SEANCE DU 19 JUIN 2001


ACCORD AVEC LA SUISSE CONCERNANT L'INTERPRÉTATION DE LA CONVENTION RELATIVE AU SERVICE MILITAIRE DES DOUBLES NATIONAUX

Adoption d'un projet de loi

M. le président. L'ordre du jour appelle la discussion du projet de loi (n° 70, 2000-2001) autorisant l'approbation de l'accord sous forme d'échange de notes, entre le Gouvernement de la République française et le Conseil fédéral suisse, concernant l'interprétation de la convention relative au service militaire des doubles nationaux du 16 novembre 1995. [Rapport n° 143 (2000-2001).]
Dans la discussion générale, la parole est à M. le ministre.
M. Charles Josselin, ministre délégué à la coopération et à la francophonie. Monsieur le président, monsieur le rapporteur, mesdames, messieurs les sénateurs, la France et la Confédération helvétique ont signé, le 26 novembre 1995 à Berne, une convention relative au service militaire des doubles nationaux destinée à remplacer la convention du 1er août 1958.
Or, à la suite de l'entrée en vigueur de la loi n° 97-1019 du 28 octobre 1997 portant réforme du service national, les autorités suisses ont considéré que le maintien pour leurs ressortissants d'un service obligatoire et effectif changeait fondamentalement la raison d'être de la convention en vigueur et créait un déséquilibre peu acceptable entre les obligations militaires des doubles nationaux franco-suisses et celles des nationaux suisses.
Cette inégalité des jeunes devant la loi, par rapport à l'accès à l'emploi en particulier, risquait d'exposer une partie des jeunes Suisses à une discrimination de la part de leurs employeurs potentiels établis dans la Confédération : les doubles nationaux tireraient avantage de leur obligation de n'accomplir que la seule journée d'appel de préparation à la défense.
Afin de remédier à ce déséquilibre, le Conseil fédéral suisse n'a cependant pas souhaité dénoncer la convention du 16 novembre 1995 ni en limiter ou en suspendre les effets. En conséquence, à l'issue des négociations bilatérales tenues en mars 1999, un accord interprétatif de la convention de 1995 a été signé sous la forme d'un échange de notes diplomatiques.
Cet accord permet, compte tenu de la suspension de l'appel sous les drapeaux en France, à un double national résidant en Suisse à l'âge de dix-huit ans de choisir, avant d'avoir atteint l'âge de dix-neuf ans, d'effectuer ses obligations sur le territoire national selon l'une des quatre modalités suivantes : soit une déclaration manifeste d'y effectuer une préparation militaire, un volontariat civil ou un volontariat dans les armées, soit la souscription d'un engagement pour servir dans les armées françaises.
Cet éventail de possibilités en vue de l'accomplissement des obligations militaires est conforme à l'article 4 de la convention mère et ne constitue pas une innovation.
Par ailleurs, cet accord permet aux doubles nationaux franco-suisses d'accéder au volontariat civil, dispositif adopté par le Parlement et dont le décret d'application vient d'entrer en vigueur.
Les autorités helvétiques ont tenu à préciser que les doubles nationaux résidant de manière permanente en France à l'âge de dix-huit ans ont vocation à n'être soumis qu'aux obligations minimales du recensement et de la journée d'appel de préparation à la défense. Les jeunes gens qui viendraient à transférer leur résidence sur le territoire de la Confédération, après accomplissement de ces obligations de service, seraient considérés comme ayant satisfait à leurs obligations à l'égard de la Suisse. En outre, ceux qui le souhaitent conservent naturellement la faculté d'accomplir leurs obligations de service dans l'armée suisse.
En raison de l'urgence signalée par les autorités suisses, notamment devant l'augmentation des demandes d'option émanant des doubles nationaux ayant leur résidence permanente en Suisse, en faveur de l'accomplissement en France de leurs obligations de service, le Gouvernement avait donné son accord, à titre exceptionnel, à une application anticipée et provisoire de cet échange de notes que la Suisse applique scrupuleusement depuis le 29 décembre 1999, date de sa signature.
Telles sont, monsieur le président, monsieur le rapporteur, mesdames, messieurs les sénateurs, les principales dispositions de l'accord sous forme d'échange de notes, signé à Berne les 28 et 29 décembre 1999, entre le Gouvernement de la République française et le Conseil fédéral suisse, concernant l'interprétation de la convention relative au service militaire des doubles nationaux du 16 novembre 1995, qui fait l'objet du projet de loi aujourd'hui proposé à votre approbation, conformément à l'article 53 de la Constitution.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Robert Del Picchia, rapporteur de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées. Mes chers collègues, M. le ministre a exposé le dispositif, dont vous retrouverez également la description dans mon rapport, de la convention franco-suisse destinée à éviter aux doubles nationaux d'accomplir leurs obligations militaires dans les deux pays dont ils sont ressortissants.
La reconnaissance, par cette convention franco-suisse d'un droit d'option permettant au double national de choisir le pays où il souhaite accomplir ses obligations militaires est devenu problématique depuis la réforme du service national français, puisque les régimes de service national sont désormais très différents en Suisse et en France.
La suspension en France du service national a incité un nombre croissant de Franco-Suisses résidant en Suisse à opter pour l'accomplissement de leurs obligations en France, mais les autorités suisses ont été conduites à bloquer ces demandes, car elles ne pouvaient, par exemple, accepter que des citoyens suisses s'exonèrent de leurs obligations par une simple participation, en France, à la journée d'appel de préparation à la défense. Environ 200 demandes sont restées en suspens, la question étant de savoir à partir de quel niveau de sujétion en France, la Suisse accepterait de dispenser ses ressortissants de leurs obligations militaires !
Il était donc nécessaire de clarifier les conditions d'application de la convention bilatérale de 1995. C'est l'objet de l'accord sous forme d'échange de notes qui nous est soumis et qui préserve le droit d'option des Franco-Suisses résidant en Suisse en le subordonnant à la volonté d'effectuer une préparation militaire, un volontariat civil ou un volontariat dans les armées ou encore un engagement dans l'armée française.
Cette solution est plutôt favorable à nos doubles nationaux puisqu'une simple préparation militaire permettra à ceux qui le souhaitent de s'affranchir des obligations militaires suisses. En outre, la Suisse a accepté d'appliquer l'accord par anticipation dès sa signature fin 1999 et sans attendre sa ratification. Les cas en suspens ont pratiquement tous été réglés.
Mes chers collègues, la commission des affaires étrangères vous demande donc d'adopter le projet de loi autorisant l'approbation de cet accord positif pour nos concitoyens de double nationalité franco-suisse résidant en Suisse.
M. le président. Personne ne demande la parole dans la discussion générale ?...
La discussion générale est close.
Nous passons à la discussion de l'article unique.
« Article unique. - Est autorisée l'approbation de l'accord entre le Gouvernement de la République française et le Conseil fédéral suisse concernant l'interprétation de la convention relative au service militaire des doubles nationaux du 16 novembre 1995, sous forme d'échange de notes, signées à Berne les 28 et 29 décembre 1999, et dont le texte est annexé à la présente loi. »
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article unique du projet de loi.

(Le projet de loi est adopté.)

5