Le contexte hostile de l’époque


Il est important de souligner l’atmosphère particulièrement hostile de l’époque. En effet, le contexte politique explique en grande partie la manière dont le procès s’est déroulé et son issue. Les puissances coalisées, britanniques, russes, autrichiennes, prussiennes,  occupent toujours la capitale. Le traité de Paris du 20 novembre 1815 est en train d’être négocié. En contrepartie du maintien de la quasi-intégrité du territoire de la France, les alliés veulent s’assurer de la solidité du pouvoir restauré. En outre, l’occupation  est difficile : les Prussiens en particulier (aidés des ultras) font régner une certaine terreur, bien décidés à se venger des Français. On compte de nombreux morts, des destructions massives. Les traîtres comme Ney sont chargés de tous les maux. Le duc de Richelieu parle au sujet du procès du maréchal Ney d’une sentence qui devrait être « une éclatante réparation pour l’Europe ». Tout se passe comme si les puissances coalisées exigeaient la condamnation de Ney. En même temps, les émigrés revenus en France ont un esprit de revanche et de vengeance. Et certains n’ont d’autres soucis que d’obtenir la faveur du roi et du nouveau régime.

Les extraits de la presse de l’époque sont révélateurs : « Tous les conspirateurs doivent être frappés à mort ! Ce serait une insulte à l’humanité que de laisser vivre plus longtemps des gens comme Ney, Davout, Fouché,[…] » ou « La mort n’est pas encore suffisante pour des gens comme Ney, La Bédoyère, […] » ou encore, dans la Gazette de France : « En infligeant à la France les maux dont elle souffre actuellement, ces odieux conspirateurs ont commis le pire crime qui puisse être commis sur terre. » […] « Il faut faire des grands coupables un châtiment éclatant ! » […] « Le roi nous doit la justice, mais pas la clémence ! » Les ultras n’ont alors pas de mots assez forts pour désigner ceux qui ont trahi le roi.