SEANCE DU 11 DECEMBRE 2001


M. le président. L'amendement n° II-101 rectifié bis, présenté par MM. Laffitte, Joly, Mouly, Othily, Soulage, Revol, Trégouët et Valade, est ainsi libellé :
« Après l'article 56 octies, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Après l'article 1464 G du code général des impôts, il est inséré un article 1464 H ainsi rédigé :
« Art. 1464 H. - Les collectivités territoriales et leurs établissements publics de coopération intercommunale dotés d'une fiscalité propre peuvent, par une délibération de portée générale prise dans les conditions définies au I de l'article 1639 A bis, exonérer de la taxe professionnelle les activités des établissements publics administratifs d'enseignement supérieur ou de recherche gérées par des services d'activités industrielles et commerciales créés par la loi n° 99-587 du 12 juillet 1999.
« Les établissements concernés doivent déclarer chaque année, au service des impôts, les éléments entrant dans le champ de l'exonération. »
« II. - Les pertes de recette résultant du I sont compensées à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Laffitte.
M. Pierre Laffitte. Je me permets de souligner que cet amendement est cosigné, notamment, par le président de la commission des affaires culturelles, M. Valade, par le rapporteur spécial du budget de la recherche, M. Trégouët, ainsi que par les deux rapporteurs pour avis de ce budget, à savoir M. Revol, pour la commission des affaires économiques, et votre serviteur, pour la commission des affaires culturelles.
Lors de la discussion, ici même, du budget de la recherche pour 2002, il a beaucoup été question du retard pris dans l'application de certaines dispositions de la loi sur l'innovation et la recherche, que le Sénat avait adoptée à l'unanimité. En effet, près de trente mois après le vote de cette loi, certains décrets d'application se font toujours attendre, en particulier celui qui est relatif aux services d'activités industrielles et commerciales, les SAIC.
Ce retard est tout à fait fâcheux, car il fait obstacle à la volonté des établissements de recherche et des universités de développer des transferts de technologie, de créer des sociétés innovantes, et donc des emplois.
Sachant que plusieurs options envisageables ont été débattues au sein du Gouvernement, nous avons décidé de déposer cet amendement, qui n'entraîne aucune dépense supplémentaire pour quiconque au cours de l'année 2002. Il permet simplement aux collectivités d'exonérer de taxe professionnelle les activités des établissements publics administratifs d'enseignement supérieur ou de recherche gérées par des services d'activités industrielles et commerciales créés par la loi du 12 juillet 1999.
Ces établissements devraient, chaque année, déclarer aux services des impôts les éléments qui entrent dans le champ d'exonération, et qui seront malheureusement relativement faibles.
En tout cas, le vote de cet amendement permettrait de débloquer la situation et de répondre à l'attente des universitaires. Bien entendu, la plupart des collectivités locales dans lesquelles sont implantées des universités sont prêtes à consentir cette exonération.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. La loi sur l'innovation et la recherche, qui avait été défendue en son temps par M. Allègre, prévoyait en effet la création de structures spécifiques au sein des universités afin de faciliter la valorisation de la recherche et les transferts de technologies. Il s'agit d'un dispositif auquel le Sénat est attaché.
Avant de se prononcer, la commission voudrait connaître, madame la secrétaire d'Etat, les raisons pour lesquelles le décret d'application concernant les services d'activités industrielles et commerciales n'est toujours pas paru.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. En effet, la loi du 12 juillet 1999 sur l'innovation et la recherche permet à certains établissements publics administratifs de recherche ou d'enseignement supérieur de créer des services d'activités industrielles et commerciales pour gérer ces activités.
Pour inciter à la création de ces services, vous souhaitez donc, monsieur Laffitte, les exonérer de taxe professionnelle.
M. Pierre Laffitte. Nous voulons donner aux communes la possibilité de les exonérer.
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Ce n'est effectivement qu'une faculté, mais elle a de fortes chances de jouer.
Les services en question regrouperaient ainsi au sein d'une même structure les activités concurrentielles des universités, notamment les activités de recherche appliquée.
Si le décret d'application relatif à cette disposition tarde quelque peu à paraître, monsieur le rapporteur général, c'est parce que ce mécanisme a nécessité de nombreuses discussions interministérielles, ainsi que de nombreuses actions de formation à l'intention des universités. Mais je puis vous assurer qu'il va être publié prochainement.
Le Gouvernement adhère tout à fait à l'objectif qui sous-tend l'amendement de M. Laffitte. Même si des réserves peuvent être faites, notamment du point de vue de l'égalité devant l'impôt, qui doit s'apprécier sans considération de structure mais en examinant l'activité exercée, il faut tenir compte du fait que ce dispositif est à la fois très attendu et extrêmement utile.
Par conséquent, j'émets un avis favorable et je lève le gage.
M. le président. Il s'agit donc de l'amendement n° II-101 rectifié ter.
Quel est, dans ces conditions, l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Monsieur le président, la commission est heureuse de cette réponse et s'y rallie.
Madame la secrétaire d'Etat, permettez-nous d'insister sur l'urgence du décret. Deux ans et demi, si complexes que soient les problèmes à résoudre, c'est tout de même long !
M. Alain Lambert, président de la commission des finances. Nous avions arrêté les pendules pour voter la loi !
M. Philippe Marini, rapporteur général. Absolument ! Dans les conditions de l'époque, la loi était particulièrement urgente. Il y a eu un peu de forcing , mais cela en valait la peine parce que, dans l'ensemble, c'est une bonne loi.
Dès lors, pourquoi devoir en attendre si longtemps l'application ? De deux choses l'une : ou bien il faut effectivement permettre aux chercheurs de s'engager dans la vie économique, et il ne s'agit pas d'attendre deux ans et demi, car les choses évoluent très vite à la fois dans la vie économique et dans la recherche, ou bien ces dispositions ne servent à rien, et autant ne pas les prendre !
Bien entendu, de mon point de vue, il convient de tout faire pour que ce décret soit pris le plus rapidement possible.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-101 rectifié ter, accepté par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi de finances, après l'article 56 octies .
L'amendement n° II-134 rectifié, présenté par Mme Beaudeau, MM. Foucaud, Loridant et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, est ainsi libellé :
« Après l'article 56 octies, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Les contribuables souffrant de déficiences auditives caractérisées bénéficient à compter du 1er janvier 2003 d'un abattement de 85 % sur la redevance applicable aux téléviseurs couleur.
« II. - Les conditions ouvrant droit au bénéfice de cet abattement sont fixées par décret.
« III. - Nonobstant le V de l'article 53 de la loi du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication, la perte de recettes est compensée à due concurrence par une augmentation du taux de la redevance applicable aux téléviseurs couleur. »
La parole est à M. Foucaud.
M. Thierry Foucaud. Cet amendement fait suite à une proposition formulée par le Médiateur de la République dans son dernier rapport. Il s'agit de prévoir un abattement sur le montant de la redevance audiovisuelle acquittée par les téléspectateurs souffrant d'un handicap auditif important et contraints d'utiliser des systèmes d'adaptation à la réception des émissions télévisées. C'est donc une mesure à caractère social que nous proposons.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Il s'agit d'une initiative sympathique mais qui n'est pas convaincante dans tous ses aspects. La commission y est donc défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Le Gouvernement partage l'avis de la commission.
M. le président. L'amendement est-il maintenu, monsieur Foucaud ?
M. Thierry Foucaud. Je ne comprends pas très bien ces réactions. Un geste a été fait par le Gouvernement, dans le cadre des baisses ciblées du taux de TVA, en direction des appareillages destinés aux personnes malentendantes.
J'ajoute que notre proposition est d'un faible coût. Un nouveau geste aurait été apprécié par les personnes concernées.
Je maintiens donc cet amendement.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-134 rectifié, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)

Articles 56 nonies et 56 decies