SEANCE DU 10 JUILLET 2002


ACCORD AVEC L'ALLEMAGNE
RELATIF A LA POLICE

DE LA NAVIGATION SUR LE RHIN

Adoption d'un projet de loi

M. le président. L'ordre du jour appelle la discussion du projet de loi (n° 167, 2001-2002) autorisant l'approbation d'un accord entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République fédérale d'Allemagne relatif à la coopération dans l'exercice des missions de police de la navigation sur le secteur franco-allemand du Rhin. [Rapport n° 267 (2001-2002).]
Dans la discussion générale, la parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Renaud Muselier secrétaire d'Etat aux affaires étrangères. Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, l'accord relatif à la coopération dans l'exercice des missions de police de la navigation sur le secteur franco-allemand du Rhin a été signé à Vittel, le 10 novembre 2000, dans le cadre d'un sommet bilatéral.
Cet accord constitue l'une des mesures rendues nécessaires par la libre circulation des personnes et la levée des contrôles aux frontières de la France et de l'Allemagne. Il a pour objet d'améliorer la coopération entre les autorités et les services des deux pays.
Ainsi, la sécurité et l'ordre public seront mieux assurés ; la prévention et la recherche de faits punissables, le secours et le sauvetage sur le fleuve seront rendus plus efficaces. Il va de soi que la lutte contre les trafics illicites et l'immigration irrégulière, qui constitue l'une des préoccupations communes, sera également facilitée.
Afin de donner un fondement juridique à la coopération qui existait de facto entre les forces de sécurité compétentes, il a été convenu d'établir un accord relatif aux services de navigation des deux pays dans les domaines de la sécurité, de l'entretien et de l'aménagement de la voie navigable.
La négociation du texte s'est effectuée à partir du modèle de convention transfrontalière, policière et douanière français, adapté de façon à tenir compte de la structure fédérale de l'organisation des services administratifs et répressifs allemands.
Désormais, les services français et allemands seront compétents sur toute la largeur du secteur franco-allemand du Rhin à l'exclusion des rives, des bras ou des canaux de dérivation. Cet accord permettra, dès lors, de lever toute difficulté d'identification précise du lieu où survient une infraction, rendant l'action des services plus efficace.
Ce cadre territorial conjoint permettra à chaque service d'intervenir seul ou en commun avec les services compétents de l'autre partie.
Les services disposeront de larges pouvoirs de contrôle tout en respectant le principe de respect des libertés individuelles.
Il convient de relever que cet accord procède d'un exemple de pratique opérationnelle à généraliser dans d'autres domaines. Il illustre la coopération sans cesse croissante entre nos deux pays et marque notamment une étape importante dans la coopération en matière de police fluviale.
Ainsi cet accord vient-il de démontrer la capacité du couple franco-allemand, moteur de la construction européenne, à mettre en oeuvre des coopérations innovantes et efficaces sur le terrain.
Telles sont, monsieur le président, madame le rapporteur, mesdames, messieurs les sénateurs, les principales observations, qu'appelle l'accord entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République fédérale d'Allemagne relatif à la coopération dans l'exercice des missions de police de la navigation sur le secteur franco-allemand du Rhin qui fait l'objet du projet de loi aujourd'hui proposé à votre approbation.
M. le président. La parole est à Mme le rapporteur.
Mme Jacqueline Gourault, rapporteur de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées. Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, c'est l'acte final du congrès de Vienne de 1815 qui a consacré le principe de la liberté de navigation sur les cours d'eaux internationaux, et qui a institué une commission centrale chargée d'en établir la surveillance et le contrôle.
M. Emmanuel Hamel. Muselier succède à Talleyrand ! (Sourires.)
Mme Jacqueline Gourault, rapporteur. S'agissant spécifiquement de la navigation sur le Rhin, une première convention, dite de Mayence, a été adoptée en 1831 et actualisée à Mannheim, en 1868.
On voit que l'importance politique et économique de la navigation sur ce fleuve a été reconnue, et donc réglementée, de longue date.
Les modifications les plus récentes en la matière sont contenues dans l'accord signé entre la France et l'Allemagne, le 9 octobre 1997 à Mondorf, qui établit les modalités de la coopération, dans les zones frontalières, entre les autorités de police et les autorités douanières. Cet accord bilatéral précise les dispositions générales de l'article 39 de la convention d'application de l'accord de Schengen - vous l'avez rappelé tout à l'heure, monsieur le secrétaire d'Etat - relatif à l'assistance entre les services de police en vue de prévenir et de rechercher les faits punissables.
L'accord que nous examinons aujourd'hui vise à préciser les modalités de cette assistance en matière de police fluviale. Il a été établi sur l'initiative de l'Allemagne et signé lors du sommet franco-allemand réuni à Vittel le 10 novembre 2000.
Son apport juridique majeur est de permettre aux autorités de police fluviale des deux pays d'intervenir sur toute la largeur du secteur franco-allemand du Rhin, alors que la frontière physique entre les deux pays, qui passe au milieu du fleuve, est déterminée par l'axe du talweg. Cette ligne, déterminée par sondages indiquant les zones des plus grandes profondeurs, n'est évidemment pas matérialisée et, de surcroît, est mouvante, notamment en raison des effets de la canalisation d'une partie du Rhin.
On comprend, dans ces conditions, l'intérêt que présente pour les services de police fluviale des deux pays le fait de ne plus avoir à résoudre le problème, toujours évolutif, de l'identification précise du lieu de commission des infractions à la réglementation.
Concrètement, les autorités françaises et allemandes de police fluviale ont compétence sur une section du Rhin de 182 kilomètres de longueur, de Bâle à Lauterbourg.
Du côté français, la compagnie fluviale de gendarmerie du Rhin est composée de trois brigades territoriales, soit 32 gendarmes dont 10 plongeurs ; chaque brigade de 8 hommes dispose d'une vedette d'intervention.
En Allemagne, la structure fédérale du pays conduit à la compétence de la police fluviale du Land de Bade-Wurtemberg, qui dispose de 110 policiers répartis en six postes le long du Rhin, et qui peut utiliser sept vedettes et quatorze véhicules marins légers.
Bien que la procédure formelle de ratification de l'accord n'ait encore été achevée ni en Allemagne ni en France, la coopération entre les deux polices est déjà entrée dans les faits sans difficulté, puisqu'elle s'opère à leur bénéfice mutuel.
Il faut préciser que cette coopération s'effectue sur le secteur franco-allemand du Rhin proprement dit, ce qui exclut les missions sur les rives, les canaux de dérivation et les bras du fleuve.
L'accord détermine le droit applicable aux infractions commises : seules celles qui touchent aux prescriptions concernant la navigation relèvent du droit de l'Etat par les services duquel elles ont été constatées. Les autres infractions relèvent du droit du pays où elles ont été commises.
Si les infractions aux règles de la navigation constatées décroissent - leur nombre est passé de 1 000 à 700 entre 1997 et 2001 - les atteintes à l'environnement relevées croissent : on en comptait 189 en 1997, mais 215 en 2001. On voit donc que cet accord, conclu sans limitation de durée, mais qui peut être dénoncé par écrit avec un préavis de six mois, peut être utile dans des domaines nouveaux.
En conclusion, la commission des affaires étrangères vous recommande d'adopter ce projet de loi.
M. le président. Personne ne demande la parole dans la discussion générale ? ...
La discussion générale est close.
Nous passons à la discussion de l'article unique.
« Article unique. - Est autorisée l'approbation d'un accord entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République fédérale d'Allemagne relatif à la coopération dans l'exercice des missions de police de la navigation sur le secteur franco-allemand du Rhin, signé à Vittel le 10 novembre 2000, et dont le texte est annexé à la présente loi. »
Personne ne demande la parole ? ...
Je mets aux voix l'article unique du projet de loi.

(Le projet de loi est adopté.)
M. le président. Je constate que ce texte a été adopté à l'unanimité.

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