Séance du 6 avril 2000







M. le président. La parole est à Mme Luc.
Mme Hélène Luc. Ma question d'adresse à M. le ministre de l'éducation nationale.
Monsieur le ministre, vous venez de prendre vos fonctions. Je sais que vous organisez des consultations pour définir vos grandes orientations. Cependant, comme nous pouvons le mesurer avec les partenaires de l'école, les jeunes, les enseignants et les personnels, les parents et les élus, l'urgence est là.
Je souhaiterais donc connaître, monsieur le ministre vos intentions sur deux questions essentielles.
La première a trait aux dispositions immédiates à prendre pour corriger les mesures négatives et contestées prévues pour la rentrée scolaire prochaine.
La seconde porte sur le futur de notre service public, avec la réalisation du plan de programmation des moyens supplémentaires annoncés par M. le Premier ministre.
En tant que rapporteur du budget de l'enseignement technique, je tiens d'emblée à dire que je me réjouis qu'un accord soit en vue dans l'enseignement professionnel et que celui-ci soit considéré comme une voie de la réussite pour apprendre un métier et accéder à l'emploi.
Les multiples mouvements concernant la carte scolaire sont une chance et un atout pour notre pays, à un moment où la reprise économique crée un climat d'attentes fortes et dégage des marges budgétaires nouvelles.
Mais la rentrée scolaire a été préparée de façon bien trop comptable, avec le couperet de la calculette. Il y a donc eu beaucoup trop de fermetures de classe et de suppressions de moyens à l'aveugle ! Il y a encore trop de classes chargées et surchargées : un tiers des classes ont encore plus de vingt-cinq élèves dans les écoles et plus de trente dans les collèges et les lycées.
N'est-il pas dans le vrai cet enseignant qui déclare : « La baisse des effectifs est la seule solution pour assurer un suivi individualisé à des gamins qui ont besoin qu'on s'occupe d'eux tout le temps. »
M. Alain Gournac. C'est trop long !
Mme Hélène Luc. C'est aussi trop d'inégalité entre départements, entre secteurs.
M. le ministre, la priorité doit être donnée à des plans de rattrapage pour combler des retards persistants.
Un sénateur du RPR. Trois minute quinze !
M. le président. Je vous prie de conclure, madame Luc.
Mme Hélène Luc. Je ne citerai que quelques exemples, ceux de l'Hérault, du Gard, du Val-d'Oise et du Val-de-Marne, où une exigence s'exprime unanimement, avec la motivation première de la qualité de l'enseignement et la réussite des enfants.
M. Dominique Braye. Coupez !
Mme Hélène Luc. Aussi, monsieur le ministre, je vous demande de préciser vos initiatives pour régler, avec le collectif budgétaire, la question urgente de la rentrée scolaire et des postes supplémentaires à créer au concours de recrutement de 2000...
M. Dominique Braye. C'est long !
Mme Hélène Luc. ... ainsi que vos intentions sur les transformations attendues et nécessaires.
M. Serge Vinçon. La cagnotte ne va pas suffire !
M. le président. La parole est à M. le ministre, pour deux minutes trente.
M. Jack Lang, ministre de l'éducation nationale. Madame le sénateur, comme vous l'avez rappelé à l'instant, l'éducation est une priorité absolue pour notre gouvernement. Notre ambition est de construire une école de la République, qui soit une école de l'excellence, de la réussite et de l'initiative.
M. Guy Vissac. Il ne fallait pas virer Allègre !
M. Jack Lang, ministre de l'éducation nationale. Cette école, nous ne la construirons que par le dialogue avec les uns et les autres.
C'est pourquoi nous avons souhaité en particulier, avec le ministre délégué à l'enseignement professionnel, sortir de la crise les lycées professionnels.
Voilà quelques heures, nous avons ainsi pu faire adopter un plan qui permet de reconnaître la pleine dignité des professeurs de l'enseignement professionnel, à l'égal de leurs collègues de l'enseignement général ou technologique. C'est un grand progrès !
En même temps, nous avons décidé d'engager ou, plutôt, de confirmer et de consolider la rénovation pédagogique dans les lycées professionnels. Je pense en particulier au suivi des élèves en stage, à l'introduction des mathématiques et du français, ou encore à ce qui a été décidé pour la rentrée prochaine afin de favoriser la modernisation des équipements.
Le dialogue, c'est ce qui, en effet, nous permettra, au cours des prochaines semaines, de créer les meilleures conditions pour que notre rentrée scolaire se réalise à la satisfaction générale.
M. Dominique Braye. C'est vraiment du baratin tout ça !
M. Jack Lang, ministre de l'éducation nationale. S'agissant du département du Val-de-Marne, vous le savez, madame le sénateur, nous sommes à l'écoute des élus, qui souhaitent, sur ce plan, obtenir des ajustements.
M. Alain Gournac. Du concret !
MM. Jean-Pierre Schosteck et Alain Vasselle. Oui, du concret !
M. Jack Lang, ministre de l'éducation nationale. Du concret ? Messieurs les sénateurs, on ne décroche pas des postes avec une machine à sous !
Plusieurs sénateurs du RPR. Et la cagnotte ?
M. Jack Lang, ministre de l'éducation nationale. Lorsque, dans la loi de finances pour 1997, vous avez supprimé 5 000 postes, là, c'était du concret ! (Applaudissements sur les travées socialistes, ainsi que sur celles du groupe communiste républicain et citoyen.)
M. Alain Gournac. Il faut répondre ! Vous ne répondez rien du tout ! (Marques d'approbation sur les travées du RPR.)
M. Jack Lang, ministre de l'éducation nationale. C'était non pas du baratin, dans ce cas, mais de l'amputation budgétaire ! (Protestations sur les mêmes travées.)
Nous continuerons dans le concret positif, et non pas dans le concret négatif,...
M. Dominique Braye. Et le concret neutre ?
M. Jack Lang, ministre de l'éducation nationale. ... qui a consisté pour les gouvernements précédents à amputer, à couper et à supprimer !
M. Alain Gournac. C'est du pipeau !
M. Jack Lang, ministre de l'éducation nationale. Vous pouvez être sûre, madame le sénateur, que nous continuerons à réformer...
M. Adrien Gouteyron. On verra !
M. Dominique Braye. C'est de la bouillie pour les chats !
M. Jack Lang, ministre de l'éducation nationale. ... et que, en particulier dans le cadre concret du plan pluriannuel, nous pourrons progressivement répondre à vos demandes. (Applaudissements sur les travées socialistes, ainsi que sur celles du groupe communiste républicain et citoyen.)
M. Dominique Braye. Nous verrons bien !

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