La seconde Restauration

Le 28 juin, à Cambrai, le roi Louis XVIII fait une proclamation, dans laquelle il promet de pardonner aux Français qui se sont ralliés à Napoléon, mais pas aux instigateurs de la trahison, dont Ney fait partie, et dont les agissements sont antérieurs au 20 mars 1815, date à laquelle le roi a quitté Paris et la France. Pour reprendre Talleyrand : « La trahison, c’est une question de date. »

Ney ne s’est fait que des ennemis : les bonapartistes outrés par son intervention du 22 juin, les royalistes par sa trahison. Il devient, par conséquent, urgent de fuir. Fouché lui fournit les papiers nécessaires et lui recommande de s’embarquer pour les États-Unis, ce qu’il ne fait pas.

Pense-t-il que, grâce à sa renommée, son héroïsme, il peut être épargné ? Se voit-il dans l’incapacité de vivre une vie oisive à l’étranger après avoir mené une vie si active sur les champs de bataille ? Ou croit-il pouvoir bénéficier de la Convention de Saint-Cloud du 3 juillet 1815, laquelle, dans son article 12 dispose : « Les habitants, et en général tous les individus qui se trouvent dans la Capitale, continueront à jouir de leurs droits et libertés, sans pouvoir être inquiétés ni recherchés en rien, relativement aux fonctions qu’ils occupent ou auraient occupées, à leur conduite et à leurs opinions politiques » ? C’était la garantie exigée par l’armée pour se retirer, au moment de la capitulation de Paris.

Le 6 juillet 1815, il quitte pourtant Paris avec les passeports fournis par Fouché. La présence autrichienne aux frontières l’empêche de rejoindre la Suisse. Il passe à Lyon, puis Roanne.

Deux ordonnances du 24  juillet 1815 viennent sceller le sort du maréchal Ney. La première (PDF - 623 Ko) raye les noms de vingt-neuf pairs de la Chambre : le maréchal Ney figure en quinzième position. La seconde (PDF - 721 Ko) comprend dix-neuf noms de personnes à traduire devant un conseil de guerre pour trahison envers le roi : Ney est cette fois-ci en première position.

Il part alors se réfugier au château de Bessonis dans le Lot, qui appartient à une parente de la maréchale Ney. Il y arrive le 29 juillet. C’est ici, selon la légende, qu’il aurait laissé traîner un sabre turc (yatagan) qui aurait ensuite été repéré par un visiteur. Il est alors dénoncé et  arrêté le 3 août 1815.