SEANCE DU 29 MAI 2001


M. le président. La parole est à M. Pastor, auteur de la question n° 1084, adressée à M. le secrétaire d'Etat à la défense chargé des anciens combattants.
M. Jean-Marc Pastor. Monsieur le secrétaire d'Etat, ma question porte sur la création d'un conservatoire de la mémoire de la guerre d'Algérie et des combats du Maroc et de Tunisie à Montredon-Labessonnié, dans le Tarn.
Ces derniers mois, et encore voilà quelques jours, à plusieurs reprises, la question de la réalité de la guerre d'Algérie, de la politique menée alors et de ses répercussions dans la mémoire collective a été au coeur du débat public.
Dans ce contexte, il est particulièrement important, pour reprendre les paroles de M. le Premier ministre, de « permettre que l'histoire de cette guerre terrible soit écrite librement ». Il est également essentiel que soient créés les outils qui permettront l'évocation et la transmission du vécu de ceux qui ont participé à cette guerre.
Dans cet esprit, un conservatoire de la mémoire de la guerre d'Algérie et des combats du Maroc et de Tunisie est en projet, avec l'ensemble des associations d'anciens combattants, à Montredon-Labessonnié dans le Tarn, depuis près de trois ans.
Ce conservatoire doit avoir une triple fonction. Il s'agit, d'abord, de la conservation, grâce au dépôt et à la mise à disposition d'archives et de témoignages. Il s'agit, ensuite, de la transmission de la mémoire avec une approche didactique et une dimension de recueillement. Il s'agit, enfin, de l'intéressement du grand public avec un espace d'exposition et de compéhension.
Sa conception scientifique et sa conception technique intègrent le recours aux dispositifs les plus modernes s'agissant de l'espace d'exposition et le recours à Internet pour la diffusion des données qui sont réunies dans l'espace de conservation.
Au moment où le conseil scientifique, présidé par le professeur Jauffret, met au point son rapport final, au moment où vous-même, monsieur le secrétaire d'Etat, allez inaugurer le site d'implantation du conservatoire, je souhaiterais que vous me précisiez trois points. D'abord, quelle appréciation portez-vous sur la qualité du projet scientifique ? Ensuite, pouvez-vous nous confirmer l'engagement de l'Etat et le concours financier de celui-ci pour la réalisation de ce conservatoire à Montredon-Labessonnié ? Enfin, quelles garanties pouvez-vous donner quant au versement des documents et archives qui feront du conservatoire un centre de ressources reconnu, notamment en ce qui concerne le dépôt de témoignages oraux d'anciens combattants, dont la collecte doit être confiée à l'Office national des anciens combattants ?
Je tiens à vous remercier de la réponse que vous allez m'apporter et de l'attention que vous portez, depuis plusieurs années, à ce dossier.
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Jean-Pierre Masseret, secrétaire d'Etat à la défense chargé des anciens combattants. Monsieur le sénateur, votre question est opportune puisque, samedi prochain, je serai à Montredon-Labessonnié, pour la quatrième fois depuis 1998. Au cours de mes visites, j'ai indiqué l'intérêt que je porte à ce projet. En effet, dès le 6 juin 1998, j'avais souscris à cette proposition et, en juillet 1998, j'ai confié une mission d'information au préfet du Tarn. Je me suis ensuite rendu à Montredon-Labessonnié, au mois de mars 1999, pour installer le comité de pilotage et, en juin 2000, pour mettre en place le comité scientifique.
Comme je l'ai précisé à l'instant, je serai de nouveau samedi prochain à Montredon-Labessonnié, pour indiquer tout l'intérêt que l'Etat porte à cette initiative. En effet, il est particulièrement important, à l'heure actuelle, que nous contribuions tous à assumer l'abcès de la guerre d'Algérie qui n'est pas encore vidé. Nous devons faire face à la situation et surmonter les épreuves que nous rencontrons. Libérer la parole, permettre à tous les acteurs de cette guerre de s'exprimer à travers des témoignages oraux ou écrits me paraît s'inscrire dans cette préoccupation. Il s'agit donc d'une excellente initiative.
Je confirme que l'Etat accompagne ce projet. Sur le plan budgétaire, il est prêt à mettre 2 millions de francs dans la réalisation de l'investissement, à savoir 1 million de francs au titre de l'exercice 2002 et 1 million de francs pour l'exercice 2003. Par ailleurs, j'ai demandé à l'Office national des anciens combattants de mettre à disposition deux emplois-jeunes pour accompagner ce projet, en plus de la collaboration que l'on peut obtenir de l'emploi-jeune « mémoire » du département. En outre, je vais lancer avec le directeur de l'Office national des anciens combattants la démarche de collecte de témoignages oraux ou écrits des soldats du contingent qui voudront bien participer à ce travail. Il serait bon que ces documents soient orientés vers le conservatoire de Montredon-Labessonnié, car c'est son objectif. En tout hypothèse, nous prendrons des mesures d'incitation pour que la collecte de ces informations y soit centralisée.
Tels sont, monsieur le sénateur, les quelques éléments que je peux vous donner, et que je confirmerai samedi lors de mon déplacement. En tout cas, soyez persuadé que l'Etat porte un intérêt soutenu à cette initiative parce qu'elle intègre la préoccupation actuelle de la société française d'assumer l'histoire particulièrement difficile de la guerre d'Algérie.
M. Jean-Marc Pastor. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Pastor.
M. Jean-Marc Pastor. Tout d'abord, je vous remercie de votre réponse, monsieur le secrétaire d'Etat.
Je veux me faire l'interprète des associations d'anciens combattants, qui sont, certes, diverses, mais unanimes pour saluer le dynamisme de M. le secrétaire d'Etat quant à ce projet, à plus forte raison dans une période non pas de remise en cause, mais de débats autour de cette guerre. On se rend compte aujourd'hui à quel point cette initiative, à laquelle vous avez participé et qui remonte à 1998, est importante. Il faut maintenant la matérialiser. Votre réponse et le soutien de l'Etat sont des éléments garant du succès de la démarche, monsieur le secrétaire d'Etat.

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