SEANCE DU 8 NOVEMBRE 2001


M. le président. « Art. 30. - Les services ou parties de services qui participent à l'exercice des compétences transférées par la présente loi sont, selon le cas, mis à disposition ou transférés à la collectivité territoriale de Corse dans les conditions fixées aux deux premiers alinéas de l'article L. 4422-43 et à l'article L. 4422-44 du code général des collectivités territoriales. »
L'amendement n° 264, présenté par M. Bret, Mmes Luc, Beaudeau, Beaufils, Bidard-Reydet et Borvo, M. Coquelle, Mmes David, Demessine et Didier, MM. Fischer, Foucaud et Le Cam, Mme Mathon, MM. Muzeau, Ralite et Renar et Mme Terrade, est ainsi libellé :
« Dans l'article 30, après les mots : "mis à disposition", supprimer les mots : "ou transférés". »
La parole est à M. Bret.
M. Robert Bret. Monsieur le président, ces explications vaudront également pour les amendements n°s 265 et 266.
Ces trois amendements répondent en effet à un souci largement partagé par le personnel de l'Etat en Corse. Ils tendent à une mise à disposition globale des services de l'Etat à la collectivité territoriale de Corse, au lieu d'une mise à disposition individuelle des agents de ces services.
Bien entendu, il s'agit là d'une autre logique que celle qui a été retenue par le Gouvernement et la commission spéciale.
Nous voulons éviter une mutation géographique obligatoire vers le continent des agents qui ne souhaitent pas se trouver sous l'autorité hiérarchique du président de l'exécutif territorial, du fait de la disparition de leurs services d'origine. Les agents pourront ainsi véritablement choisir la fonction publique de l'Etat, où l'indépendance vis-à-vis du pouvoir politique est mieux garantie.
Les compétences de la collectivité territoriale de Corse n'en seraient pas diminuées ; elles seraient, au contraire, plus clairement affichées.
Nos propositions concernent directement les agents de la direction régionale des affaires culturelles, de la direction régionale de l'environnement, de la délégation régionale au tourisme, des directions départementales et régionale de la jeunesse et des sports, des directions départementales et régionale de l'agriculture et de la forêt, des directions départementales et régionale de l'équipement. Cela fait quand même beaucoup de monde !
J'espère que chacun saisira l'importance de cette question, peu abordée depuis le début de la discussion du projet de loi, alors que ce sont les conditions de vie et de travail des salariés et de leurs familles qui sont en jeu.
Nos amendements visent donc à garantir le statut des personnels de l'Etat.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Paul Girod, rapporteur. La commission constate tout en comprenant le souci de nos collègues, de protéger un certain nombre de personnes, que cette disposition serait contraire au droit commun de la décentralisation et au principe général selon lequel les nouvelles missions confiées aux collectivités locales doivent s'accompagner des moyens humains et financiers nécessaires à l'accomplissement de celles-ci.
C'est pourquoi la commission ne peut qu'être défavorable à cet amendement, comme aux amendements n°s 265 et 266.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Les dispositions de l'article 30 reprennent le principe, posé par les lois de décentralisation, selon lequel les transferts de compétences de l'Etat aux collectivités territoriales s'accompagnent non seulement d'un transfert de ressources, mais également des services nécessaires à l'exercice de ces compétences.
Des dispositions analogues ont été mises en oeuvre à plusieurs reprises, à l'occasion de précédents transferts de compétences opérés au profit de collectivités de Corse.
Parallèlement, les dispositions des articles 31 et 32 du projet de loi apportent aux fonctionnaires de l'Etat concernés par les transferts de services toutes les garanties nécessaires en termes de situation statutaire. Elles permettront en particulier à ces fonctionnaires d'exprimer un libre choix, y compris celui de rester fonctionnaire de l'Etat, et de voir leur choix pris en compte.
Le passé a montré que ces dispositions pouvaient s'appliquer sans difficultés notables et que les engagements ont été tenus.
Dès lors, monsieur Bret, je me permets, de vous demander de bien vouloir retirer vos trois amendements, tout en vous remerciant de m'avoir permis d'apporter ces précisions, qui constituent autant de garanties pour les personnes concernées.
M. le président. Monsieur Bret, l'amendement n° 264 est-il maintenu ?
M. Robert Bret. Monsieur le président, j'ai bien entendu les explications de M. le ministre et les garanties qu'il a apportées. Cependant, pour avoir rencontré l'ensemble des organisations syndicales, je peux dire que, apparemment, elles ne font pas la même analyse que lui. Je maintiens donc mes amendements.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 264, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'article 30.

(L'article 30 est adopté.)

Article 31