Adaptation de la procédure pénale au droit de l'Union européenne (Procédure accélérée)

M. le président.  - L'ordre du jour appelle l'examen du projet de loi portant adaptation de la procédure pénale au droit de l'Union européenne. (Procédure accélérée)

Discussion générale

Mme Christiane Taubira, garde des sceaux, ministre de la justice .  - Ce texte transpose des décisions-cadres et des directives de l'Union européenne, dans le cadre de la construction de l'espace commun de liberté, de sécurité et de justice que l'Europe bâtit depuis le Conseil européen de Tampere en 1999 et qui aboutit, en 2002, à la création d'Eurojust. Le programme quinquennal de La Haye, entre 2004 et 2009, a consolidé les droits fondamentaux tout en posant les bases de la lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée ; il a été suivi par le programme de Stockholm, plus consistant, qui a précisé les droits et libertés et favorisé l'accès au droit et à la justice. Le programme post-Stockholm, adopté en juin 2014, renforce Europol et Eurojust et prépare la création du parquet européen au 1er semestre 2015.

Le principe de reconnaissance mutuelle des décisions de justice trouvera, avec les trois décisions-cadres transposées dans notre droit interne par ce projet de loi, une réelle application. Elles auraient dû être transposées en novembre 2012. L'une concerne les décisions de probation, une autre, les mesures de contrôle judiciaire comme alternative à la décision provisoire ; la troisième concerne la prévention et le règlement des conflits lorsqu'il y a des raisons de penser que des procédures parallèles sont ouvertes dans deux États ; il s'agit d'éviter la violation du principe non bis in idem.

Il n'y a pas de mesures contraignantes, mais une incitation à la recherche d'un consensus. Des exceptions sont prévues, touchant à la préservation des intérêts nationaux de sécurité ou la mise en cause possible de la sécurité d'une personne. Les États sont invités à consulter Eurojust pour les matières qui relèvent de sa compétence.

Dans la même logique, pour éviter l'impunité et mieux protéger les victimes de manière équivalente dans l'ensemble de l'espace européen, nous avons introduit dans ce texte des dispositions relatives aux droits des victimes.

Ce texte comporte aussi des mesures modifiant le code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile (Ceseda), avec la transposition d'une directive qui aurait dû l'être avant décembre 2013. La Commission européenne a engagé une procédure pour manquement ; il y a donc urgence car la France risque de subir des préjudices pécuniaires...

La commission des lois a accepté d'introduire dans ce texte deux autres transpositions de directives relatives aux droits et à la protection des victimes d'infractions pénales. Nous expérimentons déjà le suivi individualisé des victimes, une évaluation est prévue à la fin de l'année, qui sera suivie de la publication des décrets nécessaires. En outre, un amendement du Gouvernement porte sur la contrainte pénale ; l'autre tire les conséquences d'une décision du Conseil constitutionnel interdisant le recours à la garde à vue de 96 heures en cas d'escroquerie en bande organisée.

Texte technique, donc, mais qui fait sens pour la construction d'un espace européen de justice et de sécurité ; il vise à éviter l'impunité des auteurs d'infraction et à améliorer la protection des victimes. Merci de l'accueil que vous lui avez fait. (Applaudissements à gauche ; M. Michel Mercier applaudit aussi)

M. François Zocchetto, rapporteur de la commission des lois .  - Nous avons examiné un texte similaire il y a un an, déjà en procédure accélérée. Nous sommes encore aujourd'hui sous la menace d'une action en manquement. Trois décisions-cadre doivent être transposées avant le 1er décembre, autant dire qu'elles ne le seront pas. Je regrette cette façon de travailler. Mieux vaudrait imiter la tortue que le lièvre...

Il n'y a pas lieu de discuter l'opportunité de ce texte. Les directives qu'il transpose renforcent l'espace européen de justice et de sécurité en améliorant la coordination entre magistrats et en étendant le champ des décisions de procédure pénale susceptibles d'être exécutées dans un autre État que celui où elles ont été prononcées. La commission des lois a observé les mêmes principes qu'aux transpositions précédentes : se garder de toute sur-transposition ; veiller à l'utilisation de termes juridiques adaptés à notre droit et s'appuyer autant que faire se peut sur les principes et procédures en vigueur dans notre pays.

La liste des textes à transposer n'est pas près d'être close : sur les dix directives touchant au droit pénal adoptées sous l'empire du Traité de Lisbonne, trois voient leur délai de transposition arriver à échéance en 2015, quatre en 2016 et la dernière en 2017. Et huit propositions de textes pénaux sont en cours de discussion. Il faudra sans doute nous retrouver d'ici un an pour ce même travail de transposition.

L'article premier transpose la décision-cadre qui tend à limiter les situations où deux procédures parallèles, sur les mêmes faits et concernant les mêmes personnes, sont conduites indépendamment dans deux États différents. La solution retenue est l'échange d'informations entre autorités judiciaires européennes, afin de s'accorder sur celles qui conduiront les poursuites. Le Gouvernement avait opté pour une transposition a minima ; la commission des lois a précisé le texte de sorte que les deux phases de la procédure soient mieux distinguées et qu'obligation soit faite d'informer les parties de la suspension des investigations.

Les articles 2 et 3 sont relatifs à la reconnaissance mutuelle, respectivement des mesures de contrôle judiciaire avant jugement et aux mesures de probation consécutives à la condamnation.

L'article 6 ne présente aucun lien avec les autres dispositions puisqu'il porte sur l'asile. C'est l'occasion d'alerter le Sénat sur le retard pris par le projet de loi réformant l'asile, sur lequel il y a urgence...

La commission a jugé ce texte nécessaire et utile. Le Gouvernement a saisi l'occasion de cette discussion pour déposer deux amendements transposant deux autres directives, l'une sur la reconnaissance des décisions accordant la protection européenne, l'autre sur des standards communs pour la protection des victimes d'infractions pénales. La commission des lois les a sous-amendés.

Le Gouvernement a enfin souhaité apporter deux corrections au code de procédure pénale rendues nécessaires, l'une par une décision du Conseil constitutionnel, l'autre concernant le nouveau dispositif de la contrainte pénale. La commission des lois a estimé qu'elles pouvaient être adoptées dans la mesure où elles sécurisaient les procédures judiciaires en cours.

Le Gouvernement est allé encore un peu plus loin en nous proposant in extremis deux amendements sur lesquels nous avons été plus réservés. Il nous aurait fallu davantage de temps pour en améliorer la rédaction... Celle qui porte sur les auditions libres de fonctionnaires dotés de prérogatives d'officiers de police judiciaire mérite d'être revue d'ici le passage du texte à l'Assemblée nationale. L'autre, relative au statut du juge des libertés et de la détention, nous a paru inopportune en l'absence de réflexion sur le statut général de la magistrature.

La commission des lois propose au Sénat d'adopter le texte. À l'avenir, nous voudrions un calendrier de transposition un peu moins contraint par la menace de sanctions européennes. (Applaudissements au centre et à droite)

M. Philippe Bas, président de la commission des lois.  - Je le confirme.

M. Alain Richard .  - Ce texte facilite la mise en application de règles européennes partagées pour une conduite plus efficace de la procédure pénale, qu'il s'agisse des décisions de probation, de contrôle judiciaire ou des mesures de protection des victimes ; il ajuste en outre la liste des droits des personnes demandant le statut de réfugié.

Il est l'occasion d'échanger quelques réflexions sur la construction de l'Europe judiciaire. Le verre européen est-il à moitié plein ou, comme on l'entend souvent, à moitié vide ? Je veux souligner l'intérêt d'une construction graduelle, négociée entre États souverains ayant chacun sa tradition judiciaire, dans un contexte d'exigences croissantes en matière de protection des droits de la personne, de transparence mais aussi d'efficacité.

La première grande décision du Conseil européen en la matière date de 1999, à Tampere. En l'absence de partage de souveraineté, c'est l'unanimité qui s'impose, ce qui exige négociation et recherche de compromis. Cela fonctionne malgré tout, car il y a une réelle attente des professionnels de la justice comme des sociétés civiles. Il faut rendre hommage à tous les artisans de la construction de l'Europe de la justice, qui exige beaucoup d'efforts et d'échanges. Nombre de nos magistrats s'y impliquent, via les cellules de coordination et de travail partagé comme Eurojust. L'Europe est avant tout faite de gens qui s'habituent à travailler ensemble, qui créent une continuité, un rapprochement effectif des méthodes et des moyens d'action.

Nous allons transposer une des directives avec une année d'avance, a dit Mme la garde des sceaux.

Mme Christiane Taubira, garde des sceaux.  - Une année de retard, aussi.

M. Alain Richard.  - Certes - une année d'avance par rapport à la date limite ! Il y a une vraie perte de mémoire quand on attend trop pour transposer une directive négociée, par construction, en plusieurs langues ; tout le monde la traduit et le texte final est souvent répétitif. Il est donc bien utile de pouvoir s'adresser à ceux qui l'ont négocié pour élucider telle ou telle disposition avant de l'introduire précisément en droit français.

La France est des États membres qui apportent des méthodes et des propositions pour faire avancer l'Europe judiciaire. Car l'Europe de la justice progresse. Les citoyens européens, surtout les jeunes, vivent en Européens, partagent de plus en plus de projets - ou de difficultés. Aussi ne conçoivent-ils pas que les frontières judiciaires puissent être parfaitement étanches. Se montrer fermé aux évolutions, c'est risquer le blocage des litiges et in fine un déni de droit pour nos concitoyens. Continuons donc à travailler pour rendre cet espace judiciaire plus efficace. Nous voterons bien sûr ce texte. (Applaudissements sur les bancs socialistes)

Mme Esther Benbassa .  - Nous avons déjà débattu de tels textes. S'ils contiennent des avancées certaines, le groupe écologiste appelle à une refonte d'ensemble des procédures d'enquête et d'instruction, conformes aux principes dégagés par le Conseil constitutionnel et la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH). Il faut reconsidérer de fond en comble la procédure pénale, et non pas par petits bouts, au gré des délais de transposition et des arrêts de la CEDH.

Les textes transposés ici vont dans le bon sens. Nous saluons l'article 6 qui allonge la durée du titre de séjour délivré aux bénéficiaires de la protection subsidiaire et à étendre aux parents des mineurs non mariés bénéficiaires de cette protection le droit à la délivrance d'un titre de séjour. C'est heureux - mais ces mesures auraient dû être transposées depuis décembre 2013. Et nous attendons encore la grande réforme de l'asile, qui autorisera un travail plus approfondi.

En matière de droits de la défense, nous avons déposé l'amendement prévoyant la présence de l'avocat dès le début de la garde à vue - conformément à l'esprit de la directive du 22 mai 2012. La loi adoptée le 14 avril 2011 est un premier pas, après les arrêts de la CEDH du 13 octobre 2009 et du 14 octobre 2010, puis la décision du Conseil constitutionnel du 31 juillet 2010 sur cette question. Il est temps d'avancer - avant que la Cour de Strasbourg nous y oblige.

Le groupe écologiste soutiendra ce projet de loi dont le champ d'application a été étendu par le Gouvernement et qui constitue un pas de plus dans la construction d'un droit commun européen.

Mme Cécile Cukierman .  - Le principe de libre circulation des personnes nous conduit à adopter des normes harmonisées en matière de procédure pénale. D'où les décisions-cadres consacrant le principe de reconnaissance mutuelle des décisions de justice au sein de l'Union. C'est aussi l'occasion de poser des standards communs à partir de définitions partagées des droits et des libertés.

Sur une matière aussi technique, je regrette que nous soyons pressés par les délais de transposition.

La transposition des décisions-cadres nécessite de coordonner la transposition des textes européens entre eux et d'anticiper les transpositions à venir lorsqu'on adopte des lois en matière pénale. Le Gouvernement a veillé à éviter les incohérences. Nous voterons le texte comme les articles introduits en commission qui transposent deux directives sur la protection des victimes.

Quant à l'article 6 sur l'asile, avait-il sa place ici, alors qu'un projet de loi sur l'asile va être examiné dans les prochains jours par l'Assemblée nationale ? Cet article marque toutefois un progrès pour les demandeurs d'asile, nous le voterons. Mais il faudra aller plus loin encore lors du débat sur la réforme de l'asile. Nous voterons ce projet de loi. (Applaudissements à gauche)

M. François Zocchetto, rapporteur.  - Très bien !

M. Jacques Mézard .  - La coopération judiciaire en matière pénale entre États souverains n'a jamais été évidente à mettre en place en raison de la diversité procédurale et substantielle des droits pénaux nationaux, des garanties accordées aux justiciables et de l'indépendance plus ou moins réelle du pouvoir judiciaire. Des exemples médiatiques nous ont montré combien il était difficile d'assurer à nos ressortissants un procès équitable partout dans le monde. Dans le cadre de la coopération classique, les demandes sont traitées par le canal diplomatique ou par les autorités centrales - sont ainsi mobilisées les relations interpersonnelles et les médias... Peuvent alors être légitimement opposées des exceptions fondées sur la nature politique, fiscale ou militaire de l'infraction.

Une coopération apaisée, voilà la raison d'être de l'Union européenne qui doit continuer sur la route de la construction d'un véritable espace judiciaire européen. Programme très ambitieux, sachant que les États tiennent à ce que le droit pénal reste un domaine régalien.

L'idée de la coopération judiciaire a émergé dans les années 70, avant de commencer à se concrétiser dans les années 90. Le présent projet de loi va plus loin en renforçant le droit pénal européen procédural. La reconnaissance mutuelle des décisions de justice améliore les garanties procédurales. Il donne forme à la liberté de circulation des personnes en rassurant les citoyens européens et contribue à lutter contre la criminalité. La concrétisation du principe de reconnaissance mutuelle suppose que les États mettent en oeuvre des instruments dédiés. Le principe non bis in idem, bien connu des juristes, est un principe cardinal de notre droit ; il prévient la conduite de procédures pénales parallèles pour les mêmes faits et les mêmes personnes. La Cour de Justice de l'Union européenne (CJUE), saisie à titre préjudiciel, a considéré que la décision du ministère public de mettre fin aux poursuites pénales à l'encontre d'un prévenu, après que celui-ci a satisfait à certaines obligations, est assimilable à une décision définitive - l'action publique étant ainsi définitivement éteinte, un second jugement dans un autre État membre devenait impossible. L'application de ce principe majeur de notre droit, consacré dans plusieurs instruments internationaux, méritait d'être consolidée.

Les mesures contenues dans ces directives s'inscrivent dans le droit fil de la réforme pénale que nous avons adoptée. Les juges hésitent souvent à prononcer des peines de suivi judiciaire à l'encontre de ressortissants étrangers, craignant que ces mesures ne soient jamais exécutées - ce qui nuit à l'individualisation des peines. La transposition contribuera à diminuer la population carcérale en réduisant la détention des non-résidents.

L'intégration toujours croissante des droits matériels va dans le bon sens. Nous voterons unanimement ce projet de loi. (Applaudissements sur les bancs socialistes et UDI-UC)

M. Jean-René Lecerf .  - L'intitulé de ce texte révèle toute l'ambiguïté de l'exercice - trop souvent imposé dans l'urgence, sous la menace de sanctions imminentes. Son objet est pourtant fondamental : mettre en oeuvre le principe de reconnaissance mutuelle des décisions de justice au sein de l'Union européenne. Il garantira à nos concitoyens condamnés dans un autre État de pouvoir exécuter en France un contrôle judiciaire ou une mesure de probation - sous réserve de réciprocité. Même si le principe non bis in idem empêche déjà que deux procédures judiciaires parallèles aboutissent à des sanctions différentes, dans deux États, pour les mêmes faits, à l'encontre de la même personne, il manquait un véritable outil d'information mutuelle des juges avant la décision.

L'objectif est bien d'éviter le cumul de procédures pour un même fait. L'obligation d'information entre magistrats favorisera les dessaisissements amiables. Le Gouvernement se contente d'écrire dans la loi ce qui crée une obligation pour les autorités judiciaires, renvoyant le reste au décret. Nous approuvons la proposition du rapporteur de mieux distinguer les deux phases de la procédure, l'entrée en contact et la consultation. La transposition en sera plus précise.

L'espace judiciaire européen en matière pénale progresse. Après l'information mutuelle vient la phase de la décision, de la condamnation et de l'exécution. Dans ce texte, la nouveauté concerne la reconnaissance mutuelle des mesures privatives de liberté, à l'exception de la détention provisoire, avant le prononcé de la peine ; et après le prononcé : les citoyens de l'Union européenne pourront effectuer leur peine de probation dans leur État de résidence, ce qui améliorera leur chance de réinsertion. Souhaitons que nos homologues européens s'empressent de transposer à leur tour ces directives ! Le groupe UMP soutiendra bien sûr ce texte. (Applaudissements à droite et au centre)

M. Michel Mercier .  - Il ne reste guère de choses à dire sur le contenu de ce texte, après les orateurs qui m'ont précédé à la tribune.

Si nous pouvons si facilement intégrer des dispositions européennes dans notre droit pénal interne, c'est qu'il y a, au fond, une unité juridique au sein de l'Europe. La procédure pénale est la soeur jumelle de la liberté. Oui, nous sommes profondément européens, que notre droit soit d'inspiration germanique, latine ou autre. Oui, nous sommes très heureux, madame la garde des sceaux, de cette transposition de décisions-cadres qui contribuent à mieux construire l'espace juridique européen, donc à donner une réalité concrète à la construction européenne. C'est pourquoi le groupe UDI-UC soutient ce texte. (Applaudissements au centre et à droite)

M. Jacques Bigot .  - Oui, l'Europe s'est construite avec la procédure pénale. Nous le devons sans doute beaucoup au Conseil de l'Europe et à la vigilance de la CEDH, dont la jurisprudence a apporté des exigences importantes.

Avoir la garantie, pour un juge des libertés et de la détention, que le contrôle judiciaire sera exécuté, le cas échéant, dans un autre pays européen, est fondamental. De même pour la probation. Nous nous félicitons de la décision-cadre tendant à assurer le respect du principe non bis in idem, encore qu'il soit nécessaire de veiller à ce que les informations pertinentes soient transmises en temps utile aux magistrats.

Quid de l'efficacité de ces mesures, au regard de la surcharge de l'administration de la justice, qui manque parfois de moyens, quels que soient ceux que vous avez obtenus, madame la ministre ? La mise en oeuvre de la décision-cadre aura une incidence financière, quoi qu'en dise l'étude d'impact.

Experts et traducteurs tardent déjà à être payés. Or quand on ne paie pas, ils ne répondent plus...

Sénateur du Bas-Rhin, je mesure à quel point la coopération policière et judiciaire est indispensable. On le sait à Strasbourg et ailleurs en France, à proximité des frontières. Je déplore que le Sénat abandonne la commission de contrôle de l'évaluation des lois, qui intéressait beaucoup l'élu que je suis. Nous en aurions besoin, à l'avenir, pour veiller à l'application de ces transpositions.

La discussion générale est close.

Discussion des articles

L'article premier est adopté.

ARTICLE 2

M. le président.  - Amendement n°10, présenté par M. Zocchetto, au nom de la commission.

I.  -  Alinéa 25

Après les mots :

son ou

insérer le mot :

de

II.  -  Alinéa 28

Supprimer les mots :

la ou

III.  -  Alinéas 64 et 97

Remplacer le mot :

français

par les mots :

de la République

L'amendement rédactionnel n°10, accepté par le Gouvernement, est adopté.

M. le président.  - Amendement n°11, présenté par M. Zocchetto, au nom de la commission.

Alinéa 126

Remplacer la référence :

693-70

par la référence :

696-70

L'amendement rédactionnel n°11, accepté par le Gouvernement, est adopté.

L'article 2, modifié, est adopté.

ARTICLE 3

M. le président.  - Amendement n°12, présenté par M. Zocchetto, au nom de la commission.

I.  -  Alinéa 21

Remplacer les mots :

ou obligation

par les mots :

ou l'obligation

II.  -  Alinéa 141

Remplacer le mot :

relatives

par le mot :

relative

L'amendement rédactionnel n°12, accepté par le Gouvernement, est adopté.

M. le président.  - Amendement n°13, présenté par M. Zocchetto, au nom de la commission.

Alinéa 69

Remplacer le mot :

français

par les mots :

de la République

L'amendement rédactionnel n°13, accepté par le Gouvernement, est adopté.

L'article 3, modifié, est adopté.

L'amendement n°2 n'est pas défendu, non plus que l'amendement n°3.

ARTICLE 4

M. le président.  - Amendement n°4, présenté par Mme Benbassa et les membres du groupe écologiste.

Compléter cet article par deux paragraphes ainsi rédigés :

...  -  L'ordonnance n° 45-174 du 2 février 1945 précitée est ainsi modifiée :

1° Le chapitre III bis est abrogé ;

2° Au premier alinéa de l'article 1er après le mot : « enfants », les mots : « , des tribunaux correctionnels pour mineurs » sont supprimés ;

3° Au premier alinéa de l'article 2, à l'article 3, au premier alinéa de l'article 6 et au neuvième alinéa de l'article 8, les mots : « , le tribunal correctionnel pour mineurs » sont supprimés ;

4° Au dernier alinéa de l'article 2, les mots : « et le tribunal correctionnel pour mineurs ne peuvent » sont remplacés par les mots : « ne peut » ;

5° Au deuxième alinéa de l'article 6, au deuxième alinéa de l'article 24-5 et au premier alinéa de l'article 24-6, les mots : « , le tribunal pour enfants ou le tribunal correctionnel pour mineurs, » sont remplacés par les mots : « ou le tribunal pour enfants, » ;

6° Le dernier alinéa de l'article 8 est supprimé ;

7° À la première phrase de l'article 8-2, les mots : « soit devant le tribunal correctionnel pour mineurs, » sont supprimés ;

8° La dernière phrase du cinquième alinéa de l'article 9 est supprimée ;

9° Au dernier alinéa de l'article 10, les mots : « ou devant le tribunal correctionnel pour mineurs » sont supprimés ;

10° Au troisième alinéa de l'article 12, les mots : « ou du tribunal correctionnel pour mineurs » sont supprimés ;

11° Le troisième alinéa de l'article 13 est supprimé ;

12° Au deuxième alinéa de l'article 24-7, les mots : « ou le tribunal correctionnel pour mineurs » sont supprimés ;

...  -  Le chapitre Ier bis du titre V du livre II du code de l'organisation judiciaire est abrogé.

Mme Esther Benbassa.  - Cet amendement supprime les tribunaux correctionnels pour mineurs.

M. François Zocchetto, rapporteur.  - Avis défavorable.

Mme Christiane Taubira, garde des sceaux.  - Retrait. Nous en avons débattu à propos de la loi du 15 avril 2014. Nous poursuivons nos travaux de réécriture de l'ordonnance de 1945, car l'empilement des dispositions complique le travail des juges. Les consultations sont terminées. Le travail interministériel est engagé et devrait être conclu d'ici à la fin de l'année. Nous y reviendrons donc au 1er semestre 2015.

L'amendement n°4 est retiré.

L'article 4 est adopté.

ARTICLE 4 BIS

M. le président.  - Amendement n°14, présenté par M. Zocchetto, au nom de la commission.

I.  -  Alinéa 14

1°) Supprimer les mots :

, avant de prendre la décision de protection européenne,

2°) Compléter cet alinéa par les mots :

, avant de prendre la décision de protection européenne

II.  -  Alinéa 15

Remplacer le mot :

projeté

par le mot :

envisagé

III.  -  Alinéa 22

Remplacer la référence :

696-64

par la référence :

696-65

IV.  -  Alinéas 26, 43, 46, 52, 56 et 58

Remplacer le mot :

français

par les mots :

de la République

V.  -  Alinéa 52

Supprimer les mots :

à la mesure ou

VI.  -  Alinéa 53, première phrase

1°) Supprimer les mots :

de la ou

2°) Supprimer les mots :

la ou

VII.  -  Alinéa 57

Remplacer les mots :

suite à

par les mots :

à la suite de

L'amendement rédactionnel n°14, accepté par le Gouvernement, est adopté.

M. le président.  - Amendement n°15 rectifié, présenté par M. Zocchetto, au nom de la commission.

A) Alinéas 60 à 63

Remplacer ces alinéas par deux alinéas ainsi rédigés :

II.  -  Après l'article 434-42 du code pénal, il est inséré un article 434-42-... ainsi rédigé :

« Art. 434-42-... -  Le fait, pour une personne faisant l'objet d'une ou plusieurs obligations ou interdictions imposées par une ordonnance du juge des libertés et de la détention prise en application d'une décision de protection européenne conformément à l'article 696-102 du code de procédure pénale, de ne pas se conformer à l'une de ces obligations ou interdictions, est puni de deux ans d'emprisonnement et de 30 000 euros d'amende. »

B) En conséquence, alinéa 46

Remplacer la référence :

227-34

par la référence :

434-42-...

M. François Zocchetto, rapporteur.  - Il est préférable d'intégrer l'incrimination sanctionnant le non-respect de la décision européenne de protection dans la partie du code pénal consacrée aux atteintes à l'autorité de la justice.

L'amendement n°15 rectifié, accepté par le Gouvernement, est adopté.

L'article 4 bis, modifié, est adopté.

ARTICLE 4 TER

M. le président.  - Amendement n°16, présenté par M. Zocchetto, au nom de la commission.

I.  -  Alinéa 11, seconde phrase

Supprimer les mots :

le ou

II.  -  Alinéa 17

Supprimer les mots :

et dans quelle mesure

III.  -  Compléter cet article par un alinéa ainsi rédigé :

...° Au premier alinéa de l'article 40-4, les références : « des articles 53-1 et 75 » sont remplacées par la référence : « de l'article 10-2 ».

L'amendement rédactionnel n°16, accepté par le Gouvernement, est adopté.

M. le président.  - Amendement n°8, présenté par le Gouvernement.

Après l'alinéa 12

Insérer un alinéa ainsi rédigé :

 « ...° D'être à sa demande, à tous les stades de la procédure, accompagnée par son représentant légal et par la personne majeure de son choix, sauf décision contraire motivée prise par l'autorité judiciaire compétente. »

Mme Christiane Taubira, garde des sceaux.  - Cet amendement ajoute au texte de la commission des lois le droit pour la victime d'être accompagnée par une personne majeure de son choix à tous les stades de la procédure, afin de transposer l'une des dispositions de la directive de 2012 relative aux droits des victimes.

M. François Zocchetto, rapporteur.  - La commission des lois y est tout à fait favorable, sous réserve de l'ajout, avant les mots « à la demande », des mots « pour chacune ».

Mme Christiane Taubira, garde des sceaux.  - N'est-ce pas quelque peu redondant ? Mais soit.

L'amendement n°8 rectifié est adopté.

M. le président.  - Amendement n°7, présenté par le Gouvernement.

Alinéas 21 et 22

Rédiger ainsi ces alinéas :

2° Après l'article 183, il est inséré un article 183-... ainsi rédigé :

« Art. 183-...  -  Lorsque l'ordonnance de non-lieu est devenue définitive, elle est portée par tout moyen à la connaissance de la victime qui a déposé plainte mais ne s'est pas constituée partie civile, lorsque celle-ci a demandé à être avisée de la clôture des poursuites. »

Mme Christiane Taubira, garde des sceaux.  - Cet amendement améliore l'information des victimes.

M. François Zocchetto, rapporteur.  - Favorable, sous réserve de rédiger ainsi  l'article: « À la demande de la victime qui a déposé plainte sans s'être toutefois constituée partie civile, l'ordonnance de non-lieu, une fois devenue définitive, est portée à sa connaissance par tout moyen. »

M. Alain Richard.  - Marquise vos beaux yeux ... !

Mme Christiane Taubira, garde des sceaux.  - Je sollicite une brève suspension.

La séance, suspendue à 15 h 50, reprend à 15 h 55.

Mme Christiane Taubira, garde des sceaux.  - Le Gouvernement st d'accord avec cette modification.

M. le président.  - Ce sera l'amendement n°7 rectifié, présenté par le Gouvernement.

Alinéas 21 et 22

Rédiger ainsi ces alinéas :

2° Après l'article 183, il est inséré un article 183-... ainsi rédigé :

« Art. 183-...  -  À la demande de la victime qui a déposé plainte sans s'être toutefois constituée partie civile, l'ordonnance de non-lieu, une fois devenue définitive, est portée à sa connaissance par tout moyen. »

L'amendement n°7 rectifié est adopté.

L'article 4 ter, modifié, est adopté.

ARTICLES ADDITIONNELS

M. le président.  - Amendement n°1, présenté par M. Kaltenbach.

Après l'article 4 ter

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

I. - Le chapitre Ier du titre II du livre Ier du code pénal est complété par un article 121-... ainsi rédigé :

«  Art. 121-...  -  Les amendes pénales recouvrées peuvent faire l'objet d'une majoration de 10 %, mise à la charge de l'auteur de l'infraction. »

II.  -  Le paragraphe 1 de la section 1 du chapitre VI du titre XII du code des douanes est complété par un article 409-... ainsi rédigé :

«  Art. 409-...  -  Les amendes douanières recouvrées peuvent faire l'objet d'une majoration de 10 %, mise à la charge de l'auteur de l'infraction. »

III.  -  Le code monétaire et financier est ainsi modifié :

1° Le I de l'article L. 612-42 est ainsi rédigé :

«  I.  -  Les sanctions pécuniaires prononcées en application des articles L. 612-39 à L. 612-41 peuvent faire l'objet d'une majoration de 10 %, mise à la charge de la personne sanctionnée.

«  Les montants des sanctions et astreintes prévues à ces mêmes articles sont recouvrés par le Trésor public et versés au budget de l'État. »

2° Avant le dernier alinéa du III de l'article L. 621-15, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :

«  Les sanctions pécuniaires prononcées en application du présent III peuvent faire l'objet d'une majoration de 10 %, mise à la charge de la personne sanctionnée. »

IV.  -  Après l'article L. 464-5 du code de commerce, il est inséré un article L. 464-5-... ainsi rédigé :

«  Art. L. 464-5-...  -  Les sanctions pécuniaires prononcées en application des articles L. 464-2 à L. 464-5 peuvent faire l'objet d'une majoration de 10 %, mise à la charge de l'organisme ou de l'entreprise sanctionné. »

V.  -  Au second alinéa du I de l'article 44 de la loi n° 2010-476 du 12 mai 2010 relative à l'ouverture à la concurrence et à la régulation du secteur des jeux d'argent et de hasard en ligne, après le mot : « pécuniaires », sont insérés les mots : « prononcées en application de l'article 43 peuvent faire l'objet d'une majoration de 10 %, mise à la charge des organismes sanctionnés. Elles ».

VI.  -  Le présent article entre en vigueur au 30 juin 2015.

M. Philippe Kaltenbach.  - Je profite de ce texte pour revenir sur le soutien aux victimes et l'aide aux associations qui, grâce à votre travail, madame la ministre, sont mieux considérées et disposent déjà de plus de moyens financiers. Lors de l'examen de la loi d'août 2014, le Parlement avait voté une sur-amende de 10 %, telle qu'elle existe au Canada, malheureusement supprimée par le Conseil constitutionnel, au motif qu'elle était automatique. Afin de contourner l'obstacle, je propose une rédaction qui transforme l'obligation en possibilité, ce qui lève l'objection du Conseil constitutionnel : c'est le juge qui la prononce.

Reste le problème de la non-affectation des recettes. Nous en avons débattu ce matin en commission. Madame la ministre, vous avez déclaré que vous veillerez à ce que les recettes autorisées par cette suramende iront bien au budget de votre ministère, pour soutenir les associations d'aide aux victimes. Plusieurs d'entre elles ont dû fermer leurs portes ces dernières années. Je sais l'attention que vous leur portez.

M. François Zocchetto, rapporteur.  - Votre amendement a placé la commission dans l'embarras. Il y a eu le rapport Kaltenbach/Béchu, et ma propre proposition de loi. La commission des lois se préoccupe de l'aide aux associations, afin qu'elles fonctionnent de façon pérenne et en toute indépendance. Il n'est pas satisfaisant de les voir quémander des fonds auprès des collectivités territoriales, voire d'autres structures moins publiques. Nous pensions avoir trouvé la solution ; hélas, le juge constitutionnel l'a censurée, en raison de l'automaticité de la suramende. Il peut encore trouver d'autres motifs d'inconstitutionnalité, par exemple, la rupture de principe d'égalité, ou l'imprévisibilité de la sanction. Nous souhaitons trouver un mécanisme satisfaisant de financement pérenne des associations d'aide aux victimes.

Mme Christiane Taubira, garde des sceaux.  - Dans la loi d'août 2014, nous avions introduit deux mécanismes apportant des ressources aux associations d'aide aux victimes, dont cette suramende, que le Conseil constitutionnel a effectivement censurée au motif de son automaticité, en se référant à la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789. D'où notre préoccupation de trouver un dispositif qui ne risque point de soulever d'autres motifs d'inconstitutionnalité.

J'espérais pouvoir présenter un amendement avant le budget. Nous n'avons pas abouti à ce stade. Nous nous proposions de réduire l'abattement de 20 % accordé par l'État pour règlement anticipé des amendes à 10 %...

M. Alain Richard.  - Un prélèvement sur les bons délinquants ! (Sourires)

Mme Christiane Taubira, garde des sceaux.  - On m'a dit que cette solution n'était pas sûre. L'autre piste serait une taxe sur les droits fixes de procédure. Je suis réticente, car nous avons déjà effectué un prélèvement sur ce droit pour financer l'aide juridictionnelle et il ne faut point, si vous me permettez l'expression, tondre deux fois.

Nous n'avons cessé, je tiens à le rappeler, d'augmenter le budget de l'aide aux victimes, de 26 % dès la première année, puis de 9 % la deuxième année. Cette année, pour 2015, nous avons décidé une nouvelle augmentation de 22 %. Ces ressources nouvelles ne sont bien sûr pas fléchées, mais je veillerai telle une sentinelle armée à ce qu'elles aillent bien aux associations d'aide aux victimes. Le budget de l'aide aux victimes est passé en trois ans de 10,7 millions d'euros à 16,8 millions d'euros. C'est une augmentation substantielle. Nous savons cependant qu'il faut faire davantage d'efforts encore, pour augmenter l'accompagnement personnalisé. Les besoins sont réels. J'espère que d'ici le collectif de fin d'année nous aurons mûri l'une des deux pistes que je viens d'évoquer.

Voilà pourquoi je vous demande de retirer votre amendement.

M. Philippe Kaltenbach.  - Je sais qu'à l'Assemblée nationale les députés ont travaillé sur des hypothèses pour le projet de loi de finances 2015, qui n'ont pas abouti. J'ai repris ce que nous avions voté en cherchant à lever le motif d'inconstitutionnalité opposé par le Conseil constitutionnel. Certes, un train peut en cacher un autre, mais il ne nous appartient pas de nous autocensurer. Je suis sensible, madame la ministre, à votre engagement. J'espère que nous trouverons une solution qui apporte des moyens supplémentaires aux associations. Il est juste que ceux qui ont commis des actes délictueux contribuent à leur financement. Il est possible qu'il y ait des risques d'inconstitutionnalité, mais j'en doute. J'appelle de mes voeux une solution dès la loi de finances de 2015. Cherchons, mais trouvons surtout !

L'amendement n°1 est retiré.

L'article 5 demeure supprimé.

L'article 5 bis est adopté.

L'article 5 ter est adopté.

M. le président.  - Amendement n°5, présenté par le Gouvernement.

Après l'article 5 ter

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

L'article 28 du code de procédure pénale est complété par un alinéa ainsi rédigé :

« Les dispositions de l'article 61-1 du présent code sont applicables lorsque ces fonctionnaires et agents procèdent à l'audition d'une personne à l'égard de laquelle il existe des raisons plausibles de soupçonner qu'elle a commis ou tenté de commettre une infraction. »

Mme Christiane Taubira, garde des sceaux.  - Nous avons transposé une directive européenne qui prévoit la présence d'un avocat en audition libre. Il apparaît que les personnes dotées de pouvoirs judiciaires mais qui n'appartiennent pas à la police, comme celles qui contrôlent le travail illégal ou la police de l'environnement font de telles auditions. D'où l'extension à ces auditions de la garantie prévue par la directive. La Cour de cassation a jugé en 1989 que les pouvoirs d'investigation des agents ne pouvaient s'exercer que dans les conditions prévues par les textes qui leur confèrent ces pouvoirs.

M. François Zocchetto, rapporteur.  - Amendement tardif, qui part d'une excellente intention. Les agents des douanes, les inspecteurs du travail ou de l'environnement et d'autres encore sont concernés. L'amendement ne me paraît pas acceptable en l'état. Il vise les garanties apportées aux personnes entendues sans mentionner les victimes. En matière de douane, il doublonne un texte existant. Surtout afin que ces dispositions soient compréhensibles et utilisées par les fonctionnaires concernés, il convient de renvoyer à chacun des codes concernés. D'accord sur le fond, nous suggérons au Gouvernement de retirer son amendement, afin de le rédiger de façon plus pertinente d'ici à l'examen du texte par l'Assemblée nationale.

Mme Christiane Taubira, garde des sceaux.  - J'entends bien, mais j'insiste : les conditions d'information des victimes sont exactement les mêmes. Cet amendement élargit les conditions, pour les auteurs comme pour les victimes. Vous proposez d'en différer l'examen, pour vous en remettre à l'Assemblée nationale ou à l'éventuelle CMP, soit. Je le maintiens pour l'instant.

M. Alain Richard.  - J'irai dans le même sens que le rapporteur. Je représente le Sénat à la commission de codification. L'ensemble des procédures, y compris pré-judiciaires, conduites par les fonctionnaires concernés, sont régies par leurs propres codes. Ce serait une malfaçon législative que de croire que l'insertion dans le seul code de procédure pénale suffit. Il serait souhaitable que le Gouvernement suive la suggestion de la commission des lois, pour améliorer sa rédaction.

Mme Christiane Taubira, garde des sceaux.  - Cette préoccupation légistique est légitime. J'y suis d'autant plus sensible que le Gouvernement est engagé dans un processus de simplification. Ainsi, ce matin, en conseil des ministres, nous avons avancé pour simplifier le droit de l'expropriation. Nous ne sommes pas à quelques jours près. Mais il ne faudrait pas que des procédures soient annulées faute d'avoir apporté les garanties prévues par l'Europe. Si elles ne sont inscrites dans aucun code, il y a un risque... Si nous pouvons réexaminer la chose au cours de la navette...

M. Alain Richard.  - Oui.

Mme Christiane Taubira, garde des sceaux.  - ... je retire l'amendement.

L'amendement n°5 est retiré.

M. le président.  - Amendement n°6, présenté par le Gouvernement.

Après l'article 5 ter

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Au 1° de l'article 728-11 du code de procédure pénale, les mots : « et a sa résidence habituelle sur le territoire français » sont supprimés.

Mme Christiane Taubira, garde des sceaux.  - Amendement de cohérence entre les décisions-cadres relatives au mandat d'arrêt européen et notre code de procédure pénale.

M. François Zocchetto, rapporteur.  - Avis favorable.

L'amendement n°6 est adopté et devient un article additionnel.

L'article 6 est adopté.

M. le président.  - Amendement n°9, présenté par le Gouvernement.

Après l'article 6

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

La deuxième phrase du deuxième alinéa de l'article 137-1 du code de procédure pénale est complétée par les mots : « , lequel ne peut mettre fin à ses fonctions qu'après avis conforme de l'assemblée des magistrats du siège du tribunal de grande instance ».

Mme Christiane Taubira, garde des sceaux.  - Cet amendement concerne le juge des libertés et de la détention ; le rapporteur en a dit le plus grand mal ! (Sourires) Le juge des libertés et de la détention, garant des libertés individuelles a été créé par la loi de 2000. N'étant pas un juge spécialisé, il est désigné par le président de la juridiction. Nous allons spécialiser cette fonction, ce qui nécessite une adaptation de la loi organique de 1958, portant statut des magistrats. Nous y travaillons mais je sais ce qu'est l'agenda parlementaire. En attendant, nous proposons que le retrait des fonctions de juge des libertés et de la détention soit soumis à un avis conforme de l'assemblée des magistrats du siège. Il faut un débat sur le statut du juge des libertés et de la détention, mais celui-ci n'est pas en cause ici.

M. François Zocchetto, rapporteur.  - C'est une question nouvelle, que la commission n'a pu qu'évoquer ce matin, et qui n'a pas de lien avec la transposition de la directive européenne. Le Gouvernement a annoncé son souhait de modifier le statut du juge des libertés et de la détention et nous en sommes heureux, car la part croissante qu'il prend dans les procédures pénales exige que son statut soit revu. C'est pourquoi il ne nous apparaît pas possible de le modifier sur un seul point sans revoir l'ensemble. D'où l'avis défavorable de la commission des lois.

Mme Christiane Taubira, garde des sceaux.  - Cet amendement n'est pas un cavalier. Ce texte traite de procédure pénale, de l'octroi de garanties, dans la logique du travail du juge des libertés et de la détention. J'ai trop de respect pour le Parlement pour venir devant vous avec un amendement cavalier. Oh, je l'ai déjà fait, certes à deux reprises, mais en l'avouant d'emblée ! (Sourires) C'était le cas dans la loi du 5 août 2013, pour éviter que le port d'armes de 6e catégorie ne cesse d'être un délit. Il y avait urgence. Oui, quand je viens ici et que je commets une faute, je l'avoue, d'abord pour me faire pardonner, ensuite pour emporter votre adhésion. (Même mouvement)

Ici, il ne s'agit pas du statut du juge dans son fond. Reste qu'il faut sécuriser la fonction du juge des libertés et de la détention en attendant de lui donner un statut de juge spécialisé. Le retrait peut actuellement être prononcé au beau milieu d'une procédure. Comme ça ! D'où la nécessité de prévoir un vote de l'assemblée des magistrats.

M. Jacques Bigot.  - Je voterai cet amendement. Dans la pratique, le président de la juridiction subit des pressions pour retirer ses fonctions au juge des libertés et de la détention. Des garanties sont nécessaires. Recourir à l'assemblée des magistrats évite une décision unilatérale.

M. Philippe Bas, président de la commission des lois.  - La commission, qui a dû examiner cet amendement à la dernière minute, s'y est fermement opposée. Comment accepter de but en blanc que l'autorité du président du tribunal soit ainsi sapée ? Quel précédent !

Mme Christiane Taubira, garde des sceaux.  - Il ne s'agit pas de cela. Le président est habilité à désigner le juge des libertés et de la détention. Pour le retrait, je ne veux pas confier la décision à l'exécutif, mais démocratiser le fonctionnement des juridictions.

Tout le monde convient de la nécessité de renforcer le statut du juge des libertés et de la détention. La Conférence des présidents est d'ailleurs favorable à cette mesure. Nous avons consulté ! J'avais même prévu de prendre cette mesure par décret, mais le Conseil d'État a estimé qu'il fallait une base législative. Sur d'autres sujets, en revanche, le consensus général m'amènera à réformer par décret.

M. Alain Richard.  - Je suis gêné. Les arguments de Mme la garde des sceaux sont convaincants mais il y a un problème de hiérarchie des normes. Il s'agit là d'une disposition de rang organique. Peut-on compenser les manques de la loi organique par la loi ordinaire ? Le Conseil constitutionnel devrait se poser la question.

Mme Christiane Taubira, garde des sceaux.  - Pardon de vous importuner, mais l'objet n'est pas le même. La commission va spécialiser la fonction de juge des libertés et de la détention ; il ne s'agit ici que des conditions de son exercice.

M. Alain Richard.  - L'accès et le retrait !

Mme Christiane Taubira, garde des sceaux.  - Non, l'accès demeure une prérogative du président de la juridiction. L'amendement ne concerne que le retrait. Nulle défiance de ma part à l'égard des présidents, qui sont eux-mêmes favorables à cette mesure.

M. Philippe Bas, président de la commission des lois.  - Apporter des garanties statutaires au juge des libertés et de la détention, nous y sommes tous favorables. Mais ce n'est pas le rôle de l'assemblée des magistrats, structure professionnelle destinée à faciliter le travail collectif. Nous serons à vos côtés pour chercher une solution mais nous en pouvons accepter celle-ci.

L'amendement n°9 n'est pas adopté.

ARTICLE 7

M. le président.  - Amendement n°17, présenté par M. Zocchetto, au nom de la commission.

Alinéa 1

Remplacer la référence :

5

par la référence :

5 ter

M. François Zocchetto, rapporteur.  - Cet amendement garantit l'application de la loi outre-mer. Il faut remplacer « 5 ter » par « 5 quater ».

M. le président.  - Ce sera l'amendement n°17 rectifié.

Mme Christiane Taubira, garde des sceaux.  - Favorable.

L'amendement n°17 rectifié est adopté.

L'article 7, modifié, est adopté.

L'article 8 est adopté.

Le projet de loi est adopté.

La séance, suspendue à 16 h 45, reprend à 16 h 50.