SEANCE DU 30 NOVEMBRE 2002


M. le président. « Art. 52. - Est approuvée, pour l'exercice 2003, la répartition suivante entre les organismes du service public de la communication audiovisuelle, des recettes, hors taxe sur la valeur ajoutée, du compte d'emploi de la redevance pour droit d'usage des appareils récepteurs de télévision :

millions

d'euros

«
France Télévision

1 499,53

«
Radio France

455,90

«
Radio France Internationale

52,30

«
Réseau France Outre-mer

203,05

«
ARTE-France

189,03

«
Institut national de l'audiovisuel

68,22



« Total
2 468,03

L'amendement n° II-22, présenté par M. Estier, Mme Pourtaud, M. Weber et les membres du groupe socialiste, apparenté et rattachée, est ainsi libellé :
« Compléter in fine cet article par un alinéa ainsi rédigé :
« Le Gouvernement dépose, avant le 30 juin 2003, sur le bureau de chacune des deux assemblées, un rapport sur les modalités auxquelles il entend recourir pour assurer le financement pérenne, indépendant et évolutif des organismes du service public de la communication audiovisuelle. Il indique le montant des ressources qui seront attribuées à ce secteur et la répartition entre les organismes des moyens affectés pour l'année 2004. »
La parole est à Mme Danièle Pourtaud.
Mme Danièle Pourtaud. Depuis des années, de très nombreuses voix - cela a été rappelé au cours du débat - dont la plupart proviennent de l'actuelle majorité, se sont fait entendre pour réclamer la suppression de la redevance : impôt injuste, inégalitaire, archaïque, non rentable... On aura tout entendu !
Dans l'esprit de la majorité gouvernementale, envisager la suppression de la redevance n'est pas vraiment une prise de position innocente ! Est sous-entendue, en effet, l'idée de réduire, faute de crédits pour suppléer la redevance, le périmètre actuel de l'audiovisuel public, et de contenter ainsi quelques intérêts privés.
Le service public de l'audiovisuel constitue pourtant une réalité dans notre pays et il accomplit des missions éducatives et culturelles qu'aucun opérateur privé ne serait à même de remplir, compte tenu de ses impératifs en termes d'Audimat, et donc de ses contraintes de perception de recettes commerciales.
J'en reviens ainsi tout naturellement à la question du financement de l'audiovisuel public : la redevance, même si elle peut, dans l'esprit de certains, présenter des inconvénients, constitue tout de même le seul mode de financement à la fois pérenne, évolutif et garantissant l'indépendance du secteur public de l'audiovisuel par rapport au pouvoir politique.
La preuve éclatante en est d'ailleurs faite, cette année, par le Sénat, qui sabre allègrement dans tous les budgets à la poursuite d'un équilibre inatteignable, sans égard pour la culture ni pour l'éducation, pourtant déjà bien maltraitées. Mais le Sénat ne pourra pas, mes chers collègues, toucher aux ressources de l'audiovisuel public, puisqu'elles ne sont pas constituées de crédits budgétaires !
A ma connaissance, personne n'est encore parvenu à trouver une source de financement de l'audiovisuel public réunissant l'ensemble des qualités de la redevance.
D'autres types de prélèvement ont, par le passé, été écartés, car ils étaient sujets à des variations, tels que les taxes sur les jeux, sur les opérateurs de télécommunications, sur les recettes commerciales des chaînes privées, etc.
Monsieur le ministre, vous nous avez dit que vous réfléchissiez sur le sujet, mais nous sommes inquiets de savoir que, l'an prochain, vous supprimerez cette taxe, comme toutes les taxes parafiscales.
M. Jean-Jacques Aillagon, ministre Mais non !
Mme Danièle Pourtaud. Nous souhaiterions, s'il faut se résigner à une solution alternative à la redevance, qu'elle présente les mêmes garanties. Je les rappelle : ressources pérennes, évolutives et indépendantes.
Nous voudrions que le Parlement puisse en débattre avant l'examen du projet de loi de finances pour 2004. C'est pourquoi nous vous demandons de bien vouloir déposer, avant le 30 juin 2003, sur le bureau de chacune des assemblées, un rapport concernant vos propositions visant à assurer le financement pérenne de l'audiovisuel public, auquel vous nous avez dit être attaché.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Claude Belot, rapporteur spécial. Je ne vois pas la valeur ajoutée, j'émets donc un avis défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Jacques Aillagon, ministre. Défavorable.
M. le président. La parole est à M. Ivan Renar, pour explication de vote.
M. Ivan Renar. Cet amendement est pour nous l'occasion de souhaiter qu'un véritable débat ait lieu sur la question...
M. Jacques Valade, président de la commission des affaires culturelles. Bien entendu !
M. Ivan Renar. ... parce que le travail d'une commission ne suffira pas à la régler. Un véritable débat contradictoire de la représentation nationale est nécessaire.
Pour notre part, nous restons partisans de la redevance audiovisuelle qui est, en quelque sorte, la seule taxe parafiscale démocratique et le seul exemple d'actionnariat de masse, dans le cadre de la participation qui est chère à certains d'entre vous,...
M. Louis de Broissia, rapporteur pour avis. Absolument ! Il a de bonnes lectures !
M. Ivan Renar. ... par rapport au service public de l'audiovisuel. Nous ne faisons pas du tout confiance à la fiscalité dont on connaît les avatars depuis la vignette dont les recettes devaient être allouées aux vieillards de notre pays !
C'était, je m'en souviens, en même temps que la guerre d'Algérie : ne me poussez pas sur cette pente glissante...
M. Louis de Broissia, rapporteur pour avis. Du temps de l'ancien gouvernement.
M. Michel Pelchat. Ex-socialiste !
M. Philippe Nogrix. C'est Fabius qui l'a supprimée !
M. Ivan Renar. Il est bon que nous soyons informés et que nous débattions chaque année des orientations et des choix du Gouvernement pour l'audiovisuel public.
En attendant, nous voterons pour cet amendement, car il nous paraît raisonnable d'avoir deux fers au feu !
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-22.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'article 52.

(L'article 52 est adopté.)

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