SEANCE DU 18 DECEMBRE 2000


M. le président. « Art. 31. - Les organismes gestionnaires mentionnés à l'article L. 351-21 du code du travail participent au financement des allocations visées au 2° de l'article L. 322-4 du même code à concurrence de 7 % du salaire journalier de référence multiplié par le nombre de jours pendant lesquels l'allocation spéciale licenciement est versée pour les entreprises de moins de cinq cents salariés et de 9 % pour les entreprises de cinq cents salariés et plus.
« Le salaire journalier de référence visé à l'alinéa précédent est fixé d'après les rémunérations sur lesquelles ont été assises les contributions au régime d'assurance chômage au titre des douze derniers mois civils précédant le dernier jour de travail payé au bénéficiaire de l'allocation spéciale licenciement ou de préretraite progressive, dans la limite du double du plafond prévu à l'article L. 241-3 du code de la sécurité sociale. Il est calculé selon les règles définies dans le cadre du régime d'assurance chômage visé à la section 1 du chapitre Ier du titre V du livre III du code du travail.
« Les organismes mentionnés à l'article L. 351-21 du même code contribuent au financement des allocations spéciales du Fonds national de l'emploi, à concurrence de la moitié du produit annuel de la cotisation mentionnée au premier alinéa de l'article L. 321-13 du même code.
« Toutefois, à titre transitoire, les contributions de l'Union nationale interprofessionnelle pour l'emploi dans l'industrie et le commerce pour 1999 et 2000 sont respectivement fixées à 1 150 millions de francs et 1 500 millions de francs.
« L'Etat déduit cette participation des sommes qu'il verse aux organismes gestionnaires mentionnés à l'article L. 351-21 du code du travail pour le paiement des allocation dues aux bénéficiaires des conventions d'allocations spéciales du Fonds national de l'emploi. »
Par amendement n° 29, M. Marini, au nom de la commission, propose de supprimer cet article.
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général. L'article 31 constitue ce que nous n'aimons pas, madame le secrétaire d'Etat, à savoir une validation préventive par laquelle le Gouvernement souhaite pallier l'absence de base législative d'un comportement qu'il a adopté lors de la modification par arrêté du barème de la contribution Delalande.
Sur le fond, il s'agit de refuser de faire davantage financer par l'UNEDIC, l'Union nationale interprofessionnelle pour l'emploi dans l'industrie et le commerce, les allocations spéciales du Fonds national de l'emploi, le FNE, à hauteur de 1,15 milliard de francs en 1999, de 1,5 milliard de francs en 2000, puis de la moitié du produit de cette contribution à compter de 2001.
Le Gouvernement, à nos yeux, a tendance à vouloir faire supporter aux partenaires sociaux le financement d'actions pouvant et devant être prises en charge par le budget de l'Etat.
Nous ne pouvons souscrire à ce dispositif et nous préconisons dès lors la suppression de l'article 31.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. L'article dont vous demandez la suppression, monsieur le rapporteur général, vise à faire préciser par la loi les modalités de participation de l'UNEDIC au financement des allocations spéciales du Fonds national de l'emploi. Ces modalités sont pour l'heure fixées par un arrêté du 1er avril 1999, qui fait l'objet d'un recours contentieux de la part de l'UNEDIC.
La participation de l'UNEDIC au financement des allocations du FNE est une contrepartie directe des recettes qu'elle perçoit au titre de la contribution dite « contribution Delalande ». Cette contrepartie est logique dans la mesure où ces allocations spéciales permettent d'éviter le licenciement des salariés âgés et, par ce biais même, allègent les dépenses du régime d'assurance chômage. Par conséquent, un tel recyclage de la contribution Delalande conduit à responsabiliser les entreprises à l'égard de la gestion de leurs salariés âgés.
Le principe et les modalités de cette participation méritent donc être sécurisés, et cette sécurisation passe par leur inscription en loi de finances puisque, compte tenu du recours contentieux qui a été introduit contre l'arrêté du mois d'avril 1999, la suppression de l'article 31 ferait peser un risque sur la participation effective de l'UNEDIC au financement de ce dispositif.
Par conséquent, j'invite la commission à retirer cet amendement.
M. le président. Monsieur le rapporteur général, l'amendement n° 29 est-il maintenu ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Nous ne pouvons retirer cet amendement. C'est une question de principe, ce qui a d'ailleurs été fort opportunément soulignée par notre collègue M. Souvet, rapporteur de la commission des affaires sociales sur la proposition de loi tendant à limiter les licenciements de salariés de plus de cinquante ans, proposition de loi devenue la loi du 8 juillet 1999.
Dans son rapport, notre collègue affirmait en particulier ceci : « le Gouvernement semble en réalité décidé à prélever sur les sommes qu'il avance à l'UNEDIC au titre des préretraites FNE versées par l'UNEDIC pour le compte de l'Etat une somme équivalente au surcroît de recettes induit par le doublement et l'extension de la contribution Delalande ».
Il s'agit bien d'une question de fond portant sur ce qui doit être à la charge des partenaires sociaux, en l'occurrence via l'UNEDIC, et ce qui doit être à la charge de l'Etat.
L'Etat, qui est probablement sur le point de voir sa position battue en brèche par le Conseil d'Etat, voudrait, comme dans d'autres domaines, changer les règles du jeu en cours de partie et arriver devant le Conseil d'Etat avec une loi qui soit à son avantage.
C'est ce qu'en d'autres temps, madame le secrétaire d'Etat, on appelait « la force injuste de la loi », si je puis me permettre une citation.
M. Michel Charasse. Citation révolutionnaire !
M. Philippe Marini. rapporteur général. Surtout dans ma bouche, n'est-ce pas ?
M. Michel Charasse. Non, révolutionnaire !
M. Philippe Marini, rapporteur général. Il ne faut pas abuser de la loi et il faut laisser le Conseil d'Etat exercer ses responsabilités.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 29, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 31 est supprimé.

Article 32