Mercredi 3 mai 2006

- Présidence de M. Alex Türk, président -

Table ronde consacrée à l'éducation

A l'occasion d'une table ronde consacrée à l'éducation, la mission d'information a d'abord entendu M. Alain Boissinot, recteur de l'académie de Versailles, qui a rappelé, à titre liminaire, que son académie, la plus importante de France, représentait 10 % du système éducatif, soit 1,2 million d'élèves accueillis dans 3.500 écoles et 600 établissements du second degré.

Il a souligné les problèmes posés par la prise en compte de la grande hétérogénéité de l'académie, au sein de laquelle coexistent, sur des périmètres géographiques restreints, des établissements d'excellence, des zones très difficiles et des zones rurales.

Par ailleurs, M. Alain Boissinot a indiqué que si l'académie de Versailles avait été modeste dans la définition des zones d'éducation prioritaire (ZEP) lors de leur lancement en 1981, la tendance s'était ensuite inversée dans des proportions encore plus grandes qu'ailleurs, si bien que 20 % des écoles, 25 % des collèges et 20 % des lycées sont aujourd'hui classés en ZEP.

Il a considéré, à cet égard, que l'extension de la politique d'éducation prioritaire remettait en cause son principe même, en conduisant à une dilution de l'effort collectif.

Aussi a-t-il salué la nécessaire clarification engagée par le plan de relance ministériel, qui prévoit une réorganisation de l'éducation prioritaire à partir de l'identification des établissements les plus en difficulté en « réseaux ambition réussite » d'une part, et des établissements ayant vocation à sortir du dispositif d'autre part. Tout en plaçant ses espoirs dans cette relance, il a estimé que son échec conduirait à repenser de façon plus profonde la logique même de cette politique.

S'interrogeant, à cet égard, sur le principe même de territorialisation de l'éducation prioritaire, il a suggéré que soient davantage pris en compte les établissements plutôt que les zones, à partir d'une analyse fine des résultats de chacun d'eux. Néanmoins, il a reconnu que la logique territoriale gardait sa pertinence dans le cadre des actions périscolaires.

M. Bernard Saint-Girons, recteur de l'académie de Créteil, a d'abord présenté son académie comme celle de tous les défis.

Il a mis en avant l'enjeu de l'accueil des primo-arrivants, pour lesquels sont mis en place des dispositifs transitoires, tels que les classes d'accueil ou classes d'insertion, innovants sur le plan pédagogique et souples dans leur organisation, qui sont destinés à leur faire acquérir la langue française avant de rejoindre le cursus ordinaire.

En outre, il a précisé que la politique d'éducation prioritaire se traduisait, dans l'académie de Créteil, qui compte 110 ZEP regroupant 34 % des écoles, par un renforcement des moyens d'encadrement, de l'ordre de 1.200 professeurs des écoles et 600 enseignants du second degré supplémentaires. Il a indiqué que cela devait donner lieu, en parallèle, à une évaluation sur la base d'indicateurs de réussite.

M. Bernard Saint-Girons a ajouté que d'autres dispositifs s'inscrivaient dans le prolongement de la politique d'éducation prioritaire, à savoir l'aide individualisée à la difficulté scolaire dans le cadre des programmes personnalisés de réussite éducative (PPRE) d'une part et le traitement de l'absentéisme et du décrochage scolaire d'autre part.

Relevant, en outre, que de nombreux enseignants débutent leur carrière dans l'académie de Créteil, dont ils découvrent l'environnement, il a insisté sur la nécessité de renforcer leur formation, de prévoir leur accompagnement par des professeurs expérimentés ainsi que des temps consacrés à l'échange de pratiques entre collègues, leur permettant de sortir de leur isolement.

Revenant sur le plan de relance de l'éducation prioritaire engagé par le ministre, M. Pierre Polivka, délégué national à l'éducation prioritaire, a précisé que celui-ci s'articulait autour de trois axes majeurs :

- une remise à plat de la carte de l'éducation prioritaire, dont l'extension non pilotée a conduit à un saupoudrage des moyens, un déficit d'évaluation et une perte de motivation des personnels ; en effet, alors que 5 % des élèves étaient scolarisés en ZEP en 1982, ils étaient 21 % en 1998 ;

- une réflexion sur la formation des personnels ;

- la reconnaissance du mérite des meilleurs élèves scolarisés dans ces établissements difficiles.

Il a ajouté que ce plan, qui met en place un pilotage national et une évaluation régulière du dispositif, répondait à une nouvelle logique, ciblée sur les besoins des publics scolaires et non plus sur les zones.

S'agissant de la révision de la carte de l'éducation prioritaire, il a indiqué qu'elle distinguait trois niveaux :

- le niveau EP1, sur lequel se concentrent les moyens, est constitué des 249 « réseaux ambition réussite » réunissant les établissements qui connaissent les plus grandes difficultés ; 246 000 écoliers et 132 000 collégiens sont concernés ;

- le niveau EP2 regroupe les établissements qui accueillent également des publics en difficulté ; ils bénéficieront des mêmes aides qu'auparavant ;

- le niveau EP3 concerne les établissements destinés à sortir progressivement de l'éducation prioritaire, en raison d'une évolution de leur contexte sociologique.

Par ailleurs, M. Pierre Polivka a souligné que les objectifs de cette politique étaient recentrés sur la maîtrise des apprentissages fondamentaux, avec une évaluation des compétences en lecture en fin de cours préparatoire et une évaluation de l'acquisition du socle commun en fin de troisième. Il a évoqué, en outre, l'accent mis sur la continuité entre l'école et le collège au sein des « réseaux ambition réussite », ainsi que sur la création de conditions d'un environnement de réussite, dans le cadre, notamment, des dispositifs « école ouverte », des « internats de réussite éducative » et de la « Charte pour l'égalité des chances dans l'accès aux formations d'excellence ».

Enfin, après avoir rappelé que 1.000 enseignants et 3.000 assistants pédagogiques supplémentaires étaient mis à disposition des « réseaux ambition réussite » dans le cadre d'un contrat avec les recteurs, il a indiqué que le suivi de chaque réseau par un inspecteur général de l'éducation nationale permettrait d'en évaluer le bénéfice.

M. Nicolas Renard, président de l'Observatoire des zones prioritaires, association créée en 1998, a reconnu, dans un premier temps, que les zones d'éducation prioritaire avaient apporté un souffle nouveau au système scolaire, pour renforcer les liaisons entre l'école et le collège ainsi que les partenariats avec les partenaires extérieurs, même si ces avancées restent encore à approfondir.

Il a déploré, néanmoins, un gaspillage des moyens, considérant qu'il avait été inefficace et inutile d'utiliser de façon quasi automatique les postes supplémentaires d'enseignants à une réduction à la marge des effectifs par classe.

Partageant l'objectif de faire sortir de l'éducation prioritaire certains établissements qui n'y ont plus leur place, il a ensuite relevé les lacunes de l'éducation nationale dans l'accompagnement des jeunes enseignants et des différents dispositifs mis en place.

Il a considéré, en outre, que l'école avait du mal à bien diagnostiquer les difficultés des élèves, et, partant, à leur proposer les réponses les mieux adaptées. Or il a fait observer que l'intériorisation de l'échec par les jeunes avait un impact important sur leurs difficultés d'insertion ultérieures.

Mme Anne-Marie Houillon, vice-présidente chargée de l'éducation à la Ligue de l'enseignement, a d'abord regretté l'absence de continuité dans le soutien à la politique d'éducation prioritaire, avant de constater que les réussites, si elles existent, ne sont pas à la hauteur des espérances. Constatant un développement des stratégies de contournement de la carte scolaire, y compris chez les familles modestes, elle a estimé que les différences de résultats entre établissements n'étaient pas seulement dues aux moyens mis à leur disposition, mais avant tout aux pratiques pédagogiques innovantes mises en oeuvre.

Aussi a-t-elle souligné l'existence d'un « effet établissement », de même que l'on parle d'un « effet maître », selon lequel un enseignant motivé réussit à faire apprendre.

A cet égard, elle a indiqué que le fossé entre les milieux sociaux dont sont issus les enseignants et leurs élèves s'était creusé depuis 15 ans, et que la formation très théorique dispensée par les Instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM) ne permettait pas de réaliser un réel travail sur les représentations de chacun.

Déplorant l'état de dépression et de fatigue des jeunes enseignants, souvent des femmes, affectés en ZEP, parfois à leur demande, elle a suggéré d'affecter dans ces établissements des professeurs expérimentés, sur des postes à profil permettant de constituer des équipes autour d'un projet. Elle a insisté, en outre, sur l'importance d'assurer une mixité au sein des équipes d'une part, et de rendre les postes plus attractifs d'autre part, en ouvrant par exemple de plus grandes possibilités de mobilité ou en réduisant le nombre d'heures de cours, en contrepartie d'une présence accrue au sein des établissements.

Complétant ces propos, M. Arnold Bac, responsable du secteur éducation à la Ligue de l'éducation, a d'abord indiqué qu'il existait une rupture de plus en plus marquée entre certaines familles et l'école. Il a insisté sur la nécessité de rétablir une confiance réciproque, afin de redonner aux enfants le goût d'apprendre.

Considérant que l'école ne pouvait agir seule, il a plaidé en faveur d'une « éducation partagée », visant à fédérer les énergies des différents acteurs dans le cadre d'un projet éducatif territorial, élaboré à partir d'un diagnostic partagé. Ce projet, articulé avec les projets d'école ou d'établissement et les projets de ZEP, permettrait de donner une plus grande lisibilité aux dispositifs et de mettre en place des méthodes de travail communes. Il a souhaité que son pilotage soit tripartite, entre les collectivités territoriales, l'Etat et les associations, dont la créativité et la souplesse constituent un atout.

Il a souligné, en outre, l'importance d'assurer la pérennité des financements, en prévoyant leur programmation sur trois ans, et de valoriser les réussites sur le terrain.

Enfin, il a suggéré de mettre en place des phases de formation communes aux différents personnels d'éducation et de prévoir, dans leurs heures de service, le temps consacré au travail et aux rencontres avec les autres partenaires de l'école et notamment les parents d'élèves.

A l'issue de ces exposés, un large débat s'est engagé.

M. Pierre André, rapporteur, a regretté que les différentes interventions, en dépit de leur intérêt et de leur qualité, ne correspondent pas aux attentes de la mission, chargée de faire un bilan de la situation dans les quartiers difficiles après les évènements de novembre dernier. Il a estimé que ces exposés, recentrés sur des préoccupations internes à l'éducation nationale, étaient révélateurs de la distance séparant cette dernière des maires ou des autres partenaires extérieurs, y compris les préfets, avec lesquels les recteurs entretiennent des relations parfois difficiles.

M. Jacques Mahéas, après avoir rappelé qu'il était élu de Seine-Saint-Denis et maire de Neuilly-sur-Marne, a expliqué qu'une de ses préoccupations consistait à développer une éducation citoyenne et le respect des autres. Notant que de nombreuses violences urbaines étaient le fait de collégiens, il s'est interrogé sur le fait de savoir si le collège n'était pas le maillon faible de notre système éducatif.

Il a ensuite observé que, dans de nombreuses filières professionnelles, existaient des pénuries de main-d'oeuvre et a souhaité que l'enseignement puisse être mieux adapté à la réalité économique.

Il a également demandé aux intervenants de préciser quels étaient leurs « adversaires éducatifs » en évoquant, par exemple, la pauvreté, la télévision, les jeux vidéo et les difficultés rencontrées par les familles monoparentales.

Il a regretté le manque de coordination entre les services de l'Etat qui pouvaient au même moment faire bénéficier sa commune du dispositif « zone franche » et enlever des moyens à deux collèges pourtant classés en ZEP.

Il a souhaité savoir, enfin, si les intervenants partageaient son avis concernant le caractère positif du bilan des emplois jeunes.

Mme Raymonde Le Texier a regretté le saupoudrage, qui avait enlevé aux ZEP leur spécificité. Elle s'est interrogée sur la façon dont avaient été désignés les établissements qui bénéficiaient du dispositif « réseau ambition réussite ». Elle a évoqué la question de la formation des jeunes enseignants affectés en ZEP, puis elle a fait référence à des expériences menées aux Pays-Bas, au Canada et aux États-unis qui ont donné de bons résultats grâce au ciblage des moyens et à l'augmentation du nombre des adultes présents dans chaque classe.

M. Roland Muzeau s'est étonné que les intervenants n'aient que peu évoqué les causes des troubles intervenus à l'automne dernier dans les banlieues. Il a indiqué que les interrogations se faisaient de plus en plus nombreuses parmi la population sur le rôle de l'éducation nationale dans la dégradation de la situation. A contrario, il a évoqué une étude réalisée à Gennevilliers qui montrait que les retards accumulés par les élèves à l'entrée en 6e étaient globalement rattrapés en fin de collège et que le mérite en revenait, pour beaucoup, à l'équipe pédagogique.

Il a, par ailleurs, regretté que l'enseignement professionnel continue à souffrir d'une mauvaise réputation, alors même que perdurent des pénuries de main-d'oeuvre. Il a, enfin, déploré, d'une part, les effets des classements des lycées, qui provoquent des phénomènes de fuites au détriment des établissements mal classés, d'autre part, le manque de concertation entre les services des rectorats et les élus locaux.

M. Serge Lagauche a indiqué qu'il entretenait une relation étroite avec le rectorat de Créteil, mais qu'il existait une difficulté dans le dialogue mené au niveau des établissements, qui se limite trop souvent à des sujets techniques. Réagissant au bilan des ZEP, il a considéré que le saupoudrage était aussi la conséquence d'une augmentation des demandes. Il a, par ailleurs, observé qu'une difficulté propre à cette académie tenait au trop faible niveau de recrutement de certains enseignants. Il a, enfin, souhaité que des améliorations puissent être apportées au fonctionnement des conseils d'administration des établissements d'enseignement secondaire.

M. Yves Dauge s'est interrogé sur les moyens dont pouvait disposer le corps enseignant pour diagnostiquer les problèmes scolaires graves et la pédagogie qui pouvait être développée en direction des publics les plus en difficulté. Il a exprimé des doutes sur la capacité du programme « Ambition réussite » à répondre à ces enjeux. Il a considéré que l'école était trop « enfermée » et qu'il y avait une nécessité à créer un réseau autour de l'école qui s'appuierait sur des activités sportives et culturelles afin de développer l'intérêt des élèves.

Mme Dominique Voynet a regretté qu'il soit envisagé, pour mettre un terme à la dilution des moyens, de les concentrer au détriment de ceux qui ont un peu moins de problèmes que d'autres. Elle a estimé qu'il était nécessaire de faire des propositions afin de renforcer la mixité scolaire et a évoqué le besoin de soutien scolaire de certains élèves. Elle a souhaité que l'on renforce la mobilité des enseignants au sein même d'une académie et a considéré qu'il pourrait être utile d'encourager la mobilité entre les différents métiers de l'éducation.

M. Gilbert Barbier s'est interrogé sur la volonté de l'éducation nationale de mener un dialogue avec les élus. Il a posé la question de la suppression des ZEP, ainsi que celle de la participation des enseignants à la vie des quartiers, au besoin sur leur horaire de travail.

M. Philippe Dallier a évoqué les causes des événements de l'automne en demandant si l'éducation nationale avait été mobilisée pour essayer de les analyser à partir des données disponibles. Il a fait part de son scepticisme face aux expériences menées dans certains pays étrangers au regard, notamment, des spécificités de la Seine-Saint-Denis qui concentre les problèmes. Il a observé que, dès l'école primaire, les parents avaient tendance à mettre leurs enfants dans des établissements privés afin qu'ils puissent y poursuivre toute leur scolarité.

En réponse à ces interventions, M. Alain Boissinot, recteur de l'académie de Versailles, a observé qu'il existait un décalage entre l'image qu'avaient les Français de l'éducation nationale, qui est souvent défavorable, et l'image plus satisfaisante qu'ils avaient de l'école de leurs enfants. Il a remarqué que l'ouverture de l'école sur les métiers était de plus en plus grande, en citant l'exemple d'une manifestation organisée par un établissement de son rectorat. Il a insisté sur la nécessité de donner de la souplesse dans le fonctionnement des établissements et de favoriser les initiatives des chefs d'établissement. Évoquant les ZEP, il a estimé qu'on était sortis d'une logique binaire qui classait les établissements selon qu'ils étaient ou non en ZEP pour favoriser un accompagnement fin de chaque établissement. Il s'est déclaré favorable à des pratiques plus déconcentrées et a évoqué la nécessité de réfléchir à une évolution du statut des enseignants, notamment l'idée de mettre à la disposition de chaque établissement les moyens financiers correspondant aux indemnités des enseignants affectés en ZEP ainsi que les moyens qui permettent de diminuer le nombre d'élèves par classe afin de laisser plus de souplesse dans l'organisation de chaque établissement, dans une logique de déconcentration.

Il a, ensuite, rappelé que l'éducation nationale était confrontée à une responsabilité énorme et qu'elle devait se donner des objectifs essentiels comme l'apprentissage du calcul et de la lecture.

Il a, enfin, estimé que les principaux adversaires de l'école étaient le pessimisme social, qui faisait que les Français avaient moins confiance dans l'avenir, ainsi que le pessimisme éducatif, qui suscitait des échecs scolaires eux-mêmes porteurs de violence et de désespérance. Il a évoqué notamment à cet égard la culture du redoublement qui est trop importante dans son académie.

Rappelant que le service public de l'éducation était présent dans les territoires les plus difficiles, M. Bernard Saint-Girons, recteur de l'académie de Créteil, a indiqué que les évènements de novembre dernier avaient été vécus comme un échec personnel par de nombreux enseignants. Il a souhaité que l'école redevienne porteuse d'espoir et de projet de vie pour des jeunes qui ne perçoivent plus son sens et qui trouvent, par ailleurs, d'autres moyens de parvenir plus rapidement à une existence sociale. Face à cette déshérence, il a considéré que l'information et l'orientation constituaient des enjeux majeurs, pour que notre système éducatif rende plus lisibles les parcours scolaires et leurs finalités. Il a préconisé un traitement individualisé pour les élèves en grande difficulté et en voie de rupture avec le système scolaire.

S'agissant des emplois jeunes, il a estimé qu'ils avaient permis, d'une part, de répondre à des besoins dans les établissements et, d'autre part, de donner une nouvelle chance à des jeunes, comme cela se retrouve aujourd'hui sous la forme des contrats d'avenir et des contrats d'accompagnement dans l'emploi.

M. Pierre Povlika, délégué national à l'éducation prioritaire, a précisé, ensuite, que la première de ses missions avait été de soumettre au ministre, sur la base de critères objectifs et selon l'appréciation des recteurs, une liste d'établissements pouvant être classés en « réseau ambition réussite ».

Alors que de trop lourdes responsabilités ont longtemps été attribuées au collège, considéré comme le « maillon faible » du système éducatif, il a indiqué que le ministère ciblait désormais ses efforts sur l'école primaire et maternelle, notamment par le développement de la scolarisation à deux ans, dans la mesure où les élèves qui sont en grande difficulté au collège ne maîtrisent pas les savoirs fondamentaux à la sortie de l'école.

Après avoir constaté que les écarts se creusaient entre les meilleurs élèves qui continuent à progresser et ceux qui connaissent des difficultés de plus en plus lourdes, il a regretté que l'école maternelle ait été détournée, au fil du temps, de sa vocation initiale, visant à préparer les enfants des milieux les moins favorisés à intégrer un parcours scolaire.

Enfin, il a considéré que les relations entre les élus et les représentants de l'éducation nationale étaient en général sereines et de bonne qualité.

Complétant ces réponses, M. Nicolas Renard, président de l'Observatoire des zones prioritaires, a souligné le décalage existant entre l'image globale de l'éducation nationale et la perception plutôt positive de l'école du quartier, où les enseignants et les parents entretiennent le plus souvent de bons rapports.

Il a considéré que l'échec scolaire était l'un des éléments permettant d'expliquer les évènements de novembre dernier, de même que l'un des principaux défis posés à notre système éducatif, comme tel est le cas dans beaucoup d'autres pays. Si ce défi se heurte aux pesanteurs de l'éducation nationale, il dépasse également le seul champ de l'école.

Enfin, M. Arnold Bac, responsable du secteur éducation à la Ligue de l'éducation, a souhaité, citant le sous-titre d'un ouvrage, « que la République laïque et sociale tienne ses promesses » et que l'on présente davantage l'école comme un lieu d'espoir et d'avenir, plutôt que sous l'angle de la violence et de l'insécurité.