Les Parlements dans la société de l'information



Palais du Luxembourg, 18 et 19 novembre 1999

II. INTERVENTION DE M. JOHN TAYLOR, GLASGOW CALEDONIAN UNIVERSITY

« Je me propose de vous présenter un travail que nous avons réalisé pour le nouveau Parlement écossais, dont vous savez qu'il vient d'être mis en place. Il s'agissait d'étudier les pratiques des autres sites parlementaires existants dans le monde. Nous avons posé une question simple : quel est le rôle d'un site web parlementaire dans la pratique démocratique ?

Les innovations cyberdémocratiques sont un phénomène mondial : partout, des initiatives sont prises sur la toile qui stimulent, d'une manière ou d'une autre, les valeurs démocratiques. Ces sites ont une valeur informative, comme nous avons déjà eu largement l'occasion de le constater au cours de nos travaux, mais ils possèdent également une valeur éducative. Ils visent aussi à renforcer et à augmenter le nombre de voies d'accès à la démocratie qui sont offertes aux citoyens, ou encore à leur permettre de débattre entre eux. Ils cherchent enfin à susciter un engagement plus fort de la part du citoyen.

J'ai sélectionné trois exemples - non parlementaires -- de ces valeurs qui sont promues par la cyberdémocratie, Le premier est le réseau Périclès, à Athènes, qui offre aux citoyens la possibilité de voter sur les enjeux de la collectivité, recréant ainsi l'idéal antique de la démocratie directe. À Amsterdam, en revanche, le site Digital City vise à renforcer la dimension associative dans la démocratie. Enfin, aux États- Unis, le projet Vote Smart, à l'instar de DNet, encourage les citoyens à chercher à en apprendre plus sur leurs élus. La diversité de ces trois exemples montre la variété des sites web dans le domaine démocratique, variété qui doit bien évidemment être prise en compte avant la construction d'un site web parlementaire.

Nous nous sommes ensuite intéressés à ce que devait être la contribution d'un site web parlementaire.

Nous avons considéré qu'un site web devait tout d'abord fournir de l'information. Le site du Parlement australien, par exemple, offre des liens qui permettent de bifurquer vers d'autres sites web qui vous intéressent en particulier. Le site doit aussi comporter des informations sur les élus, si possible introduites par une page d'accueil personnelle pour chaque élu, où l'on doit trouver aussi bien les coordonnées du parlementaire que son agenda. En Autriche, nous avons trouvé des liens vers les sites des principaux partis politiques parlementaires, ce qui est assez rare.

Un site web parlementaire doit aussi offrir un service aux citoyens. Le site web du Parlement européen permet par exemple de consulter les offres d'emploi et de déposer sa candidature.

Il doit aussi faciliter l'accès du citoyen au parlement. La principale innovation que nous avons trouvée, de ce point de vue, est celle du Parlement belge, dont l'intégralité du site est disponible en trois langues : français, néerlandais, anglais. Il faut aussi prendre garde à ce que les contenus ne soient pas trop lourds et donc trop longs à télécharger (par exemple il faut limiter le nombre de photos). De même, une mise à jour régulière est souhaitable, et la présence d'un moteur de recherche est un avantage supplémentaire.

Les sites parlementaires visent également à favoriser l'engagement citoyen. En Nouvelle-Zélande, le citoyen internaute trouve par exemple une fiche qui lui explique comment soumettre une proposition ou une contribution.

Pour conclure, je vais poser une série de questions, comme tout universitaire britannique qui se respecte... D'abord, les sites web parlementaires sont-ils vraiment source d'innovation ? Se différencient-ils les uns des autres ? Peuvent-ils être le point central d'une démocratie représentative ? Plus largement, peuvent-ils trouver leur place au coeur de la démocratie moderne ? Enfin, les nouvelles technologies vont-elle permettre au Parlement de retrouver la suprématie démocratique qui était la sienne il y a quelques années ? »

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