L'EUROPE CENTRALE ET LA FRANCE LE CAS DE LA SLOVAQUIE

DÉPLACEMENT DU GROUPE D'AMITIÉ FRANCE-SLOVAQUIE EN SEPTEMBRE 1995

décembre 1995

COMPOSITION DE LA DÉLÉGATION

M. Paul GIROD RDSE Aisne Président du groupe d'amitié

M. Pierre LACOUR UC Charente

M. José BALARELLO RI Alpes maritimes

La délégation était accompagnée de M. Christian RIX, administrateur des services du Sénat, secrétaire administratif du groupe d'amitié France-Slovaquie

INTRODUCTION

La Slovaquie, pays ignoré ou mal connu, notamment en France, constitue l'un des plus petits et des moins peuplés parmi les pays d'Europe centrale et orientale. C'est aussi le plus jeune État de la région. Elle apparaît comme le parent pauvre de l'ancienne Tchécoslovaquie et la partition de 1993 est généralement mal comprise, surtout pour les Slovaques dont l'image, plutôt floue, souffre essentiellement d'une connotation négative.

La perception plus positive par la France de la Tchécoslovaquie d'hier a été reportée sur la seule République tchèque et sa capitale prestigieuse, Prague.

Le rapprochement combiné et progressif des Républiques tchèque et slovaque vers l'Union européenne tout comme leur souhait d'adhésion à l'OTAN pourraient, deux ans après leur « divorce », paraître paradoxaux.

La démarche particulière de la Slovaquie s'explique pourtant aussi bien par son histoire que par les réalités contemporaines.

Celles-ci expliquent que le Bureau du Sénat ait décidé, dès le 8 juin 1993 et sur la proposition des présidents Paul GIROD et Gérard GAUD, de créer deux groupes d'amitié distincts au lieu du groupe d'amitié France-Tchécoslovaquie.

Après avoir engagé un dialogue approfondi avec l'Ambassadeur de Slovaquie à Paris, M. Franlisek LIPKA, fin connaisseur des réalités de l'Europe centrale puisqu'il a longuement représenté la Tchécoslovaquie à Belgrade, le groupe d'amitié a reçu de nombreuses personnalités slovaques d'horizons divers à Paris.

La nécessité de mieux connaître ce « pays central de l'Europe centrale », de mieux percevoir comment développer les relations bilatérales, notamment sur les plans économique et commercial, mais aussi de mieux comprendre le rôle en Europe que pourrait tenir cette jeune république a conduit à l'organisation d'un déplacement d'étude d'une délégation du groupe sénatorial d'amitié en Slovaquie les 19, 20 et 21 septembre 1995.

Les nombreux entretiens sur place ont toujours été très cordiaux, la partie slovaque en particulier manifestant un désir de bien recevoir ses hôtes et de leur exposer le plus complètement possible la situation de son pays et les évolutions nécessaires. Les échanges n'ont pas manqué de s'avérer très riches en enseignements et devraient naturellement connaître des prolongements concrets.

Avant de rendre compte de ces entretiens, il a paru utile de faire un tour d'horizon de la situation du pays.

I - ORIGINE ET CROISSANCE DE LA SLOVAQUIE

La création très récente de la Slovaquie (1er janvier 1993) ne saurait occulter le caractère ancien de l'identité slovaque.

Tchèques et Slovaques, réunis au sein d'un même État au lendemain de la première guerre mondiale, avaient jusqu'alors vécu séparément.

Les Tchèques constituaient le coeur du royaume de Bohême tandis que l'histoire des Slovaques se trouvait liée à celle de la Hongrie. La frontière entre la Bohême-Moravie (actuelle République tchèque) et la Slovaquie correspondait à la limite du Saint-Empire romain germanique.

Certes, à partir de 1526, la dynastie des Habsbourg règne sur les deux peuples mais l'un continuait à dépendre de l'Autriche et l'autre (la Slovaquie) de la Hongrie au sein de la double monarchie.

Tout paraît séparer Tchèques et Slovaques :

- la langue, bien qu'elle soit slave dans les deux cas ;

- la religion : luthérienne en République tchèque, catholique en Slovaquie ;

- l'économie : la République tchèque est industrielle de longue date alors que la Slovaquie, agricole, a été industrialisée tardivement.

Aussi, la création de la Tchécoslovaquie en 1918 participait d'abord du démembrement de l'Empire des Habsbourg et ne pouvait annihiler l'histoire des deux peuples ou faire disparaître leurs particularismes.

La cohabitation de 75 ans entre ces deux peuples -suspendue pendant la seconde guerre mondiale par la création d'une éphémère république pro-allemande jusqu'au soulèvement national du 29 août 1944- s'est déroulée sans heurts particuliers.

Il est même intéressant de noter que la Tchécoslovaquie entre les deux guerres avait été l'un des rares pays en Europe centrale à vivre dans une démocratie parlementaire.

Tout comme la « Révolution de velours » en 1989 avait mis fin à 41 ans de communisme, la partition de la « République fédérative tchèque et slovaque », le 31 décembre 1992, a-t-elle pu être qualifiée de « Divorce de velours ».

Celle-ci s'est décidée et organisée sans difficultés majeures -en particulier sans effusion de sang, contrairement à ce que l'on peut voir dans tant d'autres pays d'Europe centrale- à l'issue des élections législatives de juin 1992. La voie parlementaire a été préférée à celle du référendum, ce qui a peut-être évité une explosion des nationalismes.

La dévolution des biens de la Fédération tchécoslovaque s'est effectuée sur une base de 2/3 pour la République tchèque et 1/3 pour la République slovaque, la Tchéquie étant peuplée de 10 millions d'habitants et la Slovaquie de 5 millions d'habitants.

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