SEANCE DU 28 JUIN 2001


M. le président. La parole est à M. Raoult.
M. Paul Raoult. Ma question s'adresse à M. Queyranne, ministre des relations avec le Parlement, en l'absence de Mme Tasca, ministre de la culture et de la communication.
Les écoles municipales de musique forment un réseau très dense et très actif dans notre pays. Elles sont un élément essentiel de notre vie culturelle. Elles sont souvent, pour les jeunes, dans les villages et les bourgs-centres de nos zones rurales, une des seules possibilités d'accès à la culture.
Les élèves suivent cet enseignement par pur plaisir musical, même si certains d'entre eux ont par la suite un cursus exceptionnel dans les conservatoires des grandes villes proches.
Or, aujourd'hui, ces écoles de musique connaissent une grave crise de gestion qui met en péril leur existence même. En effet, les personnels non titulaires - largement majoritaires -, compétents et dévoués, qui enseignent parfois depuis de très longues années, ne peuvent plus exercer leur activité professionnelle du fait d'une application de plus en plus stricte et rigoureuse de la loi relative à la fonction publique.
Aussi, monsieur le ministre, serait-il possible de prévoir une période de transition qui permettrait de continuer à employer ces personnels pour les remplacer très progressivement par des personnels diplômés de la fonction publique territoriale ?
Je souhaite que soit organisée une concertation approfondie avec les préfets et les directions régionales des affaires culturelles en vue de mettre en place des concours adaptés de titularisation, de tels concours étant aujourd'hui trop peu nombreux.
L'objectif est de consolider le potentiel d'enseignement musical dans chaque département, mais aussi d'assurer la rigueur et la transparence dans la gestion des personnels, en particulier sur les comptes de cumul.
Un autre problème tient au coût très élevé de cet enseignement musical pour les budgets communaux, intercommunaux ou pour les associations gestionnaires. Or nous ne pouvons demander une participation trop importante des familles. Ne pourrait-on envisager des mesures financières incitatives telles qu'un dégrèvement de la part patronale, comme pour le secteur associatif sportif ?
Monsieur le ministre, je vous demande de bien vouloir m'indiquer si des actions pragmatiques et réalistes sont possibles pour préserver des structures d'enseignement musical essentielles à la vie culturelle locale et à la cohésion sociale de nos communes. (Applaudissements sur les travées socialistes. - Mme Luc applaudit également.)
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Michel Sapin, ministre de la fonction publique et de la réforme de l'Etat. Monsieur le sénateur, vous vous préoccupez, à juste titre, du bon fonctionnement et de l'avenir de cet élément fondamental dans le tissu communal que constituent les écoles municipales de musique.
Dans votre question, vous distinguez deux grands volets : premièrement, le statut du personnel ; deuxièmement, les moyens permettant de faire fonctionner ces écoles.
S'agissant du statut du personnel, les conditions de recrutement d'agents non titulaires - et ils sont assez nombreux parmi les agents des collectivités territoriales - n'ont pas varié au cours des toutes dernières années : en vertu de l'article 3 de la loi de janvier 1984 relative à la fonction publique territoriale, un recrutement d'agents non titulaires est possible en cas de carence d'un cadre d'emplois ou, s'agissant du recrutement d'un agent non titulaire du niveau de la catégorie A, ce qui est parfois le cas dans les écoles de musique, en fonction des besoins du service.
Pour ce qui concerne les enseignants non titulaires actuellement en poste dans les écoles municipales de musique, la loi du 3 janvier 2001, que certains commentateurs appellent la « loi Sapin » (Sourires), relative à la résorption de l'emploi précaire, doit leur permettre d'entrer dans la fonction publique territoriale soit par la voie de l'intégration directe, soit par la voie des concours réservés.
Le ministère de la culture et le ministère de l'intérieur ont mis en place un groupe de travail avec le CNFPT, le Centre national de la fonction publique territoriale, en vue de multiplier le nombre des concours organisés et de faciliter le recrutement de professeurs dans les collectivités territoriales.
La loi du 3 janvier 2001 prévoit en outre des mécanismes de validation des acquis professionnels. Ceux-ci pourront être pris en compte pour se présenter tant au concours externe qu'au concours réservé. Ces dispositions sont de nature à répondre aux préoccupations que vous avez exposées et à faciliter l'accès à la fonction publique territoriale des agents qui ne sont pas titulaires des diplômes exigés pour se présenter au concours externe, mais qui ont néanmoins pu démontrer leurs qualités professionnelles.
J'ajoute que le statut de la fonction publique territoriale permet de partager la charge d'un emploi d'enseignant entre plusieurs communes.
S'agissant de la question des moyens, la loi de 1983 donne compétence aux collectivités territoriales sur l'enseignement artistique spécialisé initial. Cet effort repose encore trop sur les seules communes. Le ministère de la culture souhaite promouvoir des écoles départementales ou intercommunales, de façon que chaque collectivité prenne sa part de la charge financière que représentent les écoles de musique.
La charte de l'enseignement artistique spécialisé en danse, musique et théâtre, récemment publiée par le ministère de la culture, et les protocoles de décentralisation qui sont expérimentés dans deux régions pilotes, dont la région Centre, ont précisément un tel objectif.
Le Gouvernement est, bien entendu, attaché à ce que soit maintenu et développé un réseau territorial d'écoles de musique, car celles-ci sont essentielles pour la formation initiale des jeunes et sont souvent la seule chance d'un accès immédiat à la pratique artistique. (Applaudissements sur les travées socialistes. - Mme Luc applaudit également.)

ÉVOLUTION DE LA DÉMOGRAPHIE MÉDICALE