sommaire

présidence de Mme Michèle André

1. Procès-verbal

2. Eau et milieux aquatiques. - Suite de la discussion d'un projet de loi

Article 8

Demande de priorité de l'amendement no 674 rectifié. - MM. Bruno Sido, rapporteur de la commission des affaires économiques ; Serge Lepeltier, ministre de l'écologie et du développement durable. - La priorité est ordonnée.

Amendement no 324 de M. Henri Revol. - MM. Henri Revol, le rapporteur, le ministre. - Retrait.

Amendements nos 674 rectifié (priorité) de la commission, 295 rectifié de M. Daniel Soulage, 302 rectifié de M. Alain Vasselle, 366 rectifié de M. Ladislas Poniatowski, 351 rectifié bis de M. Michel Doublet, 550 de M. Bernard Cazeau et 325 de M. Henri Revol. - MM. le rapporteur, Daniel Soulage, Alain Vasselle, Ladislas Poniatowski, Gérard César, Paul Raoult, Jean-François Le Grand, le ministre. - Retrait des amendements nos 366 rectifié et 550 ; adoption de l'amendement no 674 rectifié, les autres amendements devenant sans objet.

Adoption de l'article modifié.

Article 9

Amendement no 26 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption.

Amendements nos 209 de Mme Françoise Férat, 551 de M. Paul Raoult et 482 de Mme Evelyne Didier. - MM. Daniel Soulage, Paul Raoult, Mme Evelyne Didier, MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption de l'amendement no 209, les amendements nos 551 et 482 devenant sans objet.

Adoption de l'article modifié.

Article 10

Amendements nos 552 de M. Paul Raoult et 478 de Mme Evelyne Didier. - M. Paul Raoult, Mme Evelyne Didier, MM. le rapporteur, le ministre, Pierre-Yves Collombat. - Rejet des deux amendements.

Adoption de l'article modifié.

Article additionnel avant l'article 11

Amendement no 359 rectifié de M. Ladislas Poniatowski. - MM. Ladislas Poniatowski, le rapporteur, le ministre, Thierry Foucaud, au non de la commission des finances. - Irrecevabilité.

Article 11

Amendements nos 27 de la commission et 553 de M. Bernard Cazeau. - MM. le rapporteur, Paul Raoult, le ministre. - Retrait de l'amendement no 553 ; adoption de l'amendement no 27.

Amendement no 649 de M. Bernard Cazeau. - MM. Paul Raoult, le rapporteur, le ministre. - Retrait.

Adoption de l'article modifié.

Article 12

Amendement no 554 de M. Claude Lise. - MM. Claude Lise, le rapporteur, le ministre. - Retrait.

Adoption de l'article.

Article 13

Amendements nos 28 de la commission et 319 de M. Henri Revol. - MM. le rapporteur, Jean-François Le Grand, le ministre. - Retrait des deux amendements.

Adoption de l'article.

Articles additionnels après l'article 13

Amendements identiques nos 303 rectifié de M. Alain Vasselle et 341 de M. Daniel Soulage. - MM. Gérard César, Daniel Soulage, le rapporteur, le ministre, Jean Desessard. - Adoption des deux amendements insérant un article additionnel.

Article 14

Amendement no 29 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption.

Amendement no 31 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption.

Amendement no 555 de M. Bernard Cazeau. - MM. Paul Raoult, le rapporteur, le ministre. - Rejet.

Amendements nos 296 rectifié de M. Daniel Soulage, 290 rectifié de M. Gérard César et 32 de la commission. - MM. Daniel Soulage, Gérard César, le rapporteur, le ministre. - Retrait des amendements nos 290 rectifié et 296 rectifié ; adoption de l'amendement no 32.

Adoption de l'article modifié.

Article 15. - Adoption

Article additionnel après l'article 15

Amendement no 33 rectifié de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.

Article 16

Amendement no 34 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.

Article additionnel après l'article 16

Amendement no 419 rectifié ter de M. Jean-Pierre Vial. - MM. Jean-Pierre Vial, le rapporteur, le ministre. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.

Intitulé du chapitre III

Amendement no 334 de M. Jean-François Le Grand. - MM. Jean-François Le Grand, le rapporteur, le ministre. - Adoption de l'amendement modifiant l'intitulé.

Article additionnel avant l'article 17

Amendement no 335 de M. Jean-François Le Grand. - MM. Jean-François Le Grand, le rapporteur, le ministre. - Retrait.

Article 17

M. Paul Raoult.

Amendement no 436 de Mme Evelyne Didier. - Mme Evelyne Didier, MM. le rapporteur, le ministre. - Retrait.

Amendement no 437 de Mme Evelyne Didier. - MM. Gérard Le Cam, le rapporteur, le ministre. - Retrait.

Adoption de l'article.

Article 18. - Adoption

Articles additionnels après l'article 18

Amendement no 556 de M. Jean Desessard. - MM. Jean Desessard, le rapporteur, le ministre, Claude Biwer, Paul Raoult, Gérard Delfau, Charles Revet, Gérard Le Cam, Alain Vasselle, Pierre-Yves Collombat, Claude Bertaud. - Rejet.

Amendement no 557 de M. Jean Desessard. - MM. Jean Desessard, le rapporteur, le ministre, Mme Nicole Bricq, M. Gérard Delfau. - Retrait.

Suspension et reprise de la séance

PRÉSIDENCE DE M. Christian Poncelet

3. Questions d'actualité au Gouvernement

M. le président.

refus des conseils régionaux de signer le transfert des personnels tos

MM. Henri Revol, François Fillon, ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche.

crise dans les services d'urgence

MM. Pierre-Yves Collombat, Xavier Bertrand, secrétaire d'Etat à l'assurance maladie.

chiffres de l'assurance maladie

MM. Claude Biwer, Xavier Bertrand, secrétaire d'Etat à l'assurance maladie.

grève dans les services d'urgence

MM. Roland Muzeau, Xavier Bertrand, secrétaire d'Etat à l'assurance maladie.

exonération de charges sociales pour l'emploi des apprentis

MM. Nicolas Alfonsi, Laurent Hénart, secrétaire d'Etat à l'insertion professionnelle des jeunes.

reprise des cours dans les établissements scolaires après les grèves

MM. Jean-Luc Miraux, François Fillon, ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche.

suppression de l'aide médicale de l'etat (ame)

Mme Dominique Voynet, M. Xavier Bertrand, secrétaire d'Etat à l'assurance maladie.

sécheresse de l'été 2003

Mme Janine Rozier, M. Dominique de Villepin, ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés locales.

politique de défense

MM. Didier Boulaud, Jean-Pierre Raffarin, Premier ministre.

engorgement des juridictions administratives

MM. Pierre Hérisson, Dominique Perben, garde des sceaux, ministre de la justice.

M. le président.

Suspension et reprise de la séance

PRÉSIDENCE DE M. Adrien Gouteyron

4. Rappel au règlement

Mme Nicole Borvo Cohen-Seat, M. le président.

5. Conférence des présidents

6. Dépôt d'un rapport du Gouvernement

7. Eau et milieux aquatiques. - Suite de la discussion d'un projet de loi

Article 19

Amendement no 342 de M. Daniel Soulage. - MM. Daniel Soulage, Bruno Sido, rapporteur de la commission des affaires économiques ; Serge Lepeltier, ministre de l'écologie et du développement durable ; Mme Nicole Bricq, MM. Jean-Paul Emorine, président de la commission des affaires économiques ; Alain Vasselle. - Adoption.

Adoption de l'article modifié.

Articles additionnels après l'article 19

Amendements nos 35 de la commission et 435 rectifié de Mme Evelyne Didier. - M. le rapporteur, Mme Evelyne Didier, M. le ministre. - Retrait de l'amendement no 435 rectifié ; adoption de l'amendement no 35 insérant un article additionnel.

Article 20

Amendements nos 36 rectifié bis de la commission, 262, 263 de M. Charles Revet, 343 de M. Daniel Soulage et 305 rectifié de M. Alain Vasselle. - MM. le rapporteur, Charles Revet, Daniel Soulage, Alain Vasselle, le ministre. - Retrait de l'amendement no 263 ; adoption de l'amendement no 36 rectifié bis rédigeant l'article, les autres amendements devenant sans objet.

Articles additionnels après l'article 20

Amendement no 264 de M. Charles Revet. - MM. Charles Revet, le rapporteur, le ministre. - Retrait.

Amendement no 336 rectifié de M. Jean-François Le Grand, repris par la commission. - MM. le président de la commission, le ministre. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.

Amendements nos 513 rectifié à 515 rectifié de M. Gérard Delfau. - MM. Gérard Delfau, le rapporteur, le ministre, Pierre-Yves Collombat. - Retrait des trois amendements.

Article 21

Amendements nos 386 rectifié de M. Pierre Hérisson, 559 de M. Paul Raoult, 37 de la commission, 154 rectifié de Mme Fabienne Keller, rapporteur pour avis, repris par la commission, 424 de M. Alain Vasselle, 560 de M. François Marc, 38 de la commission et sous-amendement no 660 du Gouvernement ; amendement no 155 rectifié de Mme Fabienne Keller, rapporteur pour avis, repris par la commission, et sous-amendement no 661 du Gouvernement ; amendement no 156 rectifié de Mme Fabienne Keller, rapporteur pour avis, repris par la commission ; amendements identiques nos 186 de Mme Jacqueline Gourault et 558 de M. Paul Raoult ; amendements nos 352 rectifié de M. Michel Doublet, 393 rectifié de M. Pierre Hérisson, 214 rectifié de M. Christian Cambon, 39 de la commission ; amendements identiques nos 195 de Mme Jacqueline Gourault et 387 rectifié de M. Pierre Hérisson. - M. Laurent Béteille, Mme Nicole Bricq, MM. le rapporteur, Alain Vasselle, François Marc, le ministre, Mme Françoise Férat, M. Pierre-Yves Collombat, Claude Bertaud, Christian Cambon. - Retrait des amendements nos 386 rectifié, 393 rectifié, 214 rectifié, 195 et 387 rectifié ; rejet des amendements nos 559, 424, 560, 186, 558 et 352 rectifié ; adoption des amendements nos 37, 154 rectifié, du sous-amendement no 660, et des amendements nos 38 modifié, 156 rectifié et 39, le sous-amendement no 661 et l'amendement no 155 rectifié devenant sans objet.

Adoption de l'article modifié.

Articles additionnels après l'article 21

Amendement no 425 de M. Alain Vasselle. - MM. Alain Vasselle, le rapporteur, le ministre. - Rejet.

Amendement no 563 de M. Paul Raoult. - MM. François Marc, le rapporteur, le ministre. - Rejet.

Article 22

Amendement no 562 de M. Paul Raoult ; amendements identiques nos 40 de la commission et 126 de M. Pierre Jarlier, rapporteur pour avis. - MM. Pierre-Yves Collombat, le rapporteur, Pierre Jarlier, rapporteur pour avis de la commission des lois ; le ministre. - Rejet de l'amendement no 562 ; adoption des amendements nos 40 et 126.

Amendements nos 232 de M. Claude Bertaud et 645 de M. Paul Raoult. - M. Claude Bertaud, Mme Nicole Bricq, MM. le rapporteur, le ministre. - Retrait de l'amendement no 232 ; rejet de l'amendement no 645.

Amendements nos 233 de M. Claude Bertaud et 647 de M. Paul Raoult. - M. Claude Bertaud, Mme Nicole Bricq, MM. le rapporteur, le ministre. - Rejet des deux amendements.

Amendements nos 227 rectifié de Mme Esther Sittler, 561 de M. Paul Raoult, 44 de la commission et sous-amendements nos 212 rectifié de M. Daniel Dubois et 353 rectifié bis de M. Michel Doublet ; amendements nos 127 rectifié de M. Pierre Jarlier, rapporteur pour avis, et 267 rectifié de M. Charles Revet. - Mmes Esther Sittler, Nicole Bricq, MM. le rapporteur, Daniel Soulage, Claude Bertaud, Pierre Jarlier, rapporteur pour avis, Charles Revet, le ministre. - Retrait des amendements nos 44, 227 rectifié, 561, les sous-amendements devenant sans objet ; adoption de l'amendement no 127 rectifié, l'amendement no 267 rectifié devenant sans objet.

Amendement no 266 de M. Charles Revet. - MM. Charles Revet, le rapporteur, le ministre, Claude Bertaud, Alain Vasselle, Pierre-Yves Collombat, Mme Evelyne Didier. - Rejet.

Amendements nos 265 de M. Charles Revet, 646 de M. Paul Raoult, 239 de M. Claude Bertaud ; amendements identiques nos 190 rectifié de Mme Jacqueline Gourault et 384 rectifié de M. Pierre Hérisson ; amendements nos 41 à 43 de la commission et 240 de M. Claude Bertaud. - M. Charles Revet, Mme Nicole Bricq, M. Claude Bertaud, Mme Françoise Férat, MM. Pierre Hérisson, le rapporteur, le ministre. - Adoption de l'amendement no 265, les autres amendements devenant sans objet.

Amendement no 223 rectifié de Mme Esther Sittler. - Mme Esther Sittler, MM. le rapporteur, le ministre. - Retrait.

Adoption de l'article modifié.

Articles additionnels après l'article 22

Amendement no 564 de M. Jean Desessard. - MM. François Marc, le rapporteur, le ministre. - Rejet.

Suspension et reprise de la séance

Amendement no 268 rectifié de M. Charles Revet. - MM. Charles Revet, le rapporteur, le ministre, Alain Vasselle. - Retrait

Article 23

Amendements identiques nos 175 de Mme Fabienne Keller, rapporteur pour avis, 269 rectifié de M. Charles Revet et 499 de Mme Evelyne Didier ; amendements nos 45, 46 de la commission et 565 de M. Paul Raoult. - Mme Fabienne Keller, rapporteur pour avis de la commission des finances ; M. Charles Revet, Mme Evelyne Didier, MM. le rapporteur, Claude Domeizel, le ministre, Alain Vasselle, Gérard Delfau. - Retrait des amendements nos 175, 269 rectifié, 499 et 565 ; adoption des amendements nos 45 et 46.

Adoption de l'article modifié.

Intitulé du chapitre II

Amendement no 47 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption de l'amendement rédigeant l'intitulé de la division.

Articles additionnels avant l'article 24

Amendement no 261 rectifié de M. Bernard Murat. - MM. Alain Vasselle, le rapporteur, le ministre, Claude Biwer. - Retrait.

Amendement no 349 de M. Jackie Pierre. - Mme Esther Sittler, MM. le rapporteur, le ministre. - Retrait.

Amendement no 350 de M. Jackie Pierre. - Mme Esther Sittler, MM. le rapporteur, le ministre. - Retrait.

Article 24. - Adoption

Articles additionnels après l'article 24

Amendements nos 234 de M. Claude Bertaud et 566 de M. Paul Raoult. - MM. Claude Bertaud, Claude Domeizel, le rapporteur, le ministre, Paul Raoult, Mme Esther Sittler, MM. Thierry Repentin, Charles Revet. - Adoption de l'amendement no 234 insérant un article additionnel, l'amendement no 566 devenant sans objet.

Amendements nos 235 de M. Claude Bertaud et 567 de M. Paul Raoult. - MM. Claude Bertaud, Paul Raoult, le rapporteur, le ministre, Gérard Delfau. - Adoption de l'amendement no 235 insérant un article additionnel, l'amendement no 567 devenant sans objet.

Amendement no 443 de Mme Evelyne Didier. - Mme Evelyne Didier, MM. le rapporteur, le ministre. - Rejet.

Article 25

Amendements identiques nos 48 de la commission et 128 de M. Pierre Jarlier, rapporteur pour avis. - MM. le rapporteur, Pierre Jarlier, rapporteur pour avis de la commission des lois ; le ministre. - Adoption des deux amendements.

Amendements identiques nos 49 de la commission et 129 de M. Pierre Jarlier, rapporteur pour avis. - MM. le rapporteur, le rapporteur pour avis, le ministre, Alain Vasselle. - Adoption des deux amendements.

Amendement n° 568 de M. Paul Raoult - MM. Paul Raoult, le rapporteur, le ministre. - Adoption.

Adoption de l'article modifié.

Articles additionnels après l'article 25

Amendement no 272 rectifié bis de M. Charles Revet. - MM. Charles Revet, le rapporteur, le ministre, Alain Vasselle - Retrait.

Amendements nos 271 rectifié de M. Charles Revet .et 348 rectifié bis de M. Daniel Soulage. - MM. Charles Revet, Daniel Soulage, le rapporteur, le ministre - Retrait des deux amendements.

Amendement no 569 de M. Paul Raoult. - MM. Paul Raoult, le rapporteur, le ministre, Pierre-Yves Collombat. - Rejet.

Article 26

Amendements nos 218 rectifié de M. Christian Cambon et 377 rectifié de M. Gérard Delfau. - MM. Christian Cambon, Gérard Delfau, le rapporteur, le ministre. - Adoption de l'amendement no 218 rectifié, l'amendement no 377 rectifié devenant sans objet.

Amendements nos 274 de M. Charles Revet, 224 rectifié de Mme Esther Sittler, 50, 51 de la commission, 570 rectifié de M. Paul Raoult, 493 de Mme Evelyne Didier et sous-amendement no 683 de Mme Josette Durrieu ; amendement no 276 de M. Charles Revet. - M. Charles Revet, Mme Esther Sittler, MM. le rapporteur, Paul Raoult, Mme Evelyne Didier, MM. Pierre-Yves Collombat, le ministre. - Retrait des amendements nos 274, 276 et 224 rectifié.

Reprise de l'amendement no 224 rectifié bis par M. Thierry Repentin. - M. Thierry Repentin. - Rejet des amendements nos 224 rectifié bis, 570 rectifié, du sous-amendement no 683 ; retrait de l'amendement no 493 ; adoption des amendements nos 50 et 51.

Amendement no 275 rectifié bis de M. Charles Revet. - MM. Charles Revet, le rapporteur, le ministre, Pierre Jarlier, rapporteur pour avis ; Paul Raoult, Gérard Delfau, Gérard César, René Beaumont - Adoption.

Amendement no 378 rectifié de M. Gérard Delfau. - MM. Gérard Delfau, le rapporteur, le ministre. - Retrait.

Amendement no 279 de M. Charles Revet. - MM. Charles Revet, le rapporteur, le ministre. - Retrait.

Amendements nos 219 rectifié de M. Christian Cambon, 52 de la commission et sous-amendement no 662 du Gouvernement; amendement no 130 de M. Pierre Jarlier, rapporteur pour avis. - MM. Christian Cambon, le rapporteur, le ministre, le rapporteur pour avis, René Beaumont. - Retrait de l'amendement no 219 rectifié ; adoption du sous-amendement no 662 et de l'amendement no 52 modifié, l'amendement no 130 devenant sans objet.

Renvoi de la suite de la discussion.

8. Transmission de projets de loi

9. Transmission d'une proposition de loi

10. Texte soumis au Sénat en application de l'article 88-4 de la Constitution

11. Ordre du jour

compte rendu intégral

PRÉSIDENCE DE Mme Michèle André

vice-présidente

Mme la présidente. La séance est ouverte.

(La séance est ouverte à neuf heures quarante-cinq.)

1

PROCÈS-VERBAL

Mme la présidente. Le compte rendu analytique de la précédente séance a été distribué.

Il n'y a pas d'observation ?...

Le procès-verbal est adopté sous les réserves d'usage.

2

Eau et milieux aquatiques

Suite de la discussion d'un projet de loi

Mme la présidente. L'ordre du jour appelle la discussion du projet de loi sur l'eau et les milieux aquatiques (nos 240, 271, 273, 272).

Dans la discussion des articles, nous en sommes parvenus à l'article 8.

Art. additionnel après l'art. 7 (interruption de la discussion)
Dossier législatif : projet de loi sur l'eau et les milieux aquatiques
Art. 9

Article 8

I. - L'article L. 432-3 du code de l'environnement est remplacé par les dispositions suivantes :

« Art. L. 432-3. - Le fait de détruire les frayères, les zones de croissance ou les zones d'alimentation ou de réserves de nourriture de la faune piscicole est puni de 50 000 € d'amende, à moins qu'il ne résulte d'une opération autorisée et ait été prévu par l'acte d'autorisation.

 « Le tribunal peut, en outre, ordonner la publication d'un extrait du jugement aux frais de l'auteur de l'infraction dans deux journaux qu'il désigne. »

II. - L'article L. 432-4 du même code est complété par un alinéa ainsi rédigé :

« Le tribunal peut également ordonner des mesures destinées à rétablir le milieu aquatique dans son état antérieur ou à créer un milieu équivalent. »

Mme la présidente. La parole est à M. le rapporteur.

M. Bruno Sido, rapporteur de la commission des affaires économiques et du Plan. Madame la présidente, la commission souhaiterait que, en application du sixième alinéa de l'article 44, son amendement n° 674 rectifié, qui viendra en discussion commune avec six autres amendements, soit examiné en priorité, c'est-à-dire avant les amendements nos 295 rectifié et 302 rectifié.

En effet, notre commission a adopté, pour clarifier le débat sur cet important article, un amendement permettant d'opérer une synthèse de l'ensemble des amendements extérieurs déposés sur ce même article.

Mme la présidente. Quel est l'avis du Gouvernement sur cette demande de priorité ?

M. Serge Lepeltier, ministre de l'écologie et du développement durable. Le Gouvernement y est favorable.

Mme la présidente. La priorité est ordonnée.

L'amendement n° 324, présenté par MM. Revol et  Le Grand, est ainsi libellé :

Avant le premier alinéa de cet article, insérer un paragraphe ainsi rédigé :

I. - L'article L. 432-2 du code de l'environnement est complété par un alinéa ainsi rédigé :

« Lorsque l'opération à l'origine du fait est autorisée, les dispositions de l'alinéa précédent ne s'appliquent que si les prescriptions de l'acte d'autorisation ne sont pas respectées. »

La parole est à M. Henri Revol.

M. Henri Revol. L'article L. 432-2 du code de l'environnement sanctionne certains actes de jet, déversement ou écoulement dans l'eau de substances nocives pour les poissons. Cet article ne prévoit pas actuellement de fait justificatif lorsqu'un aménageur ou un exploitant intervient en application d'une autorisation et qu'il en respecte les prescriptions.

L'ajout proposé vise à uniformiser les règles applicables aux exploitants d'ouvrages hydrauliques en matière pénale.

En effet, les dispositions de l'article L. 432-2 seront harmonisées avec celles de l'article L. 216-6 du même code, qui prévoit un tel fait justificatif en cas de dommages causés à l'homme ou aux espèces animales et végétales par des jets, déversements et écoulements dans les eaux.

Mme la présidente. Quel est l'avis de la commission ?

M. Bruno Sido, rapporteur. Une telle harmonisation paraît utile, et la commission a émis un avis favorable.

Mme la présidente. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Serge Lepeltier, ministre. Si cet amendement était adopté, il risquerait de créer une rupture d'égalité devant les charges publiques au détriment des opérateurs seulement soumis à une obligation de déclaration. En effet, ne sont ici concernés que ceux qui sont soumis à autorisation.

C'est la raison pour laquelle j'émets un avis défavorable.

Mme la présidente. Monsieur Revol, l'amendement n°  324 est-il maintenu ?

M. Henri Revol. Compte tenu des objections soulevées par M. le ministre, je le retire, madame la présidente.

Mme la présidente. L'amendement n° 324 est retiré.

Je suis saisie de sept amendements faisant l'objet d'une discussion commune.

Je rappelle que l'amendement n° 674 rectifié est appelé en priorité.

L'amendement n° 674 rectifié, présenté par M. Sido, au nom de la commission des affaires économiques, est ainsi libellé :

Rédiger ainsi le premier alinéa du texte proposé par le I de cet article pour l'article L. 432-3 du code de l'environnement :

« Le fait de détruire les frayères, les zones de croissance ou les zones d'alimentation ou de réserve de nourriture de la faune piscicole est puni de 20 000 euros d'amende, à moins qu'il ne résulte d'une autorisation dont les prescriptions ont été respectées.

« Les critères de définition des frayères et des zones mentionnées à l'alinéa précédent sont fixés par décret en Conseil d'Etat.

« L'autorité administrative compétente identifie localement les principales frayères et zones de croissance, d'alimentation et de réserve de nourriture de la faune piscicole. »

La parole est à M. le rapporteur.

M. Bruno Sido, rapporteur. De nombreux collègues ont déposé des amendements sur cet article 8, qui concerne les sanctions applicables en cas de destruction de frayères ou de zones de croissance ou d'alimentation. Pour simplifier et canaliser le débat, la commission a souhaité, je l'ai dit, présenter un amendement opérant une synthèse entre ces différentes propositions.

Certains de nos collègues, et je rejoins leur point de vue, ont estimé que l'article 8 allait trop loin et serait de nature à accroître le nombre de procès-verbaux délivrés sur son fondement. Il convient en effet de noter qu'aujourd'hui les gardes-pêche s'appuient quasiment exclusivement sur l'actuel article L. 432-3 pour verbaliser ce qu'ils considèrent comme une infraction à la gestion des milieux aquatiques. Or il est parfois difficile de distinguer ce qui est autorisé de ce qui ne l'est pas, précisément en raison du manque de clarté des règles en vigueur. Bon nombre de nos concitoyens sont donc verbalisés alors qu'ils pensaient réaliser de bonne foi des travaux ou des interventions autorisés.

Il me semble indispensable que nous disposions en la matière, comme c'est le cas pour la police de la route, de règles claires, compréhensibles, applicables et qui ne laissent pas un champ d'interprétation aussi vaste aux gardes-pêche. Ces derniers doivent assurer le respect des règles fixées par l'Etat et le Parlement, et non pas les interpréter selon leur bon vouloir.

Le présent amendement prévoit ainsi que les critères de définition des frayères, des zones de croissance ou des zones d'alimentation sont fixés par décret en Conseil d'Etat, afin que puisse être identifié avec précision ce que la réglementation vise à protéger et pour éviter une multiplication des contentieux.

Comme l'ont précisé plusieurs auteurs d'amendement, ces nouvelles notions de zones de croissance ou d'alimentation n'étaient pas bien définies. Toutefois, contrairement à certains collègues, j'estime souhaitable de maintenir les références aux zones de croissance, car la protection des frayères peut s'avérer insuffisante pour favoriser le développement de la vie aquatique.

Il reviendra à l'autorité administrative compétente, dans la pratique le préfet coordinateur de bassin ou le préfet de région, d'identifier dans une cartographie les principales frayères et zones de croissance ou d'alimentation.

Par ailleurs, notre amendement ramène à 20 000 euros la sanction encourue en cas de destruction. En effet, plusieurs de nos collègues ont fait valoir que le montant de 50 000 euros était excessif.

Enfin, la commission propose que ces sanctions ne soient pas applicables si les destructions résultent d'une opération autorisée dont les prescriptions ont été respectées.

Evidemment, cet amendement ne satisfera pas ceux de nos collègues qui souhaitaient alourdir les sanctions encourues en cas de destruction de frayères, mais il ne m'a pas semblé qu'ils soient majoritaires.

Mme la présidente. L'amendement n° 295 rectifié, présenté par MM. Soulage,  Deneux et les membres du groupe Union centriste - UDF, est ainsi libellé :

Rédiger comme suit le texte proposé par le I de cet article pour  l'article L. 432-3 du code de l'environnement :

« Art. L. 432-3 - Lorsqu'ils sont de nature à détruire les frayères, l'installation ou l'aménagement d'ouvrages, ainsi que l'exécution de travaux dans le lit d'un cours d'eau sont soumis à autorisation. Le défaut d'autorisation est puni de 18 000 euros d'amende.

« L'autorisation délivrée en application du présent article fixe des mesures compensatoires visant à remettre en état le milieu naturel aquatique. »

La parole est à M. Daniel Soulage.

M. Daniel Soulage. L'article L. 432-3, dans la rédaction proposée par le projet de loi, qualifie de délit la destruction de frayères, de zones de croissance ou de zones d'alimentation ou de réserves de nourriture du poisson. Cela conduit à « sanctuariser » l'ensemble des cours d'eau et permet de sanctionner n'importe quelle action sur les cours d'eau qui ne serait pas explicitement autorisée par l'administration.

De plus, le montant de l'amende, 50 000 euros, paraissant démesuré, nous proposons d'en rester au montant actuel de 18 000 euros.

La loi doit privilégier la prévention et la pédagogie plutôt que la répression systématique. C'est pourquoi nous proposons de retirer la référence aux zones d'alimentation ou de réserves de nourriture qui ne sont pas localisées.

J'ai bien écouté les propos du rapporteur, et je dois dire que la nouvelle rédaction qu'il propose apporte incontestablement une amélioration. Toutefois, je reste persuadé qu'il sera difficile de localiser toutes ces zones de croissance et d'alimentation. Or leur identification précise est indispensable si l'on veut éviter que les gardes-pêche n'interprètent les textes un peu trop à leur guise et ne se montrent, en fin de compte, d'une excessive sévérité.

Compte tenu des observations qui ont été formulées par M. le rapporteur, je suis prêt à retirer mon amendement, mais je tiens à faire cette mise en garde : le décret qui sera pris en Conseil d'Etat devra être suffisamment précis pour empêcher la multiplication des litiges.

Mme la présidente. L'amendement n° 302 rectifié, présenté par MM. Vasselle,  César,  Texier et  Mortemousque, est ainsi libellé :

Rédiger ainsi le premier alinéa du texte proposé par le I de cet article pour l'article L. 432-3 du code de l'environnement :

Lorsqu'ils sont de nature à détruire les frayères, l'installation ou l'aménagement d'ouvrages, ainsi que l'exécution de travaux dans le lit d'un cours d'eau sont soumis à autorisation. Le défaut d'autorisation est puni de 18 000 euros d'amende. L'autorisation délivrée en application du présent article fixe des mesures compensatoires visant à remettre en état le milieu naturel aquatique.

La parole est à M. Alain Vasselle.

M. Alain Vasselle. Cet amendement a exactement le même objet que celui qui vient d'être défendu par M. Soulage ; je serai donc bref.

Je souhaite d'abord faire remarquer au rapporteur et, par la même occasion, au ministre que, dans notre amendement, nous avons prévu des mesures compensatoires visant à remettre en état le milieu naturel aquatique. Or, dans l'amendement n° 674 rectifié, monsieur le rapporteur, vous ne faites aucunement référence à de telles mesures. Vous avez sûrement de bonnes raisons d'occulter ce point, mais j'aimerais les connaître.

Par ailleurs, vous prévoyez une amende de 20 000 euros, montant qui constitue un compromis entre les différentes propositions, mais vous précisez que la sanction n'est pas applicable si la destruction « résulte d'une autorisation dont les prescriptions ont été respectées ».

Je souhaiterais donc que le ministre nous rassure quant aux prescriptions qui guideront la réalisation des ouvrages. En effet, il ne faudrait pas donner le sentiment aux pêcheurs et, d'une manière générale, à nos concitoyens que, lorsque c'est l'Etat ou une collectivité qui réalise des travaux, il ou elle peut se permettre de détruire les frayères sur le lit d'un cours d'eau, mais que, lorsque c'est un particulier, celui-ci peut être sanctionné assez lourdement. Il s'agit de trouver la bonne mesure. Il conviendrait que l'Etat ou la collectivité concernée ait à faire valoir l'intérêt général de l'ouvrage, qui l'emporterait sur la nécessité de protéger les frayères et les zones ici visées.

Sous réserve des explications qui me seront données, je retirerai mon amendement.

Mme la présidente. L'amendement n° 366 rectifié, présenté par MM. Poniatowski,  Beaumont,  Carle,  César,  Doublet,  Ginoux,  Mortemousque et  Trucy, est ainsi libellé :

Remplacer le premier alinéa du texte proposé par le I de cet article pour l'article L. 432-3 du code de l'environnement par deux alinéas ainsi rédigés :

« Lorsqu'ils sont de nature à détruire les frayères, les zones de croissance ou les zones d'alimentation ou de réserves de nourriture de la faune piscicole, l'installation ou l'aménagement d'ouvrages, ainsi que l'exécution de travaux dans le lit d'un cours d'eau sont soumis à autorisation. Le défaut d'autorisation est puni de 50 000 euros d'amende.

« L'autorisation délivrée en application du présent article fixe des mesures compensatoires visant à remettre en état le milieu naturel aquatique.

La parole est à M. Ladislas Poniatowski.

M. Ladislas Poniatowski. Je vais probablement me rallier à l'amendement présenté par le rapporteur, mais je tiens à défendre le mien

Ainsi que je l'ai dit dans la discussion générale, l'article L. 432-3 s'est révélé être un outil précieux en termes de prévention d'atteintes au milieu aquatique et aux peuplements piscicoles.

En effet, cet article vise à organiser, au titre de la législation pêche, un système d'autorisation simplifié qui se caractérise par la célérité et la souplesse dans l'instruction. Surtout, cette procédure est non coûteuse, car elle n'exige pas d'étude d'impact.

Cet outil important étant remis en cause par le projet d'ordonnance de simplification du droit, les pêcheurs sont très inquiets quant à la nouvelle nomenclature.

Je rappelle que, dans son rapport du 2 juillet 2003 consacré au curage d'entretien des cours d'eau, Vieux fonds, vieux bords, l'Inspection générale de l'environnement soutient qu'« il est nécessaire de rappeler que cet article constitue le dernier rempart à la disposition des services dès lors qu'on se trouve hors du champ de la nomenclature ».

C'est la raison pour laquelle les pêcheurs souhaitent que ce système soit conservé.

Mon amendement est encore plus sévère que ceux de M. Soulage et de M. Vasselle, puisqu'il vise à instaurer une amende plus forte, mais leur rédaction beaucoup plus stricte et claire me plaît davantage. Je ne vais donc pas prolonger le débat et je le retire, avant même d'entendre l'avis du Gouvernement.

L'amendement de M. le rapporteur va dans le bon sens. Si, monsieur le ministre, vous y êtes favorable, nous serons en partie satisfaits, même si, de mon point de vue comme de celui des pêcheurs, il n'est pas tout à fait assez sévère.

Mme la présidente. L'amendement n° 366 rectifié est retiré.

L'amendement n° 351 rectifié bis, présenté par MM. Doublet,  Bailly,  Belot,  Branger,  César,  Dulait,  Grignon et  Bertaud, Mme Sittler, MM. Le Grand,  Girod et  Cambon, est ainsi libellé :

Dans le premier alinéa du texte proposé par le I de cet article pour l'article L. 432-3 du code de l'environnement, après les mots :

faune piscicole

insérer les mots :

, répertoriées dans les schémas départementaux de vocation piscicole,

La parole est à M. Gérard César.

M. Gérard César. Cet amendement vise à clarifier les bonnes pratiques d'entretien à la charge des propriétaires riverains et le contrôle réglementaire qui doit en être fait dans un souci d'efficacité de la protection des espèces et de leurs habitats inféodés à l'ensemble des cours d'eau du territoire national.

Il est important - j'ai bien écouté notre excellent rapporteur - que ce répertoire soit très précis, de façon que la place de la faune dans ces schémas départementaux de vocation piscicole soit définie exactement.

Je suis prêt également si les explications de M. le rapporteur et de M. le ministre me donnent satisfaction, à retirer mon amendement, qui, je tiens à le préciser, est différent de ceux qui viennent d'être présentés, puisqu'il ne prévoit aucune amende. Je préfère la prévention à la répression.

Mme la présidente. L'amendement n° 550, présenté par MM. Cazeau et  Raoult, Mme Alquier, MM. Madrelle,  Miquel,  Vézinhet et  Desessard, est ainsi libellé :

Après les mots :

50 000 € d'amende

supprimer la fin du premier alinéa du texte proposé par le I de cet article pour l'article L. 432-3 du code de l'environnement.

La parole est à M. Paul Raoult.

M. Paul Raoult. Compte tenu des explications données par M. le rapporteur tout à l'heure, je retire mon amendement.

Mme la présidente. L'amendement n° 550 est retiré.

L'amendement n° 325, présenté par MM. Revol et  Le Grand, est ainsi libellé :

Après les mots :

d'une opération autorisée

rédiger comme suit la fin du premier alinéa du texte proposé par le I de cet article pour l'article L. 432-3 du code de l'environnement :

dont les prescriptions ont été respectées.  

La parole est à M. Jean-François Le Grand.

M. Jean-François Le Grand. Comme l'a fait observer notre collègue M. Raoult, nous pourrions peut-être nous dispenser d'écrire certaines choses dans la loi, mais ce qui va sans dire va mieux en le disant ! Ainsi seront évités nombre de conflits ou de recours en justice.

C'est la raison pour laquelle, malgré le caractère pléonastique de l'ajout que nous proposons, je souhaite que cet amendement soit adopté.

Mme la présidente. Quel est l'avis de la commission ?

M. Bruno Sido, rapporteur. Je remercie mes collègues MM. Le Grand, Soulage, Vasselle, Poniatowski et César de l'attention avec laquelle ils ont écouté l'exposé qu'a fait la commission de cette nouvelle rédaction de l'article 8 mentionnant des décrets d'application.

Je me tourne vers M. le ministre pour lui dire de ne pas oublier les compensations, notamment en cas de dégâts.

Je tiens à préciser également que, si les prescriptions données par l'administration pour faire des travaux dans les rivières sont parfaitement respectées, celui qui a réalisé les travaux n'encourt pas de sanctions.

Par conséquent, avec son amendement n° 295 rectifié, M. Soulage a satisfaction. Je le remercie d'avoir annoncé qu'il était prêt à le retirer.

L'amendement n° 302 rectifié de M. Vasselle est également satisfait, puisque les mesures qu'il préconise figureront dans les décrets. Encore faut-il qu'ils soient suivis d'effets ! C'est tout le problème

Je remercie M. Poniatowski d'avoir retiré son amendement n° 366 rectifié.

Monsieur César, toutes les zones contenant soit les frayères, soit les zones de croissance seront bien indiquées dans la cartographie. Les préfets auront là un travail intéressant à réaliser. Votre amendement n° 351 rectifié bis étant satisfait, je vous demanderai de bien vouloir le retirer.

Je remercie également M. Raoult d'avoir retiré son amendement n° 550.

Enfin, l'amendement n° 325 étant lui aussi satisfait, je souhaiterais que son auteur le retire.

Mme la présidente. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Serge Lepeltier, ministre. En ce qui concerne l'amendement n° 674 rectifié de la commission, les conditions dans lesquelles les zones de frayères seront définies sont bien précisées. Il paraît effectivement important que les citoyens aient connaissance de ce qu'est une zone de frayères ou d'alimentation des poissons.

A cette fin de clarification, je suis donc favorable à ce que les préfets, à travers les SDAGE ou les SAGE, identifient les zones de frayères principales.

J'envisage de définir par décret, dans la nomenclature « eau », les types de travaux susceptibles de détruire les frayères. Ce décret contiendra, bien sûr, les prescriptions, dont les mesures compensatoires, et je veillerai à ce qu'elles soient très clairement définies : la ligne de la nomenclature qui sera créée précisera avec exactitude ce que sont les « travaux susceptibles de détruire des frayères » et les critères d'appréciation, ce qui va tout à fait dans le sens souhaité par M. le rapporteur. C'est la raison pour laquelle je suis favorable à son amendement, qui apporte une clarification souhaitable.

Je suis défavorable à l'amendement n° 295 rectifié, repris en partie par l'amendement de la commission, ainsi qu'aux amendements nos 302 rectifié et 351 rectifié bis.

Je n'ai pas noté si l'amendement n° 325 était d'ores et déjà retiré.

M. Jean-François Le Grand. Il deviendra sans objet si l'amendement de la commission est adopté !

Mme la présidente. Je mets aux voix l'amendement n° 674 rectifié.

(L'amendement est adopté.)

Mme la présidente. En conséquence, les amendements nos 295 rectifié, 302 rectifié, 351 rectifié bis et 325 n'ont plus d'objet.

Je mets aux voix l'article 8, modifié.

(L'article 8 est adopté.)

Art. 8
Dossier législatif : projet de loi sur l'eau et les milieux aquatiques
Art. 10

Article 9

L'article L. 435-5 du code de l'environnement est remplacé par les dispositions suivantes :

« Art. L. 435-5. - Lorsque l'entretien d'un cours d'eau non domanial est financé pour sa plus grande part par des fonds publics, le droit de pêche du propriétaire riverain est exercé, hors les cours attenantes aux habitations et les jardins, gratuitement, pour une durée de cinq ans, par l'association de pêche et de protection du milieu aquatique agréée pour cette section de cours d'eau ou, à défaut, par la fédération départementale des associations agréées de pêche et de protection du milieu aquatique.

« Pendant la période d'exercice gratuit du droit de pêche, le propriétaire conserve le droit d'exercer la pêche pour lui-même, son conjoint, ses ascendants et ses descendants.

« Les modalités d'application du présent article sont définies par décret en Conseil d'État. »

Mme la présidente. L'amendement n° 26, présenté par M. Sido, au nom de la commission des affaires économiques, est ainsi libellé :

A - Au début de cet article, ajouter un paragraphe ainsi rédigé :

I. - Dans le deuxième alinéa (1°) du I de l'article L. 435-1 du code de l'environnement, les mots : « de l'Etat»  sont insérés après les mots : « Dans le domaine public ».

B - En conséquence, faire précéder le premier alinéa de cet article de la mention :

      II. -

La parole est à M. le rapporteur.

M. Bruno Sido, rapporteur. Cet amendement précise que le droit de pêche de l'Etat ne s'applique que sur le domaine public fluvial de l'Etat et non sur l'ensemble du domaine public fluvial défini à l'article 1er du code du domaine public fluvial.

Cette disposition est indispensable pour assurer la cohérence de l'article L. 435-1 du code de l'environnement avec la création, aux termes de l'article 56 de la loi de 2003 relative à la prévention des risques technologiques et naturels et à la réparation des dommages, d'un domaine public fluvial appartenant aux collectivités territoriales ou à leurs groupements.

De fait, sur le domaine des collectivités territoriales, le droit de pêche lié à la propriété ne peut pas appartenir à l'Etat.

Mme la présidente. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Serge Lepeltier, ministre. Le Gouvernement est favorable à cet amendement de cohérence avec la création d'un domaine public fluvial des collectivités territoriales par la loi précitée.

Mme la présidente. Je mets aux voix l'amendement n° 26.

(L'amendement est adopté.)

Mme la présidente. Je suis saisi de trois amendements faisant l'objet d'une discussion commune.

L'amendement n° 209, présenté par Mme Férat et les membres du groupe Union centriste - UDF, est ainsi libellé :

Dans le premier alinéa du texte proposé par cet article pour l'article L. 435-5 du code de l'environnement, remplacer les mots :

pour sa plus grande part

par le mot :

majoritairement

La parole est à M. Daniel Soulage.

M. Daniel Soulage. Cet amendement, de nature rédactionnelle, vise à préciser le champ d'application de l'article L. 435-5 du code de l'environnement, l'expression originelle « pour sa plus grande part » étant quelque peu imprécise et, donc, de nature à générer des actions contentieuses.

Mme la présidente. L'amendement n° 551, présenté par M. Raoult, Mme Bricq, M. Collombat, Mme Alquier, MM. Pastor,  Piras,  Lejeune et  Trémel, Mme Herviaux, MM. Cazeau,  Dauge et  Peyronnet, Mme Y. Boyer, MM. Repentin,  Marc,  Le Pensec,  Domeizel et  Roujas, Mme M. André, M. Guérini et les membres du groupe Socialiste, est ainsi libellé :

Dans le premier alinéa du texte proposé par cet article pour l'article L. 435-5 du code de l'environnement, remplacer les mots :

pour sa plus grande part

par les mots :

totalement ou partiellement

La parole est à M. Paul Raoult.

M. Paul Raoult. Cet amendement a exactement le même objet que le précédent. La rédaction que nous proposons peut apparaître comme étant plus précise que celle du Gouvernement.

Mme la présidente. L'amendement n° 482, présenté par Mme Didier, MM. Billout et  Coquelle, Mme Demessine, MM. Le Cam,  Vera et les membres du groupe Communiste Républicain et Citoyen, est ainsi libellé :

Dans le premier alinéa du texte proposé par cet article pour l'article L. 435-5 du code de l'environnement, remplacer les mots :

pour sa plus grande part

par les mots :

au moins pour partie

La parole est à Mme Evelyne Didier.

Mme Evelyne Didier. Cet amendement a pour objet de préciser à quelle hauteur l'entretien d'un cours d'eau non domanial est financé par des fonds publics.

En effet, selon les textes, le propriétaire riverain peut bénéficier de subventions sur des fonds publics pour financer l'entretien des cours d'eau non domaniaux dont il a la charge. En contrepartie, le droit de pêche est exercé gratuitement par une structure associative pour cinq ans, ce qui revient à dire que l'accès public des berges est autorisé.

En substance, une telle pratique existe d'ores et déjà dans de nombreux départements et les pêcheurs se sont montrés très attachés à ce système.

Il s'agit donc d'une mesure très positive, d'autant qu'elle peut encourager le rapprochement des membres des associations de pêche et des propriétaires riverains afin que tous oeuvrent à une meilleure préservation des milieux aquatiques. La meilleure solution est de réunir les unes et les autres, chaque fois qu'une mesure doit être prise. En effet, que les pêcheurs puissent donner leur avis éviterait bien des conflits.

Cependant, la rédaction retenue dans le projet de loi en ce qui concerne la part de financement par des fonds publics nous apparaît imprécise et nous proposons donc de retenir l'expression « au moins pour partie ».

Mme la présidente. Quel est l'avis de la commission ?

M. Bruno Sido, rapporteur. Je remercie notre excellent collègue M. Soulage d'avoir apporté, par l'amendement no 209, une précision tout à fait utile. Par conséquent, la commission émet un avis favorable.

La commission est défavorable à l'amendement n° 551, car elle souhaite limiter le partage du droit de pêche aux seules situations dans lesquelles les fonds publics sont majoritaires.

Elle n'est pas favorable non plus à l'amendement n° 482, puisque le projet de loi prévoit d'encadrer le partage du droit de pêche et de le limiter à une période de cinq ans uniquement quand les fonds publics pour la réalisation de l'entretien des cours d'eau sont majoritaires.

La commission étant satisfaite par ce dispositif, elle tient à ce que cette précision soit maintenue.

Mme Evelyne Didier. C'est dommage !

Mme la présidente. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Serge Lepeltier, ministre. Il est évident que l'amendement n° 209 apporte avec le mot « majoritairement » une précision utile. En revanche, dans les autres cas, on risquerait d'avoir une imprécision.

Comme M. le rapporteur, j'émets donc un avis favorable sur l'amendement n° 209 et un avis défavorable sur les amendements nos 551 et 482.

Mme la présidente. Je mets aux voix l'amendement n° 209.

(L'amendement est adopté.)

Mme la présidente. En conséquence, les amendements nos 551 et 482 n'ont plus d'objet.

Je mets aux voix l'article 9, modifié.

(L'article 9 est adopté.)

Art. 9
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Art. additionnel avant l'art. 11

Article 10

I. - L'article L. 436-9 du code de l'environnement est remplacé par les dispositions suivantes :

« Art. L. 436-9. - L'autorité administrative chargée de la pêche en eau douce peut autoriser en tout temps la capture, le transport ou la vente de poissons, à des fins sanitaires, scientifiques et écologiques, notamment pour en permettre le sauvetage, le dénombrement, la reproduction, favoriser le repeuplement et remédier aux déséquilibres biologiques. »

II. - L'article L. 432-11 est abrogé.

Mme la présidente. Je suis saisie de trois amendements faisant l'objet d'une discussion commune. Les deux premiers sont identiques.

L'amendement n° 258 rectifié est présenté par MM. Pelletier,  Collin,  Baylet,  Barbier et  Delfau.

L'amendement n° 552 est présenté par M. Raoult, Mme Bricq, M. Collombat, Mme Alquier, MM. Pastor,  Piras,  Lejeune et  Trémel, Mme Herviaux, MM. Cazeau,  Dauge et  Peyronnet, Mme Y. Boyer, MM. Repentin,  Marc,  Le Pensec,  Domeizel et  Roujas, Mme M. André, M. Guérini et les membres du groupe socialiste.

Ces deux amendements sont ainsi libellés :

Dans le texte proposé par le I de cet article pour l'article L. 436-9 du code de l'environnement, après les mots :

de la pêche en eau douce peut

insérer les mots :

, après consultation de la fédération départementale des associations agréées de pêche et de protection du milieu aquatique,

L'amendement n° 258 rectifié n'est pas défendu.

La parole est à M. Paul Raoult, pour présenter l'amendement n° 552.

M. Paul Raoult. La fédération départementale des associations agréées de pêche et de protection du milieu aquatique doit être consultée pour les missions spécifiques prévues par cet article.

Mme la présidente. L'amendement n° 478, présenté par Mme Didier, MM. Billout et  Coquelle, Mme Demessine, MM. Le Cam,  Vera et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, est ainsi libellé :

Dans le texte proposé par le I de cet article pour l'article L. 436-9 du code de l'environnement, après les mots :

peut

insérer les mots :

après consultations des fédérations départementales de pêche et de protection du milieu aquatique,

La parole est à Mme Evelyne Didier.

Mme Evelyne Didier. L'objet de cet amendement est similaire. Les opérations de capture, de transport ou de vente de poissons sont délicates. Si aucune précaution particulière n'est prise, des dégâts peuvent être occasionnés, j'ai déjà eu l'occasion de le dire.

Les associations de pêche connaissent bien le milieu aquatique et sont, de ce fait, des interlocuteurs incontournables. Nous souhaitons donc qu'elles soient systématiquement consultées.

Tel est l'objet de cet amendement.

Mme la présidente. Quel est l'avis de la commission ?

M. Bruno Sido, rapporteur. Ces deux amendements prévoient la consultation des fédérations départementales de pêche et de protection du milieu aquatique avant toute décision de gestion piscicole relative à la capture et au transport de poissons.

L'article 10 du projet de loi tend à élargir les prérogatives de l'Etat en matière de capture, de transport ou de vente de poissons à des fins sanitaires et scientifiques, actions qui n'étaient auparavant permises que pendant la période de fermeture de la pêche.

Dans la mesure où il s'agit d'une prérogative de l'autorité administrative, il n'y a pas lieu de prévoir la consultation des fédérations départementales de pêche, ce qui n'enlève rien à leurs compétences et à leur expertise.

La commission émet donc un avis défavorable sur ces deux amendements.

Mme la présidente. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Serge Lepeltier, ministre. Le Gouvernement est défavorable à ces deux amendements, qui relèvent du domaine réglementaire, car ils concernent des opérations de nature exceptionnelle.

Mme la présidente. La parole est à M. Pierre-Yves Collombat, pour explication de vote.

M. Pierre-Yves Collombat. Nous avons un peu de mal à comprendre les raisons pour lesquelles le renforcement de prérogatives réglementaires rend impossible la consultation des principaux intéressés, qui ont un véritable savoir en la matière !

Mme la présidente. Je mets aux voix l'amendement n° 552.

(L'amendement n'est pas adopté.)

Mme la présidente. Je mets aux voix l'amendement n° 478.

(L'amendement n'est pas adopté.)

Mme la présidente. Je mets aux voix l'article 10.

(L'article 10 est adopté.)

Art. 10
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Art. 11

Article additionnel avant l'article 11

Mme la présidente. L'amendement n° 359 rectifié, présenté par MM. Poniatowski,  Beaumont,  Carle,  César,  Doublet,  Ginoux,  Mortemousque,  Lecerf et  Trucy, est ainsi libellé :

Avant l'article 11, insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Le préjudice résultant de la prolifération d'animaux sauvages appartenant à des espèces protégées fait l'objet d'une indemnisation par l'État dès lors que, excédant les aléas relatifs à l'activité en cause, il revêt un caractère grave et spécial.

Un décret en Conseil d'Etat fixe les modalités d'application du présent article.

La parole est à M. Ladislas Poniatowski.

M. Ladislas Poniatowski. Les cormorans arrivent, mes chers collègues ! (Sourires.)

Je souhaite rappeler la nocivité des cormorans pour nos étangs.

M. Paul Raoult. Ah là là !

M. Ladislas Poniatowski. Ceux d'entre vous qui sont des élus ruraux ou qui côtoient les responsables d'étangs connaissent très bien ce problème.

Les cormorans sont des oiseaux qui vivent en communauté. Voici comment ils procèdent : ils arrivent d'abord par deux ou trois, pas plus, sur un étang.

M. Gérard César. En éclaireurs !

M. Ladislas Poniatowski. Absolument !

Ils viennent repérer pendant deux ou trois jours s'il y a ou non des poissons dans l'étang, puis ils s'en vont. Une semaine plus tard, ce sont des dizaines de cormorans qui débarquent et vident tout l'étang en quelques jours !

Le cormoran est un vrai prédateur. De plus en plus de propriétaires d'étangs, totalement découragés parce qu'ils n'obtiennent pas de l'administration l'autorisation de procéder à des prélèvements de cormorans, laissent leurs étangs à l'abandon.

Les pisciculteurs sont également frappés, ce qui est plus grave. Certes, ils ont plus de moyens, sont organisés en sociétés et installent des filets de protection. Mais cela coûte très cher !

Monsieur le ministre, une jurisprudence importante a été établie. Les uns et les autres se retournent vers l'Etat, arguant qu'ils avaient demandé au préfet de prendre des mesures, mais que rien n'a été fait. Maintenant qu'ils sont ruinés, ils demandent à l'Etat d'assumer ses responsabilités et de payer !

L'article additionnel que tend à insérer l'amendement n° 359 rectifié vise à donner force de loi à une jurisprudence récente du Conseil d'Etat établissant, dans certaines conditions, la responsabilité de l'Etat du fait des nuisances causées par les espèces animales protégées.

En effet, dans un arrêt du 30 juillet 2003, le Conseil d'Etat a admis la responsabilité de l'Etat, du fait de la loi du 10 juillet 1976 relative à la protection de la nature. Cet arrêt porte précisément sur les dégâts occasionnés par les cormorans aux pisciculteurs et aux étangs de pêche.

Le commentateur de l'arrêt précise : « Bénéficiant d'une protection absolue, ce grand consommateur de poissons a rapidement proliféré, causant des dommages considérables aux pisciculteurs : lorsque la pêche est aisée, comme c'est le cas dans les étangs ou les marais qui sont le siège d'activités piscicoles, un petit groupe de congénères est, en effet, capable d'épuiser en quelques jours une pisciculture de taille moyenne, privant par conséquent les exploitants de leurs ressources tirées de la commercialisation des poissons. »

Le Conseil d'Etat a donc conclu que le préjudice ainsi commis revêtait un caractère grave et spécial et devait, à ce titre, être indemnisé par l'Etat.

Or, que fait l'Etat aujourd'hui, mes chers collègues ? Il traîne des pieds ! Car, surtout quand c'est le Conseil d'Etat qui le lui demande, l'Etat sait qu'il lui faudra, à un moment ou à un autre, passer à la caisse !

Je vous demande, mes chers collègues, de bien vouloir adopter cet amendement, grâce auquel, monsieur le ministre, je souhaite responsabiliser l'Etat. Je précise bien, en effet, qu'un décret en Conseil d'Etat fixera les modalités d'application.

Mme la présidente. Quel est l'avis de la commission ?

M. Bruno Sido, rapporteur. En préambule, je remercie M. Ladislas Poniatowski d'avoir abordé le sujet à la fois délicat et important des espèces protégées, et elles sont nombreuses -le héron, la grue cendrée et beaucoup d'autres - qui peuvent en effet commettre des dégâts.

MM. Ladislas Poniatowski et Gérard César. Ils sont moins nocifs !

M. Bruno Sido, rapporteur. Il est vrai que le cormoran, comme d'ailleurs le goéland, pose des problèmes importants. Nous allons donc évoquer l'amendement « cormoran » plutôt que l'amendement « Poniatowski ». (Sourires.)

Notre collègue aborde une question qui est très débattue sur le terrain. Monsieur le ministre, vous êtes très attendu sur ce sujet.

En effet, si j'en crois les informations qui m'ont été communiquées ici et là, cet amendement vise les dommages que subissent les espèces aquatiques du fait de l'action prédatrice des cormorans.

Il est vrai que de nombreuses associations qui rempoissonnent les étangs sont découragées et abandonnent parfois leurs étangs, les cormorans - et la loi ! - venant à bout de leurs efforts.

Toutefois, la commission manque d'éléments lui permettant d'évaluer avec précision les conséquences financières du dispositif que vous proposez, monsieur le sénateur. Aussi s'en est-elle remise à la sagesse de la Haute Assemblée. Surtout, elle attend les précisions nécessaires de la part du Gouvernement.

M. Paul Raoult. L'homme politique est lui aussi un prédateur !

Mme la présidente. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Serge Lepeltier, ministre. Monsieur le sénateur, lors de l'une de mes interventions au début de ce débat, j'avais longuement évoqué cette question et rappelé que la jurisprudence à laquelle vous faites allusion se fondait sur une loi ancienne. Depuis, les conditions ont largement évolué, s'agissant notamment des autorisations de prélèvements de cormorans.

Les dégâts provoqués par les cormorans sont, il est vrai, extrêmement préoccupants. Mais, monsieur le sénateur, la portée de votre amendement est trop large puisqu'il englobe l'ensemble des espèces protégées.

Comme je m'y étais engagé lors du débat sur la loi relative au développement des territoires ruraux, le comité national de suivi des cormorans s'est réuni au début de l'année et, après qu'il a émis un avis favorable, un arrêté interministériel a été établi. Il prévoit de nouvelles mesures de limitation des populations de cormorans afin de préserver les piscicultures extensives, ainsi que la faune piscicole des rivières, des fleuves et des lacs.

Ainsi les quotas de prélèvements de cormorans sont-ils augmentés dans les départements qui en font la demande. La possibilité, pour les pisciculteurs, de réaliser des tirs sur les cormorans est prolongée jusqu'au 30 avril, au lieu du 28 février, en cas d'alevinage ou de vidange tardive des étangs.

L'extension de ces mesures à l'ensemble des départements sera examinée à l'occasion de la préparation du prochain arrêté pluriannuel sur le fondement du bilan de l'actuel arrêté modifié.

Ainsi, conformément aux engagements internationaux de la France et aux dispositions législatives et réglementaires en vigueur, la destruction de spécimens des espèces protégées dont la prolifération est à l'origine de dégâts importants est possible, dans la mesure où il n'existe pas d'autre solution satisfaisante et que cette destruction ne porte pas préjudice à la population de l'espèce considérée.

Pour ce faire, je le rappelle, les pisciculteurs peuvent opérer les tirs eux-mêmes ou faire appel à des chasseurs, qu'ils autorisent à tirer aux abords des étangs. Sur les rivières, les tirs peuvent également être effectués par des chasseurs dans le cadre d'opérations organisées par des agents assermentés des établissements publics en charge de la pêche et de la chasse.

Le Conseil supérieur de la pêche est par ailleurs chargé de rassembler les expériences les plus probantes et les plus innovantes afin de parvenir à une meilleure efficacité des opérations de tirs.

Monsieur le sénateur, nous examinerons les conséquences des évolutions que je viens de vous présenter et leur éventuel caractère positif.

Toutefois, je vous rappellerai les éléments que je vous avais donnés lors de ma première intervention sur le sujet. L'arrêt du Conseil d'Etat auquel vous faites référence portait sur des faits vieux de dix ans, époque où, effectivement, l'Etat n'avait pas pris de mesures suffisantes en matière de gestion de cette espèce protégée. Aujourd'hui, la situation est très différente ; les quotas de tirs ont été très largement augmentés et de nouvelles mesures viennent d'être prises.

Compte tenu de ces éléments, je vous demande de bien vouloir retirer votre amendement, monsieur le sénateur, qui, de plus, n'a pas de support budgétaire.

Mme la présidente. La parole est à M. Ladislas Poniatowski, pour explication de vote.

M. Ladislas Poniatowski. Monsieur le ministre, votre réponse n'est absolument pas satisfaisante. Permettez-moi de vous expliquer comment cela se passe sur le terrain. Tirer des cormorans, ce n'est pas si facile que cela !

M. Gérard César. Et c'est un chasseur qui vous le dit !

M. Ladislas Poniatowski. Deux problèmes se posent sur le terrain.

Le premier problème tient à la direction départementale de l'agriculture à laquelle vous vous adressez pour obtenir une autorisation. Certaines personnes sont sensibles au problème du cormoran et aux dégâts qu'il occasionne dans les piscicultures, pas uniquement dans les étangs, d'autres ne le connaissent pas. Certaines donnent des autorisations de prélever, d'autres non. Allez en Brière, monsieur le ministre, écouter ce que les propriétaires de piscicultures ont à vous dire !

La situation est totalement différente d'un département à un autre. Et ce n'est pas parce qu'un arrêté autorisera plus systématiquement les prélèvements que ce problème sera réglé !

Le second problème est lié aux prélèvements proprement dits.

Monsieur le ministre, je vous invite à m'accompagner au bord d'un étang où il y a des cormorans. En se cachant, en rampant, nous nous approcherons des cormorans, et vous verrez qu'il n'est pas facile, même si l'on en a l'autorisation, si l'on utilise un 22 long rifle, de tuer un cormoran !

M. Bruno Sido. C'est de la vraie chasse !

M. Ladislas Poniatowski. Le prélèvement n'est pas la solution, monsieur le ministre. Le Conseil d'Etat n'a pas simplement enjoint l'Etat de donner plus souvent des autorisations de prélèvements. Il l'a également enjoint d'indemniser les dégâts causés dans les piscicultures.

Je vous assure qu'il arrive qu'une pisciculture soit vidée en trois jours ! Le pisciculteur concerné perd alors deux ou trois années à réalimenter son activité commerciale.

En revanche, monsieur le ministre, je suis d'accord avec le premier argument que vous avez avancé. La portée de mon amendement est en effet un peu large, parce que je l'ai étendue à toutes les espèces protégées.

Lorsque j'ai déposé mon amendement, je visais le cormoran. C'est lui le nuisible, car il fait des ravages ; ce n'est pas le héron.

M. Charles Revet. Encore que !

M. Ladislas Poniatowski. Certes, le héron mange beaucoup, mais cet oiseau vit en solitaire, parfois en couple. Il ne prélève pas autant de poissons que le cormoran. Cela n'a rien à voir.

Monsieur le ministre, l'arrêt du Conseil d'Etat date du mois de juillet 2003. Aucune mesure n'a été prise alors que l'Etat doit s'y conformer.

Mes chers collègues, je vous propose d'adopter l'amendement n° 359 rectifié. Au cours de la navette, entre la première lecture à l'Assemblée nationale, la deuxième lecture au Sénat, puis à l'Assemblée nationale, l'arrêté que vous nous annoncez, monsieur le ministre, sera peut-être pris, mais je vous préviens dès maintenant qu'il n'est pas satisfaisant, car il ne répond que partiellement à ce très grave problème auquel sont confrontés les pisciculteurs et les propriétaires d'étangs.

Je maintiens donc mon amendement et je souhaite qu'il soit adopté en attendant, parce que nous sommes face à un problème d'indemnisation et pas seulement de prélèvement.

Mme la présidente. La parole est à M. le ministre.

M. Serge Lepeltier, ministre. Je comprends bien votre préoccupation, monsieur Poniatowski, puisque je suis élu d'un département où les étangs sont nombreux, vous le savez bien.

M. Serge Lepeltier, ministre. Mais vous ne tenez pas compte de l'évolution que nous venons de mettre en place. Je veux bien reconnaître qu'elle ne sera peut-être pas suffisante mais attendons de voir ce qui va se passer, eu égard à nos engagements internationaux.

Par ailleurs, compte tenu des éléments financiers que comporte cet amendement, je suis tenu d'invoquer, avec regret, l'article 40 de la Constitution.

M. Paul Raoult. C'est la bombe atomique !

Mme la présidente. Monsieur Foucaud, l'article 40 de la Constitution est-il applicable ?

M. Thierry Foucaud, au nom de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation. Oui, madame la présidente, il l'est.

Mme la présidente. L'article 40 étant applicable, l'amendement n° 359 rectifié n'est pas recevable.

M. Ladislas Poniatowski. La prochaine fois, on gagera cet amendement. Ou bien les députés le reprendront et ils en auront le bénéfice !

Art. additionnel avant l'art. 11
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Art. 12

Article 11

Les articles L. 436-14 à L. 436-16 du code de l'environnement sont remplacés par les dispositions suivantes :

« Art L. 436-14. - La commercialisation des poissons des espèces inscrites sur la liste du 2° de l'article L. 432-10 est autorisée lorsqu'il est possible d'en justifier l'origine.

« Le fait de vendre ces poissons sans justifier de leur origine est puni de 3 750 € d'amende.

« Art. L. 436-15. - Le fait, pour toute personne, de vendre le produit de sa pêche sans avoir la qualité de pêcheur professionnel en eau douce est puni de 3 750 € d'amende.

« Le fait d'acheter ou de commercialiser sciemment le produit de la pêche d'une personne n'ayant pas la qualité de pêcheur professionnel en eau douce est puni de la même peine.

« Art. L. 436-16. - Est puni d'une amende de 22 500 € le fait :

« 1° De pêcher l'alevin d'anguille, le saumon ou l'esturgeon dans une zone ou à une période où leur pêche est interdite ;

« 2° D'utiliser pour la pêche de l'alevin d'anguille, du saumon ou de l'esturgeon tout engin, instrument ou appareil interdit ou de pratiquer tout mode de pêche interdit pour ces espèces ;

« 3° De détenir sur les lieux de pêche un engin, instrument ou appareil dont l'usage est interdit pour la pêche de l'alevin d'anguille, du saumon ou de l'esturgeon  dans une zone ou à une période où leur pêche est interdite. »

Mme la présidente. Je suis saisie de deux amendements faisant l'objet d'une discussion commune.

L'amendement n° 27, présenté par M. Sido, au nom de la commission des affaires économiques, est ainsi libellé :

I - Dans le deuxième alinéa (1°) du texte proposé par cet article pour l'article L. 436-16 du code de l'environnement, remplacer les mots :

l'alevin d'anguille, le saumon ou l'esturgeon

par les mots :

certaines espèces protégées dont la liste est fixée par décret

II - Dans les troisième (2°) et dernier (3°) alinéas du même texte, remplacer par deux fois les mots :

l'alevin d'anguille, du saumon ou de l'esturgeon

par les mots :

ces mêmes espèces protégées

La parole est à M. le rapporteur.

M. Bruno Sido, rapporteur. Cet amendement renvoie au pouvoir réglementaire le soin de préciser la liste des espèces protégées pour lesquelles la pêche serait passible d'une amende de 22 500 euros. Introduire dans la loi une définition des espèces alourdirait la procédure si d'aventure cette liste devait évoluer dans le temps.

Mme la présidente. L'amendement n° 553, présenté par MM. Cazeau et  Raoult, Mme Alquier, MM. Madrelle,  Miquel,  Vézinhet et  Desessard, est ainsi libellé :

I - Dans le deuxième alinéa (1°) du texte proposé par cet article pour l'article L. 436-16 du code de l'environnement, remplacer les mots :

l'alevin d'anguille, le saumon ou l'esturgeon

par les mots :

les espèces particulièrement en danger sur les différents bassins

II - Dans les troisième (2°) et dernier (3°) alinéas du même texte, remplacer deux fois les mots :

de l'alevin d'anguille, du saumon ou de l'esturgeon

par les mots :

des espèces particulièrement en danger sur les différents bassins

La parole est à M. Paul Raoult.

M. Paul Raoult. Cet amendement permet une adaptation des espèces à protéger.

Mme la présidente. Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° 553 ?

M. Bruno Sido, rapporteur. Cet amendement est satisfait par l'amendement n° 27 de la commission. Par conséquent, monsieur Raoult, je vous demande de bien vouloir le retirer.

Mme la présidente. Monsieur Raoult, l'amendement n° 553 est-il maintenu ?

M. Paul Raoult. Je le retire, madame la présidente.

Mme la présidente. L'amendement n° 553 est retiré.

Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 27 ?

M. Serge Lepeltier, ministre. Cet amendement, qui prévoit le renvoi au décret de la désignation de certaines espèces protégées, est en effet souhaitable. Par conséquent, le Gouvernement y est favorable.

Mme la présidente. Je mets aux voix l'amendement n° 27.

(L'amendement est adopté.)

Mme la présidente. L'amendement n° 649, présenté par MM. Cazeau et  Raoult, Mme Alquier, MM. Madrelle,  Miquel,  Vézinhet et  Desessard, est ainsi libellé :

Compléter le texte proposé par cet article pour l'article L. 436-16 du code de l'environnement par un alinéa ainsi rédigé :

« La liste des espèces visées est renvoyée à un texte de nomenclature établi par décret. »

La parole est à M. Paul Raoult.

M. Paul Raoult. Je le retire, madame la présidente.

Mme la présidente. L'amendement n° 649 est retiré.

Je mets aux voix l'article 11, modifié.

(L'article 11 est adopté.)

Art. 11
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Art. 13

Article 12

Après le huitième alinéa de l'article 1er du code du domaine public fluvial, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :

« - les cours d'eau et lacs naturels non déclassés, dans les départements de la Guadeloupe, de la Guyane, de la Martinique et de la Réunion ; ».

Mme la présidente. L'amendement n° 554, présenté par MM. Lise,  S. Larcher,  Gillot et les membres du groupe Socialiste, est ainsi libellé :

Compléter cet article par un alinéa ainsi rédigé :

« - les ravines, dans les départements de la Guadeloupe, de la Guyane, de la Martinique et de la Réunion ; ».

La parole est à M. Claude Lise.

M. Claude Lise. Cet amendement vise à classer dans le domaine public fluvial les ravines, qui peuvent être considérées comme des cours d'eau non pérennes mais de type très particulier et existent en grand nombre aux Antilles et à la Réunion.

Si l'on veut en donner une définition plus précise, on dira qu'il s'agit de dépressions allongées et profondes, creusées par l'écoulement des torrents, lesquels sont essentiellement alimentés par les eaux pluviales.

En période de fortes pluies, elles sont souvent à l'origine de crues à caractère torrentiel, et l'on connaît l'abondance des pluies en milieu tropical. Ces crues sont favorisées ou aggravées par l'encombrement naturel ou anthropique du fond de ces ravines. Il est donc indispensable d'en assurer une gestion rationalisée et réglementée afin de contrôler autant que possible leur régime hydraulique en période de fortes pluies et de limiter ainsi les dégâts occasionnés aux riverains.

Une telle gestion suppose que ces cours d'eau non pérennes, très particuliers, soient dotés d'un véritable statut juridique, ce qui n'est pas le cas actuellement.

En effet, les ravines ne sont pas classées, comme l'ensemble des autres cours d'eau des départements d'outre-mer, dans le domaine public de l'Etat. Elles sont à l'origine de nombreuses controverses juridiques. Lorsque le juge est sollicité pour déterminer si une ravine est un cours d'eau, et, à ce titre, peut être classée dans le domaine public de l'Etat, il tend à appliquer les critères déterminés pour les cours d'eau métropolitains et à répondre par la négative.

Ma proposition vise à lever cette ambiguïté en tenant compte des réalités, que l'on ne peut refuser de prendre en compte si l'on veut mener une politique de l'eau efficace.

J'ai bien compris que des problèmes relatifs à la définition des cours d'eau demeurent. Mais, pour ce qui concerne ces ravines, le principe de réalité doit l'emporter sur toute autre considération. En tout cas, il s'agit pour les départements d'outre-mer d'un problème très important qui préoccupe particulièrement leurs élus.

Mme la présidente. Quel est l'avis de la commission ?

M. Bruno Sido, rapporteur. Le rythme de travail du Sénat ne nous permet pas, hélas ! de faire des voyages d'études dans les départements et territoires d'outre-mer, et nous le regrettons. (Sourires.) Par conséquent, la plupart d'entre nous ignorent la réalité des ravines. La commission, ne souhaitant pas que cet amendement soit un facteur de confusion, émet un avis de sagesse.

Mme la présidente. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Serge Lepeltier, ministre. L'article 12 du projet de loi que nous examinons classe les cours d'eau et lacs naturels des départements de la Guadeloupe, de la Guyane, de la Martinique et de la Réunion dans le domaine public fluvial de manière à en améliorer la gestion. Cette disposition vise l'ensemble des rivières, ce que l'on appelle le plus souvent, outre-mer, des « ravines ». Monsieur le sénateur, c'est, je pense, le sens de votre amendement, qui me semble, de fait, satisfait.

En revanche, faire figurer dans la loi le mot « ravines », qui n'est pas totalement défini, pourrait générer une confusion. Les textes précédents n'apportent effectivement aucune définition. Nous risquerions d'étendre la disposition concernée aux ravines provoquées par l'eau pluviale, ce qui conduirait à introduire dans le domaine public fluvial une très grande partie du territoire et constituerait, de surcroît, une atteinte à la propriété privée de ces espaces, alors que le projet de loi vise le domaine public.

Monsieur le sénateur, je comprends bien le sens de votre amendement, mais le mot « ravines », qui est vraisemblablement trop large, pourrait provoquer un risque de confusion. C'est la raison pour laquelle je vous demanderai de bien vouloir retirer l'amendement n° 554. Si vous le souhaitez, nous pourrons engager ensemble des discussions d'ici à la deuxième lecture de ce projet de loi pour voir si réellement cette définition n'entraîne pas les conséquences que j'évoquais. Dans le cas contraire, le Gouvernement serait prêt à prendre en considération votre amendement.

Mme la présidente. Monsieur Lise, l'amendement n° 554 est-il maintenu ?

M. Claude Lise. Monsieur le ministre, je ne pense pas que l'on puisse laisser le texte en l'état, mais vous venez d'accepter de revoir la question avant la prochaine lecture. Compte tenu des assurances que vous m'avez apportées, j'accepte de retirer mon amendement.

Mme la présidente. L'amendement n° 554 est retiré.

Je mets aux voix l'article 12.

(L'article 12 est adopté.)

Art. 12
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Art. additionnels après l'art. 13

Article 13

Après le onzième alinéa de l'article 1er de la loi n° 2004-803 du 9 août 2004 relative au service public de l'électricité et du gaz et aux industries électriques et gazières, est inséré l'alinéa suivant :

« - le cas échéant, les modalités de mise en oeuvre d'une gestion coordonnée des ouvrages hydroélectriques dans le cadre des schémas directeurs d'aménagement et de gestion des eaux. »

Mme la présidente. L'amendement n° 28, présenté par M. Sido, au nom de la commission des affaires économiques, est ainsi libellé :

Remplacer le premier alinéa de cet article par trois alinéas ainsi rédigés :

L'article 1er de la loi n° 2004-803 du 9 août 2004 relative au service public de l'électricité et du gaz et aux industries électriques et gazières est ainsi modifié :

1° Dans le dixième alinéa, les mots : ", le recours aux énergies renouvelables, le cas échéant à l'hydroélectricité " sont insérés après les mots : "l'utilisation rationnelle des énergies".

2° Après le onzième alinéa, il est inséré l'alinéa suivant :

La parole est à M. le rapporteur.

M. Bruno Sido, rapporteur. Cet amendement tend à préciser que les stipulations du contrat de service public d'EDF prévoient les moyens mis en oeuvre pour développer les énergies renouvelables, notamment le recours à l'hydroélectricité.

Mme la présidente. L'amendement n° 319, présenté par MM. Revol et  Le Grand, est ainsi libellé :

Dans le texte proposé par cet article pour insérer un alinéa après le onzième alinéa de l'article 1er de la loi n° 2004-803 du 9 août 2004, après les mots :

ouvrages hydroélectriques

insérer les mots :

, tenant compte de l'équilibre financier des contrats de concessions visés dans la loi du 16 octobre 1919 relative à l'utilisation de l'énergie hydraulique,

 

La parole est à M. Jean-François Le Grand.

M. Jean-François Le Grand. Même si je préfère mon amendement, dont la rédaction est plus précise et qui oblige à tenir compte de l'équilibre économique des ouvrages concernés, j'accepte de le retirer, puisque l'amendement n° 28 de la commission tend à insérer les mots « l'utilisation rationnelle des énergies ». Cela étant, j'espère que la raison sera au rendez-vous si jamais survenait un litige.

Mme la présidente. L'amendement n° 319 est retiré.

Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 28 ?

M. Serge Lepeltier, ministre. Sur le principe, je suis favorable à inciter EDF et les autres opérateurs à développer les énergies renouvelables. Cela étant, il faut spécifier qu'EDF produit déjà une part non négligeable d'hydroélectricité, soit 13 %, et se mobilise pour développer les énergies renouvelables. Aussi, l'ajout proposé par l'amendement n° 319 dans l'article 1er de la loi relative au service public de l'électricité et du gaz et aux entreprises électriques et gazières n'apportera rien de plus ; il risquerait, au contraire, de surcharger la loi.

Par ailleurs, préciser les moyens mis en oeuvre dans les contrats de service public d'EDF pour développer les énergies renouvelables ne relève pas de la loi sur l'eau et les milieux aquatiques. Cette question devrait être examinée dans le cadre du projet de loi d'orientation sur l'énergie, actuellement en débat devant le Parlement. C'est la raison pour laquelle je souhaiterais que M. le rapporteur accepte de retirer cet amendement, même si nous sommes d'accord sur l'objectif.

Mme la présidente. Monsieur le rapporteur, l'amendement n° 28 est-il maintenu ?

M. Bruno Sido, rapporteur. Je pense que mes collègues de la commission ne m'en voudront pas si je retire cet amendement.

Mme la présidente. L'amendement n° 28 est retiré.

Je mets aux voix l'article 13.

(L'article 13 est adopté.)

Art. 13
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Art. 14

Articles additionnels après l'article 13

Mme la présidente. Je suis saisi de deux amendements identiques.

L'amendement n° 303 rectifié est présenté par MM. Vasselle,  César,  Texier et  Mortemousque.

L'amendement n° 341 est présenté par MM. Soulage,  Deneux et les membres du groupe Union centriste - UDF.

Ces deux amendements sont ainsi libellés :

Après l'article 13, insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Au début du cinquième alinéa (4°) du I de l'article L. 211-1 du code de l'environnement, les mots : « la création » sont ajoutés.

La parole est à M. Gérard César, pour présenter l'amendement n° 303 rectifié.

M. Gérard César. La création de ressources nouvelles doit figurer parmi les objectifs de la gestion équilibrée de la ressource en eau telle que prévue dans le code de l'environnement.

Stocker l'eau, quand elle est abondante, en prévision des périodes plus sèches, est un sage principe de prévention et de précaution, qui avait d'ailleurs été mis en lumière par la sécheresse de l'été 2003. La création de ressources nouvelles s'avère parfois indispensable pour répondre aux attentes de la population, des activités économiques et au soutien d'étiage des rivières.

Cette création de ressources nouvelles n'exonère en rien l'obligation d'une gestion économe et partagée de la ressource disponible.

Mme la présidente. La parole est à M. Daniel Soulage, pour présenter l'amendement n° 341.

M. Daniel Soulage. L'article L. 211-1 du code de l'environnement définit les principes d'une gestion équilibrée de l'eau. Il me semble indispensable, dans le cadre du projet de loi que nous examinons, que nous inscrivions dans l'article précité que la création de ressources en eau participe à une gestion équilibrée de la ressource.

Stocker l'eau, quand elle est abondante, en prévision des périodes plus sèches, est un sage principe de prévention et de précaution, qui avait d'ailleurs été mis en lumière par la sécheresse de l'été 2003 et souligné par un rapport du Sénat.

La création de ressources nouvelles se révèle parfois indispensable pour répondre aux attentes de la population, aux activités économiques et pour soutenir le débit des rivières en période d'étiage.

Je vais prendre l'exemple de mon département, où nous n'avons pas hésité à développer une politique ambitieuse en matière d'irrigation.

Le Lot-et-Garonne irrigue annuellement entre 80 000 et 90 000 hectares. Cette politique concerne 4 800 irrigants et permet de maintenir en place la population agricole dans un département où les agriculteurs représentent 14 % de l'ensemble des actifs. Notre besoin en eau pour ces surfaces se monte à 120 millions de mètres cubes. La moitié de ce besoin est comblée par l'eau provenant de petits lacs individuels ou collectifs, et un cinquième provient de stockages dans la Garonne ou le Lot. Il ne nous manque donc qu'un petit tiers du volume pour répondre aux besoins, mais c'est là encore beaucoup trop !

Parallèlement, nous n'avons pas oublié d'agir en faveur des économies d'eau. Pour ce faire, le conseil général finance depuis quarante ans l'association climatologique de la moyenne Garonne et du Sud-Ouest, l'ACMG, dirigée de manière très dynamique par M. Berthoumieu, à qui je rends hommage car il assure un suivi qualitatif et quantitatif en matière d'économie d'eau, de prospective et d'études climatiques.

Pour autant, une politique d'économie d'eau ne peut plus suffire à combler les besoins, et ce pour deux raisons.

La première raison, c'est le réchauffement climatique. Depuis vingt ans, les végétaux qui poussent dans nos champs, nos forêts et nos jardins ont besoin, en été, de 35 % d'eau de plus en moyenne que ce que nos parents devaient leur fournir dans les années soixante-dix.

La deuxième raison est d'ordre politique. Il est devenu en effet presque impossible de constituer de nouvelles réserves d'eau, alors que c'est la seule solution pour traverser sans crainte ces périodes de sécheresses récurrentes.

Sur ce dernier point, il me semble que nous devons agir dès maintenant si nous voulons retrouver dans dix ans des conditions optimales de qualité écologique dans nos rivières.

C'est pourquoi je vous demande d'inscrire dans la loi la création de ressources nouvelles.

Par ailleurs, je souhaite que nous mettions en oeuvre tous les moyens nécessaires pour optimiser la ressource en eau. Des études récentes ont été réalisées dans ce sens dans le Lot-et-Garonne, et je souhaite vous faire part des solutions que nous y avons envisagées.

La première solution consisterait à stocker de l'eau dans des lacs de deuxième génération, avec un décanteur en amont pour réduire le risque d'envasement du lac et dénitrifier les eaux, rendant ainsi ces dernières aptes à la consommation. Si l'on complète ces lacs avec un système de prélèvement à hauteur variable, on libère en aval de l'eau de qualité favorable à la vie aquatique, ce que reconnaissent maintenant nos amis pêcheurs. Pourquoi ne pas imposer, ou tout au moins favoriser de tels systèmes plutôt que de refuser ou de retarder la construction de nouveaux lacs de réalimentation ?

La deuxième solution consiste également à stocker de l'eau, mais dans les nappes alluviales et superficielles en période hivernale. Là encore, nous avons prouvé il y a quelques années avec l'ACMG, le Bureau de recherches géologiques et minières et l'agence de l'eau locale qu'un vaste volume de stockage était disponible sous nos pieds, à condition d'en optimiser la gestion pour le bien de tous. Les Méditerranéens mettent en oeuvre de telles pratiques depuis des milliers d'années. Or, puisque les évolutions climatiques apportent un climat méditerranéen en Aquitaine, il est logique d'y appliquer de telles solutions.

La troisième solution est de faire avancer la recherche sur l'augmentation des précipitations. Les chercheurs de l'Organisation météorologique mondiale entreprennent de nouveaux efforts dans cette direction, alors que les scientifiques français se sont désintéressés de cette problématique depuis plus de vingt ans. Ces chercheurs nous disent que la pollution réduit l'efficacité des pluies ; d'autres affirment qu'avec des sels hygroscopiques il devient possible d'accroître très sensiblement le rendement des précipitations lorsqu'elles se produisent déjà naturellement. Si l'on se joignait aux pays les plus concernés par le problème de la sécheresse, je suis certain que l'on ferait avancer, pour le bien de tous, ce domaine de la connaissance.

Enfin, une fois que l'eau est disponible, je confirme qu'il faut la gérer au mieux de manière à ne pas la gaspiller. Pour cela il faut davantage aider le pilotage de l'irrigation et développer les techniques de précision qui sont tout juste en train de naître. La qualité des productions, la maîtrise des phénomènes de pollution diffuse et la gestion des pénuries en seraient optimisées.

Pour toutes ces raisons, je vous demande d'adopter cet amendement.

Mme la présidente. Quel est l'avis de la commission ?

M. Bruno Sido, rapporteur. Je répondrai en même temps à M. Soulage et à M. César.

Nos collègues proposent de compléter l'article L.211-1 du code de l'environnement, article fondateur et central s'il en est de la politique de l'eau puisqu'il fixe les grands principes de la gestion équilibrée de la ressource en eau.

Ils souhaitent ainsi mettre l'accent sur la nécessité de promouvoir la création de nouvelles installations de stockage d'eau, ce qui me parait être une excellente proposition, et la commission a donc émis un avis favorable.

M. Gérard César. Merci, monsieur le rapporteur !

Mme la présidente. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Serge Lepeltier, ministre. Je comprends parfaitement votre souhait que soient pris en compte les besoins supplémentaires en eau, et cette préoccupation s'inscrit d'ailleurs dans le présent projet de loi au titre des programmes d'intervention des agences de l'eau.

Voilà quelques jours, je me suis rendu dans la Vienne, où j'ai pu constater les problèmes que la sécheresse pouvait engendrer, et j'ai pu constater que des retenues pouvaient répondre naturellement aux besoins actuels. Je dis bien « aux besoins actuels », car il ne faut surtout pas que la création de nouvelles retenues entraîne une augmentation des utilisations ou des usages de l'eau.

Il existe toutefois, au travers de ce que vous proposez dans ces amendements, le risque que la création de telles retenues ne devienne un objectif en soi. Or le code de l'environnement prévoit déjà explicitement le développement de la ressource en eau, objectif qui est d'ailleurs plus large que la simple création d'installations.

La création de nouvelles ressources ne peut être envisagée que lorsque le déséquilibre est tel que toutes les autres solutions sont insuffisantes pour le résorber. Cela ne peut être qu'une solution de dernier recours.

M. Gérard César. C'est souvent le cas !

M. Serge Lepeltier, ministre. Prévoir cette création dans le projet de loi, comme vous le proposez, risque de présenter ce dernier recours comme un objectif en soi, et je ne voudrais pas que cela nous entraîne dans une fuite en avant. Il convient donc, dans un premier temps, comme vous en avez convenu l'un et l'autre, monsieur César, monsieur Soulage, de stabiliser les prélèvements.

C'est la raison pour laquelle je souhaiterais, messieurs les sénateurs, que vous retiriez vos amendements.

Mme la présidente. Monsieur César, l'amendement n° 303 rectifié est-il maintenu ?

M. Gérard César. Je suis désolé, monsieur le ministre, mais nous ne pouvons pas retirer cet amendement, car il est trop important pour l'irrigation et le devenir des agriculteurs. De plus, il ne vise que les eaux pluviales, que nous voulons récupérer et stocker.

Mme la présidente. Monsieur Soulage, l'amendement n° 341 est-il maintenu ?

M. Daniel Soulage. Monsieur le ministre, je regrette de ne pas pouvoir moi non plus accéder à votre demande.

Je ne comprends pas pourquoi, alors qu'ils préconisent la sauvegarde d'une eau de qualité, les écologistes empêchent toute création de ressource nouvelle en eau.

Je ne suis pas un spécialiste, mais il me semble que nous ne devons pas succomber à l'emprise idéologique des écologistes venus des pays du Nord. En effet, l'Europe se recentre, et nous ne devons pas oublier que les pays méditerranéens stockent l'eau depuis très longtemps.

Au demeurant, l'Histoire nous montre que les vizirs qui n'arrivaient à maîtriser la gestion de l'eau ne sont pas restés longtemps en place.

M. Gérard César. Qui veut être calife à la place du calife ? (Sourires.)

M. Daniel Soulage. Ce n'est pas une fuite en avant que je crains, monsieur le ministre, mais un retard considérable. Quand on pense à la qualité et la quantité d'eau que l'on pourrait recueillir dans le bassin de la Garonne où à Toulouse ! Mais d'autres que moi, M. Jean François-Poncet par exemple, en parleraient certainement mieux que je ne le fais.

Le paysan que je suis trouve que l'on marche parfois un peu sur la tête !

M. Gérard César. On va bientôt marcher sur l'eau !

Mme Evelyne Didier. C'est déjà fait ! (Nouveaux sourires.)

M. Daniel Soulage. Je voudrais donc que l'on se prononce sur cette affaire, qui est importante pour l'agriculture : au-delà des moyens utilisés aujourd'hui pour maîtriser la dépense en eau, le plafonnement de la consommation pose de réels problèmes, et les premiers effets de la réforme de la politique agricole commune, avec ses aides forfaitaires aux exploitations, commencent à se faire sentir. Il suffit pour s'en rendre compte de lire les journaux agricoles, où sont maintenant proposées nombre d'installations d'irrigation à la vente.

On doit donc pouvoir, sans crainte, inscrire dans la loi le droit à créer les ressources en eau dont nous avons besoin, ne serait-ce que pour le maintien d'un certain débit en période d'étiage, mais aussi pour préserver l'ensemble des autres activités humaines.

Mme la présidente. La parole est à M. Jean Desessard, pour explication de vote.

M. Jean Desessard. Je tiens à répondre à M. Soulage, qui nous a dit qu'il ne comprenait pas les écologistes.

Le problème, c'est que votre amendement est incomplet, monsieur Soulage.

Qu'il y ait création de nouvelles réserves, tant mieux, puisque l'eau est rare. De même, prévoir des systèmes permettant la récolte des eaux pluviales, je ne puis qu'y souscrire. Mais j'aurais souhaité qu'à un nouveau mode d'irrigation soit associé un nouveau mode de production agricole !

Les cultures - dont certaines ne sont d'ailleurs pas adaptées à la région où elles sont pratiquées ni à son climat -, deviennent de plus en plus gourmandes en eau. Or vous n'avez rien dit sur ce point, monsieur Soulage.

Vous avez dit que ce vous ne craignez pas la fuite en avant, mais si l'eau stockée sert à faire encore plus de cultures inadaptées à la région et des cultures plus gourmandes en eau, on ne s'en sortira pas !

Vous auriez donc dû introduire dans votre amendement des précisions quant à la réorientation des pratiques agricoles très grandes consommatrices d'eau. Ces précisions manquent, et cela m'ennuie, car une telle approche peut bien conduire à la fuite en avant.

Dire que la situation peut être améliorée en augmentant le stockage des eaux pluviales, c'est peut-être vrai, mais cela ne peut masquer le fait que nous allons assister à un réchauffement climatique - cela a été confirmé ici à plusieurs reprises - de deux à cinq degrés Celsius au cours des quarante prochaines années. Il y aura donc, en tout état de cause, de moins en moins d'eau !

Mme la présidente. Je mets aux voix les amendements identiques nos 303 rectifié et 341.

(Les amendements sont adoptés.)

Mme la présidente. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 13.

CHAPITRE II

Gestion quantitative

Art. additionnels après l'art. 13
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Art. 15

Article 14

Le II de l'article L. 211-3 du code de l'environnement est complété par les dispositions suivantes :

« 5° Délimiter, le cas échéant, après qu'elles ont été identifiées dans le plan d'aménagement et de gestion durable de la ressource en eau et des milieux aquatiques prévu par l'article L. 212-5-1, des zones où il est nécessaire d'assurer la protection des aires d'alimentation des captages d'eau potable d'une importance particulière pour l'approvisionnement actuel ou futur et y établir, dans les conditions prévues au 4°, un programme d'actions à cette fin ;

« 6° Instituer des périmètres à l'intérieur desquels les autorisations de prélèvement d'eau pour l'irrigation sont délivrées à un organisme unique pour le compte de plusieurs adhérents ;

« 7° Edicter les règles destinées à assurer la sécurité des ouvrages hydrauliques autres que les ouvrages concédés en application de la loi du 16 octobre 1919 relative à l'utilisation de l'énergie hydraulique et en prévoir les modalités de contrôle. »

Mme la présidente. L'amendement n° 29, présenté par M. Sido, au nom de la commission des affaires économiques, est ainsi libellé :

Remplacer le premier alinéa de cet article, par cinq alinéas ainsi rédigés :

Le II de l'article L. 211-3 du code de l'environnement est ainsi modifié :

1° Le b) du 4° est ainsi rédigé :

« b) Etablir, dans les conditions prévues à l'article L. 114-1 du code rural, un programme d'actions visant à répondre aux enjeux identifiés à l'alinéa précédent ; »

2° Le c) du 4° est supprimé.

3° Il est complété par les dispositions suivantes :

La parole est à M. le rapporteur.

M. Bruno Sido, rapporteur. Dans un souci de cohérence juridique, la commission vous propose de renvoyer les modalités d'application des programmes d'action définis pour les zones humides d'intérêt environnemental particulier - qui peuvent comprendre la promotion de bonnes pratiques agricoles, dont parlait justement M. Desessard - aux dispositions prévues à l'article L. 114-1 du code rural.

Une telle démarche nécessite de modifier certaines dispositions de la loi relative au développement des territoires ruraux, loi qui vient d'être promulguée et dont vous étiez, monsieur le président de la commission des affaires économiques et du Plan, rapporteur au nom de cette même commission.

L'adoption de cet amendement renforcera la cohérence entre les différents dispositifs - zones d'érosion, zones humides, et désormais zones de protection des captages - en renvoyant au seul code rural la définition de ces programmes d'action.

Mme la présidente. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Serge Lepeltier, ministre. Cet amendement permet de renforcer la cohérence entre les divers dispositifs, que ce soient les zones d'érosion, les zones humides ou les aires d'alimentation des captages, en renvoyant au seul article L. 114-1 du code rural pour ce qui concerne la définition des programmes d'action pouvant être mis en oeuvre dans ces zones.

L'avis du Gouvernement est donc favorable.

Mme la présidente. Je mets aux voix l'amendement n° 29.

(L'amendement est adopté.)

Mme la présidente. L'amendement n° 31, présenté par M. Sido, au nom de la commission des affaires économiques, est ainsi libellé :

Dans le premier alinéa (5°) du texte proposé par cet article pour compléter le II de l'article L. 211-3 du code de l'environnement, après les mots :

approvisionnement actuel ou futur

insérer les mots :

, ainsi que des zones dans lesquelles l'érosion diffuse des sols agricoles est de nature à compromettre la réalisation des objectifs de bon état ou, le cas échéant, de bon potentiel prévus par l'article L. 212-1,

La parole est à M. le rapporteur.

M. Bruno Sido, rapporteur. Cet amendement précise que, au-delà des zones de protection des captages d'eau potable, les dispositions de l'article 14 du projet de loi permettent aux schémas d'aménagement et de gestion des eaux, les SAGE, de délimiter des zones dans lesquelles l'érosion diffuse des sols agricoles est de nature à compromettre la réalisation des objectifs de bon état ou de bon potentiel écologique des eaux.

En effet, l'érosion diffuse des sols agricoles peut avoir pour conséquence d'amener vers les cours d'eau des matières en suspension ainsi que, lorsqu'ils sont présents dans les sols, des pesticides ou des résidus de pesticides. Or le ruissellement de ces éléments réduit l'oxygénation des rivières et peut affecter la vie et la diversité des espèces aquatiques, ce qui a pour effet de nuire à l'état écologique des eaux.

La délimitation de telles zones permettra ainsi de prévenir ces pollutions diffuses en incitant à la mise en place de bonnes pratiques agricoles.

Mme la présidente. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Serge Lepeltier, ministre. Cet amendement est tout à fait conforme aux objectifs du projet de loi : le Gouvernement émet un avis favorable.

Mme la présidente. Je mets aux voix l'amendement n° 31.

(L'amendement est adopté.)

Mme la présidente. L'amendement n° 555, présenté par MM. Cazeau et Raoult, Mme Alquier, MM. Madrelle, Miquel, Vézinhet et Desessard, est ainsi libellé :

Compléter le 5° du texte proposé par cet article pour compléter le II de l'article L. 211-3 du code de l'environnement par une phrase ainsi rédigée :

Lorsqu'un schéma d'aménagement et de gestion des eaux (SAGE) existe, le préfet peut, sur proposition de la commission locale des eaux (CLE), délimiter les périmètres pour la protection de captages ou de zones humides à grand intérêt environnemental ;

La parole est à M. Paul Raoult.

M. Paul Raoult. Le programme d'actions est établi par le comité de gestion sous l'égide de la commission locale des eaux, la CLE.

Cet amendement vise à renforcer le pouvoir des CLE ; il accentue le pouvoir des élus de ces commissions, allant ainsi dans le sens de la décentralisation.

La protection des champs captant est en effet un élément décisif : nous devons « sanctuariser » ces champs captants pour les protéger au maximum.

Mme la présidente. Quel est l'avis de la commission ?

M. Bruno Sido, rapporteur. Monsieur Raoult, votre proposition est extrêmement intéressante, mais la commission estime que votre amendement est déjà largement satisfait par le droit en vigueur et elle en demande donc le retrait. A défaut, son avis serait défavorable.

Mme la présidente. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Serge Lepeltier, ministre. Dans sa rédaction actuelle, l'article 14 du projet de loi prévoit déjà que le préfet délimite les aires d'alimentation des captages d'eau potable à protéger et que, lorsqu'un SAGE existe, ce dernier s'appuie sur les zones identifiées dans le plan d'aménagement et de gestion durable de la ressource en eau et des milieux aquatiques.

La commission locale de l'eau élabore et révise le SAGE, et elle est donc partie prenante dans la délimitation. Comme l'a dit M. le rapporteur, l'amendement est donc satisfait. Il n'y a pas lieu de repréciser le rôle des CLE, raison pour laquelle j'invite à mon tour M. Raoult à retirer son amendement, sur lequel j'émettrai sinon un avis défavorable.

Mme la présidente. Monsieur Raoult, l'amendement est-il maintenu ?

M. Paul Raoult. Je le maintiens, madame la présidente.

Mme la présidente. Je mets aux voix l'amendement n° 555.

(L'amendement n'est pas adopté.)

Mme la présidente. Je suis saisie de trois amendements faisant l'objet d'une discussion commune.

L'amendement n° 296 rectifié, présenté par MM. Soulage, Deneux et les membres du groupe Union centriste - UDF, est ainsi libellé :

Rédiger comme suit le deuxième alinéa (6°) du texte proposé par cet article pour compléter le II de l'article L. 211-3 du code de l'environnement :

« 6° Une gestion collective des prélèvements d'eau pour irrigation est organisée. Les modalités d'organisation de cette gestion collective sont précisées dans un décret conjoint des ministres de l'agriculture et de l'écologie ;

La parole est à M. Daniel Soulage.

M. Daniel Soulage. L'article L. 211-3 du code de l'environnement habilite le Gouvernement à instituer des périmètres à l'intérieur desquels les autorisations de prélèvements d'eau pour l'irrigation seront délivrées à un organisme unique pour le compte de plusieurs adhérents afin de rationaliser la gestion de l'eau.

Il me semble nécessaire d'adopter une démarche plus volontariste en matière de gestion collective de l'eau.

De nombreuses zones d'irrigation sont aujourd'hui engagées dans des démarches de gestion collective variées et efficaces. Il est nécessaire d'encourager la gestion collective tout en permettant aux diversités locales de s'exprimer, c'est-à-dire en n'enfermant pas la gestion de l'eau dans un schéma unique.

C'est pourquoi il est proposé qu'un décret d'application permette de mieux tenir compte de ces spécificités, la loi affirmant quant à elle le principe de la gestion collective.

Mme la présidente. L'amendement n° 290 rectifié, présenté par MM. César, Vasselle, Texier, Mortemousque, Le Grand et Detcheverry et Mme Gousseau, est ainsi libellé :

A la fin du deuxième alinéa (6°) du texte proposé par cet article pour compléter le II de l'article L. 211-3 du code de l'environnement, remplacer les mots :

les autorisations de prélèvement d'eau pour l'irrigation sont délivrées à un organisme unique pour le compte de plusieurs adhérents

par les mots :

une gestion collective des prélèvements pour irrigation est organisée. Les modalités d'organisation de cette gestion collective sont précisées dans un décret conjoint des ministres de l'agriculture et de l'écologie

La parole est à M. Gérard César.

M. Gérard César. Cet amendement ayant exactement le même objet que celui de M. Soulage, je le retire.

Mme la présidente. L'amendement n° 290 rectifié est retiré.

L'amendement n° 32, présenté par M. Sido, au nom de la commission des affaires économiques, est ainsi libellé :

A la fin du deuxième alinéa (6°) du texte proposé par cet article pour compléter le II de l'article L. 211-3 du code de l'environnement, remplacer les mots :

plusieurs adhérents

par les mots :

l'ensemble des préleveurs

La parole est à M. le rapporteur.

M. Bruno Sido, rapporteur. Cet amendement concerne les dispositions de l'article 14 relatives aux autorisations de prélèvement d'eau. Il tend à prévoir que, pour la fixation des périmètres institués par décret pour délivrer les autorisations de prélèvement d'eau à des organismes uniques, ces derniers devront regrouper l'ensemble des préleveurs dans le périmètre concerné afin de donner à ces dispositions une efficacité maximale.

Mme la présidente. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Serge Lepeltier, ministre. S'agissant de l'amendement n° 296 rectifié, je précise tout d'abord que mettre en place et développer la gestion collective est en effet un objectif essentiel.

Cependant, monsieur Soulage, le décret qui sera effectivement nécessaire pour préciser les modalités de cette gestion collective est déjà prévu dans l'article L. 211-3 du code de l'environnement.

Par ailleurs, la rédaction que vous proposez dans cet amendement est peu précise et peut laisser place à beaucoup d'interprétations. C'est la raison pour laquelle je vous invite à le retirer au bénéfice de l'amendement n° 32, sur lequel le Gouvernement émet un avis favorable.

La gestion collective, pour être efficace, doit en effet concerner l'ensemble des préleveurs du périmètre concerné et la précision apportée par l'amendement de la commission est donc utile.

Mme la présidente. Monsieur Soulage, l'amendement n° 296 rectifié est-il maintenu ?

M. Daniel Soulage. M. le ministre déclare partager notre souci de développer la gestion collective de façon globale et reprend en somme notre proposition sous une autre forme : c'est ce qui nous importe...

M. Gérard César. Tout à fait !

M. Daniel Soulage. ...et j'accepte donc de retirer mon amendement.

Mme la présidente. L'amendement n° 296 rectifié est retiré.

Je mets aux voix l'amendement n° 32.

(L'amendement est adopté.)

Mme la présidente. Je mets aux voix l'article 14, modifié.

(L'article 14 est adopté.)

Art. 14
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Art. additionnel après l'art. 15

Article 15

I. - Après l'article L. 214-4 du code de l'environnement, il est inséré un article L. 214-4-1 ainsi rédigé :

« Art. L. 214-4-1. - I. - Lorsqu'un ouvrage hydraulique dont l'existence ou l'exploitation est subordonnée à une autorisation ou à une concession présente un danger pour la sécurité publique, des servitudes d'utilité publique relatives à l'utilisation du sol peuvent être instituées, tant à l'occasion de la demande d'autorisation ou de concession que postérieurement à l'octroi de celles-ci.

« II. - Ces servitudes comportent, en tant que de besoin :

« 1° La limitation ou l'interdiction du droit d'implanter des constructions ou des ouvrages et d'aménager des terrains de camping ou de stationnement de caravanes ;

« 2° La subordination des autorisations de construire au respect de prescriptions techniques tendant à limiter le danger d'exposition des vies humaines à la submersion.

« III. - Ces servitudes tiennent compte de la probabilité d'occurrence, de la cinétique, de la nature et de l'intensité des risques encourus et peuvent, dans un même périmètre, s'appliquer de façon modulée suivant les différentes zones. Elles ne peuvent contraindre à la démolition ou à l'abandon de constructions existantes édifiées en conformité avec les dispositions législatives et réglementaires en vigueur avant l'institution des servitudes.

« IV. - Le périmètre et le contenu de ces servitudes sont soumis à enquête publique.

« Ces servitudes sont annexées au plan local d'urbanisme dans les conditions prévues à l'article L. 126-1 du code de l'urbanisme.

« Elles n'ouvrent droit à indemnisation que si elles entraînent un préjudice direct, matériel et certain. »

II. - Il est inséré, dans la loi du 16 octobre 1919 relative à l'utilisation de l'énergie hydraulique, un article 28 bis ainsi rédigé :

« Art. 28 bis. - Les dispositions du cahier des charges type prévu au 3° de l'article 28 relatives à la sécurité et à la sûreté des ouvrages et leurs modifications sont applicables de plein droit aux titres administratifs en cours sans que leur titulaire puisse prétendre à indemnisation pour ce motif. » - (Adopté.)

Art. 15
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Art. 16

Article additionnel après l'article 15

Mme la présidente. L'amendement n° 33 rectifié, présenté par M. Sido, au nom de la commission des affaires économiques, est ainsi libellé :

Après l'article 15, insérer un article additionnel ainsi rédigé:

Après l'article L. 214-4-1 du code de l'environnement, il est inséré un article L. 214-4-2 ainsi rédigé :

« Art. L. 214-4-2. - Un décret en Conseil d'Etat fixe les conditions dans lesquelles l'autorité administrative peut demander à l'exploitant d'une installation ou d'un ouvrage visé par l'article L. 214-2 ou par la loi du 16 octobre 1919 précitée la présentation d'une étude de dangers, élaborée dans les conditions prévues à l'article L. 512-1.

« Cette étude de dangers ne peut être demandée que pour les ouvrages qui présentent des risques avérés pour la sécurité publique. »

La parole est à M. le rapporteur.

M. Bruno Sido, rapporteur. Cet amendement vise à prévoir explicitement dans la loi que l'Etat peut demander aux exploitants d'ouvrages hydrauliques la réalisation d'une étude de dangers. Une telle obligation ne vaudra que pour les installations qui présentent des risques avérés pour la sécurité publique.

Mme la présidente. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Serge Lepeltier, ministre. Je ne vois que des avantages à la proposition très opportune de M. le rapporteur et j'émets donc un avis favorable.

Mme la présidente. Je mets aux voix l'amendement n° 33 rectifié.

(L'amendement est adopté.)

Mme la présidente. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 15.

Art. additionnel après l'art. 15
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Art. additionnel après l'art. 16

Article 16

L'article L. 214-7 du code de l'environnement est remplacé par les dispositions suivantes :

« Art. L. 214-7. - I. - Les installations classées doivent respecter les objectifs et les exigences de la gestion équilibrée de la ressource en eau définis à l'article L. 211-1.

« Les mesures prises en application des décrets prévus au 1° du II de l'article L. 211-3, les obligations instituées par l'article L. 214-8 et les sanctions prévues aux articles L. 216-6 et L. 216-13 leurs sont applicables.

« Les dispositions des schémas directeurs d'aménagement et de gestion des eaux et des schémas d'aménagement des eaux leurs sont opposables, dans les conditions prévues respectivement au IX de l'article L. 212-1 et au deuxième alinéa de l'article L. 212-5-2. » 

« II.- Les mesures individuelles et réglementaires prises en application du titre Ier du livre V fixent les règles applicables aux installations classées ayant un impact sur le milieu aquatique, notamment en ce qui concerne leurs rejets et leurs prélèvements. »

Mme la présidente. L'amendement n° 34, présenté par M. Sido, au nom de la commission des affaires économiques, est ainsi libellé :

Rédiger comme suit cet article :

I. - La première phrase de l'article L. 214-7 du code de l'environnement est complétée par les mots : « ainsi qu'aux mesures prises en application des décrets prévus au 1° du II de l'article L. 211-3 ».

II. - Le dernier alinéa de l'article L. 214-8 du même code est supprimé.

La parole est à M. le rapporteur.

M. Bruno Sido, rapporteur. Il s'agit d'un amendement de simplification.

La rédaction proposée par l'article 16 du projet de loi ne touche qu'à la marge le droit en vigueur et le seul élément réellement nouveau est inséré dans l'article L. 214-7 du code de l'environnement.

Par ailleurs, le paragraphe II de cet amendement tend à modifier l'article L. 214-8 du même code afin de le simplifier.

Mme la présidente. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Serge Lepeltier, ministre. Cet amendement complète l'article L. 214-7 du code de l'environnement, relatif aux obligations pesant sur les installations classées pour la protection de l'environnement, en les soumettant aux mesures de limitation ou de restriction des usages de l'eau que les préfets sont habilités à mettre en oeuvre pour faire face à une menace ou aux conséquences d'accidents, de sécheresses ou d'inondations.

Par ailleurs, dans un souci de simplification, cet amendement tend à supprimer les dispositions de l'article L. 214-8 imposant aux installations classées de s'équiper d'un dispositif de mesure, cette obligation étant déjà prévue à l'article L. 214-7.

Pour toutes ces raisons, le Gouvernement émet un avis favorable.

Mme la présidente. Je mets aux voix l'amendement n° 34.

(L'amendement est adopté.)

Mme la présidente. En conséquence, l'article 16 est ainsi rédigé.

Art. 16
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Intitulé du chapitre III

Article additionnel après l'article 16

Mme la présidente. L'amendement n° 419 rectifié ter, présenté par MM. Vial et du Luart, Mme Gousseau, MM. Billard, Belot, Pierre, Beaumont, Lecerf, Ginoux, Hérisson, Braye et Doublet, est ainsi libellé :

Après l'article 16, insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Au début de la première phrase du premier alinéa de l'article 16 bis de la loi du 16 octobre 1919 relative à l'utilisation de l'énergie hydraulique sont ajoutés les mots : « Les sociétés d'économie mixte autorisées et »

La parole est à M. Jean-Pierre Vial.

M. Jean-Pierre Vial. L'amendement tend à élargir l'accès à la procédure simplifiée pour l'implantation des microcentrales hydrauliques aux sociétés d'économie mixte autorisées.

Dans le texte actuel, cette possibilité est réservée aux seules « entreprises autorisées, aménagées et exploitées directement par les collectivités locales ou leurs groupements ».

Or cette rédaction ne tient pas compte des évolutions locales et, en particulier, du recours par les collectivités locales à l'économie mixte pour l'exploitation des microcentrales.

L'élargissement proposé par cet amendement ne vise bien évidemment pas à assouplir les règles d'implantation des microcentrales hydrauliques, règles qui sont par ailleurs renforcées par le présent projet de loi, mais bien à reconnaître aux SEM le bénéfice de ces procédures.

Monsieur le ministre, monsieur le rapporteur, je présente cet amendement avec une relative confiance, car des amendements identiques ont déjà été présentés et ont fait l'objet d'un large consensus : l'un sur un article du projet de loi relatif au développement des territoires ruraux, texte dans lequel il nous avait alors été dit que notre proposition n'avait pas sa place, puis un autre sur un article précédent du présent projet de loi, dans lequel la disposition proposée n'a pas davantage trouvé sa place.

C'est donc, à n'en pas douter, dans un consensus général et avec le soutien et du rapporteur et de M. le ministre que l'amendement n° 419 rectifié ter devrait être adopté ! (Sourires.)

M. Bruno Sido, rapporteur. Il n'y aura bientôt plus besoin de rapporteur ! (Nouveaux sourires.)

Mme la présidente. Quel est l'avis de la commission ?

M. Bruno Sido, rapporteur. Vous soulevez là, mon cher collègue, un problème très important, qui avait en effet suscité un large débat à l'occasion de la discussion du projet de loi relatif au développement des territoires ruraux, ainsi que vient de me le confirmer le président de la commission des affaires économiques, qui a rapporté ce texte.

Il semblerait que de nombreux projets de microcentrale pourraient être mis en oeuvre par des sociétés d'économie mixte, dans le respect, cela va sans dire, des règles relatives à la police de l'eau, et en particulier au classement des cours d'eau.

J'ai cru toutefois comprendre que les prérogatives données aux SEM dans ce dispositif pourraient poser des problèmes juridiques, mais, du fait de l'urgence dans laquelle nous travaillons et du rythme trop rapide auquel nous sommes astreints, je n'ai pu obtenir d'argument étayant de manière convaincante cette affirmation.

En conséquence, et en attendant de connaître l'avis du Gouvernement, la commission s'en est remise à la sagesse de notre assemblée.

Mme la présidente. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Serge Lepeltier, ministre. Monsieur Vial, vous souhaitez modifier l'article 16 bis de la loi du 16 octobre 1919 relative à l'utilisation de l'énergie hydraulique pour prendre en compte les sociétés d'économie mixte dans le domaine des microcentrales.

Une mesure de ce type trouverait peut-être davantage sa place dans le projet de loi d'orientation sur l'énergie, qui est en cours de discussion au Parlement, que dans le présent projet de loi. Toutefois, sur le plan du principe, je ne lui vois pas d'inconvénient. Je m'en remets donc moi aussi à la sagesse du Sénat.

Mme la présidente. Je mets aux voix l'amendement n° 419 rectifié ter.

(L'amendement est adopté.)

Mme la présidente. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 16.

CHAPITRE III

Préservation de la qualité des eaux et des milieux aquatiques

Art. additionnel après l'art. 16
Dossier législatif : projet de loi sur l'eau et les milieux aquatiques
Art. additionnel avant l'art. 17

Mme la présidente. L'amendement n° 334, présenté par M. Le Grand, est ainsi libellé :

Dans l'intitulé de ce chapitre, après le mot :

Préservation

insérer les mots :

et restauration

La parole est à M. Jean-François Le Grand.

M. Jean-François Le Grand. Monsieur le ministre, lorsque, le 29 mars dernier, vous nous avez fait l'honneur de venir ouvrir le colloque du Cercle français de l'eau qui s'est tenu au ministère de l'écologie et du développement durable et qui était consacré au projet de loi sur l'eau et les milieux aquatiques, j'ai attiré votre attention sur le fait que nous étions dans une situation paradoxale.

En effet, alors que l'école française de l'eau est unanimement reconnue et que notre réglementation est satisfaisante au point d'avoir souvent servi de modèle à d'autres réglementations européennes, l'état de nos eaux n'est, lui, pas satisfaisant, comme l'ont révélé les résultats obtenus dans un grand nombre de points de suivi de la qualité des eaux, y compris dans les zones côtières.

Si, dans les ruisseaux et les rivières où la qualité des eaux est bonne, cette qualité doit être préservée, il ne faut pas pour autant laisser se dégrader les cours d'eau où l'état des eaux n'est pas satisfaisant, d'où la nécessité d'ajouter le mot « restauration » dans l'intitulé du chapitre III. Cela nous permettrait de repartir vers le haut et de retrouver une spirale vertueuse dans le domaine de la protection des eaux.

Mme la présidente. Quel est l'avis de la commission ?

M. Bruno Sido, rapporteur. Après que M. Le Grand a parlé, tout est dit, et le rapporteur arrive trop tard ! (Exclamations amusées.)

La commission émet, bien sûr, un avis favorable.

Mme la présidente. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Serge Lepeltier, ministre. L'idée d'ajouter le mot « restauration » après le mot « préservation » me semble de bon aloi car, comme l'a fort bien dit M. Le Grand, la restauration est aussi parfois une nécessité.

J'émets donc un avis favorable sur cet amendement, auquel je ne vois que des avantages.

Mme la présidente. Je mets aux voix l'amendement n° 334.

(L'amendement est adopté.)

Mme la présidente. En conséquence, l'intitulé du chapitre III est ainsi rédigé.

Intitulé du chapitre III
Dossier législatif : projet de loi sur l'eau et les milieux aquatiques
Art. 17

Article additionnel avant l'article 17

Mme la présidente. L'amendement n° 335, présenté par M. Le Grand, est ainsi libellé :

Avant l'article 17, insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Une méthodologie commune à chaque pays européen permettant de mesurer la qualité de l'eau et de déterminer précisément les éléments de référence permettant de qualifier le bon état écologique des eaux sera élaborée.

Une étude bassin par bassin permettra de faire un état des lieux exact de la situation française et de définir les moyens à mettre en oeuvre pour aboutir aux objectifs fixés par la directive cadre européenne.

La parole est à M. Jean-François Le Grand.

M. Jean-François Le Grand. Premièrement, j'ai envie de dire, constatant l'unanimité qui s'est faite autour des précédents amendements : « Pourvu que ça dure ! »

Deuxièmement, je tiens à rassurer M. Sido en lui disant que, loin d'être le représentant d'une espèce en voie de disparition, il nous sera toujours indispensable d'avoir un rapporteur sur chaque texte, ne serait-ce que pour qu'il transmettre les avis favorables de la commission,... y compris sur l'amendement que je me dispose à défendre. (Sourires.)

Ce dernier vise en effet à préciser ce qu'est le bon état écologique des eaux, alors même que nous avons eu, à plusieurs reprises, l'occasion de dénoncer le flou qui entoure cette définition pour la bonne raison qu'elle n'existe pas.

Au cours de la discussion générale, j'avais évoqué le dumping environnemental que pouvait entraîner une telle situation, dans la mesure où elle permettait des interprétations très strictes ou très laxistes. Bref, il était nécessaire de parvenir à un arbitrage à peu près correct et convenable. Cela étant dit, tout reste à faire, sachant que la notion de bon état écologique des eaux varie d'un bassin à l'autre.

L'objet de cet amendement est donc d'arrêter une méthodologie commune à tous les pays européens et de pratiquer une étude bassin par bassin pour arriver à un état des lieux exact de la situation française.

J'ai retiré tous mes amendements précédents faisant référence à cette définition du bon état écologique des eaux pour préparer les esprits de cette assemblée, par une sorte de « mithridatisation », pour reprendre un terme du jargon médical, à adopter, au lieu de dix amendements susceptibles de brouiller le texte, un amendement ciblant l'essentiel du sujet.

Je n'imagine donc pas que l'utilité du rapporteur puisse être mise en cause et j'espère qu'il aura le bon goût d'émettre un avis favorable au nom de la commission.

Mme la présidente. Quel est l'avis de la commission ?

M. Bruno Sido, rapporteur. Cette question sera examinée à la fin de nos travaux, lorsque nous débattrons de l'utilité de l'ONEMA.

Effectivement, jusqu'à présent, nous avons parlé du bon état écologique des eaux, du bon potentiel écologique des eaux, sans toutefois en avoir défini les critères.

Chacun a bien noté, notamment à l'occasion de la transposition en droit français de cette directive-cadre sur l'eau, qu'il s'agit là d'une compétence européenne. En conséquence, il faudra que la France avance ses propres arguments devant la Commission européenne.

D'où toute l'utilité de l'ONEMA, dont ce texte propose la création.

Tout en partageant pleinement le souci de Jean-François Le Grand de voir définir une méthodologie commune à tous les pays européens pour mesurer la qualité de l'eau, il me semble que cette démarche n'est pas du ressort de la loi nationale mais qu'elle doit être engagée dans un cadre communautaire et avec les instruments juridiques communautaires. Inscrit dans la loi française, un tel dispositif ne passerait, au mieux, que pour une pétition de principe.

Je demanderai donc, d'une part, à notre collègue de bien vouloir retirer son amendement, et, d'autre part, à M. le ministre de s'engager - cela me paraît très important - à ce que le Gouvernement défende cette idée à l'échelon européen.

Mme la présidente. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Serge Lepeltier, ministre. Cet amendement comporte deux volets.

Le premier consiste à doter tous les pays européens d'une méthodologie commune afin de qualifier ce que l'on entend par le « bon état écologique des eaux ».

En l'occurrence, comme vient de le dire M. le rapporteur, au simple regard du droit, la loi française ne peut pas entraîner de conséquences dans les autres pays européens. Un tel texte ne peut donc être élaboré que dans un cadre européen : juridiquement, on ne peut naturellement pas définir dans la loi française une méthodologie qui s'appliquerait à chaque pays européen !

Cela étant, le problème soulevé par M. Le Grand est essentiel dès lors que cette notion du bon état écologique des eaux est au coeur des débats qui s'instaurent dans nos bassins et qu'une méthodologie européenne sera nécessaire pour établir une comparaison entre les différents pays.

Quoi qu'il en soit, je prévois, monsieur le sénateur, de publier avant l'été une circulaire pour préciser aux préfets les critères auxquels devra répondre ce « bon état écologique des eaux », étant entendu que ces derniers seront arrêtés en fonction des travaux que nous menons au niveau européen. En outre, je m'emploierai, bien sûr, au Conseil des ministres de l'environnement européen, à faire en sorte d'aller encore plus loin et de renforcer l'échange d'expériences en ce domaine.

Le second volet de cet amendement fait référence à la nécessité de procéder à une sorte d'état des lieux dans les différents bassins.

En la matière, une étape importante vient d'être franchie : cet état des lieux a été réalisé en décembre 2004, et le public, à partir du début du mois de mai, sera consulté par chaque agence de l'eau sur ces premiers résultats, dans le cadre de la modification des schémas directeurs d'aménagement et de gestion des eaux.

J'irai plus loin encore en vous signalant que l'agence Rhin-Meuse mènera la démarche jusqu'au bout puisqu'elle prévoit, à titre expérimental, d'adresser une lettre à chacun de nos concitoyens pour leur préciser les enjeux du débat, les résultats de l'état des lieux du bassin et leur poser un certain nombre de questions afin de mieux les impliquer. Il est en effet très important, à mes yeux, qu'ils s'approprient cette politique.

J'ajoute que, dans ce même cadre, une campagne nationale, radiophonique et télévisée, débutera le 18 avril pour sensibiliser nos concitoyens à tous ces problèmes.

La loi française étant inadéquate pour élaborer un texte de portée européenne et votre seconde proposition étant satisfaite, je pense, monsieur le sénateur, qu'il serait souhaitable que vous retiriez votre amendement.

Mme la présidente. L'amendement est-il maintenu ?

M. Jean-François Le Grand. Avant de le retirer, je tiens à préciser que, si j'ai fait référence à une méthodologie commune à tous les pays européens, c'est en toute connaissance de cause : je n'ignorais pas qu'une telle proposition n'était pas acceptable dans la loi française. Nous sommes un certain nombre dans cette assemblée à avoir suffisamment blanchi sous le harnais pour être rompus à ce genre d'exercice...

Cela étant, vous n'ignorez pas non plus, monsieur le ministre, que les questions posées dans cet hémicycle permettent d'enrichir le débat et de mieux lire la loi telle qu'elle sortira du Parlement.

C'était aussi tout l'intérêt du premier membre de phrase de mon amendement, sur lequel vous m'avez apporté une réponse dont je vous remercie. En effet, je considère que les comportements différenciés selon les pays ne peuvent que polluer le débat - qui, à l'extérieur, fait déjà un peu rage - sur le référendum. Il est donc nécessaire que nous puissions, à chaque instant et dès que c'est possible, affirmer que l'Europe n'est pas qu'une zone de libre échange, et qu'elle le sera d'autant moins que nous aurons adopté une Constitution.

En ce sens, votre réponse permet donc d'enrichir quelque peu le débat référendaire.

Pour ce qui est du second volet de mon amendement, je me réjouis d'avoir appris qu'une circulaire viendrait arrêter les critères auxquels devra répondre le « bon état écologique des eaux ». J'en suis entièrement et pleinement satisfait, car c'était l'une des préoccupations majeures du Cercle français de l'eau, aux destinées duquel j'ai l'honneur de présider.

Que ces critères figurent dans la loi me paraît peut-être excessif : ce serait une erreur que de figer dans le marbre des dispositions par nature évolutives. Merci en tout cas d'avoir prévu de rédiger une circulaire.

Enfin, vous nous avez annoncé que les états des lieux seraient rendus publics. Cette mesure s'inscrit dans la politique de la bonne gouvernance de l'eau et répond à la nécessaire transparence qui doit présider à l'ensemble des dispositions relatives à l'eau.

Je vous remercie d'avoir doublement satisfait le souhait que j'exprimais à la fin de cet amendement, que je retire donc.

Mme la présidente. L'amendement n° 335 est retiré.

Art. additionnel avant l'art. 17
Dossier législatif : projet de loi sur l'eau et les milieux aquatiques
Art. 18

Article 17

L'article L. 522-8 du code de l'environnement est modifié comme suit :

I. - Au I, après les mots : « l'article L. 522-2 » sont insérés les mots : « lors de la demande d'inscription d'une substance active biocide sur les listes communautaires visées au premier alinéa de l'article L. 522-3 ».

II. - Il est ajouté un IV ainsi rédigé :

« IV. - Le responsable de la mise sur le marché tient à la disposition de l'autorité administrative les quantités de produits mises sur le marché. Un décret précise les modalités de mise à disposition de ces informations. »

Mme la présidente. La parole est à M. Paul Raoult, sur l'article.

M. Paul Raoult. Permettez-moi de revenir un instant sur l'amendement que M. Le Grand vient de retirer.

Pour avoir participé aux travaux de l'agence de l'eau Artois-Picardie et à toutes les réunions d'information et de connaissance du milieu qui ont été organisées par cette agence, je me suis en effet aperçu qu'actuellement la méthodologie est imprécise et les critères scientifiques parfois mal évalués. En la matière, il faut donc faire un effort d'uniformisation sur l'ensemble du territoire national.

Par ailleurs, concernant le devoir d'information qui nous est imposé par Bruxelles, nous aimerions également que les directives soient plus précises. En effet, il arrive qu'aux termes de comparaisons établies de pays à pays la France se trouve condamnée alors que certains pays voisins - dont la Belgique, pour ne pas la nommer - qui consentent moins d'efforts ne le sont pas, parce que les critères qu'ils mettent en avant diffèrent et qu'ils ont l'art et la manière d'élaborer des cartes sur la qualité de l'eau de leurs rivières qui les exonèrent de toute sanction.

L'étude approfondie du dossier relatif à Natura 2000 montre que la France a été condamnée, mais je ne suis pas sûr que nos voisins aient réellement fait autant d'efforts qu'ils le prétendent pour se conformer à la directive.

Dans ce domaine de l'environnement, il nous faut à la fois être très précis, sans en « rajouter », et faire en sorte d'obtenir de Bruxelles des éléments uniformes d'appréciation pour établir une juste comparaison de pays à pays : on s'apercevra peut-être alors que la France n'est pas aussi en retard qu'on le dit !

M. Serge Lepeltier, ministre. Tout à fait !

Mme la présidente. L'amendement n° 436, présenté par Mme Didier, MM. Billout et Coquelle, Mme Demessine, MM. Le Cam, Vera et les membres du groupe Communiste Républicain et Citoyen, est ainsi libellé :

Rédiger comme suit le I de cet article :

I - Le I est ainsi rédigé :

« I. Les dépenses résultant de la conservation, de l'examen, de l'exploitation et de l'expertise des informations fournies dans les dossiers de déclaration visées à l'article L. 522-2 ou lors de la demande d'inscription d'une substance active biocide sur les listes communautaires visées au premier alinéa de l'article L. 522-3 ou lors des demandes d'autorisation mentionnées à l'article L. 522-4 peuvent être mises à la charge des producteurs, des importateurs ou des responsables de la mise sur le marché. »

La parole est à Mme Evelyne Didier.

Mme Evelyne Didier. Nous vous proposons de revenir à la rédaction de l'avant-projet de loi, qui nous paraît plus explicite.

Mme la présidente. Quel est l'avis de la commission ?

M. Bruno Sido, rapporteur. La rédaction proposée pour l'article 17 me semble plus lourde que celle du projet de loi et ne me paraît pas enrichir le texte.

La commission souhaite donc le retrait de cet amendement, dans la mesure où il est déjà satisfait.

Mme la présidente. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Serge Lepeltier, ministre. Comme vient de le dire M. le rapporteur, l'objet de cet amendement est totalement satisfait, dans la mesure où il ne fait que reprendre ce qui figure déjà dans le code.

Je demande donc le retrait de cet amendement.

Mme la présidente. L'amendement est-il maintenu ?

Mme Evelyne Didier. Je le retire, madame la présidente.

L'amendement n° 436 est retiré.

Mme la présidente. L'amendement n° 437, présenté par Mme Didier, MM. Billout et Coquelle, Mme Demessine, MM. Le Cam, Vera et les membres du groupe Communiste Républicain et Citoyen, est ainsi libellé :

Dans la première phrase du texte proposé par le II de cet article pour le IV de l'article L. 522-8 du code de l'environnement, remplacer les mots :

tient à la disposition de

par les mots :

communique à

La parole est à M. Gérard Le Cam.

M. Gérard Le Cam. Nous ne pouvons qu'approuver l'objectif d'amélioration de la traçabilité des produits biocides introduit par cet article.

Toutefois, en obligeant les responsables de la mise sur le marché de produits biocides à tenir à la disposition des autorités administratives les informations relatives aux quantités de produits mises sur le marché, permettez-moi de vous dire, monsieur le ministre, que vous n'allez pas au bout de la démarche que vous souhaitez engager.

Pour que la politique de traçabilité soit véritablement efficace, nous considérons que les responsables de la mise sur le marché de ces produits doivent avoir une démarche beaucoup plus participative.

Aussi, nous proposons qu'ils communiquent à l'autorité administrative les informations concernant les quantités de biocides mises sur le marché. Seule cette communication permettra une véritable transparence dans ce domaine.

Mme la présidente. Quel est l'avis de la commission ?

M. Bruno Sido, rapporteur. La formule proposée par les auteurs de cet amendement semble lourde, singulièrement à l'heure d'Internet, puisque l'on peut aller sur le site concerné pour consulter tous les documents nécessaires.

De surcroît, au moment où tous les efforts tendent à l'assouplissement des procédures et à l'allégement des tâches de l'administration pour rendre cette dernière plus efficace, il n'apparaît pas pertinent de prévoir la communication systématique des informations relatives aux quantités de produits biocides mis sur le marché. On risquerait ainsi de la noyer, car trop d'information tue l'information !

En tout état de cause, les autorités administratives auront la possibilité de consulter ces informations à leur gré, ce qui nous semble largement suffisant.

C'est pourquoi la commission a émis un avis défavorable.

Mme la présidente. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Serge Lepeltier, ministre. Je comprends bien l'objet de cet amendement, qui vise à imposer au responsable de la mise sur le marché des biocides la communication à l'autorité administrative des quantités de produits mises sur le marché.

Cependant, compte tenu de la diversité des produits concernés, une communication systématique des données entraînerait une contrainte pour les déclarants, alors même que l'administration risque de ne pas être en mesure de traiter l'ensemble des données collectées.

Je souligne en outre que les mots : « tient à la disposition de » signifient bien que l'information est disponible si on le souhaite.

De plus, le projet de loi prévoit que les modalités de mise à disposition des données seront fixées par décret afin d'accorder de la souplesse aux pouvoirs publics sur le choix des données qui seront collectées, évitant ainsi l'accumulation d'un surplus d'informations qui ne seraient pas forcément utilisées par la suite.

Telle est la raison pour laquelle le Gouvernement demande le retrait de cet amendement, faute de quoi il émettra un avis défavorable.

Mme la présidente. Monsieur Le Cam, l'amendement est-il maintenu ?

M. Gérard Le Cam. Je retire cet amendement, mais j'émets le voeu que le décret donne des précisions sur la mise à disposition. En effet, si les renseignements sont stockés dans un tiroir, ce n'est d'aucune utilité. En revanche, si le décret précise que les informations sont mises à disposition sur Internet et accessibles à chacun, nous serons totalement satisfaits.

Mme la présidente. L'amendement n° 437 est retiré.

Je mets aux voix l'article 17.

(L'article 17 est adopté.)

Art. 17
Dossier législatif : projet de loi sur l'eau et les milieux aquatiques
Art. additionnels après l'art. 18 (début)

Article 18

L'article L. 254-1 du code rural est modifié comme suit :

I. - Après les mots : « d'un agrément » sont ajoutés les mots : « et à la tenue d'un registre ».

II. - Il est ajouté l'alinéa suivant :

« Les agents habilités en vertu de l'article L. 215-1 du code de la consommation ont accès au registre prévu ci-dessus. » - (Adopté.)

Art. 18
Dossier législatif : projet de loi sur l'eau et les milieux aquatiques
Art. additionnels après l'art. 18 (interruption de la discussion)

Articles additionnels après l'article 18

Mme la présidente. L'amendement n° 556, présenté par M. Desessard et les membres du groupe Socialiste, apparentés et rattachés, est ainsi libellé :

Après l'article 18, insérer un article additionnel ainsi rédigé :

I. Dans le III de l'article L. 253-1 du code rural, après le mot : « agriculture » sont insérés les mots : « de l'environnement, de la santé ».

II. Dans le second alinéa de l'article L. 253-5 du code rural, après le mot : « agriculture » sont insérés les mots : « de la santé et de l'environnement ».

III. Dans la première phrase du premier alinéa de l'article L. 253-6 du code rural, après le mot : « accordée » sont insérés les mots : « par arrêté conjoint des ministres en charge de l'agriculture, de la santé et de l'environnement ».

IV. Dans la même phrase, les mots : « et des animaux » sont remplacés par les mots : « des animaux et des risques de dissémination dans l'environnement ».

La parole est à M. Jean Desessard.

M. Jean Desessard. Cet amendement vise à élargir la compétence du ministère de l'environnement en matière d'autorisation de mise sur le marché de produits phytosanitaires.

Les produits phytosanitaires ne concernent pas uniquement le ministère de l'agriculture, mais également le ministère de l'environnement et le ministère de la santé. En effet, force est de constater que la qualité des eaux et du milieu aquatique concerne non seulement l'agriculture, mais aussi la santé, et qu'elle peut poser des problèmes graves d'environnement.

Certes, vous m'objecterez que, le Gouvernement étant uni et cohérent, si le ministre de l'agriculture donne un avis, ce dernier vaut pour les questions liées à l'environnement et à la santé. Pourtant, chacun sait très bien qu'il n'en est rien, que le ministre de l'agriculture est ministre des agriculteurs et qu'à ce titre il défend un certain type de production et les intérêts des agriculteurs, au détriment de l'environnement et de la santé. (M. Alain Vasselle proteste.)

Une concertation entre les trois ministres concernés est donc indispensable, afin de garantir la défense à la fois de l'agriculture, de la santé et de l'environnement.

M. Alain Vasselle. C'est un procès d'intention !

M. Jean Desessard. Monsieur Vasselle, soyons sérieux : si vous considérez que le ministre de l'agriculture n'est pas aujourd'hui le ministre des agriculteurs, vous remettez alors en cause, même si vous n'en avez pas conscience, la portée de vos propres analyses ! Il faut être lucide !

M. Alain Vasselle. Je suis objectif !

Mme la présidente. Quel est l'avis de la commission ?

M. Bruno Sido, rapporteur. La commission a bien réfléchi à la proposition de M. Desessard.

Elle estime que les ingénieurs du ministère de l'agriculture sont largement compétents pour procéder à ces contrôles.

En outre, il ne lui appartient pas de soutenir une telle proposition dans la mesure où il revient au ministre de l'écologie et du développement durable de dire s'il souhaite élargir ses prérogatives.

Par conséquent, la commission sollicite le retrait de cet amendement, monsieur Desessard.

Mme la présidente. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Serge Lepeltier, ministre. Je rejoins les préoccupations qui sont exprimées à travers cet amendement.

Au sein de l'Agence française de sécurité sanitaire environnementale, l'AFSSE, qui est chargée du lien entre la santé et l'environnement et des conséquences sur la santé des nuisances et de la détérioration de l'environnement, l'observatoire des pesticides relève déjà de ma compétence.

Cependant, il est tout à fait exact qu'il convient de renforcer la prise en compte de l'environnement dans la mise sur le marché des produits phytosanitaires, et donc de donner davantage de poids à l'avis du ministre en charge de l'écologie dans les décisions d'autorisation et de retrait du marché des produits phytosanitaires.

En outre, il est également nécessaire de renforcer l'indépendance du dispositif d'évaluation des risques sanitaires et environnementaux.

Telle est la position que je défendrai lors de l'examen du projet de loi d'orientation agricole, actuellement à l'étude au niveau interministériel. C'est un sujet qui mérite en effet d'être examiné dans ce cadre plus large.

Pour toutes ces raisons, je sollicite le retrait de cet amendement.

Mme la présidente. Monsieur Desessard, l'amendement est-il maintenu ?

M. Jean Desessard. Monsieur le ministre, je suis heureux que vous partagiez mes préoccupations sur le fond.

Cependant, permettez-moi une remarque : vous avez dit que le contrôle existait déjà, mais qu'il était limité. Si vous nous dites que tout fonctionne bien, que les pesticides et les nitrates ne posent pas de problèmes, cela signifie que les mesures actuelles sont bonnes et qu'il faut continuer comme avant !

Or, depuis le début de l'examen du présent projet de loi, chacun s'accorde à dire que la situation est très grave, que l'ensemble des cours d'eau sont pollués, que les mesures de contrôle sont insuffisantes, autrement dit qu'il y a un vrai problème Cela signifie donc bien que l'on considère qu'il faut prendre d'autres dispositions et renforcer celles qui existent !

Dans ces conditions, je maintiens mon amendement. S'il n'est pas adopté aujourd'hui, nous aurons le loisir, avec vous-même et M. le rapporteur, de rechercher les formules qui permettront de le faire adopter en deuxième lecture. Mais je préférerais qu'il soit adopté aujourd'hui !

Mme la présidente. La parole est à M. Claude Biwer, pour explication de vote.

M. Claude Biwer. J'ai l'impression que ce débat ne correspond pas à la situation d'aujourd'hui. En effet, s'il fut une époque où l'agriculture était encouragée à produire envers et contre tout, parfois dans des conditions qui ne nous satisfont pas aujourd'hui, les choses ont beaucoup évolué.

A l'heure actuelle, les agriculteurs savent ce qu'ils font et de quoi ils parlent. Ils peuvent prendre les mesures utiles et nécessaires. Je reviendrai d'ailleurs sur ce point tout à l'heure, à l'occasion de l'examen d'un autre amendement, pour bien préciser que les contrôles qui sont effectués en l'occurrence, en liaison et même en partenariat avec le secteur de l'agriculture, doivent permettre de trouver demain des solutions plus heureuses encore qu'aujourd'hui, à condition de faire appel à des contrôleurs possédant la compétence requise.

M. Alain Vasselle. Tout à fait !

Mme la présidente. La parole est à M. Paul Raoult, pour explication de vote

M. Paul Raoult. Nous touchons là un problème de fond.

Il n'est pas question de s'en prendre en permanence aux agriculteurs. Il reste que, dans une collectivité comme la nôtre, certains ne respectent pas la loi et la règle en vigueur. Notre rôle de législateur consiste donc à faire en sorte que ceux qui enfreignent ce que j'appellerai le code de l'environnement soient mis à l'index et replacés « dans les clous ». C'est là toute la difficulté de l'exercice.

M. Paul Raoult. Bien sûr, depuis une dizaine d'années, de nombreux agriculteurs appliquent les mesures agro-environnementales, les MAE, signent des contrats territoriaux d'exploitation, des CTE, ou participent aux comités d'aide au développement, les CAD. L'agriculture raisonnée est devenue un élément de réflexion largement répandu !

Pourtant, dans ma propre région, les taux de nitrates et de pesticides dans les champs captants continuent d'augmenter de façon inexorable.

Il importe donc de prendre conscience de ces évolutions négatives pour réagir collectivement, avec les agriculteurs, afin de les aider à mieux respecter notre environnement.

Mais les aider ne signifie pas les mettre en accusation ! Tel est bien le problème auquel nous devons faire face.

Mme la présidente. La parole est à M. Gérard Delfau, pour explication de vote.

M. Gérard Delfau. Nous sommes là, effectivement, au coeur d'une question difficile.

Ce débat devient facilement passionné dans nos communes au moment où nous votons le budget de l'eau et de l'assainissement. Le Sénat ne peut donc pas faire comme si le problème n'existait pas.

En même temps, comme le soulignait M. Raoult, il ne s'agit pas de se lancer dans une croisade : nous avons besoin de nos agriculteurs, et nous respectons leur travail.

Dans ces conditions, il nous faut imaginer les meilleures méthodes pour diminuer de plus en plus la présence des nitrates et des pesticides dans l'eau destinée à devenir potable.

Or, toutes les études le montrent, toutes les analyses des laboratoires agréés l'attestent, les déversements continuent de s'aggraver dans un certain nombre de territoires.

La question se pose donc de savoir comment résoudre ce problème : faut-il retenir la suggestion de notre collègue Jean Desessard ? Je n'en suis pas sûr, car je crains qu'une telle approche ne donne naissance à un début de guerre de religion, venant crisper, comme le disait notre collègue Claude Biwer à l'instant, le débat qui a commencé à s'instaurer.

Dans le même temps, monsieur le ministre, vous nous dites, avec une feinte naïveté, que le problème sera traité dans la cadre du débat sur le projet de loi d'orientation agricole. Or, vous le savez bien car vous êtes un fin politique, que le texte en question est le plus mauvais véhicule législatif possible pour régler le problème qui nous occupe en ce moment car, à l'évidence, lors de son examen, nous nous préoccuperons surtout de la défense des intérêts économiques des agriculteurs, et au-delà même, de l'identité de la profession agricole !

Tout en indiquant que, pour ma part, je ne voterai pas cet amendement, je veux insister sur l'urgence qu'il y a à trouver une solution et je demande à ceux de nos collègues qui se taisent soigneusement d'en tenir compte sans tarder.

Anticipons l'avenir : que se passera-t-il si nous ne faisons rien ? Un jour, éclatera alors certainement une guerre de religion - j'emploie l'expression à dessein - entre les urbains et ceux qui exercent la profession agricole. Et nous aurons, collectivement, tous perdu !

Voilà pourquoi, je pense que cet amendement mérite mieux que l'indifférence polie qui est manifestée.

Mme la présidente. La parole est à M. Charles Revet, pour explication de vote.

M. Charles Revet. Je partage les propos qui ont été tenus par Claude Biwer il y a un instant.

Effectivement, voilà vingt-cinq ou trente ans, les agriculteurs étaient incités à augmenter leur productivité en utilisant des produits tels que l'azote.

Mais des évolutions importantes sont intervenues depuis ! Les jeunes agriculteurs ont suivi des formations qui les ont préparés à utiliser les produits phytosanitaires et les engrais de façon plus rationnelle et plus respectueuse de l'environnement.

Aujourd'hui, les agriculteurs ont parfois du mal à gérer la situation.

Comme certains d'entre vous, j'ai été agriculteur. Il y a vingt-cinq ans, quelqu'un m'a dit - je ne révèlerai pas son nom - qu'il fallait que j'emploie deux cents unités d'azote pour produire plus. Or, aujourd'hui, cette même personne pourfend les agriculteurs, en les accusant notamment de polluer la nappe phréatique. Elle accuse donc ceux qui ont suivi ses conseils en oubliant qu'elle en est à l'origine...

M. Gérard Delfau. Des noms !

M. Charles Revet. Il faut donc être très prudent, et surtout éviter d'accuser en permanence les agriculteurs, qui veillent particulièrement aujourd'hui à respecter l'environnement. Nous en avons la preuve tous les jours, ils sont très soucieux de la qualité de la nappe phréatique.

Mme la présidente. La parole est à M. Gérard Le Cam, pour explication de vote.

M. Gérard Le Cam. Nous sommes dans un débat important qui touche au coeur même du sujet : la distribution de biocides, de produits mortels pour la nature - et, à terme, pour l'homme - ainsi que la question des contrôles.

En la matière, nous devons poser les vrais problèmes et situer les vraies responsabilités. Nous nous interrogeons sur les molécules présentes dans les biocides, sur la course à la productivité, qui existe dans notre pays depuis plusieurs décennies, sur le rôle des coopératives en matière de distribution et de conseil, sur celui des conseillers techniques auprès des agriculteurs.

Depuis longtemps, des contrôles sont réalisés, mais ils n'ont pas permis d'améliorer la situation. Même si l'on a perfectionné les modes de dosage, accru la qualité des pulvérisateurs, on n'a pas réglé le problème de fond.

Demain, il faudra faire payer ceux qui sont en train de profiter de ce système, qui est, à terme, mortel pour la nature et donc pour l'homme : je veux parler des multinationales de l'agroalimentaire, de la grande distribution et des produits phytosanitaires. Il faut s'attaquer au système ! En effet, ce n'est pas le projet de loi d'orientation agricole, qui va sans doute encore favoriser l'implantation d'exploitations plus grandes, plus productives, moins familiales, moins tournées vers le bio, qui réglera demain le problème de l'eau en France.

Le débat ne fait donc que commencer. Il s'agit là de la conception même de l'agriculture, qui aura, demain, un impact positif ou négatif sur la qualité de l'eau dans notre pays.

Mme Evelyne Didier. Très bien !

Mme la présidente. La parole est à M. Alain Vasselle, pour explication de vote.

M. Alain Vasselle. Je ne sais pas si, après le débat auquel nous venons d'assister, l'opinion publique pourra se faire une idée juste des mesures à prendre.

Monsieur Delfau, il est inacceptable d'affirmer que, lorsque le Parlement examine un projet de loi relatif aux affaires agricoles, il ne fait que se soumettre aux lobbies des agriculteurs, en mettant de côté notamment les questions environnementales.

M. Gérard Delfau. Ce n'est pas le sujet !

M. Alain Vasselle. Vous savez bien, mon cher collègue, que cela ne se passe pas de cette manière-là. Nous avons une plus haute idée de notre rôle de législateurs, à moins que vous ne subissiez, vous, l'action des lobbies et que vous les suiviez d'une manière aveugle chaque fois que des amendements sont déposés sur votre bureau, quelle que soit leur origine...

.M. Gérard Delfau. Ah oui ! Surtout moi ! Je suis connu pour cela, monsieur Vasselle !

M. Alain Vasselle. Par ailleurs, je suis effaré d'entendre les propos de nos collègues de l'opposition : les agriculteurs pollueraient à tout va, sans considération aucune pour la protection de l'environnement, et les contrôles seraient insuffisants.

M. Gérard Delfau. Ils n'ont pas dit cela !

Mme Nicole Bricq. Nous n'avons rien dit de tel !

M. Paul Raoult. Vous caricaturez, comme d'habitude !

M. Alain Vasselle. Ils font là un procès à la profession, et nos collègues Claude Biwer et Charles Revet ont eu raison de réagir.

Vraiment, vous ignorez, mes chers collègues, le contexte dans lequel nous évoluons aujourd'hui ! Actuellement, avec l'application de la nouvelle politique agricole commune, les agriculteurs sont mis au banc des accusés. Or cette politique va être accompagnée d'un renforcement - ô combien démesuré selon vous - des contrôles.

Les agriculteurs ont reçu, voilà quelques semaines, les livrets I et II relatifs à la mise en oeuvre de la PAC. Et ils ont pu constater que le terme « contrôle » revient quarante ou cinquante fois dans les quelque trente pages qu'ils comportent. Des dispositions ont donc été prises pour veiller au respect de l'écoconditionnalité et pour que des mesures de contrôle soient mises en oeuvre. Trop, c'est trop !

Il importe que des mesures suffisamment dissuasives soient mises en place pour les quelques agriculteurs qui sont peu respectueux de l'environnement. Mais, mes chers collègues, reconnaissez tout de même que 99,8 % des agriculteurs respectent les mesures qui s'imposent à eux dans ce domaine !

L'écoconditionnalité est une épée de Damoclès suspendue au-dessus de la tête des agriculteurs : s'ils ne la respectent pas, ils perdront le bénéfice des aides de la PAC. Et, croyez-moi, les agriculteurs, qui éprouvent aujourd'hui beaucoup de difficultés à assurer le maintien de leur pouvoir d'achat, veilleront tout particulièrement à respecter l'écoconditionnalité !

C'est donc faire un mauvais procès à la profession agricole que de tenir les propos que vous avez tenus.

Enfin, si l'on peut se faire du souci s'agissant des nitrates, monsieur Le Cam, il n'en est pas de même s'agissant des produits phytosanitaires : j'imagine difficilement qu'un gouvernement responsable accepte la mise sur le marché de produits phytosanitaires qui ne respecteraient pas l'environnement.

M. Charles Revet. Tout à fait !

Mme Nicole Bricq. Nous en avons vu d'autres !

M. Paul Raoult. Et l'atrazine ?

M. Jean Desessard. Donc, tout va bien !

M. Alain Vasselle. A moins que le Gouvernement fasse appel à des scientifiques qui n'ont pas une bonne connaissance des produits ! (Protestations sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC.)

Quand un produit est mis sur le marché - mais c'est également vrai pour les médicaments -, il doit respecter un minimum de normes !

M. Paul Raoult. Et l'atrazine ?

M. Alain Vasselle. Mes chers collègues, ne faites donc pas de mauvais procès aux agriculteurs ! (Nouvelles protestations sur les mêmes travées.)

Mme la présidente. La parole est à M. Pierre-Yves Collombat, pour explication de vote.

M. Pierre-Yves Collombat. J'avoue avoir un peu de mal à suivre le débat : de quoi s'agit-il ? Nous sommes en train de débattre de l'agriculture, de ses bienfaits et de ses méfaits supposés, mais tel n'est pas l'objet de l'amendement qui nous est soumis !

L'amendement n° 556 vise à préciser que le ministre de l'environnement doit avoir son mot à dire en matière d'autorisation de mise sur le marché de produits phytosanitaires.

A cet égard, je reprendrai les propos de M. Vasselle : un ministre qui mettrait sur le marché des produits phytosanitaires nocifs ne serait pas un bon ministre. Mais alors, s'il n'y a pas de problème, pourquoi ne pas accepter cet amendement ?

Tous les ministres ont effectivement le souci de l'intérêt général, mais ils n'ont peut-être pas tous forcément la même hiérarchie des priorités.

M. Gérard Longuet. Il y a l'unité du Gouvernement !

M. Pierre-Yves Collombat. Que les ministres de l'agriculture et de l'environnement puissent se concerter et prendre collégialement des décisions me paraît plutôt être une mesure de bon sens. A moins précisément que, contrairement à ce que vous avez affirmez, monsieur Vasselle, au sein des ministères, certaines personnes défendent plutôt l'un que l'autre ! Mais, si ce n'est pas le cas, tout doit très bien se passer.

M. Alain Vasselle. Tout se passe très bien !

Mme la présidente. La parole est à M. Jean Desessard, pour explication de vote.

M. Jean Desessard. Enfin, les masques tombent ! (Sourires sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC.)

Jusqu'à présent, tout le monde a dit que nous devions nous occuper des cours d'eau, que la loi sur l'eau était importante... Mais là, monsieur Vasselle - on peut vous faire beaucoup de reproches, mais pas celui-ci -, vous êtes franc et direct : selon vous, tout se passe bien, 99 % des agriculteurs sont corrects. Mais alors, qui pollue ?

M. Claude Biwer. Les citoyens !

M. Jean Desessard. Qui pollue, monsieur Vasselle ?

Si je me réfère aux chiffres cités, 74 % des nitrates et 90 % des pesticides sont produits par l'agriculture ! Il y a donc bien un mode agricole qui pollue aujourd'hui, en particulier l'eau et les milieux aquatiques !

Après tous les discours qui ont été tenus depuis deux jours, certains sénateurs de l'UMP avouent enfin qu'ils n'ont pas envie de se préoccuper de ce problème. Merci, monsieur Vasselle !

M. Alain Vasselle. Ce ne sont pas les agriculteurs qui polluent ! Ils respectent les normes ! Il n'est pas acceptable de tenir de tels propos !

M. Jean Desessard. Pour répondre aux propos plus modérés de M. Revet et de M. Biwer, je tiens à dire que je ne critique pas tous les agriculteurs : il y a les petits et les grands agriculteurs.

M. Gérard Delfau. C'est vrai !

M. Claude Biwer. Mais non !

M. Jean Desessard. Mais si ! Je ne les mets pas tous dans une classe unique, il y a les agriculteurs vertueux et ceux qui le sont moins et, comme je l'ai dit dans la discussion générale, je vise ici un certain type d'agriculture.

Alors, monsieur Biwer, je vais vous expliquer la logique capitaliste ! (Exclamations sur les travées de l'UMP.)

M. Gérard Longuet. Vous êtes bien placé pour le faire !

M. Jean Desessard. Si un patron emploie des salariés sans payer de charges sociales, il sera évidemment plus compétitif qu'un autre patron ! C'est pour cette raison que l'Etat doit fixer des règles : tout le monde doit payer les charges salariales !

De la même façon, si un agriculteur utilise des produits permettant de produire davantage, il aura moins besoin d'embaucher et sera donc plus compétitif que les autres.

M. Alain Vasselle. N'importe quoi !

M. Jean Desessard. Même si un agriculteur veut être vertueux, il sera bloqué par la logique du profit : il utilisera plus d'engrais et de pesticides pour produire plus. Et, compte tenu du nombre important d'agriculteurs, celui qui sera plus vertueux ne pourra pas s'en sortir.

M. Alain Vasselle. Vraiment n'importe quoi !

M. Jean Desessard. Si, afin de rendre l'agriculture vertueuse plus rentable, nous n'imposons pas des règles aux termes desquelles celui qui pollue doit payer et doit donc reporter le prix de la pollution sur la production, alors le système que nous connaissons existera toujours. Si nous favorisons l'agriculture intensive, une agriculture qui ne se soucie pas des effets environnementaux, l'agriculteur vertueux ne pourra pas s'en sortir financièrement.

Donc, mes chers collègues, je ne condamne pas tous les agriculteurs, mais je condamne un mode de production agricole bien précis. Et, si tous les agriculteurs sont confrontés au marché, celui qui est vertueux a, je le répète, plus de mal à s'en sortir. Faisons donc en sorte que l'Etat aide les vertueux et fasse payer les moins vertueux !

M. Gérard Delfau. Très bien !

Mme la présidente. La parole est à M. Claude Bertaud, pour explication de vote.

M. Claude Bertaud. Loin de moi l'idée de jeter l'opprobre sur les agriculteurs, parce que l'immense majorité d'entre eux respecte parfaitement les règles fixées et les quantités de produits imposées.

M. Alain Vasselle. Très bien !

M. Claude Bertaud. Cependant, il faut bien admettre que nous rencontrons parfois des problèmes avec des molécules qui sont totalement interdites et qui sont d'ailleurs utilisées dans un cadre différent de celui pour lequel elles ont été produites. Je prendrai notamment l'exemple des produits utilisés pour les maïs, qui sont encore présents dans les exploitations et que l'on utilise aujourd'hui pour les moutons.

Nous connaissons ces utilisateurs dans nos régions, et il me semble que des sanctions plus exemplaires devraient être envisagées à leur encontre.

D'une manière générale, je confirme en tout cas que tous les agriculteurs sont aujourd'hui réellement responsables.

Mme la présidente. La parole est à M. le rapporteur.

M. Bruno Sido, rapporteur. Je ne veux pas allonger inutilement la discussion, même si je ne méconnais pas la nécessité, voire l'utilité, du présent débat. Toutefois, je m'étonne que l'amendement qui nous est soumis en soit la cause. Ce débat a effectivement lieu un peu tôt.

Mme Nicole Bricq. Oui, mais nous y reviendrons par la suite !

M. Bruno Sido, rapporteur. Certes ! Et il ne sera alors peut-être pas utile de répéter une deuxième fois vos propos, mes chers collègues ! (Sourires.)

Mme Nicole Bricq. On le dira autrement !

M. Jean Desessard. Nous pourrons améliorer nos discours !

M. Jean-François Le Grand. Ils en ont bien besoin !

M. Bruno Sido, rapporteur. Personnellement, je souhaiterais que nous en revenions à un ton plus serein, au ton qui a présidé au début de nos travaux.

Par ailleurs, mes chers collègues, je vous rappelle qu'il nous reste près de 500 amendements à examiner et que nous n'en avons même pas examiné 200 jusqu'à présent ! Si nous voulons achever l'examen de ce texte dans un délai raisonnable, nous devons donc, tout en respectant l'esprit de démocratie qui nous anime, aller à l'essentiel. Je vous en remercie par avance.

M. Alain Vasselle. Il faut arrêter la provocation ! (Exclamations ironiques sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC.)

Mme Nicole Bricq. Nous sommes d'accord !

M. Jean Desessard. Prenez un miroir, monsieur Vasselle !

Mme la présidente. Je mets aux voix l'amendement n° 556.

(L'amendement n'est pas adopté.)

Mme la présidente. L'amendement n° 557, présenté par M. Desessard et les membres du groupe Socialiste, apparentés et rattachés, est ainsi libellé :

Après l'article 18, insérer un article additionnel, ainsi rédigé :

Le premier alinéa de l'article L. 253-5 du code rural est ainsi rédigé :

« La publicité portant sur les produits mentionnés aux articles L. 253-1 et L. 253-4 ne comporte aucune mention pouvant donner une image exagérément sécurisante ou de nature à banaliser leur utilisation, ni aucune mention d'emplois ou de catégories d'emplois non indiqués par l'autorisation de mise sur le marché, sauf s'il s'agit d'usages assimilés à ces emplois ou catégories d'emplois dans des conditions déterminées conformément à l'article L. 253-11. »

La parole est à M. Jean Desessard.

M. Jean Desessard. Cet amendement ne provoquera pas, je crois, autant de discussions que le précédent : comme l'a souligné M. le rapporteur, nous réservons nos arguments pour d'autres articles.

Nous proposons d'encadrer la publicité sur les produits phytosanitaires, afin d'éviter qu'elle soit exagérée sinon mensongère. Nous connaissons en effet les dommages que peuvent provoquer sur l'environnement certains de ces produits.

Mme la présidente. Quel est l'avis de la commission ?

M. Bruno Sido, rapporteur. La rédaction de cet amendement ne me paraît pas satisfaisante. En effet, comment définir une « image exagérément sécurisante » ?

Sans relancer le débat, je reviendrai un instant sur les progrès accomplis et les améliorations réalisées : avant, les gens mouraient parce que la carie ou l'ergot affectaient le blé ou le seigle... mais combien ont échappé à la faim et à la mort grâce aux produits phytosanitaires !

En réalité, les agriculteurs sont pris entre le marteau et l'enclume, et peut-être sont-ils un peu facilement désignés comme boucs émissaires.

Le marteau, c'est l'agropharmacie. Nous, les agriculteurs - je dis « nous » parce que j'en suis un -, nous utilisons ce qui est mis sur le marché. Mais les services du ministère de l'écologie ou ceux du ministère de l'agriculture peuvent certainement fournir la liste des produits dangereux qui ont été retirés du marché - le dichlorodiphényltrichloroéthane, le DDT, présent autrefois dans la graisse de phoque, en est un exemple dont chacun se souvient - et cette liste est impressionnante. Je ne suis agriculteur que depuis vingt-cinq ans, mais j'ai pu mesurer l'extraordinaire évolution qui s'est produite pendant cette période : il y a vingt-cinq ans, le productivisme dont a parlé notre ami Charles Revet était à son apogée. Depuis, les choses ont bien changé, et je ne reviens pas sur l'écoconditionnalité ou sur toutes les règles qui sont édictées aujourd'hui...

L'enclume, c'est le consommateur : après tout, ce que consommateur veut, Dieu le veut ! (Sourires.)

N'accablons pas les agriculteurs, qui se situent entre les deux.

Pour en revenir à votre amendement, monsieur Desessard, je rappelle que des contrôles relatifs à la mise sur le marché de ces produits et évaluant l'innocuité de ces derniers existent déjà.

La commission vous demande donc de bien vouloir retirer cet amendement, afin de trouver une meilleure formulation. Après tout, les paquets de cigarettes indiquent bien - ce qui n'est pas exempt d'hypocrisie, car l'Etat encaisse les taxes - que le tabac est dangereux et qu'il tue !

M. Jean Desessard. Vous proposez de faire figurer sur les sacs d'engrais : « A consommer avec modération » ? (Sourires.)

Mme la présidente. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Serge Lepeltier, ministre. M. Desessard aborde le sujet extrêmement important de la publicité en faveur de produits potentiellement dangereux.

Je commencerai par répondre au rapporteur : la liste des produits dangereux est connue, elle existe. Sans doute pourrait-elle être mieux diffusée, et je répercuterai cette requête auprès des services du ministère de l'agriculture. Il faut déterminer en tout cas si l'information parvient jusqu'à l'utilisateur et si elle est suffisamment précise ; sur ce point, des améliorations sont certainement possibles.

Au début des années quatre-vingt-dix, 900 produits étaient sur le marché. Après analyse de leur dangerosité, il n'en reste aujourd'hui plus que 500, soit un peu plus de la moitié : les produits les plus dangereux ont été éliminés.

Cela s'est fait, je le précise à l'intention de certaines travées de cette assemblée, à l'échelon européen. L'Europe est donc utile : je le dis souvent, l'écologie a besoin d'Europe ! (Mmes Nicole Bricq et Evelyne Didier s'exclament.)

Mais j'en reviens à l'amendement n° 557, qui tend à compléter le code rural en encadrant les publicités portant sur les produits phytosanitaires afin d'interdire toute mention pouvant donner « une image exagérément sécurisante ou de nature à banaliser leur utilisation ».

Cette proposition me semble intéressante et, sur le fond, j'y suis favorable, mais elle paraît compliquée à mettre en oeuvre, notamment dans le cadre de la réglementation actuelle, et elle pourrait poser des problèmes juridiques. Elle doit donc être étudiée avec attention.

C'est la raison pour laquelle, monsieur Desessard, je vous propose d'examiner avec vous, avant l'examen du projet de loi en deuxième lecture, comment peut être formulée plus précisément cette mesure. D'ici là, je vous prie de bien vouloir retirer votre amendement.

Mme la présidente. La parole est à Mme Nicole Bricq, pour explication de vote.

Mme Nicole Bricq. Je remercie M. le ministre de son intervention et je voudrais convaincre M. le rapporteur de l'intérêt de la suggestion de notre collègue.

Le débat sur le précédent amendement était passionné, et cette passion se fera sans doute de plus en plus sentir au fur et à mesure que nous avancerons dans l'examen des articles du présent projet de loi.

Notre collègue Claude Bertaud a beaucoup insisté sur les problèmes liés à l'utilisation - surtout quand elle est mauvaise - de ces produits qui, de toute façon, sont dangereux.

Même si la rédaction actuelle de l'amendement n'est pas conforme à la réglementation actuelle et semble d'application délicate, je souhaite que nous obtenions l'assurance que cette proposition sera étudiée de manière sérieuse. Nous sommes au début de la navette parlementaire, et nous nous heurterons d'ailleurs sans doute à cette même difficulté lors de l'examen d'autres amendements.

Ce projet de loi tant attendu - cela a été dit plusieurs fois - n'a pas été déclaré d'urgence. Nous avons donc le temps de travailler de manière approfondie. Mais il n'est pas possible de s'opposer à une mesure qui vise à encadrer la publicité et l'information sur des produits dont les effets, on le sait, sont dangereux pour la santé publique et pour les sols.

Il se peut que cet amendement soit retiré, si notre collègue Jean Desessard, qui en est le premier signataire, l'accepte. Mais je tiens à avoir l'assurance formelle que ce point sera réexaminé au cours de la discussion.

Mme la présidente. La parole est à M. Gérard Delfau, pour explication de vote.

M. Gérard Delfau. Tout à l'heure, j'ai dit qu'il nous fallait approfondir nos capacités de maîtrise quant à l'entrée des pesticides et des engrais dans les eaux - j'ai notamment expliqué pourquoi la profession agricole me semblait concernée par ce problème - et j'ai expliqué pourquoi je ne voterais pas, malgré cela, l'amendement n° 556. Et je me suis effectivement abstenu au moment du vote.

C'est animé du même état d'esprit que, sur le sujet très délicat de la publicité - mais on sait bien qu'il est connexe au précédent -, je défends les mêmes arguments.

Lancer ce débat était très important, et je remercie très chaleureusement et très vivement Jean Desessard et son groupe de l'avoir permis. Pour autant, afin de progresser dans ce débat sans provoquer trop de cassures ou d'incompréhensions, il me semble, monsieur le rapporteur, que la bonne méthode serait de constituer - si M. le président de la commission des affaires économiques en était d'accord - un groupe de travail auprès du ministre de l'environnement pour que, lors de l'examen du texte en deuxième lecture, des mesures précises soient proposées.

Mme la présidente. La parole est à M. le rapporteur.

M. Bruno Sido, rapporteur. Une telle décision ne dépend pas du modeste rapporteur que je suis...

M. Charles Revet. Modeste rapporteur ? Non : très bon rapporteur ! (Sourires.)

M. Bruno Sido, rapporteur. ...mais j'y suis, pour ma part, tout à fait favorable. J'en ai d'ailleurs donné des gages : le groupe d'études sur l'eau a commencé à travailler sur le sujet et a déjà procédé à des auditions.

Par conséquent, j'accepte d'apporter ma contribution sur ces problèmes très sérieux et très compliqués qui engagent l'avenir de notre société et la constitution d'un groupe de travail en vue de préparer dès maintenant la deuxième lecture de ce texte me paraît une très bonne idée.

Mme la présidente. Monsieur Desessard, l'amendement n° 557 est-il maintenu ?

M. Jean Desessard. Fort des appréciations du ministre et de la prise de position du rapporteur, je le retire, madame la présidente.

M. Alain Vasselle. La sagesse gagne !

Mme la présidente. L'amendement n° 557 est retiré.

Mes chers collègues, la conférence des présidents devant se réunir, nous allons maintenant interrompre nos travaux ; nous les reprendrons à quinze heures.

La séance est suspendue.

(La séance, suspendue à douze heures dix, est reprise à quinze heures, sous la présidence de M. Christian Poncelet.)

PRÉSIDENCE DE M. Christian Poncelet

M. le président. La séance est reprise.

3

Art. additionnels après l'art. 18 (début)
Dossier législatif : projet de loi sur l'eau et les milieux aquatiques
Discussion générale

Questions d'actualité au Gouvernement

M. le président. L'ordre du jour appelle les réponses à des questions d'actualité au Gouvernement.

Je salue la présence dans notre hémicycle de M. le Premier ministre, que je remercie d'être parmi nous pour cette séance de questions d'actualité au Gouvernement.

Je rappelle que l'auteur de la question, de même que le ministre pour sa réponse, disposent chacun de deux minutes trente.

refus des conseils régionaux de signer le transfert des personnels tos

M. le président. La parole est à M. Henri Revol.

M. Henri Revol. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche.

M. Roland Muzeau. Et de la police, depuis ce matin !

M. Henri Revol. Monsieur le ministre, je souhaite attirer votre attention sur une situation d'une exceptionnelle gravité.

Mardi dernier, les présidents des conseils régionaux socialistes (Exclamations sur les travées du groupe socialiste.) ont refusé de signer avec l'Etat les conventions relatives au transfert aux régions des personnels non enseignants des lycées, c'est-à-dire des personnels techniciens, ouvriers et de service, couramment appelés TOS.

M. Jacques Mahéas. Ils ont raison !

M. Henri Revol. De quoi s'agit-il ? La loi que le Parlement a votée prévoit, pour la prochaine rentrée scolaire, le transfert des personnels TOS des lycées aux régions, comme cela s'est fait, sans heurts, voilà longtemps, pour les écoles primaires avec les communes.

Aujourd'hui, des exécutifs locaux, alors que rien ne les y autorise, refusent de respecter la loi de République.

M. Yannick Bodin. Ils ont bien fait !

M. Michel Dreyfus-Schmidt. C'est un transfert de charges !

M. Raymond Courrière. Et que faites-vous de la démocratie ?

M. Henri Revol. Pendant des mois, nous avons entendu les socialistes expliquer que l'augmentation de la fiscalité régionale n'était que la conséquence des lois de décentralisation.

M. Jacques Mahéas. C'est tout à fait exact !

M. Michel Dreyfus-Schmidt. Vous le savez bien !

M. Henri Revol. Or le transfert intégral des ressources aux collectivités est financé, vous le savez, à l'euro près, comme le veut la Constitution, et ce sous le contrôle du Conseil constitutionnel.

M. Henri Revol. Comment expliquer que la fiscalité régionale ait progressé, pour cette seule année, de 16 % à 60 % dans les vingt régions socialistes, contre moins de 4 % en Alsace et en Corse ?

M. Yannick Bodin. Ce n'est pas vrai !

M. Henri Revol. Enfin, plus grave, comment peut-on admettre que des élus du suffrage universel refusent d'appliquer la loi ? Quel exemple pour nos concitoyens ! Comment demander aux jeunes de respecter les lois quand les élus donnent un exemple aussi scandaleux ?

M. Raymond Courrière. Vous êtes un provocateur !

M. le président. Veuillez poser votre question, monsieur Revol.

M. Jean-Pierre Sueur. Oui, la question !

M. Henri Revol. Monsieur le ministre, ma question est simple : quelles dispositions envisagez-vous pour faire appliquer la loi, garantir l'accueil de nos enfants dans les lycées à la rentrée prochaine et rassurer les personnels désorientés qui ne savent pas de quelle autorité ils dépendront ? (Applaudissements sur les travées de l'UMP et de l'UC-UDF, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)

M. Raymond Courrière. Il fallait les garder !

M. Jacques Mahéas. C'est vous qui posez la question ?

M. le président. La parole est à M. le ministre.

M. François Fillon, ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche. Monsieur le sénateur, le Parlement de la République a voté une loi...

M. François Fillon, ministre. ... qui prévoit le transfert des personnels TOS aux régions et aux départements.

M. Raymond Courrière. Un transfert imposé !

M. François Fillon, ministre. M. le Premier ministre et moi-même avons d'ailleurs signé lundi, avec la région Alsace - et dans d'excellentes conditions pour elle -, la première convention de transfert des personnels TOS.

M. Raymond Courrière. Favoritisme !

M. François Fillon, ministre. Cette loi, comme les autres, s'applique sur l'ensemble du territoire de la République.

M. Jackie Pierre. Bien sûr !

M. François Fillon, ministre. Il n'est pas acceptable que l'ensemble d'un échelon territorial dirigé par l'opposition s'oppose à la mise en oeuvre d'une loi de la République. Je pense que ce n'est jamais arrivé dans l'histoire de la République française. (Applaudissements sur les travées de l'UMP et de l'UC-UDF, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)

J'ai moi-même présidé une région. J'aurais eu de nombreuses occasions de refuser d'appliquer des textes qui émanaient de la majorité de l'époque.

Ainsi, nous n'étions pas d'accord avec le dispositif des emplois-jeunes.

M. Raymond Courrière. Vous l'avez saboté !

M. François Fillon, ministre. Nous l'avons néanmoins mis en oeuvre parce qu'il s'agissait de la politique de la République.

M. Jacques Mahéas. Ils sont frappés d'amnésie !

M. François Fillon, ministre. Le transfert de responsabilité en matière de transports ferroviaires régionaux s'est fait dans des conditions qui, c'est le moins que l'on puisse dire, n'étaient pas transparentes. En outre, le coût de ce transfert était très élevé pour les régions. Pourtant, nous l'avons assumé parce que c'était l'intérêt des populations et parce que c'était la loi de la République.

M. Raymond Courrière. Provocateur !

M. Yannick Bodin. Surtout parce que cela fonctionnait bien !

M. François Fillon, ministre. L'attitude des conseils régionaux socialistes, qui prennent leurs instructions rue de Solferino, n'est conforme ni à l'esprit de la République ni au bon fonctionnement de nos institutions. (Applaudissements sur les mêmes travées.)

C'est une attitude -  une de plus ! - qui donne une très mauvaise image de la décentralisation, alors que celle-ci a encore beaucoup de progrès à faire dans notre pays.

Monsieur Revol, vous nous demandez ce que le Gouvernement entend prendre comme dispositions.

M. François Fillon, ministre. C'est très simple, car nous ne ferons qu'appliquer la loi, qui a prévu que les régions refusant de signer les conventions se verront transférer les personnels TOS dans des conditions fixées par une commission nationale de conciliation paritaire. Cette commission, que le ministère de l'intérieur est en train de mettre en place, rendra ses premiers arbitrages à la fin du mois de juin. (Applaudissements sur les travées de l'UMP et de l'UC-UDF, ainsi que sur certaines travées du RDSE.- Exclamations continues sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC.)

M. le président. Je vous invite à la sérénité, mes chers collègues !

crise dans les services d'urgence

M. le président. La parole est à M. Pierre-Yves Collombat.

M. Pierre-Yves Collombat. Ma question s'adresse à M. le secrétaire d'Etat à l'assurance maladie.

Monsieur le secrétaire d'Etat, jusqu'à ce jour, le système français de santé passait pour être l'un des meilleurs du monde. Il est vrai qu'il garantit la permanence et la qualité des soins ainsi que l'universalité de l'accès aux soins : il n'y a de régulation ni par la pénurie, ni par la file d'attente, ni par l'argent.

On explique généralement cette situation par la coexistence organisée d'un secteur médical libéral et d'un service public hospitalier, par une bonne articulation entre médecins généralistes et médecins spécialistes.

La crise des urgences pourrait bien être, plus qu'un problème sectoriel, la partie visible d'une crise plus profonde de ce modèle. Faisant aujourd'hui l'actualité dans les villes, elle existe depuis longtemps dans les zones rurales dont les habitants n'ont même pas la possibilité de se retourner vers un service d'urgences, même saturé !

Voilà trois ans, après une grève des gardes qui dura six mois, les médecins généralistes - les seuls à avoir cette obligation - ont obtenu de M. Mattei la revalorisation des tarifs de leurs consultations et l'organisation des gardes sur la base du volontariat et non plus de l'obligation : heureux mortels !

Aujourd'hui, ce sont les urgentistes hospitaliers, à l'appel de l'Association des médecins urgentistes hospitaliers de France, qui sont en grève illimitée. Il faut saluer leur sens de l'intérêt général puisqu'ils assurent malgré tout leur service.

Monsieur le secrétaire d'Etat, où en est-on de l'application du plan d'urgence prévu en 2003, d'une « ambition jamais égalée », selon M. Mattei, mais visiblement d'une efficacité douteuse ?

Où en est-on de la généralisation des maisons médicales et autres maisons de gardes, dotées d'un médecin régulateur des appels ? On sait pourtant que de tels établissements permettent de supprimer entre 60 % et 75% des interventions immédiates, allégeant d'autant la charge de travail des généralistes et des urgentistes. Pourquoi avance-t-on si lentement ?

Où en est-on du développement des capacités d'accueil, aujourd'hui saturées, dans les filières situées en aval des urgences qui reçoivent les personnes âgées, notamment des courts et moyens séjours dans les hôpitaux et de la médicalisation des maisons de retraites ?

Où en est-on du décret définissant les modalités d'organisation de la permanence des soins ? Il vient, nous a-t-on dit, d'être transmis au Conseil d'Etat. Quand sera-t-il publié ? Pensez-vous, monsieur le ministre, maintenir le volontariat comme principe unique d'organisation, même si l'on en voit aujourd'hui les limites - c'est le moins que l'on puisse dire - ou prévoyez-vous un engagement plus fort de l'Etat ?

Enfin, ne croyez-vous pas qu'il serait temps de mettre à plat l'ensemble du dispositif et d'organiser, avec tous les acteurs, ce que certains appellent une « conférence nationale », et d'autres un « Grenelle des urgences » ? Si cela devait se terminer par un « Yalta », comme on a pu l'entendre, cela signifierait que le modèle français d'organisation du système de santé, fondé sur la coopération, aurait vécu et que ce qui aurait dû être fait ne l'aurait pas été ! (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste.)

M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'Etat.

M. Xavier Bertrand, secrétaire d'Etat à l'assurance maladie. Monsieur le sénateur, le dossier que vous évoquez constitue l'une des priorités de l'action que je conduis avec M. Philippe Douste-Blazy et nous sommes l'un et l'autre totalement mobilisés.

Quelle est la situation ?

Tout d'abord, je tiens à confirmer à la Haute Assemblée que le plan Urgences 2004 est appliqué. Aux 150 millions d'euros débloqués au titre de l'année 2004 ...

M. François Autain. Sur quel budget ?

M. Xavier Bertrand, secrétaire d'Etat. ... il faut ajouter la création de 2 700 postes et l'ouverture de 2 200 lits. Pour 2005, l'effort consenti représente 175 millions d'euros.

M. Philippe Douste-Blazy et moi-même, animés de la volonté de conduire une politique « sur mesure », veillerons à ce que les moyens, qui sont importants, correspondent bien aux besoins constatés dans chacune des différentes régions. D'où l'instruction du ministre de la santé, donnée vendredi dernier à toutes les agences régionales de l'hospitalisation, de mettre en place, au cours de la présente semaine, une commission régionale permanente sur les urgences afin d'évaluer les besoins avec précision.

Seize régions ont déjà réuni leur commission, les six autres le feront demain. Nous pourrons alors dresser un bilan.

Par ailleurs, nous réunirons demain au ministère de la santé les associations d'urgentistes et le directeur de l'hospitalisation et de l'organisation des soins pour faire avec eux le point sur la situation.

J'ajoute, pour apaiser votre inquiétude, monsieur le sénateur, que, au titre du plan Hôpital 2007, 674 millions d'euros ont déjà été débloqués pour financer 194 opérations réparties sur tout le territoire. Dans de nombreux établissements, les services d'urgences, qui ont longtemps été saturés, avaient besoin de nouveaux équipements et de nouveaux locaux. C'est chose faite grâce au plan Hôpital 2007.

Mme Hélène Luc. Je vous invite à visiter le service des urgences de Brunoy !

M. Xavier Bertrand, secrétaire d'Etat. Nous sommes donc mobilisés. Les moyens existent et nous nous assurons, nous, qu'ils correspondent bien aux besoins. (Applaudissements sur les travées de l'UMP et de l'UC-UDF, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)

M. Jacques Mahéas. Et les généralistes ?

M. Yannick Bodin. Et pendant ce temps-là, les malades attendent dans les couloirs !

chiffres de l'assurance maladie

M. le président. La parole est à M. Claude Biwer.

M. Claude Biwer. Ma question s'adresse également à M. le secrétaire d'Etat à l'assurance maladie, qui pourra ainsi compléter sa réponse dans le domaine de l'assurance maladie.

Voilà quelques jours à peine nous parvenaient des chiffres alarmants relatifs aux comptes de la sécurité sociale. Une note d'analyse et de prévision de l'Agence centrale des organismes de sécurité sociale, l'ACOSS, indiquait que,'à la fin du mois de juin de cette année, le trou de la sécurité sociale pourrait dépasser de un milliard d'euros le déficit attendu par le Gouvernement.

Les dépenses de santé devraient augmenter de 6,6 % au deuxième trimestre de 2005, ce qui est bien supérieur à l'objectif national de dépenses d'assurance maladie, l'ONDAM, voté à la fin de l'année 2004.

Hier, M. Douste-Blazy a démenti avec éclat ces prévisions inquiétantes. Les comptes de la sécurité sociale en général, et ceux de l'assurance maladie en particulier, seraient, selon les services du ministère, bien meilleurs que prévu. Le régime général n'aurait accusé l'an dernier qu'un déficit de 12 milliards d'euros, contre 14 milliards d'euros prévus lors de la réunion de la commission des comptes de la sécurité sociale, en septembre.

Le solde négatif de la branche maladie serait ramené à 11,6 milliards d'euros au lieu des 13,2 milliards d'euros prévus.

M. Raymond Courrière. Ce n'est pas grâce à ce gouvernement !

M. Claude Biwer. L'augmentation des dépenses de remboursement aurait été limitée au second semestre 2004, ce qui ramènerait la croissance des dépenses de santé à 4,9 % pour l'année 2004. Vous préparez d'ailleurs une campagne de publicité dans les médias pour remercier nos concitoyens.

M. Raymond Courrière. Il se contente de peu !

M. Claude Biwer. Dans cette bataille de chiffres, monsieur le secrétaire d'Etat, à quel saint pouvons-nous nous vouer ? Tandis que vos bonnes nouvelles concernent l'année passée, les mauvais augures de l'Agence centrale des organismes de sécurité sociale, l'ACOSS, nous parlent, eux, du premier semestre 2005, c'est-à-dire de l'avenir. La confrontation de ces deux points de vue ne révèle-t-elle pas la fragilité de l'embellie observée ? N'est-il pas un peu tôt pour se réjouir ? (Marques d'assentiment sur les travées du groupe socialiste.)

Je souhaiterais, monsieur le secrétaire d'Etat, que vous nous rassuriez sur ces différents points.

Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. Et vous avez raison !

M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'Etat.

M. Xavier Bertrand, secrétaire d'Etat à l'assurance maladie. Monsieur le sénateur, il est certainement trop tôt pour crier victoire (Exclamations sur les travées du groupe socialiste), mais non pour regarder la réalité.

M. François Autain. Alors, regardons-la !

M. Xavier Bertrand, secrétaire d'Etat. Vous savez qu'il faut toujours se méfier des spéculations et des prévisions, aussi.

Moi, je crois à la vérité des chiffres !

M. Xavier Bertrand, secrétaire d'Etat. Faut-il le rappeler, l'ACOSS est avant tout le banquier, le trésorier de la sécurité sociale. Or, monsieur le sénateur, si, au cours d'une année, vous avez dépensé plus que vous n'avez gagné, il se peut qu'à un moment donné, vous soyez à découvert ! C'est ce que constate l'ACOSS aujourd'hui.

M. Jacques Mahéas. On est à découvert quand on a payé ses impôts !

M. Xavier Bertrand, secrétaire d'Etat. On peut aussi être à découvert à la rentrée, quand on a payé ses impôts locaux, dans certaines régions notamment. (Bravo ! et applaudissements sur les travées de l'UMP.)

Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. Tout cela vole bien bas !

M. François Autain. Il n'a pas beaucoup d'arguments !

M. Xavier Bertrand, secrétaire d'Etat. Aujourd'hui, ces prévisions ne sont que des spéculations ! En revanche, regardons la réalité des chiffres, monsieur le sénateur. Les chiffres que nous avons annoncés hier avec M. Philippe Douste-Blazy ne sont pas sortis de nos services : ce sont les chiffres officiels.

En 2004, nous projetions qu'il y aurait un déficit de 13,2 milliards d'euros pour la seule assurance maladie, or il n'a été que de 11,6 milliards d'euros !

M. François Autain. En augmentation sur celui de 2003 !

M. Xavier Bertrand, secrétaire d'Etat. La première raison tient à la progression des recettes et la deuxième, essentielle, au très net ralentissement des dépenses d'assurance maladie.

M. François Autain. Il raconte n'importe quoi !

M. Xavier Bertrand, secrétaire d'Etat. La réforme - il est vrai - ne s'applique pleinement qu'à partir du premier janvier 2005, mais nous savons aujourd'hui que les Français, eux, ont commencé à modifier leur comportement avant même cette date.

M. François Autain. C'est la méthode Coué ! Il ne croit même pas à ce qu'il dit !

M. Xavier Bertrand, secrétaire d'Etat. En ce qui concerne ces différentes données, mesdames, messieurs les sénateurs, depuis le début de l'année, la tendance se confirme.

M. le président. Veuillez conclure, monsieur le secrétaire d'Etat !

M. Xavier Bertrand, secrétaire d'Etat. Au cours des deux premiers mois de l'année 2005, les dépenses au titre des soins de ville ont augmenté de 1,6 % et les arrêts de travail ont baissé de 5 %.

M. Didier Boulaud. J'ai déjà entendu cela quelque part !

M. Xavier Bertrand, secrétaire d'Etat. Ce sont autant de bonnes nouvelles. Toutefois, nous restons très vigilants, et nous serons persévérants, car nous savons que nous ne sommes pas seuls. Nous avons, en effet, compris que les Français sont avec nous pour sauver la sécurité sociale. (Applaudissements sur les travées de l'UMP et de l'UC-UDF.)

M. François Autain. Paroles, paroles !

grève dans les services d'urgence

M. le président. La parole est à M. Roland Muzeau.

M. Roland Muzeau. Monsieur le Premier ministre, je tiens tout d'abord à vous faire part de notre plus vive indignation quant aux violences policières dont ont été victimes des centaines de lycéens, ce matin. Un gouvernement qui agresse la jeunesse de son pays est totalement discrédité. (Protestations sur les travées de l'UMP.)

J'en viens à ma question, qui s'adresse elle aussi à M. le secrétaire d'Etat à l'assurance maladie.

Partie du terrain depuis plus de quinze jours, la grève des SAMU et des services d'urgence de l'Ouest, s'est généralisée.

Le mardi 5 avril, 74 % des personnels urgentistes étaient en grève dans les centres hospitaliers universitaires, 92 % dans les centres hospitaliers, que ce soit ceux de Rennes, de Caen, de Bordeaux ou de Paris. Dans mon département, c'était le cas des hôpitaux Louis Mourier, Antoine Béclère et de bien d'autres encore.

Malgré l'autosatisfaction du Gouvernement et son affichage d'un plan de rénovation des urgences, le vécu concret, rural et urbain, c'est la pénurie : faire toujours plus avec moins de moyens, comme l'a mis en lumière le conflit à l'hôpital psychiatrique de Pau.

Les services d'urgence sont en permanence saturés ; les malades attendent un lit dans les couloirs. Les personnels dénoncent leurs conditions de travail, le sous-effectif et les non-remplacements. Ils s'inquiètent de l'agressivité résultant de cette situation explosive dont, pourtant, ils ne sont pas responsables.

Ce nouveau conflit révèle le dysfonctionnement général de notre système de soins. Il témoigne de la crise profonde qui agite l'hôpital public, étranglé financièrement, contraint de fonctionner comme une entreprise à cause de votre politique désastreuse et de votre réforme de l'assurance maladie. (M. Pierre Hérisson proteste.)

Si, aujourd'hui, les patients se pressent aux urgences, c'est avant tout parce que les autres portes d'accès aux soins se sont progressivement fermées.

M. François Autain. Très juste !

M. Roland Muzeau. Grâce à M. Mattei, les médecins libéraux ont récusé le caractère obligatoire des gardes, et le Gouvernement a désorganisé la permanence des soins.

M. François Autain. Absolument !

M. Roland Muzeau. Si, aujourd'hui, les services d'urgence explosent, c'est surtout parce qu'il est impossible d'hospitaliser rapidement les patients dans les services adéquats, faute de lits en nombre suffisant. C'est, là encore, monsieur le secrétaire d'Etat, le résultat de vos choix.

A votre demande, l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris, l'AP-HP, poursuit son plan d'économies, programmant la suppression de deux mille emplois et la condamnation de six cents lits de long séjour.

Monsieur le secrétaire d'Etat, allez-vous, enfin, décider de sortir du carcan financier de l'Europe libérale, qui prive l'hôpital des moyens de ses missions de service public et qui remet en cause le droit à la santé et à la protection sociale ? (Protestations sur les travées de l'UMP.)

Que répondez-vous face à ce qui est unanimement considéré comme un impératif : réunir l'ensemble des acteurs libéraux et hospitaliers de la santé et décider d'un moratoire sur les fermetures de lits ? (Très bien ! et applaudissements sur les travées du groupe CRC.)

M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'Etat, qui est décidément à l'ouvrage aujourd'hui !

M. Xavier Bertrand, secrétaire d'Etat à l'assurance maladie. Monsieur le sénateur, sachez que, si M. Philippe Douste-Blazy, ministre des solidarités, de la santé et de la famille ne peut pas être au Sénat cet après-midi pour répondre à vos questions, c'est parce qu'il est à l'hôpital de Roubaix, où il rencontre les urgentistes. (Bravo ! et applaudissements sur les travées de l'UMP.)

Monsieur le sénateur, vous ne pouvez pas dire que, aujourd'hui, toutes les portes d'accès aux soins se ferment. Nous sommes en effet mobilisés tant sur la question des urgences à l'hôpital, que sur celle de la permanence des soins pour les médecins libéraux.

Mme Hélène Luc. Le décret n'est pas paru !

M. François Autain. C'est gonflé !

M. Xavier Bertrand, secrétaire d'Etat. Il ne sert à rien, monsieur le sénateur, de chercher à opposer les uns aux autres, (Sourires sur les travées du groupe CRC), parce que la médecine est un tout.

M. François Autain. C'est vous qui opposez les uns aux autres !

M. Xavier Bertrand, secrétaire d'Etat. Il faut donc avant tout examiner le parcours du patient qui a besoin d'être pris en charge.

Laissez-moi vous apporter un certain nombre de précisions.

Un décret sur la permanence des soins a été étudié hier par le Conseil d'Etat ; il est, aujourd'hui, à la signature des ministres concernés ; il sera publié à la fin de cette semaine.

Mme Hélène Luc. Il aura mis le temps !

M. Xavier Bertrand, secrétaire d'Etat. Dès lundi prochain, avec M. Philippe Douste-Blazy, nous adresserons une circulaire et une lettre aux préfets ainsi qu'aux partenaires conventionnels pour leur indiquer très clairement quelles sont les modalités d'application de ce décret.

Mme Hélène Luc. Cela fait un an que l'on en a discuté !

M. Xavier Bertrand, secrétaire d'Etat. Nous voulons que les préfets - cela intéresse l'ensemble des sénateurs - puissent lancer la concertation dans les jours qui viennent et réunir les comités départementaux de l'aide médicale urgente et de la permanence des soins, les CODAMUPS, avant la fin du mois d'avril, afin que nous puissions avancer également sur ce dossier de la permanence des soins.

Entre une obligation qui ne marchait pas et un volontariat qui, lui, va donner des résultats, je n'hésite pas...

M. François Autain. Le volontariat ne marche pas et il ne marchera pas !

M. Jacques Mahéas. Avec nous, cela marchait !

M. Xavier Bertrand, secrétaire d'Etat. ..., car nous privilégions le pragmatisme et l'efficacité.

Vous avez lu aussi les déclarations des médecins libéraux : ils disent qu'ils sont prêts à s'engager. Nous mettons à leur disposition des moyens non seulement juridiques, mais aussi financiers,...

M. Jacques Mahéas. Vingt-cinq pour cent d'augmentation !

M. Xavier Bertrand, secrétaire d'Etat. ... pour obtenir des résultats partout, à l'échelon national, et pour que les Français bénéficient de l'égalité d'accès aux soins.

En la matière, nous avons besoin de pragmatisme et, avec le dispositif que nous mettons en place, la permanence des soins sera une réalité dans ce pays.

M. Roland Muzeau. Vous l'avez supprimée !

M. François Autain. On a vu ce que vous en avez fait !

M. Xavier Bertrand, secrétaire d'Etat. C'est pour nous une priorité ! (Applaudissements sur les travées de l'UMP et de l'UC-UDF.)

M. Jacques Mahéas. Cela ne sera jamais que la énième priorité !

Mme Hélène Luc. Il faut augmenter le nombre d'étudiants en médecine !

exonération de charges sociales pour l'emploi des apprentis

M. le président. La parole est à M. Nicolas Alfonsi.

M. Nicolas Alfonsi. Monsieur le président, mes chers collègues, ma question s'adresse à M. le secrétaire d'Etat à l'insertion professionnelle des jeunes.

L'apprentissage est unanimement reconnu comme une voie de formation dont les résultats, au regard tant des examens de l'éducation nationale que de l'insertion sur le marché du travail, prouvent l'excellence.

La collectivité nationale, forte de cette conviction, s'est donné pour objectif, par la loi de programmation pour la cohésion sociale, de porter le nombre d'apprentis de 350 000 à 500 000 à l'échéance de 2009.

Ce texte prévoyait diverses dispositions d'origine fiscale : revenus salariés de l'apprenti exonérés de l'impôt sur le revenu, crédit d'impôt au bénéfice de l'employeur qui embauche un apprenti, exonération des charges sociales patronales pendant la durée de l'apprentissage.

Cependant, cette dernière disposition, contenue dans l'article 130 de la loi de finances pour 2005, prévoyait que cette exonération était en vigueur non jusqu'à la fin du contrat de travail signé par l'apprenti et son employeur, mais jusqu'à ce que le jeune apprenti ait obtenu un diplôme.

Cette restriction a suscité diverses réactions et a pu paraître pénalisante puisque les exonérations de charges sociales sont généralement attachées au contrat de travail et non à la réalisation d'un événement, même positif, lors du déroulement du contrat.

A contrario, l'exonération de l'impôt sur le revenu au bénéfice de l'apprenti et du foyer fiscal auquel il est rattaché est liée à l'apprentissage, et donc à la durée totale du contrat.

Par ailleurs, cette restriction aurait pu créer une sorte de discrimination entre le contrat de professionnalisation et le contrat d'apprentissage. En effet, la loi du 4 mai 2004 relative à la formation professionnelle et au dialogue social a prévu une exonération des charges patronales pour les moins de vingt-six ans, pendant la durée du contrat ou de la période de professionnalisation, sans que lui soient attachées des conditions supplémentaires.

Au demeurant, l'ancien dispositif d'exonération de charges ne prévoyait pas une telle limitation dans le domaine de l'apprentissage.

Avec les membres du groupe du RDSE, qui a déjà manifesté son intérêt pour l'apprentissage en déposant plusieurs amendements à l'occasion de l'examen de divers textes, je vous demande, monsieur le secrétaire d'Etat, quelles sont vos ambitions pour le développement de l'apprentissage, et si vous entendez rétablir et étendre une mesure indispensable, appliquée à la totalité du contrat. Je vous remercie de nous entendre. (Applaudissements sur les travées du RDSE.)

M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'Etat.

M. Laurent Hénart, secrétaire d'Etat à l'insertion professionnelle des jeunes. Monsieur le sénateur, je connais l'intérêt que le Sénat porte à l'apprentissage. J'étais à ce même banc quand le Gouvernement a défendu la loi de programmation pour la cohésion sociale. La carte nationale d'apprenti a été introduite dans le code du travail par un amendement sénatorial adopté, d'ailleurs, à l'unanimité des groupes du Sénat ; c'est aussi sur une initiative sénatoriale que la loi relance, avec vigueur et moyens, le préapprentissage.

Vous posez la question de l'article 130 de la loi de finances qui, en effet, arrête l'exonération de charges, couverte par l'Etat, à la date de l'obtention du diplôme par l'apprenti et non au terme du contrat de travail.

Je voudrais rappeler le fondement de cette mesure. Vous savez comme moi que l'Etat paye les charges sociales ; il le fait parce que, en réalité, jusqu'à l'obtention de son diplôme, l'apprenti étudie dans l'entreprise. D'une certaine manière, l'entreprise doit prendre en compte cette action de transmission de savoir, s'organiser en fonction d'elle. Il y a un coût pour elle, que l'exonération de charges compense.

Il a été estimé que, avec l'obtention du diplôme, l'oeuvre de formation était accomplie et qu'il convenait de faire cesser l'exonération.

Avec d'autres sénateurs du groupe RDSE, vous avez souligné les difficultés concrètes de mise en oeuvre de cette mesure. C'est à l'employeur de chercher l'obtention du diplôme, c'est à lui de prévenir l'URSSAF, c'est à lui de multiplier les démarches.

C'est la raison pour laquelle, soucieux, tout comme nous, de faire en sorte que l'apprentissage reste simple et efficace, M. le Premier ministre a lui-même arbitré cette question en décidant que nous prolongerions l'exonération de charges au profit des contrats d'apprentissage jusqu'au terme du contrat, au-delà de l'examen. Un amendement gouvernemental permettra de régulariser la situation avant l'été et, d'ici là, j'ai demandé par courrier du 24 mars dernier adressé à l'Agence centrale des organismes de sécurité sociale, l'ACOSS, de veiller à ce que la suspension de la mise en oeuvre de cette mesure soit effective et que, donc, les URSSAF ne l'appliquent pas.

Nous avons le souci - vous l'avez compris - de faire en sorte que rien n'entrave le développement de l'apprentissage. Depuis le premier janvier, les revenus de l'apprenti sont nets d'impôt ; un crédit d'impôts de 1 600 euros à 2 200 euros est ouvert aux 200 000 employeurs d'apprentis.

L'ambition du Gouvernement est forte puisqu'il s'agit de faire passer le nombre d'apprentis de 350 000 à 500 000. Pour ce gouvernement, réussir dans les années à venir à introduire l'alternance dans la formation initiale est la condition d'une véritable chance d'accéder à un premier emploi pour tous les jeunes, quel que soit leur niveau de qualification, quel que soit le métier. C'est ce que nous permet l'apprentissage. (Applaudissements sur les travées de l'UMP et de l'UC-UDF, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)

reprise des cours dans les établissements scolaires après les grèves

M. le président. La parole est à M. Jean-Luc Miraux.

M. Jean-Luc Miraux. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche.

Un mouvement lycéen a annoncé une journée de « blocage général » des lycées pour aujourd'hui.

Le SNES-FSU, principal syndicat des enseignants des lycées et collèges, a appelé tous les personnels à rejoindre l'action des lycéens, partout où les conditions le permettaient, y compris en décidant la grève. Une fédération de parents d'élèves soutient également ce mouvement.

Qui croient-ils donc tromper, ceux qui prétendent ainsi demander le retrait de la loi votée par le Parlement et donc par les représentants du peuple démocratiquement élus ?

Mme Hélène Luc. Vous n'avez même pas participé aux débats sur ce texte !

M. Jean-Luc Miraux. Que proposent-ils comme alternative ? Aucune. (Protestations sur les travées du groupe CRC et du groupe socialiste.) Ils évoquent le « non » au référendum et dénoncent une prétendue école inégalitaire qui préparerait à devenir de la main-d'oeuvre facile.

C'est en fait tout le contraire que nous voulons.

Nous tenons fermement à notre école de la République, qui doit être modernisée. Or, malgré l'enthousiasme et la passion de toute la communauté éducative, des enseignants, des parents d'élèves, des élèves eux-mêmes, cette éducation présente pour le moins quelques faiblesses.

Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. Ecoutez au moins ce que disent les lycéens !

M. Jean-Luc Miraux. Ainsi, 150 000 jeunes sortent chaque année du système scolaire sans diplôme ni qualification ; 80 000 enfants entrent en sixième sans savoir ni lire, ni écrire, ni compter.

Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. Expliquez cela dans vos départements !

M. Jacques Mahéas. Mais quel est le rapport ?

M. Jean-Luc Miraux. La réponse est dans la loi que nous avons votée,...

M. Roland Muzeau. Quelle est la question ?

Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. C'est au Gouvernement de répondre !

M. Jean-Luc Miraux. ... à savoir 2 milliards d'euros ; la création de 150 000 postes d'enseignant en cinq ans ; l'accent mis sur la nécessité de savoir lire, écrire, compter, parler une langue étrangère ; un soutien individualisé de trois heures par semaine pour les élèves qui commencent à avoir des difficultés ; le triplement des bourses au mérite pour les élèves défavorisés. (Brouhaha sur les travées du groupe CRC et du groupe socialiste.)

M. Roland Muzeau. Cela fait trois minutes et quinze secondes qu'il a la parole ! Où est la question ?

M. Jacques Mahéas. C'est la question et la réponse !

M. le président. Veuillez poser votre question, mon cher collègue !

M. Robert Hue. Le ministre va devoir la poser lui-même !

M. Jean-Pierre Sueur. Oui, puisque notre collègue fait déjà les réponses !

M. Jean-Luc Miraux. Occultant le vrai contenu de la réforme, cette minorité de protestataires vient perturber la vie lycéenne au moment le plus crucial, celui de la préparation du baccalauréat.

Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. C'est la réponse de M. Fillon que vous êtes en train de lire !

M. Jean-Luc Miraux. Quelles mesures, quelles initiatives comptez-vous prendre, monsieur le ministre, afin de rassurer les élèves, leurs familles, les enseignants ainsi que les chefs d'établissements confrontés à ces manifestations ? (Très bien ! et applaudissements sur les travées de l'UMP.)

Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. Ah oui ! Les rassurer ! Parce qu'ils sont inquiets, vous les rassurez à coups de bâton !

Mme Hélène Luc. Retirez votre texte, monsieur le ministre !

M. le président. La parole est à M. le ministre.

M. Claude Domeizel. Pour une minute, puisque la réponse était dans la question !

Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. Vous allez poser la question, monsieur le ministre : nous avons déjà eu la réponse !

M. Raymond Courrière. Tout a été dit !

M. François Fillon, ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche. Monsieur le sénateur, je suis attentif à l'expression des lycéens qui, depuis plusieurs semaines, manifestent des inquiétudes au sujet de ce qu'ils considèrent comme la montée d'une inégalité dans notre système éducatif.

Mme Hélène Luc. C'est pour cela que vous leur avez envoyé les CRS !

M. François Fillon, ministre. C'est d'ailleurs dans cet esprit que j'ai accepté de surseoir à la réforme du baccalauréat, pourtant nécessaire, pourtant souhaitée par un grand nombre d'organisations.

C'est également dans cet esprit que la loi d'orientation que le Parlement a votée met en place des instruments puissants de lutte contre les inégalités, en particulier un dispositif massif de soutien aux élèves en difficulté à l'école primaire et au collège.

M. Jacques Mahéas. En supprimant des classes!

M. François Fillon, ministre. C'est toujours dans cet esprit que le Conseil national de la vie lycéenne est réuni en ce moment même. J'aurai demain l'occasion de dialoguer avec ses élus sur leurs revendications.

M. Roland Muzeau. Ils sont en garde à vue !

M. François Fillon, ministre. Monsieur le sénateur, je puis vous assurer que je n'accepterai pas qu'une infime minorité de lycéens bloque le fonctionnement de notre système éducatif, et ce à quelques semaines du baccalauréat. (Applaudissements sur les travées de l'UMP.)

Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. N'acceptez pas que la police tape sur les lycéens, monsieur le ministre !

M. François Fillon, ministre. Le ministre de l'intérieur et moi-même avons donné des instructions extrêmement précises aux recteurs et aux préfets afin que tous les moyens soient utilisés pour mettre un terme à ces blocages.

Je le dis clairement : chaque fois qu'il y aura blocage, il y aura intervention, avec les moyens nécessaires, pour y mettre fin. (Très bien ! et applaudissements sur quelques travées de l'UMP.)

M. Robert Hue. Tous les moyens, c'est clair !

M. François Fillon, ministre. Quant à la violence évoquée tout à l'heure par M. Muzeau, elle est du côté de ceux qui bloquent les établissements, qui les empêchent de fonctionner.

Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. C'est faux ! La police doit assurer la sécurité des élèves !

M. François Fillon, ministre. Elle est du côté des individus cagoulés qui, ce matin, ont brisé avec des masses les vitres et les portes du rectorat de Paris, qu'il a fallu évacuer cet après-midi. (Exclamations indignées et applaudissements sur quelques travées de l'UMP.)

M. Adrien Gouteyron. C'est honteux !

M. François Fillon, ministre. La plupart des organisations syndicales et des organisations de parents d'élèves, quelles que soient leurs convictions, ont d'ailleurs très courageusement appelé à la fin de ces mouvements, au respect de la loi et au respect des principes de la République.

Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. Elles ont demandé que la sécurité des lycéens soit assurée !

M. François Fillon, ministre. Il reste quelques organisations - notamment, on l'a entendu tout à l'heure, du côté du parti communiste - qui entretiennent cette colère, qui participent au mouvement. (Vive indignation sur les travées du groupe CRC et du groupe socialiste.)

Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. Oh ! C'est scandaleux !

M. Robert Hue. Vous avez un siècle de retard !

Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. Monsieur le ministre, nous ne pouvons pas accepter vos propos !

M. François Fillon, ministre. En agissant ainsi, mesdames, messieurs les sénateurs du groupe communiste, vous ne rendez service ni à la jeunesse, que vous prétendez défendre, ni à la démocratie, ni à la République, dont vous bafouez les principes. (Applaudissements vifs et prolongés sur les travées de l'UMP et de l'UC-UDF. - Protestations vigoureuses sur les travées du groupe CRC et du groupe socialiste.)

Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. C'est scandaleux ! Ce sont des accusations sans fondement ! Donnez des preuves !

Mme Hélène Luc. C'est honteux !

suppression de l'aide médicale de l'état (ame)

M. le président. La parole est à Mme Dominique Voynet.

Mme Dominique Voynet. Ma question s'adresse à M. Douste-Blazy, ministre des solidarités, de la santé et de la famille,...

Mme Nicole Bricq. Il n'est pas là !

Mme Dominique Voynet. ... qui, dit-on, rencontre aujourd'hui les urgentistes. Soit ! Mieux vaut tard que pas du tout !

En décembre 2002, puis en décembre 2003, le Gouvernement a réformé l'aide médicale de l'Etat et la couverture maladie universelle. Passant outre les inquiétudes des associations qui connaissent bien la réalité du terrain - Médecins sans frontières, Médecins du monde, le Samu social de Paris et le Comité médical pour les exilés -, il a supprimé l'accès immédiat à l'aide médicale de l'Etat pour les étrangers en situation précaire de séjour, mettant en péril, selon ces associations, « la santé de 150 000 personnes parmi les plus fragiles d'entre nous ».

De fait, bien des voix se sont alors élevées contre les projets du Gouvernement, parce qu'ils étaient socialement indignes, mais aussi parce qu'ils étaient irrationnels sur le plan de la santé publique, en contradiction totale avec les efforts déployés pour améliorer le suivi des grossesses à risques, par exemple, ou pour enrayer la diffusion de la tuberculose et du VIH.

Au terme d'une procédure engagée par la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme, le Groupe d'information et de soutien des travailleurs immigrés, le GISTI, et la Ligue française des droits de l'homme, le Comité des droits sociaux du Conseil de l'Europe s'est prononcé sur ces réformes. Il vient de rendre publique sa décision du 3 novembre 2004, par laquelle il met la France face à ses responsabilités en affirmant que « le gouvernement français ne saurait porter atteinte à la dignité humaine, dont l'accès aux soins de santé constitue un préalable essentiel », et qu'il doit accorder un droit à l'assistance médicale à tous « les ressortissants étrangers, fussent-ils en situation irrégulière ».

M. Christian Cambon. Et voilà !

Mme Dominique Voynet. Le Comité des droits sociaux du Conseil de l'Europe reconnaît, certes, qu'une prise en charge est prévue « pour les cas d'urgence mettant en cause le pronostic vital ». Mais c'est pour immédiatement souligner « l'imprécision de ce concept » et les « difficultés dans sa mise en oeuvre pratique ». Il insiste sur le cas des enfants isolés ou à la charge d'adultes eux-mêmes sans papiers, dont le droit à une protection sociale, juridique et économique, garanti par la Charte sociale européenne, est bafoué par la législation française.

Ma question est simple : quelles mesures concrètes le Gouvernement entend-il prendre pour permettre à la France de respecter enfin ses obligations ? (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste ainsi que sur quelques travées du groupe CRC.)

M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'Etat.

M. Jacques Mahéas. C'est un one man show !

M. Xavier Bertrand, secrétaire d'Etat à l'assurance maladie. Madame le sénateur, l'aide médicale de l'Etat est un sujet qui demande une grande pédagogie.

Mme Hélène Luc. La Constitution européenne, c'est de la pédagogie ; l'école, c'est de la pédagogie... Allez un peu sur place !

M. Xavier Bertrand, secrétaire d'Etat. De la pédagogie et certainement pas de la démagogie, vous avez raison, madame le sénateur !

L'AME finance, pour l'essentiel, les frais médicaux engagés pour délivrer des soins indispensables aux personnes étrangères sans couverture sociale. Le dispositif a donc bien une vocation humanitaire, et nous entendons qu'il la conserve.

Il n'a jamais été question de revenir sur ces principes de secours médical, qui garantissent une prise en charge adaptée à toute situation et à toute personne se trouvant sur le territoire français. Cependant, si personne n'a envie de déroger à ces principes, personne n'a non plus envie de les voir détournés, madame le sénateur.

C'est pourquoi le Gouvernement a décidé qu'il faudrait effectivement trois mois de présence ininterrompue sur le territoire pour pouvoir bénéficier de l'aide médicale de l'Etat. (Protestations sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC.)

M. Christian Cambon. Tout de même !

Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. C'est regrettable !

M. Xavier Bertrand, secrétaire d'Etat. Mais, dans le même temps, et après avoir joué la carte de la concertation avec les associations concernées, le Gouvernement a pris une circulaire, la circulaire « soins urgents » du 16 mars 2005, qui permet de délivrer des soins urgents aux étrangers en situation irrégulière durant les trois premiers mois de leur séjour sur le territoire dans plusieurs situations, et non pas seulement dans celle que vous avez citée tout à l'heure : vous n'avez pas été, à mon sens, tout à fait exhaustive, madame le sénateur, car vous auriez dû rappeler qu'étaient concernés à la fois le risque vital pour la personne, prévu dans la circulaire, les pathologies contagieuses ou transmissibles, les soins à la femme enceinte et au nouveau-né ainsi que les troubles psychiatriques.

Concernant les enfants mineurs, et conformément au souhait exprimé par le Comité européen des droits sociaux du Conseil de l'Europe, la récente circulaire « soins urgents » prévoit expressément qu'ils bénéficient sans aucune restriction d'une prise en charge au-delà de toute situation d'urgence, compte tenu de leur vulnérabilité.

Ce dispositif a été recentré. En effet, le système, conçu en 1999, ne prévoyait aucune condition de ressources, aucune condition de séjour, pas même d'identité.

M. Eric Doligé. Ben voyons...

M. Xavier Bertrand, secrétaire d'Etat. Certains de ses promoteurs ont reconnu que des risques d'abus existaient et que le système pouvait être détourné de son objet.

Nous voulons prendre effectivement en charge toute personne qui, sur notre territoire, souffre ; mais nous ne voulons pas qu'une personne vienne en France uniquement pour se faire soigner et en reparte ensuite. (Applaudissements sur les travées de l'UMP.)

Aujourd'hui, le dispositif est donc recentré sur les personnes qui doivent réellement en bénéficier, et c'est l'honneur de notre pays que de savoir prendre en charge toute personne souffrant sur son territoire. Cependant, il est de notre responsabilité, mais aussi de notre devoir de veiller à ce que ces objectifs humanitaires ne puissent être détournés.

Mme Hélène Luc. Que fait-on des Anglais qui viennent en France ?

M. Xavier Bertrand, secrétaire d'Etat. C'est fidèle à ces principes que le Gouvernement agit en ce domaine, madame le sénateur. (Applaudissements sur les travées de l'UMP et de l'UC-UDF, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)

sécheresse de l'été 2003

M. le président. La parole est à Mme Janine Rozier.

Mme Janine Rozier. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés locales.

L'été 2003 s'est singularisé par sa terrible canicule. Sur le territoire de milliers de communes, un nombre incalculable d'habitations ont subi de lourds dommages à cause de l'état de sécheresse des terrains qu'a provoqué cette canicule.

Les deux premiers arrêtés de catastrophe naturelle, pris le 25 août 2004 et le 1er février 2005, ont permis de régler le problème pour plus de 2 000 communes. En effet, sans ces arrêtés, seules les constructions couvertes par la garantie décennale peuvent prétendre à un dédommagement de la part des sociétés d'assurances.

M. François Autain. Notre collègue aborde un bon sujet !

Mme Janine Rozier. Cependant, un grand nombre de communes, pourtant réellement sinistrées, n'ont pas été inscrites sur les listes, et ce en dépit parfois du bon sens, ce qui a suscité l'incompréhension la plus totale des populations concernées.

Pour ne prendre que l'exemple du Loiret, seules 10 communes ont bénéficié de ce classement, dont une seule à l'occasion du deuxième arrêté, alors que 185 d'entre elles restent dans l'attente d'une décision de la commission interministérielle.

M. Didier Boulaud. Chez nous aussi, c'est la même proportion !

M. Jean-Pierre Sueur. Dix communes dans le Loiret, alors que 334 étaient candidates, c'est très insuffisant !

Mme Janine Rozier. Ce n'est pas compréhensible !

L'incompréhension des élus locaux, mais également des victimes et de l'ensemble des citoyens est essentiellement le fait de l'inintelligibilité des critères retenus. Sans doute sont-ils mathématiquement objectifs ; mais comment expliquer, par exemple, que, dans un canton de mon département, pour citer un cas précis, seules trois communes sur douze aient été retenues, alors qu'elles se trouvent dans des situations géologiques et climatiques identiques ?

Mme Janine Rozier. Monsieur le ministre, nous avons conscience qu'un premier effort significatif a été entrepris en début d'année pour élargir les critères et permettre à davantage de communes d'être retenues au titre de l'état de catastrophe naturelle, mais cela reste encore en deçà des attentes de nos concitoyens.

Nous reconnaissons que vous avez su nous écouter et que vous déployez de nombreux efforts pour que nous soyons entendus. J'aurai cependant deux questions à vous poser.

M. François Autain. Ah, tout de même !

Mme Janine Rozier. En premier lieu, je souhaiterais savoir si le Gouvernement envisage d'assouplir ces critères pour ne pas laisser des communes sinistrées hors du champ de l'arrêté.

En second lieu, dans la mesure où certaines communes, pour des raisons purement techniques, risquent de demeurer malgré tout en dehors des critères, j'aimerais savoir s'il peut être envisagé de procéder à un réexamen particulier et individualisé de leur cas. (Applaudissements sur les travées de l'UMP et de l'UC-UDF, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)

M. Eric Doligé. C'est la meilleure question !

M. Michel Dreyfus-Schmidt. Ils sont d'accord !

M. le président. La parole est à M. le ministre.

M. Dominique de Villepin, ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés locales. Madame la sénatrice, nous avons tous en mémoire les terribles épreuves de l'été 2003, que vous avez rappelées, les dégâts matériels, les souffrances humaines.

M. Dominique de Villepin, ministre. C'est pour cette raison que le Gouvernement a voulu élargir les critères traditionnels de la commission d'indemnisation jusqu'à prendre en compte, à ce jour, près de 2 200 communes. Mais, nous le savons, c'est trop peu.

Mme Nicole Bricq. Il en reste 4 000 !

M. Dominique de Villepin, ministre. Nous avons donc voulu aller plus loin et élargir les zones prises en compte. C'est ce que nous sommes en train de faire.

Cependant, c'est encore insuffisant. Pour me limiter moi aussi à l'exemple de votre département, le Loiret, je rappelle que, sur près de 200 communes qui ont fait une demande, pas plus d'une dizaine n'ont à ce jour reçu de réponse.

M. Jean-Pierre Sueur. Elles sont exactement onze !

M. Dominique de Villepin, ministre. Il faut donc aller plus loin, et M. le Premier ministre a décidé de prendre en compte l'ensemble de ces demandes : d'abord, en assouplissant encore davantage les critères de zones communales ; ensuite, pour toutes les demandes qui n'auront pas pu être retenues, en examinant chaque situation au cas par cas, en fonction des dommages individuels.

M. Jean-Pierre Sueur. Pourquoi voulez-vous prendre en compte des situations individuelles ? Il faut prendre en compte les communes.

Mme Nicole Bricq. Le cas par cas ? Cela ne marche pas !

M. Dominique de Villepin, ministre. Nous allons une fois de plus mettre le père Ubu aux orties, accueillir le bon sens et donner toute sa place au coeur, comme il se doit dans notre République. Telle est la vocation du Gouvernement. (Bravo ! et applaudissements sur les travées de l'UMP et de l'UC-UDF.)

Mme Nicole Bricq. Ce n'est pas la bonne réponse, on y reviendra !

M. Didier Boulaud. C'est un enterrement de première classe !

M. Raymond Courrière. Cela prendra vingt-cinq ans !

politique de défense

M. le président. La parole est à M. Didier Boulaud.

Monsieur Boulaud, votre collègue M. Signé n'étant pas là pour vous interrompre, M. Courrière pourra vous écouter dans la sérénité. (Sourires.)

M. Didier Boulaud. Monsieur le président, j'ai téléphoné ce matin à M. Signé, et je sais qu'il me regarde. (Rires.)

Ma question, qui porte sur la défense, s'adressait à Mme Alliot-Marie. Malheureusement, elle n'est pas des nôtres aujourd'hui, c'est donc à vous, monsieur le Premier ministre, que je m'adresse.

Monsieur le Premier ministre, depuis trois ans, vous n'avez pas eu de mots assez durs pour fustiger l'action du gouvernement précédent en matière de crédits militaires. (Exclamations sur les travées de l'UMP.)

M. Eric Doligé. Il a eu raison !

M. Henri de Raincourt. Tout à fait !

M. Didier Boulaud. Le Président de la République, chef des armées depuis maintenant dix ans, n'a pas été en reste non plus.

En 2002, vous avez fait adopter par le Parlement une loi de programmation militaire couvrant la période 2003-2008 en affirmant à qui voulait l'entendre qu'elle serait enfin la première réellement réalisée intégralement.

Nous avions, pour notre part, exprimé notre opposition à cette programmation, parce que nous la trouvions irréaliste, tant l'augmentation annoncée des crédits ne pouvait être, en fait, qu'une illusion dans le contexte budgétaire général.

Les faits sont hélas ! en train de nous donner raison, et vos propres amis politiques de l'Assemblée nationale, en rendant publics les errements de votre gestion, confirment que cette programmation militaire, comme les précédentes, est en passe de devenir lettre morte.

Pour permettre aux citoyens qui nous regardent et qui nous écoutent en ce moment de bien comprendre, il est bon de leur expliquer que vous avez fait voter pour 2004 des crédits que vous avez été incapables de dépenser. Il s'agit exactement de 2 775 millions d'euros d'équipements qui n'ont pas été utilisés par nos armées. Monsieur le Premier ministre, c'est à quelques euros près le montant du budget du ministère de la culture pour la même année 2004. (Murmures sur les travées de l'UMP.)

Par exemple, douze chars Leclerc ont été livrés au lieu des quarante-cinq annoncés, trois chars AMX 10 RC ont été rénovés sur les cinquante-deux qui étaient envisagés, aucun hélicoptère Tigre sur les sept qui étaient prévus n'a été livré, seuls trois avions Rafale sur cinq ont été livrés, et nous savons désormais que les frégates multimissions ne seront pas financées.

Alors que bon nombre de parlementaires ont regretté par ailleurs la faiblesse de certains budgets de la nation, notamment en matière sociale, pouvez-vous nous dire, monsieur le Premier ministre, si les crédits que vous avez fait inscrire avaient pour but de réellement équiper nos armées ou si ce n'était somme toute que des leurres (Exclamations sur les travées de l'UMP) visant à tromper la vigilance des militaires et à faire croire à l'opinion publique que la droite pouvait garantir mieux que d'autres sa sécurité ?

J'espère que, dans votre réponse, que j'attends avec curiosité, vous ne ferez pas référence, une fois de plus, c'est-à-dire une fois de trop, monsieur le Premier ministre, à l'argument éculé de l'héritage socialiste que vous avez déjà largement utilisé et auquel plus personne ne croit désormais ! (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste. - Protestations sur les travées de l'UMP.)

M. le président. La parole est à M. le Premier ministre. (Vifs applaudissements sur les travées de l'UMP et de l'UC-UDF.)

M. Jean-Pierre Raffarin, Premier ministre. Monsieur le sénateur, si vous lui aviez fait part de votre question, Mme Alliot-Marie aurait pu être là pour vous répondre.

M. Didier Boulaud. Non, elle est à l'Assemblée nationale !

M. Jean-Pierre Raffarin, Premier ministre. Une séance de questions d'actualité appelle des réponses spontanées, mais, si vous souhaitez des réponses précises sur des sujets précis, il est bon d'avertir le ministre pour qu'il soit présent à coup sûr. Mme Alliot-Marie tient beaucoup à ce que la démocratie parlementaire puisse s'exprimer pleinement et, quand elle est saisie d'une question, elle est présente.

M. Didier Boulaud. Non ! Mme Alliot-Marie est à l'Assemblée nationale !

M. Jean-Pierre Raffarin, Premier ministre. Je me sens le devoir de vous rappeler quelques réalités, mais je constate que vous avez vous-même voulu éviter qu'on vous les rappelle.

Vous n'avez pas voulu que l'on parle de l'héritage socialiste. Vous n'avez pas voulu que l'on parle - je vous promets que je n'en parlerai pas - du retard de la loi de programmation militaire votée sous le gouvernement socialiste. (Exclamations amusées sur les travées de l'UMP et de l'UC-UDF.)

M. Didier Boulaud. Elle est à l'eau !

M. Jean-Pierre Raffarin, Premier ministre. Je ne parlerai donc pas de ce retard, de ces années perdues, de ce manque d'équipements et de ces promesses non tenues, non, je n'en parlerai pas et je vous le confirme ! (Rires et applaudissements sur les travées de l'UMP et de l'UC-UDF.)

Et je demande à mes amis de ne pas plus évoquer ce retard, parce que je ne voudrais pas que l'on vous contrarie sur ce point. (Rires sur les mêmes travées.)

Nous avons élaboré, à la demande de M. le Président de la République, une loi de programmation militaire : elle sera respectée.

M. Jean-Pierre Sueur. Elle ne l'est pas aujourd'hui !

M. Didier Boulaud. Elle est à l'eau !

M. Jean-Pierre Raffarin, Premier ministre. Mesdames, messieurs les sénateurs, pendant cinq ans on a fait en sorte que le moral des armées soit au plus bas, que l'équipement des armées soit au plus bas et que la présence de la France dans les conflits extérieurs, demandée par les organisations internationales, soit au plus bas. (Applaudissements sur les travées de l'UMP.- Exclamations sur les travées du groupe socialiste.)

M. Raymond Courrière. Qu'a fait Chirac ?

M. Jean-Pierre Raffarin, Premier ministre. Qu'avons-nous fait, nous ? Nous avons bâti, sous l'autorité du chef de l'Etat, chef des armées, une loi de programmation militaire qui donne à notre pays non seulement les moyens humains et techniques nécessaires, mais aussi les moyens stratégiques. (Mme Janine Rozier applaudit.)

M. Didier Boulaud. Ce n'est pas vrai !

M. Jean-Pierre Raffarin, Premier ministre. Aujourd'hui, cette force d'intervention intervient au nom de la paix, je pense à l'ONUSI et à la Côte d'Ivoire, au nom des organisations internationales, et elle est présente non pas pour faire la guerre, mais pour faire la paix.

Mme Nicole Bricq. On a peur !

M. Yannick Bodin. Mauvais exemple, la Côte d'Ivoire !

M. Jean-Pierre Raffarin, Premier ministre. Car c'est cela, la puissance de la France : être capable de mobiliser des moyens pour son armée, non pas pour faire la guerre, mais pour assurer la sécurité des populations et pour défendre les valeurs auxquelles nous sommes attachés, c'est-à-dire, au premier chef, la paix. (Applaudissements sur les travées de l'UMP.)

Monsieur le sénateur, je vous le dis avec fermeté : la France sera au rendez-vous budgétaire.

M. Didier Boulaud. Elle ne le sera pas, c'est fini !

M. Jean-Pierre Raffarin, Premier ministre. La France sera au rendez-vous technologique, la France sera au rendez-vous des ressources humaines.

M. Didier Boulaud. Elle ne le sera pas, ce n'est pas moi qui le dis, c'est l'Assemblée nationale ! (M. Didier Boulaud brandit un rapport d'information de l'Assemblée nationale.)

M. Jean-Pierre Raffarin, Premier ministre. Mais la France sera surtout au rendez-vous de son message universel, en participant à une défense commune au sein d'une Union qui, grâce au traité établissant une Constitution pour l'Europe,...

M. Roland Muzeau. Cela faisait longtemps !

M. Jean-Pierre Raffarin, Premier ministre. ...pourra défendre nos valeurs sur l'ensemble de la planète, car telle est notre mission, mesdames, messieurs les sénateurs, faire la paix partout dans le monde. (Exclamations sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC.)

M. Didier Boulaud. C'est fini !

M. Jean-Pierre Raffarin, Premier ministre. D'ailleurs, je vous remercie de soutenir cette démarche, qui permet aujourd'hui aux Français de se mobiliser pour ce traité. (Mmes et MM. les sénateurs de l'UMP se lèvent et applaudissent longuement.- Quelques sénateurs de l'UC-UDF applaudissent également.- Protestations sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC.) )

M. Robert Hue. Le « non » a encore gagné trois points !

M. Didier Boulaud. Lisez donc le rapport que viennent de publier à l'Assemblée nationale certains de vos amis, monsieur le Premier ministre !

M. François Autain. En tout cas, il est populaire au Sénat, à défaut de l'être dans l'opinion !

engorgement des juridictions administratives

M. le président. La parole est à M. Pierre Hérisson.

M. Pierre Hérisson. Ma question s'adresse M. le garde des sceaux.

Depuis quelques années, monsieur le garde des sceaux, sans pour autant qu'il s'agisse d'une critique de ma part, ...

Mme Hélène Luc. La précision est utile !

M. Simon Sutour. Surtout pas de critiques !

M. Pierre Hérisson. ... force est de constater une accélération de la judiciarisation de notre société.

M. François Autain. C'est vrai !

M. Pierre Hérisson. De plus en plus de recours sont portés devant les tribunaux administratifs et les cours administratives d'appel, provenant d'oppositions individuelles, associatives, de groupements d'intérêt, ou de collectivités entre elles, voire de services de l'Etat chargés du contrôle de légalité et du droit des tiers.

Cette évolution en complexité et en nombre a pour conséquence un encombrement et un allongement des délais, tant en première instance qu'en appel et en cassation. Cela provoque un allongement des délais totalement contraire à l'efficacité dont le Gouvernement a le souci, comme nous tous, dans des domaines aussi divers que les équipements publics, les routes, les autoroutes, les hôpitaux, les écoles, les constructions de logements HLM, l'aménagement du territoire. Bref, cet engorgement perturbe notre économie.

Monsieur le garde des sceaux, que comptez-vous faire pour améliorer cette situation en termes de moyens et de délais, y compris par la voie réglementaire ou législative ?

Il me paraît raisonnable que nous puissions connaître aujourd'hui dans des délais acceptables l'issue d'un recours contentieux. C'est à ce prix que nous pourrons atteindre nos objectifs et bénéficier d'une justice administrative adaptée au rythme de vie de notre époque, de notre société et à l'attente de nos concitoyens. (Applaudissements sur les travées de l'UMP et de l'UC-UDF.)

M. le président. La parole est à M. le garde des sceaux.

M. Dominique Perben, garde des sceaux, ministre de la justice. Monsieur le sénateur, vous avez raison, le phénomène de judiciarisation de notre société a en particulier pour conséquence une augmentation du nombre de requêtes devant les tribunaux administratifs et les cours administratives d'appel. En deux ans, l'augmentation est de 30 %.

Cette situation nécessite des réponses à différents niveaux.

D'abord, sur le plan des moyens, je rappelle que la loi d'orientation et de programmation pour la justice a prévu, pour la justice administrative, la création de 480 emplois de magistrat et de greffier ; nous en sommes à 220, et, dans les années à venir, avec l'exécution progressive de la programmation, nous pourrons atteindre le total voulu de près de 500 postes supplémentaires.

Quelle est la situation aujourd'hui d'après les chiffres de 2004 ?

Au niveau du Conseil d'Etat, le délai moyen de traitement des dossiers s'est stabilisé à un an, ce qui peut être considéré comme satisfaisant.

En ce qui concerne les cours administratives d'appel, qui souffraient jusqu'à ces dernières années de l'engorgement maximum, un effort très important d'affectation de magistrats et de greffiers a permis de passer de trois ans en 2002 à un an et neuf mois en 2004. On peut donc considérer que, pour ce qui est de l'appel, le délai est également satisfaisant.

Toutefois, les difficultés persistent pour les tribunaux administratifs.

Plusieurs solutions sont possibles. En application de la loi d'orientation, deux tribunaux administratifs seront créés, l'un à Nîmes, en 2006, l'autre à Toulon, en 2007. Cela permettra de désengorger les juridictions administratives du sud de la France.

Nous devons aussi poursuivre notre effort en termes de simplification des procédures. Je pense en particulier au développement du référé administratif, qui a permis d'aller plus vite sur un certain nombre de sujets.

Dans le même esprit, nous réfléchissons également - j'en ai parlé tout récemment avec les responsables du Conseil d'Etat et les présidents de nos tribunaux et de nos cours administratives d'appel - à un développement modéré, dans le respect des grands principes de notre droit, des décisions à juge unique.

M. Michel Dreyfus-Schmidt. Des ordonnances !

M. Dominique Perben, garde des sceaux. Enfin, il nous faut considérer qu'il n'y a pas de caractère inéluctable à l'augmentation du contentieux.

J'en donnerai un exemple : depuis deux ou trois ans, le contentieux civil devant les juridictions judiciaires a été stabilisé.

L'augmentation du contentieux administratif concernait trois domaines : les pensions civiles et militaires de retraite, le fonction publique et les étrangers.

La question des pensions civiles et militaires de l'Etat a été réglée grâce à une adaptation législative. On devrait constater une diminution très sensible de ce contentieux-là.

Pour ce qui est du contentieux de la fonction publique, je me suis rapproché de mon collègue chargé de la fonction publique pour voir comment nous pourrions introduire, pour la fonction publique civile, un recours précontentieux, recours gracieux et à caractère hiérarchique, sur le modèle de celui qui existe pour la fonction publique militaire et qui a montré son efficacité. Cela devrait nous permettre de diminuer substantiellement le nombre des recours afférents.

Reste le contentieux des étrangers, où nous devons faire un effort de simplification des procédures.

Grâce à cet ensemble de mesures, notamment législatives, portant sur les moyens et la simplification des procédures, je pense que nous pourrons atteindre l'objectif que nous nous fixons, c'est-à-dire un an de délai devant les tribunaux administratifs. (Applaudissements sur les travées de l'UMP et de l'UC-UDF.)

M. le président. Nous en avons terminé avec les questions d'actualité au Gouvernement.

Mes chers collègues, nous allons maintenant interrompre nos travaux quelques instants.

La séance est suspendue.

(La séance, suspendue à seize heures, est reprise à seize heures quinze, sous la présidence de M. Adrien Gouteyron.)

PRÉSIDENCE DE M. Adrien Gouteyron

vice-président

M. le président. La séance est reprise.

4

RAPPEL AU RÈGLEMENT

M. le président. La parole est à Mme Nicole Borvo Cohen-Seat, pour un rappel au règlement.

Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. Monsieur le président, je prends en cet instant la parole, car le règlement ne me permettait pas, tout à l'heure, de répondre directement à M. le ministre de l'éducation nationale lors des questions d'actualité au Gouvernement.

Devant M. le ministre de l'écologie et du développement durable, ici présent, je tiens à élever la plus vive protestation contre les propos qu'a tenus tout à l'heure M. le ministre de l'éducation nationale, qui a accusé directement les communistes d'être à l'origine des perturbations provoquées dans les établissements scolaires par certains lycéens.

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, un tel procédé est totalement inadmissible. Les lycéens ont manifesté pour exprimer leur profond malaise de ne pas être écoutés ni entendus, ainsi que leurs inquiétudes devant la mise en oeuvre de la loi Fillon, qu'ils critiquent depuis longtemps.

Les élus communistes, quant à eux, soutiennent les lycéens à chaque fois qu'ils le peuvent, et ont d'ailleurs exprimé leur solidarité à leur égard en votant contre la loi Fillon. Nous souhaitons que les forces de l'ordre assurent la sécurité des jeunes et des personnels des établissements secondaires, comme eux-mêmes le demandent, plutôt que de laisser faire, comme c'est trop souvent le cas. Nous avons pu d'ailleurs constater les brutalités commises par les forces de l'ordre à l'encontre des lycéens.

Monsieur le ministre, je vous remercie de bien vouloir transmettre cette protestation au Gouvernement. (Applaudissements sur les travées du groupe CRC.)

M. Roland Muzeau. Très bien !

M. le président. Ma chère collègue, je vous donne acte de votre rappel au règlement.

5

Conférence des présidents

M. le président. La conférence des présidents a établi comme suit l'ordre du jour des prochaines séances du Sénat :

Vendredi 8 avril 2005 :

Ordre du jour prioritaire :

A 9 heures 30, à 15 heures et le soir :

Suite du projet de loi sur l'eau et les milieux aquatiques (n° 240, 2004-2005).

Mardi 12 avril 2005 :

A 10 heures :

1° Dix-huit questions orales :

L'ordre d'appel des questions sera fixé ultérieurement.

- n° 638 de M. Bernard Piras à M. le ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés locales (Nouvelles conditions de délivrance des certificats d'hébergement) ;

- n° 675 de M. René-Pierre Signé à M. le ministre de l'agriculture, de l'alimentation, de la pêche et de la ruralité (Situation des vétérinaires en zone rurale) ;

- n° 685 de M. Jean-Pierre Demerliat à M. le ministre de l'équipement, des transports, de l'aménagement du territoire, du tourisme et de la mer (Mise à 2 x 2 voies de la RN 141 entre Limoges et Saint-Junien) ;

- n° 688 de M. Jean-Claude Carle transmise à M. le ministre délégué au budget et à la réforme budgétaire, porte-parole du Gouvernement (Fiscalité applicable aux logements intermédiaires) ;

- n° 689 de M. Claude Domeizel à M. le ministre de la fonction publique et de la réforme de l'Etat (Réglementation relative aux départs anticipés à la retraite pour carrière longue) ;

- n° 690 de Mme Nicole Borvo Cohen-Seat à M. le garde des sceaux, ministre de la justice (Fonctionnement de la justice de proximité) ;

- n° 693 de M. Thierry Repentin à M. le ministre de l'équipement, des transports, de l'aménagement du territoire, du tourisme et de la mer (Organisation des transports en Savoie) ;

- n° 694 de M. Jean Boyer à M. le ministre de l'équipement, des transports, de l'aménagement du territoire, du tourisme et de la mer (Conséquences financières de la période hivernale sur le budget des collectivités locales) ;

- n° 695 de Mme Jacqueline Gourault transmise à M. le ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés locales (Calcul des concours financiers de l'Etat aux collectivités locales) ;

- n° 697 de M. Alain Milon à M. le ministre des petites et moyennes entreprises, du commerce, de l'artisanat, des professions libérales et de la consommation (Mise en place de services de consigne dans la grande distribution) ;

- n° 698 de M. Jean-Pierre Sueur à M. le ministre des solidarités, de la santé et de la famille (Mise en oeuvre de l'allocation d'éducation de l'enfant handicapé) ;

- n° 699 de Mme Claire-Lise Campion à M. le ministre des affaires étrangères (Situation des otages en Colombie) ;

- n° 700 de M. Bernard Dussaut à M. le ministre des petites et moyennes entreprises, du commerce, de l'artisanat, des professions libérales et de la consommation (Normes applicables en matière de sécurité incendie du mobilier) ;

- n° 701 de Mme Françoise Férat transmise à M. le ministre des petites et moyennes entreprises, du commerce, de l'artisanat, des professions libérales et de la consommation (Réglementation relative à la sécurité des matériels forains) ;

- n° 702 de M. Jean-Marc Juilhard à M. le ministre des solidarités, de la santé et de la famille (Aides à la création de maisons médicales) ;

- n° 704 de M. Georges Mouly à M. le ministre des solidarités, de la santé et de la famille (Création d'officines de pharmacie en milieu rural) ;

- n° 706 de M. Alain Vasselle à M. le ministre de l'écologie et du développement durable (Gestion des déchets) ;

- n° 709 de M. Jean-Patrick Courtois à M. le ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés locales (Modalités de calcul des charges transférées et des charges nouvelles au sein des structures intercommunales) ;

Ordre du jour prioritaire :

A 16 heures et le soir :

2° Proposition de loi, adoptée par l'Assemblée nationale, relative aux droits des malades et à la fin de vie (n° 90, 2004-2005).

(La conférence des présidents a fixé :

- au lundi 11 avril 2005, à 16 heures, le délai limite pour le dépôt des amendements à ce texte ;

- à trois heures la durée globale du temps dont disposeront, dans la discussion générale, les orateurs des divers groupes ou ne figurant sur la liste d'aucun groupe ;

L'ordre des interventions sera déterminé en fonction du tirage au sort et les inscriptions de parole devront être faites au service de la séance, avant 17 heures, le lundi 11 avril 2005.)

Mercredi 13 avril 2005 :

A 15 heures et le soir :

Ordre du jour réservé :

1° Question orale avec débat n° 14 de M. Henri Revol à M. le ministre délégué à l'industrie sur la politique de gestion des déchets nucléaires ;

(En application des premier et deuxième alinéas de l'article 82 du règlement, la conférence des présidents a fixé à deux heures la durée globale du temps dont disposeront dans le débat les orateurs des groupes ou ne figurant sur la liste d'aucun groupe ;

L'ordre des interventions sera déterminé en fonction du tirage au sort et les inscriptions de parole devront être faites au service de la séance, avant 17 heures, le mardi 12 avril 2005.)

Ordre du jour prioritaire :

2° Suite du projet de loi sur l'eau et les milieux aquatiques.

Jeudi 14 avril 2005 :

A 9 heures 30 :

Ordre du jour prioritaire :

1° Eventuellement, suite du projet de loi sur l'eau et les milieux aquatiques.

2° Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, modifiant certaines dispositions législatives relatives aux modalités de l'exercice par l'Etat de ses pouvoirs de police en mer (n° 253, 2004-2005) ;

(La conférence des présidents a fixé :

- au mardi 12 avril 2005, à 17 heures, le délai limite pour le dépôt des amendements à ce texte ;

- à une heure et demie la durée globale du temps dont disposeront, dans la discussion générale, les orateurs des divers groupes ou ne figurant sur la liste d'aucun groupe ;

L'ordre des interventions sera déterminé en fonction du tirage au sort et les inscriptions de parole devront être faites au service de la séance, avant 17 heures, le mercredi 13 avril 2005.)

3° Deuxième lecture de la proposition de loi, modifiée par l'Assemblée nationale, relative à la création du registre international français (n° 269, 2004-2005) ;

(La conférence des présidents a fixé :

- au mardi 12 avril 2005, à 17 heures, le délai limite pour le dépôt des amendements à ce texte ;

- à une heure la durée globale du temps dont disposeront, dans la discussion générale, les orateurs des divers groupes ou ne figurant sur la liste d'aucun groupe ;

L'ordre des interventions sera déterminé en fonction du tirage au sort et les inscriptions de parole devront être faites au service de la séance, avant 17 heures, le mercredi 13 avril 2005.)

A 15 heures et le soir :

4° Questions d'actualité au Gouvernement ;

(L'inscription des auteurs de questions devra être effectuée au service de la séance avant 11 heures.)

Ordre du jour prioritaire :

5° Suite de l'ordre du jour du matin.

En application de l'article 28 de la Constitution et de l'article 32 bis, alinéa 1, du règlement, le Sénat a décidé de suspendre ses travaux en séance plénière du dimanche 17 avril au dimanche 1er mai 2005.

Lundi 2 mai 2005 :

Ordre du jour prioritaire :

A 15 heures et le soir :

1° Projet de loi portant diverses dispositions d'adaptation au droit communautaire dans le domaine des marchés financiers (n° 267, 2004-2005) ;

(La conférence des présidents a fixé :

- au lundi 2 mai 2005, à 11 heures, le délai limite pour le dépôt des amendements à ce texte ;

- à deux heures la durée globale du temps dont disposeront, dans la discussion générale, les orateurs des divers groupes ou ne figurant sur la liste d'aucun groupe ;

L'ordre des interventions sera déterminé en fonction du tirage au sort et les inscriptions de parole devront être faites au service de la séance, avant 17 heures, le vendredi 29 avril 2005.)

2° Deuxième lecture du projet de loi d'orientation sur l'énergie, adopté avec modifications par l'Assemblée nationale en deuxième lecture (n° 275, 2004-2005).

(La conférence des présidents a fixé :

- au lundi 2 mai 2005, à 11 heures, le délai limite pour le dépôt des amendements à ce texte ;

- à deux heures la durée globale du temps dont disposeront, dans la discussion générale, les orateurs des divers groupes ou ne figurant sur la liste d'aucun groupe ;

L'ordre des interventions sera déterminé en fonction du tirage au sort et les inscriptions de parole devront être faites au service de la séance, avant 17 heures, le vendredi 29 avril 2005.)

Mardi 3 mai 2005 :

A 10 heures :

1° Dix-huit questions orales :

L'ordre d'appel des questions sera fixé ultérieurement.

- n° 684 de M. Bruno Sido à M. le ministre de la fonction publique et de la réforme de l'Etat (Problèmes liés au recrutement de contractuels dans la fonction publique territoriale) ;

- n° 691 de M. Georges Mouly à M. le garde des sceaux, ministre de la justice (Réforme des tutelles : financement et calendrier) ;

- n° 696 de M. Claude Biwer à M. le ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés locales (Conditions d'exercice des mandats locaux) ;

- n° 705 de M. Nicolas Alfonsi à M. le secrétaire d'Etat aux transports et à la mer (Changement de dénomination de l'aéroport d'Ajaccio) ;

- n° 707 de M. Jean-Pierre Godefroy à M. le ministre de l'emploi, du travail et de la cohésion sociale (Dispositif d'intéressement des salariés) ;

- n° 708 de M. Daniel Goulet à M. le ministre des solidarités, de la santé et de la famille (Avenir de la médecine générale) ;

- n° 710 de M. Michel Billout à M. le ministre des solidarités, de la santé et de la famille (Offre de soins dans le secteur de Marne la Vallée) ;

- n° 713 de M. Bernard Angels à M. le ministre de l'équipement, des transports, de l'aménagement du territoire, du tourisme et de la mer (Amélioration du réseau ferroviaire du nord de l'Ile-de-France) ;

- n° 714 de M. Jean-Claude Peyronnet à M. le ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés locales (Convention sur l'aide médicale d'urgence) ;

- n° 715 de Mme Anne-Marie Payet à M. le ministre des petites et moyennes entreprises, du commerce, de l'artisanat, des professions libérales et de la consommation (Création d'un observatoire des prix à la Réunion) ;

- n° 716 de M. Claude Bertaud à M. le ministre de l'emploi, du travail et de la cohésion sociale (Travail des apprentis le dimanche et les jours fériés) ;

- n° 717 de M. Bertrand Auban à M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie (Maintien de l'emploi et survie de l'entreprise ISOCHEM à Toulouse) ;

- n° 718 de M. Thierry Foucaud à M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie (Taxe intérieure sur les produits pétroliers) ;

- n° 721 de Mme Marie-France Beaufils à M. le ministre de l'équipement, des transports, de l'aménagement du territoire, du tourisme et de la mer (Avenir du fret ferroviaire) ;

- n° 722 de Mme Isabelle Debré à M. le ministre de la jeunesse, des sports et de la vie associative (Fonctionnement du chèque emploi associatif) ;

- n° 723 de M. Laurent Béteille à M. le ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés locales (Sécheresse de 2003 et reconnaissance de l'état de catastrophe naturelle) ;

- n° 724 de M. François Marc à M. le ministre de l'agriculture, de l'alimentation, de la pêche et de la ruralité (Redéfinition de la répartition des aides PAC et agriculture biologique) ;

- n° 725 de M. Adrien Gouteyron à M. le ministre de l'agriculture, de l'alimentation, de la pêche et de la ruralité (Mesures de compensation des hausses du prix de l'énergie en faveur des agriculteurs) ;

Ordre du jour prioritaire :

A 16 heures et le soir :

2° Suite de la deuxième lecture du projet de loi d'orientation sur l'énergie.

Mercredi 4 mai 2005 :

Ordre du jour prioritaire :

A 15 heures et, éventuellement, le soir :

Suite de la deuxième lecture du projet de loi d'orientation sur l'énergie.

Mardi 10 mai 2005 :

Ordre du jour réservé :

A 16 heures et, éventuellement, le soir :

1° Sous réserve de son dépôt, proposition de résolution tendant à modifier le règlement du Sénat ;

2° Débat sur un rapport d'information de la commission des finances.

L'organisation de ces deux discussions sera réglée par la réunion de la conférence des présidents en date du 3 mai 2005.

Mercredi 11 mai 2005 :

Ordre du jour prioritaire :

A 15 heures et le soir :

Projet de loi relatif au volontariat associatif et à l'engagement éducatif (n° 237, 2004 2005).

(La conférence des présidents a fixé :

- au mardi 10 mai 2005, à 17 heures, le délai limite pour le dépôt des amendements à ce texte ;

- à deux heures la durée globale du temps dont disposeront, dans la discussion générale, les orateurs des divers groupes ou ne figurant sur la liste d'aucun groupe ;

L'ordre des interventions sera déterminé en fonction du tirage au sort et les inscriptions de parole devront être faites au service de la séance, avant 17 heures, le mardi 10 mai 2005.)

Jeudi 12 mai 2005 :

A 9 heures 30 :

Ordre du jour prioritaire :

1° Sous réserve de leur dépôt, conclusions de la commission mixte paritaire sur le projet de loi relatif à la régulation des activités postales ;

2° Suite éventuelle du projet de loi relatif au volontariat associatif et à l'engagement éducatif ;

3° Sous réserve de son dépôt dans les conditions prévues à l'article 46 de la Constitution, projet de loi organique modifiant la loi organique n° 76-97 du 31 janvier 1976 sur le vote des Français établis hors de France pour l'élection du Président de la République ;

4° Sous réserve de son dépôt sur le bureau du Sénat, projet de loi modifiant la loi n° 82-471 du 7 juin 1982 relative à l'assemblée des Français à l'étranger ;

(La conférence des présidents :

- a fixé au mercredi 11 mai 2005, à 16 heures, le délai limite pour le dépôt des amendements à ce texte ;

- a décidé que ces deux projets de loi feraient l'objet d'une discussion générale commune ;

- a fixé à deux heures la durée globale du temps dont disposeront, dans la discussion générale commune, les orateurs des divers groupes ou ne figurant sur la liste d'aucun groupe ;

L'ordre des interventions sera déterminé en fonction du tirage au sort et les inscriptions de parole devront être faites au service de la séance, avant 17 heures, le mercredi 11 mai 2005.)

5° Projet de loi autorisant l'adhésion à l'accord sur la conservation des petits cétacés de la mer Baltique, de l'Atlantique du Nord-Est et des mers d'Irlande et du Nord (ensemble une annexe) (n° 46, 2004-2005) ;

6° Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, autorisant l'approbation de l'accord international sur la Meuse (n° 85, 2004-2005) ;

7° Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, autorisant l'approbation de l'accord international sur l'Escaut (n° 86, 2004-2005) ;

(La conférence des présidents a décidé que ces deux projets de loi feraient l'objet d'une discussion générale commune.)

8° Projet de loi autorisant l'approbation de l'accord entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement du Royaume de Bahreïn sur l'encouragement et la protection réciproques des investissements (n° 124, 2004-2005) ;

9° Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, autorisant l'approbation des protocoles d'application de la convention alpine du 7 novembre 1991 dans le domaine de la protection de la nature et de l'entretien des paysages, de l'aménagement du territoire et du développement durable, des forêts de montagne, de l'énergie, du tourisme, de la protection des sols et des transports (n° 245, 2004-2005) ;

10° Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, autorisant l'approbation du protocole additionnel à la convention sur le transfèrement des personnes condamnées (n° 246, 2004 2005) ;

11° Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale autorisant l'approbation du protocole modifiant la convention portant création d'un office européen de police (convention EUROPOL) et le protocole sur les privilèges et immunités d'EUROPOL, des membres de ses organes, de ses directeurs adjoints et de ses agents (n° 247, 2004-2005) ;

12° Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, autorisant l'approbation de la convention sur la cybercriminalité et du protocole additionnel à cette convention, relatif à l'incrimination d'actes de nature raciste et xénophobe commis par le biais de systèmes informatiques (n° 248, 2004-2005) ;

A 15 heures et, éventuellement, le soir :

11° Questions d'actualité au Gouvernement ;

(L'inscription des auteurs de questions devra être effectuée au service de la séance avant 11 heures.)

Ordre du jour prioritaire :

12° Eventuellement, suite de l'ordre du jour du matin.

En application de l'article 28 de la Constitution et de l'article 32 bis, alinéa 1, du règlement, le Sénat a décidé de suspendre ses travaux en séance plénière du dimanche 15 mai au dimanche 29 mai 2005.

Y a-t-il des observations en ce qui concerne les propositions de la conférence des présidents relatives à la tenue des séances ?...

Ces propositions sont adoptées.

6

DÉPÔT D'UN RAPPORT DU GOUVERNEMENT

M. le président. M. le Président a reçu de M. le Premier ministre le rapport annuel sur l'activité bancaire dans les départements d'outre-mer en 2003, établi en application de l'article 9 de la loi n° 2000-1207 du 13 décembre 2000 d'orientation pour l'outre-mer.

Acte est donné du dépôt de ce rapport.

7

Art. additionnels après l'art. 18 (interruption de la discussion)
Dossier législatif : projet de loi sur l'eau et les milieux aquatiques
Art. 19

Eau et milieux aquatiques

Suite de la discussion d'un projet de loi

M. le président. Nous reprenons la discussion du projet de loi sur l'eau et les milieux aquatiques.

Dans la discussion des articles, nous en sommes parvenus à l'article 19.

Discussion générale
Dossier législatif : projet de loi sur l'eau et les milieux aquatiques
Art. additionnels après l'art. 19

Article 19

Après la première phrase du II de l'article L. 253-14 du code rural, est insérée la phrase suivante : « Sont également qualifiés, pour procéder à la recherche et à la constatation des infractions aux dispositions de l'article L. 253-3, les agents mentionnés aux 1°, 2°, 5° et 9° du I de l'article L. 216-3 du code de l'environnement. »

M. le président. Je suis saisi de deux amendements faisant l'objet d'une discussion commune.

L'amendement n° 342, présenté par MM. Soulage, Deneux et les membres du groupe Union centriste-UDF, est ainsi libellé :

Dans cet article, supprimer les références :

, 5° et 9°

La parole est à M. Daniel Soulage.

M. Daniel Soulage. De nombreux corps de fonctionnaires interviennent d'ores et déjà dans les exploitations pour y réaliser des contrôles. Il importe, à la fois pour ces agents et pour les exploitants agricoles, que les contrôles soient coordonnés, transparents et réalisés dans de bonnes conditions. Cela conduit notamment à exiger une qualification différente selon les contrôles, et donc à les réserver aux seuls agents ayant les compétences requises.

Or, en ce qui concerne les contrôles des conditions d'utilisation des produits phytosanitaires, les agents des parcs nationaux et des réserves naturelles, ainsi que les agents de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage et du Conseil supérieur de la pêche ne nous semblent pas remplir de telles conditions.

L'amendement vise donc à empêcher que le champ d'intervention de ces agents soit étendu aux contrôles des conditions d'utilisation des produits phytosanitaires.

Au demeurant, il existe tout de même de nombreux corps de contrôleurs appartenant aux services de l'Etat chargés respectivement de l'environnement, de l'agriculture, de l'industrie, de l'équipement, des transports, de la mer, de la santé, de la défense, de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes, sans compter les personnes placées auprès d'eux et chargées de l'inspection des installations classées. Cela devrait suffire !

M. le président. L'amendement n° 304 rectifié, présenté par MM. Vasselle, Texier et Mortemousque, est ainsi libellé :

Dans cet article, remplacer les mots :

, 5° et 9°

par les mots :

et 5°

Cet amendement n'est pas soutenu.

M. Jean Desessard. Où est M. Vasselle ?

M. le président. Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° 342 ?

M. Bruno Sido, rapporteur de la commission des affaires économiques et du Plan. Les agriculteurs, notamment dans le cadre de leurs activités, sont déjà très contrôlés, et ce par de nombreuses autorités. Sans vouloir faire de mauvais esprit, monsieur le ministre, je serais tenté de dire qu'il n'y aura bientôt plus que les pompiers pour ne pas les contrôler !

Afin d'assurer la sécurité juridique des agriculteurs, il est donc indispensable que ces derniers puissent connaître les personnes susceptibles de les contrôler et les finalités de ces contrôles. Or le Gouvernement ne semble pas aller dans ce sens puisqu'il a décidé d'ajouter, dans le projet de loi, quatre catégories d'agents chargés de contrôler l'utilisation de certaines substances.

Ainsi, il nous semble effectivement que les agents de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage et ceux du Conseil supérieur de la pêche, ainsi que les agents des parcs nationaux et des réserves naturelles, si compétents soient-ils, ne sont pas forcément les plus à même de contrôler l'utilisation des produits phytosanitaires.

En conséquence, la commission a émis un avis favorable sur cet amendement.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Serge Lepeltier, ministre de l'écologie et du développement durable. L'article 19 étend effectivement aux agents de la police de l'eau la qualification nécessaire pour procéder à la recherche et à la constatation des infractions aux conditions d'utilisation des produits phytosanitaires.

Monsieur le rapporteur, l'objectif du Gouvernement n'est pas de permettre à ces agents de contrôler toutes les dispositions relatives à la mise sur le marché, pour lesquelles les agents de la protection des végétaux sont mieux formés. Il s'agit de leur donner la possibilité d'intervenir au cas où ils constateraient, lors de leur présence sur le terrain, des pratiques aberrantes telles que la pulvérisation de produits à proximité immédiate d'un cours d'eau, voire au-dessus d'un cours d'eau.

L'amendement n° 342 vise à exclure les agents assermentés et commissionnés de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage et du Conseil supérieur de la pêche, ainsi que des parcs nationaux et des réserves naturelles. Or, monsieur le rapporteur, ces agents circulent dans des zones où de telles infractions pourraient être commises, même si, heureusement, le cas est rare.

C'est la raison pour laquelle j'émets un avis défavorable sur cet amendement.

M. le président. La parole est à M. le rapporteur.

M. Bruno Sido, rapporteur. Monsieur le ministre, sans vouloir allonger les débats à l'envi, je vous invite à vous rendre dans une exploitation agricole prochainement, à partir du 1er mai, pour constater vous-même la multiplicité des contrôles.

La situation devient véritablement insensée au regard du nombre de personnes intervenant en la matière. Pour vous convaincre, je citerai les agents de la direction départementale de l'agriculture et de l'Office national interprofessionnel des céréales, ainsi que les contrôleurs laitiers, tout aussi nombreux.

M. Charles Revet. Sans compter les satellites !

M. Gérard César. C'est un vrai défilé !

M. Bruno Sido, rapporteur. Absolument !

Heureusement que certains agriculteurs, de moins en moins nombreux, d'ailleurs, ont un conjoint pour les aider à recevoir tous ces contrôleurs.

Mme Nicole Bricq. Les conjoints font aussi un vrai travail !

M. Bruno Sido, rapporteur. Sans leur soutien, les agriculteurs n'auraient plus le temps de travailler sur leur exploitation !

Telle est la réalité. Par conséquent, il n'est pas nécessaire d'ajouter dans le projet de loi quatre autres catégories de contrôleurs. Après tout, en cas d'infraction manifeste, les gendarmes, ou le maire, qui est aussi officier de police judiciaire, sont tout à fait en mesure de verbaliser.

Aujourd'hui, en matière de contrôles, les agriculteurs ont le sentiment, justifié à mon avis, d'être victimes d'un véritablement harcèlement. La commission réaffirme donc son soutien à la proposition de M. Soulage.

M. le président. La parole est à M. le ministre.

M. Serge Lepeltier, ministre. Monsieur le rapporteur, je comprends bien vos arguments. Après le 1er mai, je me rendrai donc sur place pour observer le déroulement des contrôles. Je n'aurai pas à aller bien loin, puisque le Cher compte tout de même quelques exploitations agricoles ! (Sourires.)

Au demeurant, vous avez souligné avec raison que les contrôles peuvent être particulièrement durs et perturber les exploitants agricoles.

En l'espèce, il ne s'agit naturellement pas de missionner de nouveaux agents pour aller contrôler spécifiquement les exploitations. Il s'agit de donner des moyens d'action à des agents qui, au cours de leur travail sur le terrain, sont susceptibles de constater des infractions, lesquelles, je le rappelle, sont de telle nature qu'elles menacent directement l'équilibre même du milieu naturel. Si l'amendement était adopté, ces agents ne seraient pas en mesure d'agir, ce qui serait regrettable.

C'est la raison pour laquelle je maintiens tout de même mon avis défavorable.

M. le président. La parole est à Mme Nicole Bricq, pour explication de vote sur l'amendement ° 342.

Mme Nicole Bricq. Notre groupe souhaite apporter son soutien à M. le ministre.

M. Gérard César. C'est nouveau !

Mme Nicole Bricq. Monsieur le rapporteur, l'adoption de cet amendement témoignerait d'une défiance à l'égard des agents assermentés, qui font leur travail.

Vous dites que les agriculteurs sont assaillis de contrôles. (Marques d'approbation sur les travées de l'UMP.) Mais ils ne sont pas les seuls ! Les industriels, pour les installations classées, ou les restaurateurs pourraient vous dire la même chose.

Ce matin, nous nous sommes séparés à l'issue d'une discussion qui va réapparaître et sourdre tout au long de nos débats. Il ne s'agit pas de fustiger une catégorie particulière de travailleurs, à savoir les agriculteurs et leurs conjointes, qui travaillent également - ô combien ! - dans les exploitations agricoles. Il s'agit simplement de se donner les moyens de mettre en oeuvre les dispositions que nous sommes en train d'adopter et qui sont destinées à obtenir une bonne qualité de l'eau en 2015.

Il faut donc, me semble-t-il, soutenir le ministre dans son refus de l'amendement.

M. le président. La parole est à M. Daniel Soulage, pour explication de vote.

M. Daniel Soulage. L'agriculture fait appel à une cinquantaine de métiers. On ne peut donc pas s'improviser contrôleur dans tous ces domaines, d'autant qu'ils sont très divers ! S'il faut déférer aux investigations du premier agent venu à chaque fois que l'idée d'un contrôle lui passe par la tête...Et à quoi serviront des contrôles effectués par des personnes incompétentes ? Imaginez que des fonctionnaires, du seul fait qu'ils sont fonctionnaires, prennent en charge la police sur les routes !

Voilà quelques jours, j'ai discuté avec des arboriculteurs, qui m'ont cité d'un trait, et rien que pour la mise sur le marché de leurs produits, pas moins de quatorze contrôles !

Nous ne réalisons pas, me semble-t-il, le nombre de contrôles qui sont imposés. Chacun, dans son coin, en propose un nouveau ! Cela devient infernal !

M. le président. La parole est à M. le président de la commission des affaires économiques.

M. Jean-Paul Emorine, président de la commission des affaires économiques et du Plan. Si j'interviens à cet instant du débat, c'est parce que, tout au long de la matinée, j'ai beaucoup entendu parler des agriculteurs. Connaissant bien cette profession, j'ai pu constater combien elle avait évolué dans la prise en compte des problèmes liés à l'environnement.

Je rappelle que nous avons tous souhaité assurer aux agriculteurs une très bonne formation. Nous ne devons pas oublier que tous les matériels se sont modernisés, et que de nouveau sont apparus. La loi reflètera d'ailleurs ces évolutions puisque bientôt tous les pulvérisateurs pourront être contrôlés. Ce n'est pas négligeable.

Il relève ensuite de la responsabilité des agriculteurs de veiller à utiliser les produits aux bons endroits. Etant donné le contexte créé par la nouvelle politique agricole commune, nos agriculteurs devront être très attentifs.

Tout cela pour montrer qu'il ne faudrait pas continuer d'opposer systématiquement l'agriculture à l'environnement. Bien souvent, cher collègue Jean Desessard, l'environnement dans lequel vous vivez est celui que les agriculteurs ont construit par le passé. Aujourd'hui, le niveau de formation des agriculteurs, la modernisation des matériels - le GPS permettra bientôt de distribuer les produits de façon plus appropriée encore -devraient permettre d'en finir avec cet affrontement permanent. Aujourd'hui, les agriculteurs sont responsables et prennent en compte l'environnement. (Applaudissements sur les travées de l'UMP et de l'UC-UDF.)

M. le président. La parole est à M. Alain Vasselle, pour explication de vote.

M. Alain Vasselle. N'ayant pu défendre tout à l'heure l'amendement n° 304 rectifié, je me permets d'intervenir pour expliquer mon vote sur l'amendement n° 342, qui est presque identique, à cette petite différence près que je maintenais la référence au 5°de l'article L.216-3 du code de l'environnement.

Il appartient donc à M. le rapporteur de dire quelle rédaction permettrait de satisfaire le mieux possible notre demande.

A la suite de l'intervention de M. le président de la commission, j'ai cru comprendre que la commission serait plutôt favorable à l'adoption d'une telle disposition.

Je crois que, dans l'intérêt de tous, aussi bien de la profession agricole que de ceux qui sont soucieux du respect de l'environnement, le contrôle doit être effectué par de véritables professionnels connaissant bien les dossiers et les domaines dans lesquels ils seront amenés à intervenir.

Il faut sans aucun doute éviter des polémiques inutiles sur ce sujet. La profession agricole a toujours démontré, chaque fois qu'il a été fait appel à elle, qu'elle était prête à prendre toutes les mesures nécessaires pour mieux protéger notre environnement.

Malgré tout, les contraintes nouvelles que la profession supporte entraînent bien évidemment - et c'est sa préoccupation majeure - une augmentation des coûts de production et des prix de revient. Or, contrairement à d'autres productions, dans d'autres filières économiques, les agriculteurs ne peuvent pas répercuter l'augmentation des charges sur leurs propres productions, qui sont elles-mêmes soumises aux lois du marché.

Quand un fabricant subit l'augmentation du prix des matières premières, il répercute immédiatement cette hausse sur les produits finis qu'il vend. Je parle en connaissance de cause puisque j'ai rencontré cette situation l'année dernière : il fallait accepter que le fabricant répercute dans ses prix le renchérissement de l'acier, faute de quoi l'opération que je projetais était impossible pour lui.

Il n'en va pas de même en ce qui concerne la profession agricole. Les contraintes environnementales, les taxes sur les produits phytosanitaires, les taxes envisagées sur les nitrates, notamment, sans compter l'éco-conditionnalité, constituent autant de contraintes que la profession subit, sans pouvoir en répercuter le coût sur les prix.

Qu'on ne se méprenne donc pas : l'agriculture française a bien conscience de la nécessité de protéger l'environnement et, comme l'a dit M. le président de la commission, elle a démontré sa bonne foi depuis toujours.

Les produits phytosanitaires sont utilisés par les agriculteurs parce qu'ils sont disponibles et que, à un moment donné, leur mise sur le marché a été autorisée. Il faut donc simplement veiller à ce qu'ils soient utilisés conformément aux normes et aux conditions d'usage telles qu'elles ont été définies au moment de la vente.

Il me semble donc que nous pouvons tous tomber d'accord sur cette façon de voir. C'est la raison pour laquelle je me réjouis à l'avance de la position de la commission et, je l'espère, du Gouvernement.

Mme Nicole Bricq. Nous sommes d'accord !

M. le président. La parole est à M. le rapporteur.

M. Bruno Sido, rapporteur. Mes chers collègues, vous avez tous constaté que l'amendement n° 304 rectifié n'a pas été soutenu.

Mme Nicole Bricq. Oui, mais M. Vasselle l'a défendu quand même !

M. Bruno Sido, rapporteur. Quoi qu'il en soit, monsieur Vasselle, je souhaite vous rassurer. En effet, la commission a émis un avis favorable sur l'amendement n° 342, qui reprend l'essentiel, sinon l'intégralité, de ce que vous proposiez.

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 342.

(L'amendement est adopté.)

M. le président. Je mets aux voix l'article 19, modifié.

(L'article 19 est adopté.)

Art. 19
Dossier législatif : projet de loi sur l'eau et les milieux aquatiques
Art. 20

Articles additionnels après l'article 19

M. le président. Je suis saisi de deux amendements faisant l'objet d'une discussion commune.

L'amendement n° 35, présenté par M. Sido, au nom de la commission des affaires économiques, est ainsi libellé :

Après l'article 19, insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Après l'article L. 213-20 du code de l'environnement, il est inséré un article L. 213-21 ainsi rédigé :

« Art L. 213-21. - Dans le cadre de la lutte contre les pollutions accidentelles des eaux, l'Etat peut agréer un ou plusieurs organismes spécialisés dans la recherche, l'expérimentation et la mise en oeuvre des moyens de combattre ces pollutions afin de leur confier des missions d'intérêt général de développement de leur expertise et d'appui aux autorités.

« Les agréments délivrés en application du présent article peuvent être retirés lorsque les organismes ne satisfont plus aux conditions qui ont conduit à les délivrer. »

La parole est à M. le rapporteur.

M. Bruno Sido, rapporteur. Le Centre de documentation, de recherche et d'expérimentations sur les pollutions accidentelles des eaux, le CEDRE, est une association créée en 1978 dans le cadre des mesures prises à la suite du naufrage du navire pétrolier Amoco Cadiz, pour améliorer la lutte contre les pollutions accidentelles des eaux et renforcer le dispositif français d'intervention.

Cette association est responsable de la recherche et des expérimentations sur les produits polluants, leurs effets, et les méthodes et moyens spécialisés utilisés pour les combattre.

Son financement est assuré par des subventions et des contrats publics et privés. Le fonctionnement de cette association est donc très largement dépendant de la subvention annuelle octroyée par le ministère de l'écologie et du développement durable. Or la Cour des comptes a critiqué ce mode de financement.

L'adoption de cet amendement permettrait à l'Etat d'agréer un ou plusieurs organismes tels que le CEDRE, pour contribuer à la prévention des pollutions accidentelles des eaux et à la lutte contre celles-ci, dans des conditions juridiques plus satisfaisantes.

En outre, monsieur le ministre, cette adoption éviterait bien des ennuis à certains de vos hauts fonctionnaires, directeurs au ministère de l'écologie et du développement durable...

M. le président. L'amendement n° 435 rectifié, présenté par Mme Didier, MM. Billout et  Coquelle, Mme Demessine, MM. Le Cam,  Vera et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, est ainsi libellé :

Après l'article 19, insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Le chapitre III du titre premier du livre II du code de l'environnement est complété par une section 8 ainsi rédigée :

« Section 8

« Pollution accidentelle des eaux

« Art. L. ... - Dans le cadre de la lutte contre les pollutions accidentelles des eaux, l'Etat peut agréer par arrêté un ou plusieurs organismes pour contribuer à la documentation, à l'expérimentation et aux recherches concernant les produits polluants, leurs effets sur l'environnement et les méthodes et moyens spécialisés utilisés pour combattre ces pollutions, et leur confier toute mission d'intérêt général en rapport avec leur activité. »

La parole est à Mme Evelyne Didier.

Mme Evelyne Didier. Cet amendement va dans le même sens que celui de la commission.

En effet, il faut bien comprendre que les pollutions qui touchent le milieu aquatique ont des origines multiples, des causes souvent mal ou trop tardivement identifiées pour permettre une réaction rapide.

Disposer de possibilités d'expertise est donc intéressant. En effet, en connaissant mieux les produits polluants, on peut trouver plus rapidement la riposte adéquate.

Le CEDRE, qui est l'un de ces organismes d'expertise, a besoin de disposer de personnes compétentes susceptibles d'apporter toute l'information nécessaire.

M. le président. Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° 435 rectifié?

M. Bruno Sido, rapporteur. Même si le dispositif proposé est quasi identique à celui qui a été envisagé par la commission, il diffère sur certains détails qui ont tout de même leur importance. En particulier, le dernier alinéa de l'amendement n° 35 précise que les agréments peuvent être retirés si les organismes ne satisfont plus aux conditions qui ont conduit à la délivrance de ces agréments.

Aussi, chère collègue, je vous demande de bien vouloir retirer votre amendement au profit de l'amendement n° 35 de la commission, étant entendu que, sur le fond, vous avez pleine satisfaction.

M. le président. L'amendement n° 435 rectifié est-il maintenu, madame Didier ?

Mme Evelyne Didier. Je le retire, monsieur le président.

M. le président. L'amendement n° 435 rectifié est retiré.

Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 35 ?

M. Serge Lepeltier, ministre. Un contrôle a été diligenté en 2003 par la Cour des comptes sur les associations financées par le ministère de l'écologie et du développement durable.

Parmi ces associations figurait, effectivement, le CEDRE. Dans le cadre de ce contrôle, la Cour des comptes a notamment relevé que la forme associative du CEDRE n'apparaissait pas la plus pertinente au regard de la réalisation de missions proches de l'exercice d'un service public.

La transformation de la structure en un groupement d'intérêt public ou en un établissement public permettrait, il est vrai, de remédier à cette situation.

Cependant - rien n'est jamais blanc ou noir ! -, il est apparu que le cadre associatif actuel garantissait une certaine souplesse, nécessaire à l'efficacité et à la réactivité du CEDRE.

Il apparaît donc que cet amendement, qui permet à l'Etat de renforcer son contrôle en instituant un agrément, est de nature à sécuriser les missions exercées par le CEDRE, qui s'apparentent à celles d'un service public, sans pour autant que soient compromises les qualités actuelles de son mode de fonctionnement. Telle est la raison pour laquelle le Gouvernement a émis un avis favorable sur cet amendement.

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 35.

(L'amendement est adopté.)

M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 19.

Art. additionnels après l'art. 19
Dossier législatif : projet de loi sur l'eau et les milieux aquatiques
Art. additionnels après l'art. 20

Article 20

Après le chapitre V du titre V du livre II du code rural est inséré le chapitre VI ainsi rédigé :

«  CHAPITRE VI

« Règles liées aux pratiques agricoles

« Art. L. 256-1. - Les matériels destinés à l'application des produits antiparasitaires à usage agricole et des produits assimilés énumérés à l'article L. 253-1 et des produits biocides définis à l'article L. 522-1 du code de l'environnement doivent être conformes à des prescriptions permettant de réduire les risques pour l'environnement et la santé publique, s'ils sont vendus, même d'occasion, par un professionnel du machinisme pour être utilisés sur le territoire national.

« Les infractions à ces dispositions sont recherchées et constatées dans les conditions prévues à l'article L. 254-8.

« Art. L. 256-2. - Les matériels mentionnés à l'article L. 256-1 sont soumis à un contrôle périodique obligatoire dont les frais sont à la charge du propriétaire.

« Les agents qualifiés pour rechercher et constater les infractions à ces dispositions et aux textes pris pour leur application sont les agents mentionnés à l'article L. 251-18 et les agents énumérés aux 1°, 2°, 5° et 9° du I de l'article L. 216-3 du code de l'environnement.

« Art. L. 256-3. Un décret précise les conditions d'application du présent chapitre. »

M. le président. Je suis saisi de cinq amendements faisant l'objet d'une discussion commune.

L'amendement n° 36 rectifié, présenté par M. Sido, au nom de la commission des affaires économiques, est ainsi libellé :

Rédiger comme suit cet article :

Après le chapitre V du titre V du livre II du code rural, il est inséré un chapitre VI intitulé : « Règles relatives aux matériels d'application de produits antiparasitaires », comprenant trois articles L. 256-1 à L. 256-3 ainsi rédigés :

« Art. L. 256-1. - Les matériels destinés à l'application des produits antiparasitaires à usage agricole, des produits assimilés énumérés à l'article L. 253-1 du présent code et des produits biocides définis à l'article L. 522-1 du code de l'environnement doivent être conformes à des prescriptions permettant de réduire les risques pour l'environnement et la santé publique, s'ils sont vendus, neufs ou d'occasion, par un professionnel du machinisme pour être utilisés sur le territoire national.

« Les infractions à ces dispositions sont recherchées et constatées par les agents et dans les conditions mentionnés à l'article L. 254-8 du présent code. Ils disposent à cet effet des pouvoirs prévus au livre II du code de la consommation.

« Art. L. 256-2. - Les matériels mentionnés à l'article L. 256-1 du présent code sont soumis à un contrôle périodique obligatoire, dont le financement est à la charge du propriétaire, permettant de s'assurer de leur bon état de fonctionnement.

« Les agents qualifiés pour rechercher et constater les infractions à ces dispositions et aux textes pris pour leur application sont les agents mentionnés à l'article L. 251-18 du même code et les agents énumérés aux 1°,2°, 5° et 9°du I de l'article L. 216-3 du code de l'environnement.

«Art. L. 256-3. - Un décret précise les conditions d'application du présent chapitre. »

La parole est à M. le rapporteur.

M. Bruno Sido, rapporteur. Cet amendement vise à apporter diverses améliorations rédactionnelles à l'article 20, qui prévoit un système de contrôle des matériels antiparasitaires.

M. le président. L'amendement n° 262, présenté par MM. Revet,  Bailly,  Grillot,  Ginoux et  Texier, Mmes Henneron,  Rozier et  Gousseau, MM. Juilhard,  Bordier,  Pierre et  J. Boyer, est ainsi libellé :

Compléter le premier alinéa du texte proposé par cet article pour l'article L. 256-2 du code rural par une phrase ainsi rédigée :

Celui-ci fournira une attestation qui pourra être délivrée par une entreprise agréée selon une périodicité déterminée par décret.

La parole est à M. Charles Revet.

M. Charles Revet. Cet amendement vise en fait à sécuriser les agriculteurs.

Tout à l'heure, nous avons tous abondamment dénoncé le nombre des contrôles, qui mettent l'agriculteur constamment dans la situation de devoir prouver sa bonne foi.

Ni le projet de loi ni les excellents amendements proposés par M. le rapporteur ne prévoient la possibilité, pour l'agriculteur, de produire une attestation prouvant, après contrôle, que son matériel est conforme.

La sagesse voudrait que les entreprises habituelles assurant l'entretien du matériel agricole remplissent ce rôle, en donnant un agrément. Ainsi, si un dysfonctionnement était constaté, l'agriculteur pourrait produire le document prouvant qu'il s'est soumis au contrôle, et sa bonne foi serait au moins reconnue.

Cet amendement vise donc à faire en sorte qu'un contrôle des matériels utilisés pour les traitements des récoltes soit effectué par des entreprises agréées à cet effet.

M. le président. L'amendement n° 343, présenté par MM. Soulage,  Deneux et les membres du groupe Union centriste - UDF, est ainsi libellé :

Dans le second alinéa du texte proposé par cet article pour l'article L. 256-2 du code rural, supprimer les références :

, 5° et 9°

La parole est à M. Daniel Soulage.

M. Daniel Soulage. Il s'agit d'un amendement de coordination.

M. le président. L'amendement n° 305 rectifié, présenté par MM. Vasselle,  Texier et  Mortemousque, est ainsi libellé :

Dans le second alinéa du texte proposé par cet article pour l'article L. 256-2 du code rural, remplacer les mots :

, 5° et 9°

par les mots :

et 5°

La parole est à M. Alain Vasselle.

M. Alain Vasselle. Cet amendement s'inscrit dans le même esprit que l'amendement précédent.

M. le président. L'amendement n° 263, présenté par MM. Revet,  Bailly,  Grillot,  Ginoux et  Texier, Mmes Henneron,  Rozier et  Gousseau, MM. Juilhard,  Bordier,  Pierre et  J. Boyer, est ainsi libellé :

Après le texte proposé par cet article pour l'article L. 256-2 du code rural, insérer un article additionnel ainsi rédigé :

« Art. ...  - L'étiquetage de tous les produits phytosanitaires doit mentionner la dangerosité pour l'environnement et la qualité de l'eau liée à leur utilisation.

La parole est à M. Charles Revet.

M. Charles Revet. Cet amendement vise à apporter des informations précises aux utilisateurs de produits phytosanitaires pour leur permettre de prendre les précautions nécessaires. Un certain nombre de produits peuvent en effet présenter une certaine toxicité, et une attention particulière s'impose lors de leur utilisation afin de protéger au maximum l'environnement.

Je ne sais pas si l'image est bonne, mais les paquets de cigarettes portent bien des messages d'avertissement visant à prévenir le fumeur de la nocivité du tabac. De la même manière, il serait bon de donner quelques indications sur les précautions à prendre de façon à sécuriser, si nécessaire, l'utilisateur de ces produits.

M. Gérard César. C'est déjà le cas !

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Bruno Sido, rapporteur. La précision apportée par l'amendement n° 262 est intéressante dans la mesure où le texte du projet de loi ne prévoit pas explicitement quelles sont les personnes qui sont habilitées à procéder au contrôle des matériels destinés à l'application. Mais il me semble que cela relève du décret d'application. D'ailleurs, d'après les informations que j'ai pu recueillir, cette disposition figurerait dans le futur décret d'application de l'article L. 256-3 du code rural et ferait référence à ce type d'entreprise.

La commission voudrait être certaine que l'on ne légifère pas dans le domaine réglementaire. C'est pourquoi, sur cet amendement, elle a préféré s'en remettre à la sagesse du Sénat.

La commission s'en était également remise à la sagesse du Sénat pour l'amendement n° 343, mais, compte tenu de l'adoption de l'amendement n° 342 de M. Soulage à l'article 19, cette sagesse ne peut être que très bienveillante.

M. le président. Monsieur le rapporteur, dans la mesure où votre amendement, s'il était adopté en l'état, ferait tomber les quatre autres, il serait peut-être judicieux de le rectifier, par coordination avec l'amendement n° 342, précédemment adopté.

M. Bruno Sido, rapporteur. Monsieur le président, j'accepte très volontiers de rectifier l'amendement n° 36 rectifié en ce sens.

M. le président. Je suis donc saisi d'un amendement n°  36 rectifié bis, présenté par M. Sido, au nom de la commission des affaires économiques, et ainsi libellé :

Rédiger comme suit cet article :

Après le chapitre V du titre V du livre II du code rural, il est inséré un chapitre VI intitulé : « Règles relatives aux matériels d'application de produits antiparasitaires », comprenant trois articles L. 256-1 à L  256-3 ainsi rédigés :

« Art. L. 256-1. - Les matériels destinés à l'application des produits antiparasitaires à usage agricole, des produits assimilés énumérés à l'article L. 253-1 du présent code et des produits biocides définis à l'article L. 522-1 du code de l'environnement doivent être conformes à des prescriptions permettant de réduire les risques pour l'environnement et la santé publique, s'ils sont vendus, neufs ou d'occasion, par un professionnel du machinisme pour être utilisés sur le territoire national.

« Les infractions à ces dispositions sont recherchées et constatées par les agents et dans les conditions mentionnés à l'article L. 254-8 du présent code. Ils disposent à cet effet des pouvoirs prévus au livre II du code de la consommation.

« Art. L. 256-2. - Les matériels mentionnés à l'article L. 256-1 du présent code sont soumis à un contrôle périodique obligatoire, dont le financement est à la charge du propriétaire, permettant de s'assurer de leur bon état de fonctionnement.

« Les agents qualifiés pour rechercher et constater les infractions à ces dispositions et aux textes pris pour leur application sont les agents mentionnés à l'article L. 251-18 du même code et les agents énumérés aux 1° et 2° du I de l'article L. 216-3 du code de l'environnement.

«Art. L. 256-3. - Un décret précise les conditions d'application du présent chapitre. »

Veuillez poursuivre, monsieur le rapporteur.

M. Bruno Sido, rapporteur. La précision que tend à introduire l'amendement n° 263 est intéressante. Elle n'a cependant pas parue utile à la commission puisque des indications relatives aux risques que font courir à la santé et à l'environnement les produits parasitaires doivent déjà être données. (M. Gérard César acquiesce.)N'oublions pas la santé des utilisateurs !

Aussi, je vous suggère, mon cher collègue, de retirer votre amendement, et, si vous le voulez bien, de prendre part au groupe de travail que M. le ministre s'est engagé à mettre en place d'ici à la prochaine lecture de ce texte sur un problème très connexe : la mention, dans la publicité pour les produits phytosanitaires, d'éléments exagérément sécurisants.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Serge Lepeltier, ministre. Le Gouvernement est tout à fait favorable à l'amendement n° 36 rectifié bis, qui clarifie utilement la situation.

Le Gouvernement est défavorable à l'amendement n° 262 puisque, comme l'a indiqué M. le rapporteur, il sera satisfait par le futur décret.

Le Gouvernement est également défavorable à l'amendement n° 343, puisqu'il s'agit toujours des agents de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage et du Conseil supérieur de la pêche.

Pour les mêmes raisons, le Gouvernement est défavorable à l'amendement n° 305 rectifié.

Pour ce qui est de l'amendement n° 263, M. le rapporteur a bien fait de rappeler ce que nous avons dit précédemment concernant la publicité.

Cet amendement, qui est intéressant, n'apporte cependant pas d'élément nouveau par rapport à la réglementation actuelle : les dangers sanitaires et environnementaux liés à l'utilisation des produits phytosanitaires sont déjà obligatoirement mentionnés sur les étiquettes en application du code rural, du code de la consommation, du code de la santé publique, du code du travail et de plusieurs directives européennes. Le groupe de travail qui sera mis en place d'ici à la deuxième lecture sera l'occasion d'envisager d'éventuelles améliorations.

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 36 rectifié bis.

M. Pierre-Yves Collombat. Je m'abstiens !

(L'amendement est adopté.)

M. le président. En conséquence, l'article 20 est ainsi rédigé et les amendements nos 262, 343, 305 rectifié et 263 n'ont plus d'objet.

Art. 20
Dossier législatif : projet de loi sur l'eau et les milieux aquatiques
Art. 21

Articles additionnels après l'article 20

M. le président. L'amendement n° 264, présenté par MM. Revet,  Bailly,  Grillot,  Ginoux et  Texier, Mmes Henneron,  Rozier et  Gousseau, MM. Juilhard,  Bordier,  Pierre et  J. Boyer, est ainsi libellé :

Après l'article 20, insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Après l'article L. 211-1 du code de l'urbanisme, il est inséré un article additionnel ainsi rédigé :

« Art. L. ... - La commune ou l'établissement public de coopération intercommunale responsable du service public d'eau est titulaire d'un droit de préemption sur les terrains agricoles situés dans le bassin d'alimentation de leur captage et présentant un intérêt, direct ou indirect, pour la protection de celui-ci ainsi que la protection contre les inondations ».

La parole est à M. Charles Revet.

M. Charles Revet. Nous avons subi depuis une dizaine d'années -  2004 a été plus calme - des inondations extrêmement graves partout en France. La Seine-Maritime, que je représente ici, a été particulièrement touchée sur le plan non seulement économique, mais également humain, puisqu'elle a déploré plusieurs morts.

La situation dans laquelle nous nous trouvons est la suivante : on sait très bien où l'eau coule et l'on connaît parfaitement les terrains susceptibles de nous permettre d'engager des travaux qui assureront la protection des habitants contre l'inondation, et, au-delà, la sécurité des captages, donc l'approvisionnement en eau de la population.

Or, aujourd'hui, pour maîtriser un terrain et commencer des travaux, il faut entre trois et cinq ans, si le propriétaire n'est pas vendeur. Il me paraîtrait tout à fait logique, dans des cas extrêmement limités et précis, que la collectivité puisse devenir prioritaire pour maîtriser ces terrains et engager très rapidement les travaux nécessaires susceptibles d'assurer la protection à la fois de l'environnement, des captages d'eau, des biens et des personnes.

Monsieur le ministre, j'insiste pour défendre cette solution, car je peux vous dire d'expérience que, lorsque vous allez voir des familles qui ont les pieds dans l'eau pour la troisième, quatrième ou cinquième fois et que vous leur promettez d'engager des travaux, cela ne fait pas sérieux : si le personnes pouvaient vous rire au nez, elles le feraient !

Dans des cas bien précis, l'intérêt général doit primer l'intérêt particulier, et il faut donner à la collectivité la possibilité d'agir rapidement.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Bruno Sido, rapporteur. Je comprends très bien les intentions de M. Revet. Il demande en fait, dans des zones inondables très précises et très localisées, le droit de préemption. Il et vrai que l'on sait très bien où l'eau coule, et cela ne date pas d'hier ! Aussi la solution d'une déclaration d'utilité publique pourrait être prévue pour ces zones.

Les sociétés d'aménagement foncier et d'établissement rural, les SAFER, les communes et l'Observatoire du littoral bénéficient déjà d'un droit de préemption dans certaines zones.

Au lieu de multiplier les droits de préemption, je préférerais, pour ma part, que les SAFER puissent exercer ce droit pour les collectivités ou pour des syndicats, dans des cas très précis, ceux dont vous parlez. Vous avez évoqué ces cas dans votre exposé, mais ils ont été omis dans la rédaction de l'amendement. Par conséquent, on ne sait pas exactement l'utilisation que l'on pourrait faire de ce droit de préemption qui est tout de même, rappelons-le, une procédure exorbitante du droit commun et, en tout état de cause, aussi lourde que complexe.

La commission a donc décidé de s'en remettre, sur ce point précis et ardu, à la sagesse du Sénat.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Serge Lepeltier, ministre. Monsieur le sénateur, votre amendement élargit de manière intéressante la réflexion sur la préservation des ressources en eau potable, qui est aujourd'hui un objectif majeur. Nous l'avons très clairement exprimé lorsque le Gouvernement a adopté le plan national santé-environnement. Par ailleurs, la loi relative à la politique de santé publique du 9 août 2004 a permis d'instaurer un droit de préemption au bénéfice des communes dans les périmètres de protection rapprochée.

Cependant, s'agissant du bassin d'alimentation, à la différence du périmètre de protection rapprochée, la commune n'a pas forcément besoin d'une maîtrise foncière sur une part importante du territoire puisque seuls certains secteurs ont une situation qui peut le justifier.

Compte tenu des espaces concernés, il est également nécessaire d'assurer une cohérence entre le droit de préemption qui serait instauré par votre amendement et celui de la SAFER, dont les missions ont été élargies à l'environnement. Le principe d'un élargissement de ce droit, évoqué dans votre amendement, mérite d'être étudié.

Je voudrais simplement signaler qu'à Bourges - ma ville - le bassin versant du captage couvre 15 000 hectares. Nous sommes précisément en train de passer des conventions pour tenter de le sauvegarder. Si l'on vous suivait, cela signifierait, s'agissant du bassin d'alimentation, que la ville de Bourges pourrait préempter sur 15 000 hectares, ce qui est tout à fait considérable !

Monsieur le sénateur, puisque votre amendement présente un véritable intérêt, je vous suggère de le retirer maintenant afin de nous permettre, d'ici à la deuxième lecture, de le réexaminer au sein d'un groupe de travail et d'en évaluer toutes les conséquences en matière d'urbanisme.

M. le président. Monsieur Revet, l'amendement est-il maintenu ?

M. Charles Revet. J'ai bien entendu M. le ministre et M. le rapporteur. Je souhaiterais, pour ma part, poser une question et apporter une précision.

Ma question est la suivante : quand la commune a délégué sa compétence à la communauté de communes, au syndicat de communes ou au syndicat d'eau, par exemple, la possibilité de préempter sur un terrain est-elle déléguée de la même façon ? Après tout, nombre de communes ont délégué des compétences en matière d'eau, d'assainissement ou même de voirie. Si l'établissement public de coopération intercommunale qui est constitué ne dispose pas de la compétence déléguée pour réaliser les travaux, cela pose un sérieux problème.

Quant à la précision, monsieur le ministre, vous avez cité le cas de la ville de Bourges et du bassin de 15 000 hectares qui l'alimente. Or pour protéger les captages, dix ou quinze hectares au maximum suffisent. J'en veux pour preuve ce que je suis en train de réaliser dans le bassin de la vallée de la Lézarde : sur 6 000 ou 8 000 hectares, nous n'allons en neutraliser que sept ou huit, ce qui nous permettra de réaliser des travaux, d'assurer la protection des captages et d'éviter, je l'espère, les inondations à répétition extrêmement graves que nous avons connues dans un passé récent.

Je suis donc tout à fait disposé à retirer cet amendement, ainsi que vous me l'avez demandé, monsieur le ministre, de façon à permettre un approfondissement de la réflexion et, je l'espère, parvenir, en deuxième lecture, à une mouture qui sans doute sera plus limitée, mais qui nous aidera à travailler dans de bonnes conditions.

M. le président. La parole est à M. le ministre.

M. Serge Lepeltier, ministre. Monsieur Revet, les surfaces évoquées, si elles sont plus restreintes par rapport au bassin d'alimentation, concernent tout de même, en général, le périmètre de protection, pour lequel le droit de préemption existe ; il a été créé par la loi relative à la santé publique du 9 août 2004, qui devrait, par conséquent, répondre à votre préoccupation, monsieur le sénateur.

M. Charles Revet. L'eau coule toujours dans le même sens, monsieur le ministre : de haut en bas !

M. Serge Lepeltier, ministre. Comme vous l'avez souligné, ce n'est peut- être pas sur les 15 000 hectares qu'il faut agir, quoique le bassin versant soit tout de même, sur certains points, très important, notamment si l'on pense aux nitrates.

Le droit de préemption existe-t-il aussi pour la communauté de communes ou pour la communauté d'agglomération ? Il y a là une véritable ambiguïté à laquelle il va nous falloir effectivement réfléchir. Je connais bien ce problème en tant que président d'une communauté d'agglomération ; or il est vrai que transfert de compétences ne signifie pas forcément transfert de propriété ; cela dépend de la situation. Dans le cas que j'évoque, la commune va vraisemblablement acheter un terrain pour permettre à la communauté d'agglomération de conserver sa compétence.

Votre question est très pertinente, car elle rend manifeste une ambiguïté : si la communauté de communes ou la communauté d'agglomération n'est pas propriétaire des terrains tout en en ayant la compétence, je ne vois pas comment elle pourrait avoir un droit de préemption ; cela relèverait plutôt, selon moi, de la commune.

Par conséquent, d'ici à la deuxième lecture, il nous faudra approfondir afin de savoir, s'agissant du périmètre de protection rapprochée, si réellement le titulaire de la compétence, à savoir la collectivité territoriale, est toujours titulaire du droit de préemption. Je n'en suis pas sûr, cette compétence revenant peut-être alors à la commune.

Quoi qu'il en soit, nos discussions et nos réflexions nous permettront, pourquoi pas ? d'aller au-delà pour une partie du bassin d'alimentation.

Par ailleurs, je tiens à attirer votre attention, monsieur Revet, sur le fait que la portée de votre amendement est extrêmement large et que même si, comme vous le disiez tout à l'heure, seulement sept hectares étaient concernés, on peut difficilement, eu égard au droit de propriété et compte tenu de l'objectif, accorder un pouvoir aussi grand aux communautés de communes ou aux communautés d'agglomération. Une solution serait sans doute de préciser que le droit de préemption ne peut être exercé que pour la protection du captage. C'est sur ce point que nous allons devoir travailler. Entre-temps, je pense que vous serez d'accord pour retirer votre amendement, en attendant la deuxième lecture.

M. le président. Qu'en est-il de l'amendement, monsieur Revet ?

M. Charles Revet. Sans vouloir prolonger les débats, monsieur le ministre, je reprendrai l'exemple que vous avez cité des 15 000 hectares. Cela concerne tout le bassin versant ; or, puisque l'eau coule dans le fond de la vallée, il faut commencer à la capter en amont, pour descendre, progressivement, vers l'aval.

Il ne s'agit pas du tout de maîtriser l'ensemble du bassin versant, mais simplement les endroits les plus judicieux pour que moyennant certains travaux, qui ne sont d'ailleurs pas forcément importants, l'écoulement de l'eau soit régulé et les inondations basses évitées ; il s'agit là d'une simple question de bon sens. En conséquence, l'action doit porter non pas sur les 15 000 hectares, mais sur une emprise au sein de cet ensemble.

Cette précision étant apportée, je retire mon amendement.

M. le président. L'amendement n° 264 est retiré.

L'amendement n° 336, présenté par M. Le Grand, est ainsi libellé :

Après l'article 20, insérer un article additionnel ainsi rédigé :

I. Après l'article L.2213-23 du code général des collectivités territoriales, il est inséré un article ainsi rédigé :

« Art. ...  - Les communes ou leurs établissements publics de coopération recensent chaque année toutes les eaux de baignade et définissent la durée de la saison balnéaire, et cela pour la première fois avant le début de la première saison balnéaire qui suit une date fixée par décret après avis du Conseil national du littoral.

« Les communes ou leurs établissements publics de coopération :

« - élaborent des profils des eaux de baignade qui comportent notamment un recensement et une évaluation des sources possibles de pollution des eaux de baignade susceptibles d'affecter la santé des baigneurs, l'emplacement des points de surveillance nécessaires, et précise les actions visant à prévenir l'exposition des baigneurs aux risques. Chaque profil des eaux de baignade peut être établi pour un ou plusieurs sites de baignade contiguës.

« - établissent un programme de surveillance portant notamment sur la qualité, pour chaque zone de baignade avant le début de chaque saison balnéaire.

« - assurent la fourniture d'informations au public régulièrement mises à jour et encouragent la participation du public.

« Le cas échéant, l'assemblée délibérante des communes concernées est consultée préalablement sur la durée de la saison balnéaire, les profils des eaux de baignade, le programme de surveillance et les modalités de l'information et de participation du public.

« La qualité des eaux de baignade est évaluée par les communes ou leurs établissements publics de coopération.

« Un classement des eaux de baignade est effectué par l'autorité administrative sur la base de l'évaluation de leur qualité.

« Le présent article s'applique, sans préjudice des compétences des maires concernés issues de l'article L.2213-23, à toute partie des eaux de surface dans laquelle les communes ou leurs établissements publics de coopération s'attendent à ce qu'un grand nombre de personnes se baignent et dans laquelle le maire n'a pas interdit ou déconseillé la baignade de façon permanente. Il ne s'applique pas:

« - aux bassins de natation et de cure;

« - aux eaux captives qui sont soumises à un traitement ou sont utilisées à des fins thérapeutiques;

« - aux eaux captives artificielles séparées des eaux de surface et des eaux souterraines.

« Pour l'application du présent article, on entend par :

« - "permanente" : relativement à l'interdiction de se baigner ou à l'avis déconseillant la baignade, une durée couvrant toute une saison balnéaire au moins;

« - "grand nombre" : relativement aux baigneurs, un nombre que la commune ou l'établissement public de coopération estime élevé compte tenu, notamment, des tendances passées ou des infrastructures et services mis à disposition ou de toute autre mesure prise pour encourager la baignade;

« - "saison balnéaire" : la période pendant laquelle la présence d'un grand nombre de baigneurs est prévisible et donne lieu à surveillance de la baignade et évaluation de la qualité sanitaire de l'eau.

« Les modalités d'application du présent article relatives à l'élaboration, la révision et l'actualisation des profils des eaux de baignade, au programme de surveillance ainsi qu'à l'information et à la participation du public, aux normes, méthodes et pratiques d'analyse harmonisées relatives à la qualité des eaux de baignade qui définissent leur classement, ainsi qu'au classement des eaux de baignades sont définies par décret en Conseil d'Etat.

« La nature, l'étendue et les modalités de transmission des informations que fournissent annuellement les communes ou leurs établissements publics de coopération à l'autorité administrative pour dresser les rapports nationaux sont fixées par décret en Conseil d'Etat.

« Les départements peuvent participer financièrement aux opérations de gestion active des eaux de baignade comportant l'élaboration des profils des eaux de baignade, du programme de surveillance et d'information et de participation du public. »

II. Après le deuxième alinéa de l'article L. 2213-23 du même code, il est inséré deux alinéas ainsi rédigés :

« Le maire peut décider, par arrêté motivé, de la fermeture préventive et temporaire du site de baignade en cas de danger susceptible d'affecter la santé des baigneurs sous réserve d'informer le public des causes et de la durée de la fermeture.

« Les analyses effectuées lors des fermetures temporaires décidées pendant des pollutions à court terme susceptibles d'affecter la santé des baigneurs et n'excédant pas une durée fixée par décret en Conseil d'Etat peuvent être écartées des analyses prises en compte pour le classement des eaux de baignade effectué par l'autorité administrative. »

Cet amendement n'est pas soutenu.

M. Jean-Paul Emorine, président de la commission des affaires économiques. Je le reprends, monsieur le président.

M. le président. Il s'agit donc de l'amendement n° 336 rectifié, présenté par M. Emorine, au nom de la commission des affaires économiques.

La parole est à M. le président de la commission des affaires économiques pour le défendre.

M. Jean-Paul Emorine, président de la commission des affaires économiques. Si j'ai repris cet amendement, c'est parce qu'il me paraît tout à fait pertinent.

En effet, il y est proposé de confier aux communes ou à leurs établissements publics de coopération la responsabilité de l'élaboration, de la révision et de l'actualisation des profils des eaux de baignade, des analyses relatives à la qualité des eaux de baignade et du programme de surveillance établi pour chaque zone de baignade, ainsi que des modalités d'information et de participation du public.

Lorsque cette responsabilité a été transférée à un EPCI, elle s'exerce sans préjudice des compétences des maires concernés, issues de l'article L. 2213-23 du code général des collectivités territoriales, qui régit la police des baignades.

Les départements sont invités à contribuer financièrement à ce dispositif pour en assurer la mutualisation et la cohérence.

Le contrôle des procédures, le classement à partir des analyses, les rapports européens restent naturellement de la compétence de l'Etat, en particulier par le biais des DDASS.

L'ensemble sera encadré par décret en Conseil d'Etat. Il en sera ainsi pour les modalités d'application relatives à l'élaboration, la révision et l'actualisation des profils des eaux de baignade aux normes, méthodes et pratiques d'analyse harmonisées relatives à la qualité des eaux de baignade, au programme de surveillance établi pour chaque zone de baignade, ainsi qu'à l'information et la participation du public.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Serge Lepeltier, ministre. Nous sommes là au coeur d'un dossier qui est actuellement en cours d'examen au Parlement européen, puisqu'un projet de directive « baignade » est effectivement à l'étude. Le conseil des ministres de l'environnement en a discuté et ce texte devrait remplacer la directive 76 / 160 / CEE.

Je comprends l'impatience des élus du littoral qui souhaitent se doter d'un outil législatif leur permettant d'anticiper l'exercice de leurs responsabilités.

Le projet de confier aux communes la responsabilité de l'élaboration, de la révision et de l'actualisation des profils des eaux de baignade, des analyses relatives à la qualité des eaux de baignade et du programme de surveillance, ainsi que de conforter leur responsabilité en matière d'information du public, me paraît donc excellent. Nous l'avons d'ailleurs mis en oeuvre dans certaines communes, en accord avec ces dernières, depuis déjà quelques années.

Je relève également que les départements sont invités à contribuer financièrement à ce dispositif pour en assurer la mutualisation et la cohérence.

Enfin, il me paraît essentiel que le contrôle des procédures, le classement à partir des analyses, les rapports européens restent de la compétence de l'Etat, en particulier par le biais des DDASS, qui dépendent du ministère de la santé.

Par conséquent, bien qu'un certain nombre de dispositions semblent être de nature réglementaire, alors que deux décrets en Conseil d'Etat sont prévus -  l'amendement en fait état - j'émets un avis favorable, tout en rappelant - il faut que nous en soyons tous conscients - que, s'il y avait contradiction avec la directive adoptée, alors la loi de transposition de la directive devrait naturellement mettre tout cela en cohérence.

Certes, au vu de cet amendement, je pense qu'il ne devrait pas y avoir de difficulté dans les discussions que nous menons au niveau européen, mais il vaut mieux prévoir cette éventualité, car, si cela devait arriver, la loi de transposition devrait en tenir compte.

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 336 rectifié.

(L'amendement est adopté.)

M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 20.

L'amendement n° 513 rectifié, présenté par MM. Delfau,  Baylet,  Collin,  A. Boyer,  Mouly,  Barbier et  Alfonsi, est ainsi libellé :

Après l'article 20, insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Dans l'article L. 214-1 du code de l'environnement, supprimer les mots : « à des fins non domestiques »

 

La parole est à M. Gérard Delfau.

M. Gérard Delfau. Si vous le permettez, monsieur le président, je défendrai également les amendements nos514 rectifié et 515 rectifié.

M. le président. Les deux amendements suivants sont en effet également présentés par MM. Delfau,  Collin,  Baylet,  A. Boyer,  Mouly,  Barbier et  Alfonsi.

L'amendement n° 514 rectifié, est ainsi libellé :

Après l'article 20, insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Au premier alinéa de l'article L. 214-3 du code de l'environnement, après le mot : « travaux » est inséré le mot : «, forages »

L'amendement n° 515 rectifié est ainsi libellé :

Après l'article 20, insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Après l'article L. 224-4-1 du code de l'environnement, il est inséré un article ainsi rédigé :

« Art. L. ... - Sont soumis à autorisation préalable de l'autorité administrative compétente les activités de forage susceptibles de présenter des dangers pour la santé et la sécurité publique, de nuire au libre écoulement des eaux, de réduire la ressource en eau, d'accroître notablement le risque d'inondation, de porter gravement à la qualité ou à la diversité du milieu aquatique.

« L'autorité administrative compétente est tenue de demander l'avis de la commune ou du syndicat de communes sur le territoire duquel l'activité de forage a lieu.

« Sous réserve de l'alinéa précédent, les conditions de délivrance de l'autorisation sont régies par les articles L. 214-3 et L. 214-4. »

Veuillez poursuivre, monsieur Delfau, et nous présenter ces trois amendements.

M. Gérard Delfau. Je souhaiterais, à la demande d'un certain nombre de nos collègues élus locaux, évoquer la question des prélèvements d'eau par forage.

Il s'agit d'un système ancien qui s'est amplifié en raison des progrès du machinisme. Ces forages peuvent être autorisés, tout en étant non contrôlés ou carrément sauvages. Ils sont en activité ou abandonnés, mais, dans ce dernier cas, à certains égards, c'est encore plus dangereux pour la nappe phréatique et pour l'environnement. Ils sont utilisés à des fins domestiques ou non domestiques, c'est-à-dire à usage industriel ou agricole.

Bref, nous sommes là devant des ouvrages qui n'ont pas fait l'objet jusqu'ici d'une législation spécifique et dont la réglementation n'est pas vraiment appliquée, faute d'être entrée dans les habitudes de nos administrations.

Il convient de remédier à cette situation. En effet, nous devons faire face depuis plusieurs années, et en 2005 plus particulièrement, à des risques de sécheresse et donc, de pénurie d'eau. Par conséquent, il est nécessaire de maîtriser ces prélèvements, de savoir qui les réalise, au nom de qui et pourquoi.

Parmi les risques pour l'environnement, je signalerai, notamment, celui qui est induit par le système lui-même : l'on crée un canal depuis le sol jusque dans les profondeurs de la terre, canal par lequel peuvent se déverser des eaux usées, voire des eaux de pluie, mais qui peuvent contenir des éléments toxiques. Il y a donc là un risque majeur, y compris pour la sécurité et la santé publiques.

Enfin, il faut parler de la perte de redevance, car, très souvent, les rejets se font sans contrôle dans le réseau d'eaux usées qui, lui, est financé par le contribuable.

Certes, monsieur le ministre, ce que je suis en train de dire ne trouve pas facilement place dans un amendement, car cette situation n'est imputable ni à vous-même ni à la commission ni au Sénat. Toutefois, nous avons pris connaissance du texte tellement tard que je n'ai pu faire autrement que de déposer des amendements d'appel.

Cela étant, je voudrais, avant de les présenter, préciser certains problèmes techniques que mes propos soulèvent.

Beaucoup de forages échappent à toute maîtrise et à tout contrôle parce que leur débit est inférieur à 1 000 mètres cubes. La question qui se pose est surtout de savoir qui va contrôler que les prélèvements correspondent bien à ce volume et ne dépassent pas le seuil.

Je rappelais tout à l'heure que le petit nombre d'agents habilités à faire ce travail aboutit - cela est vrai dans mon département, mais je sais que c'est le cas un peu partout - à une absence quasi complète de contrôle.

Se pose un autre problème, cette fois, plus technique, à savoir que les services de la DDASS délivrent les autorisations pour un débit journalier, ce qui ne saurait s'appliquer aux communes touristiques. A cet égard, je suggère, monsieur le ministre, que nous étudiions tranquillement et à froid l'intérêt d'une évaluation annuelle, avec un plafond.

Quant aux anciens forages abandonnés, nous avons fait collectivement un effort considérable en faveur des carrières et des décharges ; il faut aller jusqu'au bout et trouver les moyens pour que ces ouvrages soient remis en état.

Enfin, se pose la question des prélèvements qui échappent à tout contrôle et à toute redevance. J'ai interrogé plusieurs agents de l'Etat ainsi que des élus locaux spécialisés. Ils estiment que cela pourrait représenter au moins 10 % du prélèvement, ce qui est considérable.

D'où une dernière suggestion, monsieur le ministre : ne faudrait-il pas, comme cela se fait pour le contrôle de l'assainissement non collectif, prévoir explicitement dans ce projet de loi une délégation de service public aux collectivités pour que, sous leur responsabilité, ces ouvrages, y compris privés, puissent faire l'objet d'un suivi et, si nécessaire, d'un contrôle ?

Mais ce que je souhaitais vraiment, au-delà de la défense de ces trois amendements, c'est en appeler à vous tous, monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, pour que nous nous mettions au travail afin que, d'ici à la deuxième lecture, l'on aboutisse à un résultat, ce qui devrait être facile compte tenu du caractère technique et, me semble-t-il, consensuel du sujet. Le Sénat aura ainsi montré qu'il a traité d'un problème concret touchant une multitude de sujets et concernant plus directement les collectivités territoriales, bref, qu'il a légiféré dans l'intérêt général.

M. le président. Quel est l'avis de la commission sur ces trois amendements ?

M. Bruno Sido, rapporteur. Les amendements nos 513 rectifié et 514 rectifié permettraient utilement d'assujettir à un régime d'autorisation ou de déclaration préalable les forages sauvages réalisés à des fins domestiques par des personnes privées.

Ces forages ne sont en effet soumis actuellement à aucun régime. Ils échappent donc au contrôle des autorités administratives compétentes.

Or ces forages font peser des risques sur la qualité des eaux et, partant, sur la salubrité et sur la santé publiques.

Le troisième amendement a le même objectif que les précédents. Toutefois, la commission saisit moins aisément l'utilité d'introduire un régime d'autorisation spécifique dans le code de l'environnement, dans la mesure où deux amendements précédents tendaient à élargir aux activités de forage le régime général d'autorisation actuellement prévu aux articles L. 141-1 et L. 214-3.

Un travail complémentaire pourrait effectivement être accompli entre la première et la deuxième lecture de ce texte.

La commission souhaiterait entendre l'avis du Gouvernement sur ces trois amendements.

M. le président. Quel est donc l'avis du Gouvernement ?

M. Serge Lepeltier, ministre. J'aimerais faire le point de la situation actuelle. Cela me semble important pour la clarté des débats.

Les amendements proposés visent en effet à élargir aux ouvrages, travaux et activités, même menés à des fins domestiques, l'ensemble des dispositions de l'article L. 214-1 et suivants.

Je rappellerai que ces articles prévoient notamment les procédures d'autorisation et de déclaration auxquelles sont soumis les ouvrages et activités ayant un impact sur l'eau et les écosystèmes aquatiques.

Les forages domestiques - les forages dont le prélèvement est inférieur à 1 000 m3 par an lorsque leur profondeur est inférieure à 10 mètres, ainsi que ceux dont le débit est inférieur à 8 m3 par heure - ne sont effectivement soumis à aucune réglementation.

Ces forages sont utilisés par des particuliers qui destinent l'eau prélevée à l'arrosage de leur jardin, au remplissage de leur piscine ou à d'autres usages domestiques. Ils peuvent également être exploités par les agriculteurs, pour l'alimentation en eau de petits élevages, ou par de petites activités artisanales.

Il est vrai pourtant que les conséquences de ces ouvrages peuvent être multiples.

Je citerai notamment le risque de pollution des nappes souterraines, que cette pollution soit liée à une mauvaise réalisation de l'ouvrage entraînant une mise en communication des nappes, ou à un déversement non contrôlé de produits dangereux dans l'ouvrage ou à proximité. On risque également de ne plus pouvoir contrôler la qualité de l'eau destinée à l'alimentation.

Outre ces conséquences sur la qualité de l'eau, la multiplication de ces petits ouvrages peut avoir un impact quantitatif non négligeable sur de petites nappes.

Je suis donc, sur le principe, favorable à ce que ces ouvrages, travaux et activités, même domestiques, soient réglementés, spécifiquement ou au titre de l'article L. 214-1 du code de l'environnement.

Cependant, le projet de loi, pour régler justement des problèmes de ce type, prévoit que les SAGE sont directement opposables aux tiers, afin de pouvoir prescrire des mesures s'appliquant à tous.

Il me semble préférable de traiter cette question au niveau des schémas d'aménagement et de gestion des eaux, les SAGE, puisque les mesures prescrites pourront être conformes à vos souhaits.

J'attire de plus votre attention, monsieur le sénateur, sur les difficultés administratives qu'il y aurait à appliquer les dispositions que vous proposez : l'administration devrait recevoir des centaines, des milliers de déclarations et de demandes d'autorisation.

Nous devrions donc plutôt trouver une solution au niveau des SAGE. Je me propose d'examiner concrètement si les forages domestiques peuvent relever des SAGE, soit d'ici la deuxième lecture, soit dès cette première lecture, puisque nous examinerons en fin de discussion des articles la définition des SAGE.

Afin que cette question soit approfondie, le Gouvernement demande le retrait des amendements nos 513 rectifié, 514 rectifié, 515 rectifié.

M. le président. Monsieur Delfau, les amendements nos 513 rectifié, 514 rectifié et 515 rectifié sont-ils maintenus ?

M. Gérard Delfau. Je me réjouis tout d'abord que ce sujet soit favorablement pris en compte par M. le rapporteur et qu'il rencontre également l'assentiment de M. le ministre. Ce qui importe, c'est que l'on parvienne à un résultat.

Les SAGE me semblent constituer un niveau un peu lointain.

Il serait, à mon sens, nécessaire de donner aux collectivités territoriales qui ont en charge l'approvisionnement en eau une délégation de service public semblable à celle qui leur est confiée quant à l'assainissement privé.

Je crois, monsieur le ministre, que cette délégation serait un gage d'efficacité. En effet, ceux qui prélèvent l'impôt, qui répartissent les ressources - car c'est là le fond du problème - seraient évidemment attentifs à la question, et sauraient trouver les moyens, sous le contrôle de l'Etat, bien sûr.

Tenant compte des arguments de M. le rapporteur, je retire l'amendement n° 515 rectifié.

M. le président. L'amendement n° 515 rectifié est retiré.

La parole est à M. Gérard César, pour explication de vote sur l'amendement n°513 rectifié.

M. Gérard César. Je voudrais soutenir M. le ministre : il est souhaitable d'approfondir encore la réflexion sur ces questions très importantes.

De manière générale, cependant, si l'on réglemente de façon tatillonne sur tout, cela sera sans fin. De quoi s'agit-il ici ? Aujourd'hui, pour faire des économies d'eau, certains désirent simplement pouvoir creuser un puits chez eux, afin d'arroser leur pelouse ou leurs arbres.

A force d'approfondir et de légiférer, nous risquons d'énormes problèmes.

J'ajoute une petite particularité que notre collègue M. Delfau ne saurait ignorer : dans l'Hérault, lorsque l'on creuse un puits, ce n'est pas de l'eau que l'on trouve, c'est du vin ! (Sourires et applaudissements sur les travées de l'UMP.)

M. Gérard Delfau. Et du bon vin !

M. le président. La parole est à M. Pierre-Yves Collombat, pour explication de vote.

M. Pierre-Yves Collombat. Dans les assemblées de maires des départements méridionaux, il n'est guère de séances où la question des forages domestiques ne soit débattue.

Je ne reviendrai pas sur les arguments invoqués : bonne gestion de la ressource, économies, risques sanitaires, pertes financières pour les collectivités locales.

J'ajouterai que, dans les départements soumis à une forte pression urbanistique, la réglementation serait aussi un moyen de lutter contre la dispersion.

En effet, les magnifiques cabanons subrepticement transformés en habitations ne sont bien évidemment pas raccordables au réseau, mais ils peuvent disposer d'un forage plus ou moins légalement.

La suggestion de notre collègue est donc fort judicieuse. Elle est de nature à répondre à une véritable attente dans de nombreux départements.

M. le président. Monsieur Delfau, les amendements n°513 rectifié et 514 rectifié sont-ils maintenus ?

M. Gérard Delfau. La commission avait souhaité entendre l'avis du Gouvernement ; j'aimerais entendre maintenant son avis sur les deux amendements avant de me prononcer définitivement.

M. le président. Quel est, en effet, l'avis de la commission ?

M. Bruno Sido, rapporteur. La commission avait étudié un peu rapidement les deux premiers amendements et avait penché pour un avis favorable. Après avoir entendu l'avis du Gouvernement, et étant entendu que nous sommes d'accord pour travailler sur cette question entre les deux lectures, la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

M. Jean Desessard. Il y aura du travail, monsieur le rapporteur !

M. le président. Monsieur Delfau, qu'en est-il des amendements nos 513 rectifié et 514 rectifié ?

M. Gérard Delfau. Je les retire, monsieur le président. La question est complexe, et notre collègue M. César a mis en évidence certaines difficultés. Il faut donc travailler plus avant pour aboutir à un dispositif consensuel.

M. le président. Les amendements nos 513 rectifié et 514 rectifié sont retirés.

TITRE II

ALIMENTATION EN EAU ET ASSAINISSEMENT

CHAPITRE IER

Assainissement

Art. additionnels après l'art. 20
Dossier législatif : projet de loi sur l'eau et les milieux aquatiques
Art. additionnels après l'art. 21

Article 21

Il est ajouté, au titre II du livre IV du code des assurances, un chapitre V intitulé : « Fonds de garantie des risques liés à l'épandage agricole des boues urbaines et industrielles », comportant l'article L. 425-1 ainsi rédigé :

« Art. L. 425-1. - Un fonds de garantie des risques liés à l'épandage agricole des boues urbaines et industrielles est chargé d'indemniser, dans la limite de ses ressources, les préjudices subis par les exploitants agricoles et les propriétaires des terres agricoles et forestières ayant reçu des épandages de boues d'épuration urbaines ou industrielles, au cas où ces terres deviendraient totalement ou partiellement impropres à la culture en raison de la réalisation d'un risque sanitaire ou de la survenance d'un dommage écologique liés à l'épandage, dès lors que ce risque ou ce dommage ne pouvaient être connus au moment de l'épandage.

« Le fonds assure l'indemnisation des dommages constatés dans la limite d'un montant maximum, sous réserve que ces dommages ne trouvent pas leur origine dans une faute ou une négligence du maître d'ouvrage des systèmes de traitement des eaux usées, de son délégataire ou de l'utilisateur de boues, et que l'épandage ait été effectué dans des conditions conformes à la réglementation en vigueur.

« Le montant de l'indemnisation ne peut excéder, pour le propriétaire des terres, la valeur de celles-ci.

« Ce fonds est alimenté par un prélèvement annuel sur le produit des primes ou cotisations additionnelles afférentes aux conventions d'assurance de responsabilité civile des maîtres d'ouvrage, des systèmes de traitement des eaux usées et relatives à la production et à l'élimination des boues. Il est versé par les entreprises d'assurances ou leur représentant fiscal visé à l'article 1004 bis du code général des impôts.

« Le taux de ce prélèvement est fixé par l'autorité administrative dans la limite de 15 % et ne peut excéder le plafond de 0,50 € par tonne de matière sèche de boue produite. Le prélèvement est recouvré suivant les mêmes règles, sous les mêmes garanties et les mêmes sanctions que la taxe sur les conventions d'assurance prévue aux articles 991 et suivants du code général des impôts. En outre, le fonds peut recevoir des avances de l'Etat.

« Le fonds de garantie n'intervient pas dans les cas où les maîtres d'ouvrage des systèmes de traitement des eaux usées dont provenaient les boues épandues ne sont pas assurés, à moins qu'ils n'aient contribué volontairement au fonds sur la base d'un montant de 0,5 € par tonne de matière sèche de boue produite.

« La gestion comptable et financière du fonds est assurée par la Caisse centrale de réassurance dans un compte distinct de ceux qui retracent les autres opérations pratiquées par cet établissement. Les frais exposés par la caisse de réassurance pour cette gestion sont imputés sur le fonds.

« La Caisse est informée de tous les litiges liés à l'épandage agricole ou forestier des boues d'épuration pris directement en charge par les assurances.

« Un décret en Conseil d'Etat précise les conditions d'application du présent article. »

M. le président. Je suis saisi de dix-huit amendements faisant l'objet d'une discussion commune.

L'amendement n° 386 rectifié, présenté par MM. Hérisson et  Béteille, est ainsi libellé :

Supprimer cet article.

La parole est à M. Laurent Béteille.

M. Laurent Béteille. L'article 21 porte création d'un fonds de garantie des risques liés à l'épandage des boues d'épuration et industrielles.

On comprend bien le sens de cette création. Il y a effectivement un problème d'épandage des boues.

La solution proposée est-elle pour autant la bonne ?

On peut en particulier se demander quel serait le développement de ce fonds, dont l'équivalent existe dans d'autre pays sans y connaître de développement important.

Que se passerait-il dans le cas d'une épidémie du type de la maladie de la « vache folle » ? Quelles seraient alors les conséquences de la création de ce fonds ?

Si j'ai bien compris, le financement de ce fonds d'indemnisation reposerait sur les seuls producteurs de boues et, par conséquent, sur les collectivités territoriales.

Le jeu des assurances communales ne serait-il pas suffisant ? En quoi ce fonds apporte-t-il une amélioration ?

Une cellule de veille sanitaire vétérinaire a été mise en place en 1997. Elle procède au contrôle des épandages de boues qui, à ce jour, n'ont jamais été identifiés comme facteur de maladies.

Ne peut-on redouter, en définitive, que la mise en place de ce fonds ne produise un effet contraire à celui que l'on attend ? En faisant craindre que les boues n'entraînent des conséquences sanitaires négatives, on fragiliserait alors la filière de l'épandage agricole des boues.

Nous demandons donc la suppression de cet article.

M. le président. L'amendement n° 559, présenté par M. Raoult, Mme Bricq, M. Collombat, Mme Alquier, MM. Pastor,  Piras,  Lejeune et  Trémel, Mme Herviaux, MM. Cazeau,  Dauge et  Peyronnet, Mme Y. Boyer, MM. Repentin,  Lise,  Marc,  Le Pensec,  Domeizel et  Roujas, Mme M. André, MM. S. Larcher,  Guérini et les membres du groupe socialiste, apparentés et rattachés, est ainsi libellé :

I. Dans le premier alinéa de cet article, supprimer les mots :

et industrielles

II. En conséquence, dans le premier alinéa du texte proposé par cet article pour l'article L. 425-1 du code des assurances, supprimer les mots :

et industrielles

et supprimer les mots :

ou industrielles

La parole est à Mme Nicole Bricq.

Mme Nicole Bricq. L'article 21 concerne un sujet d'importance.

Nous sommes favorables au principe de la création de ce fonds, qui est réclamée par les professions agricoles. On sait qu'il existe un problème concernant les boues et l'épandage.

En Ile-de-France particulièrement, les sols ont été durablement appauvris par l'agriculture intensive : c'est un vrai problème organique. Or l'épandage est une solution assez satisfaisante pour les sols.

Toutefois, si nous sommes favorables au principe, il reste un problème à régler car, monsieur le ministre, entre la version initiale du projet de loi que vous avez transmise au Conseil d'Etat et celle qui nous est finalement proposée, une modification importante est intervenue. En effet, les boues industrielles sont désormais mentionnées.

L'amendement que nous proposons vise à revenir au texte initial et donc à supprimer les boues industrielles. Il faut bien en avoir conscience, le fait de les intégrer va renchérir les coûts, et cela sera répercuté par les maîtres d'ouvrage sur le prix final qui sera payé par le consommateur et dont nous reparlerons lors de l'examen des redevances.

De plus, la fonction essentielle de ce fonds était de rassurer les professions agricoles, qui sont rétives à l'utilisation de l'épandage comportant des boues industrielles. Si l'on intègre les boues industrielles, je crains que l'on n'obtienne l'effet inverse de l'objectif visé. En effet, faute de cette assurance psychologique, on ne répondra pas à la demande des professions agricoles, qui ont besoin d'être rassurées.

Il s'agit d'une vraie question, sur laquelle j'attends avec un grand intérêt d'entendre le rapporteur et, surtout, le ministre de l'environnement, afin de connaître la raison pour laquelle il a finalement été contraint de réintroduire les boues industrielles qui, au départ, n'étaient pas concernées.

M. le président. L'amendement n° 37, présenté par M. Sido, au nom de la commission des affaires économiques, est ainsi libellé :

Dans le premier alinéa du texte proposé par cet article pour l'article L. 425-1 du code des assurances, remplacer les mots :

au cas où

par les mots :

dans les cas où

 

La parole est à M. le rapporteur.

M. Bruno Sido, rapporteur. Il s'agit d'un amendement rédactionnel.

M. le président. L'amendement n° 154, présenté par Mme Keller, au nom de la commission des finances, est ainsi libellé :

Compléter le premier alinéa du texte proposé par cet article pour l'article L. 425-1 du code des assurances par les mots :

et dans la mesure où ce risque ou ce dommage ne sont pas couverts par les contrats d'assurance de responsabilité civile du maître d'ouvrage des systèmes de traitement des eaux usées ou, le cas échéant,  de son ou ses délégataires ou par les contrats d'assurance relatifs à la production et à l'élimination des boues.

Cet amendement n'est pas soutenu.

M. Bruno Sido, rapporteur. Je le reprends, monsieur le président.

M. le président. Il s'agit donc de l'amendement n° 154 rectifié, présenté par M. Sido, au nom de la commission des affaires économiques.

Vous avez la parole, monsieur le rapporteur.

M. Bruno Sido, rapporteur. Le présent amendement vise à clarifier les possibilités d'intervention du fonds, en prévoyant qu'il ne peut intervenir que dans la mesure où les risques ou les dommages ne sont pas couverts par les contrats d'assurance classiques.

Cet amendement précise utilement que le fonds de garantie n'intervient que dans la mesure où les risques ou les dommages ne sont pas déjà couverts par les contrats d'assurance relatifs à la production et à l'élimination des boues.

M. le président. L'amendement n° 424, présenté par M. Vasselle, est ainsi libellé :

Rédiger comme suit le troisième alinéa du texte proposé par cet article pour l'article L. 425-1 du code des assurances :

« Le montant de l'indemnisation couvre l'intégralité du préjudice direct, matériel et certain.

La parole est à M. Alain Vasselle.

M. Alain Vasselle. Cet amendement vise à prévoir une indemnisation totale du préjudice subi par le propriétaire ou les exploitants d'un terrain sur lequel seraient épandues des boues.

On ne peut pas se contenter d'admettre que le propriétaire sera indemnisé pour le préjudice subi dans la limite de la valeur de la parcelle car, dans le cas d'une parcelle de terre devenue impropre à l'exploitation, la perte est liée non seulement à la valeur de la parcelle, mais aussi à son exploitation, celle-ci pouvant varier en fonction de la nature de la pollution. En effet, la parcelle peut devenir impropre à l'exploitation pendant quelques années seulement ou, au contraire, pendant un nombre d'années relativement important. Certaines molécules utilisées en agriculture mettant parfois dix ou vingt ans pour atteindre la nappe phréatique, des parcelles contenant ce type de molécules...

M. Gérard Delfau. Autorisées par les ministres !

M. Alain Vasselle. ... peuvent ne plus être exploitables par la profession agricole. A l'époque, on considérait que ces molécules utilisées par les exploitants agricoles ne posaient pas de problème sur le plan de l'environnement. Ce n'est qu'avec un recul de quelques années et après une analyse des conséquences liées à l'utilisation de ces molécules que leur interdiction a été décidée. Il appartient donc à l'ensemble de la collectivité d'assumer le poids de cette responsabilité. On ne peut nullement la faire supporter par les seuls propriétaires ou exploitants agricoles, ni reprocher à ces derniers une utilisation faite en toute bonne foi, à un moment donné de leur vie professionnelle.

C'est pourquoi l'objet de cet amendement est de veiller à ce que l'indemnisation couvre l'intégralité du préjudice direct, matériel et certain.

M. Charles Revet. Très bien !

M. le président. L'amendement n° 560, présenté par MM. Marc, Raoult et les membres du groupe Socialiste, apparentés et rattachés, est ainsi libellé :

Dans le troisième alinéa du texte proposé par cet article pour l'article L. 425-1 du code des assurances, remplacer les mots :

ne peut excéder, pour le propriétaire des terres, la valeur de celles-ci.

par les mots :

est fonction, pour le propriétaire des terres, des dommages causés aux personnes et aux biens

La parole est à M. François Marc.

M. François Marc. Cet amendement se rapporte à la question de savoir quels types de dommages peuvent être pris en considération pour l'indemnisation.

La Charte de l'environnement, qui a été votée récemment et qui a donné lieu à des engagements très forts, conduit à considérer cette question sous un angle tout à fait particulier. C'est dans cet esprit que nous vous proposons cet amendement, fondé sur l'idée selon laquelle les dommages doivent être pris en considération non seulement lorsqu'ils concernent les biens, mais également quand ils concernent les personnes.

Monsieur le ministre, nous nous appuyons sur la version présentée en conseil des ministres, qui est nettement en recul par rapport à l'avant-projet, lequel prévoyait l'indemnisation des « dommages aux personnes et aux biens ».

Que penser de la logique qui consiste à prendre en considération un risque ne tenant compte que de la valeur des terres, alors que les épandages auraient des conséquences dramatiques pour la santé de l'exploitant ? C'est pourquoi l'amendement vise, pour l'indemnisation, à tenir compte non plus seulement de la valeur des terres, mais des dommages causés aux personnes et aux biens.

Une telle indemnisation serait, me semble-t-il, beaucoup plus équilibrée et davantage en conformité avec la Charte de l'environnement, ce principe de précaution absolu sur lequel doit s'appuyer aujourd'hui l'ensemble de notre législation.

M. le président. L'amendement n° 38, présenté par M. Sido, au nom de la commission des affaires économiques, est ainsi libellé :

Dans la première phrase du quatrième alinéa du texte proposé par cet article pour l'article L. 425-1 du code des assurances, remplacer les mots :

d'ouvrage, des systèmes de traitement des eaux usées et relatives

par les mots :

d'ouvrage des systèmes de traitement des eaux usées relatives

et dans la seconde phrase du même alinéa, remplacer  le mot :

versé

par le mot :

recouvré

 

La parole est à M. le rapporteur.

M. Bruno Sido, rapporteur. Il s'agit d'un amendement rédactionnel.

M. le président. Le sous-amendement n° 660, présenté par le Gouvernement, est ainsi libellé :

Rédiger comme suit les deux derniers alinéas de l'amendement n° 38 :

par les mots :

recouvré et versé à la Caisse centrale de réassurance

La parole est à M. le ministre.

M. Serge Lepeltier, ministre. Ce sous-amendement, qui est d'ordre technique, a pour objet de permettre le versement à la Caisse centrale de réassurance des sommes mises en recouvrement par les entreprises d'assurance.

M. le président. L'amendement n° 155, présenté par Mme Keller, au nom de la commission des finances, est ainsi libellé :

Dans la seconde phrase du quatrième alinéa du texte proposé par cet article pour l'article L. 425-1 du code des assurances, remplacer le mot :

versé

par le mot :

recouvré

 

Cet amendement n'est pas soutenu.

M. Bruno Sido, rapporteur. Je le reprends, monsieur le président.

M. le président. Il s'agit donc de l'amendement n° 155 rectifié, présenté par M. Sido, au nom de la commission des affaires économiques.

Vous avez la parole, monsieur le rapporteur.

M. Bruno Sido, rapporteur. C'est un amendement rédactionnel.

M. le président. Le sous-amendement n° 661, présenté par le Gouvernement, est ainsi libellé :

Rédiger comme suit les deux derniers alinéas de l'amendement n° 155 :

par les mots :

recouvré et versé à la Caisse centrale de réassurance

La parole est à M. le ministre.

M. Serge Lepeltier, ministre. Ce sous-amendement a le même objet que le précédent.

M. le président. L'amendement n° 156, présenté par Mme Keller, au nom de la commission des finances, est ainsi libellé :

Dans la première phrase du cinquième alinéa du texte proposé par cet article pour l'article L. 425-1 du code des assurances, après les mots :

15 % et

insérer les mots :

son montant

Cet amendement n'est pas soutenu.

M. Bruno Sido, rapporteur. Je le reprends, monsieur le président.

M. le président. Il s'agit donc de l'amendement n° 156 rectifié, présenté par M. Sido, au nom de la commission des affaires économiques.

Vous avez la parole, monsieur le rapporteur.

M. Bruno Sido, rapporteur. Il s'agit d'un amendement de précision.

M. le président. Je suis saisi de deux amendements identiques.

L'amendement n° 186 est présenté par Mme Gourault et les membres du groupe Union centriste-UDF.

L'amendement n° 558 est présenté par M. Raoult, Mme Bricq, M. Collombat, Mme Alquier, MM. Pastor, Piras, Lejeune et Trémel, Mme Herviaux, MM. Cazeau, Dauge et Peyronnet, Mme Y. Boyer, MM. Repentin, Lise, Marc, Le Pensec, Domeizel et Roujas, Mme M. André, MM. S. Larcher, Guérini et les membres du groupe Socialiste.

Ces deux amendements sont ainsi libellés :

A la fin de la première phrase du cinquième alinéa et à la fin du sixième alinéa du texte proposé par cet article pour l'article L. 425-1 du code des assurances, remplacer les mots :

par tonne de matière sèche de boue produite

par les mots :

par tonne de matière sèche de boue épandue.

La parole est à Mme Françoise Férat, pour défendre l'amendement n° 186.

Mme Françoise Férat. L'article 21 crée un fonds de garantie des risques liés à l'épandage agricole des boues urbaines et industrielles, qui est chargé d'indemniser les préjudices subis par les exploitants agricoles et les propriétaires des terres agricoles et forestières lorsque, à la suite d'un tel épandage, ces terres deviendraient totalement ou partiellement impropres à la culture.

Cet article détermine les modalités de calcul du prélèvement annuel, dont le taux est fixé par l'autorité administrative dans la limite de 15 % et ne peut excéder le plafond de 0,50 euro par tonne de matière sèche de boue produite.

L'amendement que nous vous présentons vise à exclure du calcul de la contribution au fonds de garantie les boues qui ne répondent pas aux critères de qualité requis pour l'épandage ou pour lesquelles il n'y a pas de débouché agricole, qui sont éliminées par incinération ou mises en décharge, et pour lesquelles aucune garantie n'est nécessaire. Notons que la taxe générale sur les activités polluantes, la TGAP, s'applique déjà aux boues mises en décharge.

En effet, toutes les boues produites n'étant pas épandues, le prélèvement obligatoire et la contribution volontaire devraient être assis sur les tonnes de matières sèches de boues épandues, et non sur les tonnes de matières sèches de boues produites.

M. le président. La parole est à M. Pierre-Yves Collombat, pour présenter l'amendement n° 558.

M. Pierre-Yves Collombat. Par cet amendement, qui a le même objet, il s'agit de faire en sorte que la contribution soit assise sur le volume de boue épandue, et non sur la quantité de boue produite.

M. le président. L'amendement n° 352 rectifié, présenté par MM. Doublet, Branger, Dulait, Grignon, Pintat, César et Bertaud, Mme Sittler, MM. Belot, Bailly, Le Grand et Girod, est ainsi libellé :

A la fin du sixième alinéa du texte proposé par cet article pour l'article L. 425-1 du code des assurances, remplacer le mot : 

produite

par le mot :

épandue

La parole est à M. Claude Bertaud.

M. Claude Bertaud. Cet amendement a le même objet, monsieur le président.

M. le président. L'amendement n° 393 rectifié, présenté par MM. Hérisson et  Béteille, est ainsi libellé :

Au sixième alinéa du texte proposé par cet article pour l'article L. 425-1 du code des assurances, remplacer les mots :

sur la base d'un montant de 0,5 E

par les mots :

sur la base d'un montant de 0,3 E

La parole est à M. Laurent Béteille.

M. Laurent Béteille. Je considère qu'il est défendu, monsieur le président.

M. le président. L'amendement n° 214 rectifié, présenté par M. Cambon, Mme Procaccia et M. Doublet, est ainsi libellé :

Rédiger comme suit l'antépénultième alinéa du texte proposé par cet article pour l'article L. 425-1 du code des assurances :

« La gestion comptable et financière du fonds est assurée par la caisse centrale de réassurance dans un compte distinct de ceux qui retracent les autres opérations pratiquées par cet établissement. Le fonds est divisé en deux sous-sections relatives pour la première à la garantie des risques de développement liés à l'épandage des boues urbaines, et pour la seconde, à la garantie des risques de développement liés à l'épandage des boues industrielles.

La parole est à M. Christian Cambon.

M. Christian Cambon. Cet amendement concerne la problématique de l'épandage des boues industrielles, qui comportent manifestement des risques encore mal évalués aujourd'hui. Certaines d'entre elles sont extrêmement toxiques ; il suffit d'évoquer le seul mot d'amiante !

S'il apparaît souhaitable de prendre en compte le coût potentiel de l'intégration des risques, il ne saurait être question de le faire financer par le prix de l'eau, supporté par les usagers. Cet amendement est une application de la règle pollueur-payeur.

M. le président. L'amendement n° 39, présenté par M. Sido, au nom de la commission des affaires économiques, est ainsi libellé :

Dans la première phrase de l'antépénultième alinéa du texte proposé par cet article pour l'article L. 425-1 du code des assurances, remplacer les mots :

de ceux qui retracent les autres opérations pratiquées par cet établissement

par les mots :

de ceux retraçant les autres opérations qu'elle effectue

et dans la seconde phrase du même alinéa, remplacer les mots :

exposés par la caisse de réassurance

par les mots :

qu'elle expose

 

La parole est à M. le rapporteur.

M. Bruno Sido, rapporteur. Il s'agit d'un amendement rédactionnel.

M. le président. Je suis saisi de deux amendements identiques.

L'amendement n° 195 est présenté par Mme Gourault et les membres du groupe Union centriste-UDF.

L'amendement n° 387 rectifié est présenté par MM. Hérisson et  Béteille.

Ces deux amendements sont ainsi libellés :

Compléter l'avant-dernier alinéa du texte proposé par cet article pour l'article L. 425-1 du code des assurances par une phrase ainsi rédigée :

Elle établit un rapport annuel.

La parole est à Mme Françoise Férat, pour défendre l'amendement n° 195.

Mme Françoise Férat. L'article 21 créant un fonds de garantie des risques liés à l'épandage agricole des boues urbaines et industrielles prévoit que la gestion comptable et financière du fonds est assurée par la Caisse centrale de réassurance.

Avec cet amendement, nous proposons que la Caisse établisse un rapport annuel permettant un suivi régulier des interventions du fonds de garantie.

Il s'agit en outre de rétablir une disposition qui figurait dans la version antérieure du projet de loi.

M. le président. La parole est à M. Laurent Béteille, pour présenter l'amendement n° 387 rectifié.

M. Laurent Béteille. Je considère qu'il est défendu, monsieur le président.

M. le président. L'amendement n° 337, présenté par M. Le Grand, est ainsi libellé :

Avant le dernier alinéa du texte proposé par cet article pour l'article L. 425-1 du code des communes, insérer un alinéa ainsi rédigé :

« Les pouvoirs publics s'engagent à négocier avec l'ensemble des professionnels du secteur agricole, agroalimentaire et de la grande distribution, un accord national qui garantisse la qualité des boues épandues.

Cet amendement n'est pas soutenu.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Bruno Sido, rapporteur. L'amendement n° 386 rectifié va l'encontre de la position retenue par la commission. Certes, le fonds créé par cet article aura une capacité d'action financière limitée, mais ce dispositif est très attendu par le monde agricole et devrait conforter le développement de la filière « boue ». Aussi, je demande à M. Béteille de bien vouloir retirer cet amendement. A défaut, j'émettrai un avis défavorable.

L'amendement n° 559 va à l'encontre de l'esprit de cet article, qui est bien de garantir les propriétaires exploitant des terres contre tout risque lié à l'épandage des boues quelle que soit leur provenance, afin d'encourager le développement de la filière.

Madame Bricq, je laisse à M. le ministre le soin de vous répondre sur les boues industrielles. On peut effectivement s'interroger à cet égard.

Selon nous, le problème porte plus sur les boues issues des stations d'épuration, les STEP, que sur les boues industrielles, qui sont mieux connues ; les industriels savent où et comment les épandre. J'entendrai donc avec autant d'intérêt que vous la réponse de M. le ministre.

La précision que souhaite apporter M. Vasselle par l'amendement n° 424 risque de ne pas être respectée, du moins pour l'ensemble des victimes, dans le cas où le dommage subi serait trop important pour être couvert par le fonds.

De plus, elle va à l'encontre des dispositions de l'article aux termes desquelles le fonds indemnise les victimes dans la limite de ses ressources et d'un montant maximal. C'est la raison pour laquelle nous demandons à M. Vasselle de bien vouloir retirer cet amendement ;.à défaut, la commission émettra un avis défavorable.

La préoccupation exprimée par M. Marc à propos de l'amendement n° 560 est légitime, mais étrangère à l'objet du fonds, à savoir l'indemnisation des propriétaires des terres pour la perte de valeur qu'elles sont susceptibles d'enregistrer en raison de la survenance d'un risque sanitaire ou d'un dommage écologique. La commission est donc défavorable à cet amendement.

La commission est favorable aux sous-amendements nos 660 et 661.

Les amendements identiques nos 186 et 558 apportent une précision qui semble utile dans la mesure où n'entreraient dans l'assiette de la taxe que les boues effectivement épandues et non l'ensemble des boues produites, certaines n'étant pas épandues. Cette précision pourrait toutefois paraître contre-productive dès lors qu'elle inciterait les producteurs de boues à ne pas les épandre sur des terres agricoles et à préférer les faire incinérer ou les mettre en décharge. La commission s'en remet donc à la sagesse du Sénat.

Il en va de même pour l'amendement n° 352 rectifié.

S'agissant de l'amendement n° 393 rectifié, le montant prévu par le projet de loi semble suffisamment modéré pour ne pas dissuader les producteurs de boues déjà assurés de contribuer volontairement au fonds. De plus, une réduction des deux cinquièmes de ce montant diminuerait significativement les recettes du fonds, et donc son efficacité en cas de besoin. Je demande donc aux auteurs de cet amendement de bien vouloir le retirer ; à défaut la commission émettra un avis défavorable.

L'amendement n° 214 rectifié tend à diviser le fonds en deux sous-sections. Il ne semble pas qu'il y ait lieu de distinguer la gestion financière du risque selon qu'il provient des boues urbaines ou des boues industrielles puisque ces deux types de boues sont soumis aux mêmes contraintes réglementaires quant à la qualité exigée pour en permettre l'épandage. De plus, une telle distinction obligerait la Caisse à avoir une gestion spécifique pour des sommes relativement modestes. La commission demande donc le retrait de cet amendement ; à défaut, elle émettra un avis défavorable.

Quant aux amendements nos 195 et 387 rectifié, ils alourdiraient et compliqueraient la tâche de la Caisse. De surcroît, ils l'obligeraient à se prononcer sur des litiges opposant les assureurs privés à certains de leurs clients, litiges dont il est logique qu'elle soit simplement tenue informée. La commission demande donc également le retrait de ces deux amendements ; à défaut, elle émettra un avis défavorable.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Serge Lepeltier, ministre. L'amendement n° 386 rectifié, auquel le Gouvernement est défavorable, pose en fait le problème de l'utilité de cet article et donc de l'institution de cette garantie pour les boues provenant des stations d'épuration.

L'épandage de boues en agriculture est, ne l'oublions pas, un mode de valorisation durable, qui concerne actuellement environ 60 % de ces sous-produits de l'assainissement. Or, on le sait, ce débouché est actuellement fragilisé par la réticence de la profession agricole, qui craint, en cas d'épandage de boues, la mévente de ses productions et, le cas échéant, la disqualification des terres exposées pour des productions futures. Je rappelle d'ailleurs que des actions ont été menées par les organisations agricoles pour refuser les épandages.

La création du fonds de garantie correspond donc à une réelle demande de la profession agricole. Elle vise à rassurer les agriculteurs et les propriétaires de terres agricoles mettant en oeuvre la filière de l'épandage de boues tout en garantissant que ceux-ci pourront être indemnisés des dommages non couverts par les assurances obligatoires des producteurs de boues. Les risques de développement sont en effet exclus des contrats d'assurance de responsabilité, car, par définition, ils ne sont pas évaluables. (M. Alain Vasselle s'exclame.) Il n'y a donc pas de système de double assurance sur ce point précis.

J'ajoute que ce système a été mis en place en Allemagne, où il donne satisfaction puisqu'il a donné une nouvelle crédibilité à la filière d'épandage.

L'amendement n° 559 tend à ne prévoir l'intervention du fonds de garantie que pour les boues urbaines.

Ainsi que je l'ai indiqué précédemment, l'épandage n'est visé par le présent projet de loi que dans le strict contexte de la réglementation en vigueur, qui interdit tout épandage de boues d'origine industrielle si celles-ci n'ont pas de réelle valeur agronomique.

Par ailleurs, la cotisation additionnelle envisagée s'appliquera aussi bien aux maîtres d'ouvrage industriels qu'aux collectivités. Les industriels concernés contribueront donc aussi au fonds, mais sans que soit augmenté le montant des cotisations puisque, comme je l'ai déjà dit, par définition, les risques de développement ne sont pas susceptibles d'être évalués aujourd'hui.

La restriction consistant à exclure les boues industrielles du dispositif provoquerait, à mon sens, une distorsion de concurrence entre les boues urbaines et les boues industrielles et mettrait donc en difficulté l'actuelle filière d'épandage des boues industrielles, qui concerne actuellement plus de 10 millions de tonnes de matière brute, dont 8 millions de tonnes de boues provenant des industries agroalimentaires.

Le Gouvernement est donc défavorable à cet amendement.

Le Gouvernement est favorable à l'amendement n° 37, qui est un amendement rédactionnel, ainsi qu'à l'amendement n° 154 rectifié, qui apporte une utile précision.

L'amendement n° 424, qui porte sur le montant de l'indemnisation, reçoit un avis défavorable du Gouvernement.

Le préjudice infligé au propriétaire des terres est effectivement une perte de valeur. Il nous paraît logique de limiter l'indemnisation à la valeur des terres endommagées. Les arguments du rapporteur sont tout à fait pertinents : à trop étendre l'indemnisation, le fonds risquerait de manquer de moyens et ceux qui doivent être indemnisés pourraient ainsi se trouver finalement pénalisés.

Le Gouvernement est défavorable à l'amendement n° 560 pour les mêmes raisons.

Il est favorable à l'amendement n° 38, qui est un amendement rédactionnel, ainsi qu'aux amendements nos 155 rectifié et 156 rectifié.

Les amendements identiques nos 186 et 558 tendent à modifier l'assiette du prélèvement : seraient prises en compte les boues épandues, et non les boues produites.

Je comprends bien l'idée qui a guidé les auteurs de ces amendements, mais, en l'occurrence, comme le disait le rapporteur, notre objectif est écologique. Au demeurant, le système de l'épandage des boues a un intérêt à la fois écologique et économique puisque, sur les deux plans, c'est pratiquement la meilleure voie.

La modification d'assiette proposée conduirait en fait à inciter les collectivités à ne pas épandre leurs boues et à privilégier d'autres voies d'élimination. Adopter ces deux amendements, ce serait, en vérité, donner un signal négatif. Il est important d'afficher ce principe de solidarité entre les villes et les campagnes.

Par conséquent, le Gouvernement est défavorable à ces deux amendements.

Pour les mêmes raisons, le Gouvernement est également défavorable à l'amendement n° 352 rectifié.

Avec l'amendement n° 393 rectifié, il s'agit d'abaisser le montant de la cotisation au fonds de garantie. Même si ce montant est fixe et ne constitue pas un plafond, comme pour les collectivités qui s'assurent elles-mêmes, son niveau, qui reste malgré tout limité, paraît cohérent au regard des enjeux et il ne me semble pas justifié de l'abaisser. Le Gouvernement est donc défavorable à cet amendement.

L'amendement n° 214 rectifié tend à diviser le fonds en deux sous-sections.

S'agissant de risques de développement, les coûts des risques potentiels ne sont, par définition, pas plus connus pour les boues urbaines que pour les boues d'origine industrielle. Il n'y a donc aucune raison de faire une différence dans la gestion du fonds.

Par ailleurs, du fait de la réglementation actuelle, les boues industrielles, je le rappelle, ne sont concernées par l'épandage que si elles ont une réelle valeur agronomique et ne présentent pas de danger connu.

Par conséquent, le Gouvernement émet un avis défavorable.

Le Gouvernement est favorable à l'amendement n° 39, qui est un amendement rédactionnel.

Les amendements identiques nos 195 et 387 rectifié prévoient que la Caisse établira un rapport annuel. J'ai tendance à considérer qu'une telle disposition relève plutôt du domaine réglementaire. Il ne me paraît pas souhaitable qu'on alourdisse nos lois en y faisant figurer l'obligation de rendre des rapports. Je demande donc le rejet de ces deux amendements.

M. le président. Monsieur Béteille, l'amendement n° 386 rectifié est-il maintenu ?

M. Laurent Béteille. Je vais retirer cet amendement sous le bénéfice des explications qui ont été données par le rapporteur et par le ministre.

On a fait état des réticences des agriculteurs quant à l'épandage des boues, mais il y a aussi celles des professionnels des industries agroalimentaires, qui ne sont guère enclins à accepter des produits provenant de terres sur lesquelles ont été épandues des boues. Je ne suis malheureusement pas sûr que la création du fonds puisse venir à bout de toutes ces réticences.

M. le président. L'amendement n° 386 rectifié est retiré.

La parole est à M. le ministre.

M. Serge Lepeltier, ministre. M. Béteille vient d'évoquer un sujet très important : la filière commerciale refuserait d'acheter certains produits du simple fait qu'il y a eu épandage de boues. Or, aujourd'hui, à partir du moment où l'épandage est écologiquement positif, un tel refus revient à pénaliser certains produits, et cela n'est pas acceptable. Je suis donc en train d'étudier la manière dont nous pourrions résoudre ce problème dans la suite de la discussion.

M. le président. La parole est à Mme Nicole Bricq, pour explication de vote sur l'amendement n° 559.

Mme Nicole Bricq. J'ai cru déceler que le rapporteur n'était pas vraiment convaincu lui-même par les arguments qu'il opposait à mon amendement.

Par ailleurs, je n'ai pas entendu la réponse du ministre concernant le changement entre la version qui a été soumise au Conseil d'Etat et celle qui a été finalement adoptée par le conseil des ministres. J'en déduis que les intérêts de la profession agricole n'ont pas été seuls pris en compte, que d'autres l'ont été, qui étaient en contradiction avec ceux de cette profession.

C'est un sujet que je connais bien, au moins pour ce qui concerne l'Ile-de-France et en tout cas la Seine-et-Marne, où il y a de nombreuses terres agricoles et où nous rencontrons de réelles difficultés pour développer l'épandage.

J'observe que beaucoup d'agriculteurs souhaitent avoir recours à l'épandage et que certains de ces agriculteurs étant par ailleurs maires, ils sont, en tant que tels, membres d'un syndicat d'assainissement. En fait, la proximité joue un rôle considérable en termes de confiance. Quand les agriculteurs sont en mesure de savoir exactement d'où viennent les boues en question, ils sont beaucoup moins réticents.

L'épandage est une vraie solution pour enrichir nos sols qui ont été épuisés par quarante ans d'agriculture intensive. Toutefois, si vous incluez les boues industrielles, vous perdez le bénéfice de cette proximité qui est susceptible de rassurer les agriculteurs.

Certains de mes collègues ont demandé le dépôt d'un rapport annuel, mais ni la commission ni le Gouvernement ne s'y sont déclarés favorables. Je sais qu'on produit déjà bon nombre de rapports ; je souhaite tout de même qu'on puisse savoir quel aura été l'effet déclencheur de l'article 21. En effet, je ne suis pas sûre que, dans sa formulation actuelle - M. Béteille a, lui aussi, et à juste titre, émis des doutes quant à l'industrie agroalimentaire - cet article suffise à rassurer la profession agricole sur le long terme.

Je maintiens mon amendement. Cela n'entrave pas, bien évidemment, le mécanisme de création de ce fonds.

M. le président. La parole est à M. le ministre.

M. Serge Lepeltier, ministre. Je ne comprends pas bien l'interrogation de Mme Bricq. En effet, dès le départ, avant même la consultation du Conseil d'Etat, l'épandage des boues urbaines ou industrielles était prévu. (Mme Nicole Bricq fait un signe de dénégation.) J'ai ici l'avant-projet. Sauf erreur de ma part, aucune modification n'est intervenue. Peut-être y a-t-il eu une mauvaise information de l'un ou de l'autre, madame Bricq ?

Par ailleurs, vous défendez l'épandage et vous avez raison. J'y suis moi aussi favorable. Certaines stations d'épuration recevant à la fois des produits domestiques et des produits industriels, il est nécessaire de prévoir l'épandage de ces deux types de boues. Certaines boues d'origine industrielle peuvent être d'un grand intérêt dans le domaine de l'épandage agricole.

Tout cela est complexe, j'en conviens. Cependant, cette filière étant positive sur le plan de la récupération, de l'utilisation et de l'élimination des produits, il n'y a aucune raison de la pénaliser en écartant les boues industrielles de ce fonds de garantie, qui aidera à leur épandage agricole.

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 559.

(L'amendement n'est pas adopté.)

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 37.

(L'amendement est adopté.)

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 154 rectifié.

(L'amendement est adopté.)

M. le président. La parole est à M. Alain Vasselle, pour explication de vote sur l'amendement n° 424.

M. Alain Vasselle. Je ne veux pas contrarier le ministre et le rapporteur, mais je suis atterré par leurs propos.

Comment nos concitoyens et notamment ceux qui auront subi un préjudice pourront-ils comprendre qu'ils ne pourront être indemnisés au motif que le fonds n'aura pas été doté des moyens permettant d'assurer la couverture dudit préjudice ?

J'entends bien que ce fonds sera insuffisant au regard de certains préjudices, encore que, après avoir entendu l'argumentation que vous avez développée pour vous opposer à l'amendement de M. Béteille et à celui de Mme Bricq, je m'interroge, monsieur le ministre.

Je m'explique : vous dites à l'un et à l'autre qu'ils n'ont pas d'inquiétudes à avoir quant à l'épandage des boues industrielles sur des terres agricoles puisque ce dernier ne sera accepté que dans la mesure où ces boues auront une valeur agronomique. Les normes actuelles, qui vont régir l'épandage des boues, font que cet épandage pourra ainsi être pratiqué sans aucun risque. Si tel est bien le cas, pourquoi, alors, créer ce fonds ? (M. le ministre lève les bras au ciel.)

Si vous acceptez la création de ce fonds, c'est parce que vous n'êtes pas sûr de vous et que vous considérez que l'épandage de ces boues, qu'elles soient industrielles ou urbaines, présente un risque ! Si vous reconnaissez qu'il y a un risque existe, admettez qu'il est logique d'indemniser le préjudice subi par celui qui accepte l'épandage de boues sur ses terres.

Pour d'autres préjudices ne pouvant être couverts par les assurances ou un fonds de calamité, des inondations ou des dégâts occasionnés par un effet climatique, par exemple, vous acceptez bien de couvrir le préjudice subi.

Pourquoi admettre aujourd'hui que l'indemnisation ne sera que partielle parce que le fonds ne permettra pas de faire mieux ?

J'avoue ne pas comprendre et ne pouvoir me résoudre à accepter une telle disposition, compte tenu de l'argument que vous avancez.

Il est fort probable que le résultat soit celui que vous attendez, c'est-à-dire qu'une majorité se dégage, dans notre assemblée, en faveur de la création de ce fonds et du niveau d'indemnisation que vous avez prévu.

Que se passera-t-il ? Allez-vous prévoir des dispositions législatives ou réglementaires pour contraindre les propriétaires à accepter l'épandage des boues ? Ce serait une véritable atteinte au droit de propriété et cela générerait sans doute des contentieux. Si vous ne prévoyez pas de telles dispositions, le propriétaire, sachant par avance qu'il ne sera indemnisé que partiellement en cas de préjudice, prévoira, au moment de la signature du bail avec un fermier, une clause visant à interdire l'épandage des boues sur ses terres. On reviendra alors à la case départ : les collectivités n'auront d'autre solution que l'incinération des boues.

Si vous voulez que les agriculteurs jouent le jeu, il faut prévoir une indemnisation juste et équilibrée en cas de réalisation du risque, d'autant que le risque est maîtrisé puisque vous prenez des dispositions tendant à ce que l'on n'épande pas n'importe quoi sur l'ensemble des terres. Pourquoi limiter l'indemnisation à la seule valeur de la parcelle ?

Je tenais à vous éclairer, mes chers collègues, non seulement sur l'objet de cet amendement, mais également sur les limites des dispositions que le Gouvernement nous demande d'adopter.

M. le président. La parole est à M. le ministre.

M. Serge Lepeltier, ministre. Après les propos de M. Vasselle, je souhaite revenir sur l'intérêt de cet article et de la création de ce fonds de garantie.

Le fonds a une utilité, j'insiste sur ce point, monsieur le sénateur, et je vous prie de relire cet article, tant il est important. Ne seront concernées que des personnes qui respectent la réglementation d'aujourd'hui ; nous considérons que, aujourd'hui, l'épandage des boues urbaines et des boues industrielles ne présente pas de risque.

Ce fonds sera chargé d'indemniser « en raison de la réalisation d'un risque sanitaire ou de la survenance d'un dommage écologique liés à l'épandage, dès lors que ce risque ou ce dommage ne pouvaient être connus au moment de l'épandage ».

M. Alain Vasselle. C'est le principe de précaution !

M. Serge Lepeltier, ministre. Même si, dans la réglementation actuelle, sont dénombrés un certain nombre de risques, nul ne peut prévoir ceux qui existeront dans cinq ans, dans dix ans ou dans quinze ans. C'est exactement le discours que tiennent les agriculteurs. Sur ce point, j'ai toujours été d'accord avec eux.

Je vais prendre un exemple. Voilà cinquante ans, on ne soupçonnait pas les risques liés aux métaux lourds. (Mme Nicole Bricq s'exclame.) Désormais, nous les connaissons.

Les agriculteurs estiment que si, dans quelques années, ils subissent un risque lié à l'épandage et que, de ce fait, la parcelle n'a plus de valeur, il faut le garantir. Ce fonds a donc un véritable intérêt.

Se pose ensuite la question de l'indemnisation. Inutile de préciser que ce projet de loi n'a pas été rédigé par des personnes seules dans leur bureau. Il a été élaboré après des discussions, en particulier avec les organisations professionnelles. C'est pourquoi plafonner l'indemnisation à la valeur du terrain me semble cohérent.

M. Alain Vasselle. Vous verrez le résultat !

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 424.

(L'amendement n'est pas adopté.)

M. le président. La parole est à M. François Marc, pour explication de vote sur l'amendement n° 560.

M. François Marc. La réponse de M. le ministre m'a laissé perplexe.

En effet, son argument - et je rejoins sur ce point l'orateur précédent - n'est que budgétaire : si on fait droit à cette demande d'accroissement de l'indemnisation, l'enveloppe ne suffira peut-être pas et on ira donc au devant de difficultés.

Monsieur le ministre, la santé de l'agriculteur a au moins autant d'importance que les terres qui sont exploitées. Or, dans votre réponse, c'est un point que vous n'avez pas relevé. Cela me conduit à penser que la restriction importante que vous avez introduite dans la formulation de ce texte a, en définitive, une finalité principalement psychologique et que vous n'avez pas véritablement pris en considération le préjudice que pourrait subir l'agriculteur.

C'est pourquoi je maintiens cet amendement.

M. le président. La parole est à M. Alain Vasselle, pour explication de vote.

M. Alain Vasselle. Monsieur le ministre, puisque je n'ai pas pu reprendre la parole après vous tout à l'heure, je tiens à vous dire que, pour les quatre cinquièmes, je partage votre position. Le seul point sur lequel nous divergeons, c'est le niveau de l'indemnisation.

Certes, à travers ce projet, vous déclinez le principe de précaution, mais reconnaissez qu'il est difficilement admissible que celui qui sera victime d'un préjudice, même si nul ne peut savoir à quelle date sera, éventuellement, à déplorer ce préjudice, ne puisse pas bénéficier d'une indemnisation.

M. Marc pose une question pertinente, à savoir l'indemnisation des personnes et des biens qui subiront le préjudice résultant de l'épandage de ces boues. On ne peut sans doute pas aller aussi loin compte tenu des moyens prévus. Cependant le problème ne manquera pas de se reposer le moment venu, même si, au vu des informations que nous délivrent les scientifiques, on est tranquille pendant quelques années. Nous devrons alors nous interroger sur une réactualisation du niveau des indemnisations.

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 560.

(L'amendement n'est pas adopté.)

M. le président. Je mets aux voix le sous-amendement n° 660.

(Le sous-amendement est adopté.)

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 38, modifié.

(L'amendement est adopté.)

M. le président. En conséquence, l'amendement n° 155 rectifié et le sous-amendement n° 661 n'ont plus d'objet.

Je mets aux voix l'amendement n° 156 rectifié.

(L'amendement est adopté.)

M. le président. La parole est à Mme Férat, pour explication de vote sur l'amendement n° 186 ?

Mme Françoise Férat. Monsieur le ministre, vous affirmez que ce dispositif pourrait inciter les collectivités à produire des boues qui, en raison de leur qualité, si j'ai bien compris, devraient être incinérées et ne seraient donc pas taxées. J'ai le regret de vous dire que l'argument peut être inversé. Je ne partage pas votre suspicion quant à un éventuel manque de solidarité entre la ville et la campagne.

J'ai bien écouté les propos de notre collègue Alain Vasselle. L'amendement n° 186 permettrait, me semble-t-il, la juste indemnisation qu'il a évoquée. C'est la raison pour laquelle je le maintiens.

M. le président. La parole est à M. Pierre-Yves Collombat, pour explication de vote.

M. Pierre-Yves Collombat. Je voudrais que l'on prenne bien conscience qu'il y a là une source de conflits à répétition.

Monsieur le ministre, je ne comprends pas très bien votre argumentation. Ce n'est pas par plaisir que les collectivités, par exemple, font incinérer les boues de leurs stations d'épuration, c'est souvent parce qu'elles n'ont pas trouvé localement de débouchés par l'épandage. Concrètement, elles devront payer une contribution tout en ayant à trouver une solution pour les boues des stations d'épuration. C'est tout de même un peu curieux !

M. le président. La parole est à Mme Nicole Bricq, pour explication de vote.

Mme Nicole Bricq. Vous l'avez reconnu, monsieur le ministre, nous sommes favorables à l'épandage, et ce pour deux raisons.

La première est d'ordre écologique. Nos sols ont en effet besoin de matières organiques, que l'épandage des boues leur procure.

La seconde raison est d'ordre économique. Je connais un peu ce sujet, monsieur le ministre, et permettez-moi de vous dire que, économiquement, c'est nul d'incinérer des boues ! Celles-ci, on le sait, sont essentiellement constituées d'eau. Leur pouvoir calorifique est quasiment nul. Il est donc préférable de les épandre.

C'est pourquoi préciser qu'il s'agit des boues épandues, et non des boues produites, nous paraît aller à la fois dans le sens écologique, dans le sens économique, dans le sens des assurances, donc dans le bon sens !

M. le président. Je mets aux voix les amendements identiques nos 186 et 558.

(Après une épreuve à main levée déclarée douteuse par le bureau, le Sénat, par assis et levé, n'adopte pas les amendements.)

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 352 rectifié.

(L'amendement n'est pas adopté.)

M. le président. Monsieur Béteille, l'amendement n° 393 rectifié est-il maintenu ?

M. Laurent Béteille. Non, monsieur le président, je le retire.

M. le président. L'amendement n° 393 rectifié est retiré.

Monsieur Cambon, qu'en est-il de l'amendement n° 214 rectifié ?

M. Christian Cambon. Je le retire, monsieur le président. Les indications qu'a données M. le ministre à la fois sur le fonds de garantie et sur la manière dont sont traitées les boues industrielles me satisfont.

Je regrette néanmoins que nous n'ayons pas saisi l'occasion pour envoyer un signe aux usagers, dont la facture d'eau ne cesse de s'alourdir de toutes sortes de redevances et de taxes. Je pense en effet que l'usager n'a pas à payer pour les risques liés aux boues industrielles.

M. le président. L'amendement n° 214 rectifié est retiré.

Je mets aux voix l'amendement n° 39.

(L'amendement est adopté.)

M. le président. Madame Férat, l'amendement n° 195 est-il maintenu ?

Mme Françoise Férat. Je n'avais pas le sentiment, en déposant cet amendement, de faire une demande très complexe. Je souhaitais que l'on puisse disposer d'une information sur la gestion comptable et financière du fonds par la Caisse centrale de réassurance.

J'ai bien compris, monsieur le ministre, que vous souhaitiez régler ce problème par voie réglementaire. Je vous pose donc la question très solennellement : vous engagez-vous à le faire ?

M. Serge Lepeltier, ministre. Je m'y engage, au nom du Gouvernement, car votre amendement présente un véritable intérêt en termes de fonctionnement et d'information.

Mme Françoise Férat. Dans ces conditions, je retire cet amendement, monsieur le président.

M. le président. L'amendement n° 195 est retiré.

Monsieur Béteille, l'amendement n° 387 rectifié est-il maintenu ?

M. Laurent Béteille. Non, monsieur le président, je le retire.

M. le président. L'amendement n° 387 rectifié est retiré.

Je mets aux voix l'article 21, modifié.

(L'article 21 est adopté.)

Art. 21
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Art. 22

Articles additionnels après l'article 21

M. le président. L'amendement n° 425, présenté par M. Vasselle, est ainsi libellé :

Après l'article 21, insérer un article additionnel ainsi rédigé :

L'article L. 411-73 du code rural est complété par un paragraphe ainsi rédigé :

« III- Le preneur ne peut pratiquer l'épandage agricole des boues urbaines et industrielles sur un bien compris dans le bail que s'il a obtenu au préalable l'accord écrit du bailleur. A cet effet, il lui notifie un programme prévisionnel d'épandage qu'il actualise après chaque épandage.

« Un décret précise les conditions d'application de cet alinéa. »

La parole est à M. Alain Vasselle.

M. Alain Vasselle. J'ai quasiment présenté cet amendement tout à l'heure. Il s'agit de permettre au propriétaire de donner son accord préalablement à l'épandage de boues sur des terres qu'il a mises en fermage.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Bruno Sido, rapporteur. S'il était adopté, cet amendement aurait pour conséquence d'imposer au preneur des contraintes excessivement lourdes en matière d'épandage. Or l'agriculteur doit rester libre de recourir à cette technique dès lors qu'est respectée la réglementation sur la qualité des boues épandues.

De plus, un tel amendement risquerait de freiner notablement le développement de la filière « boue ».

La commission demande donc à M. Vasselle de bien vouloir retirer son amendement ; à défaut, elle émettra un avis défavorable.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Serge Lepeltier, ministre. Monsieur Vasselle, cet amendement remet en cause le droit du fermage et va donc au-delà du problème des boues. Il paraît difficile de marginaliser les boues par rapport à d'autres intrants agricoles.

Dès lors que la réglementation est respectée, il n'y a pas de problème. A tout le moins pourrait-on envisager l'information du bailleur, ce qui me paraît très juste, mais cela ne relève sans doute pas de la loi.

Le Gouvernement émet donc un avis défavorable sur cet amendement, dans sa rédaction actuelle.

M. le président. La parole est à M. Alain Vasselle, pour explication de vote.

M. Alain Vasselle. Je constate que vous faites peu de cas du droit de propriété ! Le propriétaire n'a en effet aucune assurance d'être indemnisé pour la totalité du préjudice subi.

Vous admettez que le choix de recourir à la technique de l'épandage dépend entièrement du fermier. Si celui-ci perd une parcelle, il peut en retrouver une autre ailleurs. Mais si cette parcelle devenait un jour impropre à la production, pour plusieurs années, voire, peut-être, pour toujours, le propriétaire, lui, ne pourrait pas relouer son bien ! Il ne pourrait donc plus en tirer un revenu. Serait-t-il d'ailleurs exempté de l'impôt sur le foncier non bâti ?

Vous comprendrez, monsieur le ministre, que l'on s'interroge sur ces sujets !

Vous dites, monsieur le ministre, que cet amendement porte atteinte au droit du fermage, mais nous étions convenus, lors de l'examen du projet de loi relatif au développement des territoires ruraux, qu'il y avait lieu de réviser les lois quasiment ancestrales en la matière. Il faudrait peut-être se mettre au goût du jour et tenir un peu mieux compte du droit des propriétaires !

Ne pas donner à un propriétaire le droit d'accepter ou de refuser l'épandage de boues sur ses terres, alors qu'il pourrait en résulter pour lui un préjudice et qu'il pourrait perdre la jouissance des droits liés à ce bien, c'est, selon moi, une forme de spoliation du droit de propriété !

M. le président. La parole est à M. le rapporteur.

M. Bruno Sido, rapporteur. Tantôt M. Vasselle est atterré par nos propos, tantôt il nous accuse de méconnaître le droit de propriété.

M. Alain Vasselle. Je ne dis pas que vous le méconnaissez, je dis que vous en faites peu de cas !

M. Bruno Sido, rapporteur. En l'occurrence, une fois n'est pas coutume, M. Vasselle méconnaît le droit, et en particulier le fait que le statut du fermage est d'ordre public. Toute clause contraire aux lois sur le fermage est nulle et non avenue. Par conséquent, il est inutile d'en discuter ici. (M. Alain Vasselle s'exclame.)

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 425.

(L'amendement n'est pas adopté.)

M. le président. L'amendement n° 563, présenté par M. Raoult, Mme Bricq, M. Collombat, Mme Alquier, MM. Pastor,  Piras,  Lejeune et  Trémel, Mme Herviaux, MM. Cazeau,  Dauge et  Peyronnet, Mme Y. Boyer, MM. Repentin,  Lise,  Marc,  Le Pensec,  Domeizel et  Roujas, Mme M. André, MM. S. Larcher,  Guérini et les membres du groupe socialiste, est ainsi libellé :

Après l'article 21, insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Après l'article L. 2224-8 du code général des collectivités territoriales, il est inséré un article ainsi rédigé :

« Art. L. ... - Les personnes qui ne sont ni agents contractuels ni stagiaires ni agents titulaires du service public, assurant le transport des boues produites par les stations d'épuration en vue de leur épandage ainsi que les personnes chargées des opérations dites d'épandage sont des collaborateurs occasionnels du service public.

« Quand le coût du service de transport et d'épandage desdites boues est en dessous de 230 000 euros hors taxes par an, la prestation peut être attribuée après comparaison simple de devis, au nombre de trois si possible. ».

La parole est à M. François Marc.

M. François Marc. Dans le droit-fil de l'amendement n° 560, le présent amendement vise à apporter une protection supplémentaire aux personnes qui ne sont ni agent contractuel, ni stagiaire, ni agent titulaire du service public et qui assurent le transport des boues produites par les stations d'épuration. Ce sont souvent, je le souligne, des acteurs du monde agricole ou de toutes petites entreprises, qui ne sont d'ailleurs pas familiarisées avec les procédures, parfois lourdes, de mise en concurrence et de publicité.

Cet amendement tend à accorder à ces personnes la qualité de « collaborateurs de service public ». En cas d'accident, leur protection serait améliorée. Le mécanisme proposé est cohérent au regard de la jurisprudence du Conseil d'Etat en la matière.

Par ailleurs, cet amendement prévoit que, lorsque le coût du service de transport et d'épandage des boues est inférieur à 230 000 euros hors taxes par an, la prestation peut être attribuée après simple comparaison de devis, au nombre de trois si possible, sur le fondement de la procédure dite « adaptée ».

Cet amendement vise donc à faciliter les choses pour ces opérateurs occasionnels, en sécurisant les missions qu'ils assurent au service des collectivités et en leur permettant de bénéficier d'une procédure d'attribution des prestations relativement souple et facile d'utilisation.

Il s'agit d'un amendement de bon sens.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Bruno Sido, rapporteur. Le projet de loi n'a a priori pour objet ni de préciser le statut des personnes contribuant au transport et à l'épandage des boues ni de définir la procédure présidant à l'attribution de ce service.

Toutefois, avant de se prononcer, la commission souhaiterait connaître l'avis du Gouvernement sur les mesures proposées dans cet amendement.

Il est vrai que, pour conduire des camions transportant des engrais, des produits phytosanitaires, il faut désormais avoir suivi une formation initiale minimum obligatoire, la FIMO, et être titulaire de certificats particuliers, donc pourquoi pas également lorsqu'il s'agit de boues ? De telles compétences me paraissent toutefois dépendre de l'obtention d'un diplôme. Elles ne relèvent pas du statut du personnel.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Serge Lepeltier, ministre. Cet amendement pourrait être considéré comme technique, mais ses conséquences sont très importantes. Il comporte deux parties.

La première concerne les collaborateurs occasionnels. Je rappelle qu'ils apportent leur concours au service public, que ce concours soit spontané en cas de bénévolat, sollicité ou requis - dans le cas des jurés d'assises, par exemple.

Selon la définition du collaborateur occasionnel, un tel collaborateur ne fait pas de sa participation au service public une profession, une activité principale. Cette qualité de collaborateur occasionnel est donc exclusive de celle de salarié d'une entreprise prestataire de service public. Il y a une réelle différenciation entre les deux.

Aussi, le transporteur de boues et l'épandeur ne sont pas des collaborateurs occasionnels, ce sont des prestataires de services. Leurs salariés ne font qu'obéir aux ordres de l'entreprise employeur.

De surcroît, les finances publiques pourraient être inutilement mises à contribution sur le fondement de la responsabilité pour risque, les salariés de l'entreprise étant en fait couverts par leur régime de prévoyance.

La seconde partie de l'amendement n° 563 concerne le code des marchés publics. J'insiste sur la nécessité de faire jouer la concurrence, notamment en matière d'achats publics, conformément aux textes en vigueur, tout particulièrement aux dispositions du code des marchés publics. Les règles que ce code impose ont été allégées et sont conformes aux directives européennes. Je ne vois pas de raison de créer une nouvelle catégorie de produits, en quelque sorte, de prévoir une spécificité du secteur économique d'élimination des déchets pour déroger à ces règles. Nous complexifierions la situation. Dans les collectivités locales, on aboutirait même à des risques de méconnaissance de ces dispositions par rapport à d'autres règles.

Pour toutes ces raisons le Gouvernement émet un avis défavorable.

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 563.

(L'amendement n'est pas adopté.)

Art. additionnels après l'art. 21
Dossier législatif : projet de loi sur l'eau et les milieux aquatiques
Art. additionnels après l'art. 22

Article 22

Le code de la santé publique est ainsi modifié :

1° Après le troisième alinéa de l'article L. 1331-1, est inséré l'alinéa suivant :

« La commune peut fixer des prescriptions techniques pour la réalisation des raccordements des immeubles aux égouts. » ;

2° A l'article L. 1331-4, la dernière phrase est remplacée par les dispositions suivantes :

« Ils doivent être maintenus en bon état de fonctionnement par les propriétaires. La commune en contrôle la qualité d'exécution et peut également contrôler leur maintien en bon état de fonctionnement. » ;

3° L'article L. 1331-10 est remplacé par les dispositions suivantes :

« Art. L. 1331-10. - Tout déversement d'eaux usées autres que domestiques dans le réseau public de collecte doit être préalablement autorisé par la collectivité assurant la collecte à l'endroit du déversement.

« L'autorisation ne peut être délivrée qu'après avis des collectivités intervenant en aval dans la collecte, le transport et l'épuration des eaux, ainsi que l'élimination des boues. À défaut de réponse dans un délai de deux mois, l'avis est réputé favorable.

« L'autorisation fixe notamment sa durée, les caractéristiques que doivent présenter les eaux usées pour être déversées et, en tant que de besoin, les conditions de surveillance.

« L'autorisation peut être subordonnée à la participation de l'auteur du déversement aux dépenses de premier établissement entraînées par la réception de ces eaux.

« Cette participation s'ajoute, le cas échéant, aux redevances mentionnées à l'article L. 2224-12-2 du code général des collectivités territoriales et aux sommes pouvant être dues par les intéressés au titre des articles L. 1331-2, L. 1331-3, L. 1331-6, L. 1331-7 et L. 1331-8 du présent code. » ;

4° L'article L. 1331-11 est remplacé par les dispositions suivantes :

« Art. L. 1331-11. - Les agents du service d'assainissement ont accès aux propriétés privées :

« 1° Pour l'application des articles L. 1331-4 et L. 1331-6 ;

« 2° Pour assurer le contrôle des installations d'assainissement non collectif ;

« 3° Pour assurer l'entretien des mêmes installations si la commune a décidé sa prise en charge par le service ;

« 4° Pour assurer le contrôle des déversements d'eaux usées autres que domestiques.

« En cas d'obstacle mis à l'accomplissement des missions visées aux 1°, 2° et 4° du présent article, l'occupant est astreint au paiement de la somme définie à l'article L. 1331-8, dans les conditions prévues par cet article. »

M. le président. Je suis saisi de trois amendements faisant l'objet d'une discussion commune.

L'amendement n° 562, présenté par M. Raoult, Mme Bricq, M. Collombat, Mme Alquier, MM. Pastor,  Piras,  Lejeune et  Trémel, Mme Herviaux, MM. Cazeau,  Dauge et  Peyronnet, Mme Y. Boyer, MM. Repentin,  Lise,  Marc,  Le Pensec,  Domeizel et  Roujas, Mme M. André, MM. S. Larcher,  Guérini et les membres du groupe Socialiste, est ainsi libellé :

Rédiger comme suit le texte proposé par le 1° de cet article pour insérer un alinéa après le troisième alinéa de l'article L. 1331-1 du code de la santé publique :

« La commune peut fixer des prescriptions techniques pour la réalisation ou la mise en conformité des raccordements des immeubles aux égouts ou des installations autonomes. »

La parole est à M. Pierre-Yves Collombat.

M. Pierre-Yves Collombat. Le projet de loi prévoit que la commune peut fixer des prescriptions techniques pour la réalisation des raccordements des immeubles aux égouts. Le présent amendement a pour objet d'ajouter la précision « ou des installations autonomes ». En effet, désormais les collectivités sont chargées du service d'assainissement non collectif. Il est donc judicieux de leur permettre de fixer ces prescriptions techniques. Dans la mesure où la compétence « assainissement » peut être transmise à d'autres organismes, notamment intercommunaux, il serait peut-être bon de le prévoir d'ores et déjà.

M. le président. Les deux amendements suivants sont identiques.

L'amendement n° 40 est présenté par M. Sido, au nom de la commission des affaires économiques.

L'amendement n° 126 est présenté par M. Jarlier, au nom de la commission des lois.

Ces deux amendements sont ainsi libellés :

A la fin du texte proposé par le 1° de cet article pour insérer un alinéa après le troisième alinéa de l'article L. 1331-1 du code de la santé publique, remplacer les mots :

aux égouts

par les mots :

au réseau public de collecte des eaux usées

La parole est à M. le rapporteur, pour présenter l'amendement n° 40.

M. Bruno Sido, rapporteur. Il s'agit d'un amendement rédactionnel.

M. le président. La parole est à M. Pierre Jarlier, rapporteur pour avis, pour défendre l'amendement n° 126.

M. Pierre Jarlier, rapporteur pour avis de la commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du règlement et d'administration générale. Il est défendu, monsieur le président.

M. le président. Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° 562 ?

M. Bruno Sido, rapporteur. Des textes réglementaires précisant les prescriptions que doivent respecter les installations d'assainissement non collectif existent déjà, notamment dans le code de l'urbanisme. Aussi ne semble-t-il pas nécessaire de reconnaître aux communes le pouvoir de fixer de telles prescriptions. Par conséquent, la commission émet un avis défavorable.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 562, ainsi que sur les amendements identiques nos 40 et 126 ?

M. Serge Lepeltier, ministre. Aux termes de l'amendement n° 562, la commune pourra définir des prescriptions techniques, notamment dans le cas où la filière classique de traitement par fosse septique suivi d'épandage n'est pas adaptée. Ces prescriptions pourraient d'ailleurs comporter une étude de sol. Il est vrai que cette précision peut être ajoutée à l'article L. 1331-1 du code de la santé publique. Je tiens à rappeler que le code de l'urbanisme permet déjà au maire de fixer des prescriptions pour l'assainissement non collectif, notamment dans les plans locaux d'urbanisme. Le Gouvernement s'en remet donc à la sagesse de la Haute Assemblée, même si j'ai noté que la commission avait émis un avis défavorable.

Les amendements identiques nos 40 et 126 sont rédactionnels et apportent une clarification : avis favorable.

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 562.

(L'amendement n'est pas adopté.)

M. le président. Je mets aux voix les amendements identiques nos 40 et 126.

(Les amendements sont adoptés.)

M. le président. Je suis saisi de deux amendements faisant l'objet d'une discussion commune.

L'amendement n° 232, présenté par MM. Bertaud,  Doublet et  Fouché, est ainsi libellé :

Rédiger comme suit le texte proposé par le 2° de cet article pour remplacer la dernière phrase de l'article L. 1331-4 du code de la santé publique :

« Ils doivent être maintenus en bon état de fonctionnement par les propriétaires, sous le contrôle du service d'assainissement communal ou intercommunal qui peut également vérifier la qualité d'exécution des ouvrages. »

La parole est à M. Claude Bertaud.

M. Claude Bertaud. Cet amendement, qui rejoint l'amendement n° 562, vise à prendre en compte toutes les personnes publiques, structures intercommunales, syndicats mixtes ou leurs établissements publics, voire les régies, qui pourraient avoir la charge du service d'assainissement. Il tend également à mieux définir les attributions du maire, au titre de son pouvoir de police en matière de salubrité, et du service d'assainissement.

Je souhaite souligner que, dans le cadre des transferts de compétences, les établissements publics sont automatiquement concernés, et pas essentiellement les communes.

M. le président. L'amendement n° 645, présenté par M. Raoult, Mme Bricq, M. Collombat, Mme Alquier, MM. Pastor,  Piras,  Lejeune et  Trémel, Mme Herviaux, MM. Cazeau,  Dauge et  Peyronnet, Mme Y. Boyer, MM. Repentin,  Lise,  Marc,  Le Pensec,  Domeizel et  Roujas, Mme M. André, MM. S. Larcher,  Guérini et les membres du groupe Socialiste, est ainsi libellé :

Dans la seconde phrase du texte proposé par le 2° de cet article pour remplacer la dernière phrase de l'article L. 1331-4 du code de la santé publique, après les mots :

La commune

insérer les mots :

où l'établissement public compétent en assainissement collectif.

La parole est à Mme Nicole Bricq.

Mme Nicole Bricq. Cet amendement est dans la droite ligne de l'amendement n° 562, présenté précédemment.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Bruno Sido, rapporteur. La précision que tendent à apporter les amendements nos 232 et 645, comme d'ailleurs un certain nombre d'amendements qui seront examinés ultérieurement, est superfétatoire dans la mesure où la référence opérée dans les textes à la commune vaut également, en application des articles L. 5111-1 et suivants du code général des collectivités territoriales, si celle-ci a décidé de transférer sa compétence pour les établissements intercommunaux concernés. Par conséquent, la commission demande aux auteurs de ces amendements de bien vouloir les retirer ; à défaut, elle émettra un avis défavorable.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Serge Lepeltier, ministre. L'amendement n° 232 introduit une imprécision dans le domaine du transfert de compétences des communes et du pouvoir de police dévolu au maire. Ce transfert de compétences est déjà strictement régi par le cadre juridique du code général des collectivités territoriales, complété récemment par la loi du 13 août 2004. Le Gouvernement émet donc un avis défavorable.

Concernant l'amendement n° 645, le code général des collectivités territoriales précise déjà des possibilités de transfert de la compétence « assainissement » d'une commune à un établissement public de coopération intercommunale. La précision que vous souhaitez introduire, madame Bricq, n'a donc pas besoin d'être apportée de nouveau. Par conséquent, je vous demande de bien vouloir retirer votre amendement.

M. le président. Monsieur Bertaud, l'amendement n° 232 est-il maintenu ?

M. Claude Bertaud. Puisque vous me dites que les intercommunalités sont concernées, je retire cet amendement. Je suis surpris que nous n'ayons pas relevé ce point car les juristes de la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies, la FNCCR, avaient attiré notre attention sur ce problème, en présence de M. Raoult.

M. le président. L'amendement n° 232 est retiré.

Je mets aux voix l'amendement n° 645.

(L'amendement n'est pas adopté.)

M. le président. Je suis saisi de deux amendements faisant l'objet d'une discussion commune.

L'amendement n° 233, présenté par MM. Bertaud,  Doublet et  Fouché, est ainsi libellé :

Après le 2° de cet article, insérer deux alinéas ainsi rédigés :

...°  L'article L.1331-6 est rédigé comme suit :

« Art. L. 1331-6 - Lorsque le propriétaire ne respecte pas les obligations édictées aux articles L.1331-1, L.1331-4 ou L.1331-5, le service d'assainissement communal ou intercommunal le met en demeure de procéder aux travaux nécessaires dans un délai déterminé. Faute par le propriétaire de se conformer à cette mise en demeure, le service d'assainissement communal ou intercommunal peut exécuter d'office les travaux, y compris la construction de nouvelles installations lorsqu'elles n'existent pas, après y avoir été autorisé par un arrêté de l'autorité exerçant les pouvoirs de police en matière d'assainissement sur le territoire de la commune. Cette autorité se prononce en tenant compte du risque de pollution et d'atteinte à la salubrité publique. Les dépenses correspondant aux travaux exécutés d'office sont mises à la charge du propriétaire et recouvrées comme en matière de contributions directes. »

La parole est à M. Claude Bertaud.

M. Claude Bertaud. Cet amendement vise à définir la procédure applicable aux propriétaires qui, lorsque leurs installations ne sont pas aux normes, sont tenus de se raccorder au réseau de collecte des eaux usées.

Il apporte également des précisions importantes sur les rôles dévolus au service d'assainissement et au maire, notamment en ce qui concerne les risques de pollution et d'atteinte à la salubrité publique.

M. le président. L'amendement n° 647, présenté par M. Raoult, Mme Bricq, M. Collombat, Mme Alquier, MM. Pastor,  Piras,  Lejeune et  Trémel, Mme Herviaux, MM. Cazeau,  Dauge et  Peyronnet, Mme Y. Boyer, MM. Repentin,  Lise,  Marc,  Le Pensec,  Domeizel et  Roujas, Mme M. André, MM. S. Larcher,  Guérini et les membres du groupe Socialiste, est ainsi libellé :

Compléter cet article par quatre alinéas ainsi rédigés :

5° L'article L. 1331-6 est ainsi rédigé :

« Art. L. 1331-6 - Faute par le propriétaire de respecter les obligations édictées aux articles L. 1331-4 et L. 1331-5, le maire et l'autorité en charge du service public d'assainissement collectif peuvent par arrêté conjoint, après mise en demeure, procéder d'office et aux frais de l'intéressé aux travaux indispensables.

« Pareillement, en cas de risque de pollution ou d'atteinte à la salubrité publique, faute par le propriétaire de respecter les obligations résultant du quatrième alinéa de l'article L. 1331-1, le maire et l'autorité en charge du service public d'assainissement non collectif peuvent par arrêté conjoint, après mise en demeure, procéder d'office aux travaux indispensables pour mettre en conformité ces installations ou, lorsque ces dernières n'existent pas, les faire construire. 

« Les travaux visés ci-avant, réalisés d'office, sont effectués par le service. »

La parole est à Mme Nicole Bricq.

Mme Nicole Bricq. Il est défendu, monsieur le président.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Bruno Sido, rapporteur. Les précisions que tend à apporter l'amendement n° 233, s'agissant de la procédure de contrainte applicable aux propriétaires s'abstenant de se raccorder au réseau de collecte des eaux usées, ne paraissent pas indispensables au regard de la rédaction actuelle de l'article L. 1331-6 du code général des collectivités territoriales. La commission s'en remet, par conséquent, à la sagesse de notre assemblée. Il en est de même pour l'amendement n° 647.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Serge Lepeltier, ministre. Il s'agit du transfert de compétences des communes et du pouvoir de police dévolu au maire. Ce transfert de compétences est déjà strictement régi par le cadre juridique du code général des collectivités territoriales, complété par la loi du 13 août 2004. Par conséquent, le Gouvernement émet un avis défavorable sur ces deux amendements.

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 233.

(L'amendement n'est pas adopté.)

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 647.

(L'amendement n'est pas adopté.)

M. le président. Je suis saisi de cinq amendements faisant l'objet d'une discussion commune.

L'amendement n° 227 rectifié, présenté par Mme Sittler, MM. Richert,  Bertaud,  Béteille,  Cambon,  Grignon,  Pierre et  Vasselle, est ainsi libellé :

Après le 2° de cet article, insérer six alinéas ainsi rédigés :

...° Après l'article L. 1331-9, est inséré un article ainsi rédigé :

« Art. L. ... - A compter du 1er janvier 2007, toute promesse de vente, ou à défaut, tout acte authentique de vente de tout ou partie d'immeuble non collectif à usage d'habitation à un acquéreur non professionnel doit être accompagnée d'une attestation relative à la conformité des installations d'évacuation ou d'épuration des eaux usées de l'immeuble.

« Dans le cas d'un immeuble raccordé à l'égout, l'attestation doit comporter une comparaison des caractéristiques du raccordement aux prescriptions techniques applicables et doit préciser, le cas échéant, les travaux à réaliser.

« Dans le cas d'un immeuble doté d'une installation d'assainissement non collectif, l'attestation doit comporter une comparaison des caractéristiques de l'installation aux prescriptions techniques applicables et précise, le cas échéant, les travaux à réaliser.

« L'attestation doit être établie moins de trois mois avant la date de la promesse de vente ou de l'acte authentique de vente par le service d'assainissement territorialement compétent pour réaliser le contrôle.

« L'attestation est délivrée à titre gratuit lorsque l'installation a déjà fait l'objet d'un contrôle datant de moins de quatre ans par ce service. Dans le cas contraire, le contrôle est réalisé aux frais du vendeur. »

La parole est à Mme Esther Sittler.

Mme Esther Sittler. Cet amendement a pour objet, d'une part, d'améliorer la qualité de l'environnement en s'assurant de la conformité des installations d'assainissement au moment des ventes d'immeubles et, d'autre part, de protéger les acheteurs non professionnels de maisons individuelles contre le risque d'avoir à financer des travaux importants d'assainissement dont ils n'auraient pas été informés.

Il permettrait aussi d'éviter tout contentieux à l'égard des communes et des EPCI, qui sont tenus de contrôler la conformité des installations.

Les immeubles d'habitation collectifs sont exclus du champ d'application du dispositif que je propose car, d'une part, il ne semble pas opportun de vérifier la conformité de l'assainissement lors de la vente de chaque appartement et, d'autre part, il apparaît que les services d'assainissement rencontrent peu de difficultés pour accéder à ces immeubles collectifs par rapport aux immeubles individuels.

Cet amendement vise aussi bien l'assainissement collectif que l'assainissement non collectif.

J'ai fixé le délai d'établissement de l'attestation à trois mois, afin de permettre à l'acquéreur d'avoir un état à jour des installations ; un an me semble un peu long.

Cet amendement prévoit, enfin, si les installations ont été contrôlées depuis moins de quatre ans au moment de la vente, que le contrôle lié à la délivrance de l'attestation précitée est effectué gratuitement.

M. le président. L'amendement n° 561, présenté par M. Raoult, Mme Bricq, M. Collombat, Mme Alquier, MM. Pastor,  Piras,  Lejeune et  Trémel, Mme Herviaux, MM. Cazeau,  Dauge et  Peyronnet, Mme Y. Boyer, MM. Repentin,  Lise,  Marc,  Le Pensec,  Domeizel et  Roujas, Mme M. André, MM. S. Larcher,  Guérini et les membres du groupe Socialiste, est ainsi libellé :

Compléter in fine cet article par cinq alinéas ainsi rédigés :

5° Après l'article L. 1331-11, il est inséré un article ainsi rédigé :

« Art. L. ... - A compter du 1er janvier 2007, toute promesse de vente, ou à défaut de promesse, tout acte authentique de vente de tout ou partie d'immeuble non collectif à usage d'habitation à un acquéreur non professionnel comprend une attestation relative à la conformité des installations d'évacuation ou d'épuration des eaux usées de l'immeuble.

« Dans le cas d'un immeuble raccordé à l'égout, l'attestation compare les caractéristiques du raccordement aux prescriptions techniques applicables, et précise s'il y a lieu les travaux à réaliser.

« Dans le cas d'un immeuble doté d'un assainissement autonome, l'attestation compare les caractéristiques de l'installation aux prescriptions techniques applicables, et précise s'il y a lieu les travaux à réaliser.

« L'attestation doit avoir été établie depuis moins de trois mois à la date de la promesse de vente ou de l'acte authentique de vente, par le service d'assainissement territorialement compétent pour réaliser le contrôle. L'attestation est fournie gratuitement lorsque l'installation a été contrôlée par ce service depuis moins de quatre ans. Dans les autres cas, le coût du contrôle est à la charge du vendeur. »

La parole est à Mme Nicole Bricq.

Mme Nicole Bricq. Cet amendement a un double objet : améliorer la qualité de l'environnement en vérifiant la conformité des installations d'assainissement au moment des ventes d'immeubles ; protéger les acheteurs non professionnels de maisons individuelles contre le risque d'avoir à financer des travaux importants d'assainissement dont ils n'auraient pas été préalablement informés.

Je sais que des communes importantes demandent déjà, par arrêté, que toute transmission de bien immobilier soit assortie de ces conditions.

Il s'agirait en somme - et M. le rapporteur présentera ultérieurement un amendement qui va dans ce sens - d'appliquer une législation du type de celle qui concerne l'amiante, les termites ou le plomb.

M. Michel Esneu. Cela n'a rien à voir !

M. le président. Les deux amendements suivants sont identiques.

L'amendement n° 44 est présenté par M. Sido, au nom de la commission des affaires économiques.

L'amendement n° 127 est présenté par M. Jarlier, au nom de la commission des lois.

Ces deux amendements sont ainsi libellés :

Compléter cet article par deux alinéas ainsi rédigés :

... ° Après l'article L. 1331-11, il est inséré un article L. 1331-11-1 ainsi rédigé :

« Art. L. 1331-11-1. - Toute promesse de vente, tout acte authentique de vente de tout ou partie d'un immeuble à usage d'habitation à un acquéreur non professionnel comprend un diagnostic du respect par cet immeuble ou cette partie d'immeuble des prescriptions techniques applicables aux installations d'assainissement non collectif. Ce diagnostic doit avoir été établi depuis moins d'un an à la date de la promesse de vente ou de l'acte authentique de vente. »

La parole est à M. le rapporteur, pour présenter l'amendement n° 44.

M. Bruno Sido, rapporteur. Il s'agit d'améliorer l'information des acquéreurs non professionnels de biens immobiliers à usage d'habitation s'agissant de la conformité aux normes en vigueur des dispositifs d'assainissement non collectif que peuvent comporter ces immeubles. A cet effet, cet amendement tend à obliger tout vendeur de tels biens immobiliers à produire un diagnostic certifiant l'état des installations d'assainissement autonome. Des enquêtes récentes montrent en effet que la moitié d'entre elles ne respectent pas les normes en vigueur.

M. le président. L'amendement n° 44 est assorti de deux sous-amendements.

Le sous-amendement n° 212 rectifié, présenté par M. Dubois et les membres du groupe Union centriste-UDF, est ainsi libellé :

Compléter la première phrase du texte proposé par l'amendement n° 44 pour l'article L. 1331-11-1 du code de la santé publique par les mots :

et leurs coûts de mise aux normes ou un certificat de raccordement au réseau collectif

La parole est à M. Daniel Soulage.

M. Daniel Soulage. La commission des affaires économiques propose un amendement auquel nous ne pouvons que souscrire puisque ce dernier vise à obliger les vendeurs d'immeubles à usage d'habitation à produire à tout acquéreur non professionnel un diagnostic certifiant le respect par l'immeuble de la réglementation relative à l'assainissement non collectif. Comme l'indique le rapporteur, cet amendement permet d'informer les acquéreurs sur l'état des installations autonomes des immeubles.

Nous proposons, par le présent sous-amendement, deux précisions utiles pour améliorer l'information des acquéreurs

Il s'agit, d'une part, de compléter la rédaction de l'amendement présenté par la commission des affaires économiques en prévoyant que le diagnostic doit être accompagné du coût estimé de la mise aux normes éventuelle des installations autonomes.

Il s'agit, d'autre part, de compléter ce dispositif en prévoyant une information similaire en cas d'installations rattachées aux réseaux collectifs.

En effet, selon l'article L. 1331-1 du code de la santé publique, les immeubles à usage d'habitation doivent être raccordés au réseau collectif d'assainissement de la commune dans le délai de deux ans à compter de la mise en service de l'égout. Or cette obligation n'est pas toujours respectée et cela peut porter préjudice au nouvel acquéreur d'un immeuble qui croit de bonne foi la mise aux normes effectuée.

Au même titre qu'il est informé sur la présence de plomb, d'amiante et de termites, il nous paraît donc nécessaire que le nouvel acquéreur connaisse la situation des installations d'eau ; c'est incontestablement une mesure de santé publique.

M. le président. Le sous-amendement n° 353 rectifié bis, présenté par MM. Doublet,  Branger,  Dulait,  Grignon,  Pintat,  César,  Bertaud,  Belot,  Le Grand,  Girod et  Cambon, est ainsi libellé :

Compléter le texte proposé par l'amendement n° 44 pour l'article L. 1331-11-1 du code de la santé publique par les mots :

, par le service d'assainissement territorialement compétent pour réaliser le contrôle.

La parole est à M. Claude Bertaud.

M. Claude Bertaud. Ce sous-amendement vise à compléter l'amendement n° 44 de la commission des affaires économiques sur la conformité des installations d'assainissement lors de la vente des immeubles, en précisant que le diagnostic doit être réalisé par le service d'assainissement territorialement compétent.

M. le président. La parole est à M. Pierre Jarlier, rapporteur pour avis, pour présenter l'amendement n° 127.

M. Pierre Jarlier, rapporteur pour avis. Cet amendement est identique à l'amendement n° 44 présenté par la commission des affaires économiques.

Il permet d'apporter des garanties supplémentaires aux acquéreurs non professionnels. A cet égard, il convient de rappeler que le coût d'une installation d'assainissement non collectif s'élève à environ 8 000 euros. Notre amendement permet également de faciliter l'exercice de la mission de contrôle des installations d'assainissement non collectif et dévolue aux communes ou aux groupements de collectivités territoriales.

J'ajoute que cette information semble d'autant plus nécessaire que l'acquéreur, s'il ne respecte pas les normes fixées par un arrêté ministériel de 1996, s'expose à des sanctions financières, et à des sanctions pénales s'il provoque des pollutions ou des atteintes à la salubrité publique.

Il y a donc lieu de prévoir que l'acquéreur bénéficie de cette information au moment de la transaction.

M. le président. L'amendement n° 267 rectifié, présenté par MM. Revet,  Grillot,  Ginoux et  Texier, Mmes Henneron,  Rozier et  Gousseau, MM. Juilhard,  Bordier,  Pierre,  J. Boyer et  Cornu, est ainsi libellé :

Compléter cet article par deux alinéas ainsi rédigés :

... ° Après l'article L. 1331-15, il est inséré un article additionnel ainsi rédigé :

« Art. L. ... - Lors de la cession d'un bien immobilier, le propriétaire cédant doit produire le dernier état du contrôle de l'installation d'assainissement non collectif. »

La parole est à M. Charles Revet.

M. Charles Revet. J'ai le sentiment, peut-être à tort, que cet amendement est quelque peu différent. Mais n'étant pas juriste, je souhaite connaître l'avis du ministre et du rapporteur.

Tout à l'heure, il a été fait référence aux termites. Ce qui est demandé, à travers l'expertise, c'est un état des lieux. La présence de termites n'interdit pas la vente du bien.

Or, la plupart des amendements présentés impliquent le respect des normes, donc la mise aux normes avant la vente.

L'amendement que je propose vise simplement à constater la conformité ou la non-conformité de l'installation. Pour les termites ou autres petites bestioles, on s'en tient à ce simple constat. C'est ce qu'il faut faire dans ce cas aussi.

Pourquoi un propriétaire n'aurait-il pas simplement l'obligation d'informer l'acheteur que l'installation n'est pas conforme, ce dernier choisissant éventuellement le type de traitement qui lui convient après la transaction.

Mon amendement tend à un devoir d'information. Il permet à l'acheteur d'acquérir le bien en l'état et de le mettre aux normes comme il l'entend.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Bruno Sido, rapporteur. L'amendement n° 227 rectifié étant satisfait par l'amendement de la commission, je demande à Mme Sittler de bien vouloir le retirer ; à défaut, nous serions obligés d'émettre un avis défavorable.

L'amendement n° 561, présenté par Mme Bricq, a le même objet que celui qui est proposé par la commission, mais semble moins bien adapté. Je demande donc à Mme Bricq de bien vouloir le retirer ; à défaut, la commission émettrait un avis défavorable.

Monsieur le président, je retire l'amendement n° 44 au profit de l'amendement n° 127.

M. le président. L'amendement n° 44 est retiré.

En conséquence, les sous-amendements nos 212 rectifié et 353 rectifié bis n'ont plus d'objet.

Veuillez poursuivre, monsieur le rapporteur.

M. Bruno Sido, rapporteur. Enfin, je demande à M. Revet de bien vouloir retirer l'amendement n° 267 rectifié, qu'il a brillamment défendu ; à défaut, la commission émettra un avis défavorable. En effet, le certificat que nous demandons, par l'amendement n° 127, est un diagnostic - vous avez ceci ou cela, vous avez du diabète ou vous n'en avez pas-, et non pas une attestation de bon fonctionnement. Il faut d'ailleurs bien reconnaître que cela serait impossible. Il suffirait en effet que la vérification soit faite alors que toute la famille soigne sa grippe aux antibiotiques pour que la fosse septique ne fonctionne plus : nul besoin d'être biologiste pour comprendre cela. Si un prélèvement est effectué durant cette période, le dysfonctionnement sera constaté.

Nous souhaitons simplement que l'acquéreur sache si la fosse septique est aux normes ou non. Qu'elle fonctionne ou pas, c'est une autre affaire.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Serge Lepeltier, ministre. Je comprends l'intérêt de ces amendements qui permettent d'effectuer un état de la situation avant la transaction et qui prévoient ou non - je pense à l'amendement de M.  Revet - l'obligation de réaliser les travaux.

Je voudrais simplement attirer l'attention du Sénat sur l'alourdissement progressif des procédures de transfert de propriété et de mutation. On a évoqué les termites ; il y a également l'amiante. A chaque transaction, de plus en plus de documents doivent être produits.

Cela étant dit, je m'en remets à la sagesse du Sénat sur tous ces amendements.

M. Alain Vasselle. C'est sage !

M. le président. Madame Sittler, l'amendement n° 227 rectifié est-il maintenu ?

Mme Esther Sittler. Monsieur le rapporteur, vous estimez que mon amendement est identique au mien. Concernant l'attestation, mon amendement vise à ramener le délai à trois mois ; le vôtre, me semble-t-il, fixe un délai d'un an. Parce qu'il n'y a qu'un écoulement par immeuble, mon amendement prévoit un bilan par immeuble, et non par appartement. Enfin, mon amendement prévoit la gratuité de la vérification de l'installation si cette dernière a fait l'objet d'un contrôle datant de moins de quatre ans. Si vous me rassurez sur ces points, je retire mon amendement.

M. le président. La parole est à M. Pierre Jarlier, rapporteur pour avis.

M. Pierre Jarlier, rapporteur pour avis. Je répondrai d'abord à M. le ministre. Je souhaite maintenir l'amendement de notre commission. Certes, celui-ci tend à introduire des contraintes supplémentaires pour le vendeur, mais l'acquéreur en supportera aussi pour mettre aux normes son installation. Il faut donc que l'acquéreur soit informé au moment de la transaction de la nature des travaux qu'il devra effectuer.

Je voudrais rassurer Mme Sittler.

S'agissant du certificat, le délai de trois mois me semble un peu court, puisque la fréquence des contrôles de conformité va se situer aux alentours d'une année. Il me semble donc que le délai d'un an est tout à fait acceptable.

Par ailleurs, nous préférons prévoir un diagnostic par appartement puisqu'il peut y avoir des ventes partielles, des immeubles peuvent être partagés.

En dehors de ces points, l'amendement de notre commission a le même sens que le vôtre : vous pouvez donc le retirer, madame Sittler.

Par ailleurs, monsieur le président, je profite de ce que j'aie la parole pour dire que si le sous-amendement n° 212 rectifié n'était pas « tombé » du fait du retrait de l'amendement n° 44 j'aurais demandé à M. Dubois d'accepter de le rectifier en supprimant les mots : « leurs coûts de mise aux normes ou » pour ne conserver que les mots : « et un certificat de raccordement au réseau collectif ».

En effet, autant le diagnostic me paraît nécessaire, autant il me semble que le chiffrage de la prestation serait d'abord prohibitif pour l'acquéreur, ensuite et surtout dangereux sur le plan de la sécurité juridique de la vente puisque ce chiffrage pourrait, s'il se révélait faux, être ensuite remis en cause par l'acquéreur.

En revanche, il est intéressant de prévoir la possibilité de présenter un certificat de raccordement au réseau collectif, car cela permettra d'améliorer la connaissance du réseau et de donner une bonne information au futur acquéreur.

Pour reprendre cette partie du sous-amendement de M. Dubois, je modifie l'amendement n° 127 en ajoutant les mots : « ou un certificat de raccordement au réseau collectif » à la fin de la première phrase du texte proposé pour l'article L. 1311-11-1.

M. le président. Je suis donc saisi d'un amendement n° 127 rectifié, présenté par M. Jarlier, au nom de la commission des lois, qui est ainsi libellé :

Compléter cet article par deux alinéas ainsi rédigés :

5° Après l'article L. 1331-11, il est inséré un article L. 1331-11-1 ainsi rédigé :

« Art. L. 1331-11-1. - Toute promesse de vente, tout acte authentique de vente de tout ou partie d'un immeuble à usage d'habitation à un acquéreur non professionnel comprend un diagnostic du respect par cet immeuble ou cette partie d'immeuble des prescriptions techniques applicables aux installations d'assainissement non collectif ou un certificat de raccordement au réseau collectif. Ce diagnostic ou ce certificat doit avoir été établi depuis moins d'un an à la date de la promesse de vente ou de l'acte authentique de vente. »

Madame Sittler, l'amendement n° 227 rectifié est-il maintenu ?

Mme Esther Sittler. Je le retire, monsieur le président.

M. le président. L'amendement n° 227 rectifié est retiré.

La parole est à Mme Nicole Bricq, pour explication de vote sur l'amendement n° 561.

Mme Nicole Bricq. L'échange qui vient de se produire a été utile, et j'observe que tout le monde va dans le même sens.

Comme celui de Mme Sittler, mon amendement était un peu plus sévère puisqu'il prévoyait une attestation établie depuis moins de trois mois, mais le délai proposé par la commission des lois, à l'amendement de laquelle la commission des affaires économiques s'est ralliée, me paraît plus raisonnable. J'estime donc pouvoir retirer mon amendement.

M. le président. L'amendement n° 561 est retiré.

La parole est à M. Charles Revet, pour explication de vote sur l'amendement n° 127 rectifié.

M. Charles Revet. Monsieur le ministre, je partage votre point de vue : on en rajoute en effet tout le temps ! Il y a cependant un « mais », qui n'est d'ailleurs pas forcément négatif : force est de constater que la directive européenne et les avancées que nous faisons dans le cadre du présent projet de loi vont conduire les collectivités à prendre en charge l'assainissement non collectif et le contrôle des installations.

Que la collectivité et l'acheteur d'un immeuble ou d'une partie d'immeuble aient connaissance de la situation de ce dernier en matière d'assainissement me paraît assez logique. Cela étant, et je me tourne vers le rapporteur de la commission des lois puisque le rapporteur de la commission des affaires économiques a retiré son amendement, je voudrais que l'on m'indique si, juridiquement, un diagnostic concluant au non-respect, dans cet immeuble ou dans cette partie d'immeuble, des prescriptions techniques applicables aux installations d'assainissement collectif entraîne obligation pour le vendeur d'avoir une installation aux normes ou si le diagnostic est un simple constat sur l'état de l'installation non collective.

M. le président. La parole est à M. Pierre Jarlier, rapporteur pour avis.

M. Pierre Jarlier, rapporteur pour avis. Monsieur Revet, à l'évidence, il n'y a aucune obligation de disposer d'une installation en conformité pour vendre un immeuble : il s'agit simplement d'assurer l'information de l'acquéreur sur l'état de l'assainissement collectif et, désormais, non collectif au moment de la transaction. Il n'y a donc aucune obligation de procéder à des travaux, si ce n'est qu'ensuite l'acquéreur sera bien amené à les faire. C'est la raison pour laquelle ce dernier doit être informé de l'état de l'installation.

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 127 rectifié.

(L'amendement est adopté.)

M. le président. En conséquence, l'amendement n° 267 rectifié n'a plus d'objet.

L'amendement n° 266, présenté par MM. Revet,  Bailly,  Grillot,  Ginoux et  Texier, Mmes Henneron,  Rozier et  Gousseau, MM. Juilhard,  Bordier,  Pierre et  J. Boyer, est ainsi libellé :

Avant le 3° de cet article, insérer trois alinéas ainsi rédigés :

... ° L'article L. 1331-8 est complété par deux alinéas ainsi rédigés :

« Les propriétaires des installations d'assainissement non collectif présentant des défaillances de fonctionnement pouvant porter atteinte à la salubrité publique ou à l'environnement sont tenus de procéder aux réparations nécessaires dans un délai de deux ans à compter de la notification par le service public d'assainissement non collectif.

« A défaut de réalisation de ces réparations au terme de ce délai, la collectivité peut exiger du propriétaire une taxe d'un montant équivalant à la redevance d'assainissement collectif, majorée dans la limite de 100 % ».

La parole est à M. Charles Revet.

M. Charles Revet. Comme on l'a partout constaté pour l'assainissement collectif, il est probable que certains des propriétaires qui vont désormais devoir mettre aux normes leurs installations d'assainissement autonome n'accepteront pas, par principe ou pour d'autres raisons, de se raccorder.

Pour les installations d'assainissement collectif, la loi prévoit l'assujettissement à la taxe des propriétaires même s'ils ne sont pas raccordés. De la même façon, il faut prévoir des incitations pour les installations autonomes. (Exclamations sur plusieurs travées de l'UMP.) Cela peut en effet paraître un peu fort, mais je ne vois pas comment on pourra imposer aux propriétaires de se mettre aux normes sans prévoir, en parallèle et par assimilation aux règles appliquées à l'assainissement collectif, des pénalités à l'encontre de ceux d'entre eux qui s'y refuseraient.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Bruno Sido, rapporteur. Une telle disposition, qui devrait permettre d'obtenir des propriétaires d'installations d'assainissement autonome qu'ils veillent au bon fonctionnement de celles-ci, semble pleinement utile lorsque l'on sait que 80 % des installations de ce type fonctionnent de façon non satisfaisante.

Toutefois, elle pourrait être perçue comme mettant à la charge de ces propriétaires des obligations très contraignantes. De plus, les propriétaires ne sont pas toujours en mesure de connaître l'état de leurs installations d'assainissement autonome. Et, dans les cas où ils connaîtraient cet état et n'auraient pas fait procéder aux travaux nécessaires, se poseraient des problèmes quant à l'apport, par la collectivité souhaitant les sanctionner, de la preuve de cette connaissance.

Enfin, de même que des bonifications sont versées par l'Agence de l'eau lorsque les stations d'épuration fonctionnent bien, pourquoi ne pas envisager des bonifications si les fosses septiques fonctionnent bien ?

Toutes ces raisons ont conduit la commission à s'en remettre à la sagesse du Sénat.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Serge Lepeltier, ministre. L'amendement proposé aura pour effet d'assortir l'obligation de faire d'un délai alors qu'à ma connaissance aucun délai n'est actuellement fixé.

On peut donc considérer, puisque l'absence de délai signifie que l'application doit être immédiate, qu'il s'agit d'une atténuation de la sévérité du code de la santé publique, mais on peut aussi considérer que la fixation d'un délai éclaircit les choses, raison pour laquelle le Gouvernement s'en remet également à la sagesse du Sénat.

M. le président. La parole est à M. Claude Bertaud, pour explication de vote.

M. Claude Bertaud. Je m'inquiète quelque peu du coût des mises aux normes,...

M. Gérard César. Moi aussi !

M. Claude Bertaud. ...car celui-ci peut tout de même aller de 1 500 à 10 000 euros.

M. Ladislas Poniatowski. Ce sont les prix !

M. Claude Bertaud. Comment les RMIstes et les retraités de ma commune pourront-ils investir de telles sommes ?

M. le président. La parole est à M. Charles Revet, pour explication de vote.

M. Charles Revet. Je comprends l'inquiétude de notre collègue.

J'estime nécessaire de prévoir ce que j'appelle, de façon un peu pudique, des incitations, car on court le risque de voir de nombreux propriétaires ne pas remplir leurs obligations. Autant dès lors ne pas instituer de nouvelles règles !

Il faut donc, par assimilation et dans un certain souci d'équité, étendre à l'assainissement non collectif les règles applicables à l'assainissement collectif. Cependant, je peux envisager de supprimer les mots : « majorée dans la limite de 100 % », car, même sans être doublée, si la taxe exigible par la collectivité pouvait atteindre un montant équivalant à celui de la redevance d'assainissement collectif, elle continuerait à jouer un rôle d'incitation. Il est important qu'il y ait des dispositions à cet égard, sinon ce n'est pas la peine de prévoir une obligation de mise aux normes.

M. le président. La parole est à M. le ministre.

M. Serge Lepeltier, ministre. Nous traitons d'un problème très important : comment faire appliquer une obligation ? Je rappelle que ce problème se pose dans les mêmes termes pour l'assainissement collectif. Or que font aujourd'hui les communes quand un propriétaire ne se raccorde pas à l'assainissement collectif ? Elles doublent la taxe d'assainissement. Sur la durée, les propriétaires concernés perçoivent très bien qu'il vaut mieux investir une somme d'argent un peu plus importante pour faire les travaux plutôt que de subir ce doublement de taxe.

L'amendement de M. Revet me paraît donc cohérent.

M. Gérard César. Mais coûteux !

M. Serge Lepeltier, ministre. Certes, mais il s'agit d'une obligation qui répond à des impératifs de santé publique et de défense de l'environnement. Si une sanction n'intervient pas à un moment donné, cela veut dire que la nuisance à l'environnement est tacitement acceptée, ce qui n'est pas envisageable !

Mme Nicole Bricq. C'est vrai !

M. le président. La parole est à M. Alain Vasselle, pour explication de vote.

M. Alain Vasselle. Je comprends l'objectif de M. Revet et je comprends également que M. le ministre soit sensible à sa proposition et émette un avis favorable,...

M. Serge Lepeltier, ministre. Un avis de sagesse !

M. Alain Vasselle. ...mais je voudrais être certain de faire une bonne lecture du texte.

J'aimerais bien être éclairé, soit par le rapporteur, soit par le ministre, à ce propos, car il me semble qu'actuellement les propriétaires peuvent, si telle est leur volonté, demander à la commune de se substituer à eux pour procéder aux travaux de réhabilitation. Ce n'est donc à mon avis que dans le cas où un propriétaire ne voudrait pas user de cette possibilité que la disposition proposée devrait s'appliquer à lui, car la faculté qui lui est ainsi offerte lui permettrait d'alléger la charge correspondant à l'investissement lourd qu'implique une mise aux normes.

Si la commune décide de mettre en place un schéma pour l'assainissement non collectif, elle a la faculté de se substituer à la totalité des propriétaires sur son territoire pour procéder aux travaux de réhabilitation, ce qui permet de mutualiser le coût en le faisant porter sur l'ensemble de ces propriétaires et évite à ces derniers, notamment à ceux qu'évoquait M. Bertaud, d'être confrontés à une dépense importante liée aux travaux de réhabilitation de leurs propres installations d'assainissement.

Certes, on se heurte alors à une autre difficulté, même s'il me semble que des dispositions prévoient déjà le cas : si les travaux sont considérés comme un service commercial, la commune est tenu de répercuter leur montant uniquement sur ceux qui bénéficient immédiatement dudit service.

On rencontre un problème similaire dans le cadre des intercommunalités : lorsqu'une intercommunalité décide d'assurer une compétence, en application de la réglementation actuelle, elle ne peut répercuter le coût des investissements réalisés dans une commune qu'aux bénéficiaires du service. Elle ne peut donc mutualiser l'ensemble du coût sur la totalité des habitants du territoire de l'intercommunalité parce que ne bénéficient dans un premier temps des travaux que les habitants des communes dans lesquelles ils ont été réalisés.

De ce point de vue, un assouplissement de la réglementation serait donc nécessaire afin que les dispositions que je viens d'évoquer puissent s'appliquer dès le moment où l'intercommunalité s'engage à réaliser des travaux dans toutes les communes situées dans son périmètre.

En tant que président de l'association des maires de mon département, j'ai eu à plusieurs reprises l'occasion de faire « remonter » ces difficultés au niveau de l'Association des maires de France. A chaque fois, il nous a été répondu que la solution devrait être trouvée dans le cadre du futur projet de loi sur l'eau.

C'est ce projet de loi que nous examinons aujourd'hui.

J'estime donc qu'il serait intéressant que nous réglions cette question, sur laquelle nous aurons d'ailleurs l'occasion de revenir puisque plusieurs articles en traitent : il serait bon qu'au fur et à mesure que nous avançons dans l'examen du texte les précisions nécessaires puissent nous être apportées. Nous serions ainsi en mesure de rassurer les maires, et notamment les maires des petites communes rurales, qui appréhendent beaucoup les nouvelles contraintes qui vont s'imposer à eux et les conséquences budgétaires qui en résulteront, soit pour leurs administrés, soit pour leur commune.

M. le président. La parole est à M. le ministre.

M. Serge Lepeltier, ministre. Je souhaite apporter deux précisions.

D'abord, le projet de loi prévoit que les collectivités puissent, à la demande des usagers ou des propriétaires, assurer non seulement l'entretien des installations d'assainissement non collectif, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui, mais également la réalisation des travaux. Il convient de préciser qu'en sa rédaction actuelle le projet de loi n'envisage pas de mutualisation des coûts, mais nous pouvons naturellement en discuter. Je sais d'ailleurs, pour tout vous dire, que c'est une possibilité à laquelle réfléchit actuellement l'Assemblée nationale.

Ensuite, il est important de souligner que, dans la mesure où la mise aux normes d'un assainissement non collectif dans un délai de deux ans peut être coûteuse - mais en cas de non-réalisation la taxe est doublée -, le projet de loi prévoit une aide des agences de l'eau. Il serait intéressant que les agences de l'eau mettent en place une politique précisément pour contribuer à cette mise aux normes.

Je pense avoir ainsi répondu aux différentes interventions. Vous le constatez une fois encore, ce projet de loi devait absolument vous être soumis.

M. le président. La parole est à M. Pierre-Yves Collombat, pour explication de vote.

M. Pierre-Yves Collombat. Je suis tout à fait favorable à cet amendement, qui me paraît cohérent au regard de notre volonté de faire appliquer les textes que nous votons.

Lorsque des conflits de voisinage apparaissent, notamment parce qu'une fosse septique ne fonctionne pas, la responsabilité pénale des maires peut être mise en jeu. Il est bon, par conséquent, de pouvoir prouver que tout a été fait pour mettre un terme à l'atteinte à l'environnement. Ces dispositions nous permettent de sortir du flou artistique qui prévaut trop souvent. Cela me semble très intéressant.

M. le président. La parole est à Mme Evelyne Didier, pour explication de vote.

Mme Evelyne Didier. Monsieur le ministre, l'Assemblée nationale n'est pas la seule à faire des propositions puisque, comme vous le savez, j'en ferai quelques-unes lors de l'examen de l'article 26.

Tous les maires sont préoccupés car ils ne savent pas très bien comment assumer cette compétence qui va leur échoir. Espérons que d'ici à la deuxième lecture nous trouverons des solutions satisfaisantes pour tous.

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 266.

(Après une épreuve à main levée déclarée douteuse par le bureau, le Sénat, par assis et levé, n'adopte pas l'amendement.)

M. le président. Je suis saisi de neuf amendements faisant l'objet d'une discussion commune.

L'amendement n° 265, présenté par MM. Revet,  Bailly,  Grillot,  Ginoux et  Texier, Mmes Henneron,  Rozier et  Gousseau, MM. Juilhard,  Bordier,  Pierre et  J. Boyer, est ainsi libellé :

Rédiger ainsi le texte proposé par le 3° de cet article pour l'article L. 1331-10 du code de la santé publique :

« Art. L. 1331-10 - Tout déversement d'eaux usées autres que domestiques dans le réseau public de collecte doit être préalablement autorisé par la collectivité assurant la collecte à l'endroit du déversement et par la collectivité assurant le traitement et l'élimination des eaux usées et des boues en aval si cette collectivité est différente.

« Si d'autres collectivités assurent un transfert intermédiaire de ces eaux, leur avis est requis.

« A défaut de réponse dans le délai de deux mois, l'autorisation est réputée favorable. Néanmoins, lorsque la collectivité sollicite des informations supplémentaires dans ce délai, celui-ci est prorogé d'un mois.

« Les deux autorisations fixent notamment leur durée, les caractéristiques que doivent présenter les eaux usées pour être déversées et, en tant que de besoin, les conditions de surveillance.

« Toute modification ultérieure dans la nature et/ou la quantité des eaux usées déversées dans le réseau doit fait l'objet des mêmes autorisations et avis que ceux prévus au premier alinéa.

« Les autorisations peuvent être subordonnées à la participation de l'auteur du déversement aux dépenses de premier établissement entraînées par la réception des eaux.

« Cette participation s'ajoute, le cas échéant, aux redevances mentionnées à l'article L. 2224-12-2 du code général des collectivités territoriales et aux sommes pouvant être dues par les intéressés au titre des articles L. 1331-2, L. 1331-3, L. 1331-6, L. 1331-7 et L. 1331-8 du présent code ».

La parole est à M. Charles Revet.

M. Charles Revet. Cet amendement prévoit, en cas de rejet d'eaux usées autres que domestiques dans le réseau public de collecte, de solliciter l'autorisation non seulement du propriétaire du réseau concerné, mais également de la collectivité gestionnaire de la station d'épuration qui va les recevoir. Dans certains cas, en effet, une station d'épuration collecte et traite les eaux de plusieurs syndicats. Or les eaux entrant dans la station peuvent, en fonction de leur nature, entraîner des dysfonctionnements.

M. le président. L'amendement n° 646, présenté par M. Raoult, Mme Bricq, M. Collombat, Mme Alquier, MM. Pastor,  Piras,  Lejeune et  Trémel, Mme Herviaux, MM. Cazeau,  Dauge et  Peyronnet, Mme Y. Boyer, MM. Repentin,  Lise,  Marc,  Le Pensec,  Domeizel et  Roujas, Mme M. André, MM. S. Larcher,  Guérini et les membres du groupe Socialiste, est ainsi libellé :

Rédiger comme suit les trois premiers alinéas du texte proposé par le 3° de cet article pour l'article L. 1331-10 du code de la santé publique :

« Tout déversement d'eaux usées autres que domestiques dans le réseau public de collecte doit être préalablement autorisé par la collectivité ou l'établissement public compétent en assainissement collectif, assurant la collecte à l'endroit du déversement. Ce régime s'applique également aux eaux pluviales autres que celles collectées sur la voirie publique, sauf disposition contraire du règlement de service.

« L'autorisation ne peut être délivrée qu'après avis favorable des collectivités ou des établissements publics compétents en assainissement collectif intervenant en aval dans la collecte, le transport et l'épuration des eaux, ainsi que l'élimination des boues. A défaut de réponse dans un délai d'un mois, l'avis est réputé favorable. L'autorité assurant la collecte à l'endroit du déversement procède à ces consultations dans les plus brefs délais suivant la saisine par le demandeur de l'autorisation de déversement.

« L'autorisation doit préciser la nature et la quantité des effluents rejetés autorisés. Tout changement dans la nature ou la quantité des eaux usées non domestiques rejetées doit faire l'objet d'une nouvelle autorisation. »

La parole est à Mme Nicole Bricq.

Mme Nicole Bricq. Je considère que cet amendement est défendu.

M. le président. L'amendement n° 239, présenté par MM. Bertaud,  Doublet et  Fouché, est ainsi libellé :

Dans le premier alinéa du texte proposé par le 3° de cet article pour l'article L. 1331-10 du code de la santé publique, après les mots :

Tout déversement

insérer les mots :

d'eaux pluviales ou

La parole est à M. Claude Bertaud.

M. Claude Bertaud. Par cet amendement, nous proposons qu'une autorisation soit requise pour le déversement, dans le réseau public de collecte, non seulement des eaux usées, mais également des eaux pluviales. Des abus sont en effet souvent constatés chez des particuliers, qui rejettent délibérément leurs eaux pluviales dans le réseau public de collecte, au détriment de la saine gestion écologique du réseau.

M. Gérard Delfau. Effectivement !

M. le président. Je suis saisi de deux amendements identiques.

L'amendement n° 190 rectifié est présenté par Mme Gourault et les membres du groupe Union centriste-UDF.

L'amendement n° 384 rectifié est présenté par MM. Hérisson,  Béteille et  Murat.

Ces deux amendements sont ainsi libellés :

A la fin du premier alinéa du texte proposé par le 3° de cet article pour l'article L. 1331-10 du code de la santé publique, remplacer les mots :

autorisé par la collectivité assurant la collecte à l'endroit du déversement

par les mots :

autorisé par le maire ou le président d'un établissement public de coopération intercommunale à fiscalité propre assurant conjointement avec les maires des communes membres de celui-ci la collecte à l'endroit du déversement et dans le respect de l'article L. 5211-9-2 du code général des collectivités territoriales.

 

La parole est à Mme Françoise Férat, pour défendre l'amendement n° 190 rectifié.

Mme Françoise Férat. Cet amendement vise à rétablir une précédente rédaction du projet de loi. Il consacre un pouvoir de police spéciale au profit du maire ou du président d'établissement public de coopération intercommunale compétent en matière de collecte des eaux usées à l'endroit où a lieu le déversement. Il clarifie ainsi le débat entre pouvoir de gestion et pouvoir de police en matière d'assainissement. Quand le pouvoir de police en matière d'assainissement est assuré par un groupement de collectivités, il est exercé conjointement par le maire et le président du groupement, conformément à la loi du 13 août 2004 relative aux libertés et responsabilités locales.

M. le président. La parole est à M. Pierre Hérisson, pour présenter l'amendement n° 384 rectifié.

M. Pierre Hérisson. Cet amendement a le même objet que le précédent.

M. le président. L'amendement n° 41, présenté par M. Sido, au nom de la commission des affaires économiques, est ainsi libellé :

Dans la première phrase du deuxième alinéa du texte proposé par le 3° de cet article pour l'article L. 1331-10 du code de la santé publique, remplacer les mots :

ne peut être délivrée qu'après

par les mots :

est délivrée après

La parole est à M. le rapporteur.

M. Bruno Sido, rapporteur. Il s'agit d'un amendement rédactionnel.

M. le président. L'amendement n° 42, présenté par M. Sido, au nom de la commission des affaires économiques, est ainsi libellé :

Dans la première phrase du deuxième alinéa du texte proposé par le 3° de cet article pour l'article L. 1331-10 du code de la santé publique, après le mot :

eaux

insérer le mot :

usées

 

La parole est à M. le rapporteur.

M. Bruno Sido, rapporteur. C'est un amendement de précision.

M. le président. L'amendement n° 240, présenté par MM. Bertaud,  Doublet et  Fouché, est ainsi libellé :

Dans la seconde phrase du deuxième alinéa du texte proposé par le 3° de cet article pour l'article L. 1331-10 du code de la santé publique, remplacer les mots :

deux mois

par les mots :

un mois

La parole est à M. Claude Bertaud.

M. Claude Bertaud. Dans la rédaction de l'article, une autorisation est requise de la collectivité assurant la collecte des eaux usées dans le réseau public. Cette autorisation ne peut être délivrée qu'après avis des collectivités intervenant en aval dans la collecte, pour le transport et le traitement des eaux usées. Un délai de deux mois est requis pour obtenir leur avis.

Le présent amendement prévoit de ramener à un mois le délai accordé aux collectivités chargées du transport et du traitement des eaux usées pour transmettre leur avis à la collectivité responsable de la collecte sur les demandes de déversement d'eaux usées non domestiques.

M. le président. L'amendement n° 43, présenté par M. Sido, au nom de la commission des affaires économiques, est ainsi libellé :

Compléter le troisième alinéa du texte proposé par le 3° de cet article pour l'article L. 1331-10 du code de la santé publique par les mots :

de ces caractéristiques

La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 43 et pour donner l'avis de la commission sur l'ensemble des amendements.

M. Bruno Sido, rapporteur. L'amendement n°43 est un amendement de précision.

Le principal objet de l'amendement n° 265 est louable, car il consiste à requérir, pour tout déversement d'eaux usées autres que domestiques dans le réseau de collecte, l'autorisation de toutes les collectivités concernées au niveau du réseau. Cependant, en requérant une autorisation, et non pas un simple avis, des collectivités situées en aval du point de collecte, il pourrait induire des blocages institutionnels préjudiciables au bon fonctionnement du service. La commission s'en remet donc à la sagesse du Sénat.

Sur l'amendement n° 646, la commission a émis un avis favorable, étant précisé que sa première partie concernant l'autorisation des collectivités intéressées pour tout déversement d'eaux usées non domestiques dans le réseau public de collecte se trouverait satisfaite si l'amendement précédent venait à être adopté, et que sa seconde partie relative à l'extension de l'exigence d'une telle autorisation aux eaux pluviales est couverte par l'amendement suivant dont la rédaction plus concise est peut-être plus satisfaisante d'un point de vue formel.

Concernant l'amendement n° 239, la mesure proposée permettrait très utilement aux collectivités concernées de contrôler les modalités de déversement des eaux pluviales dans les réseaux publics de collecte, ce qu'aucune disposition ne permet en l'état actuel du droit.

L'amendement n° 190 rectifié vise simplement à introduire dans le code de la santé publique une référence à une disposition déjà contenue dans le code général des collectivités territoriales. Il ne semble donc pas très utile. Néanmoins, la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

Il en est de même pour l'amendement n° 384 rectifié.

S'agissant de l'amendement n° 240, la commission estime que ramener à un mois le délai dont disposeraient les collectivités situées en aval du réseau pour donner leur avis sur une nouvelle demande de raccordement audit réseau pour le déversement des eaux usées non domestiques ne leur laisserait pas le temps d'instruire la demande. Ce nouveau délai serait, de surcroît, en décalage avec le principe général selon lequel l'absence de réponse par une autorité administrative ne vaut rejet que passé un délai de deux mois. En conséquence la commission demande aux auteurs de cet amendement de bien vouloir le retirer ; à défaut, elle émettra un avis défavorable.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Serge Lepeltier, ministre. L'amendement n° 265 vise à rendre obligatoire l'autorisation donnée par la collectivité qui assure les traitements des eaux usées pour un déversement non domestique dans le réseau public. C'est effectivement une mesure nécessaire compte tenu des implications, non seulement sur le traitement proprement dit, mais également sur le traitement et la valorisation des boues. C'est la raison pour laquelle j'émets un avis favorable.

L'amendement n° 646 est satisfait par l'amendement n° 265.

Sur l'amendement n° 239, pour les mêmes raisons et compte tenu du fait qu'il faut suivre le déversement des eaux pluviales, j'émets un avis favorable.

Je suis également favorable aux amendements identiques n° S190 rectifié et 384 rectifié, dont la rédaction respecte les termes du code général des collectivités territoriales.

Je suis également favorable aux amendements nos  41, 42 et 43.

L'amendement n° 240 prévoit de ramener à un mois le délai de réponse des collectivités responsables du traitement des eaux usées pour les demandes de raccordement au réseau d'eaux usées non domestiques. Une telle mesure risque, dans de nombreux cas, de poser problème : un délai d'un mois est extraordinairement court au regard des problèmes administratifs qu'une telle demande peut soulever. En outre, cet amendement est incompatible avec l'amendement n° 265. Aussi, j'émets un avis défavorable.

M. le président. La parole est à M. le rapporteur.

M. Bruno Sido, rapporteur. En dernière analyse et après une lecture très attentive, la commission préfère l'amendement n° 265 de M. Revet, dont la rédaction va plus au fond des choses. Par conséquent, elle transforme sans avis de sagesse en avis favorable

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 265.

(L'amendement est adopté.)

M. le président. En conséquence, les amendements nos 646, 239, 190 rectifié, 384 rectifié, 41, 42, 240 et 43 n'ont plus d'objet.

L'amendement n° 223 rectifié, présenté par Mme Sittler, MM. Richert,  Bailly,  Bertaud,  Béteille,  Cambon,  Grignon,  Pierre et  Vasselle, est ainsi libellé :

Compléter cet article par deux alinéas ainsi rédigés :

...° L'article L. 1331-12 est ainsi rédigé :

« Art. L. 1331-12. - Les attributions confiées aux communes par les articles L. 1331-1 à L. 1331-11 peuvent être exercées par les groupements de collectivités territoriales ayant reçu les compétences correspondantes. »

La parole est à Mme Esther Sittler.

Mme Esther Sittler. C'est un amendement purement rédactionnel. Il vise à préciser que les attributions confiées aux communes en matière d'assainissement aux articles L. 1331-1 à L 1331-11 du code de la santé publique peuvent relever de la compétence des groupements de collectivités territoriales concernés.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Bruno Sido, rapporteur. La précision que tend à insérer cet amendement alourdirait le texte du projet de loi sans apporter d'éléments plus utiles que ceux qui y figurent déjà. La référence aux communes s'étend de façon générale et laisse ces dernières libres de déléguer leurs compétences aux groupements de collectivités territoriales, sans qu'il soit besoin de le mentionner explicitement. Comme je l'ai dit tout à l'heure pour un autre amendement, il s'agit d'une précision superfétatoire. Je demande donc le retrait de cet amendement.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Serge Lepeltier, ministre. Le code général des collectivités territoriales précise déjà les possibilités de transfert de compétence « assainissement » d'une commune à un établissement public de coopération intercommunale. Il n'est donc pas nécessaire d'apporter à nouveau cette précision. Je demande le retrait de cet amendement.

M. le président. Madame Sittler, l'amendement n° 223 rectifié est-il maintenu ?

Mme Esther Sittler. Là encore, avant de me prononcer, je demande une explication complémentaire : cela vaut-il même si la compétence est déjà transférée ? (M. le ministre opine.) Dans ces conditions, je retire l'amendement.

M. le président. L'amendement n° 223 rectifié est retiré.

Je mets aux voix l'article 22, modifié.

(L'article 22 est adopté.)

Art. 22
Dossier législatif : projet de loi sur l'eau et les milieux aquatiques
Art. 23

Articles additionnels après l'article 22

M. le président. L'amendement n° 564, présenté par M. Desessard et les membres du groupe Socialiste, apparentés et rattachés, est ainsi libellé :

Après l'article 22, insérer un article additionnel ainsi rédigé :

L'article L. 1321-9 du code de la santé publique est complété par un dernier alinéa ainsi rédigé :

« Les données relatives à la qualité de l'eau brute prélevée dans les milieux naturels à fins de distribution alimentaire font l'objet d'un rapport quinquennal d'évaluation, intégrant notamment le bilan de l'application effective des prescriptions réglementaires de protection édictées en application des articles L. 1321-2 et L. 1321-2-1, dans des conditions fixées par décret. »

 

La parole est à M. François Marc.

M. François Marc. Cet amendement a pour objet d'accroître l'information des consommateurs d'eau et de l'ensemble de la population.

Il existe déjà une réglementation relative aux eaux distribuées et un certain nombre de règles pour favoriser la diffusion la plus large possible de l'information.

L'amendement porte non pas sur les eaux distribuées, mais sur les eaux brutes qui sont prélevées dans les milieux naturels aux fins de distribution alimentaire. Inspirée de directives européennes, la réglementation française définit la teneur des eaux brutes qui sont utilisées pour l'alimentation. Cependant, des dérogations peuvent être accordées pour permettre le prélèvement d'eau brute qui ne serait pas conforme aux conditions exigées, je pense en particulier à la teneur en nitrates qui ne doit pas être supérieure à un certain taux. Ces dérogations posent problème et donnent lieu à de nombreuses discussions.

Pour permettre au débat de s'organiser sur la base la plus claire et la plus transparente possible, cet amendement tend à élargir les dispositions du code de la santé publique à cet égard, en prévoyant la possibilité d'une information sur un délai de cinq ans afin de favoriser la prise de conscience des usagers sur l'intérêt de bénéficier d'une ressource naturelle de qualité.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Bruno Sido, rapporteur. Les dispositions prévues à l'article L. 1321-9 du code de la santé publique en matière d'information et de diffusion de données semblent suffisantes en l'état pour permettre aux particuliers d'être informés de l'évolution de la qualité de l'eau qu'ils consomment. Aussi, la commission émet un avis défavorable.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Serge Lepeltier, ministre. Cet amendement établit une différenciation entre eau brute et eau distribuée.

M. François Marc. C'est exact !

M. Serge Lepeltier, ministre. La réglementation actuelle prévoit, en effet, une communication régulière, aux maires et, par affichage, aux particuliers, des données relatives à la qualité de l'eau distribuée.

L'amendement vise à élargir cette communication, par un rapport quinquennal, aux données relatives à la qualité de l'eau brute prélevée pour la production d'eau potable, ce qui paraît opportun dans le contexte de dégradation continue des ressources en eau. En outre, cet amendement complète les objectifs de résultats inscrits dans le plan national santé environnement pour la protection des captages d'eau potable.

J'attire toutefois votre attention sur le fait que cette disposition alourdirait les procédures et s'ajouterait à d'autres obligations en matière d'information. Les élus que nous sommes savent que les communications régulières sur l'eau distribuée, qui représentent souvent une obligation annuelle pour les conseils municipaux, ne sont pas forcément utilisées par un grand nombre de nos concitoyens.

C'est la raison pour laquelle, tout en reconnaissant que l'objectif visé est positif et louable, le Gouvernement s'en remet à la sagesse de la Haute Assemblée.

M. le président. La parole est à M. François Marc, pour explication de vote.

M. François Marc. Je remercie, monsieur le ministre, de ses explications et de la position qu'il a exprimée.

Je crois pouvoir rassurer en soulignant que, en l'occurrence, il ne s'agirait que d'un rapport quinquennal, ce qui ne serait donc pas de nature à alourdir énormément les procédures. D'autant que les données concernées sont généralement disponibles, les indications recherchées étant obtenues de façon quasi-automatique. Cela n'exigerait donc pas un travail administratif trop lourd.

Un autre argument milite en faveur de notre demande : devant l'extrême sensibilité de nos concitoyens à l'heure actuelle sur cette question de l'eau, le fait de pouvoir diffuser cette information régulièrement, en l'occurrence tous les cinq ans, permettrait de montrer que la situation progresse et apporterait des encouragements.

Telle est la raison pour laquelle il nous semble légitime de maintenir cet amendement.

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 564.

(L'amendement n'est pas adopté.)

M. le président. Mes chers collègues, nous allons maintenant interrompre nos travaux ; nous les reprendrons à vingt et une heures quarante-cinq.

La séance est suspendue.

(La séance, suspendue à dix-neuf heures quarante, est reprise à vingt et une heures quarante-cinq.)

M. le président. La séance est reprise.

Nous poursuivons la discussion du projet de loi sur l'eau et les milieux aquatiques.

Dans la discussion des articles, nous en sommes parvenus à l'amendement n° 268 rectifié tendant à insérer un article additionnel après l'article 22.

Articles additionnels après l'article 22 (Suite)

M. le président. L'amendement n° 268 rectifié, présenté par MM. Revet,  Grillot,  Ginoux et  Texier, Mmes Henneron,  Rozier et  Gousseau, MM. Juilhard,  Bordier,  Pierre et  J. Boyer, est ainsi libellé :

Après l'article 22, insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Après l'article L. 2224-10-1 du code de la santé publique, il est inséré un article additionnel ainsi rédigé :

« Art. L. ... - Le propriétaire procédant à l'installation ou à la réhabilitation d'un ouvrage d'assainissement non collectif doit procéder à une étude pédologique préalable.

« Lorsque la maîtrise d'ouvrage relève de la commune dans les conditions définies à l'avant-dernier alinéa de l'article L. ... (Cf. amendement n° 276), l'étude pédologique est à la charge de la commune. »

La parole est à M. Charles Revet.

M. Charles Revet. C'est un amendement de bon sens.

On peut faire des installations d'assainissement autonome, mais encore faut-il que cela fonctionne : il faut donc être certain que le terrain se prête à l'évacuation de l'eau. Il suffit de réaliser quelques travaux de carottage pour connaître la nature du sol et s'assurer que celui-ci acceptera bien l'eau qui lui sera restituée à la sortie de l'installation. Je me suis d'ailleurs souvent demandé si la notion de conformité ne devait pas s'appliquer davantage au rejet qu'à l'installation elle-même.

Dans l'intérêt du particulier qui va procéder à l'installation et de la collectivité qui en aura ensuite la responsabilité, il faut prévoir une étude pédologique préalable, car il serait dommage d'engager d'importants investissements pour aboutir in fine à un dysfonctionnement.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Bruno Sido, rapporteur. Cet amendement est marqué au coin du bon sens.

Procéder à une étude pédologique n'est pas chose aisée, mais c'est très instructif. Car on voit trop d'assainissements autonomes bien conçus, mais dont le champ d'épandage est complètement étanche, et cela ne fonctionne pas. Or une simple étude pédologique préalable aurait démontré ce dysfonctionnement. Une telle disposition responsabiliserait le propriétaire.

Dans ces conditions, la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Serge Lepeltier, ministre. Je plaide toujours en faveur du bon sens, monsieur le sénateur, mais je m'aperçois qu'il faut parfois clarifier cette notion.

La filière d'assainissement non collectif classique par fosse sceptique suivi d'épandage est adaptée dans une très grande majorité de cas ; je dirais même que, par rapport à des systèmes de traitement collectif beaucoup plus coûteux, il faut souvent la favoriser.

Toutefois, il n'est pas souhaitable de systématiser l'obligation de procéder à une étude de sol préalable. Cela entraînerait, d'une manière générale, des dépenses inutiles.

Si la filière classique s'avère inadaptée, la commune peut fixer des prescriptions techniques quant au système de traitement autonome dans l'établissement de son zonage.

Par votre amendement, vous souhaitez, monsieur Revet, systématiser l'étude de sol, alors qu'elle n'est pas toujours nécessaire, ce qui est extrêmement lourd et risque d'être coûteux. Or, je le répète, lorsque les caractéristiques du sol sont incertaines, la commune peut parfaitement fixer des prescriptions techniques pour répondre à l'obligation de réaliser une étude de sol.

Dans ces conditions, le Gouvernement émet un avis défavorable sur cet amendement.

M. le président. La parole est à M. Alain Vasselle, pour explication de vote.

M. Alain Vasselle. Pour ma part, je suis plutôt favorable à cet amendement pour les raisons suivantes.

Je suis président d'une communauté de communes ; nous avons compétence en la matière. De fait, l'installation se passe comme vous l'avez indiqué, monsieur le ministre. Grâce à Martine Aubry qui a créé les emplois-jeunes, je supporte intégralement le coût du salaire de l'agent que j'emploie pour vérifier ces travaux, car l'Etat ne compense pas la charge que cela représente. (Protestations sur les travées du groupe socialiste.)

Mme Evelyne Didier. Que fait l'Etat ?

M. Alain Vasselle. Il est toujours difficile pour vous d'entendre de tels propos, mes chers collègues, mais il est bon de le rappeler de temps en temps ! Lorsque les socialistes ont transféré cette charge aux collectivités, ils n'ont pas pensé à la compenser ! Or, aujourd'hui, vous êtes les premiers à monter au créneau pour dire que nous ne compensons pas les compétences que nous transférons aux collectivités locales, alors qu'une réforme constitutionnelle a été engagée entre-temps.

M. Claude Domeizel. Ce n'est pas pareil !

M. Alain Vasselle. Je reviens au sujet qui nous occupe.

Pour ce qui concerne l'installation d'un ouvrage d'assainissement non collectif, la procédure est systématique ; en revanche, s'agissant de la réhabilitation, elle ne l'est pas.

En ma qualité de maire, j'ai été confronté à ce cas de figure. Un habitant de ma commune a réhabilité une installation. Lorsque j'ai voulu demander à l'agent d'aller vérifier l'installation, on m'a répondu que les textes ne permettaient pas de le faire. Autant on peut vérifier qu'une installation est bien conforme aux normes, autant, en cas de réhabilitation, le propriétaire doit faire une déclaration et l'on se fie à sa bonne foi.

Monsieur le ministre, vous avez apporté certains éclairages sur la manière dont le système doit fonctionner. Dans ce cas, je vais contacter le préfet et la DDASS de mon département pour leur dire, m'appuyant sur vos déclarations, que le maire peut fixer des prescriptions spéciales en matière d'étude de sol lorsqu'il s'agit d'une réhabilitation.

Je souhaiterais donc que vous me confirmiez, monsieur le ministre, que je pourrai entrer chez le particulier pour vérifier que son installation est conforme aux normes.

J'ai cité cet exemple, car de nombreux maires sont confrontés à cette situation, notamment en milieu rural.

M. le président. La parole est à M. le ministre.

M. Serge Lepeltier, ministre. Je comprends bien vos arguments, monsieur Vasselle, mais il faut savoir que les communes réalisent des zonages. Le plus souvent, on connaît donc les terrains. (M. Charles Revet fait un signe de dénégation.) Pas toujours, mais le plus souvent, monsieur le sénateur ! Dans ma région, par exemple, le terrain est calcaire. Or on sait ce qu'il faut faire sur un tel terrain : il faut prévoir un certain type de fosse sceptique et d'assainissement non collectif. Dans ces conditions, pourquoi demander systématiquement une étude de sol ? La mesure proposée entraînerait donc des coûts absolument inutiles.

Lorsqu'une étude est indispensable, je le répète, le maire peut prévoir des prescriptions en la matière.

Monsieur Vasselle, permettez-moi de vous dire que vous n'êtes pas tout à fait en cohérence avec vos propos habituels : vous prônez systématiquement l'allégement - souvent à juste titre, d'ailleurs - des charges et une simplification des procédures.

Or, dans ce cas précis, nous allons vraiment compliquer la procédure, alors que ce n'est pas indispensable. Je reprends souvent vos propos, et je crains que certains services de l'Etat ne veuillent se couvrir ; les études systématiques ne seront que des petits papiers qui seront facturés.

M. Alain Vasselle. Je suis d'accord avec vous sur ce point, monsieur le ministre !

M. le président. La parole est à M. Charles Revet.

M. Charles Revet. Monsieur le ministre, il s'agit simplement de réaliser quelques travaux de carottage pour déterminer la nature du sol. Il sera plus coûteux, me semble-t-il, pour le particulier de refaire l'installation qu'il aura réalisée, mais qui ne fonctionnera pas.

Quoi qu'il en soit, je n'insisterai pas, monsieur le ministre, je retire mon amendement ; nous y reviendrons peut-être plus tard...

M. le président. L'amendement n° 268 rectifié est retiré.

Art. additionnels après l'art. 22
Dossier législatif : projet de loi sur l'eau et les milieux aquatiques
Art. additionnel après l'art. 23

Article 23

Il est créé, au chapitre III du titre III du livre III de la deuxième partie du code général des collectivités territoriales, une section 14 intitulée : « Taxe pour la collecte, le stockage et le traitement des eaux pluviales et de ruissellement », comprenant deux articles L. 2333-92 et L. 2333-93 ainsi rédigés :

« Art. L. 2333-92. - Les collectivités territoriales ou leurs groupements qui ont réalisé ou réalisent des installations destinées à assurer la collecte, le transport, le stockage et le traitement des eaux pluviales et de ruissellement, peuvent instituer une taxe annuelle ayant pour assiette le volume maximal des eaux susceptibles de pénétrer dans ces installations par des branchements, perçue auprès des propriétaires de ces branchements. Il est tenu compte des caractéristiques des branchements, de la superficie et de la nature des terrains et des bâtiments dont proviennent les eaux, ainsi que de l'existence d'aménagements ou d'équipements en limitant le volume.

« Le taux est institué par délibération de l'assemblée délibérante de la collectivité territoriale ou du groupement dans la limite de 0,30 € par m3.

« La taxe est assise, liquidée et recouvrée par la collectivité territoriale, par le groupement ou, par délégation de l'assemblée délibérante, par le délégataire du service et, à défaut, par le représentant de l'Etat dans le département, selon les mêmes garanties et sanctions qu'en matière d'impôt direct.

« Art. L. 2333-93. - Le produit de la taxe est affecté à la création, à l'exploitation, au renouvellement, à l'extension des installations de collecte, de transport, de stockage et de traitement des eaux pluviales et de ruissellement et à l'entretien de ces ouvrages.

« Un décret en Conseil d'État précise, en tant que de besoin, les conditions d'application de la présente section. »

M. le président. Je suis saisi de sept amendements faisant l'objet d'une discussion commune.

Les quatre premiers sont identiques.

L'amendement n° 175 est présenté par Mme Keller, au nom de la commission des finances.

L'amendement n° 241 est présenté par M. Bourdin.

L'amendement n° 269 rectifié est présenté par MM. Revet,  Grillot,  Ginoux et  Texier, Mmes Henneron,  Rozier et  Gousseau, MM. Juilhard,  Bordier,  Pierre et  J. Boyer.

L'amendement n° 499 est présenté par Mme Didier, MM. Billout et  Coquelle, Mme Demessine, MM. Le Cam,  Vera et les membres du groupe Communiste Républicain et Citoyen.

Ces quatre amendements sont ainsi libellés :

Supprimer cet article.

La parole est à Mme Fabienne Keller, rapporteur pour avis, pour présenter l'amendement n° 175.

Mme Fabienne Keller, rapporteur pour avis de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation. Cet amendement vise à supprimer l'article 23 du projet de loi, mais il s'agit surtout d'un amendement d'appel.

Monsieur le ministre, nous voulons vous interroger sur les modalités de détermination de l'assiette de la taxe relative aux eaux pluviales. Vous avez proposé, dans votre discours introductif, de réunir un groupe de travail pour examiner cette question. En fonction des propositions concrètes qui seront formulées, nous sommes évidemment prêts à revoir notre position.

Nous craignons que l'adoption de cet article ne crée une iniquité dans l'application de la taxe. En effet, certaines communes risquent de payer pour d'autres qui laisseront le ruissellement s'opérer sur un autre territoire.

M. le président. L'amendement n° 241 n'est pas soutenu.

La parole est à M. Charles Revet, pour défendre l'amendement n° 269 rectifié.

M. Charles Revet. Nous proposons de supprimer l'article 23, car, comme vient de le dire Mme Keller, nous ne voyons pas très bien quelle sera l'assiette de cette taxe. Les précisions que vous allez nous apporter, monsieur le ministre, nous conduiront peut-être à revoir également notre position.

M. le président. La parole est Mme Evelyne Didier, pour défendre l'amendement n° 499.

Mme Evelyne Didier. Nous nous posons la même question, monsieur le ministre.

Traiter le problème des eaux pluviales et de ruissellement est souhaitable, afin de préserver l'environnement - ces eaux sont parfois très polluées - et de répondre aux préoccupations de certaines communes qui rencontrent aujourd'hui des difficultés pour appliquer un tel dispositif.

Mme Keller l'a dit tout à l'heure : la mesure prévue ne nous semble pas être très claire pour l'instant ; elle ne présente pas la sécurité juridique nécessaire.

Les dispositions prévues dans le projet de loi ne sont pas vraiment satisfaisantes : quelle sera l'assiette ? Qui payera ? Sur quelle base ? Ne risque-t-on pas de créer des situations d'inégalité ? Parfois, il sera facile de dire que la mesure est applicable sur certains terrains, mais arriverons-nous réellement à faire en sorte que toutes les eaux pluviales soient prises en compte ?

Je le répète, ce dispositif pose vraiment un problème d'équité. C'est pourquoi nous proposons la suppression de l'article 23 tel qu'il est rédigé.

M. le président. L'amendement n° 45, présenté par M. Sido, au nom de la commission des affaires économiques, est ainsi libellé :

Au premier alinéa de cet article, après les mots :

Taxe pour la collecte,

insérer les mots :

le transport,

La parole est à M. le rapporteur.

M. Bruno Sido, rapporteur. C'est un amendement de précision.

M. le président. L'amendement n° 565, présenté par M. Raoult, Mme Bricq, M. Collombat, Mme Alquier, MM. Pastor,  Piras,  Lejeune et  Trémel, Mme Herviaux, MM. Cazeau,  Dauge et  Peyronnet, Mme Y. Boyer, MM. Repentin,  Lise,  Marc,  Le Pensec,  Domeizel et  Roujas, Mme M. André, MM. S. Larcher,  Guérini et les membres du groupe Socialiste, est ainsi libellé :

I/ Dans la première phrase du premier alinéa du texte proposé par cet article pour l'article L. 2333-92 du code général des collectivités territoriales, après les mots :

leurs groupements

insérer les mots :

, les établissements publics de ces collectivités territoriales ou de ces groupements

II/ Dans le deuxième alinéa du même texte après les mots :

ou du groupement

insérer les mots :

ou de l'établissement public de cette collectivité territoriale ou de ce groupement

III/ Dans le dernier alinéa du même texte, après le mot :

groupement

insérer les mots :

, par l'établissement public de cette collectivité territoriale ou de ce groupement

La parole est à M. Claude Domeizel.

M. Claude Domeizel. Il convient de modifier l'article 23 pour que celui-ci prenne en compte toutes les personnes publiques qui pourraient avoir la charge du service.

En effet, dans la rédaction proposée, les syndicats mixtes ou les établissements publics telles les régies dotées de la personnalité morale sont de facto évincés.

M. le président. L'amendement n° 46, présenté par M. Sido, au nom de la commission des affaires économiques, est ainsi libellé :

Dans le deuxième alinéa du texte proposé par cet article pour l'article L. 2333-92 du code général des collectivités territoriales, remplacer le mot :

institué

par le mot :

fixé

La parole est à M. le rapporteur.

M. Bruno Sido, rapporteur. Il s'agit d'un amendement rédactionnel.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Bruno Sido, rapporteur. Les quatre amendements identiques visent à supprimer l'article 23 du projet de loi. Ils sont justifiés par le manque de clarté - on ne peut le nier - des dispositions visant à déterminer le calcul de l'assiette de la redevance.

J'ai moi-même évoqué, dans mon rapport, la complexité de cette taxe et son manque de lisibilité. Aussi, avant de me prononcer sur l'opportunité de cet article, je souhaiterais que le Gouvernement précise la façon dont sera concrètement déterminée l'assiette.

Enfin, les précisions apportées par l'amendement n° 565 me semblent superfétatoires au regard des arguments qui ont déjà été exposés à l'occasion de l'examen d'amendements similaires.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Serge Lepeltier, ministre. Les quatre amendements identiques tendent à supprimer l'article 23. Je souhaite donc préciser la philosophie de cet article.

L'article 23 offre aux collectivités territoriales la possibilité - il ne s'agit évidemment pas d'une obligation : chacune fera comme elle l'entend, sur le principe de la démocratie de proximité - de disposer de nouvelles sources de financement pour la collecte, le transport, le stockage et le traitement des eaux pluviales et de ruissellement. L'objectif est d'alléger la charge supportée, d'une part, par les contribuables, d'autre part, par les consommateurs d'eau, qui financent aujourd'hui ces investissements, et d'inciter les responsables de déversement à développer des dispositifs de rétention à la source des eaux pluviales et de ruissellement.

Ce problème a fait l'objet de nombreuses études depuis dix ans et divers modes de financement ont été envisagés, notamment sous la forme d'une redevance sur l'imperméabilisation des sols. Cependant, aucune de ces solutions n'a pu aboutir, car elles sont le plus souvent trop complexes et soulèvent un nombre trop important de difficultés pour calculer une assiette sur l'existant. Je pense, par exemple, aux diverses tentatives visant à instaurer une redevance sur l'imperméabilisation des sols.

L'article 23 prévoit une tout autre voie : il s'agit de prendre comme assiette le volume rejetable d'eaux pluviales et de ruissellement dans les réseaux, plutôt que le volume rejeté, difficilement mesurable. Le montant de la taxe sera donc déterminé en fonction de la taille des tuyaux de rejet ou des à-valoir. Ainsi, les maîtres d'ouvrage seront, de fait, incités à prendre les dispositions permettant de rejeter moins d'eaux pluviales et de ruissellement dans le réseau.

Je comprends les inquiétudes qui s'expriment et les questions qui se posent : un tel système est effectivement difficile à mettre en place. En tant qu'élus, nous savons bien que cela pourrait entraîner des contentieux et des difficultés d'interprétation sur le volume d'eaux pluviales et de ruissellement que tel ou tel tuyau de rejet amènera au réseau.

C'est la raison pour laquelle j'ai demandé à mes services de constituer un groupe de travail associant l'ensemble des acteurs, collectivités et industries. Sa mission sera de préciser les caractéristiques de cette taxe, qui doit effectivement être affinée, et de proposer une rédaction pour le décret d'application, afin que vous puissiez, d'ici à la deuxième lecture, disposer des éléments de réponse qui vous sont nécessaires. Le décret d'application prévoira, dans tous les cas, des seuils à la perception d'une telle taxe et des modalités d'évaluation simplifiées et forfaitaires pour les petits branchements d'immeubles ordinaires.

Cet article répond à un véritable problème. Ainsi, lorsque la compétence « assainissement » est transférée d'une commune à un établissement public de coopération intercommunale - communauté de communes ou communauté d'agglomération -, la commune conserve la compétence « eau pluviale », qui n'est pas une compétence liée à l'eau potable et à l'assainissement. Dans ce cas-là, la commune devra financer les réseaux d'eaux pluviales, alors que, auparavant, sans que cela soit forcément prévu par la loi, tout était globalisé et une partie du coût des eaux pluviales était prise en compte dans la masse financière des eaux pluviales et de l'assainissement.

Aujourd'hui, de nombreuses collectivités territoriales, en particulier les communes, qui n'ont plus la compétence « eau potable-assainissement » demandent à financer ces réseaux d'eaux pluviales.

C'est la raison pour laquelle je demande le retrait de ces quatre amendements identiques. A défaut, j'y serai défavorable. D'ici à la deuxième lecture, sans doute serons-nous à même, avec le groupe de travail, de proposer à la fois une modification de l'article 23 et un projet de décret d'application.

Je suis favorable à l'amendement n° 45, qui est un amendement de précision.

L'amendement n° 565 est un amendement rédactionnel visant à introduire la notion d'établissement public des collectivités territoriales. Or, au sens de la Constitution, seule une collectivité territoriale peut instituer une taxe, ce qui n'est pas le cas de ces établissements publics. Par ailleurs, l'article 23 évoque « les collectivités territoriales ou leurs groupements » : c'est une notion large qui permet d'englober des personnes publiques compétentes ou des syndicats mixtes. Toute précision est donc inutile.

Par conséquent, je vous demande, monsieur Domeizel, de bien vouloir retirer cet amendement. Sinon, j'émettrai un avis défavorable.

Enfin, je suis favorable à l'amendement n° 46.

M. le président. La parole est à M. Alain Vasselle, pour explication de vote sur les amendements identiques nos 175, 269 rectifié et 499.

M. Alain Vasselle. Monsieur le ministre, je n'ai pas pu reprendre la parole après votre réponse à mon explication de vote, mais il y a un petit malentendu entre nous. Je partage votre analyse : loin de moi l'idée de vouloir faire supporter à nos contribuables et à nos usagers des frais supplémentaires liés aux analyses de sol. Je souhaitais simplement régler le problème de ceux qui effectuent des réhabilitations d'assainissement. En effet, dans ce domaine, le vide juridique sur le plan réglementaire ne permet pas aux maires d'intervenir comme ils le font pour les installations neuves.

J'en viens à l'article 23. Je partage le point de vue de Mme la rapporteur pour avis et de plusieurs de nos collègues : je ne vois pas comment vous allez pouvoir définir, même avec un groupe de travail, les modalités de calcul de l'assiette.

Vous avez évoqué les tuyaux de rejet. Il n'est qu'à voir la façon dont la direction régionale de l'industrie, de la recherche et de l'environnement, la DRIRE, pose ses exigences à l'égard des constructeurs, notamment dans des parcs d'activités où des entreprises veulent s'implanter. Elle prend des précautions et impose des tuyauteries qui sont relativement importantes pour prévenir une pluie trentenaire, voire centenaire ! Taxer une entreprise sur la base du diamètre des tuyaux de rejet des eaux pluviales revient à lui faire supporter des coûts trop importants.

Certes, en tant que maire ou président d'une structure intercommunale, je me réjouis d'avoir une recette nouvelle qui me permettra de financer soit les bassins d'eaux pluviales, soit l'ensemble des équipements. Mais il faut trouver une juste mesure, afin de ne pas dissuader les entreprises qui souhaitent s'implanter.

Comme vous, monsieur le ministre, je pense qu'il faudrait évoluer vers une taxation forfaitaire pour les petites entreprises. Car tout dépend de la pluviométrie : à un certain moment, deux millimètres de pluie tomberont, et il y aura donc peu d'eau dans le bassin ; à un autre moment, quarante, cinquante ou soixante-dix millimètres de pluie tomberont dans la journée et le trop-plein du bassin s'écoulera alors dans des fossés. Comment se fera la maîtrise des volumes ?

Par conséquent, il faudra travailler de manière soit empirique soit forfaitaire. C'est la raison pour laquelle il me semble sage d'attendre d'y voir un peu plus clair avant de prendre une décision. Comme vous avez pris l'engagement de régler le problème d'ici à la deuxième lecture, monsieur le ministre, le groupe de travail devra se mette à l'oeuvre dès demain matin, car cette deuxième lecture devrait intervenir assez rapidement.

M. le président. La parole est à M. Gérard Delfau, pour explication de vote.

M. Gérard Delfau. Je comprends toutes les objections qui peuvent être formulées sur l'assiette ou sur les modalités de perception de cette taxe. Pour autant, je mesure surtout la gravité du problème pour nos budgets communaux. C'est pourquoi il serait sage, pour reprendre un adjectif qui est usuel au Sénat, de voter d'abord le principe et d'examiner ensuite la façon de trouver, par un travail collectif, des modalités pertinentes.

Adopter cet article ce soir ne signifie pas que nous serons obligés de le maintenir : si, en deuxième lecture, nous estimons ne pas avoir les bonnes réponses, nous pourrons retirer l'avis positif de principe que nous avons émis.

Nous sommes pratiquement tous des maires et, à ce titre, nous l'avons tous constaté à plusieurs reprises cette année : si nous pouvons à peu près financer les systèmes d'assainissement et d'eau potable, nous ne pouvons absolument pas financer les réseaux d'eaux pluviales. Dès qu'une commune se trouve dans une situation budgétaire médiocre, ce problème peut devenir insurmontable et, si des dégâts sont survenus, elle peut être amenée à faire le choix du pluvial au détriment d'équipements tout à fait utiles et attendus par la population.

Travaillons et nous aboutirons !

M. le président. La parole est à M. le rapporteur.

M. Bruno Sido, rapporteur. Je suis tout à fait d'accord avec ce que vient de dire Gérard Delfau. Dans les communes, le réseau pluvial est souvent financé à la limite de la légalité. Un certain nombre de problèmes restent à régler. Si les communes ou leurs groupements avaient légalement les moyens de réaliser ce réseau pluvial, de nombreux contentieux seraient évités. D'autant que nous savons aujourd'hui que l'assainissement séparatif est, la plupart du temps, la meilleure solution.

Par conséquent, je propose que nous votions cet article, au moins dans son principe, et que nous en discutions ensuite les modalités au cours de la navette. Mais, au fond, il n'y a guère d'alternative : les départements devront très certainement payer à la commune l'évacuation des eaux pluviales. Une mécanique doit donc être montée. Il faut absolument trouver une solution permettant la sécurisation juridique des maires.

M. le président. La parole est à M. Claude Domeizel, pour explication de vote.

M. Claude Domeizel. Nous comprenons très bien l'objet de cet article 23. Et en tant qu'élu d'une région méditerranéenne, je le comprends encore mieux : la situation y est d'autant plus difficile qu'il pleut beaucoup en peu de temps. Malgré tout, la mise en oeuvre de ces mesures paraît pour le moment un peu complexe. Il convient donc d'affiner le dispositif.

Le groupe socialiste n'avait pas proposé la suppression de cet article ; il était donc prêt à l'accepter. Toutefois, il serait bon, monsieur le ministre, que les aménagements techniques que nous demandons dans l'amendement n° 565 puissent être pris en compte. A cette condition, nous retirerons cet amendement.

M. le président. L'amendement n° 565 est retiré.

La parole est à Mme Evelyne Didier, pour explication de vote.

Mme Evelyne Didier. Je formulerai un certain nombre de remarques.

La première sera d'ordre climatique. Bien entendu, la situation n'est pas la même partout : dans certaines zones, les orages éclatent brutalement.

La deuxième remarque concerne l'aspect environnemental. Les eaux fluviales charrient parfois beaucoup de produits lourds, notamment lorsqu'elles ont ruisselé sur des routes.

La troisième remarque est relative à l'aspect financier; qui n'est sans doute pas étranger à la volonté du Gouvernement de faire en sorte que la gestion des eaux fluviales ne pèse pas sur le budget d'assainissement, donc sur le prix de l'eau. En d'autres termes, ne s'agit-il pas de contraindre le prix de l'eau sachant qu'il va évoluer ?

Certains départements, notamment dans la région parisienne, ont souhaité traiter complètement leurs eaux pluviales. Mais le problème ne se pose pas du tout dans les mêmes termes dans les zones rurales : les eaux pluviales sont facilement absorbées par la nature.

Enfin, il y a sans doute un aspect juridique. L'instauration d'une taxe annuelle, certes facultative, ne risque-t-elle pas de constituer un véritable casse-tête pour les maires qui feront ce choix ? Je ne prétends pas pour autant qu'il ne faut pas instaurer une telle taxe !

Dans la mesure où nous pourrons revenir sur cette question, qu'il faudra alors envisager sous tous ses aspects, lors de la deuxième lecture, je retire l'amendement n° 499.

M. le président. L'amendement n° 499 est retiré.

Madame le rapporteur pour avis, l'amendement n° 175 est-il maintenu ?

Mme Fabienne Keller, rapporteur pour avis. Eu égard aux observations de M. le ministre, il me semble opportun de revenir sur ce sujet lors de la deuxième lecture de ce projet de loi, après avoir pris connaissance des propositions de décrets et de divers éléments complémentaires. Je retire donc l'amendement.

M. le président. L'amendement n° 175 est retiré.

Monsieur Revet, l'amendement n° 269 rectifié est-il maintenu ?

M. Charles Revet. Non, monsieur le président, je le retire pour les mêmes raisons.

M. le président. L'amendement n° 269 rectifié est retiré.

Je mets aux voix l'amendement n° 45.

(L'amendement est adopté.)

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 46.

(L'amendement est adopté.)

M. le président. Je mets aux voix l'article 23, modifié.

(L'article 23 est adopté.)

Art. 23
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Intitulé du chapitre II

Article additionnel après l'article 23

M. le président. L'amendement n° 185, présenté par M. Doligé, est ainsi libellé :

Après l'article 23, insérer un article additionnel ainsi rédigé :

I. Après l'article 200 quater B du code général des impôts, il est inséré un article ainsi rédigé : 

« Art. ... Les contribuables domiciliés en France au sens de l'article 4 B peuvent bénéficier d'un crédit d'impôt sur le revenu égal à 25% des dépenses nécessitées par la remise en état, la mise aux normes ou la création d'une installation d'assainissement non collectif, retenues dans la limite de 7 000 euros pour les dépenses engagées à compter du 1er janvier 2005. Cette disposition n'est applicable qu'aux sommes venant en déduction de l'impôt dû. »

II. Les pertes de recettes résultant pour l'Etat du I ci-dessus sont compensées à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts.

Cet amendement n'est pas soutenu.

CHAPITRE II

Services publics de l'eau et de l'assainissement

Art. additionnel après l'art. 23
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Art. additionnels avant l'art. 24

M. le président. L'amendement n° 47, présenté par M. Sido, au nom de la commission des affaires économiques, est ainsi libellé :

Rédiger comme suit l'intitulé de cette division :

Services publics de distribution d'eau et d'assainissement

La parole est à M. le rapporteur.

M. Bruno Sido, rapporteur. Cet amendement vise à harmoniser la rédaction de cette division pour désigner les services publics concernant la fourniture d'eau et l'assainissement avec celle des autres divisions et articles du code de l'environnement.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Serge Lepeltier, ministre. Favorable !

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 47.

(L'amendement est adopté.)

M. le président. En conséquence, l'intitulé du chapitre II est ainsi rédigé.

Intitulé du chapitre II
Dossier législatif : projet de loi sur l'eau et les milieux aquatiques
Art. 24

Articles additionnels avant l'article 24

M. le président. L'amendement n° 261 rectifié, présenté par MM. Murat,  César,  Vasselle,  Richert,  Hérisson et  Detcheverry et Mme Sittler, est ainsi libellé :

Avant l'article 24, insérer un article additionnel ainsi rédigé :

I- Les dépenses exposées par les communes et les établissements publics de coopération intercommunale pour la mise en oeuvre des dispositions relatives au contrôle sanitaire des eaux destinées à la consommation humaine peuvent être inscrites en la section investissement de leurs budgets.

Elles ouvrent droit aux attributions du fonds de compensation pour la taxe sur la valeur ajoutée.

II- La perte de recettes résultant pour le budget de l'Etat des dispositions du I est compensée à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts.

La parole est à M. Alain Vasselle.

M. Alain Vasselle. L'application des dispositions du décret n° 2001-1220 du 20 décembre 2001 visant à renforcer la sécurité sanitaire des eaux destinées à la consommation humaine entraîne des augmentations considérables du coût des analyses de l'eau, en particulier pour les communes rurales qui ont de nombreux captages ou dont les périmètres ne sont pas encore installés.

A titre d'exemple, en Corrèze, le coût moyen annuel des analyses pour une commune de moins de 500 habitants risque d'être multiplié par six alors qu'aucun financement spécifique n'est prévu. La répercussion sur le prix du mètre cube d'eau, et ce alors que l'eau était jusqu'alors distribuée à un coût très faible, s'avère donc particulièrement douloureuse.

Si certaines solutions sont susceptibles, à moyen terme, de favoriser la réduction de ces coûts - regroupement intercommunal, mise en place de périmètres de protection ou regroupement des points de captage -, il serait opportun d'aider financièrement les communes rurales à fournir une eau de qualité à leurs habitants dans des conditions conformes à la modicité de leurs budgets.

Il est donc proposé de permettre aux communes d'inscrire les dépenses entraînées par la mise en oeuvre des dispositions relatives au contrôle sanitaire des eaux destinées à la consommation humaine en section d'investissement du budget communal, afin qu'elles puissent bénéficier de l'éligibilité au fonds de compensation pour la TVA, le FCTVA.

J'espère que Mme le rapporteur pour avis de la commission des finances a réussi à convaincre M. le rapporteur et M. le ministre que permettre aux communes de récupérer la TVA est une bonne idée. Je sais que de telles propositions ne sont pas toujours bien accueillies par Bercy, mais de temps à autre il faut peut-être forcer un peu la main de ceux qui ne souhaitent pas agir.

En tout état de cause, monsieur le ministre, il serait souhaitable de rassurer les maires en leur donnant la garantie que le prix de l'eau n'atteindra pas des sommets insupportables, c'est-à-dire 60, 80 ou 90 francs le mètre cube, comme le prévoient certaines études.

Certes, les agences de bassin, grâce à la TGAP et au FNDAE, devraient atténuer, par leur concours, le coût pour les communes du financement des réseaux, voire de l'assainissement non collectif. En effet, multiplié par le nombre d'habitations qui se trouvent sur un territoire, le coût de cet assainissement non collectif représente, en définitive, des sommes relativement importantes. Et, surtout, des ménages modestes seront concernés.

Pour le moment, ni M. le rapporteur ni M. le ministre n'ont précisé quel serait le niveau maximum des taux de concours que pourrait cumuler une collectivité ou un groupement de collectivités et quelle en serait la conséquence sur le prix de l'eau.

Le prix de l'eau, pour rester supportable, ne devrait pas dépasser 20 ou 30 francs le mètre cube.

Cet amendement est une contribution à la tentative d'alléger le poids de la charge pour les collectivités.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Bruno Sido, rapporteur. Monsieur Vasselle, les dépenses qu'effectuent les collectivités pour assurer le contrôle de la qualité sanitaire des eaux destinées à la consommation humaine relèvent, par nature, des dépenses de fonctionnement. Il apparaît difficilement envisageable de les appréhender comme des dépenses d'investissement et de les inscrire, en tant que telles, dans la section investissement du budget.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Serge Lepeltier, ministre. Les dépenses qui sont engagées par les communes ou les établissements publics de coopération intercommunale pour exercer le contrôle sanitaire des eaux destinées à la consommation humaine constituent, à l'évidence, des dépenses de fonctionnement courant et ne peuvent s'apparenter en aucune manière à des dépenses d'investissement.

Par conséquent, malgré mon souhait de donner satisfaction à M. Vasselle, je ne peux qu'émettre un avis défavorable sur cet amendement. Un tel dispositif serait contraire au fonctionnement général de nos collectivités, même si quelquefois on peut le regretter.

M. le président. La parole est à M. Claude Biwer, pour explication de vote.

M. Claude Biwer. Monsieur le ministre, je conçois qu'il soit difficile de considérer des dépenses de fonctionnement comme des dépenses d'investissement, même s'il existe, me semble-t-il, des moyens de le faire et d'éviter ainsi la surcharge des budgets communaux.

Je tiens à préciser que certaines analyses sont réalisées alors qu'elles ne sont pas obligatoires. Et, d'un département à l'autre, la donne change : les analyses diffèrent ; elles ne sont pas réalisées au même coût, ni dans les mêmes conditions.

Sans doute serait-il intéressant, au-delà de cette réglementation, de définir une nomenclature des actions qui sont susceptibles de permettre aux collectivités de fournir une eau de qualité à leurs administrés, sans pour autant dépasser certaines limites. Dans ma commune, le coût des analyses avoisine 2 francs par mètre cube, ce qui est beaucoup.

M. le président. Monsieur Vasselle, l'amendement n° 261 rectifié est-il maintenu ?

M. Alain Vasselle. Non, je le retire, monsieur le président.

Il s'agissait d'un amendement d'appel que j'ai défendu au nom de M Murat. Son département compte quelques élus importants qui sont soumis à la pression de leurs élus locaux et qui auraient souhaité trouver une solution. Il faudra les rassurer en fixant des niveaux de concours de nature à atténuer l'incidence des contrôles sur le prix de l'eau.

M. le président. L'amendement n° 261 rectifié est retiré.

L'amendement n° 349, présenté par M. Pierre et Mme Sittler, est ainsi libellé :

Avant l'article 24, insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Après le deuxième alinéa de l'article L. 152-1 du code rural, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :

« Toute existence de consentement du propriétaire d'un terrain non bâti, avérée lors de l'installation d'une canalisation publique souterraine d'eau potable ou d'évacuation d'eaux usées ou pluviales, exclut toute qualification de voie de fait ou d'emprise irrégulière »

La parole est à Mme Esther Sittler.

Mme Esther Sittler. La loi n° 62-904 du 4 août 1962 institue au profit des collectivités publiques une servitude leur conférant le droit d'établir à demeure des canalisations souterraines d'eaux ou d'assainissement dans les terrains privés non bâtis.

Dans les années soixante et soixante-dix et lors du développement intensif des installations de réseaux d'eau potable en milieu rural, certains passages de canalisations publiques enfouies sous des terrains privés ont fait l'objet de simples accords amiables avec les propriétaires. On assiste aujourd'hui à un nombre croissant de litiges opposant propriétaires et collectivités. Dans les années soixante-dix, tout était beaucoup plus simple !

L'interprétation des magistrats en la matière donne lieu à des décisions divergentes dont certaines peuvent conduire au déplacement des canalisations aux frais de la collectivité publique. Ces procédures entraînent une altération importante de la gestion et une augmentation du prix de l'eau.

Afin de préserver la pérennité du service public sans pour autant aliéner le droit des propriétaires, le présent amendement vise à clarifier le droit dans ce domaine en reprenant les conclusions d'un arrêt récent de la Cour de cassation.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Bruno Sido, rapporteur. L'enfer est pavé de bonnes intentions. (Sourires.)

Cet amendement vise à régler un problème réel. La possibilité pour des collectivités publiques d'intervenir sur des canalisations souterraines situées dans des propriétés privées est dépourvue de toute servitude reconnue par titre.

Cependant, outre une rédaction qui, sur la forme, n'est pas satisfaisante, je me demande dans quelle mesure une telle disposition ne porterait pas atteinte au respect de la propriété privée et à la liberté contractuelle. Je souhaite donc entendre l'avis du Gouvernement sur ce point technique et délicat.

Dans la période de l'après-guerre, il fallait réaliser des travaux rapidement. On n'hésitait donc pas à traverser des propriétés privées. Aujourd'hui, il importe de formaliser tout ce qui existe, de faire l'inventaire des canalisations traversant des propriétés privées ; il faut solder le passé. Je ne suis pas persuadé qu'il soit souhaitable d'avaliser dans la loi ce qui a été réalisé d'une façon un peu rapide et informelle en d'autres temps.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Serge Lepeltier, ministre. Cet amendement tend à interdire qu'un propriétaire puisse se retourner pour voie de fait ou emprise irrégulière contre une collectivité publique qui aurait fait procéder à l'implantation de canalisations d'eau potable dès lors que celui-ci y aurait consenti de manière avérée.

La difficulté porte précisément sur la qualité du consentement ainsi donné. Il ne saurait en effet s'agir d'un consentement tacite ou implicite : le consentement doit être explicite, ce qui pose par ailleurs le problème du consentement du nouveau propriétaire en cas de mutation.

Par ailleurs, un doute pèse sur la constitutionnalité de cet amendement au regard du droit de propriété.

Telles sont les raisons pour lesquelles j'émets un avis défavorable sur cet amendement.

M. le président. Madame Sittler, l'amendement n° 349 est-il maintenu ?

Mme Esther Sittler. Non, monsieur le président, je le retire.

Je souhaite toutefois que cette question, qui a fait l'objet d'un arrêt de la Cour de cassation, soit examinée par la commission entre les deux lectures du projet de loi.

M. le président. L'amendement n° 349 est retiré.

L'amendement n° 350, présenté par M. Pierre et Mme Sittler, est ainsi libellé :

Avant l'article 24, insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Après le troisième alinéa de l'article L. 421-2-1 du code de l'urbanisme, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :

« A l'occasion de l'instruction de la demande du permis de construire, le maire recueille toutes les informations pouvant établir l'existence éventuelle de canalisations publiques souterraines d'eau potable ou d'évacuation d'eaux usées ou pluviales, sous les terrains concernés ».

La parole est à Mme Esther Sittler.

Mme Esther Sittler. Dans le cas d'opérations d'urbanisme intervenant sur des terrains privés jusqu'alors non bâtis, l'existence de canalisations souterraines publiques peut s'avérer méconnue. Il serait souhaitable que le maire puisse, lors de l'instruction de toute demande de permis de construire, recueillir toutes les informations pouvant établir l'existence éventuelle du passage de canalisations publiques souterraines d'eau et d'assainissement sous les terrains concernés.

Le présent amendement tend à permettre au maire d'obtenir ces informations auprès du service compétent en matière de gestion des eaux.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Bruno Sido, rapporteur. Cet amendement est directement rattachable à l'amendement n° 349 que nous venons d'examiner. Il vise à prévenir la survenance des situations auxquelles ledit amendement n° 349 tend à remédier, en permettant au maire d'obtenir des informations sur l'existence de canalisations d'eau sur les terrains faisant l'objet d'un permis de construire.

À ce titre, et malgré sa rédaction quelque peu imprécise, il a paru opportun à la commission de demander l'avis du Gouvernement. En effet, ce dispositif, qui est louable et tout à fait cohérent avec l'amendement n° 349, paraît extrêmement lourd.

M. le président. Quel est donc l'avis du Gouvernement ?

M. Serge Lepeltier, ministre. L'amendement n° 350 crée - je tiens à le préciser, madame la sénatrice - une obligation pour le maire. En effet, la rédaction proposée prévoit que le maire « recueille » toutes les informations. En droit français, cela signifie qu'il est obligé de les recueillir. Dans le code de la route, par exemple, il est indiqué que les véhicules roulent à droite, ce qui oblige à rouler à droite.

Par conséquent, le maire aura l'obligation, à l'occasion de la demande du permis de construire, de s'informer sur l'existence de canalisations publiques souterraines d'eau potable ou d'évacuation d'eaux usées ou pluviales. Cela porte évidemment sur la procédure d'instruction du permis de construire. Permettez-moi d'attirer votre attention sur la complication que cette mesure entraînerait. Un maire n'a pas toujours la possibilité de connaître l'existence des réseaux. De plus, cette disposition relève du domaine réglementaire.

Cette disposition aboutirait donc à un alourdissement de la procédure, ce qui irait à l'encontre du processus de simplification des autorisations d'urbanisme actuellement engagé par le Gouvernement.

J'ajoute enfin que l'article L. 421-2-1 du code de l'urbanisme porte non pas sur la procédure d'instruction, mais sur le principe de la compétence des communes et des établissements publics de coopération intercommunale en matière de permis de construire.

Pour toutes ces raisons, le Gouvernement émet un avis défavorable.

M. le président. Madame Sittler, l'amendement n° 350 est-il maintenu ?

Mme Esther Sittler. Non, je le retire, monsieur le président.

M. le président. L'amendement n° 350 est retiré.

Art. additionnels avant l'art. 24
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Art. additionnels après l'art. 24

Article 24

La section 3 du chapitre IV du titre Ier du livre II du code de l'environnement est remplacée par les dispositions suivantes :

« Section 3

« Distribution d'eau et assainissement

« Art. L. 214-14. - Les dispositions relatives à la distribution d'eau et à l'assainissement sont énoncées à la section 2 du chapitre IV du titre II du livre II de la deuxième partie du code général des collectivités territoriales et aux articles L. 1331-1 à L. 1331-16 du code de la santé publique. » - (Adopté.)

Art. 24
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Art. 25

Articles additionnels après l'article 24

M. le président. Je suis saisi de deux amendements faisant l'objet d'une discussion commune.

L'amendement n° 234, présenté par MM. Bertaud et  Doublet, Mme Sittler et M. Fouché, est ainsi libellé :

Après l'article 24, insérer un article additionnel ainsi rédigé :

L'article L. 421-2-2 du code de l'urbanisme est complété par un alinéa ainsi rédigé :

« c) l'avis des établissements publics de coopération intercommunale et des syndicats mixtes compétents en matière de distribution d'eau potable et d'assainissement des eaux usées, lorsque la construction projetée est située dans une commune qui n'exerce pas en totalité ces compétences. Cet avis est réputé favorable passé un délai de deux mois ».

La parole est à M. Claude Bertaud.

M. Claude Bertaud. Avec le développement de l'intercommunalité dans le domaine de l'eau et de l'assainissement au cours de ces dernières années, les services intercommunaux d'eau et d'assainissement dépendant d'un EPCI sont de moins en moins consultés sur les demandes de permis de construire instruites au niveau des communes. Il en résulte des difficultés de plus en plus fréquentes. C'est pourquoi il apparaît important de requérir l'avis des EPCI et des syndicats mixtes lors de telles opérations, ne serait-ce que pour une meilleure maîtrise de l'urbanisme.

M. le président. L'amendement n° 566, présenté par M. Raoult, Mme Bricq, M. Collombat, Mme Alquier, MM. Pastor,  Piras,  Lejeune et  Trémel, Mme Herviaux, MM. Cazeau,  Dauge et  Peyronnet, Mme Y. Boyer, MM. Repentin,  Lise,  Marc,  Le Pensec,  Domeizel et  Roujas, Mme M. André, MM. S. Larcher,  Guérini et les membres du groupe Socialiste, est ainsi libellé :

Après l'article 24, insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Au début de l'article L.421-5 du code de l'urbanisme, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :

« Lorsque les services publics de distribution d'eau, d'assainissement ne sont pas gérés par la commune ou l'établissement public dont l'autorité exécutive est chargée de délivrer le permis de construire, cette dernière doit préalablement consulter les établissements publics de coopération intercommunale, les syndicats mixtes ou leurs établissements publics gérant ces services ou un fragment de ces services pour avis. Cet avis est réputé favorable passé un délai de deux mois. »

La parole est à M. Claude Domeizel.

M. Claude Domeizel. L'autorité chargée de délivrer les autorisations de construire doit en principe s'assurer de la compatibilité des projets à réaliser avec les capacités des infrastructures. Toutefois, avec le développement de l'« intercommunalisation » des services, les mécanismes de consultation qui s'étaient implicitement instaurés ont disparu.

Ainsi, il n'est pas rare que des autorisations de construire soient délivrées alors que le service « intercommunalisé » n'est pas en mesure de desservir l'immeuble projeté : absence de réseau, insuffisance des débits, etc. Dans ce cas, pâtissent de la situation engendrée aussi bien le constructeur que le service ou les usagers existants, du point de vue tant de la sécurité - des débits insuffisants sont en effet dangereux pour la lutte contre l'incendie - que de la salubrité, si les infrastructures de collecte sont inadaptées.

Certes, des mécanismes récents permettent de gérer ce genre de situation ; je pense notamment à la participation pour voirie et réseaux, la PVR. Mais encore faut-il que la personne chargée d'instruire la demande ait recensé les besoins en infrastructures.

Pour satisfaire les intérêts précités et pour une meilleure maîtrise de l'urbanisme, il semble nécessaire de préciser de nouveau la consultation obligatoire des services par l'autorité instruisant les demandes de permis de construire.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Bruno Sido, rapporteur. Ces deux amendements paraissent opportuns à la commission dans la mesure où ils permettent une prise en considération des services intercommunaux de distribution d'eau et d'assainissement lors d'instructions de permis de construire concernant leurs territoires. Ils ne semblent pas bloquer ladite procédure d'instruction dans la mesure où l'avis donné par ces services n'a qu'un caractère informatif et qu'il est réputé favorable passé un délai de deux mois. Le dispositif est donc moins lourd qu'il n'y paraît.

Par conséquent, la commission émet un avis favorable sur ces deux amendements.

M. le président. Vous devez choisir l'un ou l'autre de ces deux amendements, monsieur le rapporteur. En effet, leur objet est identique, mais pas leur rédaction.

M. Bruno Sido, rapporteur. La commission émet donc un avis favorable sur l'amendement n° 234.

M. Pierre-Yves Collombat. C'est du favoritisme !

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Serge Lepeltier, ministre. J'aurai moins de difficulté à choisir que M. le rapporteur !

S'agissant de l'amendement n° 234, sur le fond, il est effectivement tout à fait légitime que les établissements publics de coopération intercommunale et les syndicats mixtes compétents en matière de distribution d'eau potable ou d'assainissement dont font partie les communes intéressées puissent être informés des demandes de permis de construire, de manière à pouvoir anticiper les volumes, les pressions nécessaires sur leurs réseaux et éviter des incohérences dans la mise en oeuvre de la participation pour voirie et réseaux.

Toutefois, ces dispositions paraissent relever davantage du domaine réglementaire. De plus, elles entraîneraient un alourdissement considérable de la procédure, obérant ainsi, je le répète, le processus de simplification administrative engagé par le Gouvernement.

En outre, l'article R. 111-8 du code de l'urbanisme prévoit déjà que l'alimentation en eau potable et l'assainissement de toute construction doivent être assurés dans des conditions conformes aux impératifs de desserte du bâtiment concerné. La commune doit donc s'assurer qu'il peut y avoir desserte dans des conditions cohérentes.

Je précise de nouveau que l'article L. 421-2-1 du code de l'urbanisme porte non pas sur la procédure d'instruction, mais sur le principe de la compétence des communes et des EPCI en matière de permis de construire.

C'est la raison pour laquelle, tout en comprenant leur objet, le Gouvernement émet un avis défavorable sur ces deux amendements.

M. le président. La parole est à M. Claude Bertaud, pour explication de vote sur l'amendement n° 234.

M. Claude Bertaud. Monsieur le ministre, je suis quelque peu étonné par vos explications. Pourquoi ce qui est valable pour les communes ne le serait pas pour les EPCI ?

À l'heure actuelle, les communes sont fréquemment consultées, ce qui n'est pas le cas des intercommunalités. Il y a deux poids et deux mesures, ce qui ne favorise pas l'intercommunalité !

M. le président. La parole est à M. Paul Raoult, pour explication de vote.

M. Paul Raoult. Je voudrais insister sur l'importance de ces amendements.

Les intercommunalités éprouvent de grandes difficultés à gérer ces questions au quotidien. Certes, la compétence en la matière leur a été transférée, mais il arrive que des maires, par négligence ou par laxisme, accordent des permis de construire, acceptent des aménagements divers et multiples, alors que ce n'est pas la commune qui payera la facture : c'est l'intercommunalité ! Et le montant de cette facture est parfois très élevé.

Cette situation ne peut pas durer ! C'est l'intercommunalité qui a la compétence ; c'est donc elle qui doit donner un avis ! Aujourd'hui, c'est le maire qui signe, alors que ce n'est pas la commune qui paye. Il est facile de signer quand on ne paye pas ! Il faut éclaircir cette question.

On sait très bien que la distribution d'eau potable et l'assainissement ne peuvent se gérer qu'au moyen de l'intercommunalité. Sinon, cela entraîne parfois des dysfonctionnements extrêmement graves.

J'ai encore rencontré ce type de problème pas plus tard que la semaine dernière : un maire avait signé le permis de construire et les personnes concernées sont ensuite venues me demander de procéder au raccordement.

Si nous ne faisons pas figurer cette mesure dans la loi, nous continuerons à nous heurter à ce genre de difficulté en permanence.

M. le président. La parole est à Mme Esther Sittler, pour explication de vote.

Mme Esther Sittler. Je voudrais tout simplement appuyer ces propos. En tant que présidente d'une structure intercommunale, je rencontre également ce problème : dans des villages ruraux qui se trouvent à la périphérie de Strasbourg, nombre de fermes en arrêt d'exploitation sont achetées par des promoteurs qui les transforment en logements, ce qui entraîne des rejets très importants.

La communauté de communes n'est pas informée. Or, par la suite, les maires qui siégent en tant que membres du comité directeur de l'intercommunalité viennent se plaindre des rejets par les égouts en cas de fortes pluies, des éventuels refoulements. Ils réclament des bassins de dépollution, des bassins de stockage, etc.

Nos budgets explosent à cause de ce manque d'informations et je tenais à le préciser.

M. Gérard Delfau. Très bien !

M. le président. La parole est à M. Thierry Repentin, pour explication de vote.

M. Thierry Repentin. Je souhaite également apporter le témoignage d'un élu local. Soumis à la pression locale d'un certain nombre de leurs concitoyens, les maires délivrent parfois des permis dans des hameaux isolés où il n'y a pas forcément d'adduction d'eau, et ce dans un périmètre où la compétence a été transférée à la structure intercommunale. Ensuite, la personne concernée vient demander au président de la communauté d'agglomération ou de la communauté de communes de procéder au raccordement au motif qu'elle a obtenu le permis de construire. Cela entraîne des frais qui sont souvent importants.

J'ai aussi rencontré des cas où les permis de construire étaient délivrés à la suite d'installations qui étaient à l'origine illicites. Je pense notamment à des caravanes qui s'installent sur des terrains : pour régulariser la situation, ces terrains deviennent constructibles. Ils sont quelquefois fort éloignés d'un hameau et le maire, confronté à un problème humain, accepte de délivrer un permis de construire. Il est alors demandé à la structure intercommunale de gérer le problème d'adduction d'eau et d'assainissement.

A contrario, j'ai rencontré des cas où les maires, confrontés à la pression locale, ont demandé au président de la communauté d'agglomération de donner un avis négatif à l'adduction d'eau, car cela les aiderait à refuser un permis de construire.

Dans les deux cas, il serait intéressant que l'un de ces amendements soit adopté.

Si l'amendement n° 234 n'est effectivement pas « raccordé », si je puis dire, au bon article du code de l'urbanisme, puisque M. le ministre nous a fait observer que l'article L. 421-2-2 n'était pas pertinent, je pense que l'amendement n° 566, « raccordé » pour sa part à l'article L. 421-5 du code de l'urbanisme et qui a le même objet, pourrait être adopté. Comme nous nous rejoignons sur le fond, il ne devrait pas y avoir de problème de droits d'auteur.

M. le président. La parole est à M. le ministre.

M. Serge Lepeltier, ministre. Il me semble tout de même nécessaire d'évoquer une difficulté que ces dispositions peuvent faire naître : elles instaureraient une quasi-tutelle d'une intercommunalité sur une commune.

Il est précisé dans le texte de l'amendement n° 234 que « cet avis est réputé favorable passé un délai de deux mois ». Il peut donc être défavorable !

M. Thierry Repentin. Cela reste un avis !

M. Serge Lepeltier, ministre. Cela reste un avis, certes ! Néanmoins, un avis défavorable n'est pas sans conséquence sur l'instruction d'une demande de permis de construire !

J'attire votre attention sur le fait que, sur le terrain, peuvent surgir des difficultés qui seraient non pas simplement techniques, mais aussi politiques. Ces mesures seraient donc source de problème entre la commune et l'intercommunalité : il faut bien prendre en compte toutes leurs conséquences, en particulier juridiques.

Supposons que, malgré un avis défavorable de l'intercommunalité, le permis de construire soit délivré et que, pour telle et telle raison, cela entraîne des conséquences pour l'intercommunalité : elle risque de refuser les moyens nécessaires à la réalisation et à l'attribution des services. On peut se demander ce qui se passerait dans l'instruction de la responsabilité !

Je verse simplement au débat cette question, qui me semble importante, de la hiérarchie dans les relations entre les communes et les intercommunalités.

Cela étant, je comprends bien la nécessité d'information, à tout le moins, et vous avez parfaitement raison : aujourd'hui, au moment où les intercommunalités, pour certaines, n'en sont qu'à la phase de leur mise en place, cela peut susciter quelques difficultés. Mais nous devons veiller à ne pas créer par là même, dans l'instruction, une hiérarchie technique qui pourrait devenir politique.

M. le président. La parole est à M. Charles Revet, pour explication de vote.

M. Charles Revet. La question est peut-être moins de déterminer qui rend ou non un avis que de savoir si la parcelle est ou non desservie et si la pression permet la construction dans des conditions normales. Si un permis de construire est accordé et une construction réalisée, la structure syndicale ou intercommunale, même si elle n'a pas été consultée, a l'obligation de réaliser les travaux de raccordement du fait qu'elle a cette compétence. Et ces travaux peuvent représenter des sommes très importantes.

Il est vrai que le terme « avis » n'est peut-être pas le plus indiqué : il s'agit d'indiquer si, oui ou non, la desserte peut être assurée dans des conditions normales.

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 234.

(L'amendement est adopté.)

M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 24, et l'amendement n° 566 n'a plus d'objet.

Je suis saisi de deux amendements faisant l'objet d'une discussion commune.

L'amendement n° 235, présenté par MM. Bertaud, Doublet et Fouché, est ainsi libellé :

Après l'article 24, insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Après l'article L. 1321-1 du code de la santé publique il est inséré un article additionnel ainsi rédigé :

« Art. L. ... .- Dans le cas des réseaux publics de distribution d'eau potable, l'eau fournie aux usagers doit être propre à la consommation au niveau du point de livraison correspondant à la limite entre la partie du branchement rattachée au réseau public et les installations privées. Les propriétaires de ces installations sont tenus de prendre toutes les mesures nécessaires pour maintenir la qualité de l'eau fournie au-delà du point de livraison. »

La parole est à M. Claude Bertaud.

M. Claude Bertaud. Le présent amendement a pour objet de lever une ambiguïté de la réglementation actuelle, issue d'une directive européenne de 1998, qui prévoit que la qualité de l'eau potable est mesurée au robinet situé chez l'usager final.

Cependant, la collectivité compétente en matière d'eau potable et l'exploitant de ce service, qu'il s'agisse d'une régie ou d'un délégataire, ne peuvent intervenir sur les installations privées des immeubles. Or de nombreuses plaintes des usagers pour mauvaise qualité de l'eau - je peux attester que les contentieux se multiplient considérablement - sont liées à des anomalies affectant ces installations privées : phénomènes de stagnation d'eau, mauvais entretien de certains appareils tels que surpresseurs, adoucisseurs d'eau...

Les conséquences d'analyses démontrant la non-conformité de l'eau distribuée sont parfois lourdes. En particulier, l'expérience montre que les élus responsables du service public peuvent voir leur responsabilité pénale engagée. Il importe donc que la loi délimite clairement les domaines de responsabilité respectifs des collectivités et des propriétaires d'immeubles.

M. le président. L'amendement n° 567, présenté par M. Raoult, Mme Bricq, M. Collombat, Mme Alquier, MM. Pastor, Piras, Lejeune et Trémel, Mme Herviaux, MM. Cazeau, Dauge et Peyronnet, Mme Y. Boyer, MM. Repentin, Lise, Marc, Le Pensec, Domeizel et Roujas, Mme M. André, MM. S. Larcher et Guérini, est ainsi libellé :

Après l'article 24, insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Après le premier alinéa de l'article L. 1321-1 du code de la santé publique, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :

« Le service public d'eau potable, qu'il soit géré en régie ou qu'il fasse l'objet d'une délégation au sens des articles L. 1411-1 et suivants du code général des collectivités territoriales, doit distribuer une eau propre à l'alimentation humaine dont la qualité est appréciée au niveau du dispositif de comptage ou, à défaut, à la limite entre les parties publiques et privées des branchements d'alimentation. »

La parole est à M. Paul Raoult.

M. Paul Raoult. Cet amendement a le même objet que celui que vient de défendre notre collègue.

A l'évidence, le service public doit distribuer une eau propre à la consommation humaine. Toutefois, les services sont de plus en plus souvent confrontés à une question essentielle : à quel point du réseau apprécie-t-on la qualité de l'eau ?

Certes, de manière un peu discutable au regard du droit communautaire, la partie réglementaire du code de la santé publique fixe quelques règles. Mais il importe d'élever au niveau législatif la règle fondamentale selon laquelle chacun n'est responsable que de son fait, car il s'agit là d'une règle d'appréciation de la responsabilité pénale de chacun, qui donc, aux termes de l'article 34 de notre Constitution, relève de la loi.

L'eau doit être propre à la consommation humaine à sa sortie au robinet. Cependant, dans la mesure où la compétence du service responsable ne porte que sur les parties publiques - il ne peut intervenir d'office sur les parties privatives -, cette qualité doit probablement être appréciée à cette limite, qui est de plus en plus souvent matérialisée par le compteur, celui-ci compris.

Concrètement, l'écart entre la qualité de l'eau au robinet et la qualité de l'eau au compteur peut être extrêmement important, et il serait dommageable que le service de distribution soit considéré comme responsable de ce qui se passe entre le compteur et le robinet, alors même qu'il n'a les moyens ni de contrôler cet espace, qui est limité, ni d'intervenir sur cette partie de l'installation.

Il nous faut aujourd'hui éclaircir ce problème, qui devient fâcheux et difficile à gérer pour les distributeurs d'eau, qu'ils soient en régie ou en délégation.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Bruno Sido, rapporteur. Ces amendements sont fondés dans leur principe, dans la mesure où ils visent à rendre seuls responsables de la qualité de l'eau au robinet les usagers se voyant livrer au branchement de la partie privée au réseau public une eau propre à la consommation.

Ils paraissent malheureusement contraires aux dispositions de la directive européenne de 1998, qui précise que la qualité de l'eau s'apprécie au robinet situé chez l'usager final.

Aussi la commission s'est-elle prononcée défavorablement sur ces deux amendements. Mais peut-être M. le ministre peut-il lui démontrer qu'elle fait erreur dans son analyse ?

M. Alain Vasselle. Et on va voter oui à l'Europe !

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Serge Lepeltier, ministre. Ces deux amendements visent à délimiter les domaines de responsabilité respectifs des collectivités distributrices d'eau et des propriétaires d'immeubles pour ce qui est de la qualité de l'eau en partie aval par rapport au réseau.

Toutefois, les responsabilités de chacun se trouvent d'ores et déjà définies dans les articles R. 1321-5 et R. 1321-45 du code de la santé publique.

J'émets donc un avis défavorable sur ces deux amendements, qui sont satisfaits.

M. le président. La parole est à M. Claude Bertaud, pour explication de vote sur l'amendement n° 235.

M. Claude Bertaud. Monsieur le ministre, dans ces conditions, il conviendrait d'interdire purement et simplement la vente de certains matériels qui sont installés entre le point d'arrivée de l'eau fournie par le service public et le point de distribution, c'est-à-dire le robinet ! Tous ici savons très bien que le vrai problème est là !

Nous n'avons aucun moyen d'agir, les assurances refusent de payer, et ce sont les syndicats qui sont obligés de contribuer au financement, quand ce n'est pas d'aller devant les tribunaux. Le problème se pose à toutes les réunions des comités syndicaux, où doivent être traités chaque fois une dizaine de dossiers. Je ne sais pas où nous allons !

La solution pourrait consister à contrôler davantage les installations réalisées par des entreprises privées.

M. le président. La parole est à M. Paul Raoult, pour explication de vote.

M. Paul Raoult. Monsieur le ministre, vous indiquez que la question est réglée dans un autre texte de loi, mais je voudrais que vous nous indiquiez précisément quelle est, concrètement, notre responsabilité entre le compteur et le robinet : quels sont les articles du code de la santé publique auxquels vous vous référez pour affirmer que les amendements sont satisfaits ? Pour ma part, je ne les connais pas, et je me demande combien de mes collègues ici présents sont des juristes capables de confirmer à brûle-pourpoint la teneur de ces articles.

Je ne demande qu'à vous croire, monsieur le ministre, car cela signifierait que ma responsabilité en tant que président est dégagée ; mais il faudrait au moins nous lire les textes qui nous le garantissent.

Je prendrai l'exemple du plomb. En tant que distributeurs, nous devons supprimer tous les branchements de plomb d'ici à 2013, si j'ai bonne mémoire, et nous sommes en train de le faire. Mais de nombreux particuliers ont encore des tuyaux en plomb entre le compteur et le robinet. L'eau au robinet ne sera pas conforme !

Si le code de la santé publique prévoit que nous ne sommes pas responsables, très bien ! Je voudrais cependant en avoir l'assurance et pouvoir lire les textes invoqués.

M. le président. La parole est à M. le rapporteur.

M. Bruno Sido, rapporteur. J'entends bien les arguments avancés. Cependant, en pratique, il faudrait équiper le compteur d'un petit robinet pour pouvoir faire un prélèvement.

Le souci du législateur, c'est la santé publique, donc la qualité de l'eau au robinet. Il ne faut pas aller chercher midi à quatorze heures, sans quoi nous passerons toute la nuit sur ce genre de problème !

Il est certain que la partie de l'installation entre le réseau public et le robinet est un no man's land juridique ; mais, pratiquement, il n'y a pas d'autre solution.

M. le président. La parole est à M. Gérard Delfau, pour explication de vote.

M. Gérard Delfau. Sans avoir l'éloquence de M. Bertaud ni de M. Raoult, je voudrais faire part de mon insatisfaction profonde d'entendre que nous ne pouvons pas régler ce soir un problème pourtant manifeste.

M. Alain Vasselle. Il est réglé par le code de la santé publique !

M. Gérard Delfau. Il n'est réglé par rien du tout, puisque nous n'avons pas de réponse concrète ! Je suis comme saint Thomas : en tant que législateur, je juge à partir des textes. Je n'ai pas de texte, donc je n'ai pas d'élément nouveau.

Ce problème ne peut être résolu que de deux façons : ou bien on demande à la puissance publique de contrôler la qualité de l'eau, et on la rémunère pour cela, ou bien sa responsabilité s'arrête à l'endroit précis où commence le domaine privé. Il n'y a pas d'autre façon de procéder !

Si nous laissons la question en suspens, nous serons les uns après les autres traduits devant les tribunaux, et nous serons les uns après les autres condamnés : nous le savons bien, c'est un fait de société !

Il faut donc essayer de borner ces dérives par des textes législatifs aussi clairs et précis que possible.

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 235.

(L'amendement est adopté.)

M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 24, et l'amendement n° 567 n'a plus d'objet.

L'amendement n° 443, présenté par Mme Didier, MM. Billout et  Coquelle, Mme Demessine, MM. Le Cam,  Vera et les membres du groupe Communiste Républicain et Citoyen, est ainsi libellé :

Après l'article 24, insérer un article additionnel ainsi rédigé :

L'article L. 1413-1 du code général des collectivités territoriales est modifié comme suit :

1°. - Le troisième alinéa est complété par les mots :

« et aux modalités d'information de tous les consommateurs sur les prix et la qualité de l'eau et de l'assainissement »

2°. - Après le neuvième alinéa, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :

« 5°. - Un bilan sur l'évolution des indicateurs de performance, les conditions d'accès aux services, les programmes de travaux et la politique de gestion patrimoniale concernant ces services. »

3°. - A la fin de l'article, sont insérés trois alinéas ainsi rédigés :

« 4°. - Le contenu du règlement de service et les modalités de son application »

« 5°. - La structure tarifaire des services de l'eau et de l'assainissement, et les conditions de mise en oeuvre de l'individualisation de l'abonnement prévu à l'article 93 de la loi n°2000-1208 du 13 décembre 2000 »

« 6°. - Tout projet d'action de coopération décentralisée ou d'action de solidarité internationale défini à l'article L. 1115-1 du code général des collectivités territoriales. »

La parole est à Mme Evelyne Didier.

Mme Evelyne Didier. Le présent amendement vise à renforcer le rôle des commissions consultatives de services publics locaux.

Ces commissions constituent des instruments qui nous semblent indispensables à la mise en oeuvre d'une bonne gouvernance, à la coproduction de règles et de méthodes facilitant la participation du public et permettant d'améliorer la qualité des services. Selon nous, elles ont un rôle important à tenir pour faciliter l'information du public par les communes et la concertation.

C'est pourquoi nous estimons qu'elles doivent être davantage consultées, notamment en matière de tarification des services.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Bruno Sido, rapporteur. Si l'objet de cet amendement est louable, il aurait pour effet, en pratique, d'alourdir tant le fonctionnement de ces commissions consultatives que celui des collectivités devant prendre leur avis en les soumettant à de nouvelles obligations de consultation.

La commission a donc émis un avis défavorable.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Serge Lepeltier, ministre. L'amendement précédent ayant été adopté, je demanderai à mes services d'étudier les conséquences éventuelles de ces mesures, car il semble qu'il y ait une ambiguïté juridique.

J'en viens à l'amendement n° 443, qui tend à améliorer la participation du consommateur.

L'article L.1413-1 du code général des collectivités territoriales est issu d'une ordonnance de simplification de juin 2004, donc très récente, et les dispositions relatives à la participation des consommateurs introduites dans cette ordonnance me paraissent d'ores et déjà pouvoir garantir cette participation, sans alourdir des dispositions dont un grand nombre me semblent relever du domaine réglementaire.

C'est la raison pour laquelle le Gouvernement émet un avis défavorable.

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 443.

(L'amendement n'est pas adopté.)

Art. additionnels après l'art. 24
Dossier législatif : projet de loi sur l'eau et les milieux aquatiques
Art. additionnels après l'art. 25

Article 25

Le dernier alinéa de l'article L. 2224-2 du code général des collectivités territoriales est remplacé par les dispositions suivantes :

« L'interdiction prévue au premier alinéa n'est pas applicable :

« 1° Dans les communes de moins de 3 000 habitants et les groupements composés de communes dont aucune n'a plus de 3 000 habitants, aux services de distribution d'eau et d'assainissement ;

« 2° Quelle que soit la population des communes et groupements, aux services publics d'assainissement non collectif, lors de leur création et pour une durée limitée au maximum aux quatre premiers exercices. »

M. le président. Je suis saisi de deux amendements identiques.

L'amendement n° 48 est présenté par M. Sido, au nom de la commission des affaires économiques.

L'amendement n° 128 est présenté par M. Jarlier, au nom de la commission des lois.

Ces deux amendements sont ainsi libellés :

Dans le deuxième alinéa (1°) du texte proposé par cet article pour remplacer le dernier alinéa de l'article L. 2224-2 du code général des collectivités territoriales, remplacer les mots :

groupements composés de communes dont aucune

par les mots :

établissements publics de coopération intercommunale dont aucune commune membre

La parole est à M. Pierre Jarlier, rapporteur pour avis.

M. Pierre Jarlier, rapporteur pour avis. Il s'agit de deux amendements de précision, monsieur le président.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Serge Lepeltier, ministre. Favorable.

M. le président. Je mets aux voix les amendements identiques nos 48 et 128.

(Les amendements sont adoptés.)

M. le président. Je suis saisi de deux amendements identiques.

L'amendement n° 49 est présenté par M. Sido, au nom de la commission des affaires économiques.

L'amendement n° 129 est présenté par M. Jarlier, au nom de la commission des lois.

Ces deux amendements sont ainsi libellés :

Dans le dernier alinéa du texte proposé par cet article pour remplacer le dernier alinéa de l'article L. 2224-2 du code général des collectivités territoriales, après le mot:

groupements

insérer les mots :

de collectivités territoriales

La parole est à M. Pierre Jarlier, rapporteur pour avis.

M. Pierre Jarlier, rapporteur pour avis. Ces amendements ont pour objet de préciser que l'ensemble des groupements de collectivités territoriales, y compris les syndicats mixtes fermés, doivent pouvoir bénéficier de la possibilité de prendre en charge sur le budget général, pour une durée limitée, les dépenses afférentes au service d'assainissement non collectif.

Les services publics d'assainissement non collectif ne bénéficient pas de la dérogation prévue pour les communes de moins de 3 000 habitants et les groupements composés de communes de moins de 3 000 habitants. Ils rencontrent de grandes difficultés lors de leur création, car ils ne peuvent percevoir les redevances tant que le service n'est pas rendu.

Il est donc nécessaire de permettre à l'ensemble des communes ou groupements compétents en matière d'assainissement non collectif, et pas seulement aux plus petits, d'abonder le budget annexe par le budget général pour créer leur service et le faire fonctionner.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Serge Lepeltier, ministre. Favorable.

M. le président. La parole est à M. Alain Vasselle, pour explication de vote.

M. Alain Vasselle. J'approuve cette initiative, mais le niveau du début dépend de celui de la fin. (Sourires.) Si, dans une intercommunalité regroupant dix communes, le début consiste à équiper sept communes, il n'en restera plus que trois, et cela ne devrait pas poser de problème majeur. Mais si une intercommunalité regroupant quarante ou cinquante communes rurales, dont le tissu, au niveau des constructions, est très diffus, en équipe trois ou quatre, les dépenses seront lourdes, commune par commune, notamment si l'on retient la solution de l'assainissement collectif.

S'en tenir aux quatre premiers exercices, comme le prévoit l'article 25, n'est pas suffisant. Il faudrait assouplir le dispositif et laisser peut-être au préfet du département le soin d'apprécier la situation, car il y a autant de cas de figure que d'intercommunalités.

Le seul moyen de lisser les coûts dans le temps et de les mutualiser, c'est d'agir par le biais du budget communal. Sinon, au bout de la quatrième année, pour toutes les autres communes, vous serez obligés de faire supporter intégralement le coût des investissements à une population peu nombreuse au regard de celle qui reste à couvrir.

La solution proposée est bonne, mais, je le répète, le fait de limiter le dispositif aux quatre premiers exercices est trop contraignant.

M. le président. Je mets aux voix les amendements identiques nos 49 et 129.

(Les amendements sont adoptés.)

M. le président. L'amendement n° 568, présenté par M. Raoult, Mme Bricq, M. Collombat, Mme Alquier, MM. Pastor,  Piras,  Lejeune et  Trémel, Mme Herviaux, MM. Cazeau,  Dauge et  Peyronnet, Mme Y. Boyer, MM. Repentin,  Lise,  Marc,  Le Pensec,  Domeizel et  Roujas, Mme M. André, MM. S. Larcher,  Guérini et les membres du groupe Socialiste, est ainsi libellé :

Compléter le texte proposé par cet article pour remplacer le dernier alinéa de l'article L. 2224-2 du code général des collectivités territoriales par un alinéa ainsi rédigé :

« Lorsque le service a été délégué, la part prise en charge par le budget propre ne peut excéder le montant des sommes données au délégataire pour sujétions de service public et représenter une part substantielle de la rémunération de ce dernier ».

La parole est à M. Paul Raoult.

M. Paul Raoult. Si le mécanisme instauré à l'article 25 est pertinent, il faut éviter que par mégarde les collectivités ou les établissements publics ne dénaturent par ce mécanisme la relation contractuelle qu'ils peuvent avoir avec un délégataire.

Si les délégataires doivent bénéficier directement ou indirectement de ce mécanisme, il semble alors utile de limiter la compensation pour qu'elle ne mette pas la relation contractuelle en contradiction avec l'article L.1411-1 du code général des collectivités territoriales, qui exige que la rémunération du délégataire soit substantiellement liée au résultat de l'exploitation.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Bruno Sido, rapporteur. Cet amendement nous a paru intéressant dans la mesure où il rappelle l'exigence posée par le code général des collectivités territoriales.

La commission souhaiterait connaître l'avis du Gouvernement sur ce point.

M. le président. Quel est donc l'avis du Gouvernement ?

M. Serge Lepeltier, ministre. Pour les mêmes raisons que la commission, le Gouvernement émet un avis favorable.

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 568.

(L'amendement est adopté.)

M. le président. Je mets aux voix l'article 25, modifié.

(L'article 25 est adopté.)

Art. 25
Dossier législatif : projet de loi sur l'eau et les milieux aquatiques
Art. 26 (début)

Articles additionnels après l'article 25

M. le président. L'amendement n° 272 rectifié bis, présenté par MM. Revet,  Bailly,  Grillot,  Ginoux et  Texier, Mmes Henneron,  Rozier et  Gousseau, MM. Juilhard,  Bordier,  Pierre et  J. Boyer, est ainsi libellé :

Après l'article 25, insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Après l'article L. 2224-2 du code général des collectivités territoriales, il est inséré un article additionnel ainsi rédigé :

« ArtL. ...  - Le seuil de 3 000 habitants prévu pour l'application des articles L. 2224-2 et L. 2224-6 du présent code s'apprécie quand le service d'eau et d'assainissement ne s'adresse pas à la totalité de la population communale, au regard du nombre d'habitants effectivement bénéficiaires du service ».

La parole est à M. Charles Revet.

M. Charles Revet. Il arrive que, dans les dessertes assurées par les services d'eau et d'assainissement, le syndicat ne prenne en compte qu'un hameau d'une commune, fût-elle importante. Par conséquent, il paraît anormal que l'intervention financière de la commune repose sur la totalité de la population : seule la population concernée par le service doit être prise en compte dans le calcul.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Bruno Sido, rapporteur. Cette précision visant à assouplir le seuil en deçà duquel les dépenses des services publics de distribution d'eau et d'assainissement peuvent être prises en charge par le budget général des collectivités concernées ne semble pas nécessaire dans la mesure où l'article L.2224-2 du code général des collectivités territoriales apporte déjà une réponse à cette préoccupation.

Par conséquent, la commission demande à M. Revet de retirer son amendement ; à défaut, elle émettra un avis défavorable.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Serge Lepeltier, ministre. Le Gouvernement partage l'avis de la commission. En effet, l'article L.2224-2 donne déjà la possibilité de faire appel à une contribution du budget général pour les investissements qui entraînent une augmentation excessive des tarifs.

M. le président. Monsieur Revet, l'amendement est-il maintenu ?

M. Charles Revet. Oui, monsieur le président.

M. le président. La parole est à M. Alain Vasselle, pour explication de vote.

M. Alain Vasselle. Monsieur le ministre, je vous invite à réfléchir à la proposition de M. Revet d'ici à la deuxième lecture. Je préside une structure intercommunale de quarante et une communes ; une seule commune dépasse le seuil de 3 000 habitants. Les quarante autres communes ne pourront donc pas imputer les dépenses d'assainissement sur le budget communal. La seule présence de cette commune va pénaliser les petites collectivités.

La proposition de M. Revet était intéressante, parce qu'elle permettait d'atténuer l'effet de seuil. Dans la mesure où, dans la commune la plus importante, seule la moitié de la population était desservie, on était en dessous du seuil de 3 000 habitants. Cela permettait aux quarante communes rurales qui comptent moins de 500 habitants de pouvoir répercuter une partie de la dépense sur le budget communal.

Peut-être ne pouvons-nous pas régler le problème ce soir, mais je demande que l'on y réfléchisse d'ici à la deuxième lecture.

M. le président. Monsieur Revet, l'amendement est-il toujours maintenu ?

M. Charles Revet. Je remercie M. Vasselle d'avoir apporté ces précisions, car il existe des situations absurdes. Nous en reparlerons, monsieur le ministre.

Cela dit, je retire mon amendement.

M. le président. L'amendement n° 272 rectifié bis est retiré.

L'amendement n° 271 rectifié, présenté par MM. Revet,  Bailly,  Grillot,  Ginoux et  Texier, Mmes Henneron,  Rozier et  Gousseau, MM. Juilhard,  Bordier,  Pierre et  J. Boyer, est ainsi libellé :

Après l'article 25, insérer un article additionnel ainsi rédigé :

L'article L. 2224-6 du code général des collectivités territoriales est ainsi rédigé :

« Art. L. 2224-6. - Les communes de moins de 3 000 habitants et les groupements composés de communes dont aucune n'a plus de 3 000 habitants peuvent établir un budget unique des services de distribution d'eau potable et d'assainissement si les deux services sont soumis aux mêmes règles d'assujettissement à la taxe sur la valeur ajoutée et si leur mode de gestion est identique. »

La parole est à M. Charles Revet.

M. Charles Revet. Cet amendement vise à permettre aux communes de moins de 3 000 habitants et aux groupements de communes composés de communes dont aucune n'a plus de 3 000 habitants de pouvoir disposer d'un budget unique.

Monsieur le ministre, dans les communes rurales, l'assainissement a été réalisé beaucoup plus tardivement que l'adduction d'eau ou l'assainissement en ville.

Si nous ne prenons pas les dispositions nécessaires, les conséquences sur le niveau de la redevance d'assainissement seront très importantes. En effet, à partir du moment où les budgets sont séparés, chacun doit être équilibré.

Je parle en connaissance de cause : la chambre régionale des comptes m'a ainsi contraint à présenter des budgets séparés et équilibrés, au motif que le syndicat, qui ne compte aucune commune de plus de 2 500 habitants, représente, au total, plus de 15 000 habitants,

Il faut instaurer une solidarité en matière de gestion de l'eau. Je suggère donc que les groupements de communes composés de communes dont aucune n'atteint 3 000 habitants, comme les communes de moins de 3 000 habitants, soient autorisés à établir un budget unique pour mettre en oeuvre cette solidarité. Cela permettra de progresser dans ce domaine.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Bruno Sido, rapporteur. Cet amendement vise à porter le seuil requis en la matière de 3 000 habitants à 3 500 habitants...

M. Charles Revet. L'amendement a été rectifié !

M. Bruno Sido, rapporteur. La rectification ne m'ayant pas été communiquée, je m'en remets à la sagesse du Sénat sur cet amendement. (Sourires.)

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Serge Lepeltier, ministre. Je n'ai pas non plus eu connaissance de la rectification, monsieur le président. Dans ces conditions, le Gouvernement s'en remet également à la sagesse du Sénat. (Nouveaux sourires.)

M. le président. La parole est à M. Daniel Soulage, pour explication de vote.

M. Daniel Soulage. Monsieur le président, l'amendement n° 348 rectifié que je défendrai à l'article 26 porte sur le même sujet. Il me paraîtrait donc logique de le présenter dès à présent.

Il s'agit en effet d'étendre la possibilité d'abondement du budget de l'assainissement par le budget de l'eau aux groupements de communes qui comprennent des communes de plus de 3 000 habitants.

M. le président. Monsieur Soulage, bien que déposé à l'article 26, votre amendement porte effectivement sur le même sujet que l'amendement n° 271 rectifié. Souhaitez-vous le rectifier pour le mettre en discussion commune ?

M. Daniel Soulage. Tout à fait, monsieur le président.

M. le président. Je suis donc saisi d'un amendement n° 348 rectifié bis, présenté par M. Soulage et les membres du groupe Union centriste-UDF, et qui est ainsi libellé :

Après l'article 25, insérer un article additionnel ainsi rédigé :

L'article L. 2224-11 du code général des collectivités territoriales est complété par un alinéa ainsi rédigé :

« Toutefois, pour les groupements comportant tout ou partie d'une ou plusieurs communes de plus de 3 000 habitants, à la condition que l'ensemble de ces communes ne représentent pas, en nombre d'abonnés, plus de 30 %, et dans les cas prévus à l'article L. 2224-2 aux alinéas 1°, 2° et 3°, le budget de l'un des services pourra équilibrer le budget de l'autre. »

Je vous redonne la parole, mon cher collègue, pour compléter la présentation de cet amendement.

M. Daniel Soulage. Cet amendement a pour objet de compléter le texte proposé par l'article 26 pour l'article L. 2224-11 du code général des collectivités territoriales, qui prévoit que les « services publics de distribution d'eau et d'assainissement sont financièrement gérés comme des services à caractère industriel et commercial. » Il convient en effet que, en matière d'assainissement, l'administration prenne en compte les spécificités des communes et des groupements de communes en milieu rural.

Selon les situations propres à chaque département ou à chaque région, pour de nombreuses communes, les budgets de l'eau posent moins de difficultés que ceux de l'assainissement. Dans le Lot-et-Garonne, par exemple, étant donné les actions qui ont été menées, les budgets de l'eau se portent beaucoup mieux que les budgets de l'assainissement, pour lequel de nombreux projets sont encore à réaliser, donc à financer.

C'est pourquoi mon prédécesseur au Sénat, Raymond Soucaret, avait fait inscrire dans la loi la possibilité d'abondement du budget de l'assainissement par le budget de l'eau pour les communes de moins de 3 000 habitants, y compris dans le cadre d'un syndicat ou d'un groupement de communes.

Cette disposition nous avait permis de lancer nos programmes d'assainissement collectif en milieu rural, notamment dans les petites communes. Les interprétations administratives sur ce sujet ont d'abord été positives, mais elles sont devenues négatives depuis quelques années. Cela a conduit à supprimer les prélèvements sur le budget de l'eau en faveur de l'assainissement, particulièrement dans les syndicats comprenant tout ou partie d'une commune de plus de 3 000 habitants

Nos petites communes se sont ainsi trouvées pénalisées : les programmes d'assainissement collectif n'ont pu être poursuivis à un rythme soutenu, malgré des demandes toujours plus importantes.

La situation est paradoxale : nous nous retrouvons pénalisés, dans nos groupements ou syndicats, le plus souvent pour avoir intégré la partie rurale des communes de plus de 3 000 habitants. Il s'agit, souvent, de syndicats ruraux, mais les grandes communes - Villeneuve-sur-Lot, Agen, Marmande ou Nérac dans mon département - ont laissé leurs parties rurales faire partie de ces syndicats, ce qui provoque des problèmes au niveau des prélèvements budgétaires.

Je propose donc d'énoncer clairement dans la loi que la possibilité d'équilibrer entre eux les budgets des services de l'assainissement et de l'eau est ouverte aux « groupements comportant tout ou partie d'une ou plusieurs communes de plus de 3 000 habitants, à la condition que l'ensemble de ces communes ne représentent pas, en nombre d'abonnés, plus de 30 % ».

Par ailleurs, à la suite de l'amendement qui a été voté voilà une dizaine d'années, l'administration avait laissé, en toute connaissance de cause, les syndicats ruraux pratiquer ce type d'abondement, alors même que ceux-ci comprenaient des communes ou des parties de communes qui dépassaient légèrement 3 000 habitants.

Tout à coup, sans aucune explication, l'administration a décidé d'interpréter les textes différemment et n'a plus permis une telle possibilité. Les présidents de syndicats ont été convoqués pour se voir notifier l'obligation d'une mise en conformité. Ce ne fut pas très agréable compte tenu des investissements qui avaient été réalisés.

Or nous demandons simplement que l'administration nous laisse faire, car nous sommes largement en mesure de développer l'assainissement en milieu rural dans les délais voulus. Il est tout de même extraordinaire de nous refuser une possibilité d'améliorer la qualité de l'eau ! Au demeurant, si l'on ne travaille pas pour la qualité de l'eau en faisant de l'assainissement en milieu rural, expliquez-moi ce que l'on fait !

Je me demande pourquoi l'administration fait du zèle dans ce domaine, car, vraiment, cela va à l'encontre du but poursuivi et, plus généralement, de la protection de l'environnement.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Bruno Sido, rapporteur. Finalement, l'amendement n° 271 rectifié a le mérite de la simplicité : il y est proposé de simplifier la gestion des groupements de communes composés de communes dont aucune ne compte plus de 3 000 habitants. La commission ne peut émettre qu'un avis favorable sur cet amendement.

Cela étant, en ce qui concerne l'amendement n° 348 rectifié bis, sans vouloir donner de leçons à quiconque, nous n'avons pas à légiférer pour des cas particuliers ! Ou alors, il faudrait déposer 30 000 amendements du même genre : un par cas particulier !

La loi est supposée défendre l'intérêt général, et non pas les intérêts particuliers. Par conséquent, la commission émet un avis défavorable sur cet amendement.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Serge Lepeltier, ministre. Je souhaite revenir sur l'amendement n° 271 rectifié. A la lecture de la rédaction initiale, nous avions d'abord compris, peut-être à tort, qu'il s'agissait simplement de modifier le seuil requis, pour le faire passer de 3 000 à 3 500 habitants. (M. Charles Revet fait un signe de dénégation.) Or, compte tenu de la rectification de l'amendement, le dispositif proposé s'applique non seulement aux communes de moins de 3 000 habitants, mais aussi aux groupements composés de communes dont aucune n'a plus de 3 000 habitants. Au total, cela peut donc concerner beaucoup plus d'habitants.

Je ne suis pas en mesure d'apprécier aujourd'hui les conséquences éventuelles d'une telle modification. Je souhaite évidemment en discuter avec le ministre de l'intérieur, qui est compétent en la matière. Au demeurant, on ne peut légiférer dans l'urgence sur un sujet aussi important, qui concerne les collectivités locales.

Par conséquent, monsieur Revet, je vous demande de bien vouloir retirer cet amendement. A défaut, j'émettrai un avis défavorable. D'ici à la deuxième lecture, nous pourrons envisager les conséquences d'un tel dispositif avec le ministère de l'intérieur, qui est chargé des collectivités locales.

En ce qui concerne l'amendement n° 348 rectifié bis, il s'agit d'assouplir l'interdiction de contribution du budget général pour les groupements comportant une ou plusieurs communes de plus de 3 000 habitants.

Les dispositions proposées répondent à une préoccupation légitime exprimée par des intercommunalités en milieu rural. A vrai dire, le fait d'instaurer un peu plus de souplesse dans l'application des règles d'autonomie des budgets de l'eau et de l'assainissement permettrait sans doute de faciliter la constitution des syndicats ruraux ou des groupements, tout en limitant les possibilités de dérogation aux petites structures.

Monsieur Soulage, vous proposez d'introduire un nouveau paramètre pour le calcul du seuil, à savoir le nombre d'abonnés. Cette mesure me paraît néanmoins apporter une complexité supplémentaire, alors que le paramètre retenu pour la définition du seuil de 3 000 habitants est la population communale.

Je crains vraiment que l'adoption d'un tel dispositif ne vienne compliquer la situation à l'excès. Je comprends bien votre volonté d'assouplir le seuil, mais, à ce moment-là, pourquoi ne pas aller jusqu'au bout de la logique et fixer ce seuil à un niveau encore plus élevé ?

En définitive, le fait de « triturer » le seuil requis en la matière va rendre l'application du dispositif extrêmement compliquée. En conséquence, je ne peux émettre qu'un avis défavorable sur cet amendement.

Comme je viens de le dire pour l'amendement précédent, il conviendra d'approfondir la réflexion, en liaison avec le ministère de l'intérieur. Il s'agit en effet non plus du seul sujet de l'eau, mais de la gestion des collectivités locales.

M. le président. La parole est à M. Charles Revet, pour explication de vote sur l'amendement n° 271 rectifié.

M. Charles Revet. Monsieur le ministre, je tiens à préciser que la rectification a porté uniquement sur le nombre d'habitants. L'amendement a d'ailleurs été rectifié lors d'une réunion de commission.

M. Gérard César. Tout à fait !

M. Charles Revet. J'avais d'abord fixé le seuil à 3 500 habitants, en référence au seuil retenu habituellement, notamment dans le cadre des élections. Le rapporteur m'a alors rétorqué que le seuil de référence en la matière était fixé à 3 000 habitants. J'ai donc ramené le seuil de 3 500 à 3 000 habitants. Aucun autre terme n'a été changé.

Monsieur le ministre, je veux bien accepter de retirer cet amendement, pour vous permettre d'examiner plus précisément le dispositif. Honnêtement, cela ne changera pas grand-chose.

M. le rapporteur en conviendra, cet amendement ne concerne pas uniquement un cas particulier : il vise à résoudre un problème qui se pose véritablement à l'échelon national. Il serait donc regrettable qu'aucune solution n'y soit apportée aujourd'hui.

M. le président. La parole est à M. le ministre.

M. Serge Lepeltier, ministre. Monsieur Revet, je tiens à vous donner acte de vos propos : nous avions en effet mal interprété votre amendement. Vous m'accorderez qu'il n'était pas aisé, au détour d'un amendement sur un texte qui en comporte plus de 600, de saisir immédiatement la teneur de la rectification proposée.

M. Charles Revet. Je vous l'accorde, monsieur le ministre !

M. le président. En définitive, monsieur Revet, acceptez-vous de retirer l'amendement n° 271 rectifié ?

M. Charles Revet. Oui, monsieur le président, je le retire.

M. le président. L'amendement n° 271 rectifié est retiré.

Monsieur Soulage, l'amendement n° 348 rectifié bis est-il maintenu ?

M. Daniel Soulage. Monsieur le rapporteur, je n'ai voulu donner de leçons à personne. Si vous avez interprété ainsi mes propos, c'est peut-être parce que j'ai parlé avec passion ce que je vis. Au demeurant, les problèmes rencontrés ont un retentissement national : il ne s'agit pas d'un cas unique ! Si mes paroles vous ont paru excessives, je vous prie de m'en excuser.

Monsieur le ministre, j'ai bien noté les remarques que vous avez formulées. Je serais heureux de participer aux travaux du groupe de travail que vous avez évoqué. Il s'agit d'étudier, avec le ministère de l'intérieur, la possibilité de classer cette affaire une fois pour toutes.

Cela étant, monsieur le président, je retire cet amendement.

M. le président. L'amendement n° 348 rectifié bis est retiré.

L'amendement n° 569, présenté par M. Raoult, Mme Bricq, M. Collombat, Mme Alquier, MM. Pastor,  Piras,  Lejeune et  Trémel, Mme Herviaux, MM. Cazeau,  Dauge et  Peyronnet, Mme Y. Boyer, MM. Repentin,  Lise,  Marc,  Le Pensec,  Domeizel et  Roujas, Mme M. André, MM. S. Larcher,  Guérini et les membres du groupe Socialiste, est ainsi libellé :

Après l'article 25, insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Une même régie, quel que soit son statut, peut :

- gérer un ou plusieurs services publics en matière d'alimentation en eau potable, d'assainissement ou d'assainissement non collectif, sous réserve que chaque service au moins ait un budget et une comptabilité en propre ;

- être autorité délégante de service public.

En cas de création d'une régie, cette dernière se voit attribuer les biens, droits et obligations de la commune ou du groupement qui l'a créée, ainsi que tout ou partie des contrats correspondant aux services transférés à cette régie. Les règles de transferts des personnels, des biens, des droits, des obligations et des contrats entre cette commune et de groupement, d'une part, et la régie, d'autre part, sont celles qui s'appliquent entre une commune et un établissement public de coopération intercommunale en vertu des dispositions des articles L. 5211-1 et suivants du présent code.

La parole est à M. Paul Raoult.

M. Paul Raoult. Je ne sais pas s'il s'agit d'un cas particulier, monsieur le rapporteur, mais je vais bientôt hésiter à présenter mes amendements, qui reflètent pourtant le vécu d'un élu.

L'amendement n° 569 porte sur le statut des régies.

Les collectivités, les établissements publics de coopération intercommunale et les syndicats mixtes doivent créer des régies pour la gestion de leurs services publics industriels et commerciaux. En vue d'une meilleure efficacité, il semble utile de permettre la constitution d'une seule régie pour la gestion des services d'adduction d'eau potable et d'assainissement collectif et non collectif, ces services étant structurellement liés et nécessitant un savoir-faire commun.

En revanche, il convient de maintenir une gestion budgétaire bien distincte et de préciser les découpages possibles desdits services.

Par ailleurs, il semble utile d'indiquer dans la loi certains principes de fonctionnement de la régie, plus particulièrement le mécanisme de transfert des biens, droits et obligations découlant du transfert du service.

A l'heure actuelle, de nombreux syndicats se sont spécialisés dans l'eau ou dans l'assainissement. Or nous avons aujourd'hui intérêt à faire fusionner ces régies, dans la mesure où les problèmes traités sont proches. Qu'il s'agisse d'une commune ou d'un groupement, il semble préférable de considérer les problèmes de l'eau et de l'assainissement dans le cadre d'une structure commune. Une telle décision constituerait un pas en avant fantastique s'agissant du fonctionnement de nos intercommunalités dans le domaine de l'eau et de l'assainissement.

En tant que président d'un syndicat intercommunal de l'eau et d'un syndicat intercommunal de l'assainissement, je suis quotidiennement confronté à cette situation. Ces deux syndicats sont installés dans les mêmes bâtiments et partagent le même personnel. Il faut faire en sorte que ceux qui le souhaitent puissent fusionner leurs services d'eau et leurs services d'assainissement.

Dans les structures intercommunales, la gestion de toutes les réunions de comité, de bureau et autres n'est pas facile, d'autant que ces syndicats possèdent souvent une compétence départementale. La fusion des régies nous faciliterait le travail !

Je tiens beaucoup à cet amendement, que je soumets à votre sagacité, en espérant qu'il recueillera un avis favorable.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Bruno Sido, rapporteur. Rassurez-vous, monsieur Raoult : quand je dis que je ne suis pas un donneur de leçons, je ne suggère pas que les autres le sont !

L'amendement n° 569 vise à conférer aux régies le statut d'autorité délégante de service public. Or un tel statut est exclusivement réservé à la collectivité organisatrice du service de distribution d'eau et d'assainissement.

Actuellement, les régies sont des gestionnaires. Il serait très intéressant, d'un point de vue philosophique, de connaître les raisons pour lesquelles le budget de l'eau a été séparé de celui de l'assainissement, alors qu'il s'agit de deux activités étroitement liées.

Quoi qu'il en soit, en l'état actuel des choses, la commission n'a pu émettre qu'un avis défavorable sur cet amendement.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Serge Lepeltier, ministre. Monsieur le rapporteur, je pense que la dissociation de ces deux budgets répond à une raison de fond : dans une commune, tout le monde a l'eau potable ! En revanche, certaines personnes sont reliées au réseau d'assainissement, alors que d'autres ne le sont pas. Il y a donc une obligation de séparation des deux budgets.

S'agissant de l'amendement n° 569, une régie dotée de la personnalité morale ou de la simple autonomie financière constitue, nous le savons bien, un instrument de gestion directe. Je ne vois pas très bien comment elle pourrait être autorité délégante à la place de la collectivité de rattachement responsable de l'organisation des services. Si tel était le cas, nous serions confrontés, me semble-t-il, à un risque de confusion des responsabilités, puisque le statut d'une régie n'est pas du tout celui d'une entreprise privée.

Dans ces conditions, le Gouvernement ne peut émettre qu'un avis défavorable sur cet amendement.

M. le président. La parole est à M. Pierre-Yves Collombat, pour explication de vote.

M. Pierre-Yves Collombat. La raison de l'obligation de séparation de ces deux services me paraît claire : il s'agit tout simplement de faciliter les mises en concession.

En revanche, la logique voudrait que les moyens soient réunis, de façon que les régies optimisent, notamment, l'utilisation de leur personnel. Il s'agit d'une mesure de saine gestion.

M. le président. La parole est à M. Paul Raoult, pour explication de vote.

M. Paul Raoult. Je suis forcément déçu par les avis qui viennent d'être émis.

Il s'agit toujours de la même chose : les syndicats de l'eau et de l'assainissement gèrent au quotidien les mêmes problèmes, dans les mêmes locaux, avec le même personnel, et il faut à chaque fois dédoubler la structure, alors même que ces deux domaines sont liés. Et on nous interdit de fusionner !

Je demande simplement à vos services, monsieur le ministre, d'analyser la situation : ne serait-il pas possible de faire évoluer la législation ?

En tant que président d'un syndicat pour l'eau et d'un syndicat pour l'assainissement, j'ai reçu un rapport de la chambre régionale des comptes, laquelle s'étonnait que je ne fasse pas fusionner les deux régies. Sur ce, nous avons eu recours aux services d'un grand cabinet parisien d'avocats spécialistes des collectivités locales, ce qui nous a conduits à modifier les statuts. Ces derniers ont été approuvés par la préfecture, car nous avons voulu encadrer le processus.

Par la suite, le syndicat professionnel des distributeurs d'eau, le SPDE, nous a attaqués en Conseil d'Etat, car il s'agissait d'un syndicat qui comptait des communes appartenant à trois départements différents. En trois mois, toute la procédure a été annulée. Les statuts, qui avaient été définis en prenant toutes les précautions nécessaires, et sur injonction de la chambre régionale des comptes, ont été invalidés.

Aujourd'hui, il faut que j'explique aux cinq cents communes concernées que l'on va « défusionner » ; chacun repartira avec son syndicat. Cela ne fait pas sérieux ! J'avais milité auprès des cinq cents communes pour qu'on délibère sur le sujet. Et on nous dit maintenant qu'il faut revenir à la case départ !

Il faudrait que cesse cette incertitude juridique permanente due aux appréciations totalement différentes de la chambre régionale des comptes, du tribunal administratif et du Conseil d'Etat.

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 569.

(L'amendement n'est pas adopté.)

Art. additionnels après l'art. 25
Dossier législatif : projet de loi sur l'eau et les milieux aquatiques
Art. 26 (interruption de la discussion)

Article 26

La section 2 du chapitre IV du titre II du livre II de la deuxième partie du code général des collectivités territoriales est modifiée comme suit :

1° Son intitulé est remplacé par l'intitulé suivant : « Section 2 : Dispositions relatives aux services publics de distribution d'eau et d'assainissement » ;

2° Il est créé une sous-section 1 intitulée : « Dispositions générales », comprenant les articles L. 2224-8 à L. 2224-11-3 ;

3° Les deux premiers alinéas de l'article L. 2224-8 sont remplacés par six alinéas ainsi rédigés :

« Les communes sont compétentes en matière d'assainissement. Elles assurent obligatoirement, lorsqu'il existe un service d'assainissement collectif, la collecte, le transport et l'épuration des eaux usées, ainsi que l'élimination des boues produites. Elles doivent aussi assurer le contrôle des installations d'assainissement non collectif.

« Elles peuvent, à la demande des usagers ou des propriétaires, assurer l'entretien des installations d'assainissement non collectif.

« Elles peuvent également, à la demande des propriétaires, assurer les travaux :

« 1° De mise en conformité des installations d'assainissement non collectif ;

« 2° De mise en conformité des ouvrages visés à l'article L. 1331-4 du code de la santé publique, depuis le bas des colonnes descendantes des constructions jusqu'à la partie publique du branchement ;

« 3° De suppression ou d'obturation des fosses et autres installations de même nature, à l'occasion du raccordement de l'immeuble ou de la mise aux normes de l'installation d'assainissement non collectif. » ;

4° L'article L. 2224-11 est remplacé par les dispositions suivantes :

« Art. L. 2224-11. - Les services publics de distribution d'eau et d'assainissement sont financièrement gérés comme des services à caractère industriel et commercial. » ;

5° Après l'article L. 2224-11 sont ajoutés les articles L. 2224-11-1 à L. 2224-11-3 ainsi rédigés :

« Art. L. 2224-11-1. - La section d'investissement du budget peut être votée en excédent afin de permettre les travaux d'extension ou d'amélioration des services prévus par l'assemblée délibérante dans le cadre d'une programmation pluriannuelle.

« Art. L. 2224-11-2. - Le régime des redevances susceptibles d'être perçues par les communes ou les départements en raison de l'occupation de leur domaine public par des ouvrages de distribution d'eau et d'assainissement est fixé par décret en Conseil d'État. 

« Art. L. 2224-11-3. - Lorsque le contrat de délégation d'un service public de distribution d'eau ou d'assainissement met à la charge du délégataire des renouvellements et des grosses réparations à caractère patrimonial, un programme prévisionnel de travaux lui est annexé.

« Le contrat doit comporter une stipulation imposant au délégataire, d'une part, l'établissement en fin de contrat d'un rapport énumérant les travaux réalisés, d'autre part, sans préjudice des autres sanctions prévues au contrat, le versement au budget de l'eau et de l'assainissement du délégant d'une somme correspondant au montant des travaux stipulés au programme prévisionnel et non exécutés. »

M. le président. Je suis saisi de deux amendements faisant l'objet d'une discussion commune.

L'amendement n° 218 rectifié, présenté par M. Cambon, Mme Procaccia et M. Doublet, est ainsi libellé :

Après le deuxième alinéa de cet article (1°), insérer deux alinéas ainsi rédigés :

... ° Après l'article L. 2224-7, il est inséré un article ainsi rédigé :

« Art. L. ...  - Tout service assurant tout ou partie de la production par captage ou pompage, de la protection de point de prélèvement, du traitement, du transport, du stockage et de la distribution d'eau destinée à la consommation humaine est un service de distribution d'eau potable ».

La parole est à M. Christian Cambon.

M. Christian Cambon. Aussi étonnant que cela puisse paraître, aucun texte, en particulier du code général des collectivités territoriales, ne confie expressément et exclusivement aux communes la responsabilité du service de production et de distribution d'eau, alors que ces dispositions existent pour le service d'assainissement.

Cet amendement a donc pour objet de remédier à cette situation.

M. le président. L'amendement n° 377 rectifié, présenté par MM. Delfau,  Baylet,  Collin,  A. Boyer,  Mouly,  Barbier et  Alfonsi, est ainsi libellé :

Après le 1° de cet article, insérer un alinéa ainsi rédigé :

... ° - L'article L. 2224-7 est ainsi rédigé :

« Art. L. 2224-7. - Tout service assurant tout ou partie des prestations prévues aux six premiers alinéas de l'article L. 2224-8 est un service public d'assainissement.

«  Tout service assurant tout ou partie de la production par captage ou pompage, de la protection du point de prélèvement, du traitement, du transport, du stockage et de la distribution d'eau destinée à la consommation humaine est un service public de distribution d'eau. »

La parole est à M. Gérard Delfau.

M. Gérard Delfau. En raisons du nouvel intitulé de la section 2 du chapitre IV du titre II du livre II de la deuxième partie du code général des collectivités territoriales proposé dans le projet de loi, à savoir « Dispositions relatives aux services publics de distribution d'eau et d'assainissement », il me paraît cohérent de préciser la définition du service public d'assainissement prévue par l'actuel article L. 2224-7 de ce code et d'y ajouter une définition du service public de distribution d'eau. J'ai d'ailleurs emprunté cette définition à un précédent texte de loi.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Bruno Sido, rapporteur. La commission a émis un avis favorable sur l'amendement n° 218 rectifié, qui tend à définir dans le code général des collectivités territoriales le service de distribution d'eau. Une telle définition, qui existe pour le service de l'assainissement, fait actuellement défaut pour le service de l'eau. Il paraît donc tout à fait opportun de l'y insérer.

Quant à l'amendement n° 377 rectifié, il vise à introduire dans le code général des collectivités territoriales une définition des services publics de distribution d'eau et à mieux préciser la définition du service public d'assainissement.

La première partie de l'amendement, c'est-à-dire la définition du service de distribution d'eau, fait l'objet d'un autre amendement qui s'insère mieux dans le projet de loi. En effet, le présent amendement renvoie à l'article L. 2224-7 du code général des collectivités territoriales, qui est abrogé par l'article 49 du projet de loi.

La seconde partie de l'amendement, à savoir la définition du service de l'assainissement, est déjà satisfaite par le texte proposé par le projet de loi pour l'article L. 2224-8 du code général des collectivités territoriales.

Aussi, la commission demande à M. Delfau de bien vouloir retirer son amendement. A défaut, elle émettra un avis défavorable.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Serge Lepeltier, ministre. L'amendement n° 218 rectifié précise qu'un service assurant tout ou partie de la production, du transport et de la distribution d'eau est un service de distribution d'eau potable. Il tend ainsi à lever toute ambiguïté quant au texte applicable en ce qui concerne les procédures de délégation de services et à renforcer la sécurité juridique des collectivités organisatrices.

C'est la raison pour laquelle j'émets un avis favorable sur cet amendement, qui est très utile.

En conséquence, je demande à M. Delfau de bien vouloir retirer l'amendement n° 377 rectifié.

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 218 rectifié.

(L'amendement est adopté.)

M. le président. En conséquence, l'amendement n° 377 rectifié n'a plus d'objet.

Je suis saisi de sept amendements faisant l'objet d'une discussion commune.

L'amendement n° 274, présenté par MM. Revet,  Bailly,  Grillot,  Ginoux et  Texier, Mmes Henneron,  Rozier et  Gousseau, MM. Juilhard,  Bordier,  Pierre et  J. Boyer, est ainsi libellé :

Remplacer le 3° de cet article par cinq alinéas ainsi rédigés :

... ° Les deux premiers alinéas de l'article L. 2224-8 sont remplacés par un alinéa ainsi rédigé :

« Les communes sont compétentes en matière d'assainissement ».

... ° Après l'article L. 2224-8, il est inséré un article additionnel ainsi rédigé :

« Art. L. ... - Lorsqu'il existe un service d'assainissement collectif, les communes ou groupement de communes compétent assurent obligatoirement la collecte, le transport et l'épuration des eaux usées, ainsi que l'élimination des boues produites.

« Elles peuvent, à la demande du propriétaire ou des usagers, assurer les travaux de mise en conformité des ouvrages visés à l'article L. 1331-4 du code de la santé publique, depuis le bas des colonnes descendantes des constructions jusqu'à la partie publique des branchements ».

La parole est à M. Charles Revet.

M. Charles Revet. La loi sur l'eau de 1992 a géré la filière eau de l'assainissement non collectif, mais elle n'a donné aucune indication sur la gestion de la filière boues de ces installations. La mise en place d'un contrôle obligatoire et d'un entretien facultatif engendre une augmentation de la fréquence des vidanges, ce qui accroît le volume global des boues produites.

Les filières actuelles seront probablement rapidement dépassées. Le particulier ne pourra pas gérer le devenir des boues et des infrastructures nécessaires à leur élimination. C'est pourquoi la filière boues doit être prise en charge par la collectivité, au même titre que celle de l'assainissement collectif.

Par ailleurs, compte tenu de la nécessité d'une filière collective et publique d'élimination des boues d'assainissement non collectif et de l'obligation incombant aux maires de faire respecter le bon fonctionnement des installations par le particulier au regard des risques sanitaires et environnementaux, il est proposé que la propriété des ouvrages d'assainissement non collectif réhabilités - sous maîtrise d'ouvrage de la collectivité - puisse rester la propriété de la collectivité, si elle le souhaite. Dans ce cas, une convention sera établie entre le propriétaire et la collectivité.

La rédaction proposée vise à préciser les règles de l'assainissement collectif et celles de l'assainissement non collectif en les distinguant.

M. le président. L'amendement n° 224 rectifié, présenté par Mme Sittler, MM. Richert,  Bailly,  Bertaud,  Béteille,  Cambon,  Grignon,  Pierre et  Vasselle, est ainsi libellé :

I- Rédiger comme suit le début du premier alinéa du texte proposé par le 3° de cet article pour remplacer les deux premiers alinéas de l'article L. 2224-8 du code général des collectivités territoriales :

« Les communes ou, le cas échéant, les groupements de collectivités territoriales sont compétents...

II- En conséquence, après le 3° de cet article, insérer un alinéa ainsi rédigé : 

...° Au troisième alinéa de l'article L. 2224-8,  après le mot :

« municipaux »,

sont insérés les mots :

« ou intercommunaux. »

La parole est à Mme Esther Sittler.

Mme Esther Sittler. Il s'agit d'un amendement purement rédactionnel, qui vise à reconnaître explicitement la compétence des groupements de collectivités territoriales en matière d'assainissement.

M. le président. L'amendement n° 50, présenté par M. Sido, au nom de la commission des affaires économiques, est ainsi libellé :

Dans la deuxième phrase du premier alinéa du texte proposé par le 3° de cet article pour remplacer les deux premiers alinéas de l'article L. 2224-8 du code général des collectivités territoriales, supprimer le mot :

obligatoirement

La parole est à M. le rapporteur.

M. Bruno Sido, rapporteur. Cet amendement vise à supprimer un mot superfétatoire.

M. le président. L'amendement n° 51, présenté par M. Sido, au nom de la commission des affaires économiques, est ainsi libellé :

Dans la dernière phrase du premier alinéa du texte proposé par le 3° de cet article pour remplacer les deux premiers alinéas de l'article L. 2224-8 du code général des collectivités territoriales, remplacer les mots :

doivent aussi assurer

par les mots :

assurent également

La parole est à M. le rapporteur.

M. Bruno Sido, rapporteur. Il s'agit d'un amendement rédactionnel.

M. le président. L'amendement n° 570 rectifié, présenté par M. Raoult, Mme Bricq, M. Collombat, Mme Alquier, MM. Pastor,  Piras,  Lejeune et  Trémel, Mme Herviaux, MM. Cazeau,  Dauge et  Peyronnet, Mme Y. Boyer, MM. Repentin,  Lise,  Marc,  Le Pensec,  Domeizel et  Roujas, Mme M. André, MM. S. Larcher,  Guérini et les membres du groupe Socialiste, est ainsi libellé :

I - Rédiger comme suit le deuxième alinéa du texte proposé par le 3° de cet article pour remplacer les deux premiers alinéas de l'article L. 2224-8 du code général des collectivités territoriales :

« Elles peuvent instaurer un service facultatif d'entretien des installations d'assainissement non collectif. Le service ainsi instauré intervient à la demande des usagers. ».

II. Dans le troisième alinéa du même texte, après les mots :

peuvent également

insérer les mots :

et de manière facultative,

La parole est à M. Paul Raoult.

M. Paul Raoult. Dans la continuité des mécanismes déjà élaborés dans le code général des collectivités territoriales et le projet de loi, il semble utile d'inciter les communes et leurs groupements à collaborer entre eux pour la mise en place des captages et des autres équipements collectifs liés au service.

En effet, nombre de collectivités voient leur urbanisation ou leur développement économique freiné par le fait qu'elles consentent à voir leur eau captée au profit, parfois, de structures intercommunales auxquelles elles n'adhèrent même pas. D'autres collectivités acceptent des installations d'assainissement difficiles à faire admettre par la population.

La mise en place de ces équipements est souvent vitale pour les services publics, mais elle s'accompagne aussi de contraintes pour les collectivités et les particuliers acceptant la présence desdits équipements.

M. le président. L'amendement n° 493, présenté par Mme Didier, MM. Billout et  Coquelle, Mme Demessine, MM. Le Cam,  Vera et les membres du groupe Communiste Républicain et Citoyen, est ainsi libellé :

Rédiger comme suit les troisième, quatrième (1°) et cinquième (2°) alinéas du texte proposé par le 3° de cet article pour remplacer les deux premiers alinéas de l'article L. 2224-8 du code général des collectivités territoriales :

« Elles peuvent également, à leur initiative ou à la demande des propriétaires, avec accord des deux parties, aux fins d'optimisation du service assainissement et d'égalité de traitement des usagers face à une servitude publique, assurer les travaux :

« 1°) De construction ou de mise en conformité des installations d'assainissement non collectif ;

« 2°) De construction ou de mise en conformité des ouvrages visés à l'article L. 1331-4 du code de la santé publique.

La parole est à Mme Evelyne Didier.

Mme Evelyne Didier. J'essaie, au travers de cette proposition, d'aller au bout de la logique de la prise en compte de l'assainissement non collectif.

Cet amendement vise à étendre les compétences des communes en matière d'assainissement non collectif en leur permettant - le principe est celui du volontariat -, sur leur initiative ou à la demande des propriétaires, et avec l'accord des deux parties, de réaliser à leurs frais l'installation du système d'assainissement individuel.

Nous souhaitons ainsi remédier à la double inégalité qui existe entre les usagers en matière d'assainissement.

Rappelons tout d'abord que, d'un point de vue financier, le système actuel impose à l'usager de la zone d'assainissement collectif un investissement faible et des frais de fonctionnement élevés et à l'usager de la zone d'assainissement non collectif un investissement important et des frais de fonctionnement faibles.

En effet, l'usager en zone d'assainissement collectif paie le raccordement au réseau public qui est en général moins onéreux qu'un système d'assainissement individuel et paie ensuite une redevance proportionnelle au nombre de mètres cubes utilisés.

L'usager en zone d'assainissement non collectif, quant à lui, paie un système d'assainissement individuel et paie ensuite au service un forfait qui couvre le montant du contrôle de l'installation et, éventuellement, l'entretien. En général, ce forfait est beaucoup moins onéreux que la facture reçue par un usager raccordé au réseau collectif.

En outre, une inégalité flagrante apparaît en termes de responsabilité. En zone d'assainissement collectif, le service d'assainissement est responsable de la qualité du rejet en milieu naturel, alors qu'en zone d'assainissement non collectif c'est l'usager qui assume cette responsabilité. Aussi, l'assainissement individuel apparaît souvent très lourd à gérer pour les particuliers puisque ceux-ci sont responsables de leur installation, de sa conception à son entretien. Avec le nouveau dispositif que je vous propose d'introduire, le service d'assainissement resterait propriétaire du système, assurerait son entretien et son renouvellement et assumerait donc la responsabilité de la qualité du rejet.

Par ailleurs, la possibilité pour les communes d'installer des systèmes d'assainissement individuel permettrait de supprimer les contentieux qui peuvent exister entre les propriétaires et les communes dans ce domaine.

Il me paraît important, en effet, de rappeler que la réalisation des systèmes d'assainissement individuel confiée au propriétaire pour les constructions nouvelles est souvent défectueuse et que, dans le cas où un dysfonctionnement apparaît, les propriétaires demeurent responsables en cas de pollution. Si un dysfonctionnement persiste après contrôle, la commune n'est pas responsable, car c'est au propriétaire de réaliser une étude d'adéquation de filière.

En revanche, si les obligations ne sont pas mises en oeuvre, la commune ainsi que le maire sont responsables de tout dysfonctionnement. Aussi, par le biais de cet amendement, les contentieux n'existeront plus puisque seule la commune sera responsable et que tous les citoyens seront placés sur un pied d'égalité.

Pour conclure, étant donné que les prestations assurées par le service d'assainissement non collectif seront identiques, il nous semble logique qu'il perçoive la même redevance proportionnelle aux mètres cubes d'eau.

La proposition que je formule par le biais de cet amendement est une ouverture. Je sais que des collègues députés travaillent sur ce sujet à l'Assemblée nationale. Je sais également que certains syndicats ne sont pas prêts à exercer cette compétence. Mais cette question mériterait d'être creusée.

M. le président. Le sous-amendement n° 683, présenté par Mme Durrieu, M. Raoult, Mme Bricq, M. Collombat, Mme Alquier, MM. Pastor,  Piras,  Lejeune et  Trémel, Mme Herviaux, MM. Cazeau,  Dauge et  Peyronnet, Mme Y. Boyer, MM. Repentin,  Marc,  Le Pensec,  Domeizel et  Roujas, Mme M. André et M. Guérini, est ainsi libellé :

Compléter le texte proposé par l'amendement n° 493 par un alinéa ainsi rédigé :

« Les particuliers qui veulent participer à l'amélioration de leurs installations autonomes d'assainissement individuelles, dans le cadre des Opérations programmées d'amélioration de l'habitat (OPAH) ou d'une action libre le feront par référence au schéma directeur d'assainissement et aux modalités de contrôle prévues dans le Service public d'assainissement non collectif (SPANC).

La parole est à M. Pierre-Yves Collombat.

M. Pierre-Yves Collombat. L'esprit de ce sous-amendement est d'enserrer ces opérations - majoritairement collectives - dans un cadre, le schéma directeur d'assainissement et le contrôle du SPANC, afin de permettre leur financement par le biais des agences de l'eau, sans que les particuliers soient obligés d'établir des diagnostics nombreux et onéreux et de régulariser ces opérations. Celles-ci portent, certes, sur l'assainissement individuel, mais elles s'inscrivent dans un cadre général.

M. le président. L'amendement n° 276, présenté par MM. Revet,  Bailly,  Grillot,  Ginoux et  Texier, Mmes Henneron,  Rozier et  Gousseau, MM. Juilhard,  Bordier,  Pierre et  J. Boyer, est ainsi libellé :

Après le 3° de cet article, insérer sept alinéas ainsi rédigés :

... ° - Après l'article L. 2224-8, il est inséré un article additionnel ainsi rédigé :

« Art. L. ... . - L'entretien des installations d'assainissement non collectif est à la charge de l'usager. A sa demande, l'entretien est effectué soit par la commune, si elle l'a décidé, soit par une entreprise agréée.

« Les communes peuvent, à la demande des usagers ou des propriétaires, assurer les travaux :

« 1° - De mise en conformité des installations d'assainissement non collectif ;

« 2° - De suppression ou d'obturation des fosses et autres installations de même nature, à l'occasion du raccordement de l'immeuble ou de la mise aux normes de l'installation d'assainissement collectif.

« En outre, les propriétaires peuvent demander à la collectivité, si elle en a pris la compétence, d'assurer la maîtrise d'ouvrage des travaux de réhabilitation des installations d'assainissement non collectif.

« Dans cette hypothèse, la collectivité est propriétaire de l'ouvrage si elle le décide, via une convention conclue avec le propriétaire. Cette convention établit une servitude sur le terrain du propriétaire au profit de la collectivité, publiée à la conservation des hypothèques. »

 

La parole est à M. Charles Revet.

M. Charles Revet. Cet amendement vise à permettre aux collectivités qui ont fait ce choix d'exercer elles-mêmes à la fois le contrôle et la mise en conformité nécessaire des installations.

Cet article additionnel inséré après l'article L. 2224-8 du code général des collectivités territoriales tend à leur donner cette possibilité et à leur permettre, si elles le souhaitent, de conserver la propriété des ouvrages après signature d'une convention avec le propriétaire du terrain sur lequel cet ouvrage est implanté.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Bruno Sido, rapporteur. L'amendement n° 274 défendu par M. Revet tend à conférer de façon systématique et obligatoire aux communes et à leurs groupements la gestion de la filière boues se rapportant au réseau d'assainissement non collectif. Ce dispositif paraît excessivement contraignant à l'égard de ces collectivités, qui doivent pouvoir choisir d'exercer ou non cette compétence.

Par conséquent, la commission demande à M. Revet de retirer son amendement. A défaut, elle émettra un avis défavorable.

L'amendement n° 224 rectifié vise à reconnaître explicitement la compétence des groupements de collectivités territoriales en matière d'assainissement. La précision apportée par cet amendement semble superfétatoire pour les raisons énoncées lors de l'examen des amendements nos 232 et 223 rectifié : le code général des collectivités territoriales prévoit déjà qu'il s'agit d'une compétence que les communes peuvent transférer à leurs groupements si elles le souhaitent.

S'agissant de l'amendement n° 570 rectifié, la précision proposée nous semble sans objet dans la mesure où le projet de loi prévoit déjà clairement que les communes peuvent librement choisir d'intervenir en matière d'entretien et de réhabilitation des installations d'assainissement non collectif. Il s'agit bien là d'une faculté et non d'une obligation.

La commission émet donc un avis défavorable sur cet amendement.

L'amendement n° 493 tend à permettre aux communes d'assurer, si elles le souhaitent, la mise en place d'installations d'assainissement non collectif pour le compte des usagers. Cette possibilité compléterait a priori utilement leur compétence actuelle en matière de contrôle et d'entretien de ces installations. Sur ce point, la commission a souhaité s'en remettre à la sagesse du Sénat.

La commission n'a pas pu examiner le sous-amendement n° 683. Toutefois, à titre personnel, j'y suis défavorable, car ces précisions paraissent inutiles et inopérantes.

L'objet de l'amendement n° 276 est clair : permettre aux collectivités d'intervenir librement sur des installations d'assainissement non collectif de personnes privées. Cependant, la possibilité, pour la collectivité, de décider unilatéralement qu'elle conserve la propriété desdites installations, qui se voit ainsi reconnaître une servitude sur le terrain de l'usager, paraît délicate au regard du droit au respect de la propriété privée. La commission a donc souhaité s'en remettre sur ce point à la sagesse du Sénat.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Serge Lepeltier, ministre. M. le rapporteur a demandé le retrait de l'amendement n° 274 pour des motivations tout à fait justifiées et explicites. Je les fais miennes et je sollicite donc le retrait de cet amendement.

En ce qui concerne l'amendement n° 224 rectifié, le transfert de compétences à un groupement intercommunal doit résulter d'une décision de la commune. Le code général des collectivités territoriales précisant déjà ces possibilités de transfert de compétences, la précision apportée dans cet amendement ne me paraît pas nécessaire. C'est pourquoi le Gouvernement demande le retrait de cet amendement. A défaut, il émettra un avis défavorable.

Le Gouvernement est favorable aux amendements nos 50 et 51, qui visent à apporter une simplification rédactionnelle.

En revanche, l'amendement n° 570 rectifié est satisfait, puisque le projet de loi précise bien que c'est une possibilité pour les communes et non une obligation. La précision rédactionnelle proposée me paraît donc inutile. C'est pourquoi le Gouvernement sollicite le retrait de cet amendement. A défaut, il émettra un avis défavorable.

Concernant l'amendement n° 493, qui prévoit une définition plus complète d'un service public d'assainissement non collectif, la nouveauté réside dans le fait que pourraient être notamment prises en charge les constructions nouvelles d'assainissement non collectif. En effet, le projet de loi prévoit déjà que les communes peuvent, à la demande des propriétaires, assurer les travaux de mise en conformité des installations d'assainissement non collectif.

Par conséquent, je tiens vraiment à être clair sur ce point : votre amendement aboutit à quelque chose de tout à fait nouveau, puisqu'il s'agirait de faire construire par les collectivités, les communes en particulier, les assainissements non collectifs. Pour prendre un exemple, si une personne décide de construire une villa, ce sera à la commune d'installer la fosse septique.

Personnellement, je ne suis pas opposé sur le principe à une telle mesure, mais il faut reconnaître que cela crée des obligations très importantes qui, en termes de propriété privée, soulèvent des questions juridiques essentielles. C'est la raison pour laquelle, à ce stade de la discussion, il vaut sans doute mieux en rester là pour mesurer toutes les conséquences d'un tel dispositif et réexaminer le problème en deuxième lecture.

Je demande donc à Mme Didier de bien vouloir retirer son amendement.

Si l'amendement est retiré, le sous-amendement n° 683 n'a plus d'objet.

J'en viens à l'amendement n° 276, qui a trait au transfert de propriété.

Il faut bien voir que le transfert de propriété des dispositifs d'assainissement non collectif du propriétaire privé vers la collectivité, même si cela peut effectivement se justifier, soulève de nombreux problèmes juridiques et techniques au regard de la réglementation française relative au droit privé. Il s'agit un peu du même sujet que celui dont traitait l'amendement précédent.

Même si je conçois parfaitement l'intérêt de cet amendement, je préférerais qu'il soit retiré et que nous allions plus avant dans la réflexion au cours de la navette.

M. le président. Monsieur Revet, l'amendement n° 274 est-il maintenu ?

M. Charles Revet. Non, monsieur le président, je vais le retirer, car j'ai bien compris le problème que constitue cette obligation.

Mais nous avons suffisamment évoqué les problèmes de boues cet après-midi pour comprendre que l'on ne peut pas laisser les particuliers livrés à eux-mêmes. Il faudra bien, à un moment ou à un autre, s'efforcer de trouver une solution.

Cela étant, je retire cet amendement et, si vous le permettez, monsieur le président, j'évoquerai dans la foulée l'amendement n° 276.

Cette fois, le problème est un peu différent. En fait, certaines collectivités choisissent librement d'assumer cette mission, et ce en plein accord avec le propriétaire du terrain.

En outre, hormis le fait que la collectivité pourra assumer la mission de réhabilitation, il est prévu que, dans le cadre d'une convention librement consentie - rien n'est imposé - la collectivité puisse rester propriétaire des installations dont elle assurera le contrôle.

A priori, si l'on compare cet amendement avec ceux qu'a proposés tout à l'heure notre collègue Jackie Pierre, s'agissant des installations d'eau sur des terrains privés, celles-ci sont bien la propriété de la collectivité.

Par conséquent, j'accepte de retirer également cet amendement, mais il faudra que nous réexaminions cette question, monsieur le ministre.

Ce ne sont pas les collectivités locales qui sont à l'origine de la directive. Or cette dernière leur fait obligation de gérer l'assainissement autonome. Il faut donc donner aux collectivités les moyens d'assumer cette mission. D'ailleurs, c'est un peu dans cet esprit que, dans un amendement ultérieur, je ferai une autre proposition tendant à montrer qu'il convient de se montrer libéral au sens noble du terme !

M. le président. Les amendements nos 274 et 276 sont retirés.

L'amendement n° 224 rectifié est-il maintenu, madame Sittler ?

Mme Esther Sittler. Non, monsieur le président, je le retire.

M. le président. L'amendement n° 224 rectifié est retiré.

M. Thierry Repentin. Je le reprends, monsieur le président.

M. le président. Il s'agira donc de l'amendement n° 224 rectifié bis.

La parole est à M. Thierry Repentin.

M. Thierry Repentin. M. le ministre a indiqué tout à l'heure que la compétence en matière d'assainissement était automatique dans le domaine intercommunal. Si je suis d'accord pour reconnaître qu'il s'agit effectivement d'une compétence obligatoire pour les communes, je dois dire que ce n'est pas le cas en matière de structures intercommunales. En effet, celles-ci n'assument cette mission que par délégation des communes sur le mode du volontariat.

Par conséquent, il me paraît tout à fait pertinent de préciser, à l'occasion de cet article, que les structures intercommunales peuvent assumer ces compétences. Cela va peut-être de soi pour celui qui est de la partie, mais il est préférable de le préciser.

En apportant cette précision dans le premier alinéa de l'article L. 2224-8 du code général des collectivités territoriales, on peut bien évidemment en déduire que ce n'est plus à la commune d'assumer obligatoirement, lorsqu'il existe un service d'assainissement collectif, la collecte, le transport et l'épuration des eaux usées, ainsi que l'élimination des boues produites, mais que, dès lors qu'elle a transféré cette compétence au groupement des collectivités territoriales, il revient à ce dernier d'accomplir ces tâches.

Il vaut mieux le dire clairement, car cela constitue un élément de sécurité supplémentaire afin de s'assurer que les groupements intercommunaux, dès lors qu'ils détiennent les compétences, se substituent complètement aux communes.

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 224 rectifié bis.

(L'amendement n'est pas adopté.)

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 50.

(L'amendement est adopté.)

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 51.

(L'amendement est adopté.)

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 570 rectifié.

(L'amendement n'est pas adopté.)

M. le président. Je mets aux voix le sous-amendement n° 683.

(Le sous-amendement n'est pas adopté.)

M. le président. La parole est à Mme Evelyne Didier, pour explication de vote sur l'amendement n° 493.

Mme Evelyne Didier. Je vais retirer cet amendement qui, bien sûr, était un amendement d'appel.

En le présentant, j'ai souhaité indiquer qu'il s'agissait d'une proposition qui m'avait été faite par un syndicat dans mon département. J'avais sollicité l'avis du syndicat départemental qui a été créé pour l'assainissement non collectif et qui avait trouvé cette proposition éventuellement intéressante, mais il convient effectivement de vérifier que cette disposition ne pose pas plus de problèmes qu'elle n'en résout.

Je retire d'autant plus volontiers cet amendement que le sous-amendement déposé par Mme Durrieu sur cet amendement n'a pas été adopté.

Quoi qu'il en soit, j'espère que l'on réexaminera ce problème, car la prise en charge d'une telle mission peut être très lourde pour certains syndicats, même si cela peut parfois se justifier.

M. le président. L'amendement n° 493 est retiré.

L'amendement n° 275 rectifié, présenté par MM. Revet,  Bailly,  Grillot,  Ginoux et  Texier, Mmes Henneron,  Rozier et  Gousseau, MM. Juilhard,  Bordier,  Pierre,  J. Boyer et  Cornu, est ainsi libellé :

Après le 3° de cet article, insérer trois alinéas ainsi rédigés :

... ° Après l'article L. 2224-8, il est inséré un article additionnel ainsi rédigé :

« Art. L... .- Lorsqu'il existe un service d'assainissement non collectif, les communes doivent assurer le contrôle des installations d'assainissement non collectif et de la gestion de la filière boues qui y est associée.

« Les communes sont responsables de ce contrôle. Celui-ci est effectué soit par la commune, si elle l'a décidé, soit par une entreprise agréée à laquelle la commune ou le propriétaire fait appel. Si la commune ou l'établissement public de coopération intercommunale compétent n'a pas souhaité effectuer un contrôle elle-même ou le confier à une entreprise agréée, il appartient au propriétaire de fournir une attestation de conformité de son installation à la collectivité compétente pour exercer ce contrôle. »

La parole est à M. Charles Revet.

M. Charles Revet. Il s'agit toujours du contrôle des assainissements non collectifs, mission qui incombe aux collectivités ou aux groupements de communes qui en ont désormais la compétence. Certaines communes ou groupements de communes choisissent soit d'effectuer les contrôles eux-mêmes, étant dotés d'un service adéquat, soit de les faire réaliser par un délégataire de services.

Je suggère, au travers de cet amendement, que ce contrôle puisse être effectué par une entreprise agréée à cet effet et qu'il soit attesté que l'installation est conforme. Personnellement, je vois beaucoup d'avantages à cette disposition, car, très honnêtement, il ne sera pas toujours facile de se rendre dans toutes les propriétés, de faire des travaux, etc.

Par conséquent, je propose de reporter la charge de la preuve sur le propriétaire. Il s'agit, en quelque sorte, de lui faire savoir que son installation doit être conforme, ce dont peuvent se charger des entreprises agréées par les services de l'Etat, et que s'il délivre - et il doit le faire - une attestation selon laquelle cette installation est conforme, alors il respecte complètement les règles.

Ce processus qui laisserait le choix aux collectivités soit d'effectuer elles-mêmes l'intervention, soit de la faire exécuter sous cette forme, est tout de même beaucoup plus souple.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Bruno Sido, rapporteur. S'agissant du premier élément de cet amendement, l'argumentaire est le même que pour l'amendement n° 274. La gestion de la filière boues constitue une compétence supplémentaire pour les communes, qu'il ne paraît pas opportun de leur faire supporter de façon systématique et obligatoire.

Pour ce qui est du second élément de l'amendement tendant à préciser que les communes peuvent confier le contrôle des installations d'assainissement autonome à une entreprise agréée, il s'agit d'une précision superfétatoire dans la mesure où il est déjà reconnu à la commune la possibilité de déléguer l'exercice du contrôle des installations d'assainissement autonome à une personne publique ou privée, si elle ne souhaite pas l'assurer elle-même.

C'est la raison pour laquelle la commission demande à M. Revet de bien vouloir retirer son amendement, faute de quoi elle émettra un avis défavorable.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Serge Lepeltier, ministre. Cet amendement, comporte, me semble-t-il, deux aspects.

M. Charles Revet. C'est vrai !

M. Serge Lepeltier, ministre. En premier lieu, vous souhaitez, monsieur le sénateur, que la commune puisse confier à un organisme privé ou à un autre service la réalisation d'un contrôle.

A cet égard, je voudrais vous rappeler qu'en application de la loi sur l'eau de 1992 le contrôle de l'assainissement non collectif est effectivement une compétence de la commune ; nous sommes tout à fait d'accord sur ce point. Toutefois, celle-ci peut en confier la réalisation à un organisme privé ou à un autre service, dans le respect du code des marchés publics. Elle peut également transférer sa compétence à un groupement de collectivités.

Par conséquent, toute cette partie de votre amendement est déjà satisfaite par la loi, et ce point ne soulève donc aucune difficulté.

En revanche, vous ajoutez un élément qui me paraît très intéressant : « Si la commune, ou l'établissement public de coopération intercommunale compétent, n'a pas souhaité effectuer un contrôle elle-même ou le confier à une entreprise agréée, il appartient au propriétaire de fournir une attestation de conformité de son installation à la collectivité compétente pour exercer ce contrôle. »

En d'autres termes, cela voudrait dire qu'à l'instar d'autres systèmes une attestation de conformité pourrait être délivrée ; je pense, notamment, au Comité national pour la sécurité des usagers de l'électricité, le CONSUEL, où il est possible, dans certains cas, de demander une attestation de l'APAVE.

Dans ce domaine, il me semble que vous apportez réellement quelque chose de plus. En effet, si la commune ne veut pas prendre en charge le service elle-même, diverses possibilités doivent lui être offertes.

Mais ce qui me gêne dans votre amendement, monsieur Revet, c'est qu'il contient beaucoup d'éléments et qu'il conviendrait sans doute de le simplifier.

M. Charles Revet. Je suis d'accord avec vous !

M. Serge Lepeltier, ministre. Si vous le simplifiiez, je serais prêt à émettre un avis favorable ; nous en discuterons à l'Assemblée nationale et de nouveau au Sénat en deuxième lecture. Car donner ce signe dès la première lecture au Sénat est une bonne chose : l'attestation de conformité permettrait aux communes qui ne souhaitent pas mettre en place un service lourd de gestion, voire parfois de construction ou de renouvellement, de s'en tenir à l'obligation pour le propriétaire de leur remettre une attestation de contrôle.

M. le président. Monsieur Revet, acceptez-vous de modifier l'amendement n° 275 rectifié dans le sens suggéré par M. le ministre ?

M. Charles Revet. Oui monsieur le président. Pour répondre à la demande de M. le ministre, je suis prêt à supprimer le premier paragraphe de l'amendement.

En revanche, je maintiens le deuxième paragraphe qui se lirait ainsi : «  Si la commune ou l'établissement public de coopération intercommunale compétent n'a pas souhaité effectuer un contrôle elle-même ou le confier à une entreprise agréée, il appartient au propriétaire de fournir une attestation de conformité de son installation à la collectivité compétente pour exercer ce contrôle. »

M. le président. La parole est à M. Jarlier, rapporteur pour avis.

M. Pierre Jarlier, rapporteur pour avis. Il faudrait en outre, déplacer l'amendement, pour l'insérer après le premier alinéa du 3°, autrement dit après la phrase : « Elles doivent assurer le contrôle des installations d'assainissement non collectif. »

M. Thierry Repentin. Renvoyez donc en commission !

M. le président. Je suis donc saisi d'un amendement n° 275 rectifié bis, présenté par MM. Revet,  Bailly,  Grillot,  Ginoux et  Texier, Mmes Henneron,  Rozier et  Gousseau, MM. Juilhard,  Bordier,  Pierre,  J. Boyer et  Cornu, et ainsi libellé :

Après le 1er alinéa du texte proposé par le 3° de cet article pour l'article L. 2224-8 du code général des collectivités territoriales, insérer un alinéa ainsi rédigé :

Si la commune ou l'établissement public de coopération intercommunale compétent n'a pas souhaité effectuer un contrôle elle-même ou le confier à une entreprise agréée, il appartient au propriétaire de fournir une attestation de conformité de son installation à la collectivité compétente pour exercer ce contrôle. »

 

Quel est l'avis de la commission ?

M. Bruno Sido, rapporteur. La commission émet un avis favorable.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Serge Lepeltier, ministre. Même avis.

M. le président. La parole est à M. Paul Raoult, pour explication de vote.

M. Paul Raoult. Je suis surpris de cette façon de présenter ce texte : la philosophie qui l'anime quant à l'assainissement non collectif consiste bien à affirmer la responsabilité de la puissance publique.

Or aujourd'hui, de manière quelque peu indirecte, vous posez qu'il appartient au propriétaire de fournir une attestation de conformité.

M. Bruno Sido, rapporteur. Comme pour les voitures !

M. Charles Revet. Pourquoi pas ?

M. Paul Raoult. Ce n'est plus la commune, ce n'est plus le SPANC qui fournira l'attestation, mais un organisme quelconque.

M. Gérard César. Mandaté !

M. Paul Raoult. Comment contrôlera-t-on cette attestation ? On dessaisit la commune, on change la philosophie du texte par cet amendement. Cela me parait extrêmement dangereux. (Protestations sur les travées de l'UMP.)

On est responsable, où on ne l'est pas : si les communes sont véritablement responsables, il leur revient de fournir l'attestation.

M. Charles Revet. Non, ce n'est pas vrai.

M. le président. La parole est à M. le ministre.

M. Serge Lepeltier, ministre. Monsieur le président, on a attiré notre attention sur l'importance de la position de cette insertion dans le texte.

Nous traitons ici de l'obligation du contrôle des installations non collectives. Les phrases précédentes traitent des communes, qui « sont compétentes en matière d'assainissement. [...] Elles doivent aussi assurer le contrôle des installations d'assainissement non collectif ».

C'est dans le cadre de ce contrôle que les communes, si elles n'entendent pas mettre de service en place, pourront demander au propriétaire de fournir une attestation de conformité de son installation.

Il s'agit donc de la responsabilité du contrôle. Des organismes seront agréés, qui assureront ce contrôle. Ce pourra être des organismes privés. Nous le voyons tous les jours pour un certain nombre de responsabilités.

M. Charles Revet. Bien sûr !

M. Serge Lepeltier, ministre. Des organismes agréés attribueront ces certificats, ce qui simplifiera le dispositif pour les communes qui le souhaiteront.

M. Christian Cambon. Heureusement !

M. Serge Lepeltier, ministre. L'amendement défendu par M. Revet est donc un excellent amendement.

M. Bruno Sido, rapporteur. Et c'est un euphémisme ! (Sourires.)

M. le président. La parole est à M. Gérard Delfau, pour explication de vote.

M. Gérard Delfau. Je ne partage pas la joie qui se manifeste sur certaines travées.

Si nous adoptons ce texte, il constituera une source de contentieux, à moins que, par voie réglementaire, on établisse une liste d'organismes agréés indiscutables, liste qui serait tenue à jour. Même s'il en était ainsi, je prédis des procédures judiciaires. Nous en supportons assez, je crois, sans en ajouter.

Par ailleurs, je trouve étrange que le Sénat, du moins sa majorité, veuille dessaisir, si peu que ce soit, les collectivités territoriales (Vives protestations sur les travées de l'UMP) et nos collègues maires, alors qu'on leur impose parallèlement une obligation de contrôle.

M. Charles Revet. Ils ont le choix !

M. le président. La parole est à M. Gérard César, pour explication de vote.

M. Gérard César. J'aimerais répondre à notre collègue M. Delfau.

Nous savons que de tels organismes existent déjà pour d'autres responsabilités, comme le contrôle des poids et mesures. Un certain nombre d'organismes agréés, comme le CONSUEL pour les installations électriques, délivrent des attestations.

Pourquoi ne pas l'envisager pour l'eau ? Cela permettrait une simplification des questions qui se posent aujourd'hui.

M. le président. La parole est à M. René Beaumont, pour explication de vote.

M. René Beaumont. Un mot de M. Delfau m'a fait bondir : il nous accuse de vouloir dessaisir les communes de ce contrôle dont la responsabilité leur est attribuée par la loi.

M. Charles Revet. Incroyable !

M. René Beaumont. Les communes ont le droit d'avoir le choix entre diverses façons d'exercer ce contrôle.

M. Bruno Sido, rapporteur. Bien sûr !

M. René Beaumont. Elles peuvent l'exercer directement, ce qui est fortement déconseillé à la plupart d'entre elles : elles n'ont ni les outils ni les moyens.

Elles peuvent également confier ce contrôle, globalement, à des organismes privés agréés. M. César l'a dit, cela se pratique dans bien d'autres circonstances.

Elles peuvent encore obliger le propriétaire à faire faire ce contrôle, un certificat attestant que leur installation est agréée.

Personne ne se trouve ainsi dessaisi : on laisse aux communes la liberté de choisir le mode du contrôle.

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 275 rectifié bis.

(L'amendement est adopté.)

M. le président. L'amendement n° 378 rectifié, présenté par MM. Delfau,  Baylet,  Collin,  A. Boyer,  Mouly,  Barbier et  Alfonsi, est ainsi libellé :

Après le 3° de cet article, insérer un alinéa ainsi rédigé :

... ° - L'article L. 2224-9 est ainsi rédigé :

« Art. L. 2224-9. - L'ensemble des prestations prévues au premier alinéa de l'article L. 2224-8 doit en tout état de cause être assuré par les communes ou groupements de communes de plus de 1 500 habitants au plus tard le 31 décembre 2009. »

La parole est à M. Gérard Delfau.

M. Gérard Delfau. Jusqu'à présent, l'article L. 2224-8 du code général des collectivités territoriales définissait les missions et obligations confiées aux communes ou à l'intercommunalité en matière d'assainissement.

Le législateur, quand ce texte fut voté, savait que l'application n'en serait pas facile pour un certain nombre de communes, dont les communes rurales. Il avait donc fixé une date à laquelle les communes de plus de 1 500 habitants devaient être en conformité avec ce texte ; il s'agissait du 31 décembre 2005.

Aujourd'hui, l'article 22 et l'article 26 étendent les compétences des communes. Nous leur attribuons une charge supplémentaire.

Il serait donc logique d'accorder en même temps un délai supplémentaire. Nous proposons par cet amendement de fixer le terme de ce délai au 31 décembre 2009.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Bruno Sido, rapporteur. L'objet de cet amendement est compréhensible au regard de la charge qui pèse sur les communes en matière d'assainissement.

Cependant, toute remise en cause de la date limite du 31 décembre 2005 - date à laquelle les communes et leurs groupements devront avoir pris en charge les dépenses qui leur incombent au titre de l'assainissement collectif ou non collectif - est incompatible avec les dispositions de la directive cadre 91/271/CEE du 21 mai 1991 reprises dans la loi sur l'eau du 3 janvier 1992. Une telle remise en cause est donc formellement exclue.

Nous savons que de nombreuses communes de France ne se seront pas encore conformées à la loi en 2010. Le droit exclut pourtant formellement d'étendre ce délai.

La commission demande donc le retrait de cet amendement. S'il n'était pas retiré, elle émettrait un avis défavorable.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Serge Lepeltier, ministre. Cet amendement tend à reporter le terme du délai pour la mise en place de l'assainissement collectif et des ouvrages d'épuration, terme fixé à la fin de 2005 par la loi sur l'eau de 1992.

Cette mise en place n'est pas facile, sur le terrain. Mais de 1992 à 2005, cela fait tout de même treize ans.

Cette échéance résulte de la transposition de la directive européenne sur les eaux résiduaires urbaines de 1991, dont les modalités ont été précisées par le décret n° 94-469 du 3 juin 1994.

L'échéance fixée à la fin de 2005 est applicable aussi bien aux agglomérations de plus de 2 000 habitants qu'aux agglomérations de taille inférieure dotées d'un réseau d'assainissement.

J'ajouterai que des procédures en contentieux ont été engagées par la Commission européenne pour mauvaise application de cette directive. La France a été condamnée par la Cour de justice des Communautés européennes en septembre dernier. Tout report de délai constituerait donc un nouveau motif de contentieux.

De plus, cela entraînerait des conséquences dommageables en matière d'assainissement et de suivi : nous savons que nous devons absolument progresser dans ce domaine. Cet objectif environnemental est essentiel. Tout report de délai aboutirait à une détérioration ou, du moins, ne nous permettrait pas de retrouver assez rapidement des conditions environnementales favorables.

Le Gouvernement émet donc un avis défavorable.

M. le président. Monsieur Delfau, l'amendement n° 378 rectifié est-il maintenu ?

M. Gérard Delfau. Je suis partagé : à la fois, je vois les difficultés que connaissent les petites communes à effectuer les dépenses nécessaires pour se mettre en conformité avec la loi, mais je sais aussi ce que sont les règles de l'Union européenne en matière de délai et les jurisprudences que suscite la non-application des directives, ce qui d'ailleurs explique parfois une certaine exaspération des Français.

Aussi, par force, je vais retirer cet amendement, mais permettez-moi d'assortir mon retrait d'un commentaire, monsieur le ministre.

La seule autre façon de procéder serait de faire un effort de solidarité et de péréquation beaucoup plus important en faveur des petites communes. Lors de la discussion générale, vous avez répondu aux intervenants - dont j'étais - qui déploraient la disparition du Fonds national pour le développement des adductions d'eau, le FNDAE, que les agences de l'eau s'étaient chargées de cette solidarité, ce à quoi nous avons rétorqué que c'était à une échelle infranationale, donc moins efficace. Nous avons ajouté qu'un certain nombre d'agences n'avaient pas, en réalité, rempli cette mission ni affecté les sommes nécessaires.

En raison de ce délai que nous impose l'Europe et de la nécessité qu'il y a, et que je ressens, de faire avancer les choses, qui ne peuvent rester en l'état, un effort budgétaire plus important doit être fait, faute de quoi nous aurons pris une disposition que nous ne serons pas capables d'appliquer, ce qui n'est pas de bonne méthode pour des législateurs.

M. le président. L'amendement n° 378 rectifié est retiré.

L'amendement n° 279, présenté par MM. Revet,  Bailly,  Grillot,  Ginoux et  Texier, Mmes Henneron,  Rozier et  Gousseau, MM. Juilhard,  Bordier,  Pierre et  J. Boyer, est ainsi libellé :

Avant le 4° de cet article, insérer deux alinéas ainsi rédigés :

... ° - Après l'article L. 2224-10, il est inséré un article additionnel ainsi rédigé :

« Art. L ... - Les communes ou groupements de communes et autres collectivités et organismes concerné en la matière peuvent mettre en oeuvre et financer des programmes d'actions, pour le maintien ou la remise en herbe des terrains situés dans les bassins versants afin de réduire le ruissellement, l'érosion et les inondations et de protéger la ressource en eau ».

 

La parole est à M. Charles Revet.

M. Charles Revet. Cet amendement porte sur un sujet qui a été évoqué à de très nombreuses reprises dans cette enceinte.

Partout en France, nous avons été victimes d'inondations. Nous savons pertinemment qu'il faut laisser des surfaces enherbées pour éviter l'érosion des sols. Cela permet non pas de prévenir toutes les inondations, mais au moins de les limiter très largement. Il faut donc créer des incitations pour les agriculteurs situés dans des bassins versants, afin d'assurer la protection des points de captages et celle des propriétés en aval.

Cet amendement vise à permettre aux communes, à leurs groupements ou aux autres collectivités, voire aux agences de bassin car cela participe d'un travail d'intérêt général, d'intervenir pour faciliter soit le maintien, soit la remise en herbe des surfaces situées dans les bassins versants.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Bruno Sido, rapporteur. Cette question est réglée par la loi relative à la prévention des risques technologiques et naturels et à la réparation des dommages de 2003, qui comporte des programmes possibles. Par conséquent, je demande à M. Revet de retirer cet amendement, qui ajouterait un dispositif à un dispositif déjà existant. Dans le cas contraire, la commission émettrait un avis défavorable.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Serge Lepeltier, ministre. Comme vient de le dire M. le rapporteur, il me semble effectivement que cet amendement est déjà satisfait par ailleurs et qu'il n'est donc pas juridiquement nécessaire pour permettre les interventions financières des collectivités intéressées par la réalisation de travaux de lutte contre l'érosion des terres et éventuellement de remise en herbe, notamment dans les zones stratégiques pour la protection de la ressource en eau potable.

Par conséquent, mieux vaudrait le retirer. Dans le cas contraire, je m'en remettrais plutôt à la sagesse du Sénat.

M. le président. La parole est à M. Charles Revet, pour explication de vote.

M. Charles Revet. Monsieur le président, je vais retirer cet amendement qui, si je comprends bien, est satisfait. Dans ce cas, je souhaite que l'on me fournisse les références qui me permettront de voir avec les collectivités comment il est possible d'intervenir.

M. le président. L'amendement n° 279 est retiré.

Je suis saisi de trois amendements faisant l'objet d'une discussion commune.

L'amendement n° 219 rectifié, présenté par M. Cambon, Mme Procaccia et M. Doublet, est ainsi libellé :

A. Rédiger comme suit le texte proposé par le 5° de cet article pour l'article L. 2224-11-2 du code général des collectivités territoriales :

« Art. L. 2224-11-2. - Tout service public de distribution d'eau potable est exonéré du paiement des redevances pour occupation du domaine public communal ou départemental ou de l'Etat.

B. Pour compenser les pertes de recettes résultant des dispositions du A ci-dessus, compléter cet article par un paragraphe ainsi rédigé :

... - 1° Les pertes de recettes résultant, pour les communes et les départements concernés, de l'exonération de tout service public de distribution d'eau potable du paiement des redevances pour occupation du domaine public communal ou départemental, sont compensées à due concurrence par une majoration de la dotation globale de fonctionnement.

2° Les pertes de recettes résultant pour l'Etat de l'alinéa précédent et de l'exonération de tout service public de distribution d'eau potable du paiement des redevances pour occupation du domaine public de l'Etat sont compensées à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts.

La parole est à M. Christian Cambon.

M. Christian Cambon. Cet amendement vise à exonérer le service public d'eau potable du paiement des redevances pour occupation du domaine public, compte tenu des spécificités liées à la fourniture aux populations d'un produit sanitaire et alimentaire qui ne peut être comparé à nul autre en raison de son caractère vital.

Jusqu'à présent, ces redevances n'existaient pas. Certaines collectivités les ont récemment instaurées, et cela de manière tout à fait anarchique. Le projet de loi sur l'eau et les milieux aquatiques présente le mérite d'uniformiser le système.

Toutefois, au regard du principe d'inaliénabilité du domaine public, les services de distribution d'eau potable soumis à ces redevances resteraient tout autant dans la situation d'occupants sans titre. Bien évidemment, ces services seraient contraints d'imputer le montant de ces redevances sur le prix de l'eau payé par l'usager.

Le paiement de ces redevances n'exonérerait pas les services de distribution d'eau des travaux importants et forts coûteux mis de plus en plus à leur seule charge lorsque des ouvrages décidés par l'Etat, les départements ou les communes nécessitent la modification des installations en sous-sol. C'est par exemple le cas des travaux induits par l'aménagement des sites propres pour les transports en commun, tramway ou nouveau TGV, ou encore d'équipements autoroutiers. Les services sont alors contraints de déplacer à leurs frais leurs installations d'eau, frais qui, à l'évidence, s'imputent sur la redevance.

Deux arguments supplémentaires militent dans le sens de cette exonération.

Les services de l'eau et de l'assainissement constituent des monopoles naturels. Tout usager qui en fait la demande doit pouvoir être raccordé à ces réseaux qui, sur un territoire donné, sont uniques. Ces services ont donc l'obligation d'équiper toutes les voiries publiques desservant les riverains. Le coût des prestations délivrées aux usagers est fixé par des barèmes et des prix publics. L'occupation obligatoire du domaine public par des réseaux d'eau et d'assainissement ne doit donc pas être traitée de la même manière que celle qui résulte d'activités commerciales, telles que terrasses de café, kiosques, attractions foraines, etc.

De plus, les services de l'eau mettent aussi en oeuvre les infrastructures nécessaires à la défense incendie et fournissent l'eau gratuitement en cas d'incendie. L'alimentation des équipements d'incendie influe sur le dimensionnement et la longueur des réseaux, qui doivent être maillés pour assurer en toutes circonstances les débits instantanés nécessaires aux services de secours.

Il serait pour le moins paradoxal que les services des eaux aient à payer des droits pour maintenir des équipements en tout ou partie nécessaires à la défense incendie, qui ne relève pas de leurs compétences et ne leur procure aucune ressource financière.

Voilà pourquoi, monsieur le ministre, nous proposons d'exonérer des redevances liées à l'occupation du domaine public ce service tout à fait particulier qu'est le service production d'eau et de distribution.

M. le président. Les deux amendements suivants sont identiques.

L'amendement n° 52 est présenté par M. Sido, au nom de la commission des affaires économiques.

L'amendement n° 130 est présenté par M. Jarlier, au nom de la commission des lois.

Ces deux amendements sont ainsi libellés :

Dans le texte proposé par le 5° de cet article pour l'article L. 2224-11-2 du code général des collectivités territoriales, remplacer les mots :

ou les départements

par les mots :

, les départements, les régions ou l'Etat

La parole est à M. le rapporteur, pour présenter l'amendement n° 52.

M. Bruno Sido, rapporteur. Cet amendement vise à préciser que le décret en Conseil d'Etat prévu par le présent article pour fixer le régime des redevances susceptibles d'être perçues par les communes et les départements au titre de l'occupation de leur domaine public par des ouvrages de distribution d'eau et d'assainissement est étendu aux régions et à l'Etat, qui possèdent également une partie du domaine public.

M. le président. Monsieur le rapporteur pour avis, j'imagine que l'amendement n° 130 peut être considéré comme défendu. (M. le rapporteur acquiesce.).

L'amendement n° 52 est assorti d'un sous-amendement n° 662 présenté par le Gouvernement et ainsi libellé :

Rédiger comme suit le dernier alinéa de l'amendement n° 52 :

, les départements ou les régions

La parole est à M. le ministre.

M. Serge Lepeltier, ministre. L'amendement de la commission précise : « les départements, les régions ou l'Etat ». Or les règles relatives à l'occupation du domaine public de l'Etat sont définies par le titre Ier, section 2, du code du domaine de l'Etat.

En application de l'article L. 34 de ce même code, « les communes qui gèrent elles-mêmes leur service d'eau potable sont exonérées de toute redevance qui serait due en raison de l'occupation du domaine public par leurs canalisations ou réservoirs. »

Les dispositions relatives aux redevances d'occupation du domaine de l'Etat ne peuvent donc être fixées en application du code général des collectivités territoriales. C'est une question de cohérence ; c'est pourquoi je propose ce sous-amendement.

M. le président. Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° 219 rectifié et sur le sous-amendement n° 662 ?

M. Bruno Sido, rapporteur. Le fait d'exonérer le service public de distribution d'eau potable du paiement des redevances pour occupation du domaine public s'oppose à la liberté qu'ont les collectivités territoriales de valoriser leur domaine public et aurait pour conséquence de les priver d'une partie importante de leurs moyens de financement. La commission vous demande donc, monsieur Cambon, de bien vouloir retirer l'amendement n° 219 rectifié. A défaut, elle émettrait un avis défavorable.

La commission est tout à fait favorable au sous-amendement n° 662 du Gouvernement. La précision apportée est en effet particulièrement pertinente, les règles en la matière relevant de la section 2 du titre Ier du code du domaine de l'Etat et non du code général des collectivités territoriales.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 219 rectifié et sur les amendements identiques nos 52 et 130 ?

M. Serge Lepeltier, ministre. Il convient de laisser aux collectivités locales qui le souhaitent la possibilité de valoriser leur domaine, tout en encadrant la redevance afin d'éviter des dérives. Or, avec l'amendement n° 219, on enlève cette liberté aux collectivités locales. C'est la raison pour laquelle je suis défavorable à cet amendement.

En revanche, sous réserve de l'acceptation de mon sous-amendement, je suis favorable à l'amendement n° 52, qui unifie le régime des redevances d'occupation du domaine public, qu'il soit communal, départemental ou régional.

M. le président. La parole est à M. Christian Cambon, pour explication de vote sur l'amendement n° 219 rectifié.

M. Christian Cambon. Je vais retirer cet amendement, mais à regret, car le fait de ne pas exonérer le service public d'eau potable du paiement des redevances va avoir des conséquences sur le prix de l'eau et donc sur la facture des usagers. Ce n'est pas la première fois que nous le déplorons dans cette discussion.

M. le président. L'amendement n° 219 rectifié est retiré.

Je mets aux voix le sous-amendement n° 662.

(Le sous-amendement est adopté.)

La parole est à M. René Beaumont, pour explication de vote sur l'amendement n° 52.

M. René Beaumont. Je voterai l'amendement n° 52 de la commission, mais je voudrais revenir sur les droits d'occupation du domaine public par les réseaux d'eau.

Pour ma part, j'étais très favorable à la proposition de mon collègue Christian Cambon, mais il a retiré son amendement ; je ne peux donc plus la soutenir.

Je voudrais profiter de la présence du ministre de l'environnement pour attirer son attention sur ce qui, plus qu'une irrégularité, est une injustice notoire dans notre pays en matière d'occupation des sols pour le passage de canalisations souterraines.

Ma région est traversée aujourd'hui par deux oléoducs, un saumoduc pour la saumure concentrée et un éthylénoduc pour l'éthylène.

Pour ces quatre canalisations, qui sont toutes privées et dont certaines sont extrêmement dangereuses, aucune redevance n'a été payée, à personne, et aucun territoire n'a été acheté pour passer les conduites.

Pis, les conditions d'inconstructibilité sont exorbitantes. Il est impossible, par exemple, de construire sur une largeur de 700 mètres de part et d'autre de l'éthyloduc, soit 1,4 kilomètre. Pour toutes les communes traversées, depuis Carling, en Lorraine, jusqu'à Etrez, en Rhône-Alpes, ce sont des milliers d'hectares qui sont ainsi stérilisés !

Je me permets d'attirer ici l'attention du ministre de l'environnement, même si j'entends bien le faire autrement que par une explication de vote incidente ce soir, car il s'agit d'un vrai problème. Je ne sais pas par quel biais, mais, faites-moi confiance, je ne renoncerai pas à y parvenir, car je trouve le système totalement inadmissible et très injuste pour les communes traversées !

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 52, modifié.

(L'amendement est adopté.)

M. le président. En conséquence, l'amendement n° 130 n'a plus d'objet.

Mes chers collègues, la suite de la discussion est renvoyée à la prochaine séance.

Art. 26 (début)
Dossier législatif : projet de loi sur l'eau et les milieux aquatiques
Discussion générale

8

TRANSMISSION De PROJETs DE LOI

M. le président. J'ai reçu, transmis par M. le Premier ministre, un projet de loi, modifié par l'Assemblée nationale, portant diverses mesures de transposition du droit communautaire à la fonction publique.

Le projet de loi sera imprimé sous le n° 286, distribué et renvoyé à la commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du règlement et d'administration générale.

J'ai reçu, transmis par M.  le Premier ministre un projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, ratifiant l'ordonnance n° 2004-1197 du 12 novembre 2004 portant transposition de directives communautaires et modifiant le code du travail en matière d'aménagement du temps de travail dans le secteur des transports.

Le projet de loi sera imprimé sous le n° 287, distribué et renvoyé à la commission des affaires sociales, sous réserve de la constitution éventuelle d'une commission spéciale dans les conditions prévues par le règlement.

J'ai reçu, transmis par M. le Premier ministre, un projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, modifiant diverses dispositions relatives à la défense.

Le projet de loi sera imprimé sous le n° 289, distribué et renvoyé à la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées, sous réserve de la constitution éventuelle d'une commission spéciale dans les conditions prévues par le règlement.

9

TRANSMISSION D'UNE PROPOSITION DE LOI

M. le président. J'ai reçu de M.  le président de l'Assemblée nationale une proposition de loi, adoptée par l'Assemblée nationale, tendant à mettre à la disposition du public les locaux dits du Congrès, au château de Versailles.

La proposition de loi sera imprimée sous le n° 288, distribuée et renvoyée à la commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du règlement et d'administration générale, sous réserve de la constitution éventuelle d'une commission spéciale dans les conditions prévues par le règlement.

10

TEXTE SOUMIS AU SÉNAT EN APPLICATION DE L'ARTICLE 88-4 DE LA CONSTITUTION

M. le président. J'ai reçu de M.  le Premier ministre le texte suivant, soumis au Sénat par le Gouvernement, en application de l'article 88-4 de la Constitution :

- Proposition de directive du Conseil modifiant la directive 77/388/CEE en ce qui concerne certaines mesures visant à simplifier la perception de la taxe sur la valeur ajoutée et à lutter contre la fraude et l'évasion fiscales et abrogeant certaines décisions accordant des dérogations.

Ce texte sera imprimé sous le n° E-2849 et distribué.

11

ordre du jour

M. le président. Voici quel sera l'ordre du jour de la prochaine séance publique, précédemment fixée à aujourd'hui, vendredi 8 avril 2005, à neuf heures trente, quinze heures et le soir :

Suite de la discussion du projet de loi (n° 240, 2004-2005) sur l'eau et les milieux aquatiques ;

Rapport (n° 271, 2004-2005) fait par M. Bruno Sido, au nom de la commission des affaires économiques et du Plan ;

Avis (n° 273, 2004-2005) de Mme Fabienne Keller, fait au nom de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation ;

Avis (n° 272, 2004-2005) de M.  Pierre Jarlier, fait au nom de la commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du règlement et d'administration générale.

Le délai limite pour le dépôt des amendements est expiré.

Délai limite pour les inscriptions de parole et pour le dépôt des amendements

Proposition de loi, adoptée par l'Assemblée nationale, relative aux droits des malades et à la fin de vie (n° 90, 2004-2005) ;

Délai limite pour les inscriptions de parole dans la discussion générale : lundi 11 avril 2005, à dix-sept heures ;

Délai limite pour le dépôt des amendements : lundi 11 avril 2005, à seize heures.

Question orale avec débat n° 14 de M.  Henri Revol à M.  le ministre délégué à l'industrie sur la politique de gestion des déchets nucléaires ;

Délai limite pour les inscriptions de parole dans le débat : mardi 12 avril 2005, à dix-sept heures.

Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, modifiant certaines dispositions législatives relatives aux modalités de l'exercice par l'Etat de ses pouvoirs de police en mer (n° 253, 2004-2005)  ;

Délai limite pour les inscriptions de parole dans la discussion générale : mardi 12 avril 2005, à dix-sept heures ;

Délai limite pour le dépôt des amendements : mercredi 13 avril 2005, à dix-sept heures.

Deuxième lecture de la proposition de loi, modifiée par l'Assemblée nationale, relative à la création du registre international français (n° 269, 2004-2005) ;

Délai limite pour les inscriptions de parole dans la discussion générale : mercredi 13 avril 2005, à dix-sept heures ;

Délai limite pour le dépôt des amendements : mardi 12 avril 2005, à dix-sept heures.

Personne ne demande la parole ?...

La séance est levée.

(La séance est levée le vendredi 8 avril 2005, à zéro heure quarante-cinq.)

La Directrice

du service du compte rendu intégral,

MONIQUE MUYARD