SEANCE DU 12 JUIN 2001


M. le président. La parole est à M. Fortassin, auteur de la question n° 1087, adressée à M. le ministre délégué à la santé.
M. François Fortassin. Monsieur le secrétaire d'Etat, je souhaiterais vous poser une question concernant la gestion du risque microbiologique en milieu thermal.
L'arrêté du 19 juin 2000 relatif à la surveillance des eaux minérales naturelles fixe les points et les fréquences des prélèvements dans les établissements thermaux suivant leur activité, ainsi que les normes de qualité microbienne de l'eau minérale naturelle. Il exige notamment l'absence de certains germes potentiellement pathogènes tels que Pseudomonas aeruginosa et Legionella, tant à la source qu'aux points d'usage.
Les incidents infectieux apparus ces dernières années chez des curistes, en particulier la légionellose, justifient certes une surveillance accrue et des normes de qualité des eaux particulièrement exigeantes.
Cependant, l'arrêté du 19 juin 2000 suscite des interrogations et des inquiétudes de la part des professionnels du thermalisme. Il semble en effet que la présence limitée de légionelles dans l'eau ne suffise pas à créer un risque de légionellose. Par ailleurs, la méthode de traitement des eaux est aujourd'hui controversée, jugée en partie inefficace par certains scientifiques, et sa répétition semble peu souhaitable.
Enfin, il apparaît que le risque varie selon la susceptibilité des sujets exposés, la densité et la durée de l'exposition et, surtout, l'utilisation de l'eau thermale et son point d'usage : contact avec les muqueuses respiratoires et oculaires, les autres muqueuses internes au cours de soins individuels ou collectifs.
En plus de ces difficultés, l'application stricte de l'arrêté pourrait conduire à la fermeture de plusieurs établissements. Devant ce constat, l'Académie nationale de médecine a demandé au ministère de la santé sa suspension durant un an, afin de permettre au groupe de travail qu'elle a constitué de formuler des propositions et aux établissements thermaux de faire face à ces nouvelles obligations.
Monsieur le ministre, pouvez-vous faire le bilan de l'application de l'arrêté du 19 juin 2000 et indiquer dans quel état d'esprit vous entendez aborder ce problème de la gestion du risque microbiologique en milieu thermal, notamment dans le projet de circulaire qui est, semble-t-il, en cours d'élaboration ?
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Bernard Kouchner, ministre délégué à la santé. Monsieur le sénateur, en effet, cette évaluation est en cours : je ne peux donc pas vous en donner les résultats.
Votre souhait rejoint celui du Gouvernement, comme celui des professionnels et des élus, de conforter l'activité thermale dans un cadre modernisé, tenant compte des exigences actuelles de qualité et de sécurité, lesquelles se renforcent et évoluent, c'est vrai. A chaque fois, nous demandons aux professionnels de s'adapter, ce qui n'est pas simple.
Les connaissances sur les maladies infectieuses liées à des germes de l'eau comme, par exemple, les légionelles ont beaucoup progressé ces dernières années.
C'est dans ce contexte que nous avons renforcé les exigences de qualité microbiologique pour les établissements thermaux par l'arrêté du 19 juin 2000.
Cette nouvelle réglementation s'appuie sur l'expertise scientifique du Conseil supérieur d'hygiène publique de France, qui a procédé à la réévaluation des règles de gestion du risque microbien, en fonction des facteurs de risque identifiés, à savoir la durée, l'intensité, les modalités d'exposition à l'eau thermale et la fragilité des personnes exposées. Or, dans certains établissements, celles-ci sont particulièrement fragiles, en tout cas plus que la moyenne de la population. Une réunion d'information sur ces sujets précis s'est tenue en mai 2000 avec les parlementaires des groupes d'études sur le thermalisme de l'Assemblée nationale et du Sénat.
Ainsi, des critères de qualité plus stricts et des contrôles plus fréquents de l'eau minérale utilisée à des fins thérapeutiques dans les établissements thermaux sont désormais instaurés et il convient de s'y conformer.
Ces mesures rejoignent le souci des professionnels du thermalisme d'améliorer la qualité des prestations délivrées en mettant en place une démarche de qualité dans leurs établissements, ainsi que la préoccupation des élus d'assurer la pérennité de cette activité en toute responsabilité.
Une évaluation de l'application de ces mesures de prévention est en cours afin, notamment, de préciser les difficultés rencontrées par les exploitants des établissements thermaux. En effet, ces difficultés sont grandes. L'éradication des légionelles, par exemple, requiert en effet une technique délicate.
Je précise que le Conseil supérieur d'hygiène publique de France a poursuivi ses travaux sur la gestion du risque microbiologique lié aux légionelles. Le rapport final sera prochainement validé. Il servira de base pour l'évolution de la réglementation applicable. Probablement, hélas ! il nous faudra encore la faire évoluer. En tout cas, je vous communiquerai ces documents dès qu'ils me seront remis.

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