Georges Laffargue

" Ne confondez pas, je vous en prie, hausse des salaires et hausse du pouvoir d’achat. Ce sont deux choses totalement différentes (…)

Notion du salaire minimum ? Mais cette notion est fonction de la valeur même des individus. Dans ce pays, il y a un capitalisme idiot et stupide parfois, je vous rends cette justice, mais il y a également dans la classe ouvrière des ouvriers capables et qui méritent de gagner un haut salaire, et d’autres qui ne méritent pas cela et qui sont en quelque sorte des chômeurs à l’état endémique. (…)

On peut déterminer le salaire de l’ouvrier français, mais non celui des ouvriers des autres pays, et tout avantage concédé à nos nationaux risque de nous handicaper sur le plan des échanges extérieurs. (…)

Je ne voudrais pas que vous lanciez la classe ouvrière de ce pays dans de dangereuses illusions. Elle a été trop bercée d’illusions. On lui a dit, en 1946 : la production s’est accrue à un tel point qu’on peut augmenter les salaires sans risquer une augmentation des prix. Vous connaissez le résultat : 25 p. 100 de hausse des salaires, 40 p. 100 de hausse des prix ! Si vous augmentez à l’heure actuelle les salaires sans accroître la productivité française, vous vous lancerez à nouveau dans la même sorte d’aventure."

M. Laffargue
au nom de la commission des affaires économiques

M. Laffargue

Claude Lemaître

M. Lemaître

" Je pense qu’il est de stricte honnêteté d’admettre que la grande majorité de la classe ouvrière ne possède pas actuellement des moyens d’existence suffisants. (…)

Je n’ignore point non plus la menace qui pèse sur notre économie nationale du fait de cette augmentation nouvelle des salaires au moment où la libération des échanges va imposer une rude épreuve à la plupart de nos entreprises. (…) "

M. Lemaître
Groupe du Rassemblement des gauches républicaines et de la gauche démocratique

Pierre de VILLOUTREYS de BRIGNAC

" La commission ne voit pas sans inquiétude rétablir la liberté des salaires, car l’alourdissement des prix de revient, non seulement nous priverait des marchés extérieurs, source indispensable des devises, mais mettrait encore nos industriels en posture difficile sur le marché national. (…)

Il n’est pas nécessaire d’insister sur l’effet que produirait dans notre pays une hausse accentuée des salaires, avec son corollaire qui est une flambée des prix. (…)

En discutant le présent texte, nous mettons la charrue devant les bœufs, car le vote de la loi réglementant le droit de grève eût dû précéder le dépôt du projet actuel. "

M. de Villoutreys
au nom de la commission de la production industrielle

M. de Villoutreys

André Méric

M. Méric

" Le principe du salaire minimum garanti représente pour nous une mesure de sagesse. (…) Il représente simplement à nos yeux une mesure préventive contre les abus d’un régime de liberté totale. Etant déterminé par un budget-type, il n’aura pas le caractère quelque peu arbitraire du projet gouvernemental et il trouvera une justification aux yeux de l’opinion de ce pays. (…)

Il est admis que comparativement à 1938, la part salariale et la part du capital n’ont pas augmenté dans le revenu national. Vous êtes obligés d’admettre alors que la part des profits s’est accrue. (…) Par la démonstration que je viens de faire, il faut donc admettre la nécessité d’un minimum vital garanti pour la classe ouvrière et admettre, pour certaines branches d’activité, une augmentation nominale des salaires que vous vous refusez à envisager. (…) Il est indispensable, au fur et à mesure que se modernise le machinisme, de faire rentrer dans l’économie française des éléments susceptibles de protéger la classe ouvrière. "

M. Méric
Groupe socialiste

Henri Martel

" Le groupe communiste marque son désaccord avec le texte qui vous est soumis, lequel, est marqué par le signe de la volonté d’imposer au monde du travail une loi rétrograde. S’il mettra en joie le patronat de combat, il suscitera une profonde indignation dans le monde du travail. (…)

La notion du salaire ouvrier ne saurait être celle d’un salaire de misère et de restriction, mais celle d’un salaire assurant une progression constante du niveau de vie des travailleurs. "

M. Martel
Groupe communiste

M. Martel

Roger Menu

M. Menu

" Liberté des salaires, certes, mais le Gouvernement, avec raison, a cependant demandé que celle-ce ne puisse jamais jouer en-deçà d’un salaire minimum qui deviendrait ainsi garanti.

Le minimum garanti est une nouvelle notion s’incorporant dans la législation sur les salaires. Toutes les organisations ouvrières auraient voulu que ce minimum puisse correspondre au minimum dit vital. Ces organisations auraient aimé que ce fût la commission supérieure des conventions collectives qui puisse apprécier le minimum vital. Le Gouvernement, lui, estime devoir tenir compte des réalités économiques de l’heure, dont il est seul à connaître toute l’ampleur et, de ce fait, demande à avoir le dernier mot. (…)

Monsieur le ministre, nous voudrions que vous nous donniez l’assurance de tenir compte, dans la mesure la plus large possible, de l’avis très autorisé de la commission supérieure des conventions collectives. "

M. Menu
Groupe MRP