Séance du 9 mars 2000







M. le président. La parole est à M. Autexier.
M. Jean-Yves Autexier. Ma question s'adresse à M. le secrétaire d'Etat à l'industrie. Le 2 mars dernier, la direction du groupe transnational ABB-Alstom Power annonçait la suppression de 10 000 emplois dans le monde, 866 emplois à Belfort, 270 emplois à La Courneuve, et la disparition programmée du site de Lys-lez-Lannoy dans le Nord.
Monsieur le secrétaire d'Etat, je tiens à vous dire à quel point la fermeté de votre position hier a été appréciée. La clarté de votre engagement est précieuse pour tous ceux qui se battent pour l'emploi.
La logique du groupe est non pas industrielle mais financière. Déjà, la privatisation malheureuse en 1987 d'Alstom puis le dépeçage de l'entreprise, la vente de la filiale des turbines à gaz à General Electric, demain le transfert des secteurs de la recherche en Allemagne, en Italie, en Grande-Bretagne et en Suisse vont transférer à l'extérieur les grands centres de décision vitaux pour notre stratégie industrielle.
L'Union européenne a une politique de la concurrence, mais elle n'a pas de politique industrielle.
Monsieur le secrétaire d'Etat, face à cette dérive, de quelle capacité d'expertise peut disposer l'Etat ? Quelles mesures peuvent être prises pour mettre Alstom en face de ses responsabilités vis-à-vis des salariés et des collectivités locales ?
Mon collègue Ivan Renar m'indiquait que, dans le site de Lys-lez-Lannoy, 25 % de la population active est au chômage. Quelle diversification, quels nouveaux produits peuvent être encouragés ?
Monsieur le secrétaire d'Etat, les syndicalistes, les élus locaux, les parlementaires sont décidés à agir. Vous savez à quel point l'engagement du Gouvernement sera précieux pour faire revenir la direction du groupe sur un plan inacceptable. (Applaudissements sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen, ainsi que sur les travées socialistes. - M. Hamel applaudit également.)
M. Henri Weber. Très bonne question !
M. le président. Je remercie M. Autexier qui a rigoureusement respecté son temps de parole.
Mme Hélène Luc. D'autant que c'est sa première intervention au Sénat !
M. le président. Je tiens à saluer la venue parmi nous de M. le Premier ministre. (Applaudissements sur les travées socialistes ainsi que sur celles du groupe communiste républicain et citoyen.)
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat à l'industrie. Je veux tout d'abord affirmer la solidarité active, déterminée, résolue, du Gouvernement avec les salariés, les élus et l'ensemble de ceux qui, à Belfort, à Lys-lez-Lannoy et à la Courneuve, sont concernés par cette annonce encore générale mais qui, évidemment, nous touche les uns et les autres.
Je tiens également à rappeler sa fermeté - vous l'avez soulignée et je vous en remercie - vis-à-vis d'une évolution de ce groupe qui nous paraît inacceptable, et à vous redire qu'il veut faire prévaloir une logique industrielle et non pas une logique financière.
Le Gouvernement souhaite que l'ensemble de ce problème puisse être clarifié de manière que l'on puisse faire prévaloir l'intérêt des salariés et privilégier l'emploi. Il en va aussi de l'intérêt des régions concernées.
Il faut faire appel en effet à toute notre analyse pour développer, si possible, de nouveaux marchés, de nouveaux produits, et favoriser l'innovation, afin que ce groupe puisse retrouver un second souffle face à la concurrence internationale très rude qu'il affronte.
Il faut également clarifier la dévolution des responsabilités. ABB-Alstom Power ne peut pas s'exonérer de ses responsabilités fondamentales vis-à-vis des régions et vis-à-vis des salariés. Le soutien public, les marchés publics, le soutien public à l'exportation ont, depuis des décennies, constitué, avec l'expérience des travailleurs et leur engagement personnel, la richesse du groupe.
Notre détermination à maintenir l'avantage compétitif des sites français, notamment en ce qui concerne l'innovation et le savoir-faire des équipes d'ABB-Alstom Power, est totale. Nous voulons le faire en dialoguant avec les élus et les organisations syndicales.
Les capacités d'analyse de la direction générale de l'industrie sont au service de l'entreprise et des travailleurs. J'ai déjà reçu les représentants et les élus de Lys-Lez-Lannoy et de Belfort. La semaine prochaine, je recevrai à mon cabinet l'ensemble des organisations syndicales.
Nous nous battons et nous voulons faire prévaloir une véritable logique d'innovation, de croissance et de confiance dans le savoir-faire des équipes d'ABB-Alstom Power, en bref une logique industrielle au service de l'emploi. Sachez, monsieur le sénateur, que notre détermination est totale. (Applaudissements sur les travées socialistes, sur celles du groupe communiste républicain et citoyen, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)

FERMETURE DE L'USINE ALSTHOM À LYS-LEZ-LANNOY