II/Le Zaïre : vers une issue politique ?

L'histoire politique du Zaïre 1 ( * ) depuis son indépendance offre des exemples de bon nombre de situations dénoncées par certains critiques de l'Afrique contemporaine : autorité trop concentrée contrepouvoirs insuffisants économie altérée par des choix malencontreux le tout conduisant à un dénuement extrême de la population.

Mais s'il est aisé de dresser un constat de ces difficultés, tout autre chose est de tracer le chemin à suivre par ce pays immense - troisième pays d'Afrique par l'étendue, après le Soudan et l'Algérie -, pour trouver une cohérence politique.

Un bref rappel de la spécificité du cas zaïrois permettra d'éclairer la teneur de la décision récemment prise par la France de renouer avec ce pays, le plus grand d'Afrique francophone.

1) 1960-1991 : de la crise coloniale à la crise intérieure

Le Congo belge accède à l'indépendance dans la confusion et la violence, le 30 juin 1960.

Au terme d'une remise en ordre progressive d'une dizaine d'années, le Président Mobutu lance son pays dans une recherche de "l'authenticité" économique et politique qui débouche sur un profond désordre.

La crise éclate avec les émeutes du mois de septembre 1991 à Kinshasa.

A) Un État "hydrographique"2 ( * )

C'est la conférence de Berlin qui reconnaît en 1885, un "État indépendant du Congo" issu des découvertes effectuées par l'Association internationale africaine.

Cette Association, réunie à Bruxelles en 1876, sous l'impulsion du roi des Belges Léopold II avait oeuvré à l'exploration du fleuve Congo.

L'État du Congo était, d'ailleurs délimité à Berlin par le contour du bassin du fleuve seul élément de cohérence existant.

Autre particularité, le Congo a été dirigé à titre personnel par le roi jusqu'à sa dévolution à la Belgique en 1908 : il devint alors une colonie.

"Le système colonial belge alliant contrôle rigoureux des hommes et paternalisme efficacement secondé par un réseau de missions catholiques, ne pouvait cependant empêcher les esprits d'évoluer". 1 ( * )

De fait alors que le comble de l'audace réformatrice semblait avoir été atteinte en 1955 avec un plan de trente ans pour l'émancipation de l'Afrique belge, l'indépendance fut précipitamment accordée le 30 juin 1960, à la suite des manifestations d'ampleur croissante organisées par l'Association des Bakongo de Joseph Kasavubu.

Pour autant, certains officiers belges ne firent pas mystère de leur volonté de maintenir les choses en l'état, entraînant la mutinerie des vingt-cinq mille hommes de la Force publique, quelques jours après l'indépendance.

Avec cette défection de la pièce maîtresse de l'ordre antérieur, c'est tout le pays qui se délite : ainsi de l'indépendance proclamée par la riche province minière du Katanga sous l'impulsion de Moïse Tschombé dès le 11 juillet.

L'ONU intervient alors à la demande du Premier ministre Patrice Lumumba qui est lui-même renvoyé dès le mois de septembre par le Chef de l'État Joseph Kasavubu. Les circonstances controversées de l'assassinat de Lumumba en janvier 1961 illustrent la violence des affrontements internes que l'armée met plusieurs années à réduire sous la direction du colonel Mobutu.

Il en est récompensé par son accession au pouvoir suprême au mois de novembre 1965.

La crainte d'une dérive du pays vers le bloc soviétique telle que l'avait illustrée l'action de Lumumba avait conduit les occidentaux à appuyer la démarche normalisatrice du Colonel Mobutu.

* 1 - Superficie : 2 345 400 km2

- Population : 43 millions d'habitants (estimation)

- Capitale : Kinshasa (5 millions d'habitants)

- PIB par habitant : environ 30 dollars US

- Montant de la dette : 10 milliards de dollars

Source : Ministère de la coopération - chiffres de février 1996

* 2 Yves LACOSTE : Dictionnaire de géopolitique. Ed. Flammarion 1995

* 1 op. cité. page 1609

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