VI. DÉBATS SÉNAT EN PREMIÈRE LECTURE (SÉANCE DU SAMEDI 3 DÉCEMBRE 2011)

Article 40

M. le président. Je suis saisi de cinq amendements faisant l'objet d'une discussion commune.

L'amendement n° II-380, présenté par Mmes Schurch, Borvo Cohen-Seat et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, est ainsi libellé :

Rédiger ainsi cet article :

L'article 199 septvicies du code général des impôts est abrogé.

La parole est à Mme Mireille Schurch.

Mme Mireille Schurch. Le présent article prévoit de recentrer la réduction d'impôt dite « Scellier » en ramenant son taux à 16 % et en poursuivant le « verdissement » du dispositif, ce que nous approuvons, même si ce qui est fait à cet égard nous semble insuffisant.

Dans sa rédaction initiale, cet article visait également, sous la pression du secteur immobilier, à proroger l'application du dispositif « Scellier » jusqu'au 31 décembre 2015. Cet objectif a été abandonné lors de la discussion à l'Assemblée nationale, à la suite des annonces du Premier ministre. Pour autant, le « Scellier » sera conservé jusqu'au 31 décembre 2012, soit l'échéance prévue à sa création.

Outre que son coût, dénoncé par Gilles Carrez, rapporteur général de l'Assemblée nationale, est particulièrement lourd pour le budget de l'État, cette niche fiscale a eu un effet pervers sur la politique du logement et n'a pas permis de résoudre la crise que nous traversons aujourd'hui.

Pis, les opérations « Scellier » ont accompagné la bulle spéculative autour du logement, les prix de sortie de telles opérations ne prenant pas en compte l'effort financier public réalisé pour les lancer. Le « Scellier » a même constitué un effet d'aubaine particulièrement séduisant pour les investisseurs.

Sur le fond, ce dispositif témoigne du glissement d'une politique du logement public à des aides individualisées tournées presque exclusivement vers des investisseurs - privés de préférence.

Cela fait à peu près seize ans que les lois destinées à « doper » le secteur immobilier se succèdent, quand elles ne se chevauchent pas. Seuls le nom des auteurs et les modalités de défiscalisation changent : loi Périssol, loi Besson, loi Robien, loi Borloo et, maintenant, loi Scellier...

Le coût des niches fiscales liées au logement est tout de même estimé à près de 13 milliards d'euros dans la loi de finances pour 2012, soit une somme deux fois plus importante que les crédits consacrés à cette mission, ce qui ne peut manquer de nous troubler.

Le coût du dispositif Scellier, quant à lui, est estimé à 430 millions d'euros, soit un niveau bien supérieur aux économies que le Gouvernement souhaite réaliser en limitant le relèvement des aides au logement.

Pour notre part, nous prônons une relance du logement qui passe par des aides à la pierre, par le financement de l'ANRU, l'Agence nationale pour la rénovation urbaine, par un retour du 1 % à sa mission première, par une régulation des prix des loyers ainsi que de l'immobilier.

Pour toutes ces raisons, nous vous proposons, non pas d'attendre la fin de 2012, mais de décider dès aujourd'hui la suppression de ce dispositif.

M. le président. L'amendement n° II-203 rectifié, présenté par M. Dubois, Mme Morin-Desailly et MM. Lasserre, Roche, Détraigne, Merceron et Tandonnet, est ainsi libellé :

I. - Alinéa 7

Compléter cet alinéa par les mots :

et du A de l'article 1594 F quinquies du présent code

II. - En conséquence, alinéa 25

Compléter cet alinéa par les mots :

et du A de l'article 1594 F quinquies du présent code

III - Pour compenser la perte de recettes résultant du I ci-dessus, compléter cet article par un paragraphe ainsi rédigé :

... - La perte de recettes résultant pour l'État du présent article est compensée, à due concurrence, par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts.

Cet amendement n'est pas soutenu.

L'amendement n° II-204 rectifié, présenté par M. Dubois, Mme Morin-Desailly et MM. Lasserre, Roche, Merceron et Tandonnet, est ainsi libellé :

I. - Alinéa 16

Supprimer cet alinéa

II. - En conséquence, alinéa 46, première phrase

Remplacer les mots :

Les 1° et 4°

par les mots :

Le 4°

Cet amendement n'est pas soutenu.

L'amendement n° II-201 rectifié, présenté par M. Dubois, Mme Morin-Desailly et MM. Lasserre et Roche, est ainsi libellé :

I. - Après l'alinéa 26

Insérer trois alinéas ainsi rédigés :

C bis (nouveau).-  Le V est ainsi rédigé :

« V. - Lorsque le logement est loué dans les conditions mentionnées à la seconde phrase du l du f du 1° du I de l'article 31, le taux de la réduction mentionné au IV du présent article est majoré de 4 points. Si le logement reste loué dans les mêmes conditions à l'issue de la période de l'engagement de location mentionnée au I du présent article par période de trois ans, le contribuable continue de bénéficier de la réduction d'impôt prévue au présent article pendant au plus six années supplémentaires.

« Toutefois, les dispositions du premier alinéa ne s'appliquent pas aux logements situés dans des communes classées dans la zone géographique caractérisée le moins par un déséquilibre de l'offre et de la demande de logements mentionnée à l'article 18-0 ter de l'annexe IV. »

II. - La perte de recettes pour l'État résultant du I est compensée, à due concurrence, par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts.

Cet amendement n'est pas soutenu.

L'amendement n° II-439, présenté par MM. P. Dominati, Carle et Houel et Mme Sittler, est ainsi libellé :

I. - Compléter cet article par un alinéa ainsi rédigé :

« D. - Les dispositions du 3° du D et les dispositions du a du 1° B du E du I s'appliquent, s'agissant des associés de sociétés civiles de placement immobilier régies par les articles L. 214-50 et suivants du code monétaire et financier, aux souscriptions réalisées à compter du 1 er janvier 2012, à l'exception de celles pour lesquelles le contribuable justifie qu'il a signé un bulletin de souscription de parts sous condition d'obtention d'un financement au plus tard le 31 décembre 2011. Dans ce cas, la réduction d'impôt s'applique aux taux en vigueur au 31 décembre 2011, à condition que le contribuable adresse au service des impôts dont il dépend le bulletin de souscription mentionnant la condition de financement le 31 décembre au plus tard et que la condition soit réalisée au plus tard le 31 mars 2012. »

II. - Pour compenser la perte de recettes résultant du I ci-dessus, compléter cet article par un paragraphe ainsi rédigé :

... - La perte de recettes résultant pour l'État du I ci dessus est compensée, à due concurrence, par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts.

Cet amendement n'est pas soutenu.

Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° II-380 ?

Mme Nicole Bricq, rapporteure générale de la commission des finances. Je comprends l'impatience du groupe CRC. Il est vrai que le Gouvernement a tardé à reconnaître que ce dispositif de défiscalisation était inflationniste, ne répondait pas à l'objectif qui lui avait été assigné et coûtait cher.

On pourrait donc être tenté de mettre immédiatement terme à ce mécanisme. Pourtant, un arrêt aussi brutal que celui qui est proposé par nos collègues du groupe CRC risquerait de déstabiliser le secteur de la construction ; il faut malgré tout y prendre garde.

Au demeurant, l'avantage du dispositif Scellier se réduira très fortement en 2012. Il ne sera plus que de 16 % hors rabot général et de 14% en tenant compte de celui-ci, contre respectivement 25 % et 22 % en 2011.

Vous avez vous-même admis, ma chère collègue, que le champ d'application du dispositif était restreint, seuls les logements en basse consommation d'énergie y étant encore éligibles. De toute façon, vous l'avez dit également, le dispositif doit prendre fin au 31 décembre 2012.

Il faut donc laisser mourir cet outil de défiscalisation, sans qu'il soit besoin de lui porter dès à présent le coup de grâce, d'autant que, je le répète, cela aurait des effets assez graves sur le secteur de la construction.

Par conséquent, la commission émet un avis défavorable sur cet amendement.

M. le président . Quel est l'avis du Gouvernement ?

Mme Valérie Pécresse, ministre. Même avis.

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-380.

(L'amendement n'est pas adopté.)

M. le président. Je mets aux voix l'article 40.

(L'article 40 est adopté.)