3. Europe centrale et orientale

Le processus de libéralisation dans le domaine économique a entraîné d'importantes conséquences économiques et sociales dans les pays d'Europe centrale et orientale. Depuis le début des années 90, la majeure partie de la population de cette région subit les douloureuses conséquences de la baisse vertigineuse de son niveau de vie. Selon le "Rapport sur l'emploi dans le Monde 1998-1999" du BIT: "En l'espace de très peu de temps, sous l'effet de la restructuration de l'économie et des entreprises, on a vu le taux moyen de chômage passer pratiquement de 0 % à plus de 9 % ; les salaires réels ont baissé et les disparités de revenu se sont accentuées". Les effets des politiques de restrictions budgétaires, notamment, la chute des salaires minimums dans tous les pays en rapport avec le salaire moyen, et le déclin de l'économie en place à un rythme plus rapide que celui de la croissance du secteur privé, ont contribué à l'essor de l'économie informelle et parallèle.

D'une part, l'augmentation rapide du secteur informel a été favorisée par le désir de la population de compléter leur revenu sans cesse déclinant. Ainsi, en Hongrie, par exemple, plus de 45 % des familles ont tenté d'augmenter leur revenu grâce à un deuxième emploi. Cette recherche d'un deuxième revenu a poussé une proportion de plus en plus importante de travailleurs vers le secteur informel. Celui-ci prend donc, le plus souvent, la forme d'un revenu d'appoint, sans protection en matière de santé, d'accident ou de perte d'emploi. Il a également pris de l'expansion par le fait du travail au noir effectué par des personnes, officiellement sans emploi, qui ne bénéficient plus de l'assistance sociale ou qui ne répondent plus aux critères relatifs à l'assurance chômage.

D'autre part, l'informel est également stimulé par une chute et une modification de la structure de la consommation des ménages. D'après un sondage effectué en Hongrie en 1995, plus du tiers des ménages interrogés disaient manquer d'argent à la fin du mois, et autour de 13 % n'arrivaient pas à faire face à leurs besoins quotidiens. Par conséquent, non seulement 55,5 % des gens affirmait avoir réduit leur consommation quotidienne et s'être engagé dans de petites productions agricoles dédiées à leur propre besoin de consommation, mais 48 % avait également reporté la plupart de leurs achats en biens et services sur le marché parallèle.

La part de cette économie informelle dans le produit intérieur brut était estimée en 1995 à 36,2 % en Bulgarie, à 29,0 % en Hongrie, à 35,7 % en Moldavie, à 12,6 % en Pologne et à 19,1 % en Roumanie. De 1989 à 1995, cette part de l'informel dans le PIB était en hausse dans tous ces pays, sauf en Pologne où elle régresse depuis 1994. Au niveau de l'emploi, selon une étude du Bloc National Syndical, une des principales confédérations syndicales roumaines, un nombre croissant de personnes - environ 1,9 millions actuellement, soit 20 % de la population active - travaille au noir, à mi-temps ou à plein-temps, en Roumanie.

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