M. Bruno Belin. Cet amendement de notre collègue Burgoa vise à soutenir la cause animale.

Les animaux familiers sont nos compagnons indispensables ; leur rôle social est établi depuis longtemps. C’est pourquoi nous proposons de fixer à 5,5 % le taux de TVA applicable aux produits destinés à l’alimentation des animaux. Cette disposition permettrait en outre d’apporter une réponse au problème de l’inflation et d’aider les refuges.

M. le président. La parole est à M. Thierry Cozic, pour présenter l’amendement n° I-1177 rectifié quater.

M. Thierry Cozic. Il est défendu !

M. le président. L’amendement n° I-1075 rectifié bis n’est pas soutenu.

Quel est l’avis de la commission ?

M. Jean-François Husson, rapporteur général de la commission des finances. Il s’agit de défendre la cause animale en abaissant le taux de TVA sur certains produits.

Avant d’adopter une telle mesure, il conviendrait d’en étudier l’impact. Vous le savez, mes chers collègues, les décisions prises dans l’urgence, pour ne pas dire au doigt mouillé, peuvent s’avérer très coûteuses. Même des réformes bien élaborées peuvent coûter cher si le cadrage nécessaire fait défaut ; je pense par exemple à la réforme de la taxe d’habitation, fameux serpent de mer sur lequel je reviendrai.

Demande de retrait.

M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ?

M. Gabriel Attal, ministre délégué. Cette disposition coûterait 420 millions d’euros aux finances publiques, sans que soit garantie la répercussion de cette baisse de fiscalité sur le prix acquitté par les consommateurs.

Il faut évidemment agir en faveur du bien-être animal dans notre pays. Le Gouvernement a d’ailleurs montré, au cours des dernières années, qu’il était capable de prendre des initiatives extrêmement fortes en la matière.

Je citerai l’alourdissement des peines encourues par ceux qui maltraitent les animaux, la mise en place d’un certificat d’engagement et de connaissance pour toute personne acquérant un animal de compagnie, l’interdiction à venir de la vente des animaux de compagnie dans les animaleries, l’interdiction des élevages de visons, de nombreuses mesures relatives à l’élevage – interdiction du broyage des poussins ou de la castration des porcelets à vif –, l’installation de caméras dans les abattoirs, les millions d’euros alloués au soutien aux refuges dans le cadre du plan de relance.

Bref, nous faisons beaucoup pour le bien-être animal. (M. Thomas Dossus proteste.)

En revanche, pour ce qui est de priver nos finances publiques de 420 millions d’euros sans la moindre garantie que cela aura in fine quelque effet pour le consommateur, cela me paraît une mauvaise idée.

Avis défavorable.

M. le président. Monsieur Belin, l’amendement n° I-617 rectifié est-il maintenu ?

M. Bruno Belin. M. le ministre m’a convaincu ; je le retire, monsieur le président.

M. le président. L’amendement n° I-617 rectifié est retiré.

Monsieur Cozic, l’amendement n° I-1177 rectifié quater est-il maintenu ?

M. Thierry Cozic. Oui, monsieur le président : je le maintiens !

M. le président. La parole est à M. Arnaud Bazin, pour explication de vote.

M. Arnaud Bazin. Monsieur le ministre, je pourrais engager avec vous un débat sur l’effectivité des mesures prises en faveur du bien-être animal que vous avez évoquées, car il y aurait beaucoup à dire, mais je préfère réserver mes remarques aux ministres directement concernés.

En ce qui concerne l’objet précis de cet amendement, on pourrait être tenté de céder à la tentation d’une telle baisse du taux de TVA, mais, dans le cadre de mon activité professionnelle antérieure, j’ai pu observer les modalités de fixation des prix : le prix de vente est tout simplement celui que le consommateur sera prêt à accepter d’après les études de marketing fouillées que font réaliser les fournisseurs.

Ma conviction est donc que cette baisse de TVA tomberait dans la poche des fabricants d’aliments pour animaux, qui n’en ont nullement besoin pour faire des bénéfices très confortables.

Par conséquent, je ne voterai pas cet amendement.

M. le président. La parole est à M. François Bonhomme, pour explication de vote.

M. François Bonhomme. Cette question pourrait prêter à sourire, mais elle est très sérieuse. En effet, il n’y a qu’à visiter les maisons de retraite dans lesquelles on essaie de réintroduire des animaux de compagnie pour s’apercevoir de leur rôle social extrêmement fort pour les personnes isolées.

Par ailleurs, je souhaite réagir à l’argument de M. le ministre selon lequel cette baisse de TVA profiterait non au consommateur final, mais aux fabricants.

Dans le passé, il est arrivé au Gouvernement de faire montre d’une volonté beaucoup plus ferme lorsqu’il s’est agi, dans des situations analogues, d’exercer quelque pression sur les entreprises bénéficiaires d’une réduction de TVA afin de s’assurer qu’elles la répercutent bien sur leurs prix de vente. Eu égard aux enjeux, monsieur le ministre, vous auriez pu faire au moins apparence de bonne volonté, en proposant par exemple une période d’observation à l’issue de laquelle il eût été possible de revenir en arrière en cas de non-respect de l’esprit de la mesure.

C’est ainsi qu’on a procédé en 2015 pour la baisse du taux de TVA sur les tampons hygiéniques. À ma connaissance, cette mesure a fait l’objet d’un suivi et il s’avère qu’elle a produit un certain effet sur les prix.

M. le président. La parole est à M. le ministre délégué.

M. Gabriel Attal, ministre délégué. Au contraire, monsieur le sénateur, l’absence d’impact de cette baisse de TVA, en 2016, sur le prix des serviettes hygiéniques, tampons et autres protections menstruelles constitue un argument supplémentaire pour refuser des baisses de TVA dont on n’a absolument aucune garantie qu’elles profiteront au consommateur. En l’occurrence, les études ont démontré cette absence d’impact.

On pourrait également citer l’exemple de la baisse du taux de TVA dans le secteur de la restauration : certes, cette réduction aura pu constituer une mesure de soutien à l’activité des restaurateurs, mais elle n’aura pas eu d’effet sur l’addition que payent les consommateurs au restaurant.

Mme Marie-Pierre de La Gontrie. Ni sur les salaires des employés !

M. Gabriel Attal, ministre délégué. Peut-être y a-t-il eu, du moins je l’espère, un effet sur l’emploi, mais je n’en suis même pas certain….

Bref, il faut faire très attention avec les baisses de TVA.

M. le président. Je mets aux voix l’amendement n° I-1177 rectifié quater.

(Lamendement nest pas adopté.)

M. le président. Je suis saisi de deux amendements identiques.

L’amendement n° I-1079 rectifié est présenté par M. Savary, Mmes Imbert, Belrhiti et Berthet, M. E. Blanc, Mme Bourrat, MM. Brisson, Burgoa et Calvet, Mme Canayer, MM. Capus, Cardoux et Chatillon, Mme Chauvin, MM. Cuypers, de Legge et Détraigne, Mmes Dumas, Dumont et F. Gerbaud, M. Gremillet, Mme Gruny, M. D. Laurent, Mme Malet, M. Piednoir, Mme Puissat et M. Somon.

L’amendement n° I-1444 rectifié est présenté par MM. Médevielle, Menonville, Chasseing et Wattebled, Mme Mélot et MM. Lagourgue, Decool et Guerriau.

Ces deux amendements sont ainsi libellés :

Alinéa 4

Compléter cet alinéa par les mots :

, y compris les poulains vivants

La parole est à M. René-Paul Savary, pour présenter l’amendement n° I-1079 rectifié.

M. René-Paul Savary. Nous en revenons à l’élevage de chevaux.

L’article 5 quinquies rationalise l’application du taux de TVA applicable en matière agricole.

Je vous propose, mes chers collègues, un amendement de correction rédactionnelle visant à lever l’insécurité juridique et fiscale dans laquelle se trouve la filière équine.

L’élevage des poulains est certes par nature une activité à caractère agricole. Reste que la rédaction figurant dans le texte qui nous est soumis ne reprend pas les termes « poulains vivants », qui apparaissent pourtant expressément dans le a ter) du 5° de l’article 278 bis du code général des impôts qu’abroge l’article 5 quinquies.

Je propose de corriger cet oubli.

M. le président. L’amendement n° I-1444 rectifié n’est pas soutenu.

Quel est l’avis de la commission ?

M. Jean-François Husson, rapporteur général de la commission des finances. Cet amendement est satisfait ; j’en demande le retrait.

M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ?

M. Gabriel Attal, ministre délégué. En vertu d’un amendement retenu dans le texte issu du 49.3, les poulains vivants se verront bien appliquer le taux de TVA de 10 %.

L’amendement de M. Savary étant satisfait, le Gouvernement en demande le retrait.

M. le président. Monsieur Savary, l’amendement n° I-1079 rectifié est-il maintenu ?

M. René-Paul Savary. Si l’amendement est satisfait, autant l’adopter pour enfoncer le clou…

Une précision : l’élevage de chevaux n’a pas pour seul horizon Chantilly et les courses et autres activités qui s’y déroulent ; il existe aussi un élevage de races beaucoup plus rustiques, mais importantes pour le milieu rural. Dans le Vercors, par exemple, des éleveurs ont recréé le Barraquand, race ancienne de cheval. Au-delà de la valeur patrimoniale de cette activité, ils promeuvent ainsi leur territoire de façon extraordinaire.

Néanmoins, si vous me certifiez, monsieur le rapporteur général, monsieur le ministre, que cet amendement est satisfait, je consens à le retirer. Je tenais vivement à ce que nous ayons ce débat ; merci !

M. Jean-François Husson, rapporteur général de la commission des finances. C’est fait !

M. le président. L’amendement n° I-1079 rectifié est retiré.

Je mets aux voix l’article 5 quinquies.

(Larticle 5 quinquies est adopté.)

Article 5 quinquies (nouveau)
Dossier législatif : projet de loi de finances pour 2023
Article 5 septies (nouveau)

Article 5 sexies (nouveau)

I. – Le VII de l’article 289 du code général des impôts est complété par un 4° ainsi rédigé :

« 4° Soit en recourant à la procédure de cachet électronique qualifié au sens du règlement (UE) n° 910/2014 du Parlement européen et du Conseil du 23 juillet 2014 sur l’identification électronique et les services de confiance pour les transactions électroniques au sein du marché intérieur et abrogeant la directive 1999/93/CE. Un décret précise les conditions d’émission, de cachet et de stockage de ces factures. »

II. – Le deuxième alinéa du I de l’article L. 102 B du livre des procédures fiscales est ainsi rédigé :

« Lorsqu’ils sont établis ou reçus sur support informatique, ces livres, registres, documents ou pièces doivent être conservés sous cette forme pendant le délai prévu au premier alinéa. »

III. – Les I et II s’appliquent aux documents et pièces établis à compter de la publication de la présente loi.

M. le président. L’amendement n° I-120, présenté par M. Husson, au nom de la commission des finances, est ainsi libellé :

Après l’alinéa 2

Insérer un paragraphe ainsi rédigé :

I … – Au V de l’article 1737 du code général des impôts, le mot : « aux » est remplacé par les mots : « au 3 du I et aux II, ».

La parole est à M. le rapporteur général.

M. Jean-François Husson, rapporteur général de la commission des finances. Amendement de coordination !

M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ?

M. Gabriel Attal, ministre délégué. Avis favorable.

M. le président. Je mets aux voix l’amendement n° I-120.

(Lamendement est adopté.)

M. le président. Je mets aux voix l’article 5 sexies, modifié.

(Larticle 5 sexies est adopté.)

Article 5 sexies (nouveau)
Dossier législatif : projet de loi de finances pour 2023
Article additionnel après l'article 5 septies - Amendement n° I-191 rectifié quater

Article 5 septies (nouveau)

À la fin du III des articles 5 et 6 de la loi n° 2020-473 du 25 avril 2020 de finances rectificative pour 2020, l’année : « 2023 » est remplacée par l’année : « 2024 ». – (Adopté.)

Article 5 septies (nouveau)
Dossier législatif : projet de loi de finances pour 2023
Article additionnel après l'article 5 septies - Amendements n° I-411 rectifié et n° I-1173 rectifié bis

Après l’article 5 septies

M. le président. L’amendement n° I-191 rectifié quater, présenté par M. Brisson, Mme Lavarde, MM. Rapin et Genet, Mme F. Gerbaud, MM. Perrin, Rietmann et Gueret, Mmes Saint-Pé et Lassarade, MM. Sido, Burgoa et Daubresse, Mme Demas, MM. Laménie, Courtial et Sautarel, Mmes L. Darcos et Belrhiti, M. Piednoir, Mme Renaud-Garabedian, MM. Tabarot, Belin et Pellevat, Mme Ventalon, MM. D. Laurent, Cambon, Meignen, Bansard et Favreau, Mme Puissat, MM. Bouchet et Lefèvre, Mme Lopez, M. Klinger, Mme de Cidrac et M. Panunzi, est ainsi libellé :

Après l’article 5 septies

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

I. – Le 4° de l’article 261 D du code général des impôts est complété par un alinéa ainsi rédigé :

« … Aux locations de meublés de tourisme au sens du I de l’article L. 324-1-1 du code du tourisme. »

II. – La perte de recettes résultant pour l’État du I est compensée, à due concurrence, par la création d’une taxe additionnelle à l’accise sur les tabacs prévue au chapitre IV du titre Ier du livre III du code des impositions sur les biens et services.

La parole est à M. Max Brisson.

M. Max Brisson. Cet amendement vise à mieux soumettre à la TVA les locations de meublés de tourisme, afin de lutter contre la concurrence déloyale que les loueurs de meublés touristiques exercent à l’encontre des hébergeurs professionnels et d’atténuer une inégalité fiscale qui avantage les locations saisonnières par rapport aux locations à l’année. Dans les territoires touristiques les plus attractifs, la situation actuelle conduit à une crise du logement dont la dimension politique et sociale ne peut plus être ignorée. Cette mesure aurait en outre pour effet d’augmenter les recettes de l’État.

Actuellement, les locations de meublés de tourisme ne sont assujetties à la TVA que si elles sont assorties de plusieurs prestations para-hôtelières, parmi lesquelles le petit-déjeuner, le nettoyage régulier des locaux, la fourniture de linge de maison et la réception de la clientèle. La location pour quelques nuits d’un logement meublé avec linge de maison et nettoyage régulier inclus n’est donc pas soumise à la TVA, alors que, pour une prestation identique, la chambre d’hôtel l’est.

Par ailleurs, l’imposition que je propose n’est pas contraire au droit communautaire, lequel prévoit que les opérations d’hébergement effectuées dans des secteurs ayant une fonction similaire au secteur hôtelier ne peuvent pas bénéficier d’une exonération de TVA.

Enfin, l’adoption de cet amendement n’aura aucune conséquence pour les particuliers exerçant une activité de location de gîtes ruraux ou une activité ponctuelle de location meublée de leur résidence principale, dans la mesure où eux pourront bénéficier du régime de la franchise en base de TVA.

Je vous invite donc, mes chers collègues, à adopter cette mesure, qui rétablira la concurrence, accroîtra les recettes de TVA et sera un outil parmi d’autres pour maîtriser les locations saisonnières et décourager des pratiques qui menacent la capacité des plus modestes à se loger dans les territoires touristiques.

M. le président. Quel est l’avis de la commission ?

M. Jean-François Husson, rapporteur général de la commission des finances. L’adoption de cet amendement reviendrait, me semble-t-il, à étendre l’exonération de TVA aux meublés de tourisme.

Or l’article 135 de la directive TVA prévoit expressément que sont exclues de l’exonération de TVA les opérations d’hébergement qui sont effectuées « dans le cadre du secteur hôtelier ou de secteurs ayant une fonction similaire ». Une décision du Conseil d’État de 2009 a confirmé que les meublés de tourisme, dès lors qu’ils se trouvent dans une situation de concurrence potentielle avec les entreprises hôtelières, doivent être considérés comme ne pouvant bénéficier d’une exonération de TVA.

Par conséquent, s’il vise bien cet objectif, cet amendement, tel qu’il est rédigé, me paraît contraire au droit communautaire. J’en sollicite donc le retrait.

M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ?

M. Gabriel Attal, ministre délégué. Même avis !

M. le président. Monsieur Brisson, l’amendement n° I-191 rectifié quater est-il maintenu ?

M. Max Brisson. Oui, monsieur le président, je souhaite que le Sénat se prononce sur cet amendement.

Je défendrai d’autres amendements qui, je l’espère, recueilleront un avis favorable du Gouvernement et de la commission.

La location des meublés touristique est un véritable problème et on ne peut pas s’abriter derrière des arguments discutables de conformité au droit communautaire.

Mme Marie-Noëlle Lienemann. Votons ! Il s’agit d’Airbnb, tout de même !

M. le président. Je mets aux voix l’amendement n° I-191 rectifié quater.

(Lamendement est adopté.) – (Applaudissements sur des travées des groupes SER et CRCE.)

Article additionnel après l'article 5 septies - Amendement n° I-191 rectifié quater
Dossier législatif : projet de loi de finances pour 2023
Article additionnel après l'article 5 septies - Amendements n° I-412 rectifié et n° I-1172 rectifié bis

M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l’article 5 septies.

Je suis saisi de quatre amendements faisant l’objet d’une discussion commune.

Les deux premiers sont identiques.

L’amendement n° I-411 rectifié est présenté par Mme Conconne, MM. Antiste et Lurel, Mmes Jasmin, Artigalas, G. Jourda, Le Houerou et Conway-Mouret et MM. Cozic, Chantrel, P. Joly et Bourgi.

L’amendement n° I-1173 rectifié bis est présenté par MM. Théophile, Mohamed Soilihi, Patient et Lemoyne, Mme Duranton, MM. Buis et Haye et Mme Schillinger.

Ces deux amendements sont ainsi libellés :

Après l’article 5 septies

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

I. – Les II et III de l’article 33 de la loi n° 2021-1900 du 30 décembre 2021 de finances pour 2022 sont abrogés.

II. – La perte de recettes résultant pour l’État du I est compensée, à due concurrence, par la création d’une taxe additionnelle à l’accise sur les tabacs prévue au chapitre IV du titre Ier du livre III du code des impositions sur les biens et services.

La parole est à Mme Catherine Conconne, pour présenter l’amendement n° I-411 rectifié.

Mme Catherine Conconne. Vous le savez, nos collègues députés, frappés par le 49.3, ont été privés de discussion. C’est donc à nous, privilégiés, que revient de faire vivre ce débat.

Il aura fallu la loi de 2017 de programmation relative à l’égalité réelle outre-mer pour obtenir l’égalité réelle entre les pays de ladite outre-mer et l’Hexagone. Cette loi est en vigueur, mais un certain nombre de décrets y afférents n’ont toujours pas été publiés.

En fait d’égalité réelle, il était prévu notamment une majoration de la franchise de TVA, dispositif qui doit arriver à échéance le 31 décembre 2022.

Mon collègue Johnny Hajjar, député de la Martinique, n’ayant pu défendre cet amendement devant l’Assemblée nationale, je me charge de le faire, avec beaucoup de légitimité, d’honneur et de pertinence, devant la Haute Assemblée : je demande à mes collègues de bien vouloir approuver la prolongation de ce dispositif fiscal.

M. le président. La parole est à M. Dominique Théophile, pour présenter l’amendement n° I-1173 rectifié bis.

M. Dominique Théophile. Si vous me le permettez, monsieur le président, je défendrai à la suite les amendements nos I-1173 rectifié bis et I-1172 rectifié bis. Ils sont identiques à ceux de ma collègue Conconne et ont d’abord été déposés à l’Assemblée nationale.

L’amendement n° I-1173 rectifié bis vise à pérenniser le dispositif de majoration de la franchise en base de la TVA en Martinique, à La Réunion et en Guadeloupe.

Ce dispositif d’aide aux petites entreprises existe depuis 2017. Il a fait ses preuves, disons-le. Prorogé jusqu’au 31 décembre 2022 par le projet de loi de finances pour 2022, il arrivera par conséquent à échéance dans quelques semaines.

Aussi proposons-nous de le pérenniser afin de permettre aux petites entreprises de continuer à faire face aux difficultés qui sont les leurs, et notamment à l’inflation.

Quant à l’amendement n° I-1172 rectifié bis, il s’agit d’un amendement de repli : il vise à proroger d’un an ce dispositif, soit jusqu’au 31 décembre 2023.

Article additionnel après l'article 5 septies - Amendements n° I-411 rectifié et n° I-1173 rectifié bis
Dossier législatif : projet de loi de finances pour 2023
Article 6

M. le président. Les deux amendements suivants sont également identiques.

L’amendement n° I-412 rectifié est présenté par Mme Conconne, MM. Antiste et Lurel, Mmes Jasmin, Artigalas, G. Jourda, Le Houerou et Conway-Mouret et MM. Cozic, Chantrel, P. Joly et Bourgi.

L’amendement n° I-1172 rectifié bis est présenté par MM. Théophile, Mohamed Soilihi, Patient et Lemoyne, Mme Duranton, MM. Buis et Haye et Mme Schillinger.

Ces deux amendements sont ainsi libellés :

Après l’article 5 septies

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

I. – Au III de l’article 33 de la loi n° 2021-1900 du 30 décembre 2021 de finances pour 2022, l’année : « 2023 » est remplacée par l’année : « 2024 ».

II. – La perte de recettes résultant pour l’État du I est compensée, à due concurrence, par la création d’une taxe additionnelle à l’accise sur les tabacs prévue au chapitre IV du titre Ier du livre III du code des impositions sur les biens et services.

M. le président. La parole est à Mme Catherine Conconne, pour présenter l’amendement n° I-412 rectifié.

Mme Catherine Conconne. Dans le même esprit, cet amendement de repli a pour objet de proroger le dispositif pour une année supplémentaire, c’est-à-dire jusqu’au 1er janvier 2024.

Samedi dernier, j’ai tenté de faire adopter par notre assemblée des dispositifs qui permettraient à l’État de contribuer à la baisse des prix en Martinique, où les prix – je le rappelle – sont en moyenne 12 % plus élevés qu’en métropole, et même 38 % plus élevés si l’on considère les seuls produits alimentaires.

J’espère que, cette fois, nous serons entendus.

M. le président. L’amendement n° I-1172 rectifié bis a été précédemment présenté par M. Théophile.

Quel est l’avis de la commission ?

M. Jean-François Husson, rapporteur général de la commission des finances. En ce qui me concerne, je m’interroge sur l’utilité des seuils de franchise en base dérogatoire en outre-mer. Il semble en effet que les effets concrets de tels seuils sur les entreprises soient discutables et que, d’ailleurs, le nombre d’entreprises concernées soit faible.

De fait, les ménages et les entreprises ultramarins paraissent mieux soutenus par les taux de TVA dérogatoires, qui représentent une dépense fiscale proche de 3,15 milliards d’euros pour l’année 2022.

En outre, aucune évaluation du dispositif n’a été menée depuis son entrée en vigueur voilà cinq ans. Nous ne savons donc pas combien d’entreprises sont concernées ni pour quel montant.

Dans ces conditions, il me semble imprudent de pérenniser la dérogation dont bénéficient les outre-mer.

Je précise enfin que, dans le cadre de l’examen du projet de loi de programmation des finances publiques (LPFP) pour les années 2023 à 2027, que nous avons adopté, nous avons voté le principe de la limitation à trois ans des prorogations de dépenses fiscales.

À l’évidence, la pérennisation ici proposée est contraire à ce nouvel objectif : avis défavorable.

M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ?

M. Gabriel Attal, ministre délégué. Nous avons fait le choix de ne pas prolonger ce dispositif. Des études menées pour le compte du ministère des outre-mer montrent qu’il a eu très peu d’impact, voire aucun impact, sur l’activité économique. En effet, il existe d’ores et déjà, en outre-mer, des taux réduits de TVA et des modalités simplifiées d’imposition à cette même taxe ; l’apport du dispositif paraît donc nul à tous égards.

En revanche, d’autres leviers de simplification sont à attendre de réformes à venir, notamment celle de la facturation électronique entre entreprises, qui représentera pour ces dernières un gain majeur.

Pour toutes ces raisons, l’avis du Gouvernement est défavorable sur ces amendements.

M. le président. La parole est à Mme Catherine Conconne, pour explication de vote.

Mme Catherine Conconne. Je n’ai pas très bien compris l’intervention du rapporteur général. Il avance tantôt que le dispositif n’a pas eu d’impact, tantôt qu’aucune évaluation n’a été menée…

M. Jean-François Husson, rapporteur général de la commission des finances. Nous disons la même chose !

Mme Catherine Conconne. J’avoue ne pas comprendre. Le dispositif n’a pas été évalué depuis cinq ans ; en même temps, nous dit-on, il n’a pas d’impact. Y a-t-il là quelque énième fantasme sur ladite outre-mer, ou est-ce bien la réalité ?

Je ne partage pas du tout votre lecture, monsieur le ministre, monsieur le rapporteur général !

Aussi suis-je très preneuse des fameuses études évoquées par M. le ministre. Il serait bon, d’ailleurs, que les parlementaires soient systématiquement destinataires des rapports, visiblement rédigés dans une intimité d’alcôve…

M. François Bonhomme. Tout un poème !

Mme Catherine Conconne. … par la direction générale des outre-mer (DGOM)… J’aimerais pouvoir les lire, ces rapports ! On nous oppose toujours que tel rapport dit ceci et que tel autre ne dit pas cela, mais nous n’en voyons jamais la couleur ! Quant aux rapporteurs, s’ils existent, desdits rapports, jamais l’un d’entre eux ne m’a consultée ni n’a consulté aucun sénateur ou élu des territoires concernés.

Je vous remercie, dès lors, de m’indiquer où je peux trouver ces rapports. À la Bibliothèque nationale de France ? Je l’ignore, mais j’aurais bien aimé en être destinataire ! J’y trouverais certainement matière à mieux étayer mes amendements et donc à les défendre avec davantage encore de pertinence…

Je l’ai dit : je suis preneuse ! Mon adresse électronique est connue ; dans la mesure du possible, je veux tous les rapports, surtout à l’approche de l’examen du PLF. Pour l’instant, en tout cas, les secrets d’alcôve sont bien gardés…

M. le président. La parole est à Mme Marie-Noëlle Lienemann, pour explication de vote.

Mme Marie-Noëlle Lienemann. Mon sentiment est que nous devrions au moins voter les amendements de repli : en prolongeant la mesure d’un an, nous nous donnerions le temps, précisément, de l’évaluation ; alors nous saurions s’il faut pérenniser.

Très souvent, les services de Bercy nous expliquent que telle disposition n’est pas efficace ; le temps manque pour en discuter, aucune alternative n’est proposée… Pour bien connaître la façon dont les choses se passent fréquemment, je me méfie beaucoup : nous votons un dispositif, il survit au rapport de force politique et passe le cap de l’Assemblée nationale, le Gouvernement en accepte même le principe ; mais Bercy n’est pas chaud et prétend avoir montré, sans se mettre en peine de le prouver, qu’au bout du compte le dispositif est inefficace !

Mais des élus locaux m’ont dit, à moi, qu’il est efficace !

Votons au moins sa prolongation pendant un an et demandons qu’une évaluation soit réalisée avant de délibérer pour l’avenir !