SEANCE DU 19 JUIN 2001


PROTOCOLE À LA CONVENTION POUR LA PROTECTION ET LA MISE EN VALEUR DU MILIEU MARIN DE LA RÉGION DES CARAÏBES

Adoption d'un projet de loi

M. le président. L'ordre du jour appelle la discussion du projet de loi (n° 19, 2000-2001) autorisant l'approbation du protocole relatif aux zones et à la vie sauvage spécialement protégées à la convention pour la protection et la mise en valeur du milieu marin de la région des Caraïbes (ensemble trois annexes). [Rapport n° 161 (2000-2001).]
Dans la discussion générale, la parole est à M. le ministre.
M. Charles Josselin, ministre délégué à la coopération et à la francophonie. Monsieur le président, monsieur le rapporteur, mesdames, messieurs les sénateurs, dans le cadre de la convention pour la protection et la mise en valeur du milieu marin de la région des Caraïbes, dite « convention de Carthagène » du 24 mars 1983, la France et treize autres Etats parties à la convention ont signé, le 18 janvier 1990, un protocole relatif aux zones et à la vie sauvage spécialement protégées. Des annexes complétant ce protocole ont été adoptées le 11 juin 1991 et sont intégrées au texte qui est aujourd'hui soumis à votre approbation.
Négocié dans le cadre du programme pour les mers régionales, entrepris à partir de 1974 par le programme des Nations unies pour l'environnement, le PNUE, ce protocole est consacré à la conservation de la biodiversité et à la préservation des espaces naturels côtiers, dans un rayon de 200 milles marins à partir des côtes atlantiques des Etats membres, et au milieu marin de la région des Caraïbes.
Ce texte prévoit l'établissement d'une liste de sites inscrits sur proposition de chaque Etat partie et la gestion d'un réseau de zones protégées à préserver, maintenir ou restaurer.
Le protocole s'efforce d'assurer la protection de la biodiversité des espèces animales et végétales de la région par l'établissement, d'une part, d'une liste d'espèces menacées ou en voie d'extinction qui sont totalement protégées et, d'autre part, d'une seconde liste recensant les espèces végétales et animales dont l'exploitation est autorisée, sous réserve de rendre cette utilisation écologiquement et économiquement renouvelable.
L'intérêt de la France pour ce protocole tient principalement à la nécessité de ne pas voir les efforts faits par nos trois départements d'outre-mer ruinés par les pratiques contraires d'un Etat voisin.
Ces trois départements disposent de réalisations remarquables en matière d'espaces protégés côtiers et marins, et d'intéressants projets dans le cadre du Conservatoire de l'espace littoral et des rivages lacustres.
Ce facteur a été reconnu par nos partenaires caraïbes, qui ont donné un mandat au PNUE pour négocier avec la France la mise en place d'un centre d'activité régional Antilles-Guyane, le CARAG, en vue de gérer le réseau d'espaces protégés qui sera mis en place. Le CARAG sera basé dans le Parc national de la Guadeloupe, en coopération avec l'université des Antilles-Guyane. Ce réseau permettra une mise en commun des expériences pour la gestion des zones côtières et marines, la France apportant son savoir-faire en la matière.
En définitive, ce protocole confortera la bonne gestion écologique de nos trois départements d'outre-mer et renforcera leur intégration dans leur environnement régional.
Telles sont, monsieur le président, monsieur le rapporteur, mesdames, messieurs les sénateurs, les principales observations qu'appelle le protocole relatif aux zones et à la vie sauvage spécialement protégées, qui fait l'objet du projet de loi aujourd'hui soumis à votre approbation.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. André Rouvière en remplacement de M. André Boyer, rapporteur de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, je ne reviendrai pas sur le dispositif du protocole du 18 janvier 1990 qui vient de vous être présenté de manière détaillée. Je m'attacherai simplement à souligner l'importance des actions entreprises par la France pour la protection des milieux littoraux et marins dans ses départements d'outre-mer : la Guyane, la Martinique et la Guadeloupe.
L'action de l'Etat y est principalement assurée par les trois directions régionales de l'environnement, les DIREN, qui gèrent les zones protégées. Sur la côte et dans les îles, l'action du Conservatoire de l'espace littoral et des rivages lacustres est également très importante, car elle permet, en achetant un certain nombre de terrains, de les préserver définitivement, du moins je l'espère, dans un but écologique ou paysager.
En Guyane, deux réserves d'intérêt international ont été créées en mars 1998. L'une, à Amana, près de la frontière du Surinam, est la zone la plus importante du monde pour la reproduction d'une espèce de tortue marine, dite « tortue luth ». La population de cette espèce étant confrontée à un important déclin, un suivi scientifique poussé a été entrepris, permettant, notamment, le marquage des femelles par transpondeur électronique suivi par balise Argos. Une deuxième réserve, dite « des marais du Kaw Roura », a pour objet la protection des populations de caïmans dans une zone classée par la convention de Ramsar sur la protection des zones humides d'importance internationale.
En Martinique comme dans un grand nombre d'îles des Antilles, l'environnement marin et côtier est fragilisé par la forte croissance de la population, concentrée dans la plaine littorale en raison du relief accidenté, ainsi que par l'urbanisation, le développement du tourisme et les cultures intensives. Des zones très importantes au nord et au sud de l'île sont protégées dans le cadre de parcs naturels régionaux. Le Conservatoire de l'espace littoral y possède également 1 300 hectares. Parmi les nombreux sites protégés, certains sont d'un très grand intérêt en raison de leur exceptionnelle biodiversité, qui pourrait justifier prochainement la constitution d'une « réserve de la biosphère », reconnue internationalement.
A la Guadeloupe, un rôle très important dans la préservation de l'environnement est dévolu au parc national situé à Basse-Terre. Créé en février 1989, il est constitué d'une zone centrale inhabitée de 17 300 hectares et d'une zone périphérique comprenant le littoral de 16 200 hectares, dans laquelle sont maintenues des activités économiques traditionnelles respectueuses de l'environnement. Le parc est également responsable de la gestion de la réserve naturelle du Grand Cul-de-Sac Marin créée en 1987. Elle est constituée d'une partie terrestre de 1 622 hectares et de 2 085 hectares marins. Cet ensemble forme la seconde réserve de la biosphère de l'archipel des Petites Antilles, consacrée internationalement et rassemblant toutes les espèces représentatives du littoral.
L'adoption du protocole du 18 janvier 1990 devrait avoir peu d'impact sur les activités de pêche. Seuls le lambi et la langouste sont concernés par l'annexe III du protocole listant les espèces dont l'exploitation est autorisée, mais pour lesquelles il est nécessaire d'adopter des mesures de gestion pour maintenir le niveau des populations. Or les captures du lambi et de la langouste font d'ores et déjà l'objet de réglementations et de limitations dans les départements d'outre-mer. Seule une extension trop importante des zones protégées handicaperait la pêche côtière traditionnelle, une dérogation pour ces activités étant toutefois envisagée à l'article 14 du protocole.
Je regretterai toutefois que la France ait attendu plus de dix ans pour ratifier ce protocole et que cette ratification n'intervienne qu'après son entrée en vigueur, le 18 juin 2000, alors même que notre pays a accepté depuis 1994 d'assumer la coordination régionale des activités liées à ce protocole, grâce au CARAG basé dans le parc national de la Guadeloupe et au soutien de l'université des Antilles-Guyane.
En conclusion, les enjeux environnementaux devant être gérés au niveau multilatéral pour que les efforts faits par certains ne soient pas anéantis par l'attitude des autres, il me paraît particulièrement important de donner notre approbation à la ratification de ce protocole portant sur la création de zones spécifiques visant à assurer la sauvegarde des écosystèmes et la biodiversité du milieu marin de la région des Caraïbes. La France a en effet tout à gagner à ce que les pays riverains du bassin des Caraïbes fassent plus pour la préservation de l'environnement. C'est une des clefs de la réussite du développement durable de nos départements d'outre-mer. Au nom de notre commission, je vous propose, mes chers collègues, l'approbation du présente texte.
M. le président. Personne ne demande la parole dans la discussion générale ?...
La discussion générale est close.
Nous passons à la discussion de l'article unique.
« Article unique. - Est autorisée l'approbation du protocole relatif aux zones et à la vie sauvage spécialement protégées à la convention pour la protection et la mise en valeur du milieu marin de la région des Caraïbes (ensemble trois annexes), fait à Kingston le 18 janvier 1990, et dont le texte est annexé à la présente loi. »
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article unique du projet de loi.

(Le projet de loi est adopté.)
(M. Gérard Larcher remplace M. Guy Allouche au fauteuil de la présidence.)

PRÉSIDENCE DE M. GÉRARD LARCHER
vice-président
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