Séance du 8 mars 2000






QUESTIONS ORALES REMISES À LA PRÉSIDENCE DU SÉNAT (Application des articles 76 à 78 du réglement)


Publicité des sites Internet à la télévision

741. - 3 mars 2000. - M. Ivan Renar rappelle à Mme le ministre de la culture et de la communication que la législation actuelle interdit la publicité télévisée pour des secteurs d'activité comme l'édition, la presse, le cinéma ou la grande distribution. Cette réglementation est détournée par une décision du Conseil supérieur de l'audiovisuel qui vient d'autoriser, pour dix-huit mois et à titre expérimental, la publicité télévisée des sites Internet de ces secteurs. Cette décision, fort surprenante, est contestable à plus d'un titre. D'abord, parce que le CSA s'arroge ainsi de prérogatives que seul possède le législateur. Cette mesure prise, avec un minimum de concertation, entraînera de nouvelles dérégulations, de nouveaux déséquilibres dans les secteurs concernés. Mais elle consacre également cette dérive marchande et financière d'Internet qui l'éloigne de manière inquiétante de l'esprit de liberté, de citoyenneté et d'indépendance qui le caractérise. En conséquence, il lui demande de bien vouloir lui indiquer les mesures qu'elle entend prendre pour faire respecter la législation actuelle en matière de publicité et favoriser le développement d'un Internet citoyen ?

Conséquences de l'application de la taxe générale
sur les activités polluantes aux produits phytosanitaires

742. - 3 mars 2000. - M. Jean Bizet interpelle Mme le ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement sur les conséquences de la taxe générale sur les activités polluantes appliquée aux produits phytosanitaires à partir du 1er janvier 2000. D'une part, il souligne que la taxation porte sur les substances actives classées selon des critères toxicologiques et écotoxicologiques, mais que le produit formulé contenant la substance active peut avoir un classement différent de ladite substance. D'autre part, la liste communautaire des matières actives fait actuellement l'objet d'un réexamen depuis le 11 décembre 1992. Ces procédures étant particulièrement longues, il s'avère qu'une molécule ancienne non encore révisée pourra être exemptée de classement écotoxicologique, tandis qu'une nouvelle substance, alors même qu'elle répond aux exigences actuelles, pourra être fortement taxée. Enfin, cette taxation appliquée sur certaines productions spécialisées comme celle des cultures légumières est particulièrement pénalisante pour les agriculteurs. L'exemple de la production de carottes dans le département de la Manche est sur ce point significatif ; cette production ne dégage plus de revenus pour les producteurs depuis le 1er janvier au regard de l'intégration de cette nouvelle taxe. Pour toutes ces raisons, il lui demande si elle envisage une modification de la TGA aux produits phytosanitaires.

Toxicité de la cargaison de l' Erika

743. - 3 mars 2000. - M. Philippe Richert appelle l'attention de Mme le secrétaire d'Etat à la santé et à l'action sociale sur l'opacité des informations concernant la nature de la cargaison de l' Erika, et les risques qui pourraient en résulter en termes de santé publique. Depuis plusieurs semaines, en effet, des informations circulaient, selon lesquelles le chargement du pétrolier était une substance cancérogène. Fin janvier, le laboratoire Analytika diffusait largement, notamment via Internet, les résultats de ses analyses, laissant peu de doutes sur la nature réelle du produit concerné : un fioul lourd contenant des substances de la classe des hydrocarbures aromatiques polycycliques, hautement cancérogènes. Le quotidien Le Monde a repris cette information dans ses colonnes, le 26 février dernier, et faisait par ailleurs état du fait que Mme le ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement confirmait le caractère cancérogène du produit en question. Il lui demande donc comment il se fait que le Gouvernement, qui semblait avoir été informé de cette situation par le biais des « fiches de données de sécurité » ayant transité par la préfecture et le centre interrégionnal de toxicovigilance du Grand Ouest, n'ait pas jugé utile d'alerter le public, et notamment les milliers de bénévoles qui ont nettoyé, parfois à mains nues, le littoral français. Il souhaite par ailleurs connaître les dispositions que le Gouvernement entend prendre pour suivre médicalement les personnes qui auraient été en contact direct avec la substance incriminée, et savoir si des mesures adéquates ont été prises. Enfin, il lui demande si, depuis deux mois que le caractère toxique du chargement est connu du Gouvernement, une étude a pu être réalisée sur les conséquences probables de cette catastrophe sur le littoral français et son écosystème.

Réforme du code des marchés publics

744. - 3 mars 2000. - M. Michel Teston appelle l'attention de M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie sur le projet de réforme engagé par le Gouvernement sur la question des marchés publics et du code les régissant. En effet, il devient urgent de simplifier et d'adapter à de nouvelles exigences les règles de passation des commandes publiques, notamment pour les collectivités locales. Tout d'abord, il faut rappeler que ces dernières sont amenées à passer leurs marchés dans le cadre de réglementations nationales et européennes qui deviennent de plus en plus complexes, ce qui pose d'énormes difficultés aux élus locaux, notamment dans les collectivités de petite taille. Les craintes exprimées par les élus, et notamment les maires, au cours des derniers mois, sont étroitement liées à cette complexification extrême des procédures juridiques à laquelle ils sont confrontés. Ensuite, tout en renforçant les garanties intangibles de transparence et d'équité, sur lesquelles doit s'appuyer la commande publique, cette simplification doit permettre l'introduction de nouveaux critères de sélection des candidatures, comme par exemple la possibilité d'introduire un critère de « mieux-disant » social, pour mettre fin aux dérives qui ont vu le jour au cours des dernières années. Il convient de porter remède aux pratiques d'attribution systématique des marchés au moins-disant, en introduisant une réelle sélection des entreprises, éventuellement au niveau des candidatures et des procédures d'appel d'offres. Celle-ci pourrait s'opérer sur la base de leur comportement socio-économique, en définissant une norme « éthique » ou « de responsabilité sociale », par exemple selon les procédures d'une norme ISO. Aussi, il lui demande : d'une part, quel est l'état d'avancement du dossier de la réforme du code des marchés publics, et, d'autre part, si le Gouvernement entend intégrer cette préoccupation de responsabilité sociale des entreprises par la commande publique.

Augmentation des redevances de mouillage

745. - 6 mars 2000. - M. Pierre-Yvon Trémel attire l'attention de M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie sur les mesures récemment mises en oeuvre par les services fiscaux, concernant le relèvement des tarifs d'occupation du domaine public maritime. Dans le département des Côtes-d'Armor, les communes côtières titulaires d'une autorisation d'occupation du domaine maritime constatent une augmentation de la redevance pouvant aller, selon les cas, jusqu'à 600 %. Alors qu'ils sont déjà touchés par l'augmentation du gazole, les marins-pêcheurs subissent de plein fouet des augmentations de plus de 65 %. Ce relèvement concerne également tous les plaisanciers qui jusqu'alors acquittaient une somme forfaitaire de 161 francs, et qui devront dorénavant payer une redevance de 120 francs par mètre linéaire, avec un minimum de 500 francs. Depuis quelques semaines, nombreux sont les usagers et les élus du littoral à exprimer leur mécontentement sur cette forte augmentation de la redevance d'occupation du domaine maritime. En conséquence, il lui demande de bien vouloir lui faire connaître les raisons d'une mesure brutale de l'augmentation du relèvement des tarifs d'occupation du domaine maritime, de lui indiquer sa position sur cette question et les mesures qu'il entend prendre pour remédier aux effets d'une décision qui mérite d'être reconsidérée.