président, monsieur le rapporteur, mesdames, messieurs les sénateurs, je n'interviendrai que brièvement pour remercier la Haute Assemblée d'avoir bien voulu débattre ce matin de la proposition de loi, déjà adoptée par l'Assemblée nationale, relative à la validation législative des actes pris après avis du comité technique paritaire du ministère des affaires étrangères.
Je voudrais remercier également tout spécialement la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées et son président, M. de Villepin, pour le soutien qu'elle a apporté à ce texte législatif.
Je n'entrerai pas dans le détail des raisons qui nous ont conduits à vous soumettre aujourd'hui cette proposition de loi, car M. le rapporteur en fera une analyse approfondie.
Le Conseil d'Etat a annulé, fin juillet dernier, un arrêté ministériel d'octobre 1994 fixant la composition du comité technique paritaire des affaires étrangères. Du fait de cette décision, tous les actes pris depuis octobre 1994 après avis de cette instance peuvent dorénavant être contestés par la voie de l'exception d'illégalité. C'est dire qu'un certain nombre de réformes importantes mises en oeuvre au cours de ces quatre dernières années, par mes prédécesseurs et par moi-même, pourraient en être affectées.
D'une façon générale, c'est toute la vie administrative et juridique du ministère des affaires étrangères depuis 1994 qui peut se trouver ainsi fragilisée. Tel est le cas, notamment, de l'importante réforme de notre dispositif de coopération et de la mise en place d'une nouvelle organisation de l'administration centrale des affaires étrangères. En effet, j'ai été conduit, ces derniers mois, à adapter l'organigramme à un certain nombre de réalités qui avaient évolué afin que les compétences des directions soient mieux adaptées à la situation.
Vous conviendrez qu'une telle insécurité juridique, susceptible de remettre en cause des décisions importantes pour le fonctionnement quotidien et pour l'organisation de notre outil diplomatique, ne peut être durablement acceptée. Il fallait donc trouver le moyen de conforter l'ensemble de ces actes au travers d'une procédure de validation législative.
Bien entendu, nous aurions tous préféré ne pas recourir à une telle procédure, qui doit demeurer tout à fait exceptionnelle et limitée dans sa portée. Mais la situation inédite créée par la décision du Conseil d'Etat et la nécessité de garantir un minimum de sécurité juridique couvrant les quatre années passées imposaient cette solution. Tel est le sens de la proposition de loi qui est soumise à votre vote.
Au surplus, nous pourrons ainsi progresser encore dans la voie de la consultation des personnels, puisque c'est sur ce point que le Conseil d'Etat avait annulé les dispositions antérieures.
La commission des affaires étrangères a eu l'amabilité, conformément aux recommandations de votre rapporteur, d'approuver la proposition de loi déjà adoptée par l'Assemblée nationale. Le Gouvernement ne peut qu'inviter la Haute Assemblée à suivre l'avis rendu par sa commission.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Robert Del Picchia, en remplacement de M. Daniel Goulet, rapporteur de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, M. Goulet étant empêché, il me revient de vous présenter le rapport qu'il a établi sur la présente proposition de loi.
La commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées a, le 16 décembre dernier, donné un avis favorable à l'adoption de la présente proposition de loi dans le texte transmis par l'Assemblée nationale.
Il s'agit de prendre les dispositions nécessaires afin de régler, comme seul le législateur, en l'espèce, peut le faire, la situation née de l'annulation de l'arrêté du ministre des affaires étrangères du 14 octobre 1994.
Cet arrêté déterminait les organisations syndicales aptes à désigner des représentants du personnel au comité technique paritaire du ministère des affaires étrangères.
Je rappelle que les comités techniques paritaires dans les ministères sont constitués de délégués des organisations syndicales considérées comme représentatives du personnel, en fonction des effectifs qu'elles représentent.
Les comités techniques paritaires sont saisis, pour avis, des questions relatives à l'organisation et au fonctionnement des services, aux règles statutaires et à la rémunération des personnels, ainsi qu'aux programmes de modernisation des méthodes et techniques de travail et à leurs incidences sur la situation des personnels. C'est donc tout ce qui fait la vie quotidienne d'un ministère et de ses agents qui passe par les comités techniques paritaires.
L'annulation par le Conseil d'Etat de l'arrêté du 14 octobre 1994 déterminant la liste des organisations syndicales aptes à désigner des représentants au comité technique paritaire a donc pour conséquence de rendre vulnérables tous les textes pris après avis du comité technique paritaire des affaires étrangères entre 1994 et 1998, c'est-à-dire, en réalité, des actes décisifs pour l'organisation des services du ministère des affaires étrangères et pour la carrière de ses agents.
Plus particulièrement, parmi les actes soumis à l'avis du comité technique paritaire, figure le décret du 10 décembre 1998 portant organisation de l'administration centrale du ministère des affaires étrangères et tirant les conséquences de la fusion des affaires étrangères et de la coopération, dont nous avons d'ailleurs débattu à l'occasion de la discussion budgétaire.
L'enjeu de la proposition de loi est donc important, vous le voyez, mes chers collègues.
En effet, l'annulation de l'arrêté du 14 octobre 1994 entache également d'irrégularité un arrêté du 1er octobre 1997, bien que ce texte n'ait pas fait l'objet d'un recours devant le juge administratif.
Ce second arrêté déterminait la liste des organisations syndicales aptes à siéger au comité technique paritaire suivant, constitué à l'expiration du mandat du comité mis en place en 1994, en s'appuyant, comme en 1994, conformément à une habitude ancienne du ministère des affaires étrangères, sur les résultats des élections aux commissions administratives paritaires, qui ne concernent que les personnels titulaires. Or le Conseil d'Etat a estimé que les comités techniques paritaires devaient être constitués de représentants d'organisations syndicales représentatives de l'ensemble des personnels, même des contractuels.
Il est donc apparu à la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées que la présente proposition de loi visait, non pas à valider l'arrêté annulé par le Conseil d'Etat, ce qui constituerait une violation du principe de séparation des pouvoirs et de l'autorité de la chose jugée, mais à valider les actes pris après avis du comité technique paritaire dont la composition est contestée par le juge administratif. Il ne s'agit donc pas d'un blanc-seing donné par le législateur au Gouvernement. L'objet de cette validation est de sécuriser l'environnement juridique du ministère des affaires étrangères entre 1994 et 1998.
Cette proposition de loi nous a paru respecter les critères de constitutionnalité définis par la jurisprudence du Conseil constitutionnel. Elle relève d'ailleurs du même cas de figure qu'un précédent de 1980, qui concernait la validation d'actes pris après avis du comité technique paritaire des personnels enseignants de statut universitaire, constitué par le ministère des universités. C'est ce précédent qui a donné lieu à une décision importante du Conseil constitutionnel sur la constitutionnalité des lois de validation.
Sous le bénéfice de ces observations, je vous invite, mes chers collègues, à adopter la présente proposition de loi dans le texte transmis par l'Assemblée nationale.
M. Xavier de Villepin, président de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées. Très bien !
M. le président. Personne ne demande plus la parole dans la discussion générale ?...
La discussion générale est close.
Nous passons à la discussion de l'article unique.