M. le président. La parole est à M. Christian Redon-Sarrazy, pour le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain. (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)

M. Christian Redon-Sarrazy. En raison des crises successives, un nombre croissant de nos concitoyens se trouvent en situation de grande précarité, et ils sont de plus en plus nombreux à devoir recourir à l’aide alimentaire pour se nourrir au quotidien.

Dans mon département, les bénéficiaires de la banque alimentaire ont augmenté de 5 % en un an. Cela représente aujourd’hui 42 000 personnes, soit plus de 10 % de la population de la Haute-Vienne.

L’aide alimentaire a su se professionnaliser pour répondre à ces nouvelles demandes, mais elle fait face à une grave pénurie de produits en raison d’un scandaleux gaspillage. Les organisations constatent avec amertume que la loi Garot n’est pas respectée.

De nombreux magasins et entreprises du secteur agroalimentaire persistent à jeter d’importantes quantités de produits, qui pourraient pourtant résoudre les problèmes d’approvisionnement. On compte à ce jour une baisse de 6 % de la « ramasse » des produits.

Pourquoi ? Pour une question de profit ! Plutôt que de donner la totalité de leurs excédents aux associations, les grands groupes préfèrent revendre leur surproduction à des déstockeurs, chez qui se retrouve le gaspillage alimentaire, car ils peinent à revendre tous les produits récupérés.

Une solution aux multiples bénéfices consisterait à obtenir des produits en circuit court auprès des agriculteurs et producteurs locaux disposant d’excédents. Le problème est qu’ils ne bénéficient actuellement d’aucune mesure de défiscalisation pour leurs dons.

Madame la secrétaire d’État, comment comptez-vous faire appliquer correctement la loi Garot ? Que proposez-vous pour soutenir l’achat local et, plus largement, l’aide alimentaire ? (Applaudissements sur les travées du groupe SER. – Mme Marie-Noëlle Lienemann et M. Pierre Ouzoulias applaudissent également.)

M. le président. La parole est à Mme la secrétaire d’État chargée de l’économie sociale et solidaire et de la vie associative. (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.)

Mme Marlène Schiappa, secrétaire dÉtat auprès de la Première ministre, chargée de léconomie sociale et solidaire et de la vie associative. Monsieur le sénateur Christian Redon-Sarrazy, je vous remercie de votre question relative au gaspillage alimentaire. Vous avez raison de rappeler la loi votée sur l’initiative de Guillaume Garot, qui a notamment permis d’interdire de rendre impropres les denrées alimentaires et d’obliger les acteurs à porter une convention de don avec une association habilitée.

Chargée de la vie associative, je veux bien sûr commencer par rendre hommage à toutes ces associations et à ces acteurs de l’économie sociale et solidaire, qui s’engagent très concrètement sur le sujet du gaspillage alimentaire. Je veux également rappeler que, lors du précédent quinquennat, nous avons continué à œuvrer pour renforcer cette lutte, notamment avec la loi du 30 octobre 2018 pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine, durable et accessible à tous (Égalim) et la loi du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire (Agec).

Dans ce cadre, nous nous sommes fixé l’objectif de réduction de 50 % du gaspillage alimentaire d’ici à l’année 2030. Pour cela, nous impliquons l’ensemble des acteurs de la chaîne en renforçant les exigences en matière de suivi, de contrôle de qualité, de dons et d’obligation de dons, via la restauration collective.

Je vous annonce que nous lancerons prochainement un label national anti-gaspillage, afin de clarifier et de valoriser ces initiatives : il sera porté par Marc Fesneau et Christophe Béchu, chargés respectivement de l’agriculture et de la transition écologique. (Exclamations ironiques sur les travées du groupe Les Républicains.) Merci pour eux !

C’est donc une mesure de la loi Agec que nous pourrons mettre en œuvre. En effet, comme vous le savez, les Français sont toujours plus sensibles à leur manière de consommer. Selon l’entreprise de l’économie sociale et solidaire Phenix, 84 % des Français privilégient un supermarché identifié par un label de ce type.

Les questions du gaspillage alimentaire et de l’accès à l’alimentation sont fondamentales pour nous. C’est d’ailleurs pourquoi la Première ministre Élisabeth Borne visitera demain une banque alimentaire. Avec le ministre des solidarités, Jean-Christophe Combe, nous aurons l’honneur de l’accompagner, pour être toujours au plus près des acteurs de terrain. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

M. le président. La parole est à M. Christian Redon-Sarrazy, pour la réplique.

M. Christian Redon-Sarrazy. Madame la secrétaire d’État, je me doutais de cette réponse, qui n’en est pas vraiment une…

Vous affirmez avoir fait des choses en faveur de la solidarité alimentaire, mais vous oubliez de préciser qu’aucun gouvernement avant le vôtre n’avait créé, par ses choix politiques et budgétaires, autant de précarité.

Dans ce contexte, le gaspillage alimentaire et le manque de solidarité sont intolérables pour nos concitoyens. Par conséquent, lors des débats budgétaires qui vont s’ouvrir au Sénat, le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain proposera des mesures immédiates et concrètes pour faire face à l’aggravation de la crise et à l’inflation record que subit le pays, afin que la solidarité, notamment alimentaire, soit dignement assurée. (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)

dispositif maprimerénov’

M. le président. La parole est à M. Éric Gold, pour le groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen. (Applaudissements sur les travées du groupe RDSE.)

M. Éric Gold. Monsieur le ministre, 12 millions de Français sont victimes de précarité énergétique, parce qu’ils vivent dans une passoire thermique ou ne peuvent pas se chauffer comme ils le souhaiteraient. Avec la crise énergétique et l’hiver qui arrive, il est à craindre que ce chiffre n’augmente de manière dramatique.

La nécessaire rénovation massive des logements doit donc être, plus que jamais, une priorité. Le rythme des rénovations et l’efficacité de MaPrimeRénov’ doivent être renforcés, car la France compte encore plus de 5 millions de passoires thermiques.

C’est aussi un enjeu de transition écologique : le logement représente 43 % de nos consommations énergétiques et est à l’origine de 23 % des émissions de gaz à effet de serre.

À la suite de la Défenseure des droits, qui a pointé de nombreux dysfonctionnements dans le traitement des demandes de subvention, la Cour des comptes vient de publier sa dernière évaluation, qui dénonce le nombre trop élevé de réformes, ayant nui à la lisibilité du dispositif, un suivi approximatif de l’efficacité de celui-ci, un pilotage inadéquat et la complexité des structures d’accompagnement.

Beaucoup de territoires, pourtant très engagés dans le soutien technique et financier aux porteurs de projet, font également état d’obstacles empêchant l’aboutissement des dossiers : procédure longue et complexe, instructeurs qui ne répondent pas et devis trop spécifiques mettant en difficulté nos artisans locaux, sans compter les dossiers complets qui attendent depuis un an le versement de la prime.

Par ailleurs, outre les problèmes techniques récurrents de la plateforme, la dématérialisation totale de la procédure exclut certains bénéficiaires potentiels. En effet, je le rappelle, 14 millions de Français souffrent d’illectronisme, problématique que mon groupe connaît bien, puisqu’il a fait adopter par le Sénat une proposition de loi sur ce sujet l’an dernier. Or les guichets Rénov’action et les maisons France Services n’ont ni le temps ni les moyens d’accompagner chaque demandeur dans le détail.

Par conséquent, eu égard à l’explosion du coût de l’énergie, qui affecte fortement le pouvoir d’achat des ménages, comment améliorer le dispositif pour ne laisser aucun bénéficiaire sur le bord du chemin ? (Applaudissements sur les travées du groupe RDSE. – M. Pierre Louault applaudit également.)

M. le président. La parole est à M. le ministre délégué chargé de la ville et du logement.

M. Olivier Klein, ministre délégué auprès du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargé de la ville et du logement. Monsieur le sénateur Gold, vous avez raison, MaPrimeRénov’ est un dispositif essentiel pour notre transition écologique. Comme vous le soulignez, ce dispositif doit être accessible au plus grand nombre et à ceux qui en ont le plus besoin.

Je tiens à souligner que, si ce dispositif est évidemment perfectible – l’ensemble des membres du Gouvernement y travaillent tous les jours d’arrache-pied –, 1,5 million de chantiers ont vu le jour depuis deux ans, soit bien plus que l’objectif fixé à 700 000 logements par an par M. le Président de la République et Mme la Première ministre.

Cela dit, au-delà de la massification, il faut aller plus loin dans la performance de ces chantiers et dans la globalisation des moyens donnés à chacun pour réaliser son projet de rénovation thermique.

C’est la raison pour laquelle l’accueil assuré par les conseillers France Rénov’ est renforcé et nous allons mettre en place des accompagnateurs Rénov’, afin que chacun puisse disposer de toutes les informations nécessaires. En outre, nous proposons, dans le projet de loi de finances pour 2023, d’augmenter encore davantage les crédits du dispositif MaPrimeRénov’, afin de le porter à 2,6 milliards d’euros.

Cela touche l’ensemble du territoire, puisque 49 % des chantiers sont situés dans la ruralité, cette proportion étant à rapporter à la population des zones concernées.

Néanmoins, les passoires thermiques existent aussi en zone dense. Nous travaillons donc également sur la question de l’habitat collectif et des copropriétés. Tel est le sens du mécanisme MaPrimeRénov’ copropriété, sur lequel nous travaillons pour ouvrir le champ, en permettant aux conseils syndicaux et aux copropriétaires de lancer des chantiers en toute connaissance de cause.

Je puis vous l’assurer, monsieur le sénateur, nous sommes extrêmement mobilisés sur cette question, et, comme vous, nous lisons l’ensemble des rapports qui pointent des dysfonctionnements. Toutefois, ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain : beaucoup d’effets extrêmement positifs de MaPrimeRénov’ se sont déjà fait jour.

M. le président. Il faut conclure !

M. Olivier Klein, ministre délégué. Par exemple, l’économie d’énergie engendrée, pour le portefeuille et pour la planète, par les 1,5 million de chantiers que je citais précédemment équivaut à la consommation d’une ville comme celle de Lyon. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

mégabassines

M. le président. La parole est à M. Daniel Salmon, pour le groupe Écologiste – Solidarité et Territoires. (Applaudissements sur les travées du groupe GEST.)

M. Daniel Salmon. Retournons dans les Deux-Sèvres. (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.) Je savais que cela vous ferait plaisir, mes chers collègues !

Je souhaite me concentrer sur le fond de la question de l’eau. Ayons une vision d’ensemble, une réflexion globale, rationnelle et scientifique. La question posée est bien : « Quelle utilisation de l’eau pour quelle agriculture ? »

Contrairement à ce que répètent en boucle leurs promoteurs, les mégabassines n’ont pas pour objet de récupérer directement l’eau de pluie ; elles sont remplies principalement par des systèmes de pompage dans les nappes phréatiques et les cours d’eau. Cela accentue la pression sur les ressources, alors que les nappes peinent à se reconstituer.

Mme Sophie Primas. Les nappes débordent !

M. Daniel Salmon. Sans recharge hivernale suffisante, les zones humides et les sols sont affectés.

M. Philippe Mouiller. Vous déformez la réalité !

M. Daniel Salmon. Ce sont donc l’agriculture et la biodiversité qui sont en danger ! (Protestations sur les travées du groupe Les Républicains.)

Il s’agit non d’une logique collective visant à créer des réservoirs d’eau, lancée par toutes les parties prenantes, mais d’une logique d’accaparement de ce bien commun par une minorité, pour des productions inadaptées destinées à l’exportation ou à l’élevage industriel.

Nous dénonçons le déni démocratique et le court-termisme. La manière dont s’implantent ces mégabassines est révélatrice d’une absence de gouvernance partagée autour des orientations agricoles d’un territoire. Pourtant, d’autres solutions paysannes et innovantes d’irrigation existent, adaptées au changement climatique ; elles sont déjà pratiquées sur les fermes agroécologiques.

Monsieur le ministre, quand allez-vous mettre fin à ces projets non pensés, qui reviennent à poser une rustine sur un schéma sans avenir ? À quand une gestion de l’eau transparente, démocratique et profitable à tous ? Le Gouvernement parle uniquement de la violence et agite scandaleusement le mot d’« écoterrorisme » ; c’est une stratégie d’écran de fumée pour ne pas parler du fond !

M. le président. La parole est à M. le ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires.

M. Christophe Béchu, ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires. Monsieur le sénateur Salmon, vous avez raison, la question de l’eau mérite mieux que des postures ; en tout cas, elle mérite certainement mieux que des cassages en règle tels que ceux auxquels nous avons assisté pendant tout le week-end. (Applaudissements sur les travées des groupes RDPI, INDEP et Les Républicains, ainsi que sur des travées du groupe UC.)

Lors de la primaire écologiste, vous avez soutenu Yannick Jadot, en défendant l’idée qu’il y avait besoin d’incarner une écologie politique respectable. On a vu la manière dont l’écologie politique respectable était accueillie par une minorité de manifestants, avec des inscriptions très poétiques sur les portières de la voiture de votre ancien candidat. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI, ainsi que sur des travées des groupes UC et INDEP.)

Je viens au fond. En l’occurrence, il s’agit de créer des réserves de substitution.

Mme Nadine Bellurot. Exactement !

M. Christophe Béchu, ministre. Ainsi, ce projet, soumis à des autorisations, vise à faire baisser de 70 % les prélèvements dans les étiages. Vous invoquez la science ; les études du BRGM du mois de juillet dernier démontrent qu’avec ce dispositif, on préserverait le niveau des nappes pendant l’été et on aurait un impact positif, en sécurisant l’alimentation d’eau potable et en préservant la biodiversité. (Applaudissements sur les travées des groupes RDPI, INDEP, UC et Les Républicains.) Par conséquent, si vous voulez aller du côté de la science, voilà des arguments !

Arrêtons-nous maintenant sur les slogans.

Oui, la priorité est la préservation de l’eau, donc la diminution de nos prélèvements et de nos usages. C’est cette priorité qui est au cœur des Assises de l’eau, du Varenne agricole de l’eau et de la démarche que Bérangère Couillard et moi-même avons lancée à la fin du mois de septembre à Marseille.

On parle d’« accaparement par l’agribusiness », alors que l’on a affaire à 300 agriculteurs en coopérative qui, pour la plupart, font de la polyculture-élevage. Ce projet n’émane pas du Gouvernement ; il est soutenu par la région socialiste, par le département Les Républicains et par les élus ruraux de tous bords. Un agriculteur qui fait une réserve la fait non pas pour sa consommation personnelle, mais pour nous nourrir !

Si nous condamnons les adaptations de notre modèle agricole, nous augmenterons in fine nos importations ! (Bravo ! et vifs applaudissements sur les travées des groupes RDPI, INDEP, UC et Les Républicains.)

M. le président. La parole est à M. Daniel Salmon, pour la réplique.

M. Daniel Salmon. Monsieur le ministre, cela ne vous aura pas échappé, nous venons de vivre une année dramatique, avec la canicule et la sécheresse (Vives protestations sur les travées du groupe Les Républicains.), avec des aléas climatiques qui ne sont pas pris en compte dans les études du BRGM ! Ces études se fondent sur des statistiques tirées des décennies passées. Ce qui se produira demain sera différent.

Votre politique du bulldozer pour soutenir un système obsolète ne pourra pas durer longtemps ! (Applaudissements sur les travées du groupe GEST. – Mme Martine Filleul applaudit également.)

organisation des jeux olympiques

M. le président. La parole est à M. François-Noël Buffet, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. François-Noël Buffet. Ma question s’adresse à M. le ministre de l’intérieur et des outre-mer.

Monsieur le ministre, nous venons de vivre un week-end dramatique. La violence a atteint des sommets à Sainte-Soline, et l’on peut craindre qu’elle ne se renouvelle, même si nous ne le souhaitons pas. Nombre de membres des forces de l’ordre, des gendarmes, ont été blessés ; c’est inacceptable. Il faut d’ailleurs saluer leur travail, ainsi que celui de la préfète qui a piloté les opérations.

Cette montée de violence s’est manifestée ailleurs et sous d’autres formes. On a ainsi dégradé des œuvres d’art ; on a bloqué la circulation ; on a créé des tensions extrêmement fortes lors de certaines manifestations, en entraînant un risque de conflit important.

Or la France organise les jeux Olympiques de 2024. Et, dès l’année prochaine, il y aura la Coupe du monde de rugby.

Monsieur le ministre, on nous a indiqué que tout le travail préparatoire de ces événements était en cours. Vous vous êtes exprimé récemment devant les commissions de la culture et des lois sur le sujet.

Au regard de la montée de violence inacceptable que nous observons en ce moment, comment préparez-vous ces opérations ? Quels moyens prévoyez-vous de mobiliser ? Surtout, à quel moment comptez-vous déposer un texte devant le Parlement pour légiférer sur cette question ? À mon sens, nous devons le faire au plus vite. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur des travées du groupe UC.)

M. le président. La parole est à M. le ministre de l’intérieur et des outre-mer.

M. Gérald Darmanin, ministre de lintérieur et des outre-mer. Monsieur le sénateur Buffet, comme vous, je constate que les grands événements, les grandes manifestations, les grands moments médiatiques sont aussi des moments où les contestations sont les plus violentes, même quand elles sont symboliques ; c’est d’ailleurs vrai dans beaucoup des pays qui nous entourent.

Nous devons donc nous préparer à cela lors de l’accueil de deux grands événements sportifs : la Coupe du monde de rugby en septembre prochain et les jeux Olympiques de Paris en 2024.

Comme vous avez bien voulu le souligner, en réponse à votre sollicitation, je suis venu au Sénat afin de détailler les moyens que le ministère de l’intérieur engagera, sur la demande de la Première ministre et du Président de la République, pour garantir la sécurité, maintenir l’ordre public et lutter contre le terrorisme, ainsi que, évidemment, la délinquance. À cette occasion, j’ai pu vous indiquer que le contingent de 45 000 policiers et gendarmes que nous prévoyons de mobiliser chaque jour est sans précédent dans l’histoire de notre pays, car nous prenons au sérieux ces menaces.

Vous me demandez également quel texte nous comptons déposer sur le sujet ? En l’occurrence, vous l’avez déjà étudié en très grande partie, monsieur le président de la commission des lois, puisque le projet de loi d’orientation et de programmation du ministère de l’intérieur, actuellement examiné par l’Assemblée nationale, vise à créer onze unités supplémentaires de forces mobiles et à renforcer considérablement les renseignements. Or l’une des clefs de notre « réussite », si j’ose dire, du week-end dernier, résidait dans le renseignement, qui a bien fonctionné. Ce dernier nous a en effet permis de proportionner notre réponse du point de vue du nombre de gendarmes mobilisés, de mobiliser l’action de Mme la préfète, d’empêcher l’installation d’une ZAD et de permettre la poursuite des travaux de la bassine.

Qu’il y ait par ailleurs des dispositions directement relatives aux grands événements sportifs, il ne m’appartient pas d’en décider. C’est à la Première ministre qu’il incombera d’envisager, avec la ministre des sports et moi-même, quels moyens mobiliser pour aider les préfectures et les forces de l’ordre à intervenir le mieux possible.

En tout état de cause, il est évident que nous sommes tous très concentrés pour que la fête du sport, tant la Coupe du monde de rugby que les jeux Olympiques, ne donne lieu à aucune ultraviolence, d’où qu’elle vienne. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

M. le président. La parole est à M. François-Noël Buffet, pour la réplique.

M. François-Noël Buffet. Monsieur le ministre, 600 000 personnes sont attendues sur les quais de Seine, et plus encore dans le reste de Paris.

À la suite des événements du Stade de France de mai dernier, Laurent Lafon et moi-même avons fait une quinzaine de propositions. Vous avez indiqué vouloir les reprendre à votre compte, monsieur le ministre ; c’est parfait. Toutefois, l’une d’elles portait sur la manière d’associer nos deux commissions, et le Parlement de manière générale, au travail préparatoire, afin de garantir que les grandes manifestations sportives à venir soient effectivement une véritable réussite pour la France. Nous attendons vos propositions à cet égard. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur des travées du groupe UC.)

réduction du trafic des tgv en france

M. le président. La parole est à M. Hussein Bourgi, pour le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain. (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)

M. Hussein Bourgi. Ma question s’adresse à M. le ministre délégué chargé des transports, Clément Beaune.

Le 15 décembre 2013, c’est dans la joie qu’était inaugurée la ligne à grande vitesse (LGV) reliant le Languedoc-Roussillon à la Catalogne, la France à l’Espagne. Grâce aux quatre voyages par jour entre Paris et Barcelone et passant par Valence, Nîmes, Montpellier et Perpignan, des chefs d’entreprise, des scolaires, des étudiants, des touristes pouvaient ainsi voyager dans les deux sens.

Nous venons d’apprendre que, en raison de l’ouverture à la concurrence et d’accords commerciaux conclus entre la Renfe, c’est-à-dire le réseau national des chemins de fer espagnols, et la SNCF, le nombre de trajets quotidiens passerait de quatre à deux à compter du 11 décembre prochain. Par la même occasion, nous avons appris que la liaison par LGV entre Lyon et Barcelone allait s’arrêter, de même que celle qui relie Marseille à Madrid.

Monsieur le ministre, à l’instar de tous les élus de ma région, l’Occitanie, mais également des régions voisines, ainsi que des chambres consulaires, des acteurs économiques et de tous ceux qui ont œuvré depuis tant d’années pour relier le sud de la France à l’Espagne, j’en appelle à votre autorité et à celle de votre homologue espagnole pour que les dirigeants de la SNCF et de la Renfe reviennent à la raison, dans l’intérêt de nos territoires et de leur développement économique. (Applaudissements sur les travées du groupe SER et sur des travées du groupe CRCE.)

M. le président. La parole est à M. le ministre délégué chargé des transports.

M. Clément Beaune, ministre délégué auprès du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargé des transports. Monsieur le sénateur, vous avez raison de souligner l’importance stratégique de cette liaison, inaugurée voilà un peu moins d’une décennie.

Néanmoins, à la suite de la crise de la covid-19 et de l’effondrement de la circulation, la SNCF et son partenaire espagnol, la Renfe, ont indiqué voilà quelques mois, malgré la nécessaire préservation de cette ligne, que leur partenariat s’arrêterait d’ici à la fin de cette année.

Cela n’est pas irréversible, j’y reviendrai, mais cela signifie qu’il faut réorganiser l’offre. Cela se fait par étapes : la première, qui commencera le 11 décembre prochain, consiste à permettre d’ores et déjà à la SNCF d’assurer, seule, deux allers-retours par jour entre Paris et Barcelone. Ce n’est pas l’offre que vous évoquez, mais c’est une première étape ; cela montre que n’est pas la fin du partenariat.

D’ailleurs, puisque vous avez rappelé l’importance de cette liaison pour votre territoire, il faut préciser que ces deux allers-retours quotidiens passeront par le département de l’Hérault, avec des arrêts à Montpellier, Sète et Agde. De notre côté, nous continuerons d’encourager cette nouvelle coopération entre la SNCF et la Renfe pour améliorer l’offre ; je m’engage à mener ce travail avec mon homologue espagnole. J’ai échangé avec cette dernière le 21 octobre dernier, et je la rencontrerai à Madrid au début de l’année prochaine, en lien avec les élus et les parlementaires concernés.

Pour ce qui a trait aux autres liaisons, ce qui se met en place, à défaut du renouvellement du partenariat, c’est la reprise par la Renfe des liaisons entre Lyon et Barcelone, ainsi qu’entre Madrid et Marseille. Il y aura donc bien de nouvelles liaisons, même si les fréquences restent à définir.

Une autre liaison ferroviaire entre la France et l’Espagne, que vous n’avez pas évoquée, s’arrêtera à la fin de l’année : celle qui relie Perpignan à Figueras. Mon homologue espagnole et moi-même nous sommes engagés à demander aux deux opérateurs de trouver une solution de continuité pour elle.

Je suis prêt à continuer ce travail avec vous pour améliorer les choses, afin que ce partenariat, même s’il n’est pas reconduit à l’identique, débouche sur d’autres options et ne pénalise pas ces liaisons, qui sont importantes.

Par ailleurs, puisque vous avez évoqué la question de la concurrence, je rappelle que notre opérateur, la SNCF, est présent sur le marché espagnol, au bénéfice tant de l’entreprise que des millions d’usagers de la ligne reliant Madrid à Barcelone. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

M. le président. La parole est à M. Hussein Bourgi, pour la réplique.

M. Hussein Bourgi. Monsieur le ministre, je vous remercie, mais vous n’avez pas tout à fait répondu à ma question.

Les éléments que vous m’apportez portent sur une offre dégradée. Or qui dit offre dégradée dit impossibilité de faire l’aller-retour dans la journée ; cela nuira notamment aux chefs d’entreprise.

Vous m’indiquez ensuite que, dans quelques semaines ou quelques mois, la Renfe pourra exploiter ou reprendre certaines lignes, mais que rien n’est acquis à ce jour.

Enfin, puisque vous évoquez le covid-19, je vous signale que, partout en France, sur tout le territoire national – entre Bordeaux et Paris, ou entre Brest et Paris –, rien n’est satisfaisant.

Nous ne sommes pas revenus à la situation antérieure à la pandémie. Les trains roulent, mais ils sont pleins. Les prix flambent.

M. Roger Karoutchi. Il a raison !

M. Hussein Bourgi. Les voyageurs sont parfois insatisfaits en raison des retards.

M. le président. Il faut conclure !

M. Hussein Bourgi. Je vous demande donc de réfléchir à la stratégie de la France en matière de LGV. (Applaudissements sur les travées des groupes SER et CRCE, ainsi que sur des travées du groupe Les Républicains.)

M. Christian Cambon. Absolument !

M. Roger Karoutchi. Il a raison !

violences sexuelles dans le conflit en république démocratique du congo