SEANCE DU 16 NOVEMBRE 2000


M. le président. « Art. 36 bis . - Après le premier alinéa de l'article L. 6211-5 du code de la santé publique, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« Toutefois, les prélèvements que sont habilités à effectuer les professionnels de santé, les établissements de santé et les centres de santé ne disposant pas de laboratoire d'analyses de biologie médicale peuvent être transmis aux laboratoires d'analyses de biologie médicale, dans des conditions définies par décret en Conseil d'Etat. »
Par amendement n° 27, M. Descours, au nom de la commission des affaires sociales, propose de supprimer cet article.
La parole est à M. Descours, rapporteur.
M. Charles Descours, rapporteur. Je me suis retenu, ce matin, de présenter un amendement pour essayer de régler le problème de la gynécologie médicale, parce que je considérais que la création d'un diplôme de gynécologie médicale aurait constitué un « cavalier » social.
L'article 36 bis, qui vise à régler les problèmes de transmission des prélèvements aux laboratoires d'analyses de biologie médicale, n'a aucune place dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale. C'est, à mon avis, un « cavalier », et je propose sa suppression.
J'avais dit que je serais rigoureux, y compris pour les amendements de mes amis. Je suis rigoureux aussi - j'essaie en tout cas de l'être - à l'égard du texte qui nous est transmis par l'Assemblée nationale !
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Elisabeth Guigou, ministre de l'emploi et de la solidarité. Evidemment, je ne suis pas favorable à cet amendement, qui vise à supprimer une disposition introduite par l'Assemblée nationale, après avis favorable du Gouvernement.
Je ferai remarquer que la législation actuelle sur les transmissions de prélèvements est restrictive dans la mesure où elle limite l'autorisation de la transmission aux pharmaciens d'officine installés dans une agglomération où il n'existe pas de laboratoire et entre laboratoires.
L'article 36 bis tend à ouvrir aux professionnels libéraux compétents pour effectuer des prélèvements et aux structures, établissements et centres de santé qui ne disposent pas d'un laboratoire d'analyses de biologie médicale la possibilité d'effectuer les transmissions de prélèvements pour des analyses, tout en encadrant - et c'est très important - la pratique des transmissions, afin que les conditions de sécurité et de qualité des examens soient garanties.
J'ajoute qu'un décret en Conseil d'Etat définira les règles pratiques de réalisation et de transmission relatives au délai, au conditionnement et à l'acheminement, et complétera les dispositions prévues par le guide de bonne exécution des analyses de biologie médicale.
Voilà pourquoi je pense inopportun d'adopter l'amendement n° 27, tendant à la suppression de l'article 36 bis.
M. Charles Descours, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Descours, rapporteur.
M. Charles Descours, rapporteur. N'étant pas persuadé que le Conseil constitutionnel verra dans l'explication de Mme le ministre le lien qui existe entre cet article et les lois de financement de la sécurité sociale, je maintiens mon amendement.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 27.
M. Guy Fischer. Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président. La parole est à M. Fischer.
M. Guy Fischer. Nous tenons beaucoup à l'article 36 bis. Le supprimer constituerait, selon nous, une profonde injustice, d'autant que les directeurs des centres de santé considèrent que la possibilité qui leur serait ainsi offferte est essentielle pour leur activité.
M. Charles Descours, rapporteur. J'ai présidé de tels centres pendant neuf ans !
M. Guy Fischer. Vous savez donc fort bien, monsieur le rapporteur, que ces centres de santé, grâce, notamment, à la qualité des services de proximité qu'ils rendent, occupent une place essentielle pour satisfaire les besoins de santé et pour développer notre système sanitaire !
Ces établissements se sont parfois trouvés en difficulté, mais, dans certains quartiers, notamment populaires, ils jouent, grâce aux services qu'ils rendent aux populations le plus en difficulté, un rôle essentiel.
C'est pourquoi nous voterons contre l'amendement n° 27.
M. Charles Descours, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Descours, rapporteur.
M. Charles Descours, rapporteur. J'ai présidé jusqu'à l'année dernière, et pendant neuf ans, les centres de santé de Grenoble. J'ai donc entendu parler de ce problème de prélèvement, en sachant que nous étions sans cesse en marge de la loi. Je ne discute pas du fond, je dis simplement qu'il s'agit d'un cavalier législatif. C'est tout !
Sur le fond, si la loi de modernisation sanitaire voit le jour, nous verrons alors quel sort sera réservé à cette disposition. Quoi qu'il en soit, elle n'a pas sa place dans un projet de loi de financement de la sécurité sociale.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 27, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 36 bis est supprimé.

Article 37