Diffusion et protection de la création sur internet (Urgence - Suite)

Mme la présidente.  - L'ordre du jour appelle la suite de la discussion du projet de loi favorisant la diffusion et la protection de la création sur internet.

Discussion des articles (suite)

Article 2 (suite)

Article L. 331-25 du code (Suite)

Mme la présidente.  - Nous en sommes parvenus, au sein de l'article 2, aux explications de vote sur l'amendement n°75 rectifié de la commission des affaires économiques sur lequel la commission des affaires culturelles a demandé un scrutin public.

Mme Catherine Morin-Desailly.  - Nos avis divergent mais il était essentiel que nous ayons ce débat sur un sujet de société d'une telle importance.

Il serait fâcheux de donner l'impression que, quand une commission ad hoc a été installée, elle détient la vérité et que le Parlement n'a plus à débattre, mais notre position doit, collectivement, être responsable et adaptée. Les interrogations de M. Retailleau se justifient puisque l'amende a été évoquée, au même titre que la suspension, par le rapport Olivennes. Les discussions des partenaires aux accords de l'Élysée ont ensuite permis d'affiner la réflexion pour retenir la solution la plus sage, qu'a rappelée Mme la ministre. Ne tombons pas dans un travers inverse en négligeant ce travail en amont, qui a si cruellement manqué, en 2006, au projet de loi DADVSI.

La majorité des membres de notre groupe ne penche pas en faveur de l'amende, même si nous séduit l'idée de réparer, grâce à son produit, le préjudice subi par les créateurs. La dissuasion nous semble, tant au plan de la justice que pour des raisons pratiques, la meilleure arme de dissuasion. Quand l'amende est toujours vécue comme la perception d'une taxe indue, la suspension revêt une valeur symbolique, puisqu'elle prive l'internaute de l'outil qui a servi au piratage. Elle est, en ce sens, plus pédagogique, même si elle ne laisse pas de poser des difficultés. J'ajoute que l'internaute aura été largement mis en garde par une succession d'avertissements gradués. Nombre d'entre nous ont évoqué l'exemple de la voiture : garde-t-on davantage souvenir des amendes ou de l'embarquement à la fourrière ? Nombreux sont ceux qui préfèrent prendre le risque d'avoir à payer ponctuellement une amende plutôt que de s'acquitter régulièrement de leur ticket de parking. Le même raisonnement vaut pour les internautes. D'où la question du montant de l'amende. Qu'est-ce que 90 euros au regard de milliers de morceaux de musique piratés ? C'est pourquoi il faut retenir une amende forte, de plusieurs milliers d'euros, qui prend, dès lors, un caractère discriminatoire.

La question de la suspension, qui peut aller jusqu'à douze mois, reste, il est vrai, très sensible, notamment dans le cas d'abonnements couplés. C'est pourquoi nous avions déposé un amendement prévoyant une transaction obligatoire, occasion de vérifier la situation du contrevenant et d'ajuster la peine en conséquence : nous regrettons qu'il se soit vu opposer l'article 40...

Mme Françoise Laborde.  - J'avais d'abord songé, comme M. Retailleau, à la solution de l'amende. Mais la solution est-elle adaptée à un projet qui se veut pédagogique et à riposte graduée ? Peut-on ne pas faire de distinction entre les personnes ? La réponse peut-elle être identique selon que sont concernés un individu, une famille, une entreprise, une collectivité locale -j'ai abordé le sujet hier et je regrette que l'on ne s'y arrête pas davantage : les élus seront en première ligne, à cause des cyber bases et des médiathèques.

Évitons de retomber dans les travers de la loi DADVSI. Et peut-on oublier que les partis politiques préfèrent parfois payer plutôt que se plier aux règles de la parité ? Que certaines communes préfèrent payer plutôt que de se plier aux exigences de l'article 55 de la loi SRU ? Soyons donc pédagogues. Et pourquoi ne pas forcer plutôt à payer un logiciel de téléchargement autorisé, un pare-feu... ?

M. Ivan Renar.  - Nous avons là un vrai débat, peut-être le seul de la journée. La proposition de M. Retailleau est intéressante. Nous savons que les citoyens ne sont pas traités de la même façon selon le niveau de développement technologique de leur territoire de résidence. Sa proposition permet aussi d'éviter la constitution de fichiers dont on ne connaît pas le destin... et l'on se retrouve chez Mme Edvige. (Sourires) L'idée de transformer la dette de l'internaute en crédit pour le créateur n'est pas non plus sans intérêt. M. Thiollière considère que l'amende est une vieille recette : mais il en va des vieilles recettes comme des vieilles marmites, c'est avec elles que l'on fait la meilleure soupe... (Sourires)

Se pose cependant la question du niveau de l'amende. Les réquisitions des procureurs sont souvent bien lourdes. C'est la raison pour laquelle, tout en soulignant l'intérêt de son amendement, nous nous abstiendrons.

Mlle Sophie Joissains.  - Une mesure légale doit s'appliquer à tous de la même manière. Appliquera-t-on donc l'amende sans autre critère que le téléchargement illicite ? Mais l'internaute plus aisé sera moins censuré que le plus modeste. Sans compter que la sanction, pour être pédagogique, doit être vécue comme telle. Or, beaucoup des internautes visés sont des adolescents. La suspension sur une longue période gênera véritablement leurs habitudes.

Remettre en cause cette procédure de suspension pour lui substituer le principe de l'amende pénalisera inégalement les parents selon leurs moyens financiers et serait d'autant plus regrettable que le système a fait ses preuves aux États-Unis et au Canada où 90 % des contrevenants rentrent dans le droit chemin au deuxième avertissement.

M. Ambroise Dupont.  - Je reconnais l'intérêt de ce débat et de la proposition de M. Retailleau. Si je ne puis cependant voter son amendement, convaincu que je suis par les arguments du rapporteur et de Mme la ministre sur les vertus de la dissuasion, j'estime que sa proposition peut constituer l'amorce d'une réflexion sur un débat que nous devrons, eu égard à la nature évolutive du sujet, remettre sur le métier et auquel le futur projet de loi sur les jeux en ligne nous donnera l'occasion de revenir. L'État ne doit pas se priver des moyens de la dissuasion maximale.

M. Michel Magras.  - Nous vivons dans un monde de plus en plus ouvert.

Internet ne connaît ni limites, ni frontières. De nombreux artistes se servent du net pour faire la promotion de leur produit à moindre coût, diffusant clips audio ou vidéo, car cela dope les ventes et la fréquentation des salles de spectacle ! Cette évolution est inévitable et irréversible.

S'agissant des fraudes, je reste persuadé que la suspension est une sanction inefficace et non dissuasive. Comment atteindre sa cible quand on a partout accès à Internet ? Va-t-on couper l'abonnement d'un hôtel, par exemple ? Et qu'est-ce qui empêche le fraudeur de souscrire un nouvel abonnement, sous un autre nom ? Enfin, il est parfois impossible de séparer les différentes lignes portées par un réseau : on ouvre alors la porte au contentieux car certains subiront un préjudice.

Si elle n'est pas pleinement dissuasive, l'amende aura au moins le mérite de récupérer de l'argent. Je la crois mieux ciblée, plus facile à mettre en place, donc plus efficace et plus pédagogique que la suspension.

M. Bruno Retailleau, rapporteur pour avis.  - Je n'ai pas de doute sur l'issue du scrutin mais je voulais faire vivre le débat sur cette question fondamentale. Je souhaite néanmoins que l'on vote, pour des raisons de conscience.

Nul ne conteste que la fourrière est une sanction plus répressive que la contravention. Quant au montant de l'amende, il doit être en rapport avec le préjudice : ce n'est pas une sanction pénale. On trouve des offres de téléchargement légal presque illimité pour quelques euros seulement ! La suspension me paraît bien plus inégalitaire que l'amende : vous pourrez y échapper si vous êtes technophile, par la proxyfication ou la romisation, si vous avez plusieurs ordinateurs à votre domicile, ou encore si vous avez accès à internet sur votre lieu de travail...

La suspension est discriminatoire car elle ne pourra être appliquée uniformément sur tout le territoire. Le Conseil général des technologies de l'information a remis en août un rapport provisoire qui en atteste ; mon propre rapport cite les chiffres de l'Arcep sur les lignes qui ne peuvent être suspendues sans couper aussi le téléphone. Dans le doute, la sagesse aurait dû nous inciter à préférer l'amende...

Nous espérons toutefois tous que 80 à 90 % des pirates seront découragés après les deux premières étapes que sont la recommandation et la lettre recommandée. C'est peut-être ce qui peut nous réconcilier !

M. Serge Lagauche.  - Nous avons longuement débattu de cette question, en commission et ici même. Les accords de l'Élysée sont essentiels pour inciter la profession à mettre en place des plates-formes et moderniser son offre légale. La riposte graduée a été proposée par les professionnels, après de longues discussions : appliquons donc cette méthode et axons nos discussions sur l'offre aux internautes !

Mme Joëlle Garriaud-Maylam.  - Je ne suis pas spécialiste de ces questions mais je m'interroge. L'amende me semble moins discriminatoire que la suspension. Dans de nombreux foyers, on se sert d'internet comme outil de travail ou de recherche pour les étudiants : il serait fâcheux de pénaliser toute une famille en coupant l'accès ! Je comprends la nécessité de soutenir nos créateurs mais ne peut-on trouver une réponse au niveau international en sanctionnant non pas les familles mais les pourvoyeurs de sites ?

M. Claude Domeizel.  - Je rappelle qu'il s'agit d'une sanction graduée : avant la coupure, il y a avertissements et lettres recommandées ! La suspension me paraît plus égalitaire : tout le monde sera logé à la même enseigne alors que l'amende n'aura pas le même impact selon les ressources des contrevenants. Certains achèteront le droit de pirater, d'autres ne seront pas solvables ! Allez voir à la SNCF !

Mme Christine Albanel, ministre.  - Je salue la qualité de ce débat, qui montre que le Parlement joue pleinement son rôle. Nous avons certes un désaccord mais ce n'est pas la lutte ouverte que nous avons connue lors de la loi DADVSI entre ayants droits et fournisseurs d'accès, voire entre musique et cinéma !

L'amende s'inscrit dans une logique plus répressive que pédagogique. Elle est injuste : soit l'amende est insignifiante, donc inefficace ; soit elle est sensible et l'on crée une inégalité selon la situation de fortune. Certes, il y a une inégalité selon le degré de compétence technique des internautes, monsieur Retailleau, mais nous n'espérons pas éradiquer complètement le piratage : il s'agit de créer les conditions favorables au développement d'une offre légale et de dissuader les pirates occasionnels.

Je redis enfin qu'il est possible d'interrompre le seul accès à internet dans le cadre des offres triple play. Les fournisseurs d'accès comme le Conseil général des technologies de l'information et l'Arcep l'ont confirmé -sous réserve de l'évaluation du coût de cette interruption. Il peut exister des cas résiduels en cas de découplage, mais la Haute autorité pourra infliger d'autres sanctions, demander par exemple l'installation de pare-feu. L'article L. 331-29 le dit en outre explicitement : téléphone et télévision ne seront pas coupés.

Je continue donc à penser qu'il faut privilégier la pédagogie, dans la ligne des accords signés par les professionnels.

Mme Bernadette Dupont.  - Il reste que les familles s'inquiètent d'une punition collective infligée pour les actes d'un seul de ses membres...

A la demande de la commission des affaires culturelles, l'amendement n°75 rectifié est mis aux voix par scrutin public.

Mme la présidente.  - Voici les résultats du scrutin :

Nombre de votants 340
Nombre de suffrages exprimés 312
Majorité absolue des suffrages exprimés 157
Pour l'adoption 15
Contre 297

Le Sénat n'a pas adopté.

L'amendement n°165 rectifié bis n'est pas adopté.

L'amendement n°113 rectifié est retiré.

Les amendements identiques n°s133 et 142 sont adoptés.

Mme la présidente.  - Amendement n°25, présenté par M. Thiollière, au nom de la commission des affaires culturelles.

Après le deuxième alinéa (1°) du texte proposé par cet article pour l'article L. 331-25 du code de la propriété intellectuelle, insérer un alinéa ainsi rédigé :

« 1° bis En fonction de l'état de l'art, la limitation des services ou de l'accès à ces services, à condition que soit garantie la protection des oeuvres et objets auxquels est attaché un droit d'auteur ou un droit voisin ;

M. Michel Thiollière, rapporteur.  - Cet amendement pourrait nous réconcilier... (Sourires) Il s'agit de permettre à la Haute autorité d'assurer la protection des oeuvres en fonction de l'évolution des technologies. Nous pensons par exemple à des messageries qui ne permettraient pas la communication en documents attachés de fichiers musicaux protégés, ou à une réduction du débit empêchant le téléchargement de fichiers piratés.

Mme Christine Albanel, ministre.  - L'idée est intéressante mais le Gouvernement s'interroge. N'y aurait-il pas là une rupture d'égalité entre musique et cinéma, la première étant plus facile à pirater ? Quid de l'intrusion possible dans la correspondance privée ? L'amendement n'introduirait-il pas un doute dans l'esprit des internautes sur la certitude de la sanction encourue ? La portée dissuasive de l'avertissement ne s'en trouverait-elle pas réduite ? En l'état actuel de l'art, comme l'ont confirmé les opérateurs de télécommunication, tout cela paraît difficile à mettre en oeuvre. Sagesse.

L'amendement n°25 est adopté.

Mme la présidente.  - Amendement n°76, présenté par M. Retailleau, au nom de la commission des affaires économiques.

Après le quatrième alinéa du texte proposé par cet article pour l'article L. 331-25 du code de la propriété intellectuelle, insérer un alinéa ainsi rédigé :

« La commission notifie à l'abonné la sanction prise à son encontre et l'informe des voies et délais de recours, et, lorsque la sanction consiste en la suspension de l'accès au service, de son inscription au répertoire visé à l'article L. 331-31 et de l'impossibilité temporaire de souscrire pendant la période de suspension un autre contrat portant sur l'accès à un service de communication au public en ligne auprès de tout opérateur.

M. Bruno Retailleau, rapporteur pour avis.  - Il paraît normal que la sanction à venir soit notifiée à l'abonné.

M. Michel Thiollière, rapporteur.  - Avis favorable.

Mme Christine Albanel, ministre.  - Avis favorable.

Mme Alima Boumediene-Thiery.  - Je voterai cet amendement, d'autant qu'il est proche d'un des nôtres déclaré irrecevable par la commission des finances au titre de l'article 40... En raison des conséquences qu'elle emporte, on peut se demander si une lettre simple suffit.

M. Bruno Retailleau, rapporteur pour avis.  - Si votre amendement est tombé sous le coup de l'article 40, c'est qu'il prévoyait une lettre recommandée et donc une charge supérieure à celle qu'induit le nôtre -qui est ainsi passé entre les mailles du filet...

L'amendement n°76 est adopté.

Mme la présidente.  - Amendement n°105, présenté par Mmes Boumediene-Thiery, Blandin, Voynet, MM. Desessard et Muller.

Dans le cinquième alinéa du texte proposé par cet article pour l'article L. 331-25 du code de la propriété intellectuelle, remplacer les mots :

en annulation ou en réformation

par les mots :

de pleine juridiction

Mme Alima Boumediene-Thiery.  - Avec la rédaction de l'article, le juge peut annuler la sanction ou en infliger une autre ; mais le contentieux de l'indemnisation est exclu.

Au lieu d'ajouter de nouveaux moyens de recours, mieux vaut parler de pleine juridiction, laquelle inclut l'indemnisation éventuelle. Lorsque la sanction touche une personne morale, parce que l'on n'a pu identifier la personne physique responsable, le préjudice peut être considérable -je songe à une entreprise de commerce en ligne, par exemple... Il convient d'ouvrir le champ des recours.

M. Michel Thiollière, rapporteur.  - Qu'en pense le Gouvernement ?

Mme Christine Albanel, ministre.  - « Pleine juridiction » renvoie à la juridiction administrative, ce qui ne serait pas expédient selon le secrétariat général du Gouvernement.

Mme Alima Boumediene-Thiery.  - L'affaire relève bel et bien des magistrats.

Mme Christine Albanel, ministre.  - En effet, c'est une décision administrative dont le juge judiciaire a à connaître.

M. Michel Thiollière, rapporteur.  - Nous suivons l'avis du Gouvernement.

L'amendement n°105 n'est pas adopté.

Mme la présidente.  - Amendement n°77, présenté par M. Retailleau, au nom de la commission des affaires économiques.

I. - Compléter le cinquième alinéa du texte proposé par cet article pour l'article L. 331-25 du code de la propriété intellectuelle par deux phrases ainsi rédigées :

Le recours de l'abonné est suspensif. La sanction n'est appliquée qu'à la forclusion du délai de recours.

II. - En conséquence, supprimer l'avant-dernier alinéa du même texte.

M. Bruno Retailleau, rapporteur pour avis.  - Le recours doit être suspensif, il ne faut pas risquer une application injuste de la sanction.

Mme la présidente.  - Amendement n°107, présenté par Mmes Boumediene-Thiery, Blandin, Voynet, MM. Desessard et Muller.

I. - Compléter le cinquième alinéa du texte proposé par cet article pour l'article L. 331-25 du code de la propriété intellectuelle par une phrase ainsi rédigée :

Ce recours est suspensif.

II. - En conséquence, supprimer le sixième alinéa du même texte.

Mme Alima Boumediene-Thiery.  - Le sursis à exécution est soumis au bon vouloir de l'autorité réglementaire. Le recours doit être suspensif -ce qui signifiera clairement que l'on se trouve dans un cadre judiciaire et non administratif.

Mme la présidente.  - Amendement n°55, présenté par Mme Morin-Desailly et les membres du groupe UC.

I. - Compléter le cinquième alinéa du texte proposé par cet article pour l'article L. 331-25 du code de la propriété intellectuelle par une phrase ainsi rédigée :

En cas de recours, les sanctions font l'objet d'un sursis à exécution.

II. - En conséquence, supprimer l'avant-dernier alinéa du même texte.

Mme Catherine Morin-Desailly.  - L'exécution de la sanction ayant des conséquences graves, il convient que le recours soit suspensif.

M. Michel Thiollière, rapporteur.  - Le projet de loi renvoie à un décret en Conseil d'État pour fixer les modalités du sursis à exécution. En outre, si le recours est suspensif, quelle valeur pédagogique aura la procédure suivie ? Enfin, devant le juge, la faculté de négociation ne sera pas la même qu'avec l'Hadopi ! La discussion avec l'autorité administrative protège mieux l'abonné. Défavorable.

Mme Christine Albanel, ministre.  - Le sursis à exécution est possible, dans des conditions qui seront définies dans un décret en Conseil d'État. Le caractère systématiquement suspensif affaiblirait l'autorité de l'Hadopi.

L'amendement n°77 est retiré.

Mme Alima Boumediene-Thiery.  - Je maintiens le n°107, au nom des droits de la défense et parce qu'il favorise la poursuite des négociations avec l'Hadopi.

L'amendement n°55 est retiré.

L'amendement n°107 n'est pas adopté.

Mme la présidente.  - Amendement n°120, présenté par Mmes Blandin, Boumediene-Thiery, Voynet, MM. Desessard et Muller.

Compléter le texte proposé par cet article pour l'article L. 331-25 du code de la propriété intellectuelle par un alinéa ainsi rédigé :

« Aucune personne ayant fait l'objet d'une sanction prévue à l'article L. 331-35 ne peut être poursuivie devant l'autorité judiciaire pour les mêmes faits.

Mme Alima Boumediene-Thiery.  - J'aurais souhaité que ce texte soit soumis pour avis à la commission des lois car l'octroi à une autorité administrative indépendante de pouvoirs de sanction soulève des questions complexes.

Une personne sanctionnée par la commission de protection des droits peut également être poursuivie au pénal et encourir jusqu'à 300 000 euros d'amende et trois ans de prison. Ce cumul viole le principe non bis in idem -on ne peut être puni deux fois pour les mêmes faits. Le Conseil constitutionnel l'a clairement rappelé dans sa décision du 23 juillet 1996.

Ici, la sanction administrative est suivie éventuellement par une sanction pénale. Un rapport de l'office parlementaire d'évaluation de la législation, en juin 2006, relatif aux autorités administratives indépendantes, indiquait : « Le Conseil constitutionnel (...) après avoir admis le cumul des sanctions administratives prononcées par les autorités administratives indépendantes avec les sanctions pénales prononcées par les tribunaux répressifs a exprimé des réserves en raison de la valeur constitutionnelle de la règle non bis in idem. ».

Dans ce rapport, M. Gélard ajoutait : « Le législateur doit être sensible à cette protection des personnes, que le principe de proportionnalité ne suffit pas à établir. »

L'amendement que nous vous proposons permet d'éviter cet écueil.

M. Michel Thiollière, rapporteur.  - L'amendement ressemble beaucoup au n°61 rectifié de Mme Morin-Desailly. Même avis défavorable, pour les mêmes raisons. J'indique aussi à Mme Boumediene-Thiery que la commission des lois ne s'est pas saisie pour avis.

Mme Christine Albanel, ministre.  - L'amendement n°61 rectifié, très proche, évoquait le cas symétrique : une action judiciaire en cours, qui serait suivie par une procédure de l'Hadopi. La réponse est la même. Mais j'ajoute que l'on ne peut priver les ayants droit de l'accès au juge.

L'amendement n°120 n'est pas adopté.

Article L. 331-26 du code

Mme la présidente.  - Amendement n°26, présenté par M. Thiollière, au nom de la commission des affaires culturelles.

Dans la seconde phrase du premier alinéa du texte proposé par cet article pour l'article L. 331-26 du code de la propriété intellectuelle, remplacer les mots :

l'une des mesures

par les mots :

la ou les mesures

L'amendement de cohérence n°26, accepté par le Gouvernement, est adopté.

Mme la présidente.  - Amendement n°27, présenté par M. Thiollière, au nom de la commission des affaires culturelles.

Après le deuxième alinéa (1°) du texte proposé par cet article pour l'article L. 331-26 du code de la propriété intellectuelle, insérer un alinéa ainsi rédigé :

« 1° bis) Une limitation des services ou de l'accès à ces services, à condition que soit ainsi garantie, en fonction de l'état de l'art, la protection des oeuvres et objets auxquels est attaché un droit d'auteur ou un droit voisin ;

M. Michel Thiollière, rapporteur.  - Rédactionnel.

Mme Christine Albanel, ministre.  - Sagesse.

L'amendement de coordination n°27 est adopté.

Mme la présidente.  - Amendement n°28, présenté par M. Thiollière, au nom de la commission des affaires culturelles.

Après les mots :

des mesures de nature à

rédiger comme suit la fin du troisième alinéa (2°) du texte proposé par cet article pour l'article L. 331-26 du code de la propriété intellectuelle :

prévenir le renouvellement du manquement et à en rendre compte à la Haute autorité.

L'amendement de coordination n°28, accepté par le Gouvernement, est adopté.

Mme la présidente.  - Amendement n°134, présenté par M. Domeizel et les membres du groupe socialiste, apparentés et rattachés.

Compléter le texte proposé par cet article pour l'article L. 331-26 du code de la propriété intellectuelle par un alinéa ainsi rédigé :

« La commission peut décider que la sanction mentionnée au 1° fait l'objet d'un sursis à exécution.

M. Claude Domeizel.  - Il serait utile de préciser que dans la phase de transaction, l'Hadopi peut assortir la sanction d'un sursis. Ce serait une étape de plus dans la riposte graduée.

Je n'ai pas de compétence pédagogique particulière mais je crois qu'un jeune comprendrait si on lui disait : « pour cette fois, la sanction est suspendue, mais elle sera doublée en cas de récidive ».

M. Michel Thiollière, rapporteur.  - Avis défavorable pour les raisons déjà évoquées.

Mme Christine Albanel, ministre.  - Il paraît difficile de suspendre une décision prise au terme d'un dialogue entre la Haute autorité et l'internaute. Avis défavorable.

L'amendement n°134 n'est pas adopté.

Article L. 331-27 du code

Mme la présidente.  - Amendement n°29, présenté par M. Thiollière, au nom de la commission des affaires culturelles.

Dans le texte proposé par cet article pour l'article L. 331-27 du code de la propriété intellectuelle, après les mots :

la commission

insérer les mots :

de protection des droits

L'amendement rédactionnel n°29, accepté par le Gouvernement, est adopté.

Mme la présidente.  - Amendement n°30, présenté par M. Thiollière, au nom de la commission des affaires culturelles.

Dans le texte proposé par cet article pour l'article L. 331-27 du code de la propriété intellectuelle, remplacer les mots :

l'une des sanctions

par les mots :

la ou les sanctions

L'amendement de cohérence n°30, accepté par le Gouvernement, est adopté.

Article L 331-28 du code

Les amendements n°s166 et 172 sont devenus sans objet.

Mme la présidente.  - Amendement n°146, présenté par M. Renar et les membres du groupe CRC.

Supprimer les deux premiers alinéas du texte proposé par cet article pour l'article L. 331-28 du code de la propriété intellectuelle.

M. Ivan Renar.  - Obliger l'internaute à payer son abonnement malgré la suspension est une forme de double peine et contrevient à un principe général de notre droit. Le fournisseur d'accès à internet bénéficierait d'un enrichissement sans cause et ne serait pas incité à soutenir la création. Nous proposons en conséquence d'aménager le dispositif, même si nous le contestons.

Mme la présidente. - Amendement n°58, présenté par Mme Morin-Desailly et les membres du groupe UC.

Rédiger comme suit le premier alinéa du texte proposé par cet article pour l'article L. 331-28 du code de la propriété intellectuelle :

« Durant la suspension de l'accès mentionnée aux articles L. 331-25 et L. 331-26, le prix de l'abonnement à l'accès au service est versé aux organismes mentionnés au titre II du présent livre dans le cadre des actions visées à l'article L. 321-9.

Mme Catherine Morin-Desailly.  - Le fournisseur d'accès percevra l'abonnement sans que cela profite aux créateurs ou à leurs ayants droit, qui obtiendraient ainsi une forme de réparation. Il importe de sensibiliser les internautes à la culture et à la création par un acte citoyen. Les sociétés représentant les auteurs ou leurs ayants droit consacrent le quart de leurs droits à de telles actions.

Mme la présidente.  - Amendement n°78, présenté par M. Retailleau, au nom de la commission des affaires économiques.

Compléter le premier alinéa du texte proposé par cet article pour l'article L. 331-28 du code de la propriété intellectuelle par une phrase ainsi rédigée :

Les dispositions de l'article L. 121-84 du code de la consommation ne sont pas applicables au cours de la période de suspension.

M. Bruno Retailleau, rapporteur pour avis.  - Cette précision évitera une collision avec le code de la consommation. (Sourires)

Mme la présidente.  - Amendement n°79, présenté par M. Retailleau, au nom de la commission des affaires économiques.

Compléter le dernier alinéa du texte proposé par cet article pour l'article L. 331-28 du code de la propriété intellectuelle par deux phrases ainsi rédigées :

Si la commission de protection des droits constate que, pour des raisons techniques, la suspension de l'accès aux services de communication au public en ligne devait également entraîner la suspension des autres types de services inclus dans l'offre commerciale composite, la suspension n'est pas appliquée. La commission de protection des droits peut alors prononcer la sanction prévue au 2° de l'article L. 331-25.

M. Bruno Retailleau, rapporteur pour avis.  - Cet amendement de repli dispose que la commission de protection des droits pourra prendre une autre sanction si elle constate que la suspension des droits d'accès entraîne celle de la télévision et du téléphone.

Mme la présidente.  - Amendement n°121, présenté par Mmes Blandin, Boumediene-Thiery et Voynet et MM. Desessard et Muller.

Compléter le texte proposé par cet article pour l'article L. 331-28 du code de la propriété intellectuelle par un alinéa ainsi rédigé :

« S'il s'avère que, dans le cadre d'un abonnement à une offre composite, pour des raisons techniques, la suspension de services de communications au public en ligne entraîne également la suspension d'autres services, tels que des services de téléphonie ou de télévision, la mesure de suspension ne pourra être appliquée.

Mme Alima Boumediene-Thiery.  - On a déjà évoqué les offres triple play et la difficulté de séparer internet des autres flux.

Mme la présidente.  - Amendement n°157, présenté par M. Renar et les membres du groupe CRC.

Compléter le texte proposé par cet article pour l'article L. 331-28 du code de la propriété intellectuelle par un alinéa ainsi rédigé :

« S'il s'avère dans le cadre d'un abonnement à une offre composite que, pour des raisons techniques, la suspension de services de communication en ligne entraîne également la suspension d'autres services, tels que services de téléphonies ou de télévision, la suspension ne pourra être appliquée.

M. Ivan Renar.  - Il ne faut pas suspendre simultanément la télévision et le téléphone : la suspension d'internet a suffisamment de conséquences...

M. Michel Thiollière, rapporteur.  - Avis défavorable à l'amendement n°146 qui obligerait le fournisseur d'accès à subir les conséquences financières de la réponse graduée. Avis défavorable à l'amendement n°58 car le fournisseur d'accès engage des frais pour la suspension. Avis favorable à la précision apportée par l'amendement n°78. L'amendement n°79 est séduisant de prime abord mais il n'y a pas de raison d'en rajouter : avis défavorable, ainsi qu'aux amendements n°s121 et 157.

Mme Christine Albanel, ministre.  - Malgré de louables intentions, l'amendement n°58 se heurte à de sérieux obstacles car il est difficile de priver ainsi le fournisseur d'accès du montant de l'abonnement. S'en remettant à la sagesse sur l'amendement n°78, le Gouvernement est défavorable aux amendements n°s79, 121 et 157, déjà satisfaits par la rédaction actuelle de l'article.

M. Bruno Retailleau, rapporteur pour avis.  - Il y a, vous en convenez, des impossibilités techniques. On ne peut donc pas tout couper. Or le texte ne dit pas que dans ce cas, la commission choisit une autre sanction, par exemple en demandant à l'abonné fautif de se munir d'un pare-feu. L'amendement n°79 lèverait un doute. Il est satisfait ? Cela irait mieux en le disant et on lèverait un doute important.

Mme Catherine Morin-Desailly.  - Sensible à l'argument du triple play, je vais retirer l'amendement n°58. Reste que les artistes et ayants droit ne percevront jamais réparation pour la consommation illicite de leurs oeuvres. C'est pourquoi j'aimerais que l'abonnement contribue à une information sur le coût de la création.

L'amendement n°58 est retiré.

L'amendement n°146 n'est pas adopté.

L'amendement n°78 est adopté.

L'amendement n°79 n'est pas adopté.

Mme Christine Albanel, ministre.  - Après explication du rapporteur pour avis, je concède qu'une précision supplémentaire était peut-être souhaitable. L'amendement vient d'être repoussé, nous y reviendrons au cours de la navette.

L'amendement n°121 n'est pas adopté, non plus que l'amendement n°157.

Article L. 331-29 du code

Les amendements n°s167 et 173 sont devenus sans objet.

Mme la présidente.  - Amendement n°80 rectifié, présenté par M. Retailleau, au nom de la commission des affaires économiques.

Compléter le deuxième alinéa du texte proposé par cet article pour l'article L. 331-29 du code de la propriété intellectuelle par les mots :

à l'obligation visée au premier alinéa

M. Bruno Retailleau, rapporteur pour avis.  - Amendement de précision rédactionnelle pour éviter toute ambiguïté sur le terme de « manquement constaté ».

Mme la présidente.  - Amendement n°109, présenté par Mmes Boumediene-Thiery, Blandin, Voynet, MM. Desessard et Muller.

I. - Compléter le troisième alinéa du texte proposé par cet article pour l'article L. 331-29 du code de la propriété intellectuelle par une phrase ainsi rédigée :

Ce recours est suspensif.

II. - En conséquence, supprimer le quatrième alinéa du même texte.

Mme Alima Boumediene-Thiery.  - Il a été défendu.

M. Michel Thiollière, rapporteur.  - Avis favorable à l'amendement n°80 rectifié, défavorable au n°109 pour les raisons que j'ai déjà indiquées.

Mme Christine Albanel, ministre.  - Même avis.

L'amendement n°80 rectifié est adopté.

L'amendement n°109 n'est pas adopté.

Article L. 331-30 du code

Mme la présidente.  - Amendement n°31, présenté par M. Thiollière, au nom de la commission des affaires culturelles.

Rédiger comme suit le texte proposé par cet article pour l'article L. 331-30 du code de la propriété intellectuelle :

« Art. L. 331-30. - La Haute autorité peut agréer, pour une période déterminée, les moyens de sécurisation regardés comme efficaces pour prévenir les manquements à l'obligation mentionnée à l'article L. 336-3. Elle établit la liste des moyens de sécurisation ainsi agréés, la met à jour et la rend publique.

M. Michel Thiollière, rapporteur.  - L'abonné doit pouvoir facilement s'assurer que son accès à internet -qu'il en ait l'usage sur son ordinateur, sur son téléphone mobile ou tout autre équipement- est sécurisé afin, le cas échéant, de prouver à l'Hadopi qu'il s'est prémuni a priori efficacement contre toute intrusion d'un tiers. A cette fin, nous proposons que la Haute autorité délivre un agrément aux matériels de sécurisation pour une période déterminée et rende publique la liste actualisée de ces moyens agréés. Cette mesure, même si l'agrément n'est pas obligatoire, permettra d'instaurer un cercle vertueux : les professionnels seront incités à proposer à la Haute autorité des dispositifs fiables. Cela va dans le sens d'une meilleure information de nos concitoyens sur internet.

Mme la présidente.  - Amendement n°81 rectifié, présenté par M. Retailleau, au nom de la commission des affaires économiques.

Rédiger comme suit le texte proposé par cet article pour l'article L. 331-30 du code de la propriété intellectuelle :

« Art. L. 331-30. - Après consultation des parties intéressées ayant une expertise spécifique dans le développement et l'utilisation des moyens de sécurisation destinés à prévenir l'utilisation par une personne de l'accès à des services de communication au public en ligne, la Haute autorité peut établir la liste des spécifications fonctionnelles pertinentes que ces moyens doivent présenter pour être considérés comme exonérant valablement le titulaire de l'accès de sa responsabilité au titre de l'article L. 336-3.

« Au terme d'une procédure d'évaluation certifiée prenant en compte leur conformité aux spécifications visées au précédent alinéa et leur efficacité, la Haute autorité peut labelliser les moyens de sécurisation dont la mise en oeuvre exonère valablement le titulaire de l'accès de sa responsabilité au titre de l'article L. 336-3. Cette labellisation est périodiquement revue.

« Un décret en Conseil d'État précise la procédure d'évaluation et de labellisation de ces moyens de sécurisation. »

M. Bruno Retailleau, rapporteur pour avis.  - L'amendement a été rectifié afin de tenir compte des observations de la commission des affaires culturelles. Il traite, comme l'amendement n°31, de la question des moyens de sécurisation de l'accès internet et de la façon de prévenir l'intrusion de tiers. Nous proposons que la Haute autorité établisse une liste des spécifications et que soit instaurée une procédure d'évaluation certifiée ; évaluation qui retiendra comme critères, outre l'efficacité des moyens, leur coût, leur caractère respectueux de la vie privée.

M. Michel Thiollière, rapporteur.  - Cet amendement va dans le sens que nous souhaitions, nous nous y rallions.

M. Jean-Pierre Fourcade.  - Très bien !

L'amendement n°31 est retiré.

Mme Christine Albanel, ministre.  - La question est délicate... Ce projet de loi est observé à la loupe par Bruxelles. En attendant que nos échanges avec la Commission aboutissent, il vaut mieux s'en tenir à la version minimaliste du Gouvernement. Retrait, sinon sagesse.

L'amendement n°81 rectifié est adopté.

Article L. 331-31 du code

Les amendements n°s168 et 174 sont devenus sans objet.

Mme la présidente.  - Amendement n°143 rectifié, présenté par M. Renar et les membres du groupe CRC.

Après le premier alinéa du texte proposé par cet article pour l'article L. 331-31 du code de la propriété intellectuelle, insérer trois alinéas ainsi rédigés :

« Toute personne justifiant de son identité peut demander à la Commission de protection des droits, dans les conditions prévues par la loi n° 2004-801 sur la protection à l'égard du traitement des données à caractère personnel, si son nom figure dans le répertoire national des personnes qui font l'objet d'une suspension en cours de leur accès à un service de communication au public en ligne.

« En cas de réponse positive, la Commission de protection des droits doit justifier au requérant la présence de son nom sur ce répertoire. S'il s'avère que son nom y figure par erreur, le requérant peut introduire un recours auprès des juridictions compétentes.

« Un décret détermine les juridictions compétentes pour connaître de ce recours.

M. Ivan Renar.  - La commission de protection des droits, je le répète, ne traite pas de façon équitable fournisseurs d'accès et internautes : les fournisseurs d'accès pourront consulter le répertoire national des personnes dont l'accès à internet a été suspendu, les internautes non. Nous voulons donc donner à ces derniers la possibilité de savoir s'ils y figurent et leur offrir des voies de recours.

Mme la présidente.  - Amendement n°147, présenté par M. Renar et les membres du groupe CRC.

Après le premier alinéa du texte proposé par cet article pour l'article L. 331-31 du code de la propriété intellectuelle, insérer un alinéa ainsi rédigé :

« Ce répertoire est déclaré auprès de la Commission Nationale Informatique et Libertés qui vérifie tous les ans, à l'occasion d'un rapport annuel, que la constitution, la conservation et l'usage de ce répertoire respecte les dispositions des lois n° 2004-801 du 6 août 2004 et n° 78-17 du 6 janvier 1978.

M. Ivan Renar.  - Nous souhaitons sécuriser le répertoire national. Dans un avis du 20 juin 2007, l'ensemble des autorités de protection des données des États membres de l'Union a rappelé que l'adresse IP est une donnée à caractère personnel, comme une plaque d'immatriculation de véhicule ou un numéro de téléphone. Pour répondre aux légitimes inquiétudes des usagers, nous préconisons donc que ce répertoire fasse l'objet d'une déclaration à la Cnil et d'un rapport établi par l'autorité chargée de la protection des données personnelles en France.

Mme la présidente.  - Amendement n°94 rectifié, présenté par Mlle Joissains et les membres du groupe UMP.

Dans le deuxième alinéa du texte proposé par cet article pour l'article L. 331-31 du code de la propriété intellectuelle, supprimer les mots :

nom du

M. Christian Cointat.  - Amendement de précision : pour éviter que l'on refuse à des personnes de bonne foi un réabonnement à internet parce qu'un homonyme figure sur le répertoire, il faut préférer l'adresse de l'abonnement.

Mme la présidente.  - Amendement n°83 rectifié bis, présenté par M. Retailleau, au nom de la commission des affaires économiques.

Rédiger comme suit le troisième alinéa du texte proposé par cet article pour l'article L. 331-31 du code de la propriété intellectuelle :

Pour chaque manquement constaté à cette obligation de consultation ou pour tout contrat conclu par cette personne avec l'intéressé nonobstant son inscription sur le répertoire, la commission de protection des droits peut, à l'issue d'une procédure contradictoire, lui infliger une sanction pécuniaire d'un montant maximal de 5 000 euros.

M. Bruno Retailleau, rapporteur pour avis.  - Rédactionnel.

Mme la présidente.  - Amendement n°108, présenté par Mmes Boumediene-Thiery, Blandin, Voynet, MM. Desessard et Muller.

I. - Compléter le quatrième alinéa du texte proposé par cet article pour l'article L. 331-31  du code de la propriété intellectuelle par une phrase ainsi rédigée :

Ce recours est suspensif.

II. - En conséquence, supprimer le cinquième alinéa du même texte.

Mme Alima Boumediene-Thiery.  - Cet amendement traite encore de l'exercice suspensif du recours, il a été défendu.

M. Michel Thiollière, rapporteur.  - L'amendement n°143 rectifié est satisfait par le n°36 rectifié de la commission, de même que le n°147 par les garanties apportées par le projet de loi, retrait ? Avis favorable aux amendements nos94 rectifié et 83 rectifié bis, défavorable au n°108.

Mme Christine Albanel, ministre.  - Défavorable aux amendements n°s143 rectifié et 147 : les garanties apportées par ce texte et la loi sur la Cnil sont suffisantes. Avis favorable aux amendements nos94 rectifié et 83 rectifié bis et défavorable au n°108.

M. Ivan Renar.  - Je maintiens les amendements.

L'amendement n°143 rectifié n'est pas adopté, non plus que l'amendement n°147.

Les amendements n°s94 rectifié et 83 rectifié bis sont adoptés.

L'amendement n°108 n'est pas adopté.

Mme la présidente.  - Amendement n°149, présenté par M. Renar et les membres du groupe CRC.

Après le texte proposé par cet article pour l'article L. 331-31 du code de la propriété intellectuelle, insérer un article additionnel ainsi rédigé :

« Art. L. ... - Les informations recueillies, à l'occasion de la consultation de ce répertoire par les personnes dont l'activité est d'offrir un accès à des services de communication au public en ligne, dans les conditions définies à l'art. L 331-31, ne peuvent être conservées par ces personnes, ni faire l'objet d'aucune communication excédant la conclusion ou la non conclusion du contrat de fourniture de services de communication ayant provoqué ladite consultation. 

M. Ivan Renar.  - L'article 2 de la loi du 6 janvier 1978 définit comme « donnée à caractère personnel » toute information relative à une personne physique pouvant être identifiée, par référence à un numéro ou à des éléments qui lui sont propres. Tel est le cas d'une adresse IP.

Dans ces conditions, il est étonnant que les fournisseurs d'accès à internet puissent librement connaître les informations inscrites dans le répertoire mis en place par l'Hadopi.

La création de ce fichier, car il faut appeler les choses par leur nom, inquiète légitimement les usagers. Nous devons donc prendre toutes les précautions à même de protéger leur vie privée.

M. Michel Thiollière, rapporteur.  - Encadrer l'utilisation répertoire apporte une garantie supplémentaire conforme aux souhaits de la commission.

Mme Christine Albanel, ministre.  - Sagesse.

L'amendement n°149 est adopté et devient article additionnel du code.

Article L. 331-32 du code

Mme la présidente. - Amendement n°32, présenté par M. Thiollière, au nom de la commission des affaires culturelles.

Dans le texte proposé par cet article pour l'article L. 331-32 du code de la propriété intellectuelle, après les mots :

la mention

insérer les mots :

claire et lisible

M. Michel Thiollière, rapporteur.  - Cette précision rédactionnelle garantit la bonne information des abonnés.

L'amendement n°32, accepté par le Gouvernement, est adopté.

Mme la présidente.  - Amendement n°104 rectifié, présenté par Mmes Boumediene-Thiery, Blandin et Voynet et MM. Desessard et Muller.

Dans le texte proposé par cet article pour l'article L. 331-32 du code de la propriété intellectuelle, après les mots :

protection des droits

insérer les mots :

ainsi que des voies de recours possibles

Mme Alima Boumediene-Thiery.  - Ainsi, l'information globale destinée aux particuliers mentionnera les sanctions encourues en raison du téléchargement illégal, mais aussi les voies de recours.

M. Michel Thiollière, rapporteur.  - La commission est favorable à cet amendement, qui va dans le bon sens.

L'amendement n°104 rectifié, accepté par le Gouvernement, est adopté.

Mme la présidente.  - Amendement n°33, présenté par M. Thiollière, au nom de la commission des affaires culturelles.

Après le premier alinéa du texte proposé par cet article pour l'article L. 331-32 du code de la propriété intellectuelle, insérer un alinéa ainsi rédigé :

En outre, les personnes visées au premier alinéa informent périodiquement leurs abonnés des dangers du téléchargement et de la mise à disposition illicites pour la création artistique.

M. Michel Thiollière, rapporteur.  - Tous les abonnés seront donc informés par leur fournisseur d'accès sur les méfaits du piratage.

L'article 5 du projet de loi supprime des dispositions similaires, inscrites dans la loi DADVSI, car elles sont restées inappliquées. Or, ces démarches sont complémentaires, l'information générale étant conforme à la logique préventive et pédagogique du texte.

L'amendement n°33, accepté par le Gouvernement, est adopté.

Article L. 331-33 du code

Les amendements n°s169 et 175 sont devenus sans objet.

Mme la présidente.  - Amendement n°34, présenté par M. Thiollière, au nom de la commission des affaires culturelles.

Dans le texte proposé par cet article pour l'article L. 331-33 du code de la propriété intellectuelle, remplacer les mots :

l'abonnement

par les mots :

l'accès

Cet amendement rédactionnel, accepté par le Gouvernement, est adopté.

Article L. 331-34 du code

Les amendements n°s170 et 176 sont devenus sans objet.

Mme la présidente.  - Amendement n°35, présenté par M. Thiollière, au nom de la commission des affaires culturelles.

Après les mots :

répertoire national

rédiger comme suit la fin du deuxième alinéa du texte proposé par cet article pour l'article L. 331-34 du code de la propriété intellectuelle :

visé à l'article L. 331-31, permettant notamment aux personnes dont l'activité est d'offrir un accès à un service de communication au public en ligne de disposer des informations nécessaires pour procéder à la vérification prévue à ce même article.

M. Michel Thiollière, rapporteur.  - Clarification rédactionnelle.

Mme la présidente.  - Sous-amendement n°95 rectifié bis à l'amendement n°35 de M. Thiollière, au nom de la commission des affaires culturelles, présenté par Mlle Joissains et les membres du groupe UMP.

Dans le dernier alinéa de l'amendement n° 35, après le mot :

informations

insérer le mot :

strictement

M. Christian Cointat.  - Pour protéger la vie privée, il convient de limiter au strict nécessaire l'information des fournisseurs d'accès.

Mme la présidente.  - Sous-amendement n°84 à l'amendement n°35 de M. Thiollière, au nom de la commission des affaires culturelles, présenté par M. Retailleau, au nom de la commission des affaires économiques.

Compléter le dernier alinéa de l'amendement n° 35 par les mots :

, sous la forme d'une simple interrogation.

M. Bruno Retailleau, rapporteur pour avis.  - C'est la même idée : concrètement, il suffit que les fournisseurs d'accès puissent interroger le répertoire.

M. Michel Thiollière, rapporteur.  - Pour les mêmes raisons que précédemment, la commission est favorable aux sous-amendements n°s95 rectifié bis et 84.

Les sous-amendements n°s95 rectifié bis et 84, acceptés par le Gouvernement, sont adoptés.

L'amendement n°35, sous-amendé, accepté par le Gouvernement, est adopté.

Mme la présidente.  - Amendement n°163, présenté par Mme Morin-Desailly et les membres du groupe UC.

Compléter le quatrième alinéa du texte proposé par cet article pour l'article L. 331-34 du code de la propriété intellectuelle par les mots :

qui ne s'étendra pas au-delà de la durée de suspension de l'abonnement prévue au 1° de l'article L. 331-25 et au 1° de l'article L. 331-26.

Mme Catherine Morin-Desailly.  - Il faut limiter dans le temps la conservation de données personnelles dans le répertoire établi par l'Hadopi.

M. Michel Thiollière, rapporteur.  - Je propose le retrait de cet amendement, satisfait par l'article L. 331-33 du code.

Mme Christine Albanel, ministre.  - En effet.

L'amendement n°163 est retiré.

Les amendements n°s171 et 177 sont devenus sans objet.

Mme la présidente. - Amendement n°36 rectifié bis, présenté par M. Thiollière, au nom de la commission des affaires culturelles.

Rédiger comme suit le dernier alinéa du texte proposé par cet article pour l'article L. 331-34 du code de la propriété intellectuelle :

« - les conditions dans lesquelles les personnes intéressées peuvent exercer, auprès de la Haute Autorité, leur droit d'accès aux données les concernant conformément aux dispositions de la loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés.

M. Michel Thiollière, rapporteur.  - Englobant les amendements n°s106, 85 et 82 rectifié, cette rédaction dispose que la loi informatique et libertés du 6 janvier 1978 régira l'accès aux données personnelles du répertoire.

Mme la présidente.  - Amendement n°106, présenté par Mmes Boumediene-Thiery, Blandin et Voynet et MM. Desessard et Muller.

Après le mot :

personnes

rédiger comme suit la fin du dernier alinéa du texte proposé par cet article pour l'article L. 331-34 du code de la propriété intellectuelle :

concernées peuvent exercer leur droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données les concernant conformément à la loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés.

Mme Alima Boumediene-Thiery.  - Certes, la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil) sera consultée pour la rédaction du décret, mais il importe de préciser que les garanties apportées par la loi du 6 janvier 1978 seront respectées. Au droit d'accès s'ajoute le droit de modification et de suppression, notamment dans l'hypothèse où des données personnelles auraient été conservées après l'expiration du délai légal.

Les amendements n°s85 et 82 rectifié sont retirés.

M. Michel Thiollière, rapporteur.  - L'amendement n°106 est satisfait par le 36 rectifié bis.

L'amendement n°106 est retiré.

L'amendement n°36 rectifié bis est adopté.

Article après l'article L.331-35 du code

Mme la présidente.  - Amendement n°86, présenté par M. Retailleau, au nom de la commission des affaires économiques.

Après le texte proposé par cet article pour l'article L. 331-35 du code de la propriété intellectuelle, insérer un article ainsi rédigé :

« Art. L.... - Un décret en Conseil d'État détermine les modalités d'une juste rémunération des personnes dont l'activité est d'offrir un accès à des services de communication au public en ligne pour leur concours à la mission de la Haute autorité faisant l'objet de la présente sous-section.

M. Bruno Retailleau, rapporteur pour avis.  - Les fournisseurs d'accès internet qui effectueront des prestations pour l'Hadopi devront bénéficier d'une juste rémunération.

La décision du Conseil constitutionnel du 28 décembre 2000 confirme que les coûts que représente pour les opérateurs le concours apporté à la sauvegarde de l'ordre public, dans l'intérêt général de la population, ne sauraient leur incomber directement dès lors que les dépenses qui en résultent sont étrangères à l'activité d'exploitation des réseaux.

M. Michel Thiollière, rapporteur.  - La loi n'a pas à préciser les conditions d'une telle compensation. L'article 34-1 du code des postes modifié par l'article 9 du projet de loi prévoit déjà qu'un décret en Conseil d'État détermine : « le cas échéant, les modalités de compensation des surcoûts identifiables et spécifiques des prestations assurées à la demande de l'État par les opérateurs. Enfin, les modalités de la mise à disposition d'information auprès de l'autorité judiciaire sont précisées par un décret de mars 2006.

Les fournisseurs d'accès à internet ont intérêt à voir le dispositif s'appliquer car ils sont de plus en plus intéressés par le développement des contenus créatifs en ligne, puisque la plupart d'entre eux proposent une offre commerciale légale. Ils subissent donc également la concurrence des offres illicites. La diminution du piratage permettra aussi aux fournisseurs d'accès de libérer de la bande passante, car 50 à 80 % de celle-ci seraient aujourd'hui occupés par les réseaux de pair à pair, utilisés pour le piratage.

En outre, les fournisseurs d'accès britanniques se sont engagés dans un système similaire au nôtre, au côté des ayants droit, sans demander de compensation.

Enfin, les fournisseurs continueront à percevoir le montant de l'abonnement pendant sa suspension. Je demande donc le retrait de cet amendement.

L'amendement n°86 est retiré.

Mme la présidente.  - Amendement n°37, présenté par M. Thiollière, au nom de la commission des affaires culturelles.

Dans l'intitulé du texte proposé par cet article pour la sous-section 3 de la section 3 du chapitre Ier du titre III du livre III du code de la propriété intellectuelle, remplacer les mots :

Mission d'observation de l'offre légale et de l'utilisation illicite

par les mots :

Mission d'encouragement de l'offre légale et d'observation de l'utilisation illicite

L'amendement de cohérence n°37, accepté par le Gouvernement, est adopté.

Article L. 331-36 du code

Mme la présidente.  - Amendement n°38, présenté par M. Thiollière, au nom de la commission des affaires culturelles.

Rédiger comme suit le début du texte proposé par cet article pour l'article L. 331-36 du code de la propriété intellectuelle :

Au titre de sa mission d'encouragement au développement de l'offre commerciale légale et d'observation de l'utilisation illicite...

L'amendement de coordination n°38, accepté par le Gouvernement, est adopté.

Mme la présidente.  - Amendement n°39, présenté par M. Thiollière, au nom de la commission des affaires culturelles.

Dans le texte proposé par cet article pour l'article L. 331-36 du code de la propriété intellectuelle, après les mots :

la Haute autorité publie

insérer le mot :

régulièrement

M. Michel Thiollière, rapporteur.  - La publication des indicateurs doit être régulière afin de permettre le suivi.

L'amendement n°39, accepté par le Gouvernement, est adopté.

Mme la présidente.  - Amendement n°40 rectifié, présenté par M. Thiollière, au nom de la commission des affaires culturelles.

Compléter le texte proposé par cet article pour l'article L. 331-36 du code de la propriété intellectuelle, par deux alinéas ainsi rédigés :

« Dans des conditions fixées par décret en Conseil d'État, la Haute autorité attribue aux offres commerciales proposées par des personnes dont l'activité est d'offrir un service de communication au public en ligne, un label permettant aux usagers de ce service d'identifier clairement le caractère légal de ces offres.

« Elle évalue, en outre, les expérimentations conduites par les professionnels concernés dans le domaine des technologies de reconnaissance des contenus et de filtrage, et rend compte des principales évolutions constatées dans ce domaine, dans le cadre du rapport prévu à l'article L. 331-... (voir amendement n° 6) ».

M. Michel Thiollière, rapporteur.  - Nous proposons de compléter les prérogatives de l'Hadopi au titre de sa mission d'observation et d'incitation au développement de l'offre légale.

Tout d'abord, nous permettons à la Haute autorité d'accorder un label aux services proposant une offre légale de contenus culturels en ligne afin de renforcer l'information des internautes. En outre, l'Hadopi évaluera les expérimentations conduites dans le domaine des technologies de reconnaissance des contenus et de filtrage, ce qui répond à l'un des engagements pris par les professionnels lors de la signature des accords de l'Élysée. La Haute autorité rendra compte des principales évolutions constatées en ce domaine dans son rapport annuel.

Mme la présidente.  - Sous-amendement n°119 à l'amendement n° 40 rectifié de M. Thiollière, au nom de la commission des affaires culturelles, présenté par Mmes Blandin, Boumediene-Thiery, Voynet, MM. Desessard et Muller.

Compléter le dernier alinéa de l'amendement n° 40 par une phrase ainsi rédigée :

Elle authentifie les prestataires respectant les droits d'auteurs et droits voisins

Mme Alima Boumediene-Thiery.  - Vous nous invitez à rendre l'offre légale plus accessible et plus riche, mais les prestataires ne doivent pas oublier pour autant les droits d'auteurs et les droits voisins. Cette question est un défi majeur pour l'exception culturelle de notre pays. Sauver la création artistique et culturelle, c'est d'abord permettre la connaissance et le respect des droits des créateurs et des artistes interprètes. Nous proposons donc de les remettre au coeur du projet de loi.

M. Jean Desessard.  - Très bien !

M. Michel Thiollière, rapporteur.  - Ce sous-amendement est satisfait par l'amendement que j'ai présenté puisqu'il permet une meilleure information des internautes. J'en souhaite donc le retrait.

Mme Christine Albanel, ministre.  - Je suis favorable à l'amendement n°40 rectifié, mais seuls sont concernés les accords de l'Élysée, c'est-à-dire la protection du droit d'auteur à l'exclusion des expérimentations menées par d'autres ministères, comme celui de l'intérieur sur le blocage des sites à caractère pornographique.

Les intentions du sous-amendement n°119 sont excellentes mais leur mise en oeuvre semble délicate car il est difficile de labéliser les bons et les mauvais fournisseurs d'accès : avis défavorable.

Mme Alima Boumediene-Thiery.  - Mon sous-amendement est partiellement satisfait mais rien n'est prévu pour garantir les droits des interprètes et les droits d'auteurs sur les plates-formes légales.

Le sous-amendement n°119 n'est pas adopté.

L'amendement n°40 rectifié est adopté.

Mme la présidente.  - Amendement n°122, présenté par Mmes Blandin, Boumediene-Thiery, Voynet, MM. Desessard et Muller.

Compléter le texte proposé par cet article pour l'article L. 331-36 du code de la propriété intellectuelle par un alinéa ainsi rédigé :

« Au titre de cette mission, la Haute autorité pour la diffusion des oeuvres et la protection des droits sur internet veille à une juste répartition des droits des artistes interprètes et des créateurs dans le cadre de l'offre légale de diffusion des oeuvres. »

Mme Alima Boumediene-Thiery.  - La plupart des créateurs et des artistes interprètes veulent que leurs créations et interprétations soient diffusées auprès du plus grand nombre en contrepartie d'une juste rémunération.

Parallèlement au téléchargement illicite, on risque de voir des majors installer des plates-formes de téléchargement légal mais oublier de reverser une juste rémunération aux auteurs et aux artistes interprètes. L'Hadopi doit donc y veiller.

M. Michel Thiollière, rapporteur.  - La commission souhaite entendre le Gouvernement.

Mme Christine Albanel, ministre.  - Il est difficile de confier à l'Hadopi une mission qui relève plutôt du Conseil de la concurrence ou du juge et surtout des accords entre les filières concernées : avis défavorable.

M. Michel Thiollière, rapporteur.  - Nous suivons l'avis du Gouvernement.

L'amendement n°122 n'est pas adopté.

L'article 2, modifié, est adopté.

Articles additionnels

Mme la présidente.  - Amendement n°161, présenté par M. Renar et les membres du groupe CRC.

Après l'article 2, insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Les dispositions décrites à partir de l'article L. 331-23 du code de la propriété intellectuelle jusqu'à l'article L. 331-31 du même code, font l'objet d'une évaluation dans un délai de deux ans. Au terme de cette dernière, et dans le cas où ne serait pas constaté leur efficacité, le dispositif pourra faire l'objet de modifications voire de suppression.

M. Ivan Renar.  - Ce dispositif devrait passer par une phase expérimentale.

Tout d'abord, un certain nombre d'incertitudes techniques pèsent sur la faisabilité du dispositif : ne risque-t-on pas d'assister à des embouteillages administratifs dus aux saisines et aux contestations ? En outre, la majorité de nos concitoyens est hostile à cette réforme. Enfin, la coupure n'est peut être même pas techniquement possible.

Ce dispositif permettra-t-il de résoudre la crise de l'industrie du disque et garantira-t-il la juste rémunération des auteurs, compositeurs interprètes ? Faut-il vraiment considérer que le téléchargement est la seule cause de la diminution des ventes de musique ? L'industrie musicale n'a-t-elle pas sa part dans le développement du piratage dans la mesure où, pendant longtemps, elle n'a pas voulu prendre en compte les nouvelles pratiques culturelles ? Une offre légale riche et attractive aurait sans doute permis d'endiguer la pratique du téléchargement illégal.

Aujourd'hui, cette offre n'est toujours pas assez riche et accessible. La difficulté de parvenir à un accord avec les majors témoigne de leur tendance à verrouiller les catalogues. Ces pratiques dépassent notre pays : en 2003, Napster et Kazaa ont lancé une procédure devant la justice américaine contre les majors pour refus de vente. Et c'est sans parler des pratiques pour empêcher l'interopérabilité.

Le vote de ces lois garantira-t-il des pratiques plus honnêtes ?

Reste aussi la question de la rémunération de la création : les créateurs n'ont guère de moyens de l'infléchir, alors même que son montant est souvent loin de rétribuer véritablement son travail.

La nature du diagnostic fondant le dispositif étant discutable, on peut s'interroger sur ce que seront ses bénéfices réels : une évaluation au terme de deux années est d'autant plus nécessaire.

M. Michel Thiollière, rapporteur.  - Votre amendement est satisfait par les amendements n°5 et n°6 de la commission. L'Hadopi pourra proposer toute modification législative et réglementaire qu'elle jugera utile et rendre compte de l'exécution de ses missions. Retrait ?

Mme Christine Albanel, ministre.  - Même avis.

M. Ivan Renar.  - C'est un amendement qui nous a donné trop de peine pour que nous le retirions...

L'amendement n°161 n'est pas adopté.

L'article 3 est adopté.

L'article 4 est adopté.

Mme la présidente.  - Amendement n°41 rectifié, présenté par M. Thiollière, au nom de la commission des affaires culturelles.

Avant l'article 5, insérer un article additionnel ainsi rédigé :

L'intitulé du chapitre VI du titre III du livre III du code de la propriété intellectuelle est ainsi rédigé :  « Prévention du téléchargement et de la mise à disposition illicites d'oeuvres et d'objets protégés ».

M. Michel Thiollière, rapporteur.  - Cet amendement modifie l'intitulé du chapitre du code de la propriété intellectuelle relatif à la prévention des téléchargements illicites, devenu trop étroit puisque le projet vise également le uphold, soit la mise à disposition de fichiers dans le cadre du streaming -mais sans doute le président de la commission préfèrera le terme de « flux » ?

M. Jacques Legendre, président de la commission.  - C'est mieux...

L'amendement n°41 rectifié, accepté par le Gouvernement, est adopté et devient un article additionnel.

Article 5

Au chapitre VI du titre III du livre III du code de la propriété intellectuelle, l'article L. 336-2 est remplacé par les dispositions suivantes :

« Art. L. 336-2. - En présence d'une atteinte à un droit d'auteur ou à un droit voisin occasionnée par le contenu d'un service de communication au public en ligne, le tribunal de grande instance, statuant le cas échéant en la forme des référés, peut ordonner à la demande des titulaires de droits sur les oeuvres et objets protégés, de leurs ayants droit, des sociétés de perception et de répartition des droits visées à l'article L. 321-1 ou des organismes de défense professionnelle visés à l'article L. 331-1, toute mesure de suspension ou de filtrage des contenus portant atteinte à un droit d'auteur ou un droit voisin, ainsi que toute mesure de restriction de l'accès à ces contenus, à l'encontre de toute personne en situation de contribuer à y remédier ou de contribuer à éviter son renouvellement. »

Mme la présidente.  - Amendement n°87, présenté par M. Retailleau, au nom de la commission des affaires économiques.

Après la référence :

L. 331-1

rédiger comme suit la fin du texte proposé par cet article pour l'article L. 336-2 du code de la propriété intellectuelle :

, toutes mesures propres à prévenir ou à faire cesser une telle atteinte à un droit d'auteur ou un droit voisin, à l'encontre de toute personne mentionnée au 2 du I de l'article 6 de la loi n°2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance dans l'économie numérique ou, à défaut, de toute personne mentionnée au 1 du I du même article.

M. Bruno Retailleau, rapporteur pour avis.  - L'article 5 introduit pour la première fois dans notre droit la notion de filtrage, dont le moins que l'on puisse dire est qu'elle n'est guère orthodoxe. Je précise qu'il s'agit non pas du filtrage que peuvent opérer les hébergeurs pour comparer des bases illicites à leurs empreintes, mais bien du filtrage des réseaux. Nous entendons écarter cette notion, de même que celle de restriction d'accès, qui mettrait en péril la cascade de subsidiarité que prévoit, en la matière, notre législation, depuis l'éditeur jusqu'au fournisseur d'accès. Il importe au plus haut point de préserver le principe de neutralité, promu par la France auprès des Nations Unies : il serait regrettable que par des moyens détournés, les opérateurs puissent un jour avoir autorité sur les contenus, et en tirer parti pour privilégier leurs contenus propres.

M. Michel Thiollière, rapporteur.  - Je reprends le sous-amendement n°179.

Mme la présidente.  - Ce sera donc le sous-amendement n°179 rectifié à l'amendement n°87 de M. Retailleau, au nom de la commission des affaires économiques, présenté par M. Thiollière, au nom de la commission des affaires culturelles.

Après les mots :

à l'encontre de toute personne

rédiger comme suit le dernier alinéa de l'amendement n°87 :

susceptible de contribuer à y remédier.

M. Michel Thiollière, rapporteur.  - La rédaction de cet article 5, destiné à améliorer le dispositif existant relatif à la prévention du téléchargement et à la mise à disposition illicites d'oeuvres et d'objets protégés, pourrait, ainsi que le souligne le rapporteur pour avis, être améliorée par la suppression des termes « filtrage des contenus » et de« restriction de l'accès à ces contenus ».

Il suggère toutefois que soit repris le principe d'une responsabilité en cascade qui veut que le juge doive d'abord viser une action en direction des hébergeurs puis, à défaut, si l'hébergeur est hors d'atteinte, des fournisseurs d'accès à internet. Ce « principe de subsidiarité » qui figure certes dans la rédaction de l'article 6-I-8 de la loi pour la confiance dans l'économie numérique n'était pourtant pas prévu par la directive « commerce électronique » que ladite loi était censée transposer. Tout récemment, la Cour de cassation, dans son arrêt du 19 juin 2008, en a rejeté le principe, considérant que la prescription faite aux fournisseurs d'accès de prendre « toutes mesures propres à prévenir ou à faire cesser un dommage occasionné par le contenu d'un service de communication au public en ligne » « n'était pas subordonnée à la mise en cause préalable des prestataires d'hébergement ».

Notons en outre que l'article 8-3 de la directive « Droit d'auteur » prévoit la possibilité « qu'une ordonnance sur requête soit rendue à l'encontre des intermédiaires dont les services sont utilisés par un tiers pour porter atteinte à un droit d'auteur ou à un droit voisin », ce qui permet au juge d'apprécier, en fonction des circonstances et de l'état des techniques, la solution la plus propre à prévenir une telle atteinte ou à y remédier. Ne pas mentionner explicitement les hébergeurs et fournisseurs d'accès dans l'article 5 évitera de ne faire reposer ce dispositif que sur ces seuls intermédiaires alors même que d'autres catégories d'intermédiaires peuvent jouer un rôle clé dans ce processus.

Si ce sous-amendement était adopté, la commission pourrait retirer son amendement n°42.

Mme Christine Albanel, ministre.  - Favorable à l'amendement ainsi sous-amendé.

Mme Catherine Morin-Desailly.  - Je tiens à vous faire part de notre satisfaction : nous nous interrogions sur la notion de filtrage.

Le sous-amendement n°179 est adopté.

L'amendement n°87, ainsi sous-amendé, est adopté.

L'amendement n°42 est retiré.

L'article 5, modifié, est adopté.

Article 6

Le chapitre VI du titre III du livre III du code de la propriété intellectuelle est complété par un article L. 336-3 ainsi rédigé :

« Art. L. 336-3. - Le titulaire d'un accès à des services de communication au public en ligne a l'obligation de veiller à ce que cet accès ne fasse pas l'objet d'une utilisation à des fins de reproduction, de représentation, de mise à disposition ou de communication au public d'oeuvres ou d'objets protégés par un droit d'auteur ou par un droit voisin sans l'autorisation des titulaires des droits prévus aux livres Ier et II lorsqu'elle est requise.

« Le fait, pour la personne titulaire d'un accès à des services de communication au public en ligne, de manquer à l'obligation définie au premier alinéa peut donner lieu à sanction, dans les conditions définies par l'article L. 331-25.

« La responsabilité du titulaire de l'accès ne pourra être retenue dans les cas suivants :

« 1° Si le titulaire de l'accès a mis en oeuvre les moyens de sécurisation définis en application de l'article L. 331-30 ;

« 2° Si l'atteinte visée au premier alinéa est le fait d'une personne qui a frauduleusement utilisé l'accès au service de communication au public en ligne, à moins que cette personne ne soit placée sous l'autorité ou la surveillance du titulaire de l'accès ;

« 3° En cas de force majeure. »

Mme la présidente.  - Amendement n°43, présenté par M. Thiollière, au nom de la commission des affaires culturelles.

I. Au début du premier alinéa du texte proposé par cet article pour l'article L. 336-3 du code de la propriété intellectuelle, remplacer les mots :

Le titulaire d'un accès

par les mots :

La personne titulaire de l'accès

II. Dans le deuxième alinéa du texte proposé par cet article pour l'article L. 336-3 du code de la propriété intellectuelle, remplacer les mots :

la personne titulaire d'un accès à des services de communication au public en ligne

par les mots :

cette personne

L'amendement rédactionnel, accepté par le Gouvernement, est adopté.

Mme la présidente.  - Amendement n°88, présenté par M. Retailleau, au nom de la commission des affaires économiques.

Dans le deuxième alinéa du texte proposé par cet article pour l'article L. 336-3 du code de la propriété intellectuelle, après les mots :

la personne

insérer le mot :

physique

M. Bruno Retailleau, rapporteur pour avis.  - Cet amendement vise l'accès wi-fi, qui se banalise : la ville de Paris met gratuitement à disposition 400 points d'accès, suivie en cela par un nombre croissant de collectivités locales, la ministre de l'enseignement supérieur souhaite les voir développer dans les résidences universitaires... Le texte prévoit qu'un abonné peut se dédouaner s'il fait la preuve qu'existaient des moyens de sécurisation visant à interdire les intrusions par des tiers, mais la wi-fi est précisément destinée aux tiers ! Comment entendez-vous, madame la ministre, traiter ce problème ? Notre amendement vise à extraire du dispositif les personnes morales, pour éviter la mise en cause abusive de présidents d'universités, de maires ou de présidents d'exécutifs locaux.

M. Michel Thiollière, rapporteur.  - Votre amendement n'a pas lieu d'être dès lors que de plus en plus de personnes morales s'équipent de pare-feu. Défavorable.

Mme Christine Albanel, ministre.  - Favorable à l'amendement n°43. Je préfèrerais, en revanche, le retrait de l'amendement n°88, qui pose un problème d'ordre constitutionnel puisqu'il romprait l'égalité entre personnes physiques et personnes morales. J'ajoute que le cas des entreprises est déjà prévu par le texte, afin de leur éviter des suspensions abusives d'accès. Sachez enfin que 90 % des accès wi-fi de la capitale sont sécurisés.

M. Bruno Retailleau, rapporteur pour avis.  - Je suis prêt à retirer mon amendement, mais cela n'épuise pas la question. Les pare-feu auxquels vous faites allusion sont-ils destinés à sécuriser les accès ou à interdire le peer to peer ? Selon Mme la ministre, 90 % des accès wi-fi de la capitale sont sécurisés, mais par quels pare-feu et pour prévenir quel type d'intrusion ? Il faudrait s'entendre sur ce que l'on appelle moyen de sécurisation.

Mme Christine Albanel, ministre.  - L'Hadopi peut prendre toute sanction alternative.

L'amendement n°88 est retiré.

L'amendement n°43 est adopté.

Mme la présidente.  - Amendement n°44, présenté par M. Thiollière, au nom de la commission des affaires culturelles.

Dans le quatrième alinéa (1°) du texte proposé par cet article pour l'article L. 336-3 du code de la propriété intellectuelle, remplacer les mots :

les moyens de sécurisation définis en application de l'article L. 331-30

par les mots :

l'un des moyens de sécurisation figurant sur la liste mentionnée à l'article L. 331-30

M. Michel Thiollière, rapporteur.  - Les abonnés pourront faire valoir une clause d'exonération de responsabilité seulement s'ils ont mis en place l'un des moyens de sécurisation figurant sur la liste établie par l'Hadopi.

L'amendement n°44, accepté par le Gouvernement, est adopté.

Mme la présidente.  - Amendement n°45, présenté par M. Thiollière, au nom de la commission des affaires culturelles.

Rédiger comme suit le début du cinquième alinéa (2°) du texte proposé par cet article pour l'article L. 336-3 du code de la propriété intellectuelle :

Si l'atteinte aux droits visés au premier alinéa...

L'amendement rédactionnel, accepté par le Gouvernement, est adopté.

Mme la présidente.  - Amendement n°89, présenté par M. Retailleau, au nom de la commission des affaires économiques.

Dans l'avant-dernier alinéa (2°) du texte proposé par cet article pour l'article L. 336-3 du code de la propriété intellectuelle, supprimer le mot :

frauduleusement

M. Bruno Retailleau, rapporteur pour avis.  - Il est très difficile de prouver un accès frauduleux. Le seul fait de montrer qu'un tiers, hors du cercle familial, a accédé à internet doit suffire à exonérer la responsabilité de l'abonné.

M. Michel Thiollière, rapporteur.  - Cet amendement introduit une ambiguïté et pourrait même conduire à encourager le piratage ! Retrait, sinon rejet.

Mme Christine Albanel, ministre.  - L'abonné pourrait facilement dégager sa responsabilité et l'obligation de surveillance serait partiellement vidée de son sens : avis défavorable.

M. Bruno Retailleau, rapporteur pour avis.  - Il n'est pas question d'ouvrir une brèche dans laquelle les pirates pourraient s'engouffrer mais l'Hadopi devra bien évaluer la responsabilité réelle des internautes.

L'amendement n°89 est retiré.

Mme la présidente.  - Amendement n°90, présenté par M. Retailleau, au nom de la commission des affaires économiques.

I. - Compléter cet article par deux alinéas ainsi rédigés :

« Art. L. 336-4.- Le titulaire de droits visés aux livres I et II du présent code met à la disposition des consommateurs souhaitant accéder à une oeuvre protégée dont il autorise l'utilisation sur les réseaux de communications électroniques les caractéristiques essentielles de l'utilisation de cette oeuvre conformément aux articles L. 111-1 et L. 121-1 du code de la consommation, par un moyen immédiatement accessible et associé à cette oeuvre.

« Un décret détermine lesdites caractéristiques essentielles de l'utilisation de l'oeuvre. »

II. - En conséquence, dans le premier alinéa de cet article, remplacer les mots :

par un article L. 336-3 ainsi rédigé :

par les mots :

par deux articles L. 336-3 et L. 336-4 ainsi rédigés :

M. Bruno Retailleau, rapporteur pour avis.  - Il s'agit d'encourager l'offre légale, comme le préconise le rapport Olivennes. Cet amendement va plus loin dans la transparence des mesures techniques de protection et de verrouillage : il faut que l'internaute sache quelle utilisation il peut faire du produit, sur quel support il peut le lire, combien de copies il peut en réaliser, etc.

M. Michel Thiollière, rapporteur.  - Cet amendement permet une meilleure information des internautes : avis favorable.

L'amendement n°90, accepté par le Gouvernement, est adopté.

L'article 6, modifié, est adopté, le groupe CRC s'abstenant.

L'article 7 est adopté

Articles additionnels

Mme la présidente.  - Amendement n°136, présenté par M. Lagauche et les membres du groupe socialiste, apparentés et rattachés.

Après l'article 7, insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Les représentants des secteurs de l'industrie cinématographique et audiovisuelle, des éditeurs de services audiovisuels, des éditeurs de services en ligne, des diffuseurs de contenus, des fournisseurs d'accès à internet concluent un accord, avant le 30 juin 2009, pour fixer les délais applicables aux différents supports et services permettant l'exploitation d'une oeuvre cinématographique.

M. Serge Lagauche.  - Ce projet de loi n'applique qu'une toute petite partie des propositions du rapport Olivennes, dont la plupart n'étaient pas d'ordre législatif. Le volet concernant le développement de l'offre légale a été en partie traité par les accords de l'Élysée, la filière musicale amorçant le processus en retirant les DRM.

Pour la filière cinéma-audiovisuel, en revanche, les réunions organisées sous l'égide du CNC ont été annulées, l'un des acteurs faisant preuve de mauvaise volonté. Ce blocage est inadmissible. Il faut renforcer l'offre légale et réduire les délais entre exploitation en salle et sur les autres supports. Nous souhaitons que les acteurs de l'industrie cinématographique aboutissent rapidement à un accord sur une nouvelle chronologie des médias. La date butoir, fixée au 30 juin 2009, pourrait d'ailleurs être avancée.

M. Michel Thiollière, rapporteur.  - L'amendement n°50 de la commission prévoit les modalités de révision de la chronologie des médias. Retrait ?

Mme Christine Albanel, ministre.  - L'amendement de la commission répondra à votre préoccupation. Par ailleurs, les accords de l'Élysée prévoient une révision de la chronologie des médias un an après la mise en place de l'Hadopi. Avis défavorable.

Mme Catherine Morin-Desailly.  - Notre groupe s'est aussi interrogé sur cette question. Nous y reviendrons à l'article 9. La date du 30 juin 2009 est en effet assez tardive.

L'amendement n°136 n'est pas adopté.

Mme la présidente.  - Amendement n°137, présenté par M. Lagauche et les membres du groupe socialiste, apparentés et rattachés.

Après l'article 7, insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Un rapport annuel du collège de la Haute autorité pour la diffusion des oeuvres et la protection des droits sur internet, portant sur les efforts réalisés par les différents acteurs et partenaires de l'industrie culturelle pour améliorer le développement, sur les réseaux de communication électronique, de l'offre légale des oeuvres et objets protégés par un droit d'auteur ou des droits voisins, est déposé, chaque année, sur le bureau de chacune des deux assemblées. Il donne lieu à un débat au sein de chacune des deux commissions parlementaires chargées des affaires culturelles.

Mme Claudine Lepage.  - L'offre légale a fait l'objet d'engagements forts mais unilatéraux dans le cadre des accords de l'Élysée. Nous souhaitons que le Parlement débatte annuellement de son évolution car une offre légale plus riche et moins chère permettra de lutter plus efficacement contre le piratage.

Le coût des oeuvres est encore trop élevé. Si les abonnements aux sites en streaming sont attractifs, l'achat d'un seul titre de musique coûte encore 99 centimes sur iTunes, trop pour un jeune qui accumule de façon compulsive des titres qu'il n'aura pas le temps d'écouter intégralement... Le tarif de location d'un film en VOD -4 euros pour 48 heures- pourrait aussi être revu à la baisse.

Il faut également tenir compte des marges de rémunération des ayants droit qui sont très faibles, notamment pour les auteurs-interprètes.

Le doublement du nombre de sites d'offre légale en un an ne suffit pas à contenir le piratage, d'autant que l'interopérabilité n'est pas toujours au rendez-vous. Le dépôt d'un rapport annuel de l'Hadopi sur l'offre légale, ouvrant débat dans les deux commissions des affaires culturelles, est donc souhaitable.

M. Michel Thiollière, rapporteur.  - Votre amendement sera satisfait par l'amendement n°6 de la commission. Retrait, sinon rejet.

Mme Christine Albanel, ministre.  - Défavorable, pour les mêmes raisons.

L'amendement n°137 est retiré.

Mme la présidente.  - Amendement n°138, présenté par M. Lagauche et les membres du groupe socialiste, apparentés et rattachés.

Après l'article 7, insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Le Centre national de la cinématographie est chargé d'élaborer, avant le 30 juin 2009, un système de référencement, par les logiciels permettant de trouver des ressources sur les réseaux de communication électronique, favorable au développement des offres légales d'oeuvres et d'objets protégés par un droit d'auteur ou des droits voisins.

M. Serge Lagauche.  - Le piratage est le plus souvent le fait d'internautes irresponsables, peu sensibilisés au problème de la juste rémunération de la création. Quand on saisit un titre sur un moteur de recherche, on est d'abord conduit sur des sites illicites ! Le CNC doit conclure des accords avec les industriels pour obtenir un référencement des offres légales en tête des pages affichée.

M. Michel Thiollière, rapporteur.  - Je comprends le souci de M. Lagauche. Je serais favorable à son amendement si n'étaient visées que les missions actuelles du CNC.

M. Serge Lagauche.  - C'est le cas.

M. Michel Thiollière, rapporteur.  - Dès lors, avis favorable.

L'amendement n°138, accepté par le Gouvernement, est adopté et devient un article additionnel.

Mme la présidente.  - Amendement n°112, présenté par Mmes Boumediene-Thiery, Blandin, Voynet, MM. Desessard et Muller.

Avant l'article 8, insérer un article additionnel ainsi rédigé :

I. Dans le deuxième alinéa de l'article 2 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 relative à la liberté de la communication, après les mots : « de sons », sont insérés les mots : « , de vidéogrammes ».

II. La loi n° 2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance dans l'économie numérique est ainsi modifiée :

1° Dans le troisième alinéa du IV de l'article premier, après les mots : « de sons » sont insérés les mots : « , de vidéogrammes » ;

2° Dans le 2 du I de l'article 6, après les mots : « de sons » sont insérés les mots : « , de vidéogrammes ».

Mme Alima Boumediene-Thiery.  - Cet amendement entend combler un vide juridique et concerne la mise à disposition gratuite de vidéos sur des sites tels que Youtube ou Dailymotion. Tout abonné peut anonymement y déposer une vidéo sans qu'elle soit signalée. Ce vide juridique est d'autant plus dommageable en l'absence de systèmes de filtrage automatique des contenus illicites des vidéos tels que le « pistage digital » utilisé par les sociétés pour la protection des droits des ayants droit. Il faut rappeler que le téléchargement de vidéos est soumis aux règles régissant la protection du droit d'auteur,

Cet amendement est en outre une mise en cohérence avec l'amendement n°21 de la commission, qui vise explicitement les bénéficiaires valablement investis d'un droit d'exploitation.

M. Michel Thiollière, rapporteur.  - Quel est l'avis du Gouvernement ?

Mme Christine Albanel, ministre.  - Il n'y a pas de vide juridique, les vidéogrammes entrent déjà dans le champ de la loi du 21 juin 2004. L'adoption de l'amendement créerait a contrario une incertitude sur l'inclusion de contenus qui ne seraient pas cités explicitement.

M. Michel Thiollière, rapporteur.  - Même avis.

L'amendement n°112 n'est pas adopté.

Article 8

Le 1° du I de l'article 6 de la loi n°2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance dans l'économie numérique est complété par un alinéa ainsi rédigé :

« Les personnes dont l'activité est d'offrir un accès à des services de communication au public en ligne informent également leurs abonnés de l'existence de moyens techniques permettant de prévenir l'utilisation de leur accès à des fins de reproduction, de représentation, de mise à disposition ou de communication au public d'oeuvres ou d'objets protégés sans l'autorisation des titulaires des droits prévus aux livres Ier et II du code de la propriété intellectuelle. »

Mme la présidente.  - Amendement n°46 rectifié, présenté par M. Thiollière, au nom de la commission des affaires culturelles.

Rédiger comme suit le second alinéa de cet article :

« Les personnes visées à l'alinéa précédent les informent également de l'existence de moyens de sécurisation permettant de prévenir les manquements à l'obligation définie à l'article L. 336-3 du code de la propriété intellectuelle et leur proposent au moins un de ces moyens figurant sur la liste mentionnée à l'article L. 331-30 du même code. »

M. Michel Thiollière, rapporteur.  - Le rôle d'information confié aux fournisseurs d'accès est insuffisamment précis. L'efficacité des moyens de sécurisation est certes relative mais leur agrément par la Haute autorité offrira une garantie objective à l'internaute. Un abonné ayant mis en place un des moyens figurant sur la liste de l'Hadopi pourrait ainsi être exonéré de responsabilité. Il s'agit également de rétablir une certaine symétrie avec le premier alinéa de l'article 6 de la loi de 2004 relatif aux dispositifs de contrôle parental.

Mme Christine Albanel, ministre.  - L'amendement ne me semble pas nécessaire, les fournisseurs d'accès étant incités à recourir à de tels moyens de sécurisation ; l'exonération de responsabilité vaut en cas d'installation de ces logiciels.

L'amendement n°46 rectifié est adopté.

L'article 8, modifié, est adopté.

L'article 9 est adopté.

Division additionnelle

Mme la présidente.  - Amendement n°47, présenté par M. Thiollière, au nom de la commission des affaires culturelles.

Après l'article 9, insérer un chapitre additionnel ainsi rédigé :

CHAPITRE III bis

Dispositions modifiant le code de l'éducation

M. Michel Thiollière, rapporteur.  - Amendement de coordination avec le suivant.

L'amendement n°47, accepté par le Gouvernement, est adopté ; la division additionnelle est créée.

Articles additionnels

Mme la présidente.  - Amendement n°48, présenté par M. Thiollière, au nom de la commission des affaires culturelles.

L'article L. 312-9 du code de l'éducation est complété par un alinéa ainsi rédigé :

« Dans ce cadre, ils reçoivent une information sur les risques liés aux usages des services de communication au public en ligne, sur les dangers du téléchargement et de la mise à disposition illicites d'oeuvres culturelles pour la création artistique, ainsi que sur les sanctions encourues en cas de manquement à l'obligation définie à l'article L. 336-3 du code de la propriété intellectuelle et de délit de contrefaçon. »

M. Michel Thiollière, rapporteur.  - Tous les élèves sont initiés aux technologies et à l'informatique ; nous proposons de compléter leur information et de les sensibiliser aux dangers d'internet, notamment sur les plates-formes qui diffusent de la musique ou des films piratés. La dimension pédagogique du texte en serait renforcée.

Mme la présidente.  - Sous-amendement n°62 à l'amendement n°48 de M. Thiollière, au nom de la commission des affaires culturelles, présenté par Mme Morin-Desailly et les membres du groupe UC.

Dans le second alinéa de l'amendement n°48, après les mots :

ils reçoivent une information

insérer les mots :

notamment dans le cadre du brevet informatique et Internet des collégiens

Mme Catherine Morin-Desailly.  - Il semble naturel que cette information soit donnée à l'occasion du brevet informatique et internet. C'est à l'âge du collège que les élèves commencent à télécharger.

Mme la présidente.  - Sous-amendement n°96 rectifié bis à l'amendement n°48 de M. Thiollière, au nom de la commission des affaires culturelles, présenté par Mlle Joissains et les membres du groupe UMP.

Compléter le second alinéa de l'amendement n°48 par une phrase ainsi rédigée :

Les enseignants sont également sensibilisés.

M. Christian Cointat.  - Texte même. Les enseignants assureront leur mission dans de meilleures conditions.

Mme la présidente.  - Amendement n°160, présenté par M. Renar et les membres du groupe CRC.

Après l'article 9, insérer un article additionnel ainsi rédigé :

L'article L. 312-9 du code de l'éducation est complété par un alinéa ainsi rédigé :

« Dans ce cadre, ils reçoivent une information sur les risques liés aux usages des services de communication au public en ligne, sur les enjeux et conséquences sur la création artistique du téléchargement et de l'échange illicite d'oeuvres culturelles. »

M. Ivan Renar.  - Malgré les propos de Mme la ministre, le caractère préventif du texte nous semble encore insuffisant. Chez les moins de 25 ans, dans ce qu'on appelle la digital generation, le téléchargement illicite est au moins neutre, sinon positif, au regard de leur appréciation des pratiques et de la réputation éthique des circuits industriels. Pour eux, ce n'est pas du vol mais une forme de consommation normale. Les études montrent cependant qu'une fois informés des enjeux, ce qui doit se faire dès l'école, ils peuvent changer de comportement.

Peut-être M. le rapporteur reprendra-t-il cet amendement que je trouve, qu'il me pardonne, un peu plus fin que le sien...

M. Michel Thiollière, rapporteur.  - Avis favorable aux sous-amendements n°62, étant entendu que les lycéens seront aussi informés, et 96 rectifié bis. La finesse de l'amendement n°160 ne m'a pas échappé mais le champ de celui de la commission me paraît plus large. Retrait, sinon rejet.

Mme Christine Albanel, ministre.  - Avis favorable à l'amendement n°48 ainsi qu'aux sous-amendements qui y sont attachés. Avis défavorable à l'amendement n°160.

Le sous-amendement n°62 est adopté, ainsi que le sous-amendement n°96 rectifié bis.

M. Ivan Renar.  - Je ne peux que voter contre l'amendement n°48 pour prolonger quelques instants la vie de mon amendement. (Sourires)

L'amendement n°48, sous-amendé, est adopté et devient un article additionnel.

L'amendement n°160 devient sans objet.

Division additionnelle

Mme la présidente.  - Amendement n°49, présenté par M. Thiollière, au nom de la commission des affaires culturelles.

Après l'article 9, insérer un chapitre additionnel ainsi rédigé :

CHAPITRE III ter

Dispositions modifiant le code de l'industrie cinématographique

M. Michel Thiollière.  - Amendement de coordination avec le suivant.

L'amendement n°49, accepté par le Gouvernement, est adopté ; la division additionnelle est créée.

Rappel au Règlement

M. Ivan Renar.  - Rappel au Règlement ! Quelle va être l'organisation de nos travaux ce soir ?

Mme la présidente.  - Deux solutions : aller jusqu'au bout maintenant ou poursuivre ce soir...

M. Jacques Legendre, président de la commission.  - La tentation est grande de terminer au moins l'examen des amendements !

Mme la présidente.  - Nous aviserons chemin faisant.

Discussion des articles (Suite)

Articles additionnels

Mme la présidente.  - Amendement n°50, présenté par M. Thiollière, au nom de la commission des affaires culturelles.

Après l'article 9, insérer un article additionnel ainsi rédigé :

I. - Le titre II du code de l'industrie cinématographique est complété par un chapitre IV ainsi rédigé :

« Chapitre IV

« Délais d'exploitation des oeuvres cinématographiques

« Art. 30-4  - Aucune oeuvre cinématographique ne peut, à compter de la date de sa sortie en salles de spectacles cinématographiques, faire l'objet d'une exploitation sous forme de vidéogrammes destinés à la vente ou à la location pour l'usage privé du public avant l'expiration d'un délai convenu par voie d'accord professionnel entre une ou plusieurs organisations professionnelles du secteur du cinéma et une ou plusieurs organisations professionnelles du secteur de la vidéo. Cet accord peut être rendu obligatoire pour l'ensemble des intéressés des secteurs d'activité concernés dans les conditions prévues à l'article 30-6.

« Un décret prévoit un délai applicable de plein droit à défaut d'accord professionnel rendu obligatoire.

« Art. 30-5. - Le contrat conclu par un éditeur de services de médias audiovisuels à la demande ou de services de télévision pour l'acquisition de droits relatifs à la mise à disposition du public ou à la diffusion d'une oeuvre cinématographique prévoit le délai au terme duquel cette mise à disposition ou cette diffusion peut intervenir.

« Lorsqu'il existe un accord professionnel portant sur le délai applicable aux modes d'exploitation précités, le délai prévu par cet accord s'impose aux éditeurs de services et aux membres des organisations professionnelles signataires. Cet accord peut porter sur une ou plusieurs catégories de services. Il peut être rendu obligatoire pour l'ensemble des intéressés des secteurs d'activité et des éditeurs de services concernés dans les conditions prévues à l'article 30-6.

« Un décret prévoit un délai applicable de plein droit, à défaut d'accord professionnel rendu obligatoire, pour la mise à disposition du public d'une oeuvre cinématographique par un éditeur de services de médias audiovisuels à la demande.

« Art. 30-6. - Les accords professionnels mentionnés aux articles 30-4 et 30-5 peuvent être rendus obligatoires par arrêté du ministre chargé de la culture à la condition d'avoir été signés par des organisations professionnelles représentatives du secteur du cinéma et, selon les cas :

« - une ou plusieurs organisations professionnelles représentatives du ou des secteurs concernés ;

« - une ou plusieurs organisations professionnelles représentatives du ou des secteurs concernés et un ensemble d'éditeurs de services représentatifs d'une ou plusieurs catégories de services ;

«  - un ensemble d'éditeurs de services représentatifs d'une ou plusieurs catégories de services.

« La représentativité d'une organisation professionnelle ou d'un ensemble d'éditeurs de services s'apprécie notamment au regard du nombre d'opérateurs concernés ou de leur importance sur le marché considéré. S'il y a lieu de déterminer la représentativité d'une organisation professionnelle ou d'un ensemble d'éditeurs de services, ceux-ci fournissent au ministre chargé de la culture les éléments d'appréciation dont ils disposent.

« Art. 30-7. - Sont passibles de la sanction prévue au 2° de l'article 13 :

« 1° Le non-respect, lorsqu'il est applicable de plein droit, du délai prévu par le décret mentionné au second alinéa de l'article 30-4 et au troisième alinéa de l'article 30-5 ;

« 2° Le non-respect du délai prévu par un accord professionnel rendu obligatoire dans les conditions prévues à l'article 30-6. »

II. - 1. L'article 89 de la loi n° 82-652 du 29 juillet 1982 sur la communication audiovisuelle ainsi que les troisième et quatrième alinéas de l'article 79 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication sont abrogés à compter de la date d'entrée en vigueur du décret mentionné au second alinéa de l'article 30-4 du code de l'industrie cinématographique ou à compter de la date d'entrée en vigueur d'un arrêté du ministre chargé de la culture pris en application du premier alinéa de l'article 30-6 du même code.

2. L'article 70-1 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication est abrogé.

M. Michel Thiollière, rapporteur.  - Il faut encourager le développement de l'offre légale d'oeuvres culturelles pour ramener les internautes vers un usage licite d'internet. Nous fixons donc un cadre aux engagements pris par les professionnels en 2007 et donnons une base juridique solide à la chronologie des media afin de préserver le principe d'exploitations successives. Une priorité est assurée à la salle, bien sûr.

Aux professionnels de fixer librement les délais applicables, dans l'esprit des accords de l'Élysée et de la directive européenne. Toutefois, une application harmonisée des délais s'impose : les pouvoirs publics pourront étendre les accords suffisamment représentatifs du secteur d'activité concerné.

En outre, pour la vidéo et la vidéo à la demande, premiers modes d'exploitation après la salle, un délai réglementaire s'appliquera de plein droit à défaut d'accord professionnel ayant pu être étendu.

Mme la présidente.  - Sous-amendement n°101 à l'amendement n°50 de M. Thiollière, au nom de la commission des affaires culturelles, présenté par Mme Morin-Desailly et les membres du groupe UC.

Dans la première phrase du premier alinéa du texte proposé par le I de l'amendement n°50 pour l'article 30-4 du code de l'industrie cinématographique, après les mots :

expiration d'un délai

insérer les mots :

, compris entre trois mois et neuf mois,

Mme Catherine Morin-Desailly.  - Le développement de l'offre légale rendrait plus efficace la lutte contre le piratage. Or le projet de loi n'en dit rien et la concertation entre les professionnels est inexistante. Je ne suis pas certaine que la rédaction de l'amendement n°50 suffise à lever rapidement tous les obstacles.

La projection en salle est une étape importante car la salle est un lieu d'animation culturelle, de rencontre, de sociabilité, et nous disposons d'un parc de qualité, souvent réalisé avec l'aide des communes. Mais il convient de revoir la chronologie car, de nos jours, la durée d'exploitation effective en salle est plus brève que dans le passé. Les discussions entre professionnels ont achoppé sur le refus des exploitants-producteurs de réduire le délai entre la salle et la vidéo à moins d'un an.

L'amendement du rapporteur va dans le bon sens, il renforce la légitimité du projet de loi et il est conforme aux accords Olivennes. La loi ne comporte aucune indication sur le délai souhaitable avant l'ouverture de la fenêtre vidéo.

La fourchette que nous proposons dans le sous-amendement servira de jalon aux négociations entre les professionnels. Elle correspond aux usages en vigueur chez nos voisins.

Mme la présidente.  - Sous-amendement n°102 à l'amendement n°50 de M. Thiollière, au nom de la commission des affaires culturelles, présenté par Mme Morin-Desailly et les membres du groupe UC.

Rédiger comme suit le début du second alinéa du texte proposé par le I de l'amendement n°50 pour l'article 30-4 du code de l'industrie cinématographique :

« A compter du 31 mars 2009, un décret prévoira un délai...

Mme Catherine Morin-Desailly.  - Évitons la concertation éternelle ! Incitons les professionnels à se mettre d'accord !

Mme la présidente.  - Sous-amendement n°103 à l'amendement n°50 de M. Thiollière, au nom de la commission des affaires culturelles, présenté par Mme Morin-Desailly et les membres du groupe UC.

Après le texte proposé par le I de l'amendement n°50 pour l'article 30-5 du code de l'industrie cinématographique, insérer un article additionnel ainsi rédigé :

« Art. ... - Le contrat conclu par un éditeur de services de télévision pour l'acquisition de droits relatifs à la mise à disposition du public ou à la diffusion d'une oeuvre cinématographique prévoit le délai au terme duquel cette mise à disposition ou cette diffusion peut intervenir.

« Lorsqu'il existe un accord professionnel portant sur le délai applicable aux modes d'exploitation précités, le délai prévu par cet accord s'impose aux éditeurs de services et aux membres des organisations professionnelles signataires. Cet accord peut porter sur une ou plusieurs catégories de services. Il peut être rendu obligatoire à l'ensemble des intéressés des secteurs d'activité et des éditeurs de services concernés dans les conditions prévues à l'article 30-6.

Mme Catherine Morin-Desailly.  - La réglementation européenne encadre les possibilités d'intervention du législateur et du pouvoir exécutif. Il faut encourager les négociations professionnelles mais ce qui est prévu pour la télévision diffère de ce qui est prévu pour la vidéo.

Mme la présidente.  - Sous-amendement n°99 à l'amendement n°50 de M. Thiollière, au nom de la commission des affaires culturelles, présenté par le Gouvernement.

Supprimer le II de l'amendement n°50.

Mme Christine Albanel, ministre.  - Coordination avec l'amendement n°98 que je présenterai bientôt.

Mme la présidente.  - Sous-amendement n°91 à l'amendement n°50 de M. Thiollière, au nom de la commission des affaires culturelles, présenté par M. Retailleau, au nom de la commission des affaires économiques.

Compléter le 1° du II de l'amendement n°50 par les mots :

, et au plus tard à la date d'entrée en vigueur de la présente loi

Supprimer le II du texte proposé par l'amendement n°98 du Gouvernement pour insérer un article additionnel après l'article 10.

M. Bruno Retailleau, rapporteur pour avis.  - Je rectifie mon sous-amendement pour le rattacher à l'amendement n°98 du Gouvernement. La légitimité du présent texte serait renforcée par une chronologie resserrée, une chronologie du XXIe siècle et non plus du XXe. La proposition du rapporteur est mesurée, car on sait bien que certains décrets ne sont jamais publiés.

Est-il raisonnable de distinguer entre une fenêtre DVD, après six mois, et une fenêtre VOD, après sept mois et demi ? C'est une incitation au piratage !

Par un amendement prévoyant que la loi entre en vigueur six mois après sa promulgation, nous donnons aux professionnels un délai pour s'entendre, faute de quoi nous harmonisons les délais. Toutes les réunions proposées ont été annulées par les exploitants de salles. Il faut pourtant tenir compte de l'époque numérique dans laquelle nous sommes entrés !

Mme la présidente.  - Amendement n°98, présenté par le Gouvernement.

Après l'article 10, insérer un article additionnel ainsi rédigé :

I. - Sont abrogés :

1° L'article 89 de la loi n°82-652 du 29 juillet 1982 sur la communication audiovisuelle ;

2° L'article 70-1 ainsi que les troisième et quatrième alinéas de l'article 79 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication.

II. - Par dérogation au 1° du I et jusqu'à la date d'entrée en vigueur du décret mentionné au second alinéa de l'article 30-4 du code de l'industrie cinématographique dans sa rédaction issue de la présente loi ou la date d'entrée en vigueur d'un arrêté du ministre chargé de la culture pris en application du premier alinéa de l'article 30-6 du code de l'industrie cinématographique dans sa rédaction issue de la présente loi, les dispositions de l'article 89 de la loi n° 82-652 du 29 juillet 1982 sur la communication audiovisuelle restent applicables. Le non respect de ces dispositions est passible de la sanction prévue à l'article 30-7 du code de l'industrie cinématographique dans sa rédaction issue de la présente loi.

Mme Christine Albanel, ministre.  - L'amendement vise notamment à sécuriser sur le plan juridique le dispositif transitoire pour la vidéo. Le régime de la loi de 1982 est abrogé et le nouveau régime repose sur la conclusion d'accords professionnels. Il y aura dans l'intervalle un vide juridique. Le délai actuel est donc maintenu jusqu'à la mise en place du nouveau.

M. Jacques Legendre, président de la commission.  - Un mot de l'esprit dans lequel nous avons travaillé. Le législateur prend ses responsabilités en adoptant un régime efficace anti-piratage. Mais il souhaite que les internautes aient les meilleures raisons de ne pas recourir au piratage : une offre légale attrayante !

M. Christian Cointat.  - Absolument.

M. Jacques Legendre, président de la commission.  - Nous mettons en place un système de lutte contre la fraude. Aux professionnels de mettre en place l'offre légale. Tous ici, nous nous retrouvons autour de cette idée, si j'en juge par les amendements et sous-amendements présentés.

M. Christian Cointat.  - Très bien.

Mme la présidente.  - Amendement n°135, présenté par M. Lagauche et les membres du groupe socialiste, apparentés et rattachés.

I. - Après l'article 9, insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Dans la seconde phrase de l'article 89 de la loi n° 82-652 du 29 juillet 1982 sur la communication audiovisuelle, les mots : « six et dix-huit mois » sont remplacés par les mots : « quatre et neuf mois ».

II. - En conséquence, faire précéder cet article d'une division additionnelle ainsi rédigée :

Chapitre...

Dispositions modifiant la loi n° 82-652 du 29 juillet 1982 sur la communication audiovisuelle

M. Serge Lagauche.  - Les délais sont inadaptés. La loi de 1982 disposait que l'exploitation d'une oeuvre cinématographique sur un support vidéo ne pouvait se faire avant un délai compris entre six et dix-huit mois après délivrance du visa d'exploitation.

Le décret a ensuite fixé le délai à un an.

Le protocole est aujourd'hui caduc pour la vidéo à la demande. L'augmentation du nombre des sorties en salle s'est accompagnée d'une rotation plus rapide de sorte que les films réalisent 90 % de leurs produits dans les cinq semaines de leur sortie. Dans ces conditions, le délai de six mois pour les vidéos favorise le piratage : on crée une fenêtre pour les pirates ! Un réaménagement de la chronologie permettrait en outre de lutter contre les importations illicites. C'est une tâche urgente à laquelle nous nous attachons avec cette proposition. L'amendement n°50 du rapporteur va dans le même sens mais il ne fixe aucune limite temporelle : que se passera-t-il si les discussions sont stériles ? Un tiens vaut mieux que deux tu l'auras, et notre amendement favoriserait un accord sur une chronologie réformée des media.

M. Michel Thiollière, rapporteur.  - Son président a bien dit l'esprit dans lequel a travaillé la commission. On comprendra qu'elle souhaite le retrait des sous-amendements n°s101 et 102, que sa sagesse sur le sous-amendement n°103 est très positive, qu'elle donne un avis favorable au sous-amendement n°99, qu'elle souhaite le retrait du n°91 rectifié, qu'elle soit favorable à l'amendement n°98 mais non au n°135, d'ailleurs satisfait par le sien.

Mme Christine Albanel, ministre.  - Le sous-amendement n°101, en établissant une fourchette, gênerait la cohérence et l'homogénéité du dispositif : mieux vaut avoir une approche globale. S'agissant du sous-amendement n°102, le Gouvernement doit pouvoir apprécier le moment le plus opportun pour fixer les délais par décret. Sagesse sur le sous-amendement n°103 mais avis défavorable au n°91 rectifié qui créerait un vide juridique tant qu'un nouvel accord n'aurait pas été conclu. L'amendement n°50 permet un réaménagement global qui suppose une concertation avec les professionnels. Avis défavorable, enfin, à l'amendement n°135.

Mme Catherine Morin-Desailly.  - Je n'ai pas été convaincue par les explications du rapporteur car l'intervention du président de la commission allait plutôt dans le sens que nous voulons, à savoir des garanties sur la nouvelle chronologie des media. L'engagement du législateur est fort et il va bientôt se traduire en termes budgétaires. Dans ces conditions, il est naturel qu'il y ait des contreparties pour garantir l'équilibre et l'efficacité du projet. Il ne faudra pas attendre bien longtemps car c'est immédiatement que l'offre devra être riche et diversifiée et cela, dans les délais du XXIe siècle. Je suis prête à retirer mon sous-amendement n°101 pour permettre une approche globale mais je maintiens le n°102, qui fixe un délai, et le n°103. Il faut que le débat vive jusqu'à la commission mixte paritaire.

Le sous-amendement n°101 est retiré.

Le sous-amendement n°102 est adopté.

Mme Christine Albanel, ministre.  - Je vous entends sur l'impact du projet ; l'enjeu est en effet considérable. Cependant, multiplier des délais trop précis irait à l'encontre de la directive « services audiovisuels » : il y aurait un risque par rapport à Bruxelles. Dès que le projet sera adopté, je convoquerai une réunion des professionnels sur la chronologie des media.

M. Jacques Legendre, président de la commission.  - Très bien !

M. Serge Lagauche.  - Voilà un an que les accords de l'Élysée ont été signés : cela laissait la possibilité de rencontres. On aurait pu faire en sorte que tout soit cadré mais on nous met le couteau sous la gorge, ce qui est inadmissible. Nous devons marquer notre volonté car il y va de l'ensemble du système audiovisuel.

présidence de M. Jean-Claude Gaudin,vice-président

M. Christian Cointat.  - J'ai voté le sous-amendement n°102 et, à titre personnel, je comprends la proposition de M. Lagauche. Les humoristes disent que la meilleure façon de supprimer la tentation est d'y succomber. Mais on sort alors du cercle vertueux dans lequel la loi doit se situer. Pour y rester, il convient plutôt de faire baisser l'intensité de la tentation et, en l'occurrence, de réduire les délais. Je souscris à l'explication du président Legendre sur l'esprit dans lequel a travaillé la commission et, parce qu'une réponse est nécessaire, on doit non pas placer le couteau sous la gorge des professionnels mais les mettre au pied du mur. Quand je vais à Bruxelles, rien ne me met plus en colère que de voir les DVD en flamand alors que la version française doit attendre six mois ; de même à Luxembourg, on trouve la version allemande mais non la française. Notre langue pâtit de ce retard. Je ne puis en revanche rejoindre M. Lagauche car quoique les films réalisent l'essentiel de leurs recettes en salle en quelques semaines, les gens n'iraient plus au cinéma si les DVD sortaient trop vite.

C'est la raison pour laquelle j'étais séduit par un délai de quatre mois qui me semblait à la fois suffisamment long pour protéger la sortie en salle et suffisamment court pour que les films en langue française puissent affronter la concurrence linguistique des autres pays. Sur cette question, nous devons être prudents tout en étant audacieux pour encourager la francophonie, l'un des buts, ce me semble, de ce projet de loi. J'aurais donc été favorable au sous-amendement n°101 s'il avait proposé un délai compris entre quatre et six mois.

J'ai soutenu le sous-amendement n°102, qui fixe une date limite de négociation au 31 mars 2009, parce qu'il donnera au Gouvernement les moyens d'agir avec souplesse dans le sens d'un raccourcissement des délais. Bref, je me rallie à la position de la commission des affaires culturelles.

Le sous-amendement n°103 est adopté, ainsi que le sous-amendement n°99.

M. Bruno Retailleau, rapporteur pour avis.  - Je retire le sous-amendement n°91 rectifié puisque les sous-amendements de Mme Morin-Desailly ont été adoptés.

Le sous-amendement n°91 est retiré.

L'amendement n°50, sous-amendé, est adopté et devient un article additionnel.

L'amendement n°98 est adopté et devient un article additionnel.

L'amendement n°135 devient sans objet.

M. le président.  - Amendement n°60, présenté par Mme Morin-Desailly et les membres du groupe UC.

Après l'article 9, insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Dans un délai de six mois à compter de l'entrée en vigueur de la présente loi, les organisations professionnelles du secteur du phonogramme s'accordent par voie d'accord professionnel sur la mise en place d'un standard de mesures techniques assurant l'interopérabilité des fichiers musicaux et sur la mise à disposition de catalogues d'oeuvres musicales en ligne sans mesures techniques de protection.

Mme Catherine Morin-Desailly.  - Cet amendement reflète le même état d'esprit que les précédents ; il s'agit de revenir à l'équilibre trouvé lors des accords de l'Élysée entre lutte contre le piratage et développement de l'offre légale en ligne. De fait, au regard de la liberté qu'offrent les supports physiques, l'offre légale est aujourd'hui insuffisante et insatisfaisante, à cause des mesures techniques de protection, les DRM -point souligné dans le rapport de M. Olivennes. Améliorer l'interopérabilité est un préalable nécessaire à l'adhésion au principe de la riposte graduée. D'où cet amendement qui invite les professionnels à supprimer les mesures qui font obstacle à une utilisation normale des fichiers musicaux.

Je gage que l'on m'opposera que ces professionnels, dans le cadre des accords passés sous l'autorité de M. Olivennes, se sont déjà engagés à supprimer les DRM. Mais ils n'en sont qu'au stade de l'expérimentation et attendraient que ce projet de loi soit adopté... En quelque sorte, c'est le serpent qui se mort la queue ! En tant que législateurs, nous avons le devoir d'inviter, voire d'imposer, aux industriels la levée des verrous numériques en contrepartie de notre engagement à lutter contre le piratage.

M. Michel Thiollière, rapporteur.  - Même chose que pour la chronologie des media : nous sommes pour tout ce qui facilitera le développement de l'offre légale, donc la suppression des DRM. Avis favorable.

Mme Christine Albanel, ministre.  - La question des DRM et de l'industrie musicale ne se pose pas dans les mêmes termes que celle de la chronologie des media. Lors des accords de l'Élysée, les professionnels se sont engagés à supprimer les DRM avec un an d'avance. Pourquoi y revenir ? Avis défavorable.

L'amendement n°60 est adopté et devient un article additionnel.

M. le président.  - Amendement n°144, présenté par M. Renar et les membres du groupe CRC.

Après l'article 9, insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Le premier alinéa de l'article L. 331-5 du code de la propriété intellectuelle est ainsi rédigé :

« Les mesures techniques de protection destinées à empêcher ou à limiter les utilisations non autorisées par les titulaires d'un droit d'auteur ou d'un droit voisin du droit d'auteur d'une oeuvre, autre qu'un logiciel, d'une interprétation, d'un programme destinés à la vente au détail, sont admises dans les seules conditions prévues au présent titre, et ce, jusqu'au 31 décembre 2009 pour la musique et au 31 décembre 2011 pour les oeuvres cinématographiques. »

M. Ivan Renar.  - Si le piratage cause un énorme préjudice aux créateurs et aux entreprises culturelles, les mesures techniques de protection constituent également un frein considérable au développement de l'offre légale en ce qu'elles limitent l'interopérabilité, c'est-à-dire l'usage des fichiers et, donc, l'intérêt du consommateur. Les industries culturelles, parce qu'elles mesurent le danger qui les menace, se sont décidées avec pragmatisme, et non par philanthropie, à retirer les DRM des productions de leurs catalogues. Avec cet amendement, nous souhaitons accélérer ce mouvement en faisant figurer les objectifs dans la loi.

M. Michel Thiollière, rapporteur.  - Cet amendement est satisfait par le n°60 qui vient d'être adopté, sagesse.

Mme Christine Albanel, ministre.  - La mise en place des DRM relevant d'une stratégie industrielle internationale, imposer leur suppression en France semble difficile. Au reste, les industriels ont déjà pris des engagements lors des accords de l'Élysée. Avis défavorable.

L'amendement n°144 n'est pas adopté.

M. le président.  - Amendement n°158, présenté par M. Renar et les membres du groupe CRC.

Après l'article 9, insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Après le premier alinéa de l'article L. 113-3 du code de la consommation, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :

« Tout vendeur de phonogramme ou vidéogramme, mais également de fichier de film ou de musique par voie (vidéo à la demande, achat de musique en ligne) doit, par voie de marquage, étiquetage ou affichage, ou par tout autre procédé approprié, informer le consommateur de la part revenant à la création sur le prix de vente. »

M. Ivan Renar.  - Afficher la part revenant au créateur lors de l'achat d'un produit culturel permettrait d'inculquer aux consommateurs, notamment aux plus jeunes, le respect du droit d'auteur. La culture est trop souvent perçue au travers du prisme trompeur de la gratuité. Or elle n'est pas gratuite, de même que les supports ne sont pas entièrement dématérialisés puisque phonogrammes et vidéogrammes ont laissé la place aux ordinateurs, clefs USB et autres I-Pod. Par ailleurs, symboliquement, ce serait remettre les créateurs au centre de cette industrie et montrer que nous légiférons avant tout pour eux et non dans l'intérêt d'une industrie contre une autre.

M. Michel Thiollière, rapporteur.  - Je comprends les préoccupations des auteurs de cet amendement mais il sera difficile à mettre en oeuvre. Avis défavorable.

Mme Christine Albanel, ministre.  - L'intention est louable mais l'application malaisée. Comment calculer cette « part création » ? De surcroît, une concertation préalable et approfondie sur ce sujet est indispensable avant de légiférer. Avis défavorable.

L'amendement n°158 n'est pas adopté.

Article additionnel

M. le président.  - Amendement n°92, présenté par M. Retailleau, au nom de la commission des affaires économiques.

Avant l'article 10, insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Le 3° de l'article 7 du code de l'industrie cinématographique est complété par une phrase ainsi rédigée :

« A ce titre, toute oeuvre cinématographique, pour laquelle une aide du centre national est susceptible d'être accordée, doit être destinée, en plus de sa distribution usuelle, à une première exploitation sur un service offrant l'accès à des oeuvres cinématographiques sur demande individuelle formulée par un procédé de communication électronique ; ».

M. Bruno Retailleau, rapporteur pour avis.  - Serait ainsi transcrit dans la loi l'un des engagements pris en novembre 2007 à l'occasion des accords de l'Élysée : les films bénéficiant d'une aide publique via le Centre national de la cinématographie (CNC) seraient mis à disposition en vidéo à la demande (VOD) dans les délais prévus.

M. Michel Thiollière, rapporteur.  - C'est une bonne idée mais il vaut mieux l'inscrire dans la loi sur l'audiovisuel, que nous devons prochainement examiner. Pour ces raisons, j'en propose le retrait ou le rejet.

Mme Christine Albanel, ministre.  - Même avis.

M. Bruno Retailleau, rapporteur pour avis.  - Lorsqu'on fera la liste des mesures en faveur de l'offre légale, la besace sera légère...

L'amendement n°92 est retiré.

L'article 10 est adopté.

Articles additionnels

M. le président.  - Amendement n°159, présenté par M. Renar et les membres du groupe CRC.

Après l'article 10, insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Le chapitre II du titre unique du livre II du code de la propriété intellectuelle est complété par deux articles L. 212-12 et L. 212-13 ainsi rédigés :

« Art. L.212-12. - Les auteurs et artistes interprètes des oeuvres fixées sur phonogrammes ou vidéogrammes ont droit à une rémunération proportionnelle aux recettes générées par la commercialisation d'espaces publicitaires effectuée directement ou indirectement par les services de communication au public en ligne ou toute autre personne qui procèdent, à titre habituel, à la mise à disposition par tous moyens, y compris la location et la vente, desdites oeuvres, à titre gratuit ou onéreux, sur des réseaux de communications en ligne.

« Cette rémunération est due aux auteurs et artistes-interprètes, sans préjudice de leur droit moral, par lesdits services de communication au public en ligne, ou tout autre bénéficiaire, sur les recettes publicitaires issues de la publicité d'un produit ou service, n'ayant pas pour objet la promotion de l'oeuvre protégée et diffusée à l'occasion de cette mise à disposition.

« Ce droit à rémunération, auquel l'auteur et l'artiste interprète ne peuvent renoncer, est indépendant de toute cession de leurs droits au producteur et des rémunérations prévues à l'article L. 212-3

« Art. L. 212-13 - La rémunération prévue à l'article L. 212-12 est perçue pour le compte des auteurs et artistes-interprètes par un ou plusieurs organismes mentionnés au titre II du livre III.

« Elle est répartie entre les auteurs et les artistes-interprètes par les organismes mentionnés à l'alinéa précédent à partir des déclarations desdites recettes publicitaires.

« Son montant et les règles de déclaration et de répartition sont fixées par décret en Conseil d'État. »

M. Ivan Renar.  - Les droits d'auteur et les droits voisins doivent être résolument placés au coeur du texte. Internet a bouleversé la consommation de la culture, donc les revenus des auteurs et artistes interprètes, du fait des internautes mais aussi des fournisseurs d'accès, qui ont utilisé les contenus culturels comme produits d'appel.

Aujourd'hui, les tarifs de vente des espaces publicitaires accolés à un contenu protégé dépendent du nombre de connexions au site mais aussi de la valeur commerciale desdits contenus, elle-même liée à la personnalité de l'auteur ou de l'artiste-interprète. Ces publicités procurent des rémunérations dont aucune part n'est reversée aux auteurs ni aux artistes interprètes, bien qu'ils en soient les supports.

Nous proposons qu'une rémunération complémentaire soit attachée à la personne de l'auteur ou de l'artiste indépendamment de la cession de ses droits au producteur, conformément au concept de juste rémunération inscrit dans la directive européenne du 12 décembre 2006. Cela comblerait l'insuffisante rétribution que les auteurs et artistes reçoivent pour l'usage licite de leur production en ligne en regard des recettes perçues. Cette juste rémunération ne passe pas exclusivement par la lutte contre le téléchargement illégal.

M. Michel Thiollière, rapporteur.  - Je ne conteste pas le bien-fondé de cette démarche mais, actuellement, cet aspect relève du contrat. Quel est l'avis du Gouvernement ?

Mme Christine Albanel, ministre.  - Il partage la volonté de verser aux artistes la rémunération due pour leurs oeuvres mais ce dispositif suppose une concertation préalable approfondie. Avis défavorable.

L'amendement n°159 n'est pas adopté.

L'article 11 est adopté.

M. le président.  - Amendement n°93, présenté par M. Retailleau, au nom de la commission des affaires économiques.

Après l'article 11, ajouter un article additionnel ainsi rédigé :

Les dispositions de la présente loi entrent en vigueur six mois après sa publication.

M. Bruno Retailleau, rapporteur pour avis.  - La bonne application de cette loi suppose que toutes les parties prenantes aient pu s'y préparer. Ainsi, la nouvelle autorité devra labelliser les moyens de sécurisation puis les internautes devront les installer pour pouvoir s'exonérer en cas de piratage.

On peut fixer un autre délai mais il est clair que le dispositif ne pourra s'appliquer immédiatement.

M. Michel Thiollière, rapporteur.  - Nous souhaitons que les mesures adoptées soient mises en oeuvre rapidement. On pourrait rectifier l'amendement pour préciser que la loi entrera en vigueur « au plus tard six mois » après sa promulgation.

Mme Christine Albanel, ministre.  - J'y serais alors favorable.

M. Bruno Retailleau, rapporteur pour avis.  - Il faut un délai minimum, peut-être inférieur à six mois. Mais la rectification que M. le rapporteur nous propose tend vers l'inverse ! (Sourires)

Mme Christine Albanel, ministre.  - Outre qu'il n'est pas indispensable de fixer une date couperet, un délai trop long entre la promulgation et l'entrée en vigueur risque de favoriser les téléchargements frauduleux.

L'amendement n°93 est retiré.

Article additionnel avant l'article premier(précédemment réservé)

M. le président.  - Amendement n°145, présenté par M. Renar et les membres du groupe CRC.

Avant l'article premier, insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Dans le code de la propriété intellectuelle, il est inséré un article L. 214-6 ainsi rédigé :

« Art. L. 214-6. - Les rémunérations prévues aux articles L. 214-1 à L. 214-5 pour les activités prévues aux articles L. 122-2-2 et L. 122-3 doivent être effectuées sur la base d'une information claire et précise sur la vente ou l'usage des oeuvres, programmes et vidéo-programmes concernés. »

M. Ivan Renar.  - M. Cointat a parlé de cercle vertueux. Tout près d'ici, à la Huchette, on joue depuis des dizaines d'années La cantatrice chauve de Ionesco, pièce où l'un des protagonistes dit : « Prenez un cercle, caressez-le, il deviendra vicieux. » (Rires) En attendant, la boucle est bouclée : nous sommes revenus à la case départ. Lorsqu'on rencontre cette situation au jeu de l'oie, nul ne peut dire qui a gagné ni qui a perdu...

L'un des grands déséquilibres de ce projet de loi tient à ce qu'il privilégie les droits de la propriété intellectuelle et la sanction, mais nous avons la désagréable impression qu'il défend surtout les intérêts des majors de l'industrie culturelle, au détriment des petits labels, des PME, des auteurs et des internautes. Ainsi, la juste rémunération des créateurs est négligée.

Je n'évoquerai pas ici les contrats, souhaitant juste assurer la transparence dans la rémunération des ayants droit. Il est fréquent que des oeuvres soient diffusées dans les media sous forme de licence ou de forfaits. Ainsi, une chaîne radiophonique ayant signé un accord avec un organisme collecteur verse une somme fixe, quels que soient les artistes effectivement diffusés, à charge pour l'organisme collecteur d'en redistribuer le montant au prorata des diffusions. Or, l'information est souvent partielle, voire absente.

Nous proposons que les utilisateurs fournissent des statistiques précises sur les titres diffusés afin que la répartition entre ayants droit soit équitable.

M. Michel Thiollière, rapporteur.  - La commission souhaite connaître l'avis du Gouvernement.

Mme Christine Albanel, ministre.  - Le Gouvernement souhaite que la rémunération des ayants droit soit parfaitement transparente et fixée sur la base d'éléments objectifs liés à la diffusion des oeuvres, mais tel est déjà le cas dans les dispositifs conventionnels en vigueur. En outre, cette question relève du domaine réglementaire.

L'amendement n°145 n'est pas adopté.

Article premier (précédemment réservé)

Le code de la propriété intellectuelle est modifié conformément aux dispositions suivantes :

I. - Au quatrième alinéa de l'article L. 331-5, les mots : « aux articles L. 331-6 et L. 331-7 » sont remplacés par les mots : « au 1° de l'article L. 331-37 et à l'article L. 331-38 ».

II. - A l'article L. 331-6, les mots : « L'Autorité de régulation des mesures techniques visées à l'article L. 331-17 veille » sont remplacés par les mots : « Elle veille ».

III. - Dans l'ensemble de l'article L. 331-7, les mots : « l'autorité » et « l'Autorité de régulation des mesures techniques » sont remplacés par les mots : « la Haute autorité ».

IV. - L'article L. 331-8 est ainsi modifié :

1° Au premier alinéa de l'article L. 331-8, les mots : « au présent article est garanti par les dispositions du présent article et des articles L. 331-9 à L. 331-16 » sont remplacés par les mots : « au 2° de l'article L. 331-37 est garanti par les dispositions des articles L. 331-7 à L. 331-10 et L. 331-39 à L. 331-41 » ;

2° Au deuxième alinéa, les mots : « L'Autorité de régulation des mesures techniques visée à l'article L. 331-17 veille » sont remplacés par les mots : « Elle veille » ;

3° Au dernier alinéa, les mots : « des articles L. 331-9 à L. 331-16, l'autorité » sont remplacés par les mots : « des articles L. 331-7 à L. 331-10 et L. 331-39 à L. 331-41, la Haute autorité ».

V. -  Au premier alinéa de l'article L. 331-9, les mots : « à l'article L. 331-8 » sont remplacés par les mots : « au 2° de l'article L. 331-37 ».

VI. -  A l'article L. 331-10, les mots : « l'article L. 331-9 » sont remplacés par les mots : « l'article L. 331-7 ».

VII. -  A l'article L. 331-13, les mots : « à l'article L. 331-8 » sont remplacés par les mots : « au 2° de l'article L. 331-37 », et les mots : « l'Autorité de régulation des mesures techniques » sont remplacés par les mots : « la Haute autorité ».

VIII. -  A l'article L. 331-14, les mots : « l'Autorité de régulation des mesures techniques » sont remplacés par les mots : « la Haute autorité ».

IX. -  Dans l'ensemble de l'article L. 331-15, les mots : « l'autorité » et « l'Autorité de régulation des mesures techniques » sont remplacés par les mots : « la Haute Autorité ».

X. -  A l'article L. 331-16, les mots : « la présente section » sont remplacés par les mots : « la présente sous-section » et les mots : « l'article L. 331-12 » sont remplacés par les mots : « l'article L. 331-10 ».

XI. -  L'article L. 331-17 est ainsi modifié :

« 1° La première phrase du premier alinéa est supprimée ;

« 2° Au premier alinéa, les mots : « Elle assure une mission de veille » sont remplacés par les mots : « Au titre de sa mission de régulation et de veille » ;

« 3° Au premier alinéa, après les mots : « droits voisins » sont insérés les mots : « , la Haute autorité exerce les fonctions suivantes : » ;

« 4° Au deuxième alinéa, les mots : « Elle rend compte chaque année, dans un rapport remis au Gouvernement et au Parlement, » sont remplacés par les mots : « La Haute autorité rend compte » ;

« 5° Au deuxième alinéa, les mots : « dans ce domaine » sont remplacés par les mots : « dans le domaine des mesures techniques de protection et d'identification des oeuvres et des objets protégés » ;

« 6° Au troisième alinéa, les mots : « de l'article L. 331-8 » sont remplacés par les mots : « du 2° de l'article L. 331-37 » ;

« 7° Au troisième alinéa, les mots : « l'article L. 331-7 » sont remplacés par les mots : « l'article L. 331-38 ».

XII. -  Les articles L. 331 6 à L. 331-17 et l'article L. 331-22 font l'objet de la nouvelle numérotation suivante :

« 1° L'article L. 331-6 devient le 1° de l'article L. 331-37 ;

« 2° L'article L. 331-7 devient l'article L. 331-38 ;

« 3° Le premier alinéa de l'article L. 331-8 devient l'article L. 331-6 ;

« 4° Les alinéas deux et suivants de l'article L. 331-8 deviennent le 2° de l'article L. 331-37 ;

« 5° L'article L. 331-9 devient l'article L. 331-7 ;

« 6° L'article L. 331-10 devient l'article L. 331-8 ;

« 7° L'article L. 331-11 devient l'article L. 331-9 ;

« 8° L'article L. 331-12 devient l'article L. 331-10 ;

« 9° L'article L. 331-13 devient l'article L. 331-39 ;

« 10° L'article L. 331-14 devient l'article L. 331-40 ;

« 11° L'article L. 331-15 devient l'article L. 331-41 ;

« 12° L'article L. 331-16 devient l'article L. 331-43 ;

« 13° Le premier alinéa de l'article L. 331-17 devient le premier alinéa de l'article L. 331-37 ;

« 14° Les deuxième et troisième alinéas de l'article L. 331-17 deviennent l'article L. 331-42 ;

« 15° L'article L. 331-22 devient l'article L. 331-11 ».

XIII. -  Les articles L. 331-18 à L. 331-21 sont abrogés.

L'amendement n°162 est retiré.

M. le président.  - Amendement n°1, présenté par M. Thiollière, au nom de la commission des affaires culturelles.

Remplacer les 4° à 7° du XI de cet article par trois alinéas ainsi rédigés :

4° Les deux derniers alinéas sont ainsi rédigés :

« La Haute autorité peut être saisie pour avis par l'une des personnes visées à l'article L. 331-38 de toute question relative à l'interopérabilité des mesures techniques.

« Elle peut également être saisie pour avis par une personne bénéficiaire de l'une des exceptions mentionnées au 2° de l'article L. 331-37 ou par la personne morale agréée qui la représente, de toute question relative à la mise en oeuvre effective des exceptions. »

M. Michel Thiollière, rapporteur.  - La Haute autorité pourrait donc être saisie pour avis, dans le cadre de la mission de régulation correspondant à celle actuellement exercée par l'ARMT. Il peut s'agir de différends résultant d'un refus d'accès aux informations indispensables à l'interopérabilité ou portant sur les restrictions apportées par les mesures techniques de protection.

Cependant, l'ARMT n'a jamais fait l'objet d'une telle saisine. Les coûts de la procédure, mis à la charge du demandeur en cas de rejet de sa demande, ont sans doute freiné cette régulation publique. C'est pourquoi il est opportun d'ajouter une saisine pour avis pouvant clarifier la situation.

Le décret d'application prévu à l'article L. 331-16 fixerait les conditions dans lesquelles l'autorité répondrait.

L'amendement n°1, accepté par le Gouvernement, est adopté.

M. le président.  - Amendement n°2, présenté par M. Thiollière, au nom de la commission des affaires culturelles.

Supprimer le XIII de cet article.

M. Michel Thiollière, rapporteur.  - Il convient de supprimer des dispositions superfétatoires : les articles sont implicitement abrogés car réécrits à l'article 2.

L'amendement n°2, accepté par le Gouvernement, est adopté.

L'article premier, modifié, est adopté.

Explications de vote

M. Jack Ralite.  - Je ne peux m'empêcher d'exprimer, à la fin de ce débat qui a connu des moments très intéressants, un certain malaise et une certaine insatisfaction. Il a beaucoup été question de technique, de juridique mais fort peu de politique, de société et surtout, de valeurs ! Comme l'a dit il y a déjà un certain temps Georges Balandier : « Nous sommes dans l'obligation de civiliser les nouveaux nouveaux mondes issus de l'oeuvre civilisatrice ». On ne peut répondre à cette exigence exclusivement de façon juridique.

Nous vivons des changements importants et, lorsqu'une loi arrive, on a envie de ne pas être, comme disait René Char, inaccompli. Les défis sont nombreux, défi démocratique, défi de création, défi scientifique, numérique. Et puis, il est nécessaire de voir, dans ces nouveaux nouveaux mondes, le rôle que jouent les nouvelles technologies. Elles ont en quelque sorte usurpé leur place dans le rapport si fondamental entre science et société. La science apporte le doute et fait douter. Or les nouvelles technologies, qui ne datent d'ailleurs pas d'aujourd'hui, se substituent aux sciences et organisent comme un fatum sur la vie sociale. Leurs propriétaires, c'est-à-dire les grandes affaires, s'en servent. J'assistais récemment à un colloque au Sénat sur les nouvelles technologies. M. Madelin disait qu'elles étaient naturelles comme la gravitation universelle. C'est énorme, comme bêtise, mais c'est cette bêtise-là qui marque les esprits. En même façon Alain Minc, à l'Unesco, disait que le marché est naturel comme la marée. Dans les deux cas, l'homme est exclu. Il devient un être subsidiaire et on lui demande d'obéir aux nouvelles technologies.

Pour ma part, je refuse l'impérialisme des nouvelles technologies et ceux qui s'en servent contre les hommes plutôt que de les utiliser au service des hommes. Mais les grands propriétaires font exactement l'inverse.

Les accords de l'Élysée n'ont exclusivement trait qu'au marché : tous les participants étaient soient des laudateurs du marché, soit ceux qui ne pouvaient s'en passer. J'ai dit à M. Olivennes, lors d'une rencontre à la SACD, que cette loi ne marcherait pas et que je le trouvais drôlement gentil. Il m'a répondu que non, il n'était pas gentil, mais cynique. « J'ai saisi une opportunité ». C'est vraiment aborder le problème par le petit bout de la lorgnette ! Pascal Nègre estime, lui aussi, que ce texte ne marchera pas. Alors, qui veut-on tromper ? Dans la vie, l'argent intervient de diverses manières. Il peut provenir d'un don, d'une vente, d'une transmission. Les auteurs, quant à eux, oeuvrent pour la construction du patrimoine symbolique de la société. Ils transmettent : le marché ne peut tout régler. Eh oui, il existe des activités hors marché !

Que gagnent les auteurs avec les nouvelles technologies ? Sur la plate-forme de téléchargement légal e-Tube, un morceau de musique est vendu 0,99 centime, toutes taxes comprises et l'auteur ne perçoit que 0,07 centime. Pour un abonnement mensuel de 12 euros, Orange music max propose 500 titres, soit 0,02 centime par chanson téléchargée ce qui est 35 fois moins cher que chez e-Tube. Certes, les majors avancent, mais se préoccupent-ils vraiment de la part revenant aux auteurs et aux artistes ? Je ne parle même pas du droit moral dont on ne parle plus et qui exige pourtant que l'on mène une bataille démocratique pour le défendre.

Ces nouvelles technologies ne sont pas stables : elles évoluent. Le site Deezer permet désormais une écoute en continu sans téléchargement et il bat en brèche l'hégémonie des sites classiques.

Ce texte est obnubilé par le fatum, il ne tient pas compte de la vie. Je vous le dis : ce projet de loi ne marchera pas. Et je crains fort qu'après l'échec de la loi précédente, puis l'échec de celle-ci, le Gouvernement ne nous dise, à un moment ou à un autre, qu'il faudra bien revenir sur le droit d'auteur. Nous ne construisons rien de solide pour les auteurs : c'est très grave.

J'ai évoqué la question des valeurs. Quand je bois de l'eau, je la paye. Certes, il ne s'agit pas du même produit, de la même réalité, mais je ne peux accepter une captation sans rémunération pour les auteurs.

Mais quand même, ne tombons pas dans l'excès inverse : 37 jeunes sont en train de passer au tribunal de Nanterre pour avoir téléchargé illégalement des oeuvres et des logiciels en 2003. Le procureur et les plaignants, dont Microsoft, la société de diffusion du film et la société de vidéo réclament des sommes pharaoniques : 750 euros par film ! Un de ces jeunes me racontait qu'à l'époque, six gendarmes, qui l'avaient mis sur écoute de mai à octobre, sont arrivés au domicile de son père et ont saisi tout le matériel dont dix DVD sur lesquels il y avait 19 films et dix autres DVD sur lesquels étaient gravés dix logiciels de jeux. Depuis cette date, ce jeune homme n'a pu quitter l'Ile-de-France sans demander une autorisation expresse quinze jours avant, et tous les mois, il a dû se rendre au commissariat d'Aubervilliers. Et puis, il faut bien dire que la société leur offre un sacré spectacle ! Ce n'est pas la crise actuelle qui va me démentir ! Où sont les valeurs des grands groupes qui depuis des années nous disent : il faut déréguler, ce sera le bonheur ? Ces jeunes, ils dérégulent pour un petit bonheur et on les condamne ensuite !

Un immense travail d'éducation reste à faire. Mais les grandes affaires n'ont pas de valeur et qu'elles ne viennent pas s'excuser aujourd'hui. Nous ne leur pardonnerons pas. Quand un peuple leur abandonne son imaginaire, il se condamne à des libertés précaires.

En ce moment, ce n'est pas le soleil qui tourne autour de la terre, mais l'argent !

Bien évidemment, j'ai apprécié le travail des deux rapporteurs : leurs dossiers serviront encore. Mais cela ne suffit pas pour crier hip hip hip hourra ! Lorsque nous avons examiné la précédente loi, le ministre était heureux et nous disait que la France allait être un exemple pour l'Europe !

Ce que j'ai entendu tout à l'heure n'était pas bien loin d'un tel satisfecit... M. Renar avait alors demandé qu'au terme de deux ans d'applications, on évalue la pertinence de ce dispositif. Cela lui fut refusé... Ce projet constituerait un moindre mal ? Mais on ne fait pas l'histoire avec un moindre mal ! On la fait avec des choix nets, précis, acquis.

Notre groupe, qui avait opposé un non catégorique à la loi DADVSI, dit aujourd'hui que l'on aurait pu mieux faire et s'abstiendra sur ce texte. Mais son abstention reste combative !

Mme Catherine Morin-Desailly.  - Ce texte constructif vient dans le prolongement d'un processus entamé il y a quelques mois, et qui avait permis la signature des accords de l'Élysée. Nous avons su éviter les écueils et le psychodrame que nous avons connu lors des débats sur la loi DADVSI, sur lequel le groupe UC s'était partagé entre vote contre et abstention.

S'il innove en matière de lutte contre le piratage, il restait pourtant perfectible : dans un domaine qui évolue à grande vitesse, nous n'avons pas toutes les réponses. M. Retailleau, rapporteur pour avis, a su soulever des questions importantes sur lesquelles il conviendra de rester vigilant. Des failles demeurent en effet dans l'équilibre entre droits et devoirs des internautes. Nous nous félicitons cependant de l'adoption de nos amendements motivant les recommandations, interdisant la double action ou garantissant une riposte graduelle. Si nous nous sommes ralliés à l'amendement de Mme Tasca permettant à l'internaute d'adresser ses observations à l'Hadopi, nous regrettons cependant que notre amendement visant à permettre à l'internaute de contester une décision n'ait pas été retenu.

Reste que dans l'ensemble, en sécurisant la procédure pour garantir les droits de la défense, nous sommes allés dans le bon sens.

Les accords de l'Élysée visaient à assurer l'équilibre entre riposte graduée et développement de l'offre légale : n'en oublions pas l'esprit, car ce n'est qu'en envoyant un message positif aux internautes qu'on fera accepter ce texte, alors que les pratiques évoluent à grand pas...

Le consensus auquel nous sommes parvenus sur la question de la chronologie des media et la suppression du DRM nous satisfait : si nous ne tentons rien aujourd'hui, c'est tout un pan de la création qui sera demain menacé. Les acteurs culturels ont perçu l'évolution des mentalités et compris les défis que lance le phénomène de l'internet. Nous devons unir nos efforts pour qu'émergent des modèles économiques porteurs pour la création. Un monde nouveau s'ouvre qui, contrairement au sentiment de M. Ralite, ne nous fait pas peur, pour autant que nous sachions en assurer l'encadrement. Avec ce texte, les parlementaires que nous sommes prennent leurs responsabilités. Le dispositif original que nous avons retenu illustre notre volonté, commune avec celle du Gouvernement, de faire exister un lieu de médiation dont les missions ont été utilement complétées grâce à l'initiative de notre rapporteur. Nous sommes ainsi parvenus à un texte équilibré, que le groupe UC votera.

M. Serge Lagauche.  - Ce débat a démontré combien il est difficile de concilier les intérêts des industries culturelles avec ceux d'une population de plus en plus nombreuse qui passe une grande partie de son existence en ligne. Aussi est-on en droit de s'étonner de l'attitude du Gouvernement qui, certes, affiche, avec ce texte et les accords de l'Élysée qui l'ont précédé, sa volonté de faire des propositions mais tarde dans le même temps à les concrétiser.

Le haut débit a favorisé le piratage ; le nouveau plan ne fera qu'accentuer le phénomène : il est temps que les créateurs puissent se fédérer autour d'un modèle économique adapté.

Ce texte a le mérite de proposer des solutions pédagogiques au petit piratage et nous nous félicitons de l'ajout, par voie d'amendements, d'un volet éducatif au dispositif. D'autres amendements ont également permis de l'améliorer : respect des données personnelles, possibilité donnée à l'Hadopi de prononcer des peines de suspension plus légères et à l'internaute de contester un manquement ayant donné lieu à recommandation. Autant de précisions qui vont dans le sens du respect des droits de l'internaute.

Si nous nous réjouissons des évolutions enregistrées sur la chronologie des media, nous regrettons, en revanche, que nos amendements visant à développer l'offre légale n'aient pas reçu l'aval de l'assemblée et nous resterons vigilants sur les initiatives que prendront le Gouvernement et les producteurs pour la faire progresser.

Il reste beaucoup à faire mais ce texte est un premier pas vers un juste équilibre entre les intérêts des créateurs et des industries culturelles et ceux des utilisateurs. Le groupe socialiste le votera, en souhaitant qu'il ne soit que la première étape d'une concertation constructive entre tous les acteurs du paysage numérique.

Mme Colette Mélot.  - Au nom du groupe UMP, je veux dire notre gratitude à nos deux rapporteurs et au président Legendre qui ont considérablement enrichi ce texte, à la recherche du meilleur équilibre entre défense des droits des auteurs et liberté des internautes, comme l'ont aussi enrichi nos débats. Nous l'envisageons, dans un monde marqué par l'évolution très rapide des technologies, comme la première étape d'un processus qui ne trouvera son véritable aboutissement qu'à l'échelle du monde, par l'harmonisation des législations des États.

Les industries culturelles doivent se réinventer pour survivre à la révolution numérique. Le chemin sera long et semé d'embûches mais ce texte pose les fondements nécessaires pour assurer l'avenir. Vous avez, madame la ministre, joué ici un rôle prépondérant : nous avons apprécié votre détermination et votre souci d'améliorer votre texte sans mettre en cause le nécessaire équilibre entre juste rémunération des créateurs et liberté d'accès aux oeuvres de l'esprit.

Ce texte, largement amendé, est devenu le support législatif adéquat pour promouvoir un internet équitable. Soyez-en remerciée. L'UMP le votera évidemment.

M. Bruno Retailleau, rapporteur.  - Au terme d'un débat parfois aride mais fructueux, je remercie Mme la ministre pour sa compréhension ainsi que le rapporteur au fond et le président de la commission pour la qualité de leur travail. Nous n'avons pas toujours été sur la même ligne, mais la stéréophonie améliore parfois l'écoute... Au-delà de nos divergences, je salue votre souci constant de l'intérêt général.

Les progrès apportés aux droits des internautes méritent d'être salués. L'Hadopi ne pourra enclencher de procédure que sur les seuls manquements avérés, et non sur des faits susceptibles de constituer un manquement, ni sanctionner les abonnés sans adresse préalable d'une lettre recommandée. Les moyens de sécurisation permettant aux abonnés de dégager leur responsabilité sont mieux définis. L'Hadopi pourra engager une procédure de certification.

Nous saluons de même la suppression de toute référence au filtrage réseau, qui préserve ainsi la neutralité d'un internet qui, loin de n'être qu'un lieu favorable au piratage, est aussi et avant tout une formidable opportunité pour la création, l'emploi et la croissance : nous avons évité d'y porter atteinte. Sont également améliorées l'information du consommateur, l'offre légale et l'interopérabilité.

Certaines questions demeurent. Il n'y a qu'en France que l'on pense qu'une loi peut épuiser un sujet ! A-t-on suffisamment rééquilibré le texte ? Sur la chronologie des médias ou l'offre légale, les avancées ont été timides. J'espère que l'Assemblée nationale ira plus loin, et que nous pourrons faire confiance aux professionnels. A-t-on trouvé le bon équilibre entre incitation et dissuasion ? Sans la discussion sur les mérites comparés de l'amende et de la suspension, il n'y aurait pas eu de débat !

Ce texte va-t-il éliminer le piratage ? Je l'espère. Les adolescents d'aujourd'hui n'ont plus le choix entre payer et télécharger illégalement, mais entre gratuit légal et illégal ! La riposte graduée n'est pas tout, il faudra faire preuve de pédagogie.

Comment faire vivre les droits des auteurs et interprètes à l'heure du numérique ? La question reste entière. On ne peut s'en tenir à la seule logique défensive. Les cartes seront toujours rebattues ! Il faut encourager ce qui doit l'être pour que les auteurs puissent vivre des fruits de leur création.

L'inaction aurait été infamante, même si nous n'avons fait qu'une partie du chemin. (Applaudissements sur le banc de la commission)

M. Michel Thiollière, rapporteur. - Ce sujet, qui nous rassemble, est au coeur de la vie en société, des valeurs que porte la France dans le monde de la création. Je remercie l'ensemble de nos collègues : il faut se surpasser pour que la création soit au coeur du monde numérique. Je remercie Mme la ministre pour son écoute : nous avons eu un dialogue constructif. Merci à M. Retailleau, dont j'ai apprécié la vivacité numérique et la conscience politique, au président Legendre et aux membres de la commission.

Nous sommes allés vite, mais les acteurs nous regardent. Ils auront vu que le Sénat a à coeur de garantir une juste rémunération à leur travail. Il fallait réconcilier création et internet. Deux mondes qui n'ont pas le même rythme : la création a besoin de temps, alors que le numérique se développe à une vitesse phénoménale. Deux mondes qui n'ont pas le même périmètre, ni la même densité : internet ne hiérarchise pas les valeurs, contrairement à la création.

Il fallait rétablir l'égalité entre auteurs et internautes, garantir l'équité territoriale, avec un aménagement du territoire numérique permettant l'accès aux oeuvres.

Nous avons réconcilié ces deux mondes, au bénéfice des créateurs et des internautes ; nous avons réconcilié les droits et les libertés. Notre débat a été riche et approfondi, rassembleur. La nécessité de défendre la création dépasse les clivages !

Nous avons respecté le processus entamé avec les accords de l'Élysée. À chaque étape, les échanges ont apporté une pierre à l'édifice. La Haute autorité sortira du Sénat plus efficace et plus irréprochable dans son fonctionnement, plus républicaine.

La loi tant attendue est là : aux professionnels désormais d'aller plus loin. J'espère que nous verrons d'autres avancées contractuelles d'ici l'examen du texte par l'Assemblée nationale.

Attachés à la diversité, nous avons installé l'exigence culturelle au coeur d'internet. Nous avons mis l'homme au centre de la technologie : sans cela, la technologie risque d'anéantir la volonté de l'homme de créer et de vivre de façon républicaine.

J'avais cité Jean Monnet en exergue de mon rapport : « Il ne s'agit pas d'être optimiste ou pessimiste, mais déterminé. » Le Sénat a montré qu'il l'était ! (Applaudissements à droite et au centre)

M. Jacques Legendre, président de la commission.  - Je remercie nos deux rapporteurs. Ils ont beaucoup travaillé sur un sujet difficile, qui exige de passer constamment de la technique aux valeurs. Ils n'ont pas toujours tiré les mêmes conclusions, mais c'est ce qui fait le débat que l'on attend d'un Parlement !

Je remercie Mme le ministre, qui a accepté nombre de nos amendements. Merci d'avoir donné la primeur de ce texte au Sénat : nous avons eu à coeur de montrer que la Haute Assemblée, souvent critiquée, est un lieu irremplaçable de dialogue et d'approfondissement. Nous redoutions un débat difficile, car nous sommes tous partagés entre l'attente des nouvelles générations pour qui le droit d'auteur n'est pas intangible, et celle des créateurs, qui ont besoin de sécurité.

Nous avons su, je le crois, faire la part de ces différentes approches. Il est plutôt remarquable que les groupes du Sénat se soient retrouvés autour de ce texte -aucun n'eux ne votant contre.

Je suis convaincu que le Gouvernement ne regrettera pas d'avoir débuté le parcours parlementaire de ce texte par le Sénat. Ceux qui nous critiquent peuvent mesurer la qualité de notre travail. Nous avons fait passer quelques messages forts, mis en place un dispositif dont nous espérons qu'il sera efficace, incité le monde des créateurs et les sociétés de diffusion culturelle à présenter une offre légale, seule à même de décourager les pratiques illégales. Je suis sûr que ces messages ne resteront pas sans effet. Nous saurons les reprendre s'ils devaient le rester. (Applaudissements au centre et à droite)

L'ensemble du projet de loi, modifié, est adopté.

Mme Christine Albanel, ministre.  - Je ne peux que dire ma joie profonde après ces débats très constructifs et ce vote positif. La Haute assemblée est véritablement le lieu du dialogue et de l'approfondissement, elle sait prendre à bras-le-corps des dossiers sensibles et complexes. Le texte du Gouvernement a été amélioré. Je suis reconnaissante à tous ceux qui ont permis cet enrichissement, au premier chef le président de la commission des affaires culturelles et les deux rapporteurs.

Nous souhaitions un texte équilibré, pragmatique, mesuré, essentiellement pédagogique, rompant avec une logique répressive disproportionnée avec les pratiques actuelles. Comme l'a rappelé M. Ralite, des jeunes sont sanctionnés ; il fallait éviter que la voie pénale soit la seule qui reste aux auteurs pour faire valoir leurs droits. Grâce à vous, le projet de loi est encore plus pédagogique et envoie des messages encore plus forts.

J'ai bien entendu les propos des uns et des autres sur la nécessité d'élargir l'offre légale en contrepartie des contraintes et des efforts qui seront imposés aux internautes. Je suis certaine que ce message sera entendu et je mettrai tout en oeuvre, profitant de l'impulsion que vous avez su donner, pour obtenir rapidement des résultats concrets d'ici l'examen du texte à l'Assemblée nationale. J'ai bien noté le souhait, exprimé notamment par Mme Morin-Desailly, de voir renforcé le rôle de l'institution scolaire.

Je me réjouis que l'unanimité se soit faite autour d'un grand sujet culturel, la défense du droit d'auteur, un droit qui est, oserais-je dire, dans les gènes de notre pays. Ce texte ne résoudra pas tout. Il ne pourra éradiquer un phénomène aussi répandu que le téléchargement illicite mais contribuera à le réduire massivement -ce qui changera tout pour certaines filières et certaines PME qui ont tant de mal à vivre.

Je le dis enfin sans arrogance : ce texte a une valeur exemplaire ; il porte ce qu'on appelle déjà la démarche française, qu'on observe avec beaucoup d'intérêt hors de nos frontières. Il est bon que nous ayons ce soir envoyé un signal d'unité.

Je vous remercie de votre implication et de votre passion. Avec Beaumarchais et Hugo, nous continuons à penser que le droit d'auteur est une valeur essentielle. (Applaudissements au centre et à droite)