Séance du 27 janvier 1999






CAISSE D'ÉPARGNE ET DE PRÉVOYANCE

Adoption définitive d'un projet de loi

M. le président. L'ordre du jour appelle la discussion du projet de loi (n° 133, 1998-1999), adopté par l'Assemblée nationale, portant prorogation des mandats des membres des conseils consultatifs et des conseils d'orientation et de surveillance des caisses d'épargne et de prévoyance. [Rappport n° 157 (1998-1999).]
Dans la discussion générale, la parole est à M. le ministre.
M. Dominique Strauss-Kahn, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. Monsieur le président, monsieur le président de la commission des finances, monsieur le rapporteur, mesdames, messieurs les sénateurs, ce projet de loi extrêmement bref - il comporte un article unique - comprend une décision technique qui s'inscrit dans le cadre du texte sur la réforme des caisses d'épargne qui a été adopté en conseil des ministres le 2 décembre dernier et qui sera, bien sûr, soumis en son temps à votre assemblée.
Ce texte de réforme des caisses d'épargne est un élément de la modernisation d'ensemble du secteur public financier que le Gouvernement a entreprise, modernisation qui a compris les opérations de mise sur le marché du GAN, du CIC ou de la Société marseillaise de crédit, qui a compris aussi les réformes structurelles adoptées l'année dernière par votre assemblée et permettant la mise en place de l'euro, et qui s'est étendue également à un certain nombre de propositions permettant de favoriser le développement de l'épargne à risque au détriment de celle qui ne constitue que des rentes.
C'est dans ce cadre que s'inscrit la modernisation du réseau des caisses d'épargne. Il s'agit d'en faire un grand réseau décentralisé, de réaffirmer ses missions de service public et ses missions au service de l'intérêt général.
Le réseau des caisses d'épargne est aujourd'hui à un tournant de son histoire, puisqu'il doit se moderniser, pouvoir s'insérer et passer des alliances. C'est pour cela que le Gouvernement a fait le choix d'un statut coopératif.
Reste que, pour faire passer le réseau des caisses d'épargne d'un réseau décentralisé à un groupe décentralisé, une large concertation a été mise en oeuvre, notamment, et je tiens à l'en remercier ici, grâce au député Raymond Douyère, qui a mené son action jusqu'en avril dernier. Le résultat de cette longue concertation est que nous avons déjà eu l'occasion de demander à l'Assemblée nationale comme au Sénat de bien vouloir proroger les mandats des membres des conseils consultatifs et des conseils d'orientation et de surveillance, les CCCOS, des caisses d'épargne et de prévoyance.
Ce que je vous demande aujourd'hui, et qui ne préjuge en rien l'opinion de chacun sur la réforme elle-même, c'est de prolonger de nouveau de quelques mois la durée des mandats de ces CCCOS de façon que - le Gouvernement avait proposé au début de l'été, l'Assemblée nationale a préféré prendre du temps et porter cette date au 1er novembre 1999, soit ! prenons la date de l'Assemblée nationale - la durée de ces mandats soit prolongée jusqu'au 1er novembre 1999, tout simplement par ce que ce sont des organes démocratiquement élus et que, évidemment, le vote de la réforme et sa mise en oeuvre s'accommoderaient mal d'une période qui serait celle d'une campagne pour l'élection de nouveaux CCCOS. Il est mieux que ces conseils soient renouvelés lorsque la réforme aura été adoptée, quand nous serons dans le nouveau cadre, de même qu'il est préférable, par conséquent, que tous ceux qui ont à voter pour désigner les nouveaux CCCOS le fassent une fois la réforme acquise, et sans que cela perturbe le processus.
Ce que le Gouvernement vient donc vous demander, mesdames, messieurs les sénateurs, après le report que vous avez décidé en mars 1997, c'est d'accorder un nouveau répit, voire une nouvelle survie aux CCCOS existants, portant leur existence jusqu'à la fin du mois d'octobre de cette année, afin que la réforme puisse s'accomplir sans difficulté et que, une fois cette réforme en place, les CCCOS soient, évidemment, renouvelés.
Tel est l'objet de ce texte que je soumets à votre appréciation, mesdames, messieurs les sénateurs.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Philippe Marini, rapporteur de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, nous avons aujourd'hui à examiner une simple disposition de procédure et, d'ici à quelques semaines, nous aurons une opinion plus approfondie sur la réforme elle-même.
Cette réforme est urgente. Elle est très importante pour le secteur financier français, pour sa modernisation et pour sa compétitivité en Europe.
La commission des finances ne peut pas exprimer un autre avis sur ce sujet, puisque, dès notre approche de 1996, c'est-à-dire le rapport Lambert sur le secteur bancaire, nous avions souligné combien était cruciale la question du devenir des caisses d'épargne et nous regrettions déjà le temps perdu en la matière.
A partir du rapport que nous avions donc élaboré sur le secteur bancaire, une proposition de loi portant aussi la signature de M. Alain Lambert avait été déposée ; elle traduisait, sur le fond, la doctrine, en tout cas la continuité des positions de la commission des finances. C'est dire, monsieur le ministre, que nous nous réjouissons de voir ce sujet prendre forme.
Sur les modalités de la réforme, naturellement, nous allons écouter, nous allons tâcher d'intégrer les points de vue des uns et des autres et nous interroger par rapport à la doctrine que nous avons nous-mêmes définie.
Mais, bien entendu, un processus de réforme comme celui-là est complexe, et il faut que le réseau des caisses d'épargne continue à être géré pendant ces mois qui seront essentiels pour son devenir. Il faut donc que les mandataires sociaux des caisses puissent travailler en toute sérénité. Il est tout à fait clair que le report des élections aux conseils d'orientation et de surveillance au 1er novembre 1999, comme le propose l'Assemblée nationale, est une condition évidente de cette sérénité.
Sur le dispositif même du projet de loi, la commission des finances n'a pas d'autre remarque à formuler. Elle souhaitera tout à l'heure, monsieur le ministre, lors de la discussion de l'article unique, vous entendre sur l'amendement qu'elle a déposé, car nous avons besoin, sur le point qu'il aborde, de quelques éclaircissements de votre part.
Voilà, mes chers collègues, les quelques observations que je voulais faire à l'occasion de cette brève discussion générale. (Applaudissements sur les travées du RPR et des Républicains et Indépendants.)
M. le président. La parole est à Mme Beaudeau.
Mme Marie-Claude Beaudeau. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, le projet de loi qui nous est soumis aujourd'hui est un projet de caractère purement circonstanciel. Ce caractère est pleinement lié au relatif retard qui a accompagné la conception du projet de loi relatif à l'épargne et à la sécurité financière dont nous débattrons prochainement et qui a, cela dit en passant, un contenu plus important que le présent texte.
L'article unique du projet de loi qui nous est ainsi présenté vise à proroger de quelques mois - période qui serait mise à profit pour discuter et adopter le projet de loi relatif à l'épargne et à la sécurité financière - le mandat des administrateurs des organismes d'épargne et de prévoyance, mandat qui a déjà été prorogé du fait de la longueur particulière qu'a revêtue la mission Douyère portant sur le devenir de notre réseau de caisses d'épargne.
Sur le fond, nous pouvons d'ailleurs légitimement nous interroger sur la portée profonde de cet article, même si la grande sagesse de l'Assemblée nationale a encore prolongé ce délai complémentaire jusqu'au mois de novembre 1999, ce qui est encore insuffisant, sauf à invoquer l'urgence, pour mener à bien la discussion et l'adoption du second projet de loi.
On peut tout au plus souligner que, si l'on en croit le texte même de ce second projet de loi, ce mandat exceptionnellement long des administrateurs des caisses d'épargne aura, entre autres particularités, d'être le dernier où ces fonctions seront bénévolement assurées, avant la profonde mutation statutaire.
Force nous est donc de ne pas exprimer d'autre opinion sur ce projet de loi, d'autant que l'utilité peut en être remise en question, l'alourdissement du calendrier parlementaire, du fait, notamment, de l'examen de certains textes à vocation constitutionnelle, ayant comme corollaire de développer l'incertitude quant aux conditions d'adoption et, surtout, de discussion du projet de loi portant sur l'épargne et la sécurité financière.
Nous nous devons donc d'anticiper quelque peu sur la discussion de ce projet de loi en rappelant ici quelques éléments fondamentaux.
Première observation : notre pays dispose d'un réseau de collecte de l'épargne populaire particulièrement important, d'un réseau de proximité, comme l'a souligné tout à l'heure M. le ministre, connu assez largement de nos compatriotes, pour lesquels il est d'ailleurs bien souvent le seul interlocuteur « financier », en dehors de leur banque et singulièrement de leur agence postale, gestionnaire de leur compte-chèques postal.
En effet, malgré tout ce que l'on peut en dire, le développement de l'industrie financière n'a pas encore provoqué de modifications sensibles du comportement de nos compatriotes en matière d'épargne et le développement de l'actionnariat dit « populaire » reste encore très relatif.
Le réseau des caisses d'épargne est aujourd'hui à la base d'une importante collecte de fonds, dont plus de 700 milliards de francs sur le seul livret A, même si la baisse de la rémunération de ce livret a eu comme conséquence - encore qu'il faille sans doute y voir aussi l'un des effets de la réduction du taux d'épargne des ménages qui a été observée en 1998 et qui a accompagné la relance de la demande intérieure - de favoriser une décollecte d'un peu plus de 15 milliards de francs.
Le niveau de la rémunération du livret A est, depuis quelque temps déjà, considéré comme un obstacle au développement d'une stratégie de réduction des taux d'intérêt par les établissements de crédit.
Tout d'abord, l'encours du livret A est affecté de façon exclusive au financement du logement social.
Mais existe-t-il aujourd'hui un établissement de crédit « banal », si je puis dire, proposant des emprunts à hauteur de 60 % à 65 % du montant d'un investissement avec un taux d'intérêt de 4,3 % ?
Celui qui me fournira une réponse positive et un exemple concret de ce type de financement gagnera, à n'en pas douter, toute notre estime.
Selon nous, le taux de sortie des emprunts consentis aux organismes d'HLM demeure trop important.
Il relève, de notre point de vue, de la décision des bailleurs sociaux de procéder à la mobilisation des financements nécessaires aux opérations de construction, comme l'illustre d'ailleurs le trop faible nombre d'opérations de constuction de logements sociaux lancées en 1998.
Nous estimons, en particulier, que l'Etat devrait intervenir en bonifiant les prêts accordés aux organismes d'HLM pour alléger les taux d'intérêt appliqués aux emprunts PLA et PALULOS et pour réduire tant les taux nominaux de ces emprunts que les taux réels.
Il faudra bien, en effet, que l'on nous explique un jour par quel miracle on a pu concevoir, dans le passé, des prêts à taux zéro pour l'accession à la propriété alors que l'on est incapable d'adopter un tel dispositif pour les 40 ou 50 milliards de francs de prêts sollicités chaque année par les organismes bailleurs de logements sociaux.
Nous pensons, en fait, que la pression qui s'exerce pour assurer la réduction du taux de rémunération du livret A est purement idéologique et qu'elle participe plutôt de la démarche d'une Association française des banques soucieuse de capter une part plus importante des liquidités des particuliers pour disposer de moyens supplémentaires d'intervention sur les marchés financiers.
Le principal défaut de ce que l'on appelle si improprement « l'épargne administrée » est bien connu, c'est de soustraite aux seules lois du marché interbancaire des sommes plus ou moins importantes, des sommes qui représentent, toutes formes de cette épargne cumulées, un encours plus important que le budget de l'Etat.
Il est vrai que les banques traditionnelles ont fait la démonstration éclairante, ces dernières années, du bon usage qu'elles faisaient des liquidités des particuliers. La qualité de l'appui qu'elles ont pu apporter au développement de l'activité économique se mesure, d'une manière spectaculaire, au maintien préoccupant du taux de chômage à un niveau élevé et à l'écrasement de la masse salariale, au nom de la juste rémunération du travail.
Nous aurons l'occasion, le moment venu, de reparler de l'ensemble des questions que nous ne faisons ici qu'esquisser, d'autant que la mission Douyère, dans ses conclusions, n'a pas oublié de mettre en question les garanties sociales accordées aux salariés du réseau des caisses d'épargne et de prévoyance, comme de s'interroger sur la rentabilité de ces établissements, alors même que nous sommes obligés de nous demander si la raison d'être de ces établissements est de dégager de la rentabilité ou de répondre à un besoin de financement socialisé d'une demande collective.
Le débat d'aujourd'hui n'est donc qu'une première confrontation des points de vue dont nous n'osons croire qu'elle sera la dernière, d'autant que tout est loin d'être dit en ces matières.
Nous voterons donc, sans plus de conviction, ce projet de loi.
M. le président. La parole est à M. Ostermann.
M. Joseph Ostermann. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, le projet de loi que le Sénat examine aujourd'hui tend à proroger jusqu'au 1er novembre 1999 les mandats des membres des conseils consultatifs et des conseils d'orientation et de surveillance des caisses d'épargne et de prévoyance.
Avant toute chose, nous tenons à féliciter notre collègue M. Philippe Marini pour la clarté de son rapport et l'ensemble de notre commission des finances pour son excellent travail. Pour bien comprendre les enjeux en cause, il convient de procéder à quelques utiles rappels.
Les mandats des membres actuels des conseils consultatifs devaient arriver à échéance aux mois de novembre et de décembre 1997 ; ceux des membres des conseils d'orientation et de surveillance, aux mois de janvier et de mars 1998. La volonté maintes fois répétée d'initier une vaste réforme de modernisation des caisses d'épargne et de prévoyance devait s'illustrer dans un cadre concerté, loin des climats passionnés inhérents à toute période pré-éléctorale.
C'est dans ce contexte que, sur proposition du Gouvernement, le Parlement a adopté l'article 8 de la loi du 10 novembre 1997 portant diverses mesures urgentes à caractère fiscal et financier, qui prorogeait jusqu'au 1er mars 1999 les mandats des membres des conseils concernés.
Au moment de l'examen de ce texte par le Sénat en nouvelle lecture, une phrase prononcée par vous-même, monsieur le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie, aurait dû faire l'objet d'une analyse plus pointue. En effet, monsieur le ministre, vous déclariez alors que la réforme des caisses d'épargne devrait pouvoir être présentée au Parlement, avec un peu de chance, au printemps prochain, donc au printemps 1998 ! Or, le projet de loi relatif à l'épargne et à la sécurité financière, qui inclut une série de dispositions portant sur les caisses d'épargne, n'a été adopté en conseil des ministres que le 2 décembre 1998. Son examen, en première lecture, par l'Assemblée nationale n'est pas attendu avant le mois de mars, et par le Sénat au mois de mai, donc un an après la date initiale prévue par le Gouvernement.
De même qu'il était présomptueux de la part du Gouvernement d'annoncer en 1997 que la réforme des caisses d'épargne serait adoptée avant l'été 1998, il est à nouveau présomptueux de la part du Gouvernement d'avoir retenu en conseil des ministres la date du 1er août 1999 comme échéance des mandats des membres des conseils. En effet, objectivement, le calendrier prévisionnel du Parlement et le nombre des textes en navette montraient, dès l'origine, le caractère purement fictif d'une telle date, d'autant qu'il convient de laisser au Parlement le temps de travailler dans la sérénité.
La date fixée a été une nouvelle fois remise en cause par le Gouvernement, devant l'Assemblée nationale, à l'occasion de l'examen du présent projet de loi, puisque, après avoir déclaré l'urgence sur le projet de loi relatif à l'épargne, décision contre laquelle le Sénat ne peut que s'élever vu l'importance de ce texte, le Gouvernement a compris que la navette parlementaire lui interdisait de prendre le risque de conserver la date du 1er août. Il s'est donc rangé à la date du 1er novembre 1999.
Rappelons par ailleurs que les membres des conseils d'orientation et de surveillance avaient été élus en 1991 pour une durée de cinq ans et qu'ils viennent donc de terminer leur septième année de mandat.
Dans cette optique, le Gouvernement est-il sûr que la date du 1er novembre 1999 sera assez éloignée ?
A l'Assemblée nationale, le groupe communiste a proposé, sauf erreur de ma part, d'aller plus loin en évoquant la date du 1er août 2001. M. le ministre de l'économie et des finances, vous avez même envisagé l'hypothèse d'une adoption du projet de loi sur l'épargne à la rentrée 1999. La date du 1er novembre risque dès lors de ne pas être tenue.
Je souhaite que nous ayons l'occasion d'examiner très bientôt les propositions du Gouvernement pour une réforme des caisses d'épargne. C'est d'ailleurs lors de cette discussion que nous aborderons les éléments techniques.
Monsieur le ministre, alors que vous rappelez régulièrement l'urgence de moderniser et de réformer les caisses d'épargne, j'ai du mal à comprendre le talent que déploie depuis dix-huit mois le Gouvernement pour différer cette réforme.
Après le rapport de M. Raymond Douyère l'année dernière et l'avant-projet de loi au printemps dernier, l'attente, à force d'être longue, en devient suspecte. Nous attendons avec impatience l'ouverture de ce débat au Sénat.
Nous connaissons tous l'importance du réseau des caisses d'épargne dans nos départements, sa vocation d'engagement local et la politique économique qu'il a initiée depuis de nombreuses années. Les tergiversations qui se multiplient sur l'évolution statutaire et sur celle de l'organisation des métiers des caisses d'épargne sont préjudiciables et mal ressenties. Il convient d'y mettre fin rapidement pour ne pas entraver le dynamisme et gêner la stratégie de développement des caisses d'épargne au profit de l'économie sociale et de l'épargne populaire.
Le groupe du Rassemblement pour la République suivra les propositions de notre commission des finances et de son rapporteur général. (Applaudissements sur les travées du RPR et des Républicains et Indépendants.)
M. Dominique Strauss-Kahn, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Dominique Strauss-Kahn, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. Je répondrai brièvement aux orateurs.
Monsieur Marini, j'ai beaucoup apprécié votre intervention et le rapport que la commission des finances a produit sur ce sujet. La discussion va évidemment s'ouvrir dans un instant sur l'amendement que vous avez déposé, et nous verrons alors comment il convient de traiter cette question.
Globalement, je me réjouis de l'intérêt que la commission des finances porte au projet de réforme des caisses d'épargne. C'est, en effet, un texte important qui viendra en discussion dans quelque temps.
Je partage le sentiment de Mme Beaudeau sur la difficulté à laquelle nous nous heurtons aujourd'hui pour financer le logement social à partir du livret A, compte tenu du coût très élevé de l'opération. Vous avez raison, madame le sénateur, c'est un frein, un frein très puissant, au développement de la construction de logements sociaux.
Aujourd'hui, les taux des prêts financés par le livret A et susceptibles d'être proposés aux organismes sociaux sont de l'ordre de 4,3 % contre 3,7 %, par exemple, pour les OAT, les obligations assimilables du Trésor d'une durée de dix ans. Il est donc évident que nous sommes en présence d'une difficulté réelle. Bien entendu, nous n'allons pas la traiter maintenant, mais il serait légitime que le dispositif destiné à financer le logement social soit a priori moins coûteux que les formules proposées par le marché. Nous aurons donc l'occasion de revenir sur cette contradiction et sur les difficultés qu'elle entraîne.
Monsieur Ostermann, je ne peux que tenter de vous faire accepter les excuses du Gouvernement pour le retard pris pour cette réforme. Ce retard s'explique par de bonnes intentions ! La mission de M. Douyère a effectivement duré six mois, de novembre 1997 à avril 1998. Six mois supplémentaires ont été consacrés à la concertation avec le réseau et avec les différentes caisses. C'était nécessaire, car ce texte est complexe : il faut qu'il soit accepté par le réseau. Ce qui peut paraître comme étant du temps perdu n'en était pas vraiment s'il nous permet d'aller jusqu'au bout.
La date du 1er novembre 1999 qu'a proposée le groupe communiste à l'Assemblée nationale suffira-t-elle ? Je le pense. L'urgence a été déclarée, le texte sera examiné au mois de mars par l'Assemblée nationale et devrait ne pas revenir trop tardivement, je l'espère, devant le Sénat : nous devrions, avec un peu de chance, respecter les délais.
Je sais que j'ai déjà dit : « un peu de chance » la dernière fois, vous me le rappeliez vous-même. Nous n'avons pas eu la chance de le faire en 1998, je pense que nous aurons la possibilité de tenir les délais en 1999.
Tout dépend aussi, évidemment, de la célérité de nos travaux. L'objectif du Gouvernement n'est pas, en une quelconque manière, de limiter le temps que les assemblées voudront consacrer à ce texte. Le voudrait-il, d'ailleurs, qu'il ne pourrait y parvenir.
Mais il faut, après toutes les concertations qui ont eu lieu, que nous puissions faire en sorte que l'année 2000 commence avec un réseau rénové. Je sens que nombre d'entre vous, sur toutes les travées, y sont disposés, et je les en remercie.
M. le président. Personne ne demande plus la parole dans la discussion générale ?...
La discussion générale est close.
Nous passons à la discussion de l'article unique.
« Article unique. - Les mandats des membres des conseils consultatifs et des conseils d'orientation et de surveillance des caisses d'épargne et de prévoyance en fonctions à la date de promulgation de la présente loi sont prorogés jusqu'au 1er novembre 1999, nonobstant toute disposition relative à la limite d'âge. »