SEANCE DU 27 NOVEMBRE 2001


M. le président. « Art. 11 quater . - Après l'article 1043 du code général des impôts, il est inséré un article 1043-0 A ainsi rédigé :
« Art. 1043-0 A . - Les transferts de biens, droits et obligations entre établissements de santé visés à l'article L. 6112-2 du code de la santé publique sont exonérés du paiement des salaires aux conservateurs des hypothèques pour l'accomplissement des formalités visées aux 1° et 2° de l'article 878. »
Sur l'article, la parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général. L'Assemblée nationale a adopté un article additionnel, devenu l'article 11 quater , qui exonère du paiement des salaires aux conservateurs des hypothèques les établissements de santé participant au secteur public hospitalier pour leurs opérations internes de restructuration.
Notre commission a approuvé cette disposition, mais il me paraît opportun de m'attarder quelques instants sur le système des conservations des hypothèques. Nous voici encore dans l'histoire financière ! La publicité foncière est l'« état civil » des propriétés immobilières. Elle a pour mission de rendre publics, dans un cadre légal, les droits et propriétés portant sur les parcelles rurales, les appartements, les maisons individuelles, mais également les droits tels que les servitudes et les hypothèques.
La publicité foncière est organisée par la conservation des hypothèques, qui dépend de votre administration, madame le secrétaire d'Etat.
C'est une loi du 21 ventôse An VII qui a créé les « salaires » des conservateurs des hypothèques. Ces « salaires » correspondent aux sommes versées par les usagers de la publicité foncière aux conservateurs des hypothèques selon les tarifs fixés par le code général des impôts.
A l'origine, l'ensemble de ces sommes constituait la rémunération des conservateurs des hypothèques, d'où l'appellation de « salaire ». Désormais, près de 90 % de ces sommes sont en réalité versées au budget de l'Etat. En effet, l'article 884 du code général des impôts prévoit que l'Etat effectue un prélèvement sur le salaire brut des conservateurs des hypothèques afin de couvrir les frais de fonctionnement du service de la publicité foncière. Or les taux de prélèvement retenus varient entre 65 % et 90 % des salaires.
En vérité, ces salaires sont, pour l'essentiel, des redevances prélevées par l'Etat et qui alimentent son budget.
Malgré ce prélèvement, ces postes restent très lucratifs pour leurs bénéficiaires, comme en témoignent les chiffres suivants : en 2000, les recettes liées aux formalités accomplies et aux renseignements délivrés en matière de publicité foncière, appelées « salaires bruts » et perçues par les conservateurs des hypothèques, se sont élevées à 326,85 millions d'euros. La part représentative de la rémunération principale des conservateurs, dite « salaires demi-nets », se monte, elle, à 37,35 millions d'euros.
Jusqu'à présent, les conservateurs des hypothèques devaient également, sur les sommes leur restant acquises, régler divers frais de fonctionnement de leur service, dont les dépenses de reliure des documents dont ils assument la conservation.
Toutefois, le plan de modernisation du service de la publicité foncière entrepris par la direction générale des impôts a réformé le dispositif. Désormais, l'intégralité de la rémunération des conservateurs des hypothèques est fiscalisée à partir du 1er janvier 2002, en contrepartie de la prise en charge directe par l'administration des frais de fonctionnement des services placés sous la direction des conservateurs des hypothèques, frais qui sont mis aujourd'hui à leur charge.
De même, ledit plan de modernisation vise à accroître la productivité des services de la conservation des hypothèques. Jusqu'à présent, les conservateurs des hypothèques prélevaient leur rémunération avant même de réaliser le service demandé par l'usager. En conséquence, ils n'étaient guère incités à accomplir très rapidement leurs missions. Désormais, à compter du 1er janvier 2002, ils ne pourront être rémunérés qu'après inscription au fichier immobilier ou renvoi des renseignements à l'usager.
Il apparaît donc que, sous la pression des critiques formulées par la Cour des comptes, le régime des services de la conservation des hypothèques fait l'objet de certaines réformes visant à en moderniser le fonctionnement et à assurer la qualité des prestations servies.
Il n'en reste pas moins que, tout en saluant les avancées qui ont été réalisées - vous le voyez, madame le secrétaire d'Etat, la commission ne fait pas que des remarques négatives - nous estimons que ce dispositif reste vétuste et représente un coût considérable pour tous les acteurs économiques.
J'aimerais donc connaître votre opinion sur ce sujet et savoir s'il est envisagé d'aller plus loin dans la réforme, notamment en ce qui concerne la diminution des coûts répercutés sur les collectivités territoriales ainsi que sur toutes les catégories d'agents qui interviennent sur les marchés immobiliers.
M. le président. Je mets aux voix l'article 11 quater .

(L'article 11 quater est adopté.)

Article 11 quinquies

M. le président. L'article 11 quinquies sera examiné cet après-midi, lors du débat sur les recettes des collectivités locales.

Article 11 sexies