II. L'AMBITION ÉCONOMIQUE DE LA CÔTE D'IVOIRE : DEVENIR UN DES "ÉLÉPHANTS" DE L'AFRIQUE

A. LA CÔTE D'IVOIRE EST UNE PUISSANCE ÉCONOMIQUE RÉGIONALE

La Côte d'Ivoire est la première puissance économique d'Afrique de l'Ouest. Son PIB était en 1993 de 2 681,5 milliards de francs CFA, soit 26,8 milliards de francs RF, c'est-à-dire 0,4 % du PIB français mais 60 % de celui de la zone. La croissance rapide dans les années 70 (de 5 à 6 % par an) s'est considérablement ralentie après 1980 et décroît constamment depuis 1986.

Le secteur primaire n'est plus hégémonique.

Il s'élevait, en 1994, à 27,7 % du PIB dont 8,6 % pour l'agriculture d'exportation.

L'économie ivoirienne est relativement diversifiée, les « produits vedette » (cacao et café) ne représentent plus que 30 % des exportations et le secteur industriel a un poids conséquent.

Toutefois, près des trois quarts du PIB sont constitués du secteur non échangeable (ou non marchand) qui comprend notamment l'agriculture vivrière.

Au cours des visites qu'elle a effectuées dans les plantations d'ananas du groupe Rivaud à Ono et dans les plantations de palmiers de la société nationale PALMINDUSTRIE, la Délégation a eu l'occasion de mesurer l'importance de ces productions pour l'économie ivoirienne, pour l'exportation comme pour l'économie villageoise.

En se rendant sur les lieux de ces activités agricoles, la Délégation a par ailleurs pu se rendre compte des effets de la déforestation, la forêt primaire - qui est visible dans un parc naturel au nord d'Abidjan - ayant pratiquement disparu du sud du pays.

L'exploitation sylvicole s'est effondrée du fait de l'ampleur du phénomène de déforestation. Au début du siècle, la Côte d'Ivoire comptait 15.6 millions d'hectares de forêts, il n'en reste aujourd'hui plus que 2.9 millions. Cette disparition résulte de la conjugaison de deux facteurs : d'une part l'activité des exploitants forestiers (5 millions de m3 consommés annuellement au début des années 80), mais surtout d'autre part, le défrichage effectué par les paysans, qui concernerait 15 millions de m3 chaque année.

La forêt disparaît selon un rythme d'environ 300 000 hectares par an, alors que le reboisement effectué sous l'égide de la SODEFOR (Société de développement des sociétés forestières) se limite à 4 000 hectares par an.

Cette situation est vivement préoccupante car le bois constitue le troisième poste des exportations ivoiriennes.

Le manque de compétitivité du secteur à l'échelle internationale (un m3 de bois ivoirien coûte 120 $ pour 20 $ en Asie) a conduit à privilégier la transformation locale ; 70 usines existent maintenant qui emploient 15 000 personnes et réalisent un chiffre d'affaires de 100 milliards de francs CFA.

En outre, nul ne peut mesurer les conséquences à long terme d'un tel bouleversement de l'équilibre écologique de cette région.

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