SEANCE DU 12 JUIN 2001


M. le président. « Art. 36. - En vue du vote du projet de loi de finances de l'année par le Parlement, le Gouvernement présente, au cours du dernier trimestre de la session ordinaire, un rapport sur l'évolution de l'économie nationale et sur les orientations des finances publiques :
« - décrivant les grandes lignes de sa politique économique, au regard du programme résultant des engagements européens de la France ainsi que, le cas échéant, des recommandations adressées à la France sur le fondement des articles 99 et 104 du traité instituant la Communauté européenne ;
« - décrivant les objectifs d'évolution des comptes de l'ensemble des administrations publiques ;
« - indiquant les perspectives d'évolution des dépenses de l'Etat, ventilées par grandes fonctions ;
« - comportant des tableaux récapitulant les mouvements intervenus par voie réglementaire et relatifs aux crédits de l'année en cours, si aucun projet de loi de finances rectificative n'a été déposé depuis le début de l'année ;
« - indiquant la liste des missions et des programmes envisagés pour le projet de loi de finances de l'année suivante.
« Ce rapport est accompagné d'un rapport préliminaire de la Cour des comptes relatif aux résultats d'exécution de l'année antérieure. Il donne lieu à un débat dans chacune des assemblées.
« A l'initiative du Gouvernement, le programme mentionné au deuxième alinéa ou son actualisation peut donner lieu à un débat dans chacune des assemblées. »
Je suis saisi de trois amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 125, M. Lambert, au nom de la commission, propose de supprimer cet article.
Les deux amendements suivant sont présentés par Mme Beaudeau, MM. Foucaud, Loridant et les membres du groupe communiste républicain et citoyen.
L'amendement n° 237 vise à rédiger comme suit l'article 36.
« En vue du vote du projet de loi de finances de l'année par le Parlement, le Gouvernement présente, au cours du dernier trimestre de la session ordinaire, un projet de loi d'orientation budgétaire, décrivant les grandes lignes de sa politique économique et budgétaire et les perspectives d'évolution des dépenses de l'Etat, ventilés par grandes fonctions. Ce projet de loi d'orientation budgétaire est accompagné d'un rapport sur l'état de l'exécution de la loi de finances en cours et actualité en particulier les prévisions de recettes, notamment fiscales, pour l'exercice en cours. »
L'amendement n° 238 tend, dans la seconde phrase du septième alinéa de l'article 36, après les mots : « donne lieu à un débat », à insérer les mots : « suivi d'un vote ».
La parole est à M. le rapporteur, pour présenter l'amendement n° 125.
M. Alain Lambert, rapporteur. C'est une suppression de coordination, monsieur le président.
M. le président. La parole est à Mme Beaudeau, pour présenter les amendements n°s 237 et 238.
Mme Marie-Claude Beaudeau. Ces amendements portent sur le débat d'orientation budgétaire.
Institué depuis quelques années, ce débat permet, dans certaines limites, de poser une partie des bases de la discussion de la loi de finances initiale.
Le débat d'orientation, organisé à la fin de la session unique, et singulièrement à cette période, puisqu'il est inscrit à l'ordre du jour de la séance du 19 juin prochain, se situe, dans les faits, à une période particulière de l'exécution et de la programmation budgétaires.
Nous avons en particulier tous à l'esprit l'état d'exécution de la loi de finances pour 2001, qui est marqué pour le moment par une contraction des recettes et par une progression du déficit du budget général, dues entre autres, au ralentissement économique qui se manifeste depuis plusieurs mois et qui semble malheureusement en situation de devoir se prolonger.
Le débat d'orientation se situe aussi à un moment où nous disposons de quelques éléments d'appréciation des perspectives macroéconomiques à moyen terme, qui sont susceptibles de peser sur l'équilibre général du texte.
Enfin, il est proche de l'annonce des lettres de cadrage aux différents ministères, lesquelles constituent l'un des moments importants de la concertation interministérielle du printemps.
N'oublions pas, enfin, qu'au cours d'une exécution budgétaire rendue plus délicate par l'insuffisance des recettes certaines mesures de gel ou de reports de crédits peuvent d'ores et déjà, lors de la présentation des orientations, avoir été prises.
Le débat d'orientation budgétaire ne peut donc s'apparenter à cette sorte de dialogue plus ou moins constructif entre le Gouvernement et le Parlement que nous connaissons aujourd'hui et qui permet simplement à chacune des parties de se satisfaire de la cohérence et de la qualité de ses propositions.
Le débat devient dès lors une sorte de passage obligé, sans grande portée, sinon celle d'alimenter les conjectures sur le contenu futur de la loi de finances.
Nos deux amendements visent donc à donner un nouveau relief à ce débat en faisant des orientations budgétaires un authentique projet de loi, soumis en dernière instance à un vote.
Le premier de nos amendements décline les caractéristiques essentielles de ce projet de loi, tandis que le second, un amendement de repli, offre sous les mêmes auspices, l'opportunité de modifier le texte de l'article. Vous comprendrez donc que nous proposions à la Haute Assemblée d'adopter le second au cas où le premier ne le serait pas.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 237 à 238 ?
M. Alain Lambert, rapporteur. S'agissant de l'amendement n° 237, il est apparu à la commission que la portée juridique d'un projet de loi d'orientation budgétaire ne serait, au fond, guère différente de celle du rapport d'orientation budgétaire. Elle n'a donc pas été complètement convaincue, mais elle souhaite entendre le Gouvernement avant d'exprimer un avis définitif.
Il en est de même pour l'amendement n° 238, qui est, comme Mme Beaudeau l'a dit, un amendement de conséquence.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 125, 237 et 238 ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Le Gouvernement est favorable à l'amendement n° 125 et partage l'avis défavorable de la commission sur les amendements n°s 237 et 238.
Quelle serait en effet la portée juridique d'une loi d'orientation budgétaire votée quelques mois à peine avant le dépôt du projet de loi de finances à proprement parler et dépourvue de contenu normatif réel ? Il s'agirait soit d'un vote sans portée qui n'irait pas dans le sens d'une revalorisation du travail parlementaire, soit d'une injonction au Gouvernement, ce qui n'est pas permis par notre Constitution.
Comme M. le rapporteur vient de le souligner, l'organisation d'un débat d'orientation budgétaire, avec transmission d'un rapport à l'appui de ce débat, me paraît pleinement satisfaire l'objectif que vous cherchez à atteindre et qui consiste à associer le Parlement à la définition d'une politique économique et bugétaire.
M. le président. Quel est maintenant l'avis de la commission sur les amendements n°s 237 et 238 ?
M. Alain Lambert, rapporteur. Défavorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 125, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 36 est supprimé et les amendements n°s 237 et 238 n'ont plus d'objet.

Article 37